Tous les articles par Katia Bayer

Format Court à la recherche de petites mains et de grandes idées

Depuis près de 9 ans (eh oui), Format Court fonctionne selon un modèle bénévole. Aujourd’hui, nous faisons à nouveau appel à vous. Que vous soyez bénévole, stagiaire ou volontaire, si le court métrage vous intéresse, si vous avez un peu de temps, des chouettes qualités humaines (curiosité, ouverture, etc), rédactionnelles ou organisationnelles à consacrer à notre projet, nous vous proposons de nous rejoindre et de participer aux nouveaux projets de Format Court. N’attendez plus, rejoignez-nous !

Pour couvrir au mieux l’actualité du court et participer à nos événements (After Short, rencontres professionnelles, festival à venir), nous désirons accueillir de nouvelles énergies : nouveaux rédacteurs, étudiants, critiques en herbe, « simples » cinéphiles, coordinateurs et communicants formidables.

Vous souhaitez écrire ou collaborer autrement pour Format Court ? Faites-nous part de vos qualifications, centres d’intérêt et/ou expériences personnelles. Pour tout renseignement, soumettre votre plume, nous montrer vos petites mains ou l’étendue de vos belles compétences, écrivez-nous à : info@formatcourt.com.

Votez pour les meilleurs courts de l’année !

Depuis 8 ans, l’équipe de Format Court publie au mois de décembre son Top 5 des meilleurs courts-métrages de l’année écoulée.  Dans les prochains jours, le nouveau Top 5 de la rédaction sera mis en ligne.

Depuis 2 ans, nous vous invitons à nous indiquer, vous aussi, vos 5 films préférés de l’année par mail.

Faites-nous part jusqu’au jeudi 28 décembre 2017 inclus de vos 5 courts-métrages favoris de l’année, tous pays et genre confondus, par ordre de préférence, en n’oubliant pas de mentionner leurs réalisateurs et pays d’appartenance.

Nous ne manquerons pas de publier les résultats de vos votes sur Format Court !

A vos tops, prêts ? Partez !

For 8 years, we at Format Court have published our Top5 best short films of the year. As per custom, here then are the films that impressed our team.

You too can send in your top 5 films of the year, irrespective of the country and genre.

Send us an email with your favourite films in order of preference, by Sunday December 24. Don’t forget to mention the filmmaker and coutry of production.

Feel free to participate to this Top5. The winning votes will be annonced on our website in a few days !

Short Screens #77: @ Le Jour le plus court : Belgitude

Pour sa quatrième participation au Jour le plus court ( Le jour le plus Court.be), Short Screens vous convie le jeudi 21 décembre à sa 77ème séance de courts métrages autour de la « Belgitude ». Ne vous étonnez donc pas d’y retrouver une touche de mélancolie, des questionnements identitaires, un brin de surréalisme absurde sur fond de dénonciation sociale, de l’autodérision et une ambiance chaleureuse et décontractée !

Une séance en présence de Fedrik De Beul et Olivier Magis, les réalisateurs de « May Day » ; Gérald Frydman, le réalisateur du « Cheval de Fer » ; Monique Marnette et Caroline d’Hondt, les réalisatrices de « The Hidden Part » ; …

Rendez-vous le jeudi 21 décembre à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

Programmation

May Day d’Olivier Magis et Fedrik De Beul, fiction, 2017, 22′ (Eklektik Productions)

Dans le salon de Thierry, plusieurs personnes qui ne se connaissent pas sont venues nourrir le même rêve : trouver un travail, et vite. Mais comme nous sommes à Bruxelles, rien ne se passe comme prévu.

En présence des  réalisateurs Olivier Magis et Fedrik De Beul

Le Cheval de fer de Gérald Frydman, animation, 1984, 7′ (Scarfilm) – Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes 1984.

L’histoire du pari de Stanford, baron du rail, sur le galop du cheval. Il fait appel au photographe Muybridge qui met au point un système pour analyser le mouvement, qui fera de lui le précurseur du cinéma… Le monde surréaliste de Gérald Frydman dans toute sa splendeur.

En présence du réalisateur Gérald  Frydman

Mort à Vignole d’Olivier Smolders, expérimental, 1998, 25′ (Les Films du Scarabée)

À l’occasion d’un film de famille tourné à Venise, Olivier Smolders interroge la façon dont les images familiales interviennent dans les histoires d’amour et de mort. Un film impossible à résumer, impossible à raconter. Une étude presque anthropologique du rapport de l’homme à la caméra.

The Hidden Part de Monique Marnette et Caroline d’Hondt, fiction, 2014, 12′ (Man’s Films Productions)

Dérogeant à ses habitudes, Asgeir, accepte la présence de Woré, une jeune femme africaine, à bord de son camion. Réunis le temps d’une journée sur les routes d’Islande, ces deux êtres enfermés dans leur solitude vont découvrir, malgré eux, une part de l’autre mais aussi d’eux-mêmes.

En présence des réalisatrices Monique Marnette et Caroline D’Hondt

Articles associé : la critique du film

Nous trois d’Annick Ghijzelings, docu-expérimental, 2007, 4′ (Traces ASBL/Gsara)

Si c’était un mot, on dirait incertitude. Si c’était une image, on y verrait la lumière. Si c’était une voix, ce serait celle d’une femme. Si c’était une histoire, ce serait une histoire d’amour, un fragment de vie à trois dans un lieu indéfini, dans un temps fuyant.

Articles associé : la critique du film

Babyroussa, The Babiroussa, de Vincent Patar, animation, 1994, 5′ (Pic Pic et André Production)

Babyroussa, un babiroussa, se réveille sur son île minuscule. Il a faim, mais le frigo est vide… Il décide de se fabriquer du pain… sous le regard de son voisin Fennec.

Zoufs de Tom Boccara, Noé Reutenauer et Emilien Vekemans, fiction, 2015, 20’ (FraKas Productions)

Le soleil va bientôt se lever, du haut de son toit, Michel voit tout, entend tout, sent tout. La vue est belle, le temps passe, les Zoufs s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Tiens voilà la lune, on dirait une banane !

L’Etrange Festival 2017, dix courts en colère !

Temps fort du début de rentrée cinématographique, L’Etrange Festival s’est acquitté pour la vingt-troisième fois de son lot de sensations et d’émotions fortes. Cette année, le festival comptait pas moins d’une soixantaine de courts métrages au compteur, toute(s) séances confondues ! Les “envoyés spéciaux” de Format Court, délégués en terre étrange lors du festival, vous en ont ramenés une petite dizaine à se mettre sous la dent.

