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Lila Pinell et Chloé Mahieu. Portraits documentaires, personnages extrêmes & obsessionnels

Lila Pinell et Chloé Mahieu sont deux jeunes documentaristes qui travaillent en binôme depuis 5 ans. À l’occasion du dernier festival de Vendôme, elles sont revenues sur leur projet Boucle Piqué.

Ce moyen-métrage de 40 minutes suit un groupe de jeunes filles en stage intensif de patinage artistique et dresse le portrait de leur entraîneur, Xavier. Cet homme à la voix fluette ne laisse passer aucune erreur, poussant les jeunes stagiaires à bout pour les mener jusqu’à la victoire en compétition. Avec ce film, les réalisatrices nous montrent un milieu en apparence bon enfant avec en toile de fond un arrière-plan extrêmement violent.

Cette violence, on la retrouvait déjà dans leur premier documentaire sur des jeunes catholiques intégristes, Nos fiançailles. Ce film exposait les pratiques et coutumes d’une jeune fille quelques temps avant ses fiançailles, entre préparation religieuse devant un prêtre et participation aux manifestations extrémistes avec d’autres jeunes.

 

Format Court vous propose de retrouver l’interview de Lila Pinell et Chloé Mahieu, deux documentaristes prometteuses, prête à chambouler l’ordre social en mettant en exergue des milieux mé (ou mal) connus de tous.

Texte : Zoé Libault

Entretien, montage : Zoé Libault

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B comme Boucle Piqué

Fiche technique

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Synopsis : Un stage de patinage artistique, à la montagne, en été. Les jeunes adolescentes qui y participent sont toutes des championnes. Les rivalités et les sentiments émergent, et lorsque la discipline s’intensifie, les filles inventent des chorégraphies pour s’échapper.

Réalisation : Chloé Mahieu, Lila Pinell

Genre : Documentaire

Durée : 39′

Année : 2014

Pays : France

Image : Thomas Bataille

Son : Chloé Mahieu, Lila Pinell

Montage : Emma Augier

Production : Capricci films

Article associé : l’interview de Chloé Mahieu et Lila Pinell

Hors Autoroute de Rhona Mühlebach

Sélectionné au Poitiers Film Festival et primé à deux reprises cet été à Locarno (Prix Action Light du meilleur espoir Suisse & Prix Cinema e Gioventù), le court métrage suisse « Hors Autoroute », réalisé par Rhona Mühlebach pour son bachelor à l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), relate les péripéties d’un couple à la dérive au milieu de paysages montagneux. Née en 1990, Rhona Mühlebach a également réalisé deux autres courts, « Ferien » et « Schwesterherz » en 2013.

Roman et Linda, hormis leurs verres de bloody mary, n’ont plus grand chose à partager. Partis ensemble à vélo pour se balader dans les montagnes suisses, ils ne vont cesser de se déchirer, jusqu’à se séparer, ne supportant plus la stagnation dans laquelle s’embourbe leur relation.

Lors du visionnage, la splendeur implacable des paysages traversés est frappante. Véritable « bol d’air frais » visuel, celui-ci ne suffit cependant pas aux deux personnages qui font leur randonnée chacun de leur côté, ne daignant jeter un coup d’œil qu’à celui des deux qui avance le moins rapidement. Le spectateur ne peut rester de marbre lorsqu’il voit Roman, déjà peu en forme, s’essouffler sur son vieux vélo dans une côte pentue tandis que sa compagne Linda chemine tranquillement vers le camping aux commandes de sa bicyclette électrique. La force de ce court métrage émane également de l’évolution de la relation entre les deux personnages, souvent séparés volontairement par les événements malgré leur virée en « amoureux », mais s’obstinant toujours à se retrouver, malgré une relation qui bat sérieusement de l’aile. Roman dort dans un autre camping, trop fatigué pour continuer et se ressource auprès d’un jeune couple russe tandis que Linda se morfond de son côté dans un autre lieu dans les hauteurs. Ils se retrouvent, se lancent des reproches puis repartent malgré tout ensemble.

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Le soir, dans un hôtel, Linda se fait aborder par le réceptionniste et tente de rendre jaloux Roman, sans succès, ce dernier étant trop occupé à converser avec des motards. Elle se saoule et lui rétorque qu’il l’ennuie profondément. Arrivés au sommet, ils regardent pour la première fois la nature sauvage les entourant, en silence, puis Roman continue seul l’ascension tandis que Linda, sur son vélo électrique, repart de son côté. Face au manque de communication et cette stagnation, les deux personnages ont finalement décidé d’agir.

Un joli court aux personnages non moins attachants, rythmé en grande partie par des plans fixes, exprimant toujours justement la solitude et l’ennui de chacun.

Camille Griner

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H comme Hors autoroute

Fiche technique

Synopsis : Boire des bloody mary est la seule chose qui leur reste en commun. Roman et Linda partent à vélo pour une virée dans les montagnes. Leur sortie sera plus compliquée que prévu.

Genre : Fiction

Durée : 21’

Pays : Suisse

Année : 2014

Réalisation : Rhona Mühlebach

Scénario : Rhona Mühlebach

Image : Benjamin Dobo

Montage : Baptiste Ribrault

Interprétation: Andrea Zogg, Charlotte Heinimann, Marina Grankova, Robert Baranowski, Cédric Leproust

Son : David Puntener

Production : ECAL

Article associé : la critique du film

L’Étrange Festival : retour sur les programmes de courts 2 et 4

Source intarissable de films déviants et hors-norme, la sélection de courts métrages de la vingtième édition de l’Etrange Festival comptait pas moins de 45 films répartis sur 5 programmes. Voici un petit aperçu des films marquants des programmes 2 et 4, avec notamment les aventures d’un sosie d’Hitler, le chanteur Christophe en panne d’inspiration, une version post-industrielle de La Havane, mais aussi les deux films primés lors de cette édition : « Sequence » et « Pony Place ».

Programme 2

Sequence de Carles Torrens (États-Unis)

Imaginez-vous qu’en vous réveillant un matin, tout le monde vous regarde de travers, avec une expression de dégoût sur la bouche, vous accusant d’avoir souillé leurs rêves avec des actions perverses et obscènes. C’est sur cet excellent pitch que démarre « Sequence », Prix du Public à l’Etrange Festival 2014, narrant la descente aux enfers d’un jeune homme qui devient le jouet d’une malédiction passagère, et par conséquent le bouc émissaire de toute la planète.

Rythme soutenu, mise en scène ingénieuse, « Sequence » place le spectateur par identification inévitable avec le personnage principal accusé de maux dont il n’a pas souvenir/conscience, dans une position de paranoïa digne d’un épisode de la « Quatrième Dimension ». Malin et ludique, le film se permet un décrochage gore très graphique en fin de métrage (inspiré du film « Society » de Brian Yuzna), quand il advient que le jeune homme a rompu la malédiction et que c’est sa voisine qui en hérite à son tour.

Pony Place de Joost Reijmers (Pays-Bas)

Lauréat du Grand Prix Canal + 2014, le film néerlandais « Pony Place » parle de la confrontation d’un couple de retraités face à la technologie moderne. Leur petite fille, Emma, passe son temps sur sa tablette, continuellement absorbée par un jeu vidéo qui consiste à développer une ferme virtuelle. Alors qu’elle doit se séparer de cette tablette sur ordre de ses parents, ses grands-parents se retrouvent à maintenir l’essor de cette « ferme » virtuelle, sans rien connaître aux jeux vidéo.

