Tous les articles par Katia Bayer

Le film de la semaine : Turbulent de Shirin Neshat

Shirin Neshat a grandi dans un Iran qui n’a pas connu la révolution et qui renversa le Shah. Elle s’est affirmée au fur et à mesure comme une figure importante de l’art vidéo des années 90. Son œuvre Turbulent (1998) est considérée comme magistrale. Leurs voix résonnent encore aujourd’hui.

Pensé comme une installation vidéo, le film contient deux écrans qui se font face. Le spectateur, au milieu, est comme pris en étau. La dualité des genres est ici le tableau de ce film. La dualité Hommes/Femmes mais aussi le traitement inégal qui lui est dû dans la société iranienne de l’époque et qui reste inchangé encore aujourd’hui. Cette société ne s’articule que par deux, c’est une société binaire où l’un prend le dessus sur l’autre. Ici, le rôle de la femme est symbolisé de manière concrète.

Tout est en confrontation, l’homme et ses spectateurs, la lumière, les applaudissements versus les chaises vides, le silence pour la femme. Elle est en noir, il est en blanc. Il nous fait face, elle nous tourne le dos.

La chanson commence, l’homme est dans la lumière. Il chante d’une voix douce et agréable une chanson traditionnelle perse. Puis, après vient la clameur des hommes. C’est la voix rauque et sombre qui prend le relais. Dans un deuxième tableau qui s’oppose au premier, l’homme a remplacé sa joie et sa voix par un regard apeuré, inquiet. La voix retentit et résonne, elle se disloque, se fragmente, la caméra tourne autour de la femme qui semble en transe et projette sa douleur. La douleur, toujours face à une salle vide, la douleur face à ce sentiment d’impuissance d’être née avec le mauvais sexe. Cette douleur qui frappe et tue.

Ces deux tableaux résonnent et se confrontent dans une telle intensité que la métaphore sur la complexité du rôle de l’homme et de la femme au sens propre comme au figuré, nous parle encore aujourd’hui presque vingt ans après.

Clément Beraud

La Quinzaine des Réalisateurs, côté courts

La Quinzaine des Réalisateurs, section parallèle du Festival de Cannes, fêtant ses 50 ans d’existence cette année, a annoncé hier la composition de sa sélection. 10 courts-métrages ont été choisis de même que 20 longs-métrages. Côté courts, on découvre avec plaisir les noms des belges Emma de Swaef et Marc Roels (Oh Willy… !), de l’italien Marco Bellocchio, des français Gabriel Harel (Yùl et le serpent) et Nicolas Boone (Le Rêve de Bailu, Hillbrow) et de l’américain Patrick Bresnan (The Rabbit Hunt). De son côté, Marie Monge, réalisatrice du moyen-métrage Marseille la nuit, propose un premier long-métrage (Joueurs) sur lequel nous ne manquerons pas de revenir.

Courts métrages sélectionnés

– Basses de Félix Imbert (France)

– Ce magnifique gâteau ! d’Emma De Swaef & Marc Roels (Belgique/France/ Pays-Bas)

– La chanson (The song) de Tiphaine Raffier (France)

– La lotta de Marco Belloccio (Italie)

– Las cruces de Nicolas Boone (France)

– La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel (France)

– O órfão de Carolina Markowicz (Brésil)

– Our Song to War de Juanita Onzaga (Colombie)

– Skip Day de Patrick Bresnan & Ivette Lucas (Etats-Unis)

– Le Sujet de Patrick Bouchard (Canada)

Nouvel After Short, spécial Cannes, jeudi 3.5.2018 au Point Éphémère !

Les After Short de la revue en ligne Format Court sont des soirées régulières de networking réunissant la communauté active et dynamique du court métrage. La dernière soirée avait réuni en octobre passé les équipes présélectionnées aux Cesar.

À l’occasion du prochain Festival de Cannes, Format Court vous invite le jeudi 3 mai 2018 à partir de 19h au Point Éphémère (Paris, 10ème) pour un nouvel After Short, organisé en partenariat avec l’ESRA et Cinemads.

Cette soirée, ouverte à tous et en accès payant, se déroulera en présence d’équipes de courts sélectionnées à Cannes, toutes sections confondues, de sélectionneurs, mais aussi des équipes de Format Court, de l’ESRA et de Cinemads. 