Curse of the Flesh de Leslie Lavielle et Yannick Lecœur (2016 – France)

Curse of the Flesh est un court d’animation complètement dadaïste, à situer quelque part entre les collages plastiques de Terry Gilliam et la fougue aventureuse d’un Robert Louis Stevenson. Ambiance mystérieuse, musique envoûtante, fulgurances graphiques, le film possède tout un univers de folie douce qui ensorcèle. Le symbolisme, les mythes fondateurs, les rites ancestraux et l’histoire des hommes, tout se mélange dans un maelstrom d’idées et de sensations, sous les yeux ébahis d’un singe particulièrement éveillé. Les pirates et les tribus cannibales s’affrontent férocement tandis que le singe “grandit” et prend conscience de lui-même et de sa condition. L’univers de Leslie Lavielle et Yannick Lecœur fait preuve d’une grande originalité en mélangeant les codes propres au récit d’aventures et une narration plurielle, aléatoire, comme si le spectateur se retrouvait lui-même sous l’emprise de quelque substance illicite. Ce curieux et très riche mélange gratifie Curse of the Flesh d’une poésie étrange, à la fois délicate et macabre.

Garden Party de Florian Babikian, Vincent Bayoux, Victor Caire, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon et Lucas Navarro (2016 – France)

Grenouilles et crapauds envahissent une villa majestueuse complètement abandonnée. La nature reprend ses droits sur les lieux délabrés, exempts de toute trace humaine. Enfin, presque toute, puisque des impacts de balles apparaissent ici et là, une porte est fracassée, une caméra est brisée, le combiné d’un téléphone pend au bout du fil… Il règne un calme tout à fait relatif, interrompu simplement par les bruits d’insecte et d’animaux, inconscients du drame qui a pu se jouer.

Garden Party est un film d’animation, à l’ambiance prégnante, réalisé par des étudiants de l’école du film d’animation et de l’image de synthèse MOPA et présélectionné aux Oscars 2018. Il bénéficie d’un travail poussé sur les textures, les couleurs et les mouvements et met en scène de nombreuses situations proches de l’absurde, qui contrastent avec la découverte du drame humain qui s’y cache. Par le plus grand des hasards, un des amphibiens rallume les lumières de la villa et met en marche le dispositif d’arrosage. Au son du jazz endiablé craché par les baffles d’une chaîne hi-fi de nouveau fonctionnelle, l’ensemble des amphibiens se regroupent au bord de la piscine pour faire la fête, sans forcément faire attention à la masse sombre qui remonte à la surface…

Hell Follows de Brian Harrison (2017 – Japon)

Hell Follows est l’exemple typique de l’explosion de cerveau. Biberonné aux visions extrêmes et dérangées des cinéastes japonais fous Shinya Tsukamoto et Sogo Ishii, Brian Harrison livre une œuvre hystérique et habitée, où il est question d’un jumeau maléfique remontant à la surface pour étancher sa soif de sang de tueur sadique. Dans une ambiance poisseuse de film noir, Hell Follows mixe mythologie japonaise, code de l’honneur et imagerie punk, le tout “bercé” par une bande son énervée (avec notamment le groupe synthpunk américain Death Grips). Au son des saillies musicales bruitistes, le montage devient hypnotique, saccadé, alternant moments d’accalmie suspendue et fulgurances graphiques stroboscopiques. Ajoutons à cela les visions démentes de quelque cerveau malade, et l’on obtient une bien étrange cuisine qui envoûte autant qu’elle laisse désorienté, ce que l’on demande avec avidité à toute forme cinématographique.

I Want Pluto To Be A Planet Again de Marie Amachoukeli et Vladimir Mavounia-Kouka (2016 – France)

Marcus est un jeune homme modeste, sans grande qualité, ce que l’on appelle un H- dans la société futuriste adepte d’améliorations et de transformations corporelles dont il fait partie. Il est amoureux d’une fille H+ (la plus haute classe sociale) et se voit dans l’impossibilité de la fréquenter, vu sa condition. Aveuglé par ses propres sentiments, il participe alors au Gogole Show qui lui permet de gagner un “ticket” pour devenir à son tour un H+. Seulement, la “robotisation” de son corps n’est qu’un leurre et ne lui permet pas plus de séduire l’objet de ses rêves… Marcus est victime d’une profonde désillusion. La société dont il fait partie, à force d’additions technologiques vantant la longévité, la perfection et l’efficacité, en oublie les élans du cœur et se dessèche. Elle se déshumanise. L’apparat est devenu l’élément le plus important, le plus valable, quitte à ne chercher et à ne devenir que pure artificialité. Dans un graphisme froid, abstrait, à la ligne épurée et travaillée, I Want Pluto To Be A Planet Again développe une réflexion sur le transhumanisme et s’inscrit dans la filiation d’œuvres d’anticipation pessimistes et humanistes ; un peu comme si Ray Bradbury s’était lancé dans un film d’animation et l’avait réalisé avec le style moderne et dépouillé d’un produit Apple. Mais chut, “ceci est une révolution…”.

Johnno’s Dead de Chris Shepherd (2016 – Royaume-Uni/France)

12 après son court-métrage Dad’s Dead (2003), le réalisateur britannique Chris Shepherd nous replonge dans les affres de l’esprit tortueux du soi-disant meilleur ami d’enfance de l’affreux Johnno. Comme son titre l’indique, le narrateur de Johnno’s Dead est toujours aussi tourmenté par le souvenir de ce garçon, responsable (selon lui) de sa condamnation à 12 ans de prison pour un crime qu’il n’a pas commis. Alors qu’il tente de vivre à nouveau une vie normale, la tentation de retrouver Johnno refait surface…

Vue subjective, humour noir et animation hybride, cette nouvelle “aventure” de l’insaisissable Johnno garde la fraîcheur du premier opus et redouble d’ingéniosité ainsi que de trouvailles visuelles, ancrant son récit dans toujours plus de noirceur. On croise les doigts pour qu’il ne faille pas attendre 12 ans de plus pour avoir la chance de voir le prochain épisode de la saga Johnno !

Killing Klaus Kinski de Spiros Stathoulopoulos (2016 – Colombie)

Killing Klaus Kinski, du réalisateur colombien Spiros Stathoulopoulos, donne vie à un fantasme de pur cinéphile : assister, depuis l’intérieur, au tournage dantesque et éprouvant de l’un des chefs d’œuvre du cinéma d’aventure métaphysique, Fitzcarraldo. L’histoire est connue, Klaus Kinski, comédien principal, à la fois muse et pire ennemi de son réalisateur, Werner Herzog*, est complètement odieux pendant le tournage, à tel point que les tribus locales le surnomment le “Démon Blanc”. Le chef de ces tribus suggère même à Herzog de l’aider à s’en débarrasser…

Le court métrage se propose de raconter cette histoire farfelue, d’en combler les vides et d’imaginer ce qui se serait passé si le réalisateur avait accédé à la demande du chef. Assorti de long plans séquence et d’une belle virtuosité, Killing Klaus Kinski amuse et fascine, comme si l’on se retrouvait plongé en arrière, témoin d’un moment clé du tournage de Fitzcarraldo et assistant petit à petit à tout un pan parallèle de l’histoire officielle.

*(ndlr) : Herzog consacrera à cette relation houleuse un documentaire significatif des tensions qui peuvent surgir lors d’un tournage : Ennemis intimes (1999)

Mr. Death d’Andreas J. Riiser (2016 – Norvège)

Amateur d’humour scandinave, soyez le bienvenu ! Le scénariste et réalisateur norvégien Andreas J. Riiser a réussi à obtenir un entretien exclusif avec la mort. Oubliez l’image poussiéreuse qui colle à la peau de celle que l’on appelait antan la Faucheuse et faites place à l’avenir. Aujourd’hui, la mort a les traits d’un vrai gentleman. Si notre époque n’est pas toujours tendre avec les femmes et les hommes d’aujourd’hui, sachez que la Mort trouve aussi à y redire : cadences infernales, heures supplémentaires, etc… Et avec l’augmentation de la population, difficile de tenir le rythme.
Avec un aplomb et un humour à froid délicieux, Andreas J. Riiser nous a concocté une comédie noire dans la pure tradition des comédies nordiques. En choisissant, la forme de mockumentary (aka faux documentaire), il nous dépeint avec malice l’incarnation de la fatalité tant redoutée, comme une personne accessible et appliquée, voire un peu maladroite, créant ainsi des effets comiques brillants et inattendus. Une réussite !

No Offense de Kris Borghs (2016 – Belgique)

Dans une ambiance “cartoon”, des dessinateurs se retrouvent tondus, puis pendus par leurs bretelles dans des tenues de bagnards pour être amenés avec leur cartons à dessins devant un terrible jury et y exhiber leur caricature. Véritable parterre de personnalités, se côtoie pêle-mêle sur ces bancs Hitler, Mobutu, Castro, Kadhafi, Poutine, Busch, Kim Jong Il, le pape, une personne en burka, une femen, un rabbin et un biker. A l’aide d’un buzzer, tout ce beau monde se retrouve bras dessus, bras dessous à décider du sort de chacun de ces artistes, qui défilent un par un.

Reprenant à son compte le ton et l’atmosphère des dessins incriminés, Kris Borghs créé une farce à l’humour corrosif, visiblement inspirée par les attentats contre le journal Charlie Hebdo. Avec légèreté, il montre à l’aide d’un dispositif simple et didactique ce qu’il peut en coûter de déplaire à un pouvoir tyrannique quel qu’il soit. Un bras d’honneur salvateur à l’internationale des censeurs d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs.

Other People’s Heads de Stephen Winterhalter (2016 – Canada)

Réalisé par l’américain Stephen Winterhalter, Other People’s Heads a été sacré Grand Prix Canal + de cette 23e édition de l’Etrange Festival. Situé dans un monde indéterminé et décadent, ce court métrage à l’allure feutrée et à l’humour grinçant nous invite à rejoindre la compagnie d’une poignée de fonctionnaires de justice confortablement installés dans de riches salons tandis que devant eux, ont lieu une série d’exécutions capitales. Dans un mélange des genres sophistiqué où la satire le dispute au grotesque, cette caste dilettante maintient sa domination sur les autres par l’usage de la guillotine. Mais étrangement, les condamnés ne meurent pas comme prévu… Avec un casting trois étoiles, une direction artistique de toute beauté et un goût certain pour l’excentrique, Stephen Winterhalter fait glisser son récit avec une déconcertante facilité vers une satire à la fois drôle et dérangeante d’un petit monde qui s’entredévore avec élégance.

Un ciel bleu presque parfait de Quarxx (2016 – France)

Autre prix très attendu dans la section court-métrage, le Prix du Public qui s’est vu décerné au film Un ciel bleu presque parfait. Ce moyen métrage de 36 minutes, réalisé par Quarxx, met en scène un huis-clos perturbant entre un frère et une sœur. Simon, employé réservé et secret, tente de s’occuper de sa sœur réduite à l’état végétatif par sa faute… Si au départ le récit garde un pied dans le drame social, c’est pour mieux sauter rapidement à pieds joints dans une ambiance beaucoup plus sombre et baroque. Distillé par petites touches tout au long du film, la paranoïa et le goût pour le paranormal de Simon (incarné par Jean-Luc Couchard) atteindra son paroxysme dans un final haut en couleurs. Un film fondamentalement sincère et déviant qui ne caresse pas le spectateur dans le sens du poil.

“L’Etrange” équipe de programmation continue, année après année, de dénicher aux quatre coins du monde des films rares et inattendus, pour un public fidèle et passionné, confirmant (s’il était besoin de le faire) le caractère incontournable de ce festival. Si ce petit aperçu du programme éclectique et foisonnant du cru 2017 a chatouillé votre curiosité, nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous début septembre 2018 pour la nouvelle édition de l’Etrange festival !

Papier écrit à quatre mains et deux pieds par Julien Beaunay et Julien Savès

Festival de Clermont-Ferrand 2018, les sélections

Le 40ème Festival de Clermont-Ferrand se déroulera du 2 au 10 février 2018. La Suisse sera le pays mis à l’honneur lors de cette édition anniversaire.

Pour changer la donne, toutes les sélections (nationale, internationale et Labo) ont été dévoilées en même temps hier dans la journée. Parmi plus de 8.400 films reçus, les sélectionneurs ont retenu 74 films en sélection internationale, 54 films en compétition nationale et 25 films en labo. Nous ne reproduirons pas cette fois-ci la liste des 153 titres retenus, mais vous pouvez les retrouver en ligne en cliquant simplement sur le(s) lien(s) de la section qui vous intéresse(nt).

Sachez seulement que parmi les films retenus, figurent A Gentle Night de Qiu Yang (Palme d’or cette année à Cannes), Crème de menthe de Jean-Marc E. Roy et Philippe David Gagné (passé par la dernière Quinzaine), Gros Chagrin de Céline Devaux (primé à Venise), Les Indes galantes de Clément Cogitore et Wednesday with Goddard de Nicolas Ménard, déjà repérés par Format Court !

Le film de la semaine : Helsinki-Tehran de Azar Saiyar

Genre : Documentaire, 22′, 2009, Ecole des arts et design d’Helsinki.

Synopsis : Helsinki-Tehran est un essai cinématographique sur l’immigration et sa mémoire. A travers les gestes, les paroles et les émotions qui en découlent et qui traversent les générations années après années.

Entre Helsinki et Teheran, beaucoup de kilomètres, mais aussi un climat bien différent. Ce qui rapproche des pays lointains, ce sont les hommes. Azar Saiyar, réalisatrice finlandaise, est née sur le sol finlandais d’un père iranien. Proche de celui-ci elle ne connaît la culture iranienne que par son père et les sporadiques voyages qu’elle y a effectués.

Court-métrage distribué chez AV-Arkki, centre de distribution cinématographique finlandais, Helsinki-Tehran relate les origines d’Azar Saiyar, réalisatrice du film. Ce film « autobiographique » fait le lien entre passé et présent, entre génération ancienne et future. Se situant elle-même dans cet entre-deux, la réalisatrice est le liant entre sa fille et son père, le gage de la mémoire.

L’histoire de famille se confond de temps en temps avec l’histoire d’un pays. Ici, l’histoire d’une vie, c’est l’histoire d’une famille, émigré d’Iran vers la Finlande, à l’aube d’une révolution. Une identité double persistante, entre un pays natal (Iran) et un pays d’accueil (Finlande) pour le père. Un pays natal (Finlande) et un pays d’origine (Iran) pour la réalisatrice, un pays natal et un pays d’origine lointain pour sa fille, Dunja.

Le résultat ressemble à une autobiographie expérimentale par l’utilisation de diverses méthodes cinématographiques comme l’utilisation de films d’archives, de la VHS ou même de l’animation par des procédés de collages. Ce travail de mémoire pose des images et des mots sur l’identité de la réalisatrice et celle de sa famille. Helsinki-Tehran est un film touchant datant de 2009, mais qui reste d’actualité lorsque l’on pense aux différentes crises migratoires que l’Europe vit, à vécu ou vivra encore, mais aussi celles que d’autres continents vivent ou vivront également.

Azar Saiyar apporte sa contribution à l’acceptation et à la compréhension de ce qu’est l’être humain du 21ème siècle dans son histoire et sa géographie : une personne aux multiples cultures qui bouge, se forme et se construit tout au long de sa vie avec des origines différentes, des langues différentes et des mondes différents. Une ode au multiculturalisme en somme.

Clément Beraud

Les 10 courts d’animation en lice pour les Oscars

L’Académie des arts et des sciences du cinéma a annoncé récemment la liste des 10 courts métrages d’animation en lice pour la 90ème cérémonie des Oscars. 63 films étaient à l’origine qualifiés dans cette catégorie. Les membres de l’Académie des Oscar sélectionneront prochainement cinq courts-métrages parmi les 10 titres de cette liste proposée ci-dessous, avec certains films visibles dans leur intégralité.

Cradle de Devon Manney (Université de Californie du Sud)

Dear Basketball de Glen Keane et Kobe Bryant (Glen Keane Productions)

Fox and the Whale de Robin Joseph (auto-production)

Garden Party de Florian Babikian, Vincent Bayoux, Victor Caire, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon, Lucas Navarro (MOPA)

In a Heartbeat de Esteban Bravo et Beth David (Ringling College of Art and Design)

Life Smartphone de Chenglin Xie (Académie  des Beaux-Arts de Chine)

Lost Property Office de Daniel Agdag (8th in Line)

Lou de Dave Mullins (Pixar Animation Studios)

Negative Space de Max Porter et Ru Kuwahata (Ikki Films)

Revolting Rhymes de Jakob Schuh et Jan Lachauer (Magic Light Pictures)

4 documentaires de qualité à voir en ligne

Nous poursuivons notre exploration de films de qualité visibles en ligne avec 4 documentaires, 4 regards forts sur le monde (créés en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Afrique du Sud et au Kenya), sélectionnés aujourd’hui par Marie Bergeret.

After de Łukasz Konopa, documentaire, Royaume-Uni, 2011, 6’ (National Film and Television School (NFTS)

Article associé : la critique du film

Enraged by A Picture de Zanele Muholi, Afrique du Sud, documentaire, 14′, 2005, prod : Production : Beth Tindall.

Mother’s song de Matthew Brown, États-Unis, documentaire, 4’33 », 2014

Yellow Fever de Ng’endo Mukii, documentaire animé, Kenya, 6’48 », 2012, autoproduction

Nouveau rendez-vous ! Les Rencontres pros de Format Court, jeudi 7/12 !

Dès le mois de décembre, notre revue vous propose un nouveau rendez-vous mensuel, Les Rencontres pros de Format Court !

Retrouvez-nous le jeudi 7 décembre 2017 à 19h, au MyCowork Beaubourg (5 Rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris) pour le lancement de ces rencontres, axées pour l’occasion autour de la production, en compagnie de Nelson Ghrénassia (Yukunkun Productions), Lucas Tothe et Sylvain Lagrillère (Punchline Cinema) et Nicolas Leprêtre (Georges Films).

Afin de découvrir ces jeunes sociétés de production très actives, toutes trois en lice pour le Cesar du meilleur court-métrage, nous projetterons à partir de 19h un film par structure avant d’échanger avec nos invités, Jessica Palud (réalisatrice de « Marlon ») et le public.

Pour assister à cette soirée exceptionnelle, nous vous invitons à réserver dès à présent votre place à l’adresse suivante : rencontresprosformatcourt@gmail.com.

Programmation (durée : 53 minutes)

Le Bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe. Fiction, 21′, France, 2016, Yukunkun Productions. Présélectionné au Cesar du Meilleur court-métrage 2018

Synopsis : À dix-sept ans, Seyna, une adolescente d’origine camerounaise, se passionne pour l’histoire de la France, le pays qui l’a vue naître et dont elle est profondément amoureuse. Son baccalauréat en poche et sa majorité approchant, Seyna n’aspire qu’à une chose : acquérir la nationalité française. Mais son père, Amidou, s’y oppose farouchement.

Mare Nostrum de Rana Kazkaz et Anas Khalaf. Fiction, 13′, 2016, France, Jordanie, Georges Films, Synéastes Films. Présélectionné au Cesar du Meilleur court-métrage 2018

Synopsis : Sur un rivage de la Méditerranée, un père syrien prend une terrible décision mettant la vie de sa fille en danger.

Marlon de Jessica Palud. Fiction, 19′, France, 2017, Punchline Cinema. Présélectionné au Cesar du Meilleur court-métrage 2018

Synopsis : Marlon, quatorze ans, rend visite à sa mère en prison pour la première fois depuis son incarcération. La jeune fille, protégée par sa famille et son entourage, s’entête malgré tout à croire que sa mère est son héroïne d’enfance.

En pratique

Quand ? Jeudi 7 décembre 2017 à partir de 19h. Durée : 2h30
Où ? MyCowork Beaubourg (5 Rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris)
Comment ? Métros proches : Hôtel de Ville, Châtelet, Rambuteau
PAF : 7 €
Pot offert !

Si vous désirez adhérer à Format Court ou renouveler votre adhésion (et de ce fait accéder gratuitement pendant un an à nos Rencontres professionnelles qui seront organisées tous les mois), nous vous invitons à vous reporter à la page correspondante de notre site.

Réservations vivement souhaitées aux 1ères Rencontres pros!

Rejoindre l’événement Facebook !

Short Screens #76: “Best of Filmer à tout prix”

Short Screens s’associe une fois encore au Festival filmer à tout prix pour mettre en avant le court métrage documentaire. L’équipe a fouillé dans les précédentes éditions du fameux festival belge, qui se tiendra du 23 novembre au 2 décembre à Bruxelles, pour y dénicher les perles du genre. Une séance qui montre toute l’importance de l’acte de filmer la réalité, pour témoigner, dénoncer ou encore partager !

Une séance en présence de Maxime Pistorio et Julie Jaroszewski, les réalisateurs de « Standards ».

Rendez-vous le jeudi 30/11 à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

Programmation

A Few Stories About Man de Bodgan Dziworski, documentaire, Pologne, 1983, 20’ (Wytwornia Filmow Oswiatowych)

Jerzy Orlowski est un homme de trente-sept ans qui a perdu ses deux mains à l’âge de douze ans. Malgré cela, il vit comme d’autres, c’est un grand athlète, un artiste étonnant et un père tendre. Utilisant une palette sonore d’une grande richesse et de nombreuses inventions formelles, Bogdan Dziworski fait une parabole sur la cruauté du destin et le courage, la persévérance et l’humour nécessaires pour surmonter le handicap physique

La Femme étrangère de Robert Morin, documentaire, Canada, 1988, 25’ (Lorraine Dufour)

Helena Valero voyageait avec ses parents, des colons brésiliens qui allaient s’établir le long d’un affluent de l’Amazone, lorsqu’elle fut enlevée par un groupe d’Indiens Yanomami. Elle avait douze ans lors du rapt; elle en aura trente-six le jour où elle retrouvera sa liberté. Considérée comme une étrangère par ses kidnappeurs tout au long de sa captivité, les membres de sa famille la traitent d’Indienne lorsqu’elle retourne vivre parmi eux avec ses trois enfants. Condamnée à être une étrangère toute sa vie, Helena retournera vivre en forêt, dans le Haut-Orinoque, à mi-chemin entre un village rouge et un village blanc.

Standards de Maxime Pistorio et Julie Jaroszewski, documentaire, Belgique, 2010, 17’ (Maxime Pistorio). EN PRESENCE DES REALISATEURS

Le meilleur moyen de cacher une caméra n’est-il pas tout simplement de la montrer au vu et au su de tous ? Au château de La Hulpe, le trio du pianiste de jazz Charles Loos se heurte, en fin de soirée, à l’inculture et à l’indifférence imbibées d’alcool de la jet-set scandinave de Bruxelles et du Brabant wallon. La chanteuse est la coréalisatrice de ce petit « film-piège » dont on se dit qu’il a été orchestré pour enregistrer la trace d’une situation déjà vécue auparavant.

After de Łukasz Konopa, documentaire, Royaume-Uni, 2011, 6’ (National Film and Television School (NFTS))

De l’aube à la tombée de la nuit, le film dépeint le théâtre de la vie quotidienne aux alentours d’Auschwitz. La caméra observe de près, mais sans jamais s’imposer, ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur du camp. Chaque scène est un monde de silence et de solitude soigneusement composé, où résonnent des émotions et des mots inexprimés. Le passé et le présent s’entremêlent dans un cadre où le temps s’arrête.

Article associé : la critique du film

We are Become Death de Jean-Gabriel Périot, documentaire expérimental, France, 2014, 4’ (Local Films)

Nous savions que le monde ne serait plus le même.
Certains rigolaient.
D’autres pleuraient.
La plupart restaient silencieux.

Yaar de Simon Gillard, documentaire, Belgique, 2014, 20’(INSAS)

Au coeur de la brousse, au creux des graviers, une civilisation entêtée cherche son avenir sous la terre. Aveugles ou bien trop voyants, ils creusent, nuit et jour, poussés par la folie qui guide l’homme jusqu’à sa mort.

Article associé : l’interview de Simon Gillard

Le film de la semaine : Der Wechselbalg de Maria Steinmetz

Nouvel hasard du net, un très beau film d’animation allemand, réalisé en 2011 par Maria Steinmetz, alors étudiante à l’école de cinéma de Babelsberg Konrad Wolf à Potsdam, en Allemagne, a surgi il y a quelques jours grâce à quelques clics hasardeux.

En 2011 donc, nous avions repéré son film Der Wechselbalg (L’Echange) parmi le crû annuel de la Cinéfondation, la section réservée aux films d’écoles de Cannes. Le film avait été chroniqué sur Format Court, mais pendant longtemps, ne pouvait être vu dans son intégralité que par quelques happy few.

Depuis quelques temps, il en est autrement : le film est disponible sur la Toile. Der Wechselbalg, conte poétique et merveilleux, reste un enchantement esthétique, animé, musical qu’on vous invite à (re)voir de toute urgence.

Adaptation du recueil Des Trolls et des Hommes de l’écrivain suédois Selma Lagerlöf, le film raconte en moins de 10 minutes l’échange entre un enfant et un bébé troll, sur fond d’intolérance et de superstitions populaires.

6 ans et demi après sa découverte à Cannes, le film n’a pas vieilli et fait du bien à l’âme par son charme, sa composition en miroir, ses couleurs passées, sa typographie et son humour en toute finesse.

Katia Bayer

Tal Kantor : « On refait encore et encore toujours le même film »

Tal Kantor est une jeune réalisatrice israélienne, avec plusieurs films d’animation déjà son actif. In Other Words est son film de fin d’études réalisé à l’Académie Bezalel de Jérusalem. Ce film ayant récolté, plus d’une dizaine de prix et diffusé dans de nombreux festivals à travers le monde (Annecy, Stuttgart, Zagreb, Encounters…) est en ligne depuis fin octobre.

Il s’agit d’un court-métrage sensible qui, à travers la relation d’un père et de sa fille, traite d’un sujet à la fois intime et universel : l’absence. Il aborde aussi l’incapacité d’exprimer par des mots simples les sentiments que l’on ressent. Ce film à la fois lyrique et métaphorique traite en filigrane de la mémoire, du temps qui passe, de l’oubli…des mots qui ont perdu leur sens. En utilisant la technique du dessin calligraphique, intégré dans des images de prise de vues réelles, par un subtil jeu de lignes floues en mouvement ,Tal Kantor nous plonge dans un univers à la fois réel et onirique. Son nouveau film Letter to a Pig, actuellement en développement, a reçu une subvention de Ciclic. Il est co-produit par Miyu Productions côté français et The Hive Studio côté israélien.

In Other Words est un film d’école, comment a-t-il été réalisé ?

Tal Kantor : In Other Words est mon film de fin d’études de la Bezalel Academy of Arts and Design de Jérusalem. C’est un court métrage d’une durée de 6 minutes réalisé d’après une technique expérimentale que j’ai développée, un mélange de prise de vue réelle et d’animation 2D.

Cette technique consiste à intégrer les segments d’animation 2D dans l’image et à prolonger ainsi les parties effacées des personnages. Ces segments s’articulent alors avec les mouvements des corps des personnages. Cela permet de créer un lien entre les parties manquantes, métaphore de l’absence, et le reste du corps réel, ancré dans le présent.

Tu utilises dans ton film différentes techniques de réalisation : la prise de vues réelles mélangée à l’animation traditionnelle 2D. Quelle en est la raison ?

T.K. : Ces différentes techniques me permettent d’illustrer métaphoriquement le thème du langage, de la mémoire… J’utilise des fragments de prise de vues réelles que j’intègre dans l’image animée en 2D pour renvoyer à la mémoire partielle, sélective que l’on a des gens…Souvent, on se rappelle parfaitement bien d’une partie du visage, comme les yeux ou la bouche et tout le reste autour sera flou, vague comme dans un songe. Dans mon film, les parties manquantes du visage sont remplacées par l’animation, dont le style est calligraphique. Cela permet d’exprimer la fugacité du souvenir et son imperfection, mais aussi son essence, ce qui reste lorsque l’on a tout oublié, inspiré de la technique du sketch en dessin (dessiner rapidement de mémoire une scène ou un portrait). La mémoire garde en images l’essence du souvenir, un geste, un regard, mais cela peut disparaître en quelques secondes. C’est cette frontière fine, subtile, qu’il y a entre la persistance du souvenir tronqué, presque photographique, et sa disparition progressive, qui font que se chevauchent à l’image, la réalité et l’imaginaire.

La façon dont je présente mes personnages est assez métaphorique. La fille est plus présente avec ses mains, son regard, le regard qu’elle pose sur son père. Elle est dans le présent. Son père, lui, est plus représenté par sa bouche, par la parole, par son regard fuyant, ainsi moins dans le concret.

La prise de vue réelle traduit le présent et tout ce qui touche au concret de par son aspect réaliste alors que l’animation à travers son style calligraphique, traduit l’univers intérieur des deux personnages. La façon dont je représente les deux personnages se veut très lyrique et métaphorique.

Dans ton film, il manque aux personnages des parties du visage. Est-ce que cela symbolise aussi l’absence de communication entre le père et sa fille ?

T.K. : Dans cette histoire, les mots ne remplissent plus leur fonction de communication, ils n’arrivent plus à maintenir la relation entre le père et sa fille. Ils s’effritent à l’image de cette relation qui se désagrège. Ils sont tous les deux assis à table, malgré leur tentative de vouloir communiquer, ils sont comme ces mots qui essaient de traverser la distance qui les sépare, sans jamais pouvoir l’atteindre. Lorsque c’est trop tard, parfois les mots ne servent plus à rien car ils ne peuvent pas remplacer toutes les années d’absence alors que les actes auraient dû être faits il y a bien longtemps. De la même façon qu’il manque des parties du corps aux personnages, les mots sont manquants à l’image de l’absence du père.

Le spectateur peut trouver un écho en s’identifiant soit au personnage de la fille ou bien à celui du père. Il y a un aspect très universel dans ton film. Quels ont été l’accueil et la réaction du public lors des différentes projections ?

T.K. : La réaction du public a été incroyable. Les personnes que j’ai rencontrées s’identifient réellement à l’histoire des deux personnages. C’est toujours troublant de constater à quel point ce sentiment est commun, de voir comment les gens se sentent connectés à cette histoire. Celles que je rencontre me disent qu’elles se sont retrouvées exactement dans la même situation, qu’elles ont vécu la même histoire avec leur frère ou leur père… J’ai reçu de nombreux mails de personnes que je ne connaissais même pas et qui me racontaient leur propre expérience. Je suis touchée par le fait que le film parle à beaucoup de personnes issues de différents pays et pas seulement aux Israéliens. C’est ce que j’ai essayé de faire en réalisant ce film : apporter une dimension universelle à travers une histoire intime.

Comment cela se passe en Israël pour faire un film. Y a-t-il des subventions comme l’équivalent du CNC ou des régions en France ?

T.K. : C’est très compliqué de réaliser des films en Israël, de trouver des fonds d’aide. Il faut réunir différentes sources de financement, surtout en animation, un secteur qui demande beaucoup de ressources et dont la réalisation prend beaucoup de temps.

Il existe par contre différentes subventions mises en place par le gouvernement pour financer des projets de films, telles que les bourses d’études. Il faut en faire la demande mais cela prend beaucoup de temps pour obtenir les fonds.

Quels sont tes futurs projets ?

T.K. : Je suis actuellement en train de travailler sur court métrage d’animation de 10 minutes. Letter to a Pig est une production franco-israélienne (Miyu Productions/The Hive Studio) pour laquelle j’ai reçu le soutien du fonds Ciclic. Le projet est encore en développement pour le moment.

Ce film est basé sur une expérience personnelle que j’ai vécue il y a dix ans lorsque j’étais au lycée. Suite à une rencontre, j’ai fait un rêve qui m’est resté en mémoire. Ce rêve est devenu la matière du film dont le sujet est l’Holocauste. Letter to a Pig est un voyage onirique, sombre et surréaliste traitant de ce thème à travers le rêve d’une jeune fille.

Chercheras-tu encore, comme dans In Other Words, à expérimenter des nouvelles techniques afin qu’elles s’accordent au sujet du film ?

T.K. : Je pense que la forme doit toujours accompagner le fond. Je ne crois pas qu’il soit judicieux d’utiliser une technique juste parce qu’on sait la faire. J’utilise l’animation parce que je sais en faire. Il est plus intéressant d’être toujours à la recherche de différentes formes visuelles et de choisir celle qui sera la mieux adaptée à l’histoire que l’on veut raconter. C’est pour cela que je développe toujours la technique de réalisation en fonction de l’histoire. Et non pas l’inverse.

Pour ton prochain film, as-tu déjà une idée du style ou du design que tu vas utiliser ?

T.K. : On retrouvera quelques techniques de réalisation que j’ai utilisées dans In Other Words pour ce film, ainsi que d’autres techniques auxquelles je réfléchis encore.

Est-ce que l’on retrouvera les thèmes qui te tiennent à cœur comme celui de la mémoire ?

T.K. : Je pense que c’est un thème récurrent qui se retrouve dans tous mes films. En fait, d’une certaine manière, on refait encore et encore toujours le même film. Dans Letter to a Pig, un survivant de l’Holocauste écrit une lettre de remerciement à un cochon qui lui a sauvé la vie durant la seconde guerre mondiale… Ce film aura donc encore pour thème la mémoire. Mais cette fois, je parlerai de la mémoire collective issue d’un événement traumatisant qui se transmet d’une génération à l’autre.

Propos recueillis par Karine Demmou

Article associé : la critique du film

Carte blanche Format Court à Pékin !

Dimanche 3 décembre 2017, Format Court présentera pour la première fois une carte blanche en Chine, à Pékin exactement ! Camera Stylo, un cinéma d’art et essai local très actif, porté par des jeunes professionnels, accueillera en effet notre sélection de 6 courts-métrages internationaux choisis par Katia Bayer, Anissa Bouchra, Clément Beraud et Julien Savès.

La séance sera présentée par Anissa Bouchra (Format Court) et Wen Muye (réalisateur de Battle).

Programmation

Wind de Robert Loebel, Animation, 4’, Allemagne, 2013, Université de sciences appliquées d’Hambourg (HAW). Grand Prix du Jury ex aequo au festival d’Angers 2015

Synopsis : Wind est un film d’animation qui montre la vie quotidienne d‘une population vivant dans un pays très venteux. Néanmoins, ces habitants ont bien appris à faire face à ces conditions de vie hostiles. Le vent crée un système de vie naturel.

Article associé : la critique du film

Battle de Wen Muye. Fiction, 11,16’, Chine, 2013, Beijing film Academy. Prix du Jury au FIRST International Film Festival (Chine) 2013

Synopsis : Adili, un jeune homme ouïghoure, travaille comme serveur dans un restaurant à Beijing. Il se heurtera aux convictions religieuses de son père.

Hopptornet d’Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck, Documentaire expérimental, 19’, Suède, 2016, Plattform Produktion. Sélectionné à la Berlinale 2016, à Sundance 2017, Prix du Jury et du Public au Festival de Clermont-Ferrand 2017

Synopsis : Des gens, seuls ou à deux, grimpent en haut d’un plongeoir de dix mètres, dans le but de sauter ou non, affrontant leur peur du vide.

Article associé : la critique du film

Nothing happens de Uri et Michal Kranot, Animation, 11,50’, France, Danemark, 2017, Miyu Productions, Dansk Tegnefilm. Prix Festivals Connexion – Région Auvergne-Rhône-Alpes & Prix André Martin au Festival d’Annecy 2017

Synopsis : Il fait un froid mordant dans les faubourgs de la ville et pourtant des gens se regroupent. Je les observe former une rangée à l’horizon. Nous attendons que quelque chose se passe. Mais rien ne vient. Nous nous sommes rassemblés pour être les témoins d’un événement. Pour participer au spectacle. Voir, et être vus.

Article associé : la critique du film

Chasse royale de Romane Gueret et Lise Akoka, Fiction, 28,24’, France, 2016, Les films Velvet. Prix Illy à la Quinzaine des Réalisateurs 2016

Synopsis : Angélique, treize ans, vient d’une famille nombreuse de la banlieue de Valenciennes. Ce jour-là, dans son collège, on lui propose de passer un casting.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Lise Akoka et Romane Gueret

Manoman de Simon Cartwright, Animation, 10,43’, Royaume-Uni, 2015, National Film and Television School. Sélectionné à la Cinéfondation 2015, Prix Format Court au Festival Court Métrange 2016, nommé aux Bafta 2016

Synopsis : Glen, le protagoniste du film, a libéré une sorte d’homoncule diabolique, qui le pousse à commettre des actes odieux.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Simon Cartwright

5 bons films espagnols à voir en ligne !

Après le Canada, la Suède et la Belgique, voici 5 courts-métrages espagnols à voir en ligne, proposés par Adriana Navarro Álvarez, notre rédactrice valencienne.

Fuga de Juan Antonio Espigares. Animation, 15′, 2012, Espagne, Kike Mesa / Andale Films. Prix Format Court au Festival Court Métrange 2013, Meilleur film d’animation au Festival de Sitges 2013, Mention spéciale au Festival d’Aubagne 2014

Articles associés : la critique du filml’interview du réalisateur 

Zepo de César Díaz Meléndez. Animation,  3’16, Espagne, 2014, auto-production. Prix du Jury au Festival d’Hiroshima 2014, Meilleur court d’animation au Festival de Malaga 2015

Amor de Mono de Paulo Mosca et Nacho Rodríguez. Animation, 4’43, Espagne, 2015, prod : Trimono. Sélectionné au Festival de Gijón et de Malaga, présélectionné aux Cartoon d’or 2016

Pipas de Manuela Moreno. Fiction, 3’33,  Espagne, 2014, Momento. Prix du Jury au Festival de courts-métrages de Cádiz, sélectionné au Festival du Film de Sidney

Éramos pocos de Borja Cobeaga. Fiction, 16’17, Espagne, 2005, prod : Altube Filmeak S.L. Nommé à l’Oscar du Meilleur court-métrage 2006

4 courts d’Europe Centrale projetés demain au Balzac

Le Festival Kinopolska, actuellement en cours au Cinéma Balzac (1 Rue Balzac, 75008 Paris), accueille demain à 14h un programme du groupe de Visegrád, présenté par Mathieu Lericq, et organisé en coopération avec Kino Visegrád, Format Court et le Visegrád Animation Forum.

Jeunesses européennes. Composée de courts métrages issus des quatre pays du groupe Visegrád (Pologne, Slovaquie, République tchèque et Hongrie), les films réunis ici exposent les existences d’adoles- cents ou de jeunes parents qui traversent des moments de doutes, mais aussi d’espoirs et de joies, cher- chant sans cesse un sens à leur vie au sein d’environnements culturels spécifiques. Cette programmation permet de constater la diversité et la radicalité esthétique du jeune cinéma centre-européen.

Les plus beaux feux d’artifice (Najpiękniejsze fajerwerki ever) de Aleksandra Terpińska. Fiction, 30′, 2017, Pologne

Dans un monde contemporain, dans une ville européenne, trois amis, alors qu’ils font face à un conflit militaire, doivent revoir leurs plans pour le futur.

Articles associés : l’interview de la réalisatrice, notre reportage Queer Cannes

2:1 de Fiona Gelsomina Ziegler. Fiction, 12′, 2013, République tchèque

Marta a trente ans et possède un restaurant. Au cours d’une nuit festive, elle se livre à une expérience amoureuse nouvelle. Mais ses conséquences ne sont pas celles qu’elle attendait.

Jour de paie (Fizetős nap) de Szilárd Bernáth. Fiction, 22′, 2016, Hongrie

Dans l’est de la Hongrie, des usuriers puissants maintiennent les résidents des communautés rom dans une spirale de dettes. De jeunes parents, Feri et Gina, utilisent différents moyens pour prendre de la distance avec le boss du coin, Simon.

À propos de ma soeur (O serte) de Barbora Sliepková. Documentaire, 16′, 2016, Slovaquie

Petra était une canaille infatigable à l’école primaire. En fait, c’est une fille ordinaire dotée d’un large regard insatiable. À l’âge de 12 ans, les choses ont commencé à changer…

The Rabbit Hunt, en ligne !

Sélectionné au Festival de Sundance et à la Berlinale l’an passé, The Rabbit Hunt de Patrick Bresnan a rejoint Vimeo il y a 2 semaines. Il est rare de voir un film encore dans la course des festivals rejoindre si vite le net (mais on ne va pas s’en plaindre, loin s’en faut !).

Élu Grand Prix et Prix du documentaire au dernier Festival Silhouette, Prix du Jury du court-métrage américain au Champs-Elysées Film Festival, le court-métrage documentaire de Patrick Bresnan (actuellement en pleine préparation de son long) parle de traditions, de rites de passages, de chasse au lapin et de survie. À découvrir.

The Rabbit Hunt, Patrick Bresnan, Documentaire, 12’, USA / Hongrie, Otis Lucas Films

Synopsis : Dans les Everglades de Floride, la chasse aux lapins est considérée comme un rite de passage pour les jeunes hommes. « The Rabbit Hunt » suit Chris, âgé de dix-sept ans, et sa famille, alors qu’ils chassent dans les champs de l’une des plus grandes fermes sucrières industrielles des États-Unis. Le film rapporte la tradition selon laquelle des travailleurs agricoles migrants des communautés qui entourent le lac Okeechobee chassent et préparent les lapins depuis le début des années 1900.

5 bons films belges à voir en ligne

Pour bien finir la semaine, Format Court vous propose de (re)voir et partager une sélection restreinte de 5 bons courts-métrages belges, dont 3 films d’écoles, primés en festivals. Bonnes (re)découvertes à vous !

Mompelaar de Wim Reygaert et Marc Roels (fiction, 21’40’’, 2008, Belgique, T42 Films)

Article associé : la critique du DVD Extrême Cinéma, volume 2

10 min. de Jorge León (documentaire, 19′, 2008, Belgique, Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme)

Article associé : la critique du film

Paul et Virginie de Paul Cartron (fiction, 19′, 2014, IAD)

Dans la joie et la bonne humeur de Jeanne Boukraa (animation, 5’52’’, 2014, Belgique, La Cambre)

Article associé : la critique du film

Coda de Ewa Brykalska (fiction, 22′, 2013, Belgique, INSAS)

Article associé : la critique du film

Le film de la semaine : In Other Words de Tal Kantor

Repéré aux festivals de Tel Aviv et d’Annecy il y a deux ans, In Other Words est un film d’animation de près de 6 minutes réalisé par une ancienne étudiante de l’Académie Bezalel de Jérusalem, Tal Kantor. Celle-ci prépare actuellement son premier court-métrage professionnel, Letter to a Pig, qui sera produit par Miyu Productions côté français, et The Hive Studio, côté israélien, et pour lequel elle a reçu le Prix Ciclic du court-métrage au pitch MIFA (Marché international du film d’animation) au festival d’Annecy, en juin dernier.

Jusqu’ici, son film précédent, In Other Words, ne se laissait approcher que par teaser, carrière en cours oblige. Depuis une semaine, il est enfin visible dans son intégralité sur le web. Cela fait un moment que nous guettons cette mise en ligne. Pourquoi ? Parce que ce film reste étonnamment en mémoire pour différentes raisons : sa brièveté, la sobriété et l’élégance de ses teintes, l’émotion qui se dégage de son histoire (un père, sa fille, l’échec de leur relation et de leur communication), l’originalité de son animation (des images de prises de vues réelles se mêlant à du dessin 2D), la puissance des regards et des silences de ses protagonistes.

Avec In Other Words, Tal Kantor signe quasiment toute seule (elle a géré la réalisation, le scénario, l’image, l’animation et le montage) un film simple et percutant sur la mémoire, le vide, le temps et l’effacement. Un film sur les visages et les corps incomplets, les non-dits, les reproches et les regrets, les mots qui s’échappent, s’échouent et finissent par disparaître.

Katia Bayer

Article associé : l’interview de Tal Kantor

Synopsis : Un homme se remémore une occasion ratée de communiquer avec sa fille. Leur courte rencontre des années plus tard ébranle son monde et ôte tout sens à ses mots.

Les courts présélectionnés aux Cesar, visibles sur grand écran

Du 18 novembre au 9 décembre 2017, les 36 courts-métrages présélectionnés aux Cesar 2018 seront projetés en salle. L’occasion de découvrir ou revoir les films et leurs équipes, présents pour la plupart à notre After Short, spécial Cesar, organisé en partenariat avec l’ESRA le 26 octobre dernier au Point Éphémère.

Pour information, les 24 films de fictions seront programmés au Cinéma Le Balzac tandis que les 12 films d’animation seront montrés au Cinéma Les 3 Luxembourg. Voici le détails des 4 programmes proposés par l’Académie des Cesar.

Larp de Kordian Kądziela, Prix Format Court à Brest 2015 en ligne !

Alors que le Festival de Brest s’ouvre d’ici quelques jours, nous découvrons par hasard que le formidable court-métrage polonais Larp réalisé par Kordian Kądziela et primé par le Jury Format Court (Agathe Demanneville, Gary Delépine, Paola Casamarta, Katia Bayer) est en ligne.

Ce film d’école de la Krzysztof Kieslowski Faculty of Radio and Television avait remporté notre prix du meilleur court métrage européen au 30ème Festival de Brest, en 2015. Il met en avant une figure d’adolescent rêveur et chevaleresque, aliéné et désabusé face à une famille qui ne le comprend pas toujours.

Kordian Kądziela a réalisé cette année un nouveau film d’école, Dregs (pas encore vu). Si vous vous intéressez aux premiers courts, nous vous invitons à voir Larp et à parcourir nos articles en ligne (incluant d’autres vidéos du réalisateur) :

La critique du film

Notre reportage : Kordian Kądziela, le vrai du faux

L’interview de Kordian Kądziela