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Malgré de nombreux moments caustiques, notamment dans la disparition progressive des poneys de la petit fille par manque d’adresse au jeu, « Pony Place » reste un film léger qui utilise habilement le comique de situation. C’est une histoire d’apprentissage et de « domptage » entre deux générations et deux conceptions différentes de la vie. Une oeuvre sage qui aurait mérité un peu plus de mordant dans son traitement.

Programme 4

Chigger Ale de Fanta Ananas (Éthiopie)

Remportant largement la palme de l’ovni cinématographique de la sélection, « Chigger Ale » suit l’évolution d’un étrange sosie d’Hitler au milieu d’une taverne fort fréquentée, à ce détail près que l’action se situe en Ethiopie (Addis-Abeba) et que le sosie en question est noir, petit, mal dans sa peau et à l’étroit dans son costume. Moqué et pris en pitié par ses compatriotes, alors qu’il souhaiterait être plutôt craint, ce petit homme pathétique va tout faire pour être plus respecté.

Extravagant, empreint de surréalisme, « Chigger Ale » aligne les séquences absurdes, comme par exemple le sauvetage inopiné du sosie en fin de film, par sa « mère » nazie au volant d’une voiture/vaisseau qui le ramène dans l’espace, là où est sa vraie place… Un film qui, derrière son humour ravageur, se permet de réfléchir sur les germes de la haine avec moulte distance, mettant en exergue la solitude, la tristesse, la frustration et le sentiment de non appartenance à une communauté comme facteurs de fabrication d’idées haineuses.

Habana d’Edouard Salier (France)

« Habana », la nouvelle oeuvre du très talentueux Edouard Salier, magicien du compositing et du motion design, prend place à La Havane, dans un futur proche très industrialisé, où s’affrontent faction armée et guerrilleros semi-caïds, semi-révolutionnaires. Dans une forme documentaire proche du reportage sur le vif, nous y suivons Lazaro, jeune résistant du ghetto, qui nous invite à pénétrer l’envers du décor de ce monde miséreux et désespéré.

Visuellement flamboyant grâce à de subtils effets qui créent tout un décorum plus vrai que nature, « Habana » impressionne par sa mise en scène ample, moderne et enlevée, mais aussi il déçoit, car son histoire se révèle au final trop convenue par rapport à l’ambition affichée et à l’univers développé. Le film dérive dans son dernier acte sur le film d’horreur fantastique à base de manipulation génétique et perd un peu de son intérêt au niveau du propos politique et social. L’idée d’une arme mortelle, créée de toute pièce et échappant au contrôle de ses créateurs, n’est pas mauvaise en soi dans le contexte du film, mais l’histoire se terminant là, elle ne se retrouve pas du tout développée et est source de frustration.

Malgré une légère déception, « Habana » reste d’une beauté sidérante pour l’une des premières incursions de Salier dans la fiction pure (il a réalisé plusieurs clips en images réelles, dont celui de Scratch Massive et Koudlam) et donne envie de le voir évoluer sur un format plus long et une histoire plus aboutie.

Juke-Box d’Ilan Klipper (France)

Venu du documentaire, Ilan Klipper a souhaité pour son premier court métrage, « Juke-Box », dresser le portrait de Daniel, un chanteur déchu, en proie au doute, essayant par tous les moyens de créer, même s’il doit pour cela se fermer du reste du monde et errer dans un univers de solitude et de pénombre.

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Interprété au couteau par le chanteur Christophe, qui apporte tout son vécu au personnage, le film joue sur l’ambiguïté entre la fiction et le réel, et suscite un malaise palpable, créant une empathie immédiate pour cet homme, dont on se retrouve à pénétrer l’intimité la plus secrète. Ambiance étouffante, situations pesantes, relations compliquées avec l’extérieur, le film se permet une éclaircie libératrice sous la forme d’un décrochage poétique et lyrique, quand Daniel/Christophe arrive enfin à écrire une chanson et à la chanter. Beau et trivial, lumineux et trouble, « Juke-Box » est une belle réflexion sur la difficulté de la création artistique et son impact sur la vie matérielle.

Territoire de Vincent Parronnaud (France)

Nouveau film très attendu de Vincent Parronnaud (aka Winshluss), qui présentait également le court métrage d’animation « Smart Monkey », en ouverture de festival, « Territoire » fêtait sa première diffusion à l’Etrange Festival. Le film raconte l’histoire d’un berger solitaire du Béarn qui va devoir porter secours à une jeune femme sans défense, attaquée par une troupe de parachutistes de l’armée venus s’entraîner en montagne, et transformés à leur insu en une meute avide de monstres enragés.

Film de genre classique de belle facture, « Territoire » est une variation autour du film de zombies (un peloton de l’armée ayant subi des expériences et se retrouvant infecté) et du western (un héros solitaire un peu bourru, venant en aide à la veuve et l’orphelin), une oeuvre hybride qui tente de lier le film d’horreur au folklore français. Seulement, le film pêche un peu par un manque d’originalité dans son récit, qui n’exploite pas assez le contexte de l’époque dans lequel il s’inscrit (1957, Guerre d’Algérie) et qui se révèle être sans grande surprise, malgré un lieu de choix très cinématographique pour l’action, à savoir les montagnes impressionnantes des Pyrénées. Avec ce film, Winshluss continue à réfléchir sur la violence sauvage de l’être humain, certes de manière plus conventionnelle, mais toujours en cherchant et développant ses propres obsessions thématiques au sein de genres très différents.

Julien Savès

Articles associés : L’Étrange Festival : retour sur le programme de courts 5 & les programmes de courts 1 et 3

Musique et Cinéma, ce soir au Grand Action !

Vous aimez la musique et le cinéma ? Vous cherchez une activité intéressante à faire ce mercredi soir à Paris ?

L’École de la SRF vous invite ce 17 décembre 2014 à 20h au Cinéma le Grand Action à une rencontre « Musique et Cinéma » avec Céline Sciamma et Para One pour » Bande de filles », Claire Burger et Low Entertainment pour « Party Girl ». La rencontre sera animée par Thierry Jousse et suivie d’un cocktail.

Entrée libre mais RSVP INDISPENSABLE à hrosiaux@la-srf.fr

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Clermont-Ferrand 2015, la sélection internationale

Pas moins de 79 films seront en compétition internationale au prochain Festival de Clermont-Ferrand. Après les sélection labo et nationale, découvrez les titres retenus dans cette section prisée des festivaliers. Bonne info : les nouveaux films d’Olivier Smolders (Belgique), Jens Assur (Suède), Umesh Kulkarni (Inde) et Olga Pärn et Priit Pärn (Estonie, Canada) font partie de ce gros programme.

