Interviews

Sarah Seené : “J’envisage mes films comme des photographies en mouvement”

Sarah Seené : “J’envisage mes films comme des photographies en mouvement”

Orbites, court métrage de Sarah Seené, vient de remporter le Grand Prix Canadien et le Prix de la Critique internationale FIPRESCI au festival Regard à Saguenay. Le film dévoile une série de conversations entre la réalisarrice et sa protagoniste Marie-Christine Ricignuolo, jeune femme qui a perdu la vue à cause d’un glaucome congénital. Marie-Christine réapprend à voir le monde et toute sa beauté, qu’elle a toujours énormément admirée, grâce aux bouts de ses doigts. Elle utilise désormais un nouveau sens pour absorber les plus belles choses du monde : la nature, les fleurs, le soleil, son enfant, son compagnon. La réalisatrice française, installée au Québec depuis 2016, nous raconte le parcours de création de son nouveau projet.

Pier-Philippe Chevigny : “Le cinéma, c’est souvent l’occasion de s’intéresser à l’autre”

Pier-Philippe Chevigny : “Le cinéma, c’est souvent l’occasion de s’intéresser à l’autre”

Mercenaire (2024), dernier court-métrage du cinéaste montréalais Pier-Philippe Chevigny, fait l’actualité des festivals francophones. Il a fait ses débuts au Festival international du film de Toronto, 2024 (en première mondiale), figurant dans le TIFF’s Top Ten et a reçu le Prix spécial du jury international à Clermont-Ferrand. Aujourd’hui, le réalisateur présente son film au Festival Regard à Saguenay, où il a été membre du jury en 2024.

Elena López Riera : « On n’habite pas de façon individuelle les histoires du monde »

Elena López Riera : « On n’habite pas de façon individuelle les histoires du monde »

Auréolée du César du meilleur court métrage documentaire pour Les Fiancées du Sud, par écrans interposés, Elena López Riera revient sur sa filmographie attentive aux portraits de femmes et à l’oralité des récits. Elle nous parle de ses inspirations, ses envies, le féminisme et l’intime. Après trois courts-métrages, et un long-métrage de fiction, El Agua, elle revient au court-métrage avec un documentaire qui donne un espace de parole à des femmes matures sur l’amour, le mariage, le désir, couplé à une attention particulière vis-à-vis des gestes et rituels des archives de mariage. Avec une voix tendrement rauque, un bel accent qui n’éclipse pas sa parfaite maîtrise de la langue française, elle se livre tout sourire au jeu de l’entretien, dévoilant avec générosité ses obsessions d’artiste.

Florence Miailhe : « Ce n’est pas par hasard que l’on choisit un sujet en particulier »

Florence Miailhe : « Ce n’est pas par hasard que l’on choisit un sujet en particulier »

Dans l’effervescence discrète d’un café parisien, entre le tintement des tasses et le murmure des conversations, nous rencontrons Florence Miailhe, figure incontournable du cinéma d’animation. Réalisatrice au style pictural inimitable, elle façonne ses films comme des tableaux en mouvement, jouant avec la matière et la couleur pour donner vie à des récits empreints de poésie et d’humanité. Après le succès de La Traversée, son premier long métrage salué pour sa puissance narrative et son approche visuelle singulière, elle revient avec Papillon, un court métrage déjà remarqué, nommé aux César 2025. Une nouvelle occasion d’explorer son univers onirique et de comprendre ce qui anime son processus créatif.

Nebojša Slijepčević : « Les histoires marginales m’intéressent »

Nebojša Slijepčević : « Les histoires marginales m’intéressent »

Dans les années 90, quelque part en Bosnie-Herzégovine, en pleine guerre, un train s’arrête en pleine campagne. Des miliciens, dirigés par Alexis Manenti, montent à bord, ils se mettent à vérifier les papiers des 500 passagers et à débusquer les « ennemis » d’Etat. Dans une rame, un peu comme dans la vie, chacun se met à réagir à la menace imminente : certains se taisent, d’autres protestent mollement, un seul agit. Voici l’histoire de « The Man Who Could Not Remain Silent », un film passionnant, inspiré d’une histoire vraie, sur les utopies, la lâcheté et les gestes qui font la différence.

Avril Besson : « J’ai une très forte mémoire des rythmes des gens »

Avril Besson : « J’ai une très forte mémoire des rythmes des gens »

Son film « Queen Size », comédie romantique autour d’un matelas s’est fait une place dans la compétition des César. Tout en simplicité, Avril Besson y raconte la rencontre inopinée de India Hair et Raya Martigny, deux femmes aux caractères décalés dans un moment de passage à vide avec sensibilité et humour. Réalisatrice mais aussi monteuse et ancienne étudiante de la Fémis, elle prépare maintenant son premier long-métrage « Les Matins Merveilleux ». Entre deux deux moments de pré-production, Avril Besson a répondu à nos questions sur sa double casquette et sa manière d’écrire en restant proche des acteurs et de la vie quotidienne.

Mansi Maheshwari : « Les vrais mensonges me font peur. »

Mansi Maheshwari : « Les vrais mensonges me font peur. »

Avec impétuosité, la réalisatrice Mansi Maheshwari propose un film d’animation malicieux et rock and roll. Présenté à Clermont-Ferrand et lauréat du troisième prix de la Cinef à Cannes en 2024, son film d’animation Bunnyhood est un court métrage fougueux dans lequel l’adolescente Bobby découvre les vices du mensonge. Quelle pire trahison que celle d’une mère qui représente jusqu’alors l’honnêteté ? Suite à un guet-apens pour l’emmener à l’hôpital sans qu’elle le sache afin de subir une opération, le film de Mansi Maheshwari suit Bobby qui perd petit à petit confiance en sa mère. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe, la panique s’empare d’elle et les personnages autour d’elles se transforment alors en lapins maléfiques. Rencontre.

Paul Kermarec : « Ce qui ne nous remplacera pas, ce sont les sentiments »

Paul Kermarec : « Ce qui ne nous remplacera pas, ce sont les sentiments »

« Ni Dieu ni père », court métrage primé par le prix du public labo à la 47e édition du festival de Clermont-Ferrand questionne le rôle de l’intelligence artificielle. Peut-elle remplacer une personne, créer une relation et du lien affectif ? Dans ce film, Paul Kermarec cherche la présence d’un père, il finit par se tourner vers ChatGPT pour combler cette présence. Dans un rapport algorithme/humain, le film parle avec intelligence et humour de cette technologie qui devient de plus en plus présente dans notre quotidien et à laquelle nous ne pouvons échapper.

Abdelrahman Dnewar, au croisement des styles et des souvenirs

Abdelrahman Dnewar, au croisement des styles et des souvenirs

Son film « My Brother, My Brother » diffusé à Rotterdam et primé à Clermont-Ferrand n’est en fait pas tout à fait le sien. Il avait été entamé avec son frère Saad Dnewar malheureusement décédé en cours de production. Alors Abdelrahman Dnewar a repris le flambeau et mené jusqu’au bout ce projet autobiographique qui retrace leur enfance et un fragment de leur âge adulte via un mélange de réel et d’animation. Aujourd’hui étudiant en cinéma à Berlin, Abdallharam Dnewar revient sur la genèse de ce projet, son enfance entre médecine et religion et ce qu’a signifié terminer ce film en l’absence de son jumeau. En avril prochain, son film sera diffusé au Studio des Ursulines, à Paris, au sein de notre Festival Format Court dans le cadre du focus que nous consacrons au Festival de Rotterdam.

Loïc Espuche. Laisser l’imprévu s’installer

Loïc Espuche. Laisser l’imprévu s’installer

« Beurk ! », son premier film d’animation professionnel, a obtenu le César du meilleur court-métrage d’animation et était nommé aux Oscars 2025. Après avoir mené, avec ses productrices Juliette Marquet (Ikki Films) et Manon Messiant (Iliade et Films), une campagne de crowdfunding maligne et drôle pour emmener des Frenchies à Hollywood, Loïc Espuche présente actuellement son film à Clermont-Ferrand. « Beurk ! » ou « Yuck ! » (en anglais) sorti en salles le 5 février, grâce à Cinéma Public Films, dans le cadre d’un programme de cinq films sur le thème de l’amour, accessible dès 6 ans. L’occasion de revenir sur Beurk !, l’histoire de Léo, un petit garçon qui tente de résister à l’amour et aux bisous dégoûtants, avec le risque de voir sa bouche se teinter de rose paillette.

Violette Gitton : “J’avais envie de voir au cinéma le même mystère que celui que je vois parfois chez des enfants »

Violette Gitton : “J’avais envie de voir au cinéma le même mystère que celui que je vois parfois chez des enfants »

« Ce qui appartient à César » est en lice pour le César du meilleur court métrage de fiction. Sa réalisatrice, Violette Gitton, y parle de l’enfance avec la dure réalité d’un jeune garçon dont la sœur a été agressée sexuellement. De son quotidien à l’escrime, dans les vestiaires ou à la piscine où il vient chercher sa sœur, le film suit César qui ne sait pas comment réagir face à tout cela. Dans son entretien avec Format Court, Violette Gitton nous parle de sa perception de l’enfance au cinéma, ou encore de son métier d’assistante à la direction et à la protection de l’enfance, encore bien méconnu.

Vibirson Gnanatheepan : « J’observe, je me construis, je m’affirme »

Vibirson Gnanatheepan : « J’observe, je me construis, je m’affirme »

Son film, « Anushan », a été diffusé l’an passé dans le cadre de la séance Ville de Paris de notre Festival Format Court. En lice cette année aux César, le film parle du regard que porte un ado d’origine tamoule du Sri Lanka sur le passé trouble (guerres, non-dits) de sa famille. Entre fiction et auto-biographie, le réalisateur Vibirson Gnanatheepan revient longuement sur son histoire familiale, mais aussi sur sa timidité, son besoin de s’entourer, son métier de directeur de casting et son désir de rester ancrer dans le réel et le sincère.

Djiby Kebe : « La puissance de l’art et du cinéma, c’est de se mettre à la place d’autres personnages »

Djiby Kebe : « La puissance de l’art et du cinéma, c’est de se mettre à la place d’autres personnages »

Fin novembre 2024, Djiby Kebe a remporté au Festival Entrevues de Belfort le Grand Prix du Court Métrage André S. Labarthe pour son premier film, « L’Avance », soutenu par la Ville de Paris. Le réalisateur a plus d’un mot dans sa besace et fait son bout de chemin, entre vieux films et grands espoirs. Son court métrage retrace le parcours d’un jeune artiste Aliou (Saabo Balde), vendant sa première toile pour une bouchée de miettes à une collectionneuse (Julia Faure), bien éloignée de ses repères. Influencé par Robert Bressson et Samuel Fuller, Djiby Kebe s’interroge sur sa place de cinéaste dans un milieu qu’il a choisi et dont il continue à décrypter les codes.

William Lebghil : « L’empathie est inhérente au travail d’acteur et de réalisateur »

William Lebghil : « L’empathie est inhérente au travail d’acteur et de réalisateur »

Venu au Festival d’Arras présenter « Joli, joli » de Diasthème, William Lebghil évoque pour Format Court ses amitiés en courts et en longs, l’empathie qu’il associe à son métier et la lucidité qu’il a face à l’incertitude des tournages. Vu dans les films « Grand Paris » de Martin Jauvat, « La vie de sa mère » aux côtés d’Agnès Jaoui ou la série « Hippocrate » de Thomas Lilti, il est à l’affiche de « Le beau rôle » de Victor Rodenbach (sortie prochaine), un premier long accueillant une pléthore de jeunes comédiens, avec en premier plan Vimala Pons.

Maïté Sonnet : « La question des personnages féminins est assez centrale dans tout ce que je fais »

Maïté Sonnet : « La question des personnages féminins est assez centrale dans tout ce que je fais »

Avec ses courts métrages, tous deux nommés aux César, Maïté Sonnet transporte les spectateurs vers un univers méconnu et étrange. Dans « Massacre » (2019), deux soeurs forcées de quitter leur île décident d’empoisonner les touristes. Avec « Des jeunes filles enterrent leur vie » (2022), la réalisatrice peint l’escapade mélancolique d’un groupe de demoiselles d’honneur lors d’un enterrement de vie de jeune fille. Pour son prochain film, un premier long métrage intitulé Tu feras tomber les rois, Maïté Sonnet est l’une des cinq lauréat.e.s du prix d’Aide à la Création de la Fondation Gan, qui accompagne les cinéastes dans le développement de leur premier ou second long métrage.

Ana Čigon : « J’adore utiliser la satire, l’ironie et l’humour »

Ana Čigon : « J’adore utiliser la satire, l’ironie et l’humour »

Réalisatrice, vidéaste et peintre, Ana Čigon est une artiste slovène polyvalente, abordant majoritairement des sujets et problèmes de société dans son œuvre. On l’interroge aujourd’hui sur son court-métrage d’animation « Catsland » présenté dans la section Panorama du festival Cinémed en octobre 2024 à Montpellier. « Catsland » est une satire illustrant la manière dont l’Union Européenne traite ses réfugiés en mettant en scène des chats. On se questionne ici sur la manière dont la satire est utilisée dans l’animation pour dénoncer des lois et systèmes politiques.

Grégoire Leprince-Ringuet : « Aujourd’hui, je pense autant en tant qu’acteur qu’en tant que poète »

Grégoire Leprince-Ringuet : « Aujourd’hui, je pense autant en tant qu’acteur qu’en tant que poète »

« Les Entrelacs », c’est à la fois le premier recueil de poèmes de Grégoire Leprince-Ringuet (Ed. La Rumeur libre) mais aussi le spectacle qui en découle, interprété par l’acteur, réalisateur et metteur en scène mais aussi la comédienne et réalisatrice Pauline Caupenne, accompagnés du pianiste Jean-Philippe Heurteaut. Présenté à la Maison de Poésie à Paris il y a quelques mois, le spectacle a été donné en octobre dernier au Musée Paul Valéry de Sète, à l’occasion des Journées annuelles Paul Valéry.

Erwan Kepoa Falé : « Jouer des choses qui pouvaient se rapprocher de moi, a été parfois thérapeutique »

Erwan Kepoa Falé : « Jouer des choses qui pouvaient se rapprocher de moi, a été parfois thérapeutique »

Erwan Kepoa Falé a joué dans Dustin de Naïla Guiguet, Prix Alice Guy au Festival Format Court en 2021, Révélé au grand public par son rôle d’ami protecteur dans « Le Lycéen » de Christophe Honoré, il était à l’affiche cet été de « Eat the Night » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel. Ce mois-ci, il était membre du jury de la compétition internationale longs métrages au FIFIB 2024. Le temps d’un entretien, nous sommes revenu.e.s sur le parcours de cet acteur prometteur, dont les rôles de personnalités en marge d’une société normée sont une nouvelle bouffée d’air frais dans le cinéma français.

Alexis Diop : « Les questions de l’empreinte et de la trace me fascinent »

Alexis Diop : « Les questions de l’empreinte et de la trace me fascinent »

Producteur, réalisateur et scénariste, Alexis Diop vient de présenter au FIFIB « Adieu Emile », un court-métrage de fiction relatant la douloureuse rupture entre Emile et Tim sur les réseaux sociaux, ce dernier faisant aussi face au deuil de son propre père. Oscillant entre drame personnel et voyeurisme numérique, « Adieu Emile » est la suite libre de son précédent court-métrage de fiction « Avant Tim », dans lequel le même personnage de Tim découvrait les archives VHS de ses parents avant sa naissance. Le film avait obtenu le Grand Prix Contrebande au FIFIB 2020. Retour sur ces deux films explorant les notions d’amour, de perte et de deuil au temps des empreintes filmiques troubles et des algorithmes.

François Robic : « J’ai l’impression qu’il ne faut pas avoir peur d’aller vers l’autre quand on fait des films »

François Robic : « J’ai l’impression qu’il ne faut pas avoir peur d’aller vers l’autre quand on fait des films »

« Des Hommes désintéressés » présenté cette année en compétition Contrebande, au FIFIB, est le premier long-métrage de François Robic. Son précédent court métrage, « Rien d’important », est en lice pour les César 2025. Il y filmait sa sœur dans le récit d’une journée buissonnière à la campagne. Accompagnée de sa cousine, elle fuyait son emploi d’éboueuse du dimanche pour déambuler dans son village natal. « Rien d’important » est un doux conte sur les espérances d’une jeunesse hagarde, bercé par une certaine nostalgie et porté par des questions introspectives sur l’avenir. Dans son nouveau film, « Des Hommes désintéressés », François Robic revient sur la disparition de Julie Michel, survenu il a plus de 10 ans dans les Pyrénées ariégeoises.