Synopsis : De permanence nocturne au commissariat, lors du week-end de Pâques, deux femmes qui se détestent en viennent à partager la même envie d’en découdre.
Genre : Fiction
Durée : 28’
Pays : 2013
Année : France
Réalisation : Erwan Le Duc
Scénario : Erwan Le Duc
Image : Alexis Kavyrchine
Montage : Julie Dupré
Interprétation : Maud Wyler, Julie-Anne Roth, Eddie Chignara, Rose Fagot, Alexandre Steiger, Jacques Lafolye
Le dimanche 21 décembre, à l’occasion de la première édition belge du Jour le plus court, Short Screens, le rendez-vous mensuel du court métrage, vous convie à 3 séances spéciales au Cinéma Aventure (Bruxelles), proposant des sélections de courts métrages belges et internationaux, tous genres confondus, en présence des réalisateurs.
Au programme, vous pourrez découvrir à 11h, une séance « Kids » avec cinq courts métrages d’animation destinés aux -10 ans mais ouverts à tout amateur du film animé. Ensuite, rendez-vous à 17h pour une séance « Best of Short Screens » qui rassemble un florilège des coups de cœur de l’équipe et du public. Pour terminer le solstice en beauté, nous vous proposons une séance à 19h30 entièrement « Made in Belgium », dédiée aux courts métrages issus du plat pays.
Séance « Kids ». 11h au Cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles, PAF 6€
1. Le Mulot menteur, Andrea Kiss, animation, 20’, Belgique/France/Hongrie, 2007
2. Imagination, Koji Yamamura, animation, 4’20’’, Japon, 1993
3. La leçon de natation, Dany De Vent, animation,9’, Belgique, 2008
4. La carotte géante, Pascale Hecquet, animation, 6’, Belgique, 2014
5. Paola, poule pondeuse, Louise-Marie Colon, animation, 5’30’’, Belgique, 2009
Séance « Best of Short Screens ». 17h au Cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles, PAF 6€ 1. L’art délicat de la matraque, Jean-Gabriel Périot, expérimental, 4’, France, 2009
2. Geppino chante, Simon Van Rompay, documentaire, 25’, Belgique, 2009
3. El empleo, Santiago Bou Grasso, animation, 6’, Argentine, 2008
4. Na Wewe, Jean-Luc Pening et Ivan Goldschmidt, fiction, 19’, Belgique, 2010
5. The Pub, Joseph Pierce, animation, 5’, Royaume-Uni, 2012
6. Danse macabre, Pedro Pires, expérimental, 8’30’’, Canada, 2009
7. I Love Luci, Colin Kennedy, fiction, 13’, Royaume-Uni, 2010
Séance « Made in Belgium ». 19h30 au Cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles, PAF 6€ 1. Le Conseiller, Elisabet Llado, fiction, 18’, Belgique, 2013
2. Cleo’s Boogie, Collectif Camera-etc, animation, 6’, Belgique, 2013
3. Le Généraliste, Damien Chemin, 6’30’’, fiction, Belgique, 2006
4. La Demi-saison, Damien Collet, 10’, fiction, Belgique, 2014
5. La Flûte en bois de rose, Patrick Theunen & Jacques Faton, animation, 7’, Belgique, 1988
6. Les Manches noires, Willy Kempeneers, animation, 6’30’’, Belgique, 2007
7. Fantaisies sur la fin du monde, Jean-Marie Buchet, fiction, 11’, Belgique, 2010
8. Missing, Mathieu Donck, fiction, 15’, Belgique, 2007
Producteur de premiers courts métrages depuis plus de 40 ans, le GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques) désire poursuivre son travail de production dans un contexte international en s’associant au Studio Munka – S.F.P. en Pologne, qui produit également de premiers courts métrages, afin de développer des échanges de compétences et de promouvoir leurs films de manière commune.
Suite au succès de l’appel à projet en 2013, le GREC et le Studio Munka – S.F.P. renouvellent leur coopération et lancent un deuxième appel à projet qui aboutira à la production croisée de deux courts métrages, l’un tourné à Varsovie (Pologne), l’autre à Paris (France). Ces films devront être un premier ou deuxième court métrage de fiction et avoir pour thème : « La rue ». Les deux lauréats, un Polonais et un Français, seront sélectionnés par une commission internationale et réaliseront leurs films en 2015.
Présentation de l’appel à projet
Cet appel s’adresse aux projets de premiers ou deuxièmes courts métrages (hors films d’école ou films autoproduits). Une bonne connaissance de la langue anglaise et/ou polonaise est indispensable.
Le tournage du film du lauréat français devra avoir lieu à Varsovie, celui du lauréat polonais à Paris. La post-production de chaque film aura lieu dans le pays de chacun des lauréats.
Le montant global alloué pour la production de chaque film est de 27.000 euros TTC (113.000 PLN).
Le scénario doit être celui d’une fiction, avoir pour thème « La rue », être déposé par l’auteur–réalisateur ou un réalisateur et un scénariste et ne pas excéder 25 pages. Une adaptation est envisageable, si le candidat est en possession des droits (accord de l’auteur et de l’éditeur de l’œuvre originale à joindre impérativement au dossier).
Le projet doit répondre aux critères suivants :
– durée : 25 minutes maximum – genre : fiction – l’équipe du film du lauréat français devra être composée de 3 Français : le réalisateur, le chef-opérateur et un des comédiens, le reste de l’équipe sera constituée en Pologne. – l’équipe du film du lauréat polonais devra être composée de 3 Polonais : le réalisateur, le chef-opérateur et un des comédiens, le reste de l’équipe sera constituée en France. – durée du tournage : 5 jours maximum
Planning de production :
– préparation des tournages : printemps – été 2015 – tournage des films : été – automne 2015
– post-production : automne – hiver 2015
Composition du dossier
– synopsis : 10 lignes maximum
– scénario (thème la rue) : 25 pages maximum
– note d’intention de réalisation : 2 pages maximum, qui prendront en compte la spécificité du projet à savoir : tournage à Varsovie avec une équipe franco-polonaise pour le lauréat français et tournage à Paris avec une équipe franco-polonaise pour le lauréat polonais
– CV du réalisateur
– DVD d’une éventuelle réalisation précédente sous-titrée en anglais ou en français
– choix des comédiens (facultatif)
– composition de l’équipe technique (facultatif)
– fiche d’inscription ci-jointe
– nombre d’exemplaires : 4 exemplaires imprimés et une version numérique (en 1 seul fichier au format PDF)
Le dossier doit être rédigé en français et envoyé au GREC pour les candidats français et rédigé en polonais et envoyé au Studio Munka pour les candidats polonais.
Commission de sélection
La commission internationale de sélection sera composée de 6 personnes : 3 polonaises et 3 françaises. Les décisions du jury sont souveraines et ne seront pas motivées.
Dans le cas d’impossibilité de réalisation pour le lauréat, la bourse sera reportée sur le candidat désigné en second par le jury. Les scénarios et documents annexes envoyés par les candidats ne seront pas retournés à leurs auteurs.
Calendrier
Date limite de dépôt des dossiers : le 30 janvier 2015 Annonce des projets présélectionnés sur les sites du GREC et du Studio Munka-S.F.P. : fin mars 2015. Annonce des lauréats sur les sites du GREC et du Studio Munka-S.F.P. : avril 2015
Tous les candidats recevront la réponse par email.
Dossier à adresser en 4 exemplaires à : GREC – APPEL À PROJET « PARIS-VARSOVIE » 14, rue Alexandre Parodi – 75010 Paris et par e-mail à : paris.varsovie@grec-info.com (une version numérique en 1 seul fichier au format PDF)
Tous dossier incomplet ou qui parviendra après la date limite de dépôt sera refusé.
Le Poitiers Film Festival (ex-Rencontres Henri Langlois) s’est achevé ce soir. Format Court a suivi la fin de cette 37ème édition et vous en reparle dans quelques jours. En attendant, voici le palmarès de la compétition internationale et du programme national, So French ! Pour les parisiens, une reprise de 4 films primés aura lieu à la Cinémathèque française ce jeudi 11 décembre, à 20h dans le cadre du rendez-vous « Cinéma de poche ».
Compétition internationale
Grand prix du jury : Brother de Lyu Yulai – Beijing Film Academy (Chine)
Prix spécial du jury : Ziegenort de Tomasz Popakul – PWSFTVIT (Pologne)
Prix de la mise en scène : Hi, I’m doing fine de Johana Švarcová – FAMU (République Tchèque)
Prix du scénario : Karama, Karama de Camille Lugan – La fémis (France)
Mentions spéciales : Journey of a freedom fighter de Mohammed Moawia (Palestine) & la comédienne du film Irene, Liliana Biamonte (Costa Rica)
Prix du public, Prix Amnesty International France, Mention Spéciale du Jury Sakura : Kanyekanye de Miklas Manneke – AFDA (Afrique du Sud)
Prix du jury étudiant : Sprout de Yoon Ga-eun – KNUA (Corée du Sud)
Prix du Jury Sakura : A Paradise de Jayisha Patel – EICTV (Cuba)
Prix de la Découverte de la Critique Française : Magma de Pawel Maslona – Silesian University, Krzysztof Kieslowski Faculty of Radio and Television (Pologne)
SO FRENCH!
Prix du jury lycéen : Tehran-Geles de Ashar Nassiri – Le Fresnoy
Prix du public : Chaud Lapin de Alexis Magaud, Soline Béguy, Maël Berreur, Géraldine Gaston, Flora Andrivon – Supinfocom Arles
En 2010, Paul Cabon recevait le Prix spécial du jury du Meilleur film d’étudiants au Festival d’Annecy pour son film de fin d’année « Sauvage ». L’élève de l’école de la Poudrière de Valence avait déjà bien retourné les esprits en nous montrant de façon colorée et déjantée le retour à la nature d’un homme chauve.
Quatre ans plus tard, le brestois est en compétition nationale au Festival du film de Vendôme avec son dernier bijou, « Tempête sur anorak », animation délirante et inclassable. C’est en Bretagne, là où il a grandi, que le réalisateur situe son court métrage. L’histoire ? Au cours d’une expérience climatique, deux jeunes scientifiques sont pris dans une tempête. Jusqu’ici tout va bien. Pour le reste, c’est au spectateur de se laisser embarquer dans ce délire dépourvu de sens. « Tempête sur anorak » est un OVNI (Objet Visuel Non Identifié) qui part dans toutes les directions et n’hésite pas à mélanger les genres que sont le film catastrophe, l’espionnage, l’amour et la sorcellerie.
Il est dit que les bons films se font écho dans leur fond aussi bien que dans leur forme. Le court métrage du jeune réalisateur n’échappe pas à la règle tant le spectateur est pris dans une tempête esthétique et visuelle psychédélique. Grâce à la technique de la gouache, c’est un feu d’artifices de couleurs qui se déploie sous nos yeux. Les personnages déjantés, parés de bleu, rouge ou jaune sont pris dans le tumulte et la grisaille de la tempête, obligés de composer avec les éléments qui s’offrent à eux pour avancer. Vaches fantômes, méchant aux pieds nus et jeune fille perverse sont autant de rencontres incongrues qui s’entrechoquent pour révéler l’absurdité dans laquelle ils évoluent, le tout ne manquant pas d’être mis en valeur par des dialogues délirants et une bande sonore efficace signée Barry Andrewsin Disco.
« Tempête sur anorak » a déjà renversé le public international et remporté trois prix cette année : le Grand prix au London International Animation Festival, le prix du meilleur court-métrage d’animation du Guanajuato Film Festival au Mexique et le prix de la Meilleure réalisation internationale au Festival Curta de Rio. Le film finira l’année au Festival de Vendôme, en compétition face à 22 autres court-métrages, avant d’affronter le deuxième tour des César 2015 après sa présélection au meilleur court-métrage d’animation.
Finalement, ce que l’on retiendra de « Tempête sur anorak », c’est l’esprit enthousiaste et délirant qui s’en dégage. Paul Cabon, sans aller dans l’excès, se fait plaisir et cela se sent. On en sort secoué, mais après tout, n’est-ce pas le principe d’une tempête ?
Synopsis : Une tempête s’empare des côtes bretonnes. La nature s’affole, des choses se passent, deux jeunes scientifiques se font prendre dans le tumulte. Espionnage, espoirs amoureux et instants mystiques s’entrechoquent avec enthousiasme et désordre.
Genre : Animation
Durée : 16’
Pays : France
Année : 2014
Réalisation : Paul Cabon
Scénario : Paul Cabon
Animation : Paul Cabon, Antoine Maillère, Marylou Mao
C’est parti : les sélections clermontoises commencent à tomber. Avant de découvrir les compétitions labo et internationale la semaine prochaine, voici les 58 films retenus en compétition nationale pour l’édition 2015 (30/1-7/2).
Films sélectionnés
8 balles de Franck Ternier
A Ciambra de Jonas Carpignano Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne
Autogrill de Théophile Gibaud Beach Flags de Sarah Saïdan
Black Diamond de Samir Ramdani
Burundanga d’Anaïs Ruales
C.O.D. et le coquelicot de Cécile Rousset, Jeanne Paturle Cambodia 2099 de Davy Chou
Carapace de Flora Molinié
La chair de ma chère de Antoine Calvin Blandin
Chaud lapin de Flora Andrivon, Soline Béjuy, Maë Berreur, Géraldine Gaston, Alexis Magaud
Daphné ou la belle plante de Sylvain Derosne, Sébastien Laudenbach
Le dernier des céfrans de Pierre-Emmanuel Urcun
Les enfants de Jean-Sébastien Chauvin
Essaie de mourir jeune de Morgan Simon
Les fantômes de l’usine de Brahim Fritah Guy Moquet de Demis Herenger Hillbrow de Nicolas Boone
Ich bin eine de Tata Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier, Hugo P. Thomas
L’île à midi de Philippe Prouff
The Invention of the Desert de Thibault Le Texier
Les invisibles de Akihiro Hata
Je repasserai dans la semaine de Alizés Cholat, Sophie Devautour, Loic Espuche
Jonathan’s Chest de Christopher Radcliff
Journée d’appel de Basile Doganis
K-Nada de Hubert Charuel
Leftover de Tibor Bànòczki, Sarolta Szabo
Limbo Limbo Travel de Zsuzsanna Kreif, Borbála Zétényi
Lion in Helsinki de Robert Ly
Ma manman d’lo de Julien Silloray
Mamie, Vanya et la chèvre de Daria Yurkevich
Man on the chair de Dahee Jeong
Maniac Bo de Mirosseni
Mon bras armé de Mathilde Nègre
Mon héros de Sylvain Desclous
Notre Dame des Hormones de Bertrand Mandico
La nuit des jours de Emma Vakarelova Les oiseaux-tonnerre de Léa Mysius
People are Strange de Julien Hallard
Perrault, La Fontaine, Mon Cul ! de Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Hugo P. Thomas
Le plongeon du homard de Jenny Teng
Printemps de Jérôme Von Zilw
Renée R. de Lisa Reboulleau
Sécheur de Scott Noblet
Son seul de Nina Maïni
Splintertime de Rosto Stella Maris de Giacomo Abbruzzese Tant qu’il nous reste des fusils à pompe de Jonathan Vinel, Caroline Poggi
Tarim le Brave contre les Mille et Un Effets de Guillaume Rieu Tempête sur anorak de Paul Cabon
Terremere de Aliou Sow
Territoire de Vincent Paronnaud
Think Big de Mathieu Z’Graggen
Tišina Mujo de Ursula Meier
Ton coeur au hasard de Aude-Léa Rapin
Une chambre bleue de Tomasz Siwinski
Vous voulez une histoire ? – Undead 8 de Antonin Peretjatko
Cinématographies locales et étrangères, films sélectionnés et/ou primés en festival, films d’étudiants, moyens-métrages, regards plus confidentiels et cinéma de patrimoine composent nos projections mensuelles au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Notre prochaine séance (en entrée libre !), organisée le vendredi 19 décembre à 20h30, s’inscrit dans le cadre du Jour le plus court mis en place par le CNC.
« L’Amour existe » de Maurice Pialat, « Balloonland » de Ub Iwerks, « Planet Z » de Momoko Seto (Berlin 2011), « Mort d’une ombre » de Tom Van Avermaet (nominé pour l’Oscar du meilleur court métrage de fiction 2013), … : pas moins de 8 films éclectiques et incontournables, réalisés entre 1916 et 2014, seront projetés sur grand écran, ce soir-là.
La projection sera suivie d’une rencontre avec l’équipe de « Journée d’appel » de Basile Doganis (sélectionné à Clermont-Ferrand 2015) et d’un échange (sous réserve) avec le réalisateur multiprimé Jean-Gabriel Périot dont nous présenterons deux films emblématiques de son travail, « Eût-elle été criminelle » et « 200 000 fantômes ».
Programmation
L’Amour existe de Maurice Pialat. Documentaire, 20’, 1960, Les Films du Jeudi. Prix Louis-Delluc 1960, Prix Louis Lumière 1961, Lion Saint-Marc à la Mostra de Venise 1961
Synopsis : La banlieue. Son passé, ses habitants, leurs vies. La grisaille. Grisaille de l’aurore et du crépuscule. Regard nostalgique et désespéré, empreint d’amertume, sur un univers clos…
Mort d’une ombre de Tom Van Avermaet. Fiction, 20’, 2012, France, Belgique, Polichinelle Productions, Perspective Films. Nominé pour l’Oscar du meilleur court métrage de fiction 2013, Grand prix du court métrage au Festival international du film fantastique de Gérardmer 2013
Synopsis : Nathan est mort. Son ombre est prisonnière d’un étrange collectionneur qui lui a donné une seconde chance : sa vie contre 10 000 ombres capturées. C’est l’amour qui le guide, car son but est de revoir la femme dont il est tombé amoureux. Nathan a déjà capturé 9999 ombres…
Les Gosses de la Butte de Henri Desfontaines. Documentaire, 3’51”, 1916, France
Synopsis : À Montmartre, pendant la première guerre mondiale, des enfants jouent à la guerre. Les petits gavroches attaquent une concierge, rue Caulaincourt à l’aide d’armes de leur fabrication. Des fillettes déguisées en infirmières les soignent. Ce petit reportage très fictionnalisé se finit par l’évocation des problèmes des enfants du front (essai de masques à gaz).
200 000 fantômes de Jean-Gabriel Périot. Documentaire, 10’, 2007, Envie de Tempête Productions. Lutin du meilleur montage 2008, Prix du meilleur documentaire au Festival de cinéma indépendant de Barcelone 2007. En présence du réalisateur (sous réserve)
Balloonland de Ub Iwerks. Animation, 6’42’’, 1935, États-Unis, Celebrity Pictures
Synopsis : Dans les nuages existe un monde merveilleux et coloré dont les habitants sont des ballons. Ils s’uniront pour livrer bataille à leur sinistre ennemi, l’homme pelote d’épingle.
Journée d’appel de Basile Doganis. Fiction, 21’26’’, 2014, France, Kazak Productions. En compétition au Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence 2014 & au Festival de Clermont-Ferrand 2015. En présence de l’équipe
Synopsis : Une bande de jeunes de la Cité des Pyramides (Evry) passent leur journée d’appel à la caserne de Versailles. L’un deux, Chris, arrive trop tard à la caserne, mais Momo, son compagnon d’infortune, le persuade de passer la journée au Château de Versailles.
Planet Z de Momoko Seto. Animation, 9’30’’, 2011, France, Sacrebleu Productions. Sélectionné au Festival de Berlin 2011 & au Festival Animatou 2012 (Suisse)
Synopsis : Quelque part…la PLANET Z La végétation commence à s’installer sur la planète, et tous semble vivre en harmonie. Mais un champignon gluant …
Eût-elle été criminelle de Jean-Gabriel Périot. Documentaire, 9’30’’, 2006, Envie de Tempête Productions. Grand prix au Festival du film de Tampere 2006 (Finlande), Grand prix international au Festival du film d’Odense 2006 (Danemark). En présence du réalisateur (sous réserve)
Synopsis : France, été 1944. Les femmes accusées d’avoir entretenu des relations avec des soldats allemands durant la guerre sont publiquement châtiées…
– Horaire : Vendredi 19 décembre 2014 : 20h30. Accueil : 20h
– Durée de la séance : 100’
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
–Entrée libre dans la limite des places disponibles !
– Réservations vivement recommandées : soireesformatcourt@gmail.com
La collaboration entre Miklos Keleti et Alain Berliner avait déjà fait ses preuves en 2011 avec le film « Dos au mur », alors que le premier était l’élève et le second, le professeur à l’INSAS (Belgique). Avec « Figures », Miklos Keleti signe cette fois-ci un court-métrage à cheval entre le film d’auteur et le film fantastique dont le producteur est à nouveau Alain Berliner, réalisateur de « Ma vie en rose » et « J’aurais voulu être un danseur ». Le duo Keleti/Berliner était, ce mois-ci, pour la deuxième fois en compétition au Festival Européen du Film Court de Brest. Entretien croisé autour de leurs films, du cinéma en général, de leur travail respectif et de leur collaboration.
Miklos, dans un premier temps, peux-tu revenir sur ton parcours?
Miklos Keleti : J’ai étudié à l’INSAS, une école de cinéma à Bruxelles. J’ai terminé mes études en 2011. J’y ai réalisé un film de fin d’études, « Dos au mur », projeté ici à Brest, il y a deux ans. Je suis d’ongrois et je vis en Belgique depuis huit ans. Durant cette période, j’ai fait un passage à la Sorbonne à Paris et à la fac de cinéma de Budapest.
Comment vous êtes-vous rencontré ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler ensemble ?
Alain Berliner : Je suis professeur à l’INSAS et j’ai suivi le film de fin d’études de Miklos. L’expérience s’est bien passée et j’aimais beaucoup son univers, la manière dont il travaillait au niveau de la mise en scène, des idées, de l’atmosphère si bien que je lui ai proposé de faire un autre court-métrage puisque de mon côté, je m’étais remis à produire et que j’avais la structure adaptée pour cela. Ca s’est passé aussi simplement que ça.
Miklos, quelles sont les origines de tes films et ton intérêt pour un univers à la limite du (para)normal ?
M.K. : Mon film précédent « Dos au mur » était clairement inspiré de l’affaire Natascha Kampusch, un fait divers d’une enfant enlevée et séquestrée pendant huit ans et qui a réussi à s’échapper. Par rapport au sujet de mon film, il s’agissait juste du point de départ. Ce qui m’intéressait cinématographiquement parlant, c’était la manière d’exprimer des choses sans l’usage des mots, mais par des cadres, par la relation image/son. Par conséquent, dans ce film, il était réellement important pour moi d’essayer de voir ce qui se cache derrière une situation du point de vue d’un personnage témoin mais sans l’utilisation des dialogues, de sorte à se rapprocher du point de vue du spectateur.
Pour « Figures », c’était différent puisqu’il s’agissait cette fois d’un scénario original. En réalité, il s’agissait au départ d’un projet de long-métrage dans lequel se trouvait le même personnage d’une petite fille vivant au sein d’une communauté dans laquelle une espèce de force surnaturelle dominait les personnages. La petite fille était sourde également et de par son handicap, elle réussissait à communiquer par des signes avec cette force mystérieuse.
Pour le court-métrage, je me suis dit que ce personnage de la petite fille m’intéressait particulièrement et l’histoire a donc évolué autour d’elle. En effet, il y a un rapport au genre fantastique et à quelque chose de paranormal. J’ai été inspiré par beaucoup de films d’horreur, de films fantastiques hollywoodiens des années 80. Dans le cinéma de la fin des années 1970, il y avait cette volonté de s’aventurer dans un nouveau genre en essayant de mixer du drame avec du fantastique. J’ai voulu me rapprocher de cette intention avec le point de vue d’une enfant. Parallèlement, j’ai dû réfléchir à la manière de filmer le handicap de cette petite fille.
La fillette qui interprète le rôle principal est-elle vraiment sourde ?
M.K. : Non, c’est une comédienne et elle avait d’ailleurs déjà joué dans quelques films auparavant. En réalité, elle vient d’une famille de comédiens puisque ces deux parents le sont également. Néanmoins, j’étais très intéressé à l’idée de travailler avec une enfant sourde car il y a des réactions difficiles à jouer et on a par conséquent fait passer des castings dans ce sens, mais il s’est avéré que c’était très – trop – compliqué au niveau de la communication.
Tu mentionnes le fait que « Figures » était à la base un projet de long-métrage et on a en effet le sentiment que ce court-métrage est comme la première séquence d’un film plus long. As-tu toujours l’intention de développer cette idée en long-métrage ?
M.K. : Non, mais c’est amusant car beaucoup de gens me disaient déjà la même chose pour « Dos au mur » et sur ce film, j’ai le sentiment que ma fin est certes ouverte, mais assez close tout de même. Il y a en réalité plusieurs interprétations possibles et c’est voulu comme ça. Concernant le développement d’un long-métrage, je travaille actuellement sur un autre projet qui n’a rien à voir, un mélange de science-fiction. Au final, même si je souhaitais à la base développer ce personnage de la fillette sourde en long-métrage, il s’est avéré que j’ai préféré le format du court-métrage pour raconter son histoire.
Comment se passe la production de films fantastiques en Belgique ? En France, c’est un genre toujours compliqué à produire.
A.B. : En Belgique, nous avons un peu une tradition de films fantastiques, surréalistes, notamment interprétée par des auteurs comme Jean Ray (« Malpertuis ».). Nous rencontrons donc un peu moins de problèmes qu’en France. En l’occurrence, pour le projet de long-métrage de Miklos, nous avons recueillis de bonnes réactions, nous avons été aidés pour le développement du film par la Commission de sélection des Films à Bruxelles. En revanche, pour ce qui est de la coproduction avec la France qui serait un partenaire idéal, nous imaginons avoir très peu de chances. Même si le projet de Miklos est un film d’auteur, le genre de la science-fiction est bien présent. Actuellement, nous sommes dans cette interrogation-là. C’est dommage qu’en France, le film de genre ne puisse pas coexister avec d’autres films.
Alain, tu es producteur. A Brest, tu accompagnes le film de Miklos. Tu es aussi réalisateur de films bien différents de ceux que tu produis (ndlr : « La vie en rose »). Comment passes-tu d’une fonction à l’autre ?
A.B. : Je pense justement que lorsqu’on décide de mettre une casquette de producteur, ce n’est pas toujours pour produire exactement les mêmes films que l’on réalise. J’aime beaucoup le genre de cinéma que développe Miklos où l’on prend des images, du son et des actions pour exprimer des choses. Le dialogue a une part importante, mais ce n’est pas la part prédominante. Les choses se passent autrement. Une des raisons pour lesquelles j’ai eu très envie de travailler avec Miklos, c’est qu’il se base sur des actions, qu’il filme des choses qui vont au-delà du dialogue et j’ai par conséquent l’impression de voir un film dans ce qu’on peut appeler la quintessence d’un film. Le travail est donc grosso modo de lui demander ce qu’il veut faire et d’essayer de trouver des solutions pour avancer puis de créer un cadre financier pour aller au bout de cette ambition. Lorsqu’on n’a pas tout à fait les moyens financiers, mon rôle est d’aider à adapter l’ambition de Miklos au budget dont on dispose. C’est un travail que j’aime tout autant que celui de la réalisation.
Comment perçois-tu les relations France/Belgique au niveau cinématographique, particulièrement pour ce qui est de la coproduction ?
A.B. : Les statistiques de la Commission de sélection des Films à Bruxelles le montrent : les coproductions entre la Belgique et la France sont passées à un degré minoritaire par rapport aux autres pays. Les lois très protectionnistes qui ont été mises en place par le CNC concernant l’augmentation du seuil du crédit d’impôt pour les films en-dessous de 4 millions d’euros rendent les coproductions impossibles. Il n’y a que pour les très gros films au budget dépassant les 7 ou 8 millions d’euros que producteurs viennent alors chercher le tax-shelter, mais ce sont des cas finalement assez rares. Autrement dit, le cadre de la coproduction est très compliqué lorsque nous nous retrouvons sur un film d’auteur. Néanmoins, pour pratiquer les deux, je pense que la France est l’interlocutrice la plus intéressante pour produire des films. Certes, c’est plus compliqué qu’avant, mais avec 250 films co-produits par an, ça reste un très bon chiffre.
Pour revenir à ton travail, Miklos, peux-tu nous raconter comment se passe le tournage d’un film fantastique ?
MK : Nous avons tourné le dernier film pendant 8 jours. Le lieu principal était un parc. J’avais l’idée d’un lieu à Bruxelles qui est celui que j’ai imaginé lorsque j’ai écrit le scénario, mais pour des causes de financements et de région, il a fallu que l’on tourne une partie du film dans la région du Hainaut. Par conséquent, nous sommes partis dans de nouvelles recherches de parcs, en vain. Nous avons finalement tourné dans le parc de Bruxelles avec des inserts filmés dans le Hainaut. Ce n’était donc pas si simple de faire tenir tout le tournage en 8 jours. À titre d’exemple, pour mon film précédent « Dos au mur », qui était pourtant un film étudiant et qui dure moins de 12 minutes, nous avons tourné pendant 9 jours, ce qui était très confortable. « Figures » dure, lui, quasiment 20 minutes. Fatalement, il a fallu travailler beaucoup plus vite. Le film s’est tourné également en extérieur. Il fallait donc prendre en compte tous les aléas que cela engendre (météo, lumière) et j’aime contrôler tous les paramètres. Ça n’a donc pas été facile mais heureusement, j’étais bien entouré particulièrement par deux personnes qui étaient déjà présentes sur mon film précédent et qui sont de vrais collaborateurs de mon univers visuel, la chef décoratrice, Jennifer Chabaudie et le chef-opérateur, Pierre-Hubert Martin.
Ensuite, nous avons eu quelques petits défis comme par exemple le time-lapse avec le renard qui est un plan très court et que nous avons tourné à part avec une caméra GoPro. Quant à la partie purement fantastique, il a été question de travailler sur cette forme que voit partout la fillette, la figure, et sur la manière de la recréer à différents moments. La difficulté résidait surtout dans la préparation des correspondances géométriques entre les différentes formes d’un plan à l’autre et d’une séquence à l’autre.
Il faut bien comprendre que le genre en soi est un outil pour moi. Je ne suis pas un geek de films fantastiques. Il y a juste des films qui m’ont toujours intéressé et qui mélangent des genres comme « Rosemary Baby » ou « Répulsion » où ce sont les univers intérieurs des personnages qui sont réellement importants plus que la notion de fantastique.
C’est la deuxième fois que tu en compétition au Festival Européen du Film Court de Brest. Quel sentiment cela représente pour toi ?
M.K. : Je suis très heureux que mon film soit en sélection ici car j’aime beaucoup les festivals qui programment des films aux genres très différents où l’on découvre des univers très variés.
Synopsis : Hannah est une petite fille sourde et muette, pourtant un jour elle est persuadée d’entendre un bruit dans un parc. Sa mère ne la croit pas et la petite fille devient vite mutique et solitaire, désormais persuadée que le parc veut lui communiquer quelque chose.
Le Festival Européen du Film Court de Brest, organisé par l’association Côte Ouest, s’est achevé le 16 novembre dernier. L’équipe de Format Court y était présente et a pu profiter pendant quelques jours d’un festival parmi les plus exigeants et les plus ouverts. Avec plus de 200 films projetés, représentant une trentaine de pays, le festival a enregistré pas loin de 30.000 entrées, avec 300 professionnels invités et une équipe de 200 bénévoles. Des chiffres vertigineux pour une ambiance toujours conviviale !
Cette ambiance est rendue possible tout d’abord par une équipe attentive et accueillante formée, entre autre, pour ne citer qu’eux, de Fabienne Wipf à la direction et de Massimiliano Nardulli à la programmation. Le Quartz, centre culturel de Brest, occupé par le festival pendant six jours, accueille les festivaliers dans une décoration entièrement refaite pour l’occasion.
La cérémonie de clôture festive, suivie d’un lâcher de ballons dorés dans la grande salle et d’un combat de programmateurs (deux programmateurs de festivals se sont affrontés à coups de courts-métrages et ont été départagés à l’applaudimètre) ont conclu ce festival riche en souvenirs d’une manière originale et réjouissante.
Les trois compétitions de films courts
Cette année encore, le festival de Brest a programmé plus de soixante films en compétition, répartis en trois groupes distincts. L’impérissable compétition européenne a proposé 40 films éclectiques représentant presque tous les pays d’Europe, la compétition française, active depuis trois éditions, a présenté 16 premiers films ou films d’école et 9 films expérimentaux ont été exposés dans la toute fraiche compétition OVNI, créée l’année dernière.
Pour la troisième année consécutive, notre équipe a attribué un prix au meilleur court métrage de la compétition européenne. Le jury a longuement débattu autour des films, toujours aussi habiles et novateurs. Les coups de cœur de chacun des membres du jury se sont portés vers des courts assez différents allant de « Discipline » de Christophe M.Saber, comédie satirique sur les débordements des comportements humains à « Stella Maris » de Giacomo Abbruzzese, adaptation onirique d’une vieille légende italienne en passant par « Habana » d’Edouard Salier, film d’anticipation sombre en période de guerre civile à La Havane (un des six films représentant la France dans cette compétition européenne) en passant par « Arena » de Martin Rath, film initiatique situé au fin fond d’un forêt polonaise, ou encore « I’ve been a Sweeper » de Ciarán Dooley, film poétique sur un vieil homme revenant sur sa vie passée lors sa dernière journée sur terre. Mais notre dévolu s’est jeté sur « Nashorn im galopp » d’Erik Schmitt, seul film ayant remporté l’unanimité, nous ayant touché par sa créativité, sa poésie, son rythme et son humour. Après « Prematur » de Gunhild Enger en 2012 et « Misterio » de Chema García Ibarra en 2013, le lauréat bénéficiera d’un dossier en ligne, d’une projection de son film au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) et d’un DCP de son prochain film grâce à notre récent partenariat avec le laboratoire Média Solution.
Pour ce qui est de la compétition française, notre préférence est allée au film de Martin Razy, « Sans les gants » qui évoque le passage de l’enfance à l’âge adulte d’un jeune boxeur. Nous avions aussi repéré parmi cette sélection nationale des films originaux comme « Mona », film d’école d’Alexis Barbosa, mettant en scène des robots humanoïdes impliquant un travail presque chorégraphique autour du corps des actrices, ou encore « 15 francs, des fleurs et une culotte », film poétique sur la perte de mémoire dû à la vieillesse et « C’est le ciel qui vous envoie », légère comédie de Pierre Aboujaoude illustrant la rencontre imprévue entre un jeune paysagiste transformé en curé en prévision d’une soirée déguisée et un homme mourant, impeccablement interprété par Michel Galabru.
Le Festival du Film Court de Brest est aussi l’occasion de présenter des courts-métrages qui ne rentrent pas « dans les cases ». Depuis 2013, les inclassables du festival trouvent leurs places dans la compétition OVNI (Objets Vidéos Non Identifiés), auparavant présentés dans la sélection « Cocotte Minute », une façon de rappeler que le monde de l’imagination est sans frontières et que les extravagances ont encore leur chance dans le décor cinématographique.
Philosophiques, oniriques ou fantasmagoriques, les courts-métrages de la sélection OVNI ont un point commun, la singularité. Apartés délirantes, portraits loufoques, récits engagés ou métaphores surréalistes, les films de la sélection OVNI sont autant d’offrandes pour tous les curieux qui désirent s’évader, apprécier de nouvelles formes narratives et de nouvelles esthétiques.
Cette année, cette sélection comptait 9 courts-métrages de fiction, tous orientés vers une analyse comportementale et/ou psychologique des êtres humains. Les thématiques respectivement traitées dans chacun des films, ont fait apparaitre deux types de trames narratives : les courts-métrages « fictionnels », davantage portés sur la mise en scène d’individus en quête de savoirs (« Fracas » de Kévin Noguès), d’accès à l’extase sexuel (« Prehistoric Cabaret » de Bertrand Mandico), de relations interpersonnelles (« Balança » de Rui Falcao, « 30 minutes par jour » de Samuel Lampaert) ou encore d’identité (« Mona Blonde » de Grazia Tricarico, « Tiny Love » de Victor Vroegindeweij ). De ces fictions, ce sont distingués les courts-métrages « portraits » au sein desquels le spectateur assiste davantage à des scènes de vie comme « suspendues », hors du temps (« Ja Vi Elsker » de Hallvar Witzo, « Proavlio » de Rinio Dragasaki, « La Pasión de Judas » de David Pantaleón).
Les programmes Brest off
Projetés depuis plus de 20 ans, les programmes Brest off sont attendus aussi bien par le public que par les professionnels. Cette 29ème édition a proposé 25 films répartis en 5 programmes. L’idée de ces programmes est de faire la part belle à des films courts rarement vus en festival. Ces films de genre sont en « off » du circuit des festivals généralistes et ne sont montrés généralement que dans les festivals spécialisés.
Cette année, ce fut l’occasion de voir des films d’horreur, des films d’amour, des polars, des films historiques et des films de science-fiction. Nous détaillerons ici le programme « Drôles de frissons », qui nous a plus particulièrement interpellé.
Avec cette projection programmée en soirée, les spectateurs sont venus, tout excités, pour avoir peur. Le début de séance était accompagné de cris et d’applaudissements. Chacun se mettait déjà en condition, se nouant le ventre et attrapant la main de son voisin avant même les premières images des films, faisant ainsi monter progressivement l’ambiance. Avec sept films, les thèmes principaux du genre ont été abordés et les attentes des spectateurs comblées.
Sous une belle esthétique noir et blanc jouant sur les clairs-obscurs, « Ferdinand Knapp » d’Andrea Baldini traite du sujet profond et angoissant de la schizophrénie, cher aux films d’épouvante, en mettant en scène un acteur perdu entre toutes ses facettes. L’interprétation de Dominique Pinon dans le rôle d’un homme rendu fou est remarquable, avec un coup de cœur pour une scène en particulier où son personnage semblant totalement ivre, monte sur une scène pour récupérer son prix et insulte le public avant de s’écrouler en coulisse.
La maladie contagieuse est souvent un point de départ aux films d’horreur. Déjà repéré à Court Métrange, « Cólera » d’Aritz Moreno, est un plan-séquence audacieux de 6 minutes en extérieur dans un décor surréaliste avec beaucoup de personnages et de rebondissements. Il montre le rejet d’un homme malade, pustuleux et contagieux, par la société.
Puisqu’un programme sur les films d’horreur sans fantômes ou morts-vivants aurait été incomplet à Brest, ceux-ci sont présents dans trois films programmés. Dans « Breathe » de Toby Meakins, nous retiendrons le procédé utilisé pour représenter le fantôme lié au souffle de deux garçons le faisant apparaître et disparaître comme de la poussière qui s’envolerait. La respiration étant la chose la plus difficile à gérer et contrôler, ce film est une belle métaphore de la mort impossible à contrôler mais aussi de l’admiration que l’on peut lui porter car elle y est représentée par une belle jeune fille sexuellement attirante.
« A vif » de Guillaume Foresti est un film mélancolique sur le deuil. Il nous montre un homme qui ne veut pas réaliser que sa compagne est décédée. Il partage alors sa vie avec un fantôme qui lui semble très réel mais qui lui fait perdre son système sensoriel.
Le décor de « Ghost train » de Lee Cronin, également vu à Villeurbanne, est une fête foraine abandonnée depuis bien longtemps, avec tout ce qu’elle a d’effrayant ; les mots train et fantôme étant à prendre au sens propre. Ce court est un film d’horreur pur et dur où culpabilité et morts-vivants viennent hanter les vivants.
Enfin, parce qu’un film de genre, avec des codes bien définis, se parodie aisément, « Entre ange et démon » de Pascal Forney est la touche finale humoristique bienvenue auprès du public après 1h15 de frissons.
Le jeune public à Côte Ouest
Tout au long de l’année scolaire, l’association Côte Ouest fait un travail autour du jeune public en proposant des séances de courts-métrages, des ateliers et des accompagnements de groupes scolaires en festival. L’association se donne pour mission de promouvoir le court-métrage pour tous et de sensibiliser le public dès le plus jeune âge aux images. La programmation jeune public pendant le festival est à la fois la consécration et le point de départ du travail de l’année. Cinq programmes de films courts européens ont été proposés aux plus jeunes cette année.
La séance « Question de jeunesse » est le point de départ d’un programme jeune public créé par le festival et destiné à tourner cette année auprès des scolaires. Mise en place il y a quatre ans en partenariat avec le Ministère de la jeunesse et des sports et l’UFFEJ (Union Française du Film pour l’Enfance et la Jeunesse) pour le public lycéen, elle regroupe cinq films courts autour de la jeunesse et propose aux spectateurs de rencontrer et discuter avec l’un des réalisateurs présents et avec Violaine Guilloux, responsable jeune public du festival.
Après avoir laissé cinq minutes aux lycéens pour discuter entre eux des films qu’ils venaient de voir, la parole leur a été donnée. Ils ont perçu un lien fort entre les quatre premiers films (« 37°4S » d’Adriano Valerio, « 7 minutes in heaven » de Michiel Ten Horn, « No Kaddish in Carmarthen » de Jesse Armstrong et « El fin del mundo sera en Brasil » de Sergi Portabella) présentant des duos ou groupes de jeunes de leur âge, isolés du monde des adultes. Ils ont aussi distingué « Aïssa » de Clément Trehin-Lalanne qui les a interpellés. Film militant sur la condition des jeunes immigrés en France et l’austérité de l’administration française à leurs égards, il a soulevé de nombreuses questions auprès des jeunes spectateurs lors de la rencontre avec son réalisateur.
Les cinq films mettent en scène des adolescents auxquels les spectateurs peuvent s’identifier, leur montrant des histoires de jeunes aux problématiques à la fois proches et éloignées des leurs, les ouvrant ainsi à un monde qui leur est étranger et avec lequel ils peuvent alors dialoguer. Pour les quatre premiers films, les jeunes ont assez justement souligné le sujet principal comme étant la recherche de personnalité chez l’adolescent ainsi que leurs sentiments et leurs relations. Ce thème est universel, chacun des films se renvoie l’un à l’autre, même s’ils se situent dans des univers très différents.
Cette année encore le festival de Brest nous a conquis par la variété et la qualité des films présentés, la complémentarité des sélections, l’ouverture à tous les publics. L’année prochaine sera celle de la maturité, ce sera la trentième édition de l’événement. En attendant, retrouvez des films issus de la programmation brestoise lors de notre séance de mars 2015 au Studio des Ursulines, à Paris.
Avec raison, le Festival de Brest s’intéresse de près aux premiers films. « I’ve Been A Sweeper », film d’école irlandais, fait partie des jolies surprises de sa dernière édition. Réalisé par un jeune auteur, Ciarán Dooley, il évoque tout en finesse le dernier jour sur Terre d’un homme ayant balayé toute sa vie.
En l’espace d’une journée, un balayeur effectue un retour en arrière, dresse le bilan de sa vie, parle de ses 76 ans, de sa liberté et de son travail. Humble et professionnel, il observe les gens pressés, parle de ses rencontres, des lieux où il a travaillé et de sa place dans le monde.
Sous la forme d’un monologue, « I’ve Been A Sweeper » est une invitation à l’introspection, à la dignité et à la différence. Très bien écrit, le film est porté par la qualité de son interprétation (Eamon Morrissey, émouvant à souhait) et de sa musique (signée Stefan French). Au regard de nombreux de ses pairs peu dignes d’intérêt, la simplicité et la fraîcheur de ce premier film fait du bien, émeut, déchire même.
Film magnifique, « I’ve Been A Sweeper » rend visible les invisibles, les êtres et les métiers plus discrets, il redéfinit la notion même de marginalité et associe joie et dignité à une tâche en apparence simple.
Exploration du passé, réflexion sur les valeurs et la réussite, poésie filmée, regard touchant sur la vieillesse, beauté de la langue irlandaise, « I’ve Been A Sweeper » est un court métrage abouti qu’on aura plaisir à revoir en festival. Brest a eu raison de le sélectionner et de ne pas le balayer au profit d’un autre film. Il s’agit d’un des plus beaux titres de sa 39ème édition.
Info de dernière minute. L’appel à films du festival Regard sur le court métrage au Saguenay (au Québec) s’achève ce 1er décembre. Sa 19ème édition se déroulera du 11 au 15 mars prochain. Il a pour mission de promouvoir le court métrage d’auteur dont l’esprit novateur est le fruit d’une démarche artistique de qualité.
Pour information, ce festival présente plus de 200 films sur cinq jours et mets en avant de nombreuses activités reliées au court métrage. L’événement, via un jury professionnel et un jury public, attribue une dizaine de prix dont un Grand Prix International et un Grand Prix National.
La manifestation accueille également le seul Marché du court métrage au Québec. Ateliers de discussion, tables rondes, forums, masterclasses de maître, 5à7 de réseautage, vidéothèque comprenant tous les films soumis au Festival et plus encore.
► GRAND PRIX INTERNATIONAL
► GRAND PRIX NATIONAL
► PRIX DU PUBLIC
► PRIX MEILLEURE RÉALISATION QUÉBÉCOISE
► PRIX MEILLEUR SCÉNARIO CANADIEN DE LANGUE FRANÇAISE
► PRIX MEILLEUR COURT MÉTRAGE D’ANIMATION
► PRIX MEILLEUR COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE
► PRIX TOURNER À TOUT PRIX!
► PRIX CRÉATIVITÉ
Comme les années passées, le cinéma Le Balzac vous propose de découvrir les courts métrages en lice pour le César 2015 du meilleur court métrage. Ces séances sont destinées en priorité aux membres de l’Académie des Césars, mais elles sont également ouvertes au public (tarif unique : 5 euros).
Deux projections sont organisées pour les 12 films de fiction sélectionnés, ces samedi 29 novembre et 6 décembre. Enjoy !
Le Poitiers Film Festival (ex-Rencontres Henri Langlois) débute demain. Jusqu’au 7 décembre, il met en valeur les films d’écoles et les jeunes réalisateurs. Pour cette 37ème édition (déjà !), pas moins de 52 films, 34 écoles et 23 pays sont représentés. Voici les films en compétition, répartis en 12 programmes.
Compétition 1
Eric, Australie
Bär, Allemagne
Irene, Costa Rica
The Bigger Picture, Royaume-Uni
Hors autoroute, Suisse
Compétition 2
To the One I Love, Afrique du Sud
Magma, Pologne
Meteoritenfischen, Suisse
(Null), Allemagne
Brother, Chine
Compétition 3
Montaje anónimo, Chili
Les Collines sont comme des éléphants blancs, Grèce
Tea Time, Allemagne
Y otro año, perdices, Espagne
Bobby, République Tchèque
Compétition 4
Gloria, Israël
A Paradise, Cuba
Insolation, France
Fragmenty, Pologne
Idle, Roumanie
Compétition 5
Love You, Ukraine
Karama, Karama, France
Ziegenort, Pologne
Von Faltbooten und Heringen, Suisse
Compétition 6
Adieu petit carnet, France
Los Resentidos, Chili
Floats, Israël
L.H., République Tchèque
Compétition 7
The Lullaby, Russie
Mouth Wide Open, Ears Shut Tight, Israël
Paul et Virginie, Belgique
Kanyekanye, Afrique du Sud
Compétition 8
Runa Mula, Chili
My Stuffed Granny, Royaume-Uni
Journey of a Freedom Fighter, Palestine
Even Cowboys Get to Cry, Pays-Bas
Compétition 9
What Remains, Suisse
Port Nasty, Royaume-Uni
Juillet électrique, France
High Wool, Allemagne
Mould, Corée du Sud
Compétition 10
Washingtonia, Grèce
Mend and Make Do, Royaume-Uni
Memor Mortis, Chili
Killing Auntie, Pologne
Travellers Into the Night, Pays-Bas
Compétition 11
La Vida después, Mexique
Compétition 12
La Tierra de Nod, Mexique
La Paô, France
Hi, I’m Doing Fine, République Tchèque
Ioa, Suisse
Sprout, Corée du Sud
Scénariste à l’origine, Martin Razy s’est lancé à 30 ans dans sa première réalisation professionnelle avec « Sans les gants », présenté au dernier Festival Européen du Film Court en compétition française. Vainqueur du prix Beaumarchais qui récompense un film francophone, il est revenu en compagnie du producteur du film, Benoit Danou (Pharos Productions) sur son rapport au public, à l’écriture et à la réalisation.
Peux-tu me parler de votre parcours et de ce qui t’a emmené jusqu’à « Sans les gants » ?
Martin Razy : J’ai fait un bac audiovisuel à Annecy en Haute-Savoie et suis monté à Paris directement après pour mes études où j’ai fait un master de cinéma. En 2008, j’ai écrit mon premier long métrage qui a été sélectionné en finale du prix junior du meilleur scénario du concours Sopadin. Ca a été un formidable tremplin qui m’a donné une belle visibilité et qui m’a permis de rencontrer mes premiers producteurs et mon agent. Je recommande ce concours à tout le monde !
Le film a été produit mais on n’a pas réussi à le monter financièrement ; il est mis de côté pour l’instant. J’ai retenté le concours Sopadin en 2011 avec un autre scénario qui est aussi allé en finale mais qui n’a malheureusement pas été produit car c’est un film plus compliqué et plus cher. Ce projet est aussi de côté pour l’instant. J’ai une envie de réécriture sur les deux scénarii mais j’attends un peu.
Depuis ma prime jeunesse, en tant qu’amateur, j’ai écrit et réalisé des courts-métrages. Il y a deux ans et demi, un ami, Mathias Pardo, m’a demandé d’écrire le scénario de son court-métrage, « Les grandes marées », produit par Benoit Danou. Le film était à Brest dans la section « Made in Breizh » l’année dernière.
Après cela, Benoit et moi avons voulu monter un projet ensemble. J’avais envie de réaliser et n’y étais pas revenu depuis longtemps parce que je m’étais ancré dans l’écriture. Ca a donc été le premier tour de manivelle pour « Sans les gants » dont l’idée a plu à Benoit. J’ai ensuite développé un scenario, dont Benoit a suivi l’avancée, pendant un an.
Ces jours-ci, « Sans les gants » a été présenté à Brest en compétition française. La projection s’est très bien passée : la salle était gigantesque, il y avait beaucoup de monde et le public était très réactif. C’est très appréciable pour un réalisateur quand un public rit au moment où il est censé le faire ou quand on ressent la tension sur la fin du film. Ce qui me plaît, c’est l’interaction entre ce travail de deux ans et demi et les spectateurs assis dans leurs fauteuil et qui regardent ton film.
Quand ton film est projeté, tu restes donc dans la salle ?
Martin Razy : Oui, toujours. Il y a une petite pointe de stress juste avant que le film commence, même sur la première image, puis, le stress se transforme très vite en excitation. Je suis très fier du résultat, je n’ai pas de honte à montrer mon film, au contraire, je veux qu’il soit vu. C’est le but d’un film, que les gens le voient, qu’ils viennent te parler, te dire ce qu’ils ont aimé et moins aimé. C’est agréable d’avoir ces retours de spectateurs.
Benoit Danou : Depuis le début de la carrière de ce film, on a eu des retours positifs, il a déjà été montré dans d’autres festivals et on espère que ça va continuer. Le retour négatif, ce serait l’absence de retour.
Martin Razy : Certaines personnes m’ont dit qu’elles avaient moins aimé telle ou telle chose. C’est très bien parce que c’est comme ça qu’on apprend et j’ai encore tout à apprendre dans ce métier. Quand la critique négative est constructive, c’est parfait, je l’accepte. Elle me fait avancer et me booste pour les prochains sujets, me permet d’avoir une meilleure compréhension du public et de ce que j’ai envie de dire.
Le film s’intéresse au parcours d’un jeune boxeur confronté à des choix. Qu’est-ce qui t’a donné envie de parler de ce passage de l’enfance à l’adolescence ?
Martin Razy : C’est même un passage de l’enfance à l’âge adulte ou en tout cas à une forme de maturité. Je n’ai pas la source. J’ai réfléchi à cette question très longtemps. Ca me taraude depuis pas mal de films parce que les courts-métrages que j’ai écrits et mes deux longs-métrages traitent en filigrane de cette façon de vieillir d’un coup. C’est un sujet qui me touche beaucoup, la façon dont on devient un homme au sens large du terme, dont on grandit, dont on passe de l’enfance à certaines responsabilités.
Comment as-tu écrit tes personnages ?
Martin Razy : J’avais envie de créer une forme de dualité dans tous les personnages, les principaux comme les secondaires. Dans le personnage de Dylan, je voulais qu’il y ait à la fois son regard enfantin et à la fois, de par sa position au sein de cette famille monoparentale et du cadre dans lequel il évolue, son attitude d’adulte. Il a besoin d’être aussi un mari absent et un confident pour sa mère. On retrouve aussi cette dualité chez la mère, puisque elle est la meilleure copine mais aussi évidemment la mère, et chez l’entraineur, qui joue en même temps le rôle de père de substitution et peut-être celui de meilleur ami, plus âgé.
Est-ce que tu peux nous parler de tes influences ?
Martin Razy : Pour l’image, on est partis d’influences picturales avec mon chef opérateur, Thomas Walser. On se connaît depuis quinze ans, il a participé à tous mes courts-métrages amateurs. En poursuivant cette belle collaboration, on se connaît tellement bien qu’on a plus tellement besoin de parler : il sait ce que je veux et ce que j’aime. Même si j’essaie de me renouveler à chaque fois, des points de références culturelles et picturales reviennent quand même à chaque fois.
Etant donné que j’ai peu de références, je pourrais plutôt dire ce que je n’avais pas envie de faire. Le film se déroule dans une cité ; je n’avais pas du tout envie de reprendre les codes de ce cinéma, c’est-à-dire une caméra épaule et une lumière très crue, avec un côté naturaliste. Ma caméra est sur pied, elle est en mouvement régulièrement, il y a des grands mouvements, en plans-séquences très souples, très longs. Je voulais aussi une lumière très travaillée, quelque chose de chaud dans deux lieux : le cocon familial de l’appartement et les scènes de parc qui sont une forme de respiration quand Dylan sort de sa cité. On ne cherche pas forcément à la montrer à l’image puisqu’on se situe sur une seule barre d’immeubles mais en fait mon personnage y est enfermé entre cette barre et le positionnement de la caméra. Son seul secteur d’avenir est la salle de boxe. Picturalement, j’avais besoin que la cité soit très travaillée, pas crue, pas naturelle. Même en extérieur, mon chef opérateur met de la lumière.
En fait, je n’aime pas vraiment donner de références cinématographiques précises, ça ne me parle pas. Je vais chercher à faire la lumière que j’ai en tête en dialoguant en continu avec le chef opérateur.
Pouvez-vous me parler de votre collaboration ?
Benoit Danou : La collaboration s’est toujours très bien passée, on a dès le départ réussi à instaurer une belle confiance et un respect mutuel. On a commencé à travailler ensemble très en amont sur le projet.
Martin Razy : Et c’est très agréable ! Ce que j’aime dans le travail avec Benoit, c’est qu’il a vraiment suivi le développement depuis l’écriture. Il a été présent, il a toujours lu très rapidement, il m’a fait des retours précis. C’est quelqu’un qui s’y connaît dans la dramaturgie. Le duo réalisateur/producteur est le cœur du film. Je n’aurais jamais pu faire ce film tout seul, la présence de Benoit a été cruciale dans le développement. Seul, pendant l’écriture ou même au montage, on perd de l’objectivité car on n’a plus assez de recul. Le regard du producteur est donc important. Quand en plus, il y a une vraie discussion et que chacun se bat pour le projet c’est agréable, vraiment !
Vous avez encore des projets ensemble ?
Martin Razy : Notre collaboration s’est tellement bien passée qu’on fait un deuxième court-métrage ensemble qui est en cours d’écriture et de financement. J’ai encore envie de traiter du passage à l’âge adulte mais dans un univers complètement différent. Ça n’aura rien à voir avec « Sans les gants » mais je filmerai toujours des adolescents. J’ai envie de sortir du cadre, de sortir du genre aussi.
Ultime sélection de la vingtième édition de l’Etrange Festival, le programme 5 des courts métrages en compétition présentait en début d’année pas moins de onze films, tous très différents, avec de nombreux films très courts, faisant la part belle à l’expérimental et l’animation. Petit florilège de quelques courts marquants de cette sélection, allant de l’ours en peluche belliqueux au robot dépressif, en passant par des visions sataniques démentes.
Requiem for a Robot de Christoph Rainer (États-Unis)
Rob est un robot défectueux qui a quelques problèmes de mémoire : il ne se souvient pas ce qu’il a pu faire de mal… Pour comprendre son état, il décide de retourner voir son créateur.
Tourné par Christoph Rainer lors de ses études à la Columbia University de New York, « Requiem for a Robot » a été réalisé avec $200, de la débrouille et quelques bonnes idées. A la manière des personnages de Michel Gondry dans « Be Kind Rewind », le réalisateur a décidé de transformer les problèmes de budget en force, créant un robot avec ce qui pouvait lui passer sous la main, pariant ainsi que ses imperfections le rendrait d’autant plus sympathique auprès du public. Le pari est réussi, le film a un beau parcours en festivals aux quatre coins du globe et a même remporté le Emerging Filmmaker Award au TIFF (Toronto International Film Festival).
Nebenan d’Andreas Marterer (Allemagne)
« Nebenan » est un court métrage d’animation en 3D qui s’insinue subrepticement dans l’intimité des habitants d’un immeuble. La caméra pénètre successivement dans chacun des appartements et révèle les secrets qui y sont dissimulés. Pour incarner les personnages de ces petites histoires anonymes, Andreas Marterer choisit d’utiliser des automates accompagnés des mécanismes apparents qui les font fonctionner, chacun de ces pantins répétant ainsi l’action qui finit par se confondre avec eux-mêmes.
De par son dispositif, Nebenan parvient à rendre explicite à la fois les tourments qu’abritent ces murs et dans le même temps la nature machinale de ces personnages. Un premier film aussi inquiétant que maîtrisé.
Beauty of Mathematics de Yann Pineill & Nicolas Lefaucheux (France)
En à peine 100 secondes, le duo Yann Pineill & Nicolas Lefaucheux nous donnent à voir quelques événements anodins de la vie quotidienne à travers le prisme des mathématiques. Divisant l’écran en trois parties, les réalisateurs ont choisi de mettre en parallèle un objet quelconque avec la formule mathématique qui le définit et le schéma descriptif qui le représente, offrant ainsi une lecture alternative des phénomènes qui nous entourent grâce à leur interprétation simultanée en termes mathématiques. Comme l’indique la citation de Bertrand Russell qui ouvre le film, les mathématiques possèdent “une beauté froide et austère” que ce court métrage parvient habilement à mettre en lumière. « Beauty of Mathematics » trouve le bon équilibre entre l’exercice conceptuel et la tentation de l’esthétisme, le film parvenant à offrir aux néophytes un aperçu de la “beauté suprême” des mathématiques.
Invocation de Robert Morgan (Grande-Bretagne)
Comédie noire à l’ironie mordante, mélangeant animation image par image et film live, « Invocation » du britannique Robert Morgan prend comme point de départ le tournage d’un film d’animation en stop motion que prépare minutieusement un passionné de cinéma en installant d’un côté une caméra Super 8 et de l’autre, l’interprète principal de son futur film, un ours en peluche. Seulement, au cours de cette préparation, l’homme se blesse au doigt et une goutte de sang perle et se loge dans le compartiment caméra. Au début, tout se passe bien, l’homme bouge l’ours patiemment pour enregistrer image par image toutes les décompositions de ses gestes. Mais, alors qu’il commence à martyriser l’ours, une sorte de blob informe apparaît à la base de la caméra et cette dernière se met à enregistrer des images très spéciales qui créent un double monstrueux de l’ours à l’intérieur même du compartiment. Ce double s’échappe et s’en prend sauvagement à l’homme, le transformant en un pantin sanguinolent inanimé qu’il peut ensuite filmer et tourmenter à son tour.
Réflexion malicieuse sur le cinéma et la capture du vivant à travers l’image, mais également comédie frivole à la cruauté délicieuse, « Invocation » jongle aisément entre légèreté revancharde et violence graphique outrancière pour créer, en quelque sorte, une variation gore et filmique de « L’Arroseur arrosé ».
Baskin de Can Evrenol (Turquie)
Film d’ambiance, moite et poisseux, venu de Turquie, « Baskin » suit un groupe de policiers répondant à un appel de routine en pleine nuit, et découvrant sur place un culte satanique ayant invoqué rien de moins que “l’enfer”. Au cours d’un affrontement aussi inégal que particulièrement sanglant, les policiers sont assaillis par des créatures surpuissantes qui ne leur laissent aucune chance. Utilisant les codes classiques du genre fantastique, le film arrive à créer un suspense tout en montée, grâce à la découverte progressive d’un lieu saumâtre et des activités sordides auxquelles s’adonnent ses occupants. Particulièrement efficace dans sa mise en images, « Baskin » joue sur des peurs ancestrales avec un certain brio, allant jusqu’à convoquer l’imagerie lovecraftienne dans le culte infernal pratiqué.
Le Forum des images accueille du 4 au 7 décembre la 12e édition du Carrefour du cinéma d’animation avec des avant-premières, des courts métrages, des films d’écoles, des séances familiales et des rétrospectives.
Format Court, partenaire du festival et du Forum des images, vous offre 15 places pour 3 séances programmées. Intéressé(e)s ? Contactez-nous !
Jeudi 4 décembre, 18h. Rencontre avec Andreas Hykade animée par Alexis Hunot, consultant en cinéma d’animation. Durée : 2h. 5×2 places à gagner
Accueilli en 2010 pour une carte blanche, Andreas Hykade revient cette année au Forum des images en tant qu’invité et parrain du Cadavre exquis animé. Une nouvelle occasion de découvrir le talent du réalisateur allemand, son style unique, par son parcours et ses oeuvres les plus récentes dont son nouveau court métrage, « Nuggets », présenté en avant-première.
Au programme : Ring of Fire (2000) / Myself Head (2014) / The Runt (2006) / Myself shot (2014) / Walkampf (2004) / Myself Smoke (2014) / Nuggets (2014) / Myself Universe(2014) / Love & Theft (2010).
Dimanche 7 décembre, 16h30. Rétrospective Okamoto Tadanari animée par Ilan Nguyên, spécialiste du cinéma d’animation japonais. Durée : 2h.5×2 places à gagner
Découverte d’un grand nom de l’animation japonaise, largement méconnu hors de son pays : Okamoto Tadanari (1932-1990). Des années 60 aux années 80, il a signé plus de quarante films : marionnettes en tous genres, éléments en semivolume les plus divers, papier découpé, animation de laine, de pâte à modeler, dessin et graphismes de styles variés…
Au programme : Dix petits indiens (1968) / Chant de décembre (1971) / Chiko-tan, ma promise (1971) / Le Singe et le crabe (extrait, 1972) / Les Fleurs de sarrasin du Pic-du-démon (extrait, 1979) / Du matériau à l’image finale (doc., 1985) / Prière pour la vie à un mal (1973) / Les Voyages sont faits d’imprévus, la vie, de charité (1973) / Cinq petites histoires (1974) / Le Chant du renard (1982).
Dimanche 7 décembre,17h30 : Retour de Flamme spécial trésors de l’animation. Ciné-concert au piano par Serge Bromberg. Durée : 1h30. 5×2 places à gagner
À l’heure où l’on présente le cinéma aux frontières du réel et de la sciencefiction, avec des effets spéciaux phénoménaux, le Carrefour du cinéma d’animation accueille Retour de Flamme pour une féérie d’images qui ravira petits et grands.
Au programme : The Sinking of the Lusitania de Winsor McCay (1918), Whoozit de Charley Bowers (1928), Petites causes grands effets de O’Galop (1918), The Snowman de Ted Eshbaugh (1932), Symphonie bizarre de Segundo de Chomón (1909), Tubby the tuba de George Pal (1947), Porky’s Preview de Tex Avery (1941), Koko dessinateur (Cartoon Factory) de Dave Fleischer et Max Fleischer (1924), Ain’t She Sweet ? de Dave Fleischer (1933) + film surprise
Repéré au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, le film « Discipline » est un huis clos d’une dizaine de minutes dont la majeure partie de l’intrigue se déroule dans une épicerie. Dans ce film, l’action anodine d’un enfant provoque une succession de réactions de la part de chacun, emmenant à réfléchir sur les problèmes d’éducation, de racisme et de jugement de l’autre. Lauréat de trois prix au 29ème Festival Européen du Film Court de Brest, « Discipline » y a notamment touché les jeunes et le public. Son jeune réalisateur, Christophe M. Saber, sort tout juste de l’école ECAL à Lausanne ; « Discipline » est son film de fin d’étude. Nous l’avions rencontré pendant la semaine du festival, à Brest.
Quels ont été tes débuts ?
Ils sont tout simples. Je regardais beaucoup de films quand j’étais plus jeune et je m’amusais toujours à regarder les making-of et le film commenté du réalisateur sur les DVD. Celui qui m’avait vraiment surpris était celui du « Seigneur des anneaux ». Je voyais à quel point l’équipe avait fait attention à tout, les armes, les costumes, les décors,… . J’ai trouvé incroyable qu’à partir de tant d’éléments faux, on puisse créer une réalité comme celle du film, qu’à partir du moment où la caméra était placée au bon endroit, que la lumière était juste, que les acteurs étaient bons, tout faisait très vrai mais que si on se décalait ne serait-ce que d’un centimètre, tout deviendrait faux. Cela m’a toujours fasciné, c’est comme un gros tour de magie. Le début est aussi lié au fait que j’adore les histoires, j’aime en raconter et qu’on m’en raconte.
« Discipline » est un film d’école, coproduit par Box Productions, comment se passe une telle coproduction ?
Avant, l’Office Fédéral de la Culture (l’OFC), finançait les films d’école et depuis deux ans, il a décidé de réduire les sommes allouées. La seule manière de financer les films est donc de faire intervenir des coproducteurs extérieurs. Cette année, c’était la deuxième fois que des producteurs venaient entendre des présentations de films à l’école.
J’ai écrit mon projet de septembre à décembre. Début décembre, une trentaine de producteurs sont venus à l’école et chacun d’entre nous avait vingt minutes pour pitcher son projet. Box Productions a été intéressé par le mien. Ils avaient produit le film d’un de mes amis l’année passée et ils avaient une filmographie très impressionnante donc je me suis dit que ça collerait bien avec mon genre de film. Puis, on a travaillé ensemble pour finir le scenario et la production s’est mise en route. Ce sont les producteurs majeurs du film, c’est-à-dire que l’école n’est pas intervenue autant que Box Productions.
Comment en es-tu venu à écrire cette histoire ?
L’idée du film est venue de plusieurs endroits. Je suis moitié suisse moitié égyptien. J’ai grandi en Égypte jusqu’à l’âge de 18 ans puis, je suis venu en Suisse pour faire cette école de cinéma. Ça fait quatre ans maintenant que je vis en Suisse et ce qui m’a toujours fasciné, c’est le nombre de langues que l’on peut entendre dans la rue : le portugais, l’espagnol, l’italien, l’allemand, l’arabe, … . Bien sûr, on entend aussi le français mais on l’entend avec plein d’accents différents et pour ma part, je trouve que ce multiculturalisme n’est pas assez abordé dans le cinéma suisse. Dès le début, je voulais avoir plein de nationalités, de cultures et de dialectes dans mon film.
Pour le côté plus sombre, par contre, je ne sais pas d’où ça vient. Je me suis dit que ça plairait au public. C’est toujours plus intéressant de voir des gens se battre mais mes personnages ne le font pas de manière gratuite. La Suisse est assez divisée politiquement, les gens ne sont pas d’accord par rapport à l’immigration par exemple, certains ont des attitudes parfois xénophobes. Il y a une sorte de fragilité de la paix suisse en elle-même. J’ai voulu rendre compte de ces différentes manières contradictoires de penser dans mon film.
Toi, tu n’as pas une vision aussi pessimiste de l’homme ?
Non, non, bien sûr que non ! En tant qu’égyptien et suisse, j’ai une double perspective : celle de l’immigré qui arrive en Suisse mais aussi celle des Suisses. Je côtoie aussi bien la partie de la famille de mon père venue s’installer en Suisse et qui essaie de s’y intégrer que la famille de ma mère qui est très rigide. La famille de ma mère est très suisse et celle de mon père est très égyptienne. J’aime bien jouer avec deux perspectives, avec le contraste des deux cultures qui se rencontrent.
Tu avais fait un documentaire avant, « La vie en rose comme dans les films ». Tu peux nous en parler ?
Oui. J’ai trouvé des images d’archives qui appartenaient à une famille et qui dataient de 1969. C’était des vidéos de famille, d’anniversaires et de voyages tournées à Lausanne. Je suis parti à la recherche de la famille pour leur rendre ces images. La personne que j’ai rencontré n’en a pas voulu, elle m’a répondu que c’était le passé et m’a demandé de me mêler de mes affaires. C’est très suisse de dire une chose pareille. C’est une différence avec les égyptiens qui eux sont très ouverts où dès qu’il y a un problème, tout le monde s’en mêle et vient voir ce qu’il se passe. Cette idée aussi a un peu influencé l’écriture de « Discipline ».
Pourquoi passer à la comédie ?
Pour moi, les thématiques lourdes comme l’immigration, le racisme ou les différences sociales sont à aborder avec légèreté. Je pense que si on se lance là-dedans très lourdement, les gens vont décrocher alors que quand c’est emmené avec humour, on est beaucoup plus ouvert et qu’il faut pas prendre ça trop au sérieux non plus. Mon film n’est pas un film politique ou militant. J’essaie de rester le plus neutre et suisse possible mais je pense qu’il fait réfléchir à la façon dont on se comporte vis-à-vis des autres et dont les autres se comportent vis-à-vis de nous.
Pourquoi as-tu souhaité tourner un huis clos ?
Les fictions que j’ai écrites se sont toujours déroulées sur un seul lieu et en temps réel. C’est un truc que je me suis imposé depuis le début parce que j’ai remarqué que ça marche toujours, surtout dans le court-métrage. Quand le film se passe en un lieu unique et en temps réel, ça permet de conclure. On n’a pas l’impression qu’il aurait dû se passer quelque chose après. Beaucoup de films se terminent sur une fin frustrante; on se dit qu’ils auraient pu se prolonger ou même être des longs-métrages. Et puis en terme de production, c’est plus simple de s’organiser quand on est juste sur un lieu, même si ça rajoute d’autres difficultés de continuité par exemple. Quand on tourne sept jours dans un seul lieu, la lumière change et tout se dérègle, mais au résultat, tout doit être assez continu et il faut bien tout refaire en post-production.
Le huis clos demande aussi des cadres particuliers, plus proches des personnages.
Oui. Ça demande aussi de ne pas épuiser le nombre de plans que l’on possède parce que dans un huis-clos, on n’a pas des milliers de possibilités. Il faut toujours essayer de réinventer et redécouvrir le lieu en reconstruisant et déconstruisant le décor pour essayer d’apporter ce qu’on n’a pas, de donner un nouvel espace au lieu. C’est pour ça que j’ai glissé un plan-séquence dans l’épicerie pour montrer un peu plus l’espace mais sinon, ce sont principalement des champs/contre-champs. J’essaie toujours de ramener un ou deux plans un peu plus complexes en terme de techniques comme le premier plan à l’extérieur. Ces plans-séquences que j’ai insérés de manière ponctuelle dans le film permettent de faire respirer le découpage.
Quelles sont tes influences de réalisation et de mise en scène ?
Je pense à « Babel « de Alejandro González Iñárritu où un tout petit évènement en déclenche un beaucoup plus large ou à « Carnage » de Roman Polanski à propos du comportement des parents qui dégénère quand on leur dit qu’ils éduquent mal leur enfant. Après, j’aime les films avec beaucoup de dialogues. Souvent, on entend que proposer moins de dialogues, c’est donner plus d’importance à l’image, mais personnellement j’aime beaucoup entendre les gens discuter. Bien sûr, si le dialogue tourne en rond, ça n’est pas intéressant. On a d’ailleurs dû couper beaucoup de dialogues dans le film parce que ça parlait trop et ils ne faisaient pas évoluer les personnages mais seulement le débat sur l’éducation des enfants. Pour ça, je pense aussi à Quentin Tarantino car les gens parlent beaucoup dans ses films.
Et puis, une autre référence un peu moins visible c’est Christopher Nolan. Il finit toujours ses films sur une note assez large, avec le titre à la fin par exemple. Mon film se conclut sur un plan sur la petite fille qui avait inconsciemment déclenché tous les problèmes. Je me suis inspiré de Nolan pour cette coupe nette, le titre à la fin et la musique.
Comment as-tu travaillé avec tes comédiens pour trouver la justesse de la comédie ?
Il y avait cinq personnages que j’avais vraiment écrits avec des comédiens déjà en tête. Par exemple, les deux Égyptiens qui tiennent le magasin sont mes cousins. Ils ne sont pas comédiens, ils n’avaient jamais joué et jamais été sur un tournage. J’ai voulu créer une sorte de Laurel et Hardy. L’un est assez gentil et l’autre s’énerve assez vite, l’un est gros, l’autre est maigre. J’ai toujours voulu créer des contrastes entre les personnages mais aussi des similitudes entre eux. Par exemple, le gros égyptien ressemble un peu à l’italien qui essaie toujours de calmer la situation mais qui à la fin s’énerve aussi.
Sinon, le processus de casting a été assez long, surtout pour le personnage de l’avocate qui a été dur à trouver. J’ai dû voir vingt ou vingt-cinq comédiennes pour ce rôle et puis au final, je l’ai choisie car elle arrivait à rester très agaçante, sans jamais s’énerver en contraste avec les autres. À partir du moment où on trouve la personne la plus juste, qui correspond le plus au rôle, la réalisation devient plus simple. Pendant le tournage, je n’étais pas à la recherche d’un type de jeux d’acteur mais plutôt dans l’ajustement de rythme. On avait fait des répétitions avant, les acteurs comprenaient très clairement ce qu’ils devaient jouer et puis, c’est parti comme sur des roulettes. J’ai eu beaucoup de chance avec mes comédiens.
Tu parles de rythme, justement, comment s’est passé la collaboration avec Jonathan Vinel (ndlr : co-réalisateur de « Tant qu’il nous reste des fusils à pompe ») au montage ?
Il y a un partenariat entre l’ECAL et la Fémis et chaque année, des étudiants de la Fémis viennent en Suisse faire le montage des films de diplôme. C’est un peu du hasard si Jonathan est tombé sur mon projet. Au début, ce n’était pas facile, étant donné qu’il est lui-même réalisateur, que nos films sont très différents et qu’ils ont deux univers qui n’ont rien à voir. Je suis plus dans le respect d’une trame narrative classique, alors que lui, il est plutôt dans quelque chose de plus moderne qui brise tous les codes du cinéma. C’est très admirable ce qu’il arrive à faire.
Au bout d’un moment, il a vraiment su trouver un rythme très juste. Il coupait les gens au milieu de leurs phrases puis on les retrouvait dans un autre plan alors que moi au début, j’étais plutôt dans le respect des répliques. Il faisait passer les scènes les unes au-dessus des autres, les répliques étaient un peu en off mais restaient quand même audibles.
On a dû pas mal couper. C’était la première fois que je travaillais avec un monteur. Ça a été un processus assez douloureux parce que je suis très attaché à tout ce que je tourne, mais un monteur n’a pas le même attachement aux images et c’est normal. Son rôle, c’est d’être le plus cruel envers les images pour que le film soit le mieux possible, donc au final j’étais très content de mon travail avec Jonathan.
Pour conclure, quels sont tes futurs projets ?
Je vais me lancer dans l’écriture d’un long très prochainement. Je suis en train de finir un long-métrage documentaire assez personnel sur mes parents et l’Égypte. Ça a un rapport avec la révolution en Égypte et la manière dont mes parents la vivent en Égypte en tant que chrétiens. C’est un film que j’avais tourné il y a deux ans mais je n’avais jamais pris le temps de faire quoi que ce soit des images. Après avoir fini « Discipline », j’ai apporté ce projet à Box Productions et ils ont été intéressés donc je suis en train de le monter et en recherche du financement. Ensuite, dès que je l’aurai fini, je vais me lancer dans un long et peut-être que je ferai un autre court aussi. J’ai quelques idées bien plus simples à réaliser que « Discipline ».