ClermontFest2015

Films sélectionnés

– A Million Miles Away de Jennifer Reeder (Etats-Unis)
– A Single Life de Job Roggeveen, Joris Oprins et Marieke Blaauw (Pays-Bas)
– A Warm Spell de Toshimichi Saito (Japon)
– The Beaten Path de Phurba Tshering Lama (Inde)
– Beauty de Rino Stefano Tagliafierro (Italie)
– Beeke de Charlotte Rolfes (Allemagne)
– The Bigger Picture de Daisy Jacobs (Royaume-Uni)
– Birthday in Chongqing de Yichuan Hu (Chine)
– The Bravest, the Boldest de Moon Molson (Etats-Unis)
– The Call de Zamo Mkhwanazi (Afrique du Sud)
– Completo de Ivan D. Gaona (Colombie)
– El Corredor de José Luis Montesinos (Espagne)
– County State USA : Sweet Corn de Jonathan Nowak (Etats-Unis)
– Crocodile de Gaëlle Denis (Royaume-Uni)
– Cuentos excepcionales de un equipo juvenil femenino. Capiitulo I : Las Aracnidas de Tom Espinoza (Argentine, Venezuela)
– De Smet de Wim Geudens (Pays-Bas, Belgique)
– Deep Space de Bruno Tondeur (Belgique)
– Démontable de Douwe Dijkstra (Pays-Bas)
– Dinner For Few de Nassos Vakalis (Grèce, Etats-Unis)
– Fan Fan de Chia-Hsin Liu (Taiwan)
– The Fish that Drowned de George Sikharulidze (Géorgie, Etats-Unis)
– Fuligem de David Doutel (Portugal)
– Futile Garden de Ghazaleh Soltani (Iran)
– Grace Under Water d’Anthony Lawrence (Australie)
– Guilty de King Fai Wan (Chine, Hong-Kong)
Guy Moquet de Demis Herenger (France)
– Hipopotamy de Piotr Dumala (Pologne)
Hjonabandssaela de Jörundur Ragnarsson (Islande)
– Hole de Martin Edralin (Canada)
– Hosanna de Young-Kil Na (Corée du Sud)
– Hot Nasty Teen de Jens Assur (Suède)
– Inspection de Gala Sukhanova (Russie)
– Interior. Familia. de Gerard Quinto, David Torras et Esteve Soler (Espagne)
Irène d’Alexandra Latishev (Costa Rica)
– Izlaz U Slucaju Opasnosti de Vladimir Tagic (Serbie)
– Ja vi elsker de Hallvar Witzo (Norvège)
– Jane’s Wedding de Cole Stamm (Philippines)
– Jour J de Julia Bünter (Suisse)
– Last Trip Home de Fengyu Han (Singapour)
– La Légende Dorée d’Olivier Smolders (Belgique, France)
– Lystopad de Masha Kondakova (Ukraine)
– Makkhi d’Umesh Kulkarni (Inde)
– Maryam de Sidi Saleh (Indonésie)
– Minsu Kim In Wonderland de Chan-Yang Shim (Corée du Sud)
– Modernidad de Roberto Barba Rebaza (Pérou)
Moul Lkelb (L’homme au chien) de Kamal Lazraq (Maroc, France)
– Nieprawdopodobnie Elastyczny Cztowiek de Karolina Specht (Pologne)
– Nino de metal de Pedro Garcia-Mejia (Mexique, Colombie)
– No Free Lunch de Leeron Revah (Israël)
– The Nostalgist de Giacomo Cimini (Royaume-Uni, Angleterre)
– Not Working Day de Shijie Tan (Singapour)
– L’Offre de Moïra Pitteloud (Suisse )
– Oh Lucy ! d’Atsuko Hirayanagi (Japon, Singapour, Etats-Unis)
– Parking d’Ivaylo Minov (Bulgarie, Royaume-Uni, Angleterre)
– Père de Lotfi Achour (Tunisie, France)
– Peregon de Ruslan Akun (Kirghizstan)
– Perrault, La Fontaine, Mon Cul ! de Hugo P. Thomas, Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma (France)
– Persefone de Grazia Tricarico (Italie)
– Pilots on the Way Home d’Olga Pärn et Priit Pärn (Estonie, Canada)
– Port Nasty de Rob Zywietz (Royaume-Uni, Angleterre)
– Prends-moi d’André Turpin et Anaïs Barbeau-Lavalette (Canada, Québec)
– Rabie Chetwy de Mohamed Kamel (Egypte)
– Return de Ryan Heron (Nouvelle-Zélande)
– Ricsi de Gabor Hörcher (Hongrie)
– Roadtrip de Xaver Xylophon (Allemagne)
– Rodlos de Kira Richards Hansen (Danemark)
– Salers de Fernando Dominguez (Argentine)
– Samantha de Francisco Rodriguez (Chili)
– Sem Coraçao de Tiäo et Nara Normande (Brésil)
– Smile, and the World Will Smile Back d’Abdelkarim Al-Haddad, Ehab Tarabieh, Yoav Gross, Diaa Al-Haddad et Shada Al-Haddad (Israël, Palestine)
– Somewhere Down the Line de Julien Regnard (Irlande)
– Sthorzina de Radu Mihai (Roumanie, Macédoine, Serbie)
– That Day of the Month de Jirassaya Wongsutin (Thaïlande)
– Thread de Virginia Kennedy (Malaisie)
– Till Day’s End d’Amitai Ashkenazi (Israël)
– Une idée de grandeur de Vincent Biron (Canada, Québec)
– Las Ventanas de Maryulis Alfonso Yero (Cuba)
– Vicenta de Carla Valencia (Equateur / Animation)
– Zarautzen erosi zuen d’Aitor Arregi (Espagne)

Films en ligne : 32 courts-métrages du GREC à (re)voir !

Belle initiative que celle du GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques) qui met en ligne sur son site internet plus d’une trentaine de courts-métrages que la structure a produits.
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Ces dernières années, le GREC a été notamment associé au succès rencontré en festivals par deux films : « La Dame au chien » de Damien Manivel et « Tant qu’il restera des fusils à pompes » de Jonathan Vinel et Caroline Poggi qui a remporté l’Ours d’or lors de la Berlinale 2014. Mais depuis 1969, date de sa création, plus de 900 films ont été produits et nombre de cinéastes y ont débuté. Parmi les films disponibles en ligne on retrouve des grands noms de la cinématographique française actuelle : Alain Guiraudie, Laetita Masson, Arnaud des Pallières mais aussi des jeunes cinéastes venant de réaliser leur(s) premier(s) long(s) : Katell Quillévéré (« Suzanne »), Thomas Litli (« Hippocrate »), Hélier Cisterne (« Vandal ») et les espoirs de demain : Clément Cogitore ou Jean-Sébastien Chauvin. Une mine donc pour les cinéphiles de tous poils.

Amaury Augé

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Films du GREC disponibles en ligne

1. A bras le corps de Katell Quillévéré
2. L’arrière-pays de Safia Benhaim
3. Cendres de Paul Costes
4. Les choses rouges de Arnaud des Pallières
5. Chroniques de Clément Cogitore
6. Chroniques de guerre en Côte d’Ivoire de Philippe Lacôte
7. Crème et crémaillère de Rima Samman
8. Dahomey de Jean-Baptiste Germain
9. Dehors de Hélier Cisterne
10. Embrasser les tigres de Teddy Lussi-Modeste
11. Essai de reconstitution des 46 jours qui précédèrent la mort de Françoise Guiniou de Christian Boltanski
12. Far from Manhattan de Jacky Goldberg
13. Les filles de feu de Jean-Sébastian Chauvin
14. Les héros sont immortels de Alain Guiraudie
15. Hopla ! de Pierre Meunier
16. L’interview de Sylvain Roumette
17. Julien Blaine, l’éléphant et la chute de Marie Poitevin
18. Kamel s’est suicidé six fois, son père est mort de Soufiane Adel
19. La linea invisible de Lisa Diez Gracia
20. N’yaman’Gouacou, viande de ta mère de Laurent Sénéchal
21. Paris-ficelle de Laurence Ferreira Barbosa
22. Les petits bateaux de Laetitia Masson
23. Quelques heures en hiver de Thomas Lilti
24. Regardez-moi, je vous regarde de Brigitte Lemaine
25. Romaine un jour où ça va pas d’Agnès Obadia
26. Stridura de Ange Leccia
27. Tout doit disparaître de Jean-Marc Moutout
28. Une vie dans la journée d’Albert Cossery de Sophie Leys
29. Le voyage à Vezelay de Pierre Creton
30. White Spirit de Martine Deyres
31. Y penser sans cesse de Denis Cointe
32. Y’a du foutage dans l’air de Djamel Bensalah

Retour de flamme, l’intégrale éclairée

Pour eux, le temps est une poésie mais aussi une épreuve. Depuis plus de 20 ans, l’équipe de Lobster Films recherche, restaure, conserve et met en avant des fragments inédits de cinéma, depuis son invention en 1895 jusqu’à la fin des années 60. Ces films anciens tournés sur pellicule nitrate inflammable ont une durée de vie qui varie entre 80 et 90 ans, ce qui explique l’urgence à les sauver d’une décomposition inéluctable. Pour certaines copies, l’éphémère a déjà joué : les bobines sont rouillées donc inutilisables. Pour d’autres, même endommagées, le sauvetage peut par contre avoir lieu à temps.

Pour redonner vie à ces images, les membres de Lobster ont choisi de les faire partager de deux façons. En 1992, les films (courts pour la plupart) ont commencé à être projetés en salle, accompagnés au piano par Serge Bromberg, lorsqu’il s’agissait de sujets muets. Les séances Retour de flamme étaient nées. Dix ans plus tard, germa l’idée de lancer une collection DVD portant le même nom afin d’offrir également à domicile des raretés perlées d’antan. Depuis, six volumes et un coffret réunissant tous les films présentés dans les éditions précédentes sont sortis en l’honneur d’un cinéma inventif, malicieux et follement exquis. Aperçu de 15 titres  » lobsterisés », tous DVD confondus.

« Tulips shall grow » (animation Technicolor, USA 1942) : Dans un décor enchanteur et coloré, Jan rejoint de ses sabots pressés sa dulcinée, Janette, jolie locataire d’un moulin à vent. Ces deux-là s’aiment et se le disent par tulipes et gâteaux interposés. Soudain, le paysage s’assombrit et les cheveux se dressent sur les têtes de bois : une armée surgit, menaçante, et rase toute trace du bonheur d’antan (moulins, gâteaux, tulipes). Ciel ! Janette a disparu…

Réalisateur hongrois ayant fui le nazisme, George Pal est l’inventeur des « Puppertoons » liant les « puppets » et les « cartoons », ces marionnettes en bois animées filmées image par image en Technicolor. En 1944, il reçut un Oscar d’honneur pour ce genre double dont est issu « Tulips shall grow », remarquable regard sur la guerre et ses exactions.

« Mighty like a moose » (burlesque noir et blanc teinté, USA, 1926) : Ils sont mariés mais souffrent tous deux d’un défaut esthétique : lui, au niveau des dents, elle, au niveau du nez. Qu’à cela ne tienne : chacun de son côté se fait opérer en cachette. Méconnaissables, ils font connaissance en sortant de la clinique. L’amour les a repérés (patapouf). Que vont en penser les « vrais » conjoints ?

Cette comédie relevée est issue de la créativité d’un tandem prolifique : Charley Chase et Leo Mc Carey, associés à 45 reprises. Oublié aujourd’hui, le premier, tour à tour acteur, réalisateur et producteur, fut très populaire en son temps, discernable entre tous, par ses rôles de dandy séducteur à la tronche impayable (fine moustache, oreilles décollées, yeux facétieux, bouche pitre) assortie à des cheveux brillants de brillantine brillante.

Leo Mc Carey, lui, est notamment connu pour avoir été l’inventeur du duo Laurel et Hardy et le maître queux d’une certaine « Soupe au canard » servie en 1933 avec les survoltés Groucho, Harpo, Chico et Zeppo.

« Un Monsieur qui a mangé du taureau » (comique noir et blanc, France, 1935) : Après avoir dîné, un monsieur devient nerveux, enfonce des cornes sur sa tête et se rue sur tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. La police demande des renforts à Madrid : rapidement, des toréadors sont dépêchés pour venir à bout du Monsieur qui a mangé du taureau…

Ce film irrésistible comporte plusieurs particularités fantasques : son histoire absolument cocasse, ses images muettes tournées en 1909, et l’insert d’un commentaire plus que fantaisiste en 1935. À quoi est due cette étrange mixité ? Certains films muets ont été sonorisés au moment des balbutiements du parlant, les tournages se révélant trop longs et compliqués. C’est le cas de ce film dans lequel le narrateur, un chansonnier connu dans les années 20 et 30 sous le pseudonyme de Bétove, livre une voix-off des plus extravagantes.

« Baisers volés » (noir et blanc et noir et blanc teinté, 1920) : « Cessez donc de me chatouillez ! « , « Vous êtes fou, John ! « , « Voyons, reprenez-vous mon ami. Que dira papa ? « , « Accrochez –vous, je vais vous faire perdre la tête », … Les sentiments muets au cinéma ? Tolérés, mais gare aux baisers.

La censure et le cinéma, une affaire intime. Devant ces baisers échangés dans les années vingt, la morale d’aujourd’hui n’aurait rien à redire, mais pour les censeurs de l’époque, ces scènes avaient bien eu un caractère « impudique » contraire aux bonnes valeurs morales. Perdues de vue, elles ont été retrouvées en 1997, près de Bruxelles, sur une bobine longue de 196 mètres. Leurs protagonistes peuvent désormais s’embrasser en toute tranquillité…

« Trois films de prévention du dessinateur O’Galop » (dessins animés, noir et blanc, France, 1918) : Comme le dit la chanson, « un petit verre d’alcool, c’est bien peu de choses ». Mais pris trop régulièrement, il peut avoir des effets ravageurs : provoquer des troubles de la vue, engendrer des enfants irrécupérables (« les enfants de l’alcool ») et mener à la prison ou à l’asile. L’alternative à cette noirceur : l’eau et la pratique du sport en plein air rendant fort et victorieux.

Au lendemain de la guerre, « Petites causes, grands effets », « Pour résister à la tuberculose » et « Le Circuit de l’alcool » ont fait partie d’une campagne de santé publique lancée en France. Marius Rossillon alias O’Galop, l’inventeur du pneumatique Bibendum Michelin, livra, à cette occasion, des inserts et des conclusions moralisatrices plutôt étonnantes dans le but de sensibiliser la population à l’alcoolisme et à la tuberculose.

« Le Cochon danseur » (comique noir et blanc, France, 1907) : Avec son smoking et son haut-de-forme, il a tout l’air d’un dandy sauf que dans la vie, c’est plutôt un cochon. Il offre un mouchoir à une jeune femme attirante qui n’en veut pas et qui le lui jette au museau. Finalement, elle se ravise, et lui ôte son petit haut. Ils se mettent à danser, main dans la patte.

Avant que le cinéma l’emporte sur le music-hall, celui-ci a formé au spectacle de nombreux comiques dont Chaplin, Keaton et les Marx Brothers. Sur d’autres planches et dans un contexte différent, ce numéro de Cochon danseur (daté de 1907) est un plan fixe de deux minutes, le montage et les angles de vue étant encore loin d’exister.

« Danse serpentine dans la cage aux fauves » (documentaire noir et blanc colorié au pinceau, France, 1900) : Découvrez un numéro exceptionnel de la ménagerie Laurent, avec des lions se ruant sur les murs et les parois de leur cage. Pour renforcer la tension, se trouvent à leurs côtés un dompteur ainsi que Mademoiselle Ondine, une danseuse qui par ses mouvements offre des ondulations à sa robe aux couleurs changeantes.

En 1892, Louis Fuller inventa aux Folies Bergères la danse serpentine dans laquelle les mouvements de bras se mêlaient à ceux des robes portées. Cette danse à la mode a donné lieu à différentes versions dont celle-ci, liée à un divertissement très populaire à l’époque : les fêtes foraines. Que ce soit pour le cinématographe naissant, les monstres de foire ou les numéros de bêtes sauvages, le public réclamait des attractions curieuses et sensationnelles. Dans le présent documentaire, les animaux côtoient des humains dont une danseuse à la robe magique grâce au coloriage au pinceau. Fantaisie garantie image par image derrière les barreaux.

« Les Femmes députées » (comique noir et blanc teinté, France, 1912) : Mesdames Dubois et Dupont se présentent aux élections des femmes députées. La campagne débute, les colleurs d’affiches et les électeurs prennent parti tandis que les tribunes s’improvisent dans la rue. Pendant ce temps, que font les maris ? Ils s’occupent plus ou moins soigneusement de la vaisselle et sortent avec leurs enfants retrouver les collègues également délaissés par leurs épouses pour la cause politique.

Daté de 1912, ce film de fiction évoque le militantisme des femmes, mais aussi la difficulté à ne pas y laisser des plumes de chapeaux lors des débats houleux à la Chambre. Pour rappel, en France, les femmes n’ont obtenu le droit de vote et d’éligibilité qu’en 1944 alors que leurs libertés avaient commencé à être réclamées par les suffragettes françaises en 1896 et par leurs consœurs britanniques en 1860.

« Les Gosses de la butte » (docu-fiction noir et blanc, France, 1916) : Ils ont reçu l’ordre du général Eugène de se préparer à un combat sans merci : tout à l’heure, ils entreront dans le chou de l’adversaire : la concierge du n°360 de la rue de Caulaincourt. Accompagnée de drapeaux, de chariots, de chiens et de munitions de toutes sortes, la parade se met en marche et passe à l’offensive, une fois arrivée à destination. Parbleu, l’ennemie est butée ! Vite, repli stratégique et évaluation des dégâts à l’infirmerie.

Mêlant documentaire et fiction, ce film court présente un Montmartre bien différent de celui d’aujourd’hui. Parsemé de champs et de moulins à vent, il permet, en pleine guerre, à une bande de gosses entreprenants d’imiter les grands hommes partis au front. À défaut d’Allemands, ce sont les concierges qui font les frais de leurs ardeurs belliqueuses.

« Arthème avale sa clarinette » (comique noir et blanc, France, 1912) : Arthème aime beaucoup sa clarinette jusqu’au jour où il l’avale. On ne le dit jamais assez : il faut toujours se méfier des instruments de musique…

Ce film très court frôlant les 4 minutes jouit de deux spécificités : il inclut des effets spéciaux étonnants (heureusement d’ailleurs, sinon ce pauvre Arthème aurait rudement mal à la gorge !) et il a fait l’objet d’une reconstitution image par image, les deux copies disponibles étant relativement endommagées.

« The Cook » (burlesque noir et blanc teinté, USA, 1918) : Un restaurateur emploie deux pitres dans son établissement : l’un à la cuisine (Fatty Arbuckle), l’autre en salle (Buster Keaton). Nul besoin de se soucier du contenu de la marmite ni de se demander où échoueront les commandes : ces deux énergumènes sont des professionnels même lorsqu’ils dégustent des spaghettis longs et collants !

L’intérêt de ce film, hormis ses facéties scénaristiques, tient évidemment à son casting et à sa date de réalisation. Pourquoi ? Quatre ans après « The Cook », Arbuckle, gloire du burlesque dans les années 10-20, est accusé du viol et du meurtre d’une starlette. Même si il est acquitté à trois reprises, sa carrière d’acteur est brisée. Qu’il est loin, le moment où un Keaton, prénom Buster débutait en tant que second rôle à ses côtés…

« Amour et publicité » (comédie noir et blanc, France, 1932) : Dans une vitrine d’un grand magasin, les mannequins ont été écartés au profit des humains aux visages et aux corps plus expressifs. Selon le règlement, on a le droit de dévoiler ses jambes, de chanter, de se marier devant Monsieur le Directeur, d’aller au bal et de recevoir son amant. Oui, mais est-on heureux pour autant ?

Bien avant la toute puissance de la télé-réalité, il y a eu « Amour et publicité » qui combinait déjà surexposition, voyeurisme et marketing. À noter que ce genre de comédie faisait office d’avant-programme dans les salles de cinéma.

« Excursion dans la lune » (féerie en noir et blanc coloriée au pochoir, France, 1908) : Un beau jour, les hommes eurent une toquade et décidèrent d’aller sur la lune. Dans cette optique, ils construisirent une fusée, rencontrèrent les autochtones (les lunatiques ou les lunaires ?) et enlevèrent la fille du seigneur local. L’excursion fut une réussite, leur caprice fut une succession de tableaux.

Segundo de Chomon, pionnier du cinéma espagnol et réalisateur d’« Excursion dans la lune », s’est clairement inspiré de son maître Méliès et de son « Voyage dans la lune » (1902). Sa balade se veut féerique (ah, les beaux effets spéciaux), muette et coloriée au pochoir, avec une petite différence toutefois par rapport à la version originelle : les yeux de l’astre demeurent intacts.

« Post no bills » (burlesque noir et blanc, USA, 1923) : Avoir un associé n’est pas de tout repos, surtout quand celui-ci est un incapable. Comment inciter au travail un homme qui commence tard et finit tôt, n’a rien de mieux à faire que draguer la caissière et donner des coups de pieds au derrière de la collectivité ? En l’obligeant à coller des affiches dans la ville, même si il a une conception particulière de cette mission.

Cette comédie relevée est portée par le fantaisiste James Parrott. Frère cadet de Charley Chase, il commença sa carrière au cinéma grâce à son aîné qui le fit entrer dans les studios Hal Roach en tant que scénariste et figurant sur les films de Stan Laurel et Harold Lloyd. En 1922, James écrivit et joua sur un autre registre, « The Paul Parott Comedies », sa propre série dont est extrait « Post no bills ».

« The Pest » (burlesque noir et blanc, USA, 1923) : Vainement, il tente de vendre la vie de Napoléon, seulement, les personnes qu’il rencontre sur son chemin ne sont pas vraiment conciliantes à l’égard de sa tactique d’approche et de son discours commercial. Pourtant, il s’accroche, et lorsqu’il fait la connaissance d’une jeune femme charmante harcelée par son propriétaire, il prend les devants. Un combat légitime, un ennemi farouche, une occasion de passer pour un héros ? Voilà qui est bonapartiste à souhait.

Issu du music-hall, Stan Laurel fit ses armes humoristiques en 1908 dans la troupe de Fred Karno aux côtés de Charlie Chaplin avant de s’essayer dix ans plus tard au cinéma. Réalisé en 1928, « The Pest » fait partie des « Stan Laurel Comedies », ces courts métrages burlesques produits par Guilbert Anderson, dans lesquels sont déjà présents la maladresse, l’incompréhension, l’innocence, l’absurde et le mime de celui qui s’associera plus tard avec un certain Oliver Hardy.

Katia Bayer

Coffret Retour de flamme : l’intégrale – 6 DVD (Lobster Films)

Article paru sur Cinergie.be

Old Fangs d’Adrien Merigeau & Alan Holly

Un petit frenchie, Adrien Merigeau, s’est exilé en Irlande pour travailler sur Brendan et le secret de Kells de Tom Moore qui l’a nommé quelques années plus tard directeur artistique sur son nouveau film Le Chant de la mer sorti cette semaine sur les écrans français.

Nos amis du Studio des Ursulines (Paris Ve) sont les seuls à proposer ce très beau film en VOSTF car oui, la VO en animation, ça a aussi son importance ! La stupeur et les tremblements de Chihiro en japonais n’ont jamais eu la même saveur en français.

Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir le court métrage d’Adrien Merigeau Old Fangs (co-réalisé avec Alan Holly) sélectionné à Sundance en 2010, petit bijou du film d’animation dont le trait et le style semblent à première vue éloignés de l’univers « celtique » de Moore mais qui a y regarder de plus près contient déjà de jolies passerelles entre les deux cinéastes.

Amaury Augé

Old Fangs d’Adrien Merigeau et Alan Holly (Animation, 11′, 2010, Irlande, Cartoon Saloon Ltd)

Synopsis : Un jeune loup décide d’affronter son père, qu’il n’a plus vu depuis son enfance.

10ème Mobile Film Festival, appel à films

1 Mobile, 1 Minute, 1 Film. Le principe du Mobile Film Festival est simple. Pour sa 10ème édition, le festival maintient son envie de découvrir et d’accompagner de jeunes réalisateurs à travers la Bourse BNP Paribas de 15.000 € qui est remise au lauréat du prix du Meilleur Film Mobile pour produire un court métrage en un an.

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Pour participer, il suffit de télécharger son film (ou ses films) sur le site web du festival jusqu’au 5 janvier 2015. Les seules règles sont : utiliser un mobile, et avoir un format de 1 minute. Tout le reste est libre !

Le festival en lui même se déroule du 13 janvier au 3 février sur internet, où les 50 films sélectionnés sont soumis au vote des internautes, et montrés au jury. De nombreux prix sont prévus, le premier étant la bourse BNP Paribas d’une valeur de 15 000 euros ainsi que l’aide d’un producteur pour la réalisation d’un nouveau court métrage du lauréat au cours de l’année.

Plus d’infos sur : http://fr.mobilefilmfestival.com

Clermont-Ferrand 2015, les films de la compétition labo

Retrouvez les 34 films sélectionnés en labo au prochain Festival de Clermont-Ferrand (30/1-7/2).

ClermontFest2015

Films sélectionnés

365 de Myles McLeod (Royaume-Uni, Angleterre)
Beach Week de David Raboy (Etats-Unis)
Blood Brothers de Marco Espirito Santo et Miguel Coimbra (Portugal)
Cams de Carl-Johan Westregard (Suède)
Caravan de Keiran Watson-Bonnice (Australie)
Contratempo de Bruno Jorge (Brésil)
Cutaway de Kazik Radwanski (Canada)
Dans la joie et la bonne humeur de Jeanne Boukraa (Belgique)
De Schnuuf de Fabian Kaiser (Suisse)
Exuvie d’Emmanuel Lantam-Ninsao (France)
Filme Som de Cesar Gananian et Alexandre Moura (Brésil)
La Flèche Delta de Francesco Vecchi (France)
Fok Nabo Distorio de Francesco Rosso (Estonie)
Hes the Best de Tamyka Smith (Etats-Unis)
Historia Natural de Julio Cavani (Brésil)
The Hole de Bongsu Choi (Corée du Sud)
Killer? de David White (Nouvelle-Zélande)
Let Me Down Easy de Matthew De Filippis et Elisia Mirabelli (Canada)
Loop Ring Chop Drink de Nicolas Ménard (Royaume-Uni, Angleterre)
My Dad de Marcus Armitage (Royaume-Uni, Angleterre)
Newborns de Megha Ramaswamy (Inde)
The Noise de Pooya Razi (Iran / Animation)
Obiekt de Paulina Skibinska (Pologne)
The Obvious Child de Stephen Irwin (Royaume-Uni, Angleterre)
Onder Ons de Guido Hendrikx (Pays-Bas)
The Palace on the Sea de Midi Z (Taiwan)
S de Richard Hajdu (Royaume-Uni, Angleterre, Hongrie)
Sao Hoa Noi Day Gieng de Freddy Nadolny Poutoschkine et Minh Quy Truong (France, Vietnam)
Ser e voltar de Xacio Bano (Espagne)
Sieben Mal am Tag beklagen wir unser Los und nachts stehen wir auf, um nicht zu de Susann Maria Hempel (Allemagne)
Small People with Hats de Sarina Nihei (Royaume-Uni, Angleterre)
Symphony no. 42 de Reka Bucsi (Hongrie)
Tehran-geles d’Arash Nassiri (France)
Yen Yen de Chunni Lin (Taiwan)

E comme Les Éclaireurs

Fiche technique

Synopsis : Autrefois membres d’un groupe de quatre adolescents enquêteurs, trois d’entre eux se retrouvent vingt ans plus tard dans un restaurant asiatique bon marché. Ils reconnaissent le cuisinier, un criminel qui agissait en tenue de ninja et qu’ils ont arrêté autrefois.

Genre : Fiction

Durée : 18′

Pays : France

Année : 2014

Réalisation : Benjamin Nuel

Image : Pukyo Ruiz de Somocurcio

Montage : Damien Maestraggi

Son : Tristan Pontécaille

Auteur de la musique : Arnaud Fleurent-Didier

Interprétation : Anne Steffens, Olivier Desautel, Arnaud Fleurent-Didier, Louise Touron, Victor Beucher, Steven Bouzhila, Alain Combemorel, Emilien Guinel, Gen Shimaoka, Xiaoxing Cheng

Production : Ecce Films

Article associé : l’interview de Benjamin Nuel

Benjamin Nuel : « Même si j’essaye d’être drôle, mes films ont généralement un fond sombre et désespéré »

Benjamin Nuel présentait « Les Éclaireurs », son dernier court-métrage en compétition au Festival de Vendôme. Humour pince-sans-rire et mélancolie adolescente sont au rendez-vous dans cette étonnante comédie où de jeunes adultes se remémorent leur improbable passé de supers enquêteurs lors de retrouvailles dans un restaurant chinois. Le réalisateur est revenu pour Format Court sur son parcours, ses méthodes de travail et son intérêt pour de multiples médiums.

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Comment es-tu arrivé au cinéma ?

L’envie de faire des films m’est venue très tôt. J’avais même tout planifié : intégrer une formation préparatoire, passer le concours de la Fémis… Finalement, ça ne s’est pas du tout passé comme ça. Je suis allé faire mes études là où j’ai été accepté en premier, et assez mystérieusement : aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Je m’y suis senti très bien, j’y ai été amené à remettre en question ma manière d’appréhender le cinéma, de fabriquer les films. Je n’avais dès lors plus très envie de rentrer dans ce milieu par les voies classiques des formations ou de l’assistanat sur le terrain. À ma sortie des Arts Décos, j’avais bien essayé de lancer quelques projets de films, mais face à la difficulté de réaliser les projets qui m’intéressaient, je me suis tourné vers le Fresnoy. J’y ai alors disposé de moyens me permettant de mettre en chantier les projets que j’avais sous le coude.

Il se trouve que, par la suite, j’ai développé au Fresnoy un médium auquel je ne me destinais pas particulièrement : le jeu vidéo. J’en avais déjà conçu un aux Arts Décos, et j’en ai réalisé un autre lors de mon passage au Fresnoy, qui s’intitule « HOTEL ». Mon travail a commencé à être connu et reconnu à ce moment là.

Ce qui est intéressant, c’est que tu as conçu ces fictions racontées sous forme de jeux-vidéos à un moment où plusieurs réalisateurs émergents utilisent l’imagerie et les techniques propres aux univers virtuels pour raconter leurs histoires. Je pense notamment aux films de Benoît Forgeard (« L’Antivirus », « Laika Park »), ou encore à ceux de Jonathan Vinel et Caroline Poggi (« Tant qu’il nous reste des fusils à pompes »). Comment ces médiums influencent-ils tes réalisations ?

Je pense que l’on filtre simplement tout ce qui nous a nourri durant notre enfance et notre adolescence, ce qui nous a constitué. Ma génération, ou même celle de Benoît Forgeard, a intégré toutes ces écritures et tous ces médiums qui sont apparus dans le courant des années 80. Pour « HOTEL», la motivation première n’était pas de me référer à la grammaire ou à l’imagerie des jeux vidéos pour raconter une histoire, mais d’épouser complètement ces codes pour trouver une liberté dans la mise en scène, en développant des cinématiques qui permettent aux spectateurs de déambuler dans un univers virtuel. Cela me permettait de travailler le rapport à l’espace et au temps de façon inédite et avec une latitude que je n’aurais pas trouvée dans la prise de vue réelle. Pour moi, il s’agit de deux médiums complètement différents qui ont chacun leurs écritures et leurs spécificités. Après avoir réalisé « HOTEL », j’en avais un peu assez des images virtuelles, de la 3D, j’avais besoin de revenir au cinéma et à la fiction. « Les Éclaireurs » est l’un de ces projets.

Peux tu me parler de la genèse de ce film qui met en scène les retrouvailles entre les membres d’un ancien groupe de supers boy-scouts qui formaient dans leur jeunesse une bande d’enquêteurs à la «Scooby-Doo» ?

« Les Éclaireurs » est un court-métrage adapté d’une idée que je développe pour un film long. C’était relativement facile de reprendre les personnages et le principe du film pour en faire une histoire courte. J’ai également répondu à une invitation de Christophe Taudière, qui dirige le département court-métrage à France 2, et qui cherchait de nouveaux films à soutenir. J’ai écrit ce court-métrage comme s’il s’agissait d’un épisode d’une de leurs aventures.

Effectivement, les séries et dessins animés de mon enfance, comme « Scooby-Doo » et toutes les histoires d’adolescents enquêteurs ont été une source d’inspiration importante. J’ai pris le parti de mettre en scène dès le début du film un groupe dévoyé, avec cette réunion d’une bande incomplète de trentenaires qui ont chacun fait leur chemin et repensent à leurs aventures passées. Dès l’origine, l’univers enfantin est corrompu. Lorsque cette enquête avec le ninja est évoquée au cours du film, on comprend qu’ils étaient confrontés à des affaires un peu violentes, dangereuses. J’avais envie d’inscrire leur histoire dans un registre assez réaliste et cru.

Quand on regarde chacun de tes films, on a la sensation que leur trait commun tient dans la manière dont tu mets en scène des personnages qui seraient des figures antagonistes amenées à se réconcilier : le jeune apache et le vieux cow-boy dans « Un cheval sans nom », les GI et les terroristes de « HOTEL » et ici les Éclaireurs face à un de leurs anciens ennemis. L’enjeu narratif ne tient pas dans l’opposition, mais vraiment dans leur lutte pour survivre ensemble dans un monde violent qui se délite, se désagrège.

Cela me fait plaisir que tu me dises ça, car je n’y avais pas spécialement pensé. C’est rassurant car j’ai toujours l’impression de réaliser des films déprimants (rires) ! Même si j’essaye d’être drôle, mes films ont généralement un fond sombre et désespéré. Savoir que l’on peut y trouver de la réconciliation, de l’entente, me rassure un peu.

Comment s’est déroulé le casting pour « Les Éclaireurs » ? La distribution est assez originale. On y retrouve notamment Anne Steffens (actrice fétiche de Benoît Forgeard) et le chanteur Arnaud Fleurent-Didier dont c’est le premier rôle au cinéma.

J’ai écrit plusieurs personnages du film en ayant directement en tête les interprètes, comme Anne Steffens ou Olivier Desautel. Pour d’autres personnages, je cherchais des profils et la découverte s’est faite au gré des rencontres. Je n’ai pas fait de castings, je n’ai pas vu défiler des dizaines de comédiens pour un rôle. J’avais contacté Arnaud Fleurent-Didier pour qu’il réalise la musique du film. Lorsqu’on s’est rencontré, c’est devenu évident pour moi qu’il devait incarner le personnage de Lulu à l’âge adulte. D’autant que l’on avait déjà trouvé son homologue adolescent, et que les deux profils collaient parfaitement. En outre, je sentais chez lui un désir de cinéma très fort, en visionnant les clips qu’il réalise pour sa musique notamment. On s’est tout de suite compris, et il a très vite donné son accord pour jouer dans le film.

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Après avoir réuni les acteurs, comment as tu travaillé avec eux ?

Pour ce film, je me suis dit que j’allais essayer de leur laisser plus de latitudes dans le jeu, en les laissant improviser sur le texte notamment. Très rapidement, on s’est mis d’accord pour ne pas trop retoucher les dialogues que j’avais écrit, les comédiens préféraient s’y tenir et trouver leur liberté dedans. Pour la première fois, j’ai vraiment profité des répétitions avant le tournage pour travailler avec les acteurs, et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Comme les situations que je met en scène ne reposent pas sur des performances d’acteur, on pouvait s’attarder longuement sur les dialogues et les intentions de chaque personnage sans trop courir le risque de perdre l’énergie ou la fraîcheur du jeu au moment du tournage. Ce processus de travail m’a vraiment plu sur ce film, et je pense le reconduire et l’approfondir dans mes futures réalisations.

Outre la présence d’Anne Steffens au casting des « Éclaireurs », d’autres éléments relient ton travail à celui de Benoît Forgeard. Vous êtes tous les deux passés par le Fresnoy et vous travaillez avec le même producteur (Emmanuel Chaumet d’Ecce Films)… Dans quel mesure son cinéma a-t-il pu t’influencer ?

J’ai découvert les films de Benoît lorsque je réalisai la série « HOTEL » pour Arte. J’avais déjà quelques projets de courts-métrages de fiction sous le bras, mais ce que je voyais à l’époque dans la production de courts-métrages français ne m’intéressait pas du tout. Lorsque j’ai découvert son film « La Course nue » et sa série « Laika Park », ça m’a rassuré. J’y ai trouvé des correspondances avec mon propre travail, des enjeux communs. Il a en quelque sorte ouvert la voie pour pas mal de réalisateurs.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Je suis actuellement en écriture de deux projets de longs-métrages, et je viens d’achever l’écriture d’un court que l’on va tourner bientôt avec Ecce Films. J’ai aussi réalisé un petit bonus avec Anne Steffens pour le DVD d’« HOTEL», et je vais réaliser une autre mini-série de six épisodes à partir d’un nouveau jeu vidéo que j’ai développé avec Arte Creative, « The Reversal ».

Propos recueillis par Marc-Antoine Vaugeois

Consulter la fiche technique du film « Les Éclaireurs »

Festival du film de Vendôme, le palmarès 2014

Hier soir, s’est clôturé le dernier Festival du film de Vendôme. 23 courts métrages (fictions, documentaires, animations soutenus par les collectivités territoriales françaises) y étaient en compétition nationale. Voici le palmarès.

Grand Prix : Cambodia 2099 de Davy Chou

Cambodge 2099

Prix spécial du jury, Prix de la jeunesse : Si jamais nous devons disparaître, ce sera sans inquiétude mais en combattant jusqu’à la fin de Jean-Gabriel Périot

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Prix d’interprétation : Nicolas Granger pour Peine Perdue de Arthur Harari

Prix du Jury étudiant : Inupiluk de Sébastien Betbeder

Prix Format Court : Tourisme international de Marie Voignier

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Prix Cinécole en Vendômois : Fear of flying de Conor Finnegan

Tourisme International de Marie Voignier, Prix Format Court au Festival de Vendôme 2014

Pour la quatrième année consécutive, Format Court vient d’attribuer un prix au Festival de Vendôme. Le jury, composé de Lola L’Hermite, Carine Lebrun, Mathieu Lericq, Zoé Libault et Marc-Antoine Vaugeois, a choisi de récompenser « Tourisme International », un moyen-métrage documentaire réalisé par Marie Voignier, parmi les 23 films retenus en compétition nationale.

À travers un voyage touristique de la réalisatrice en Corée du Nord, se dessine les contours d’une dictature présentant une image acceptable d’elle-même. Un film politique, puissant, à l’ironie grinçante, qui use avec maestria des outils élémentaires du cinéma.

Pour accompagner ce prix, le film bénéficiera d’un dossier spécial sur le site internet de Format Court, d’une projection au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) dans le cadre des séances Format Court et de la création d’un DCP doté par le laboratoire numérique Média Solution

Prix Format Court Vendôme 2014 : Tourisme International de Marie Voignier (France, Documentaire, 48′, 2014, Bonjour Cinéma)

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Synopsis : Comment une dictature se présente à ses touristes ? Quel récit, quels acteurs, quelle mise en scène mobilise-t-elle ? Tourisme International a été tourné comme la captation d’un spectacle à l’échelle d’un pays, la Corée du Nord. Musées, ateliers de peinture, studios de cinéma ou usine chimique nous sont présentés par des guides dont on n’entendra jamais les voix.

Retrouvez le palmarès complet du festival de Vendôme en ligne

Lucile Hadžihalilović. Entre féminité, innocence et courage

Après avoir été présenté à Clermont-Ferrand, Villeurbanne ou Montréal, le court-métrage Nectar est montré cette semaine au Festival de Vendôme. L’abstraction poétique qui baigne cette fable bio-politique est fondée sur des oppositions d’échelle : on passe de l’infiniment petit (l’abeille) à l’infiniment grand (immeubles d’architecture moderniste), du corps individualisé au corps collectif, de l’herbe verte au béton grisâtre. Corps, nature, urbanité ; chaque élément est érotisé. Le film semble butiner auprès d’une expérience originelle sans cesse rejouée : l’amour. Comme pour nous dire à quel point le désir est une énergie essentielle, déformatrice, épaisse et liquide, comme le miel, nous faisant glisser d’une réalité à une autre, d’un espace-temps à un autre.

Le cinéma de Lucile Hadžihalilović paraît partir du présupposé que toute révolution est aussi sexuelle. Ce sentiment traversait déjà ses deux premiers courts-métrages, La première mort de Nono (1987) et La Bouche de Jean-Pierre (1996). En 2005, elle réalise son premier long-métrage intitulé Innocence, lequel penche davantage du côté d’une révolution de la noirceur et de l’enchantement des corps d’enfants.

Voici une interview de la réalisatrice, exploratrice précieuse d’un paysage cinématographique à la croisée de représentations naturalistes et d’expérimentations post-modernes.

Texte : Mathieu Lericq
Entretien : Zoé Libault
Réalisation : Tamara Seilman, Julien Sénélas (www.ciclic.fr/)
Montage : Julien Sénélas

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Franck Ternier : « Mon film est un film d’animation mais je ne me considère pas comme un réalisateur de film d’animation »

Présent au Festival du film de Vendôme, Frank Ternier est revenu, dans une interview réalisée par Format Court en collaboration avec l’équipe de Ciclic, sur son film « 8 balles », un film d’animation sur l’obsession d’un père à venger sa famille après un drame survenu quelques temps auparavant.

Le film a fait ses débuts à la Quinzaine des Réalisateurs 2014 et sera projeté au Festival de Clermont-Ferrand, en 2015, où il est sélectionné en compétition nationale. Il mélange plusieurs techniques d’animation et propose un vrai travail sur le son (la musique, la voix et les bruitages se coordonnent parfaitement), rendant ainsi compte du capharnaüm ressenti par le personnage. Frank Ternier nous parle ici de la genèse du projet, de son travail d’écriture et de la bande son du film.

Texte : Zoé Libault
Entretien : Zoé Libault
Réalisation : Tamara Seilman, Julien Sénélas (www.ciclic.fr/)
Montage : Julien Sénélas

Article associé : la critique du film

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8 comme 8 balles

Fiche technique

Synopsis : Je m’appelle Gabriel, j’habite Taipei. J’ai perdu ma femme lors d’une agression. Un homme roux est entré chez moi ; il sentait le poisson frit. Il portait une arme ; il en fait usage sur ma famille.

Genre : Animation

Durée : 13′

Pays : France

Année : 2014

Scénario : Frank Ternier

Animation : Frank Ternier, Shihhan Shaw, Laurent Moulin, Xavier Rubel

Son : Frédéric Duzan

Voix : Stéphane Gasc, Camille Trophème, Laurent Serron-Keller

Production : L’Image d’après

Articles associés : l’interview de Frank Ternierla critique du film

Jamais Jamais de Erwan Le Duc

Après avoir réalisé en 2012 « Le Commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien », Erwan Le Duc revient cette année avec son deuxième court métrage « Jamais Jamais », en compétition officielle au Festival de Vendôme.

Le réalisateur met une nouvelle fois en scène les forces de police et nous immerge cette fois-ci dans un commissariat le week-end de Pâques. Deux collègues que tout oppose, Françoise et Clémentine, se retrouvent au cours d’une mission confrontée à leurs angoisses, pour finalement se découvrirent l’une à l’autre.

Françoise, collants rouges et jupe en jean, est l’insouciante, la rigolote. Interprétée par Julie-Anne Roth, Françoise est divorcée et mère d’une fillette dont elle oublie l’anniversaire. Elle est l’énergie, l’anarchie, la provocation pour dissimuler son mal-être.Face à cette attitude je-m’en-foutiste, Maud Wyler incarne Clémentine, discrète et rigoureuse. Clémentine et son mari tente d’avoir un enfant, mais la jeune femme ne veut pas d’une progéniture et n’ose avouer cette vérité qui la ronge.

Le commissariat est le lieu d’affrontement de ces deux femmes remplies de frustrations, où l’une intériorise quand l’autre déborde. Erwan Le Duc les y oppose, définissant un cadre à chacune, un espace. Clémentine est face à son bureau, droite et travailleuse alors que Françoise est une pile électrique, négligemment installée et peu consciencieuse. Quand elles se retrouvent dans le même cadre, cette dernière envahit l’espace de sa collègue. Françoise défie, Clémentine résiste. La provocation est maximale, sous l’œil amusé d’un policier joué par Eddie Chignara, qui a lui seul apporte une légèreté comique au film.

C’est finalement au cours d’une patrouille pour tapage nocturne, hors de toute limite, que le duo finira par briser les apparences. Les deux commissaires s’invitent à la fête, lieu d’illusions et de révélations où chacune trouvera l’élément déclencheur pour sortir du rôle dans lequel elle s’était enfermée.

La remise en question est un sujet difficile à traiter. Malgré la lourdeur que ce thème pourrait laisser envisager, Erwan Le Duc réussit grâce à des répliques drôles voire cyniques à injecter l’humour nécessaire pour ne pas tomber dans le pathétique et l’apitoiement. Tout comme ses personnages, le réalisateur a trouvé son équilibre.

Carine Lebrun

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