Une rencontre avec les équipes présentes aura lieu à 19h30 précises :

Compétition officielle

– Melissa Malinbaum, productrice de « Gabriel » (Why Not Productions), en sélection officielle

– Laura Garcia et Anne-Laure Berteau, réalisateur et productrice de « Fragment de drame » (La Fémis), sélectionné à la Cinéfondation

Quinzaine des Réalisateurs

– Nicolas Boone et Julien Naveau, réalisateur et producteur de « Las cruces » (Noodles Production)

– Félix Imbert et Joanna Sitkowska, réalisateur et productrice de « Basses » (Le Grec)

– Tiphaine Raffier et Manon Eyriey, réalisatrice et productrice de « La Chanson » (Année Zéro)

Semaine de la Critique

– Charline Bourgeois-Tacquet et Igor Auzépy, réalisatrice et producteur de « Pauline asservie » (Année Zéro)

– Camille Lugan, réalisatrice de « La Persistente » (Caïmans Productions)

En pratique

Jeudi 3 mai 2018, de 19h à 23h

Le Point Ephémère : 200 quai de Valmy – Paris 10ème. Métro Jaurès (lignes 5, 2 et 7 bis), Louis Blanc (ligne 7), Bus 26, 46, 48 : Goncourt, Couronnes, Parmentier)

Soirée ouverte à tous. PAF : 10 €, adhérents Format Court : 5 €Règlement en ligne sur Leetchi (paiement sécurisé), possibilité de régler également sur place

Réservations obligatoires : aftershortformatcourt@gmail.com

Événement Facebook

Pépé le Morse de Lucrèce Andreae

Prix du public à Annecy et primé dans de nombreux festivals, Pépé le Morse a reçu, fin février, le Cesar du Meilleur Film d’Animation. Aboutissement de 4 ans de travail, c’est le premier film professionnel de Lucrèce Andreae, diplômée des Gobelins et de l’école de la Poudrière.

Inspirée par le travail de Shoji Ueda, photographe japonais notamment connu pour ses séries dans les dunes de Tottori (sa région natale), Lucrèce Andreae nous emmène sur une de ces grande plages désertes de la côte Atlantique. Sous le ciel gris d’octobre, la grande étendue est triste et vide. Mais tout comme sur les photographies de Shoji, dans ce décor immense réalisé à l’aquarelle se découpent peu à peu les personnages et la vie, animés numériquement : un, puis deux, puis quatre puis six, toute une famille se retrouve au complet. Il ne manque que Pépé, qui vient de mourir. C’est ici, face à la mer, qu’il passait le plus clair de son temps ces dernières années.

Ce pèlerinage n’a cependant rien de solennel. Au contraire, comme dans les comédies italiennes, les protagonistes sont bruyants et parfois grotesques. Les enfants se chamaillent, la mère râle et la grand-mère fait une scène. Comble du pathétique, tout ce qu’il reste du grand-père récemment disparu, c’est une montagne de mégots. À première vue, Lucrèce Andreae semble déconstruire totalement l’image de la famille unie et démystifier la mort.

Pourtant, au fur et à mesure, le paysage se métamorphose et prend vie, les émotions des protagonistes aussi. Dans une démarche très romantique, leur intériorité se dévoile à travers cette nature en mutation. La plage s’anime, le deuil prend une forme matérielle et surnaturelle : c’est gluant, bizarre et fascinant. La musique de Flavien Van Haezevelde (http://www.flavienvanh.com), son énigmatique qui nous suit tout le film, accentue l’aspect intriguant de cet univers, de tout ce qu’on ne maîtrise pas. Avec beaucoup de poésie, le court métrage représente le vide et l’incompréhension face à la perte d’un proche. La mort, comme cette nature mystérieuse et puissante, nous dépasse, nous fascine et nous touche au plus profond de nous.

Face à la mort, nous sommes tous seuls et nous sommes tous des enfants, des enfants qui n’ont pas les clefs pour comprendre et qui sont livrés à eux-mêmes. Ici, c’est leur point de vue qui est développé. Très vite, ils sont isolés. La famille ne semble pas avoir d’unité, les personnages se séparent progressivement, mais au fond c’est cette solitude partagée qui les unit. Cette disparition d’un proche donne tout son sens à ce groupe au premier abord disparate.

Cette complexité des relations semble centrale pour Lucrèce Andreae. En effet, c’est une thématique qu’on retrouve dans son film de fin d’étude, Les Mots de la Carpe, où un garçon et une fille timides se retrouvent perdus dans le tourbillon d’un speed-dating. Réel coup de foudre, leur rencontre les bouleverse et la réalité qui les entoure se transforme. Même si les contraintes sont différentes (Les Mots de la Carpe est un exercice de 4 minutes de La Poudrière) et si la technique a évolué, on retrouve la même poésie de la métamorphose d’un film à l’autre.

Juliette Lytovchenko

Consulter la fiche technique du film

P comme Pépé le Morse

Fiche technique

Synopsis : Sur la plage sombre et venteuse, Mémé prie, Maman hurle, les frangines s’en foutent, Lucas est seul. Pépé était bizarre comme type, maintenant il est mort.

Genre : Animation

Durée : 15’

Pays : France

Année : 2017

Réalisation : Lucrèce Andreae

Scénario : Lucrèce Andreae

Animation : Ulysse Malassagne, Marion Roussel, Marcel Tigchelaar

Voix: Roman Garance, Émilie Blon-Metzinger, Chann Aglat, Ilona Bachelier

Musique : Flavien Van Haezevelde

Montage : Catherine Aladenise, Guillaume Lauras

Production : Caïmans Productions

Article associé : la critique du film

Short Screens #81: « Hispanidad »

En ce mois d’avril qui commémore la mort de Cervantes, Short Screens s’est mis aux couleurs hispaniques pour vous offrir une séance olé, olé. Puisant dans le patrimoine cinématographique espagnol (Tierra sin pan de Luis Buñuel) ou dans les dernières productions de jeunes auteurs contemporains d’Amérique latine, tous genres confondus, la 81ème programmation de Short Screens aborde des thèmes qui participent de l’identité hispanique.

Rendez-vous le jeudi 26 avril à 19h30, au cinéma Aventure, Galerie du Centre, Rue des Fripiers 57, 1000 Bruxelles – PAF 6€

Visitez la page Facebook de l’événement ici !

Programmation

Tierra sin pan (Las Hurdes) de Luis Buñuel, documentaire, Espagne, 1933, 27’ (Les Films du jeudi)

Las Hurdes, près de la frontière portugaise est une enclave, isolée du monde et du reste de l’Espagne par une haute barrière rocheuse. La population de ces terres arides tente de survivre à la pauvreté de ses sols. La faim, la malnutrition, les maladies et la mort frappent le quotidien de ces citoyens espagnols. Ces terres isolées sont pourtant reliées à l’un des plus grands foyers culturels européens. Salamanque n’est en effet située qu’à une centaine de kilomètres de là…

Atrapados al vuelo de Miguel Ángel Rosales, documentaire, Cuba, 2012, 12’ (EICTV), ESP st FR

Une réflexion sur la liberté comme espace construit à l’intérieur des contritions politiques et sociales, du point de vue de deux artisans, fabricants et commerçants de cages à oiseaux.

La Loteria de Shahir Daud, fiction, Etats-Unis, 2014, 9’ (Shivali Gulab), ESP st FR

Alors qu’il attend son avion pour embarquer afin d’immigrer aux Etats-Unis, Augusto Ramirez se remémore les trois plus grands regrets de sa vie.

Victor XX de Ian Garrido López, fiction, Espagne, 2015, 20’ (Escac Films), ESP st FR

Que se passerait-il si vous n’étiez pas à l’aise avec votre corps? Si vous décidiez d’une expérience sur votre genre?

Besos frios de Nicolas Rincón Gille, documentaire, Colombie/Belgique, 2016, 15’ (CBA/VOA ASBL/Medio de Contencion), ESP st FR

À la périphérie de Bogota, Les échos de jeunes voix se propagent. Leonardo, Omar, Jaime, Estiven, Diego et tant d’autres sont toujours là, malgré leur assassinat par l’armée, il y a six ou sept ans. Ils viennent visiter leurs mères et les embrassent, Leurs lèvres sont fraîches comme des glaçons. Ils sont des âmes bénies, veillant sur ceux qu’ils aiment.

Amor, nuestra prision de Carolina Corral, animation, Mexique, 2016, 5’ (La Sandia Digital & Magma Films), ESP st FR

Les enjeux de l’amour en prison. Des détenues mexicaines de Atlacholoaya racontent leurs relations amoureuses.

Cannes 2018, toutes les actus

En prévision de notre focus cannois, voici différentes actus liées au festival, reprenant toutes les sélections de courts. Infos à suivre d’ici peu..

Interview de Tiphaine Raffier, réalisatrice de La Chanson (Quinzaine des Réalisateurs)

– Reprise de la Sélection de la Cinéfondation à la Cinémathèque

La critique de Las Cruces de Nicolas Boone (Quinzaine des Réalisateurs, France)

La critique de Sailor’s Delight de Louise Aubertin, Eloïse Girard, Marine Meneyrol, Jonas Ritter, Loucas Rongeart et Amandine Thomoux (France, Cinéfondation)

– La  critique de « La Chanson » de Tiphaine Raffier (France, Quinzaine des Réalisateurs)

La critique de « Skip Day » d’Ivete Lucas et Patrick Bresnan (Etats-Unis, Quinzaine des Réalisateurs)

 « Mystère cannois », notre reportage sur la sélection officielle des courts-métrages 2018

La critique de « La Nuit des sacs plastiques » de Gabriel Harel (France, Quinzaine des Réalisateurs)

– Palme d’or & Mention Spéciale à Cannes 2018

– Les prix parallèles : Quinzaine/Semaine

La critique de « La Chute » de Boris Labbé (France, Semaine de la Critique)

Films en ligne : 4 nouveaux courts liés à la Quinzaine

– Le film de la semaine : Love in vain de Mikko Myllylahti (Finlande)

– 10 courts liés à Cannes, visibles grâce à UniFrance

Concours : « Quinzaine des Réalisateurs. Les jeunes années 1967-1975 » : 5 exemplaires à gagner

La Quinzaine des Réalisateurs, côté courts

Semaine de la Critique 2018, les courts sélectionnés

– Le film de la semaine : Night Shift de Zia Mandviwalla (Compétition officielle, Nouvelle-Zélande, 2012)

– Cinéfondation 2018, les 17 courts en compétition

Cannes 2018, les 8 courts en lice pour la Palme d’or

Prendre le large de Gaël Morel

Le long-métrage Prendre le large de Gaël Morel produit par les Films du Losange est disponible depuis peu aux éditions Blaq Out. Ce film nous propose d’accompagner Edith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, qui voit sa vie bouleversée par un plan social. Sans attaches, elle choisit d’accompagner son usine délocalisée au Maroc plutôt que de toucher ses indemnités de licenciement.

Le film offre de très beaux moments, une Sandrine Bonnaire dans une performance surprenante, et une musique sublime et émouvante de Camille Rocailleux qui nous immerge dans le cheminement de cette femme à la psychologie hors du commun.

Le film parle de la perspective de « prendre le large » mais de quoi Edith prend-elle le large dans ce huitième film de Gaël Morel ? Elle suit son poste et son usine au Maroc, vit seule et si l’histoire lui donne un fils (déjà adulte), c’est pour mieux creuser le fossé entre elle et lui, détachant un peu plus ce personnage de son décor. Ce qu’elle quitte, ce n’est pas la France, la France ne fait rien pour la sauver justement.

Arrivée au Maroc, elle ne se fond pas derechef dans le décor non plus, mais elle progresse. Ce qu’elle va trouver dans ce pays, c’est surtout Mina, sa logeuse qui dirige un hôtel simple et sans fioritures. Mina a un fils aussi, encore adolescent, elle a osé quitté son mari dans un milieu où cela est rejeté, et elle dépense toute son énergie à faire respecter ses droits lorsque Edith se contente de le faire pour rentrer dans le cadre.

Cette rencontre avec Mina va bouleverser la vie de Edith. Elle qui n’avait rien hormis son travail se retrouve au Maroc à s’attacher à ce tandem mère-fils plus qu’à tout autre chose. C’est l’attention qu’ils se portent mutuellement et dont elle sera vite aussi l’objet qui permettra l’émancipation de Edith. Pour une fois, elle découvre des gens qui font attention aux autres, pour leur bien.

Et c’est en fait le projet visuel du film aussi. Ce dont Edith prend le large en définitive, c’est de la résignation, d’un endroit où les gens ne se soucient pas d’elle et par corollaire, d’un endroit dont elle ne se soucie plus. Il y a donc une révélation. Et cela se ressent dans l’image. Le film commence par des plans en buste, parfois en plongée pour couper toute horizon et sabrer l’espace, puis il mute. À mesure que s’épanouit le personnage de Sandrine Bonnaire, l’image se rapproche des corps et apprend à élargir le champ de vision pour donner toute sa dimension à un panorama littoral où à une balade en vélo entre chien et loup.

Ce cadre qui fluctue, c’est le point de vue de Edith, cette ouvrière délocalisée qui doit réapprendre à investir l’espace, à jauger la distance entre elle et les corps qui la côtoient. Ici, la musique de Camille Rocailleux prend toute son importance, elle couvre et dénude les corps des personnages, leurs actions, exaltant ce ballet des corps qui doivent apprendre à se côtoyer sans se heurter, à faire attention à l’autre.

Avec Prendre le large, Gaël Morel présente une femme étonnante, Edith, qui choisit de vivre là où elle peut aider et là où elle est appréciée en retour. La révolution psychologique de Edith est affirmée lorsque, plus tard, on la voit s’accrocher à cette terre du Maroc où même le travail ne la retient plus.

Pour accompagner ce film, deux bonus sont présents sur le DVD de Blaq Out : un entretien avec Gaël Morel et Sandrine Bonnaire de 20 minutes et un court-métrage que l’on traitera plus loin. L’entretien permet au réalisateur et à son actrice de rappeler leur admiration mutuelle ancienne, ce que Gaël Morel apporte de saisissant dans le récit et la façon dont Sandrine Bonnaire, par son incarnation, apporte à l’écriture. Puis, ils abordent la personnalité forte et active de Edith, la relation charnière du film entre Mina et Edith, une affection sensuelle sans connotation amoureuse, une relation qui se passe selon les propres mots de Gaël Morel « sans les hommes ».

La vision du cinéma portée par ces deux artisans du cinéma est au fond celle d’un cinéma vibrant qui préserve le souffle du réel en défi à un cinéma trop calculé, trop précis, un cinéma de l’émerveillement et de la découverte de ses personnages et du monde qui nous entoure.

Ensuite, on découvre enfin le court-métrage de Gaël Morel, La Vie à rebours (1994), Prix Kodak à la Quinzaine des Réalisateurs 1995. Si ce court n’entretient pas de liaison directe avec le long-métrage, les deux films brossent tous les deux les traits d’un personnage dont les décisions décrochent radicalement des réactions escomptées.

Dans La Vie à rebours, deux jeunes frères sont sur la route de la maison de leur père. L’un des deux est pris à partie par un petit gang de caïds et, portant lui-même une arme, il est tué par « accident » et laissé en l’état par les malfrats paniqués. Son frère, non loin de la scène, forcément déboussolé par ce drame, prend la fuite, puis le bus pour se rendre chez son père.

À ce stade, l’histoire est vouée à se dérouler jusqu’à ce que le drame soit connu du père, qui s’étonne que ses fils n’arrivent pas ensemble et moque l’absent comme s’il était toujours vivant. Tout repose sur l’autre fils qui doit trouver une occasion de dire le drame à son père.

Comment annoncer la mort de son fils à un père? Comment expliquer ce qui s’est passé ? Le protagoniste ne sait pas vraiment comment ni pourquoi les choses se sont passées ainsi, nous non plus d’ailleurs, d’où l’impression d’« accident ». Alors comment pourrait-il justifier son attitude depuis le décès ? Le problème de ce fils encore vivant, c’est le poids du secret de la mort de son frère. Un secret qui ne se dit pas, qu’il ne sait pas dire à son père.

Et c’est autour de cela que Gaël Morel tourne ses cadres et ses actions. Un fils qui pour ne rien dire, en vient finalement à « s’isoler » et à saisir toutes les occasions de rester en solitaire face à un père pour qui le monde tourne toujours rond et qui cherche à vivre des moments avec son premier enfant comme il le fera avec le second lorsqu’il arrivera enfin…

À ce cordon de mise en scène ténu et puissant, Gaël Morel n’ancre aucun élément superflu, ni musique ni design sonore. Aucun artifice ostensible n’est permis, au risque de perdre la puissance du moment brut car il n’y a pas de sortie par le haut de cette situation, et un traitement lyrique amenuiserait le conflit psychologique interne. Peu importe les décisions que le fils fera, les prochains moments seront immensément plus douloureux pour lui et son entourage. C’est un problème sans solution, un drame au sens véritable.

À travers de très justes et beaux moments, La Vie à rebours nous lègue un questionnement personnel surprenant. Plus de 20 ans plus tard, dans Prendre le large, Gaël Morel récidive grâce au jeu de Sandrine Bonnaire. L’exemple de ces personnages plongés dans le monde réel mais aux réactions hors du commun produit des moments de cinéma sensible, des scènes de « réalisation », où l’on réalise avec le personnage que le monde n’est pas ce que l’on en croit.

Gary Delépine

Prendre le large de Gaël Morel. Edition Blaq Out : film & suppléments (entretiens et court-métrage La Vie à rebours)

Semaine de la Critique 2018. Les courts sélectionnés

Cannes, la suite. 10 courts métrages en compétition ont été retenus cette année par le comité de sélection de la Semaine de la Critique, sur base de 1 500 films soumis. Voici lesquels.

Courts métrages sélectionnés

– Amor, avenidas novas de Duarte Coimbra (Portugal)

– Ektoras Malo : I teleftea mera tis chronias (Hector Malot: The Last Day of the Year) de Jacqueline Lentzou (Grèce)

– Pauline asservie de Charline Bourgeois-Tacquet (France)

– La persistente de Camille Lugan (France)

– Mo-Bum-Shi-Min (Exemplary Citizen) de Kim Cheol Hwi (Corée)

– Rapaz (Raptor/Rapace) de Felipe Gálvez (Chili)

– Schächer de Flurin Giger (Suisse)

– Tiikeri (The Tiger le tigre) de Mikko Myllylahti (Finlande)

– Un jour de mariage (A Wedding Day) d’Elias Belkeddar (Algérie-France)

– Ya normalniy (Normal) de Michael Borodin (Russie)

5èmes Rencontres pros Format Court, jeudi 26.4. 2018. Musique !

Après la production, les festivals, le scénario et la télévision, Format Court vous invite à son 5ème rendez-vous professionnel consacré à la musique et au cinéma. Cette nouvelle Rencontre aura lieu le jeudi 26.4 2018 à 19h30, au MyCowork Beaubourg (5 Rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris).

Quelle place faut-il accorder à la musique dans les courts ? Comment traduire une histoire et un univers en notes adaptées ? Comment choisir son compositeur ? Comment se construit la relation de travail avec le réalisateur et le producteur ? Un film peut-il s’écouter autant que se voir ?

Les participants à notre table ronde sont : Céline Devaux (réalisatrice), Daniel Sauvage et Jérôme Barthelemy (producteurs, Caïmans Productions), Marion Desseigne-Ravel (réalisatrice) et Delphine Schmit (productrice, Perspective Films).

En prélude de la rencontre avec nos invités et de l’échange avec le public, nous projetterons 3 courts-métrages liés à nos intervenants.

Pour assister à cette nouvelle soirée et en raison du nombre de places limitées, nous vous invitons vivement à réserver dès à présent à l’adresse suivante : rencontresprosformatcourt@gmail.com.

Programmation (durée : 45 minutes)

Pépé Le Morse de Lucrèce Andreae. Animation, 14′, 2017, France,  Caïmans Productions. Musique : Flavien Van Haezevelde. Cesar du meilleur court métrage d’animation 2018, en compétition officielle à Cannes 2017. En présence de Daniel Sauvage et Jérôme Barthelemy (producteurs)

Synopsis : Sur la plage sombre et venteuse, Mémé prie, Maman hurle, les frangines s’en foutent, Lucas est seul. Pépé était bizarre comme type, maintenant il est mort.

Article associé : la critique du film

Les Ormes de Marion Desseigne-Ravel. Fiction, animation, 16′, 2017, France, Perspective Films. Musique : Julie Roué. Sélectionné au Festival d’Aubagne 2018. En présence de la réalisatrice et Delphine Schmit (productrice).

Synopsis : Dans le métro, un homme. Il vient d’un pays de l’Est. Il erre, sans travail, et tente, comme il peut, de survivre. Au hasard d’une rencontre, il se retrouve confronté à un homme de sa ville natale. Ce bref face-à-face fera ressurgir des sentiments qu’il avait profondément enfouis.

Article associé : notre reportage consacré au Festival d’Aubagne 2018

Gros Chagrin de Céline Devaux. Fiction, animation, 15’, 2017, France, Sacrebleu Productions. Musique : Flavien Berger. Prix du Meilleur Court Métrage  et nomination pour le European Film Award au Festival de Venise 2018. En présence de la réalisatrice

Synopsis : Ça va passer. On s’en remet. Jean fête son anniversaire, boit trop et se souvient du week-end désastreux qui a mené à sa rupture avec Mathilde.

Article associé : la critique du film

En pratique

Quand ? Jeudi 26.4.2018 à partir de 19h 30
Où ? MyCowork Beaubourg (5 Rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris)
Comment ? Métros proches : Hôtel de Ville, Châtelet, Rambuteau
PAF : 8 € (paiement en ligne sur le site Leetchi), gratuit pour les adhérents de Format Court)
Pot offert !
Réservations : rencontresprosformatcourt@gmail.com
Event Facebook : ici !

Le film de la semaine : Night Shift de Zia Mandviwalla

Alors que la sélection de la Compétition Officielle des court-métrages cannois et de la Cinéfondation 2018 ont été dévoilées ce mercredi, et en attendant que Bertrand Bonello préside ces deux sélections du 8 au 19 mai prochain, Format Court vous propose de revenir sur un court-métrage remarqué quelques années plus tôt.

Découvert en 2012 lors de la compétition officielle du Festival de Cannes, Night Shift a permis de révéler sa réalisatrice, Zia Mandviwalla, qui officie également en Nouvelle-Zélande dans la réalisation de clips et de vidéos commerciales.

En évitant de tomber dans le film social misérabiliste, Zia Mandviwalla nous dévoile un parcours de femme juste et émouvant : celui de Salote, une femme de ménage profitant de sa ronde de nuit dans un aéroport, pour collecter sur son passage ce que les autres laissent derrière eux…

Un avion qui atterrit, filmé depuis la fenêtre d’une voiture. Quelle vie suivra-t-on ? Celle d’un voyageur arrivant à l’aéroport par les airs ou celle d’un conducteur semblant s’y rendre par la route ?

La réalisatrice interroge dès l’ouverture la question du point de vue, comme pour nous prévenir que notre appréciation de son personnage – et de nos a priori – sera malmenée durant son film.

Salote est technicienne de surface dans un aéroport. Une nettoyeuse de l’ombre, invisible, même aux yeux de ses collègues, avec pour seule identité, un badge de service pendouillant au cou. La caméra à l’épaule est accrochée à cette même nuque qui déambule, nettoie et rince. Salote est au centre de tout, magnétique, et pourtant, elle semble toujours hors du monde, ignorée des autres.

Le parti pris de la réalisatrice est alors radical : raconter l’histoire d’une invisible dans un aéroport non identifié durant une nuit intemporelle.

Le lieu n’est donc pas anodin… Un aéroport, terre de voyage en devenir, de retrouvailles, ou de nouvelle vie. L’excitation du départ, l’émotion des embrassades… Pour ceux qui ne s’y rendent que pour décoller, c’est toujours le début d’une nouvelle histoire.
Salote, elle, s’y rend toutes les nuits et y travaille. Et elle n’a pas d’histoire à raconter ou à vivre. Sa ronde de nuit quotidienne est mécanique, routinière et banale. L’empathie naît alors d’injustices ou d’agressions que le personnage traverse, et qui questionnent notre propre rapport à la pitié.

Car Salote est le visage d’une misère sociale que l’on connaît. Elle représente toutes ces travailleurs-ses noctambules qui échappent à notre regard, ou que l’on refuse de voir. Il y a une fusion avec le réel et Zia Mandviwalla trouve les scènes suffisamment justes pour briser le point de vue externe le plus pur. Ainsi, elle atteint l’intériorité d’un personnage pourtant mutique qui cherche à fuir tout contact humain et tout jugement.

Toujours active dans ces gestes, Salote est passive dans le sens qu’elle y met, l’attention toujours dévorée par l’ailleurs et le hors champ. Son regard cherche à trouver une solution, une aide, un miracle dans ce temple aseptisé où déambulent des fantômes à roulettes. Un temple où le rêve ne lui appartient pas, où elle observe les blancs se l’approprier à sa place. Comme si elle était moins légitime qu’eux, comme si elle n’y avait pas le droit.

À force d’être dans l’ombre, le personnage devient funeste. Salote dérange, indispose et nous perd. On se sent voyeuriste lorsqu’elle récupère un rouge à lèvres oublié, une pizza abandonnée ou lorsqu’elle vole le doudou d’une petite fille quasiment sous son nez. Ces actions la caractérisent comme une anti-héroïne et on viendrait à la croire dure, voire perverse. Cette femme de ménage que nous jugions banalement aimable, semble finalement cacher une réalité plus complexe. Le personnage amène alors ombre et relief à un décor hygiénique et lumineux. Et plus sa ronde de nuit avance et plus l’écriture devient sèche, la mise en scène resserrée et la tension quasi claustrophobique.

Alors quand Salote quitte le parking vide de l’aéroport au petit matin, on ressent de la délivrance. Du moins, on aimerait y croire. Sur la route, l’extérieur se tait, la musique résonne. Les plans larges réalistes s’effacent au profit de jolis inserts flous. On se rattache à cette percée esthétique, quasi mystique, telle Salote qui s’accroche à la petite croix religieuse attachée à son rétroviseur.

Cette croix nous rappelle le « ciel » que regardait Salote dans son vestiaire au travail, cette lumière, que nous jugions blafarde, était pour elle divine. Cette même lumière divine qui se déposera quelques secondes plus tard sur son visage – dans l’avant-dernier plan du film – alors que la dramaturgie révèle au spectateur ce qu’il devait finalement comprendre de ce personnage ambigu.

Salote qui était à nos yeux une travailleuse esseulée devient instantanément avec ce plan une femme courageuse que nous voulons désormais aider. Cette question qui nous hantait – à savoir comment Salote survit-elle dans cette existence privée de tout – trouve sa réponse dans cette responsabilité portée à bout de bras et dans cette lumière divine provenant du hors champ qui se dépose sur son front. On y voit un tête-à-tête céleste implorant, une parenthèse pleine d’espoir… et on aimerait croire avec elle, un temps soit peu, à un quotidien meilleur.

Mais la réalisatrice, elle, n’oublie pas de nous ramener dans la réalité. Dans un dernier plan large urbain, où la voiture de Salote est paumée au milieu de la ville, Zia Mandviwalla nous rappelle l’existence difficile et invisible de son héroïne de l’ombre. On aurait alors voulu que l’existence intemporelle, impersonnelle et tragique de Salote, ne soit qu’une fiction… Elle est malheureusement le portrait d’une misère bien réelle.

Pierre Le Gall

Cinéfondation 2018, les 17 courts en compétition !

En parallèle à l’annonce des courts-métrages en compétition à Cannes 2018, voici celle de la Cinéfondation, la section réservée aux  films d’écoles. Sur base de 2426 films soumis, le comité de sélection de la Cinéfondation a choisi 17 films (14 fictions et 3 animations) venus du Mexique, du Chili, d’Argentine, de France, du Royaume-Uni, d’Italie, de Pologne, de Roumanie.. . Bonne nouvelle : sur les 22 réalisateurs sélectionnés, 12 sont des femmes !

Les trois Prix de la Cinéfondation seront remis (par le jury de Bertrand Bonello) lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le jeudi 17 mai.

Voici les 17 films sélectionnés à la Cinéfondation 2018 :

– Dolfin megumi de Ori Aharon (Steve Tisch School of Film & Television, Tel Aviv University, Israël)
– End of Season de Zhannat Alshanova (The London Film School, Royaume-Uni)
– Sailor’s delight de Louise Aubertin, Éloîse Girard, Marine Meneyrol, Jonas Ritter, Loucas Rongeart, Amandine Thomoux (ESMA, France)
– Inanimate de Lucia Bulgheroni (NFTS, Royaume-Uni)
– El verano del leon electrico de Diego Céspedes (Universidad de Chile – ICEI, Chili)
– Palm trees and power lines de Jamie Dack (NYU Tisch School of the Arts, États-Unis)
– Dong wu xiong meng de Di Shen (Shanghai Theater Academy, Chine)
– Fragment de drame de Laura Garcia (La Fémis, France)
– Cinco minutos afuera de Constanza Gatti (Universidad del Cine (FUC), Argentine)
– Los tiempos de Hector de Ariel Gutiérrez (CCC, Mexique)
– Dots de Eryk Lenartowicz (AFTRS, Australie)
– Inny de Marta Magnuska (PWSFTviT, Pologne)
– Albastru si rosu, in proportii egale de Georgiana Moldoveanu (UNATC I.L. CARAGIALE, Roumanie)
– Cosi in terra de Pier Lorenzo Pisano (Centro Sperimentale di Cinematografia, Italie)
– Kalendar de Igor Poplauhin (Moscow School of New Cinema, Russie)
– Mesle bache adam de Arian Vazirdaftari (Tehran University of Dramatic Arts, Iran)
– I am my own mother de Andrew Zox (San Francisco State University, États-Unis)

Cannes 2018, les 8 courts en lice pour la Palme d’or

Le 71e Festival de Cannes a annoncé ce mercredi la liste des courts métrages en compétition et la sélection de la Cinéfondation 2018. Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, présidé par Bertrand Bonello que nous avions interviewé en 2013, récompensera à la fois les meilleurs films de la Compétition des courts métrages et ceux de la Sélection Cinéfondation à l’issue de ses délibérations.

Cette année, le comité de sélection a reçu 3943 courts métrages. La Compétition des courts métrages 2018 est composée de huit films seulement (7 fictions et 1 animation) issus des pays suivants : Australie, Chine, France, États-Unis, Iran, Japon, Philippines et Pologne.

Ces films vont concourir pour la Palme d’or du court métrage 2018, décernée par Bertrand Bonello et son jury, lors de la Cérémonie du Palmarès du 71e Festival de Cannes, le 19 mai 2018.

Voici les 8 courts en compétition à Cannes cette année ! :

– Gabriel de Oren Gerner (France)
– Judgement de Raymund Ribay Gutierrez (Philippines)
– Caroline de Celine Held et Logan George (États-Unis)
– Tariki de Saeed Jafarian (Iran)
– III de Marta Pajek (Pologne)
– Duality de Masahiko Sato, Genki Kawamura, Yutaro Seki, Masayuki – Toyota, Kentaro Hirase (Japon)
– On the border de WEI Shujun (Chine)
– Toutes ces créatures de Charles William (Australie)

Aubagne 2018, compte-rendu

Le vent souffle où il veut. Retour sur la 19e édition du Festival International du Film d’Aubagne

Le vent a soufflé sur la belle bourgade d’Aubagne à la fin du mois de mars dernier, éteignant dans le même élan les dix-neuf bougies du Festival International du Film, dont le surtitre révèle une surprenante symbiose : Musique et Cinéma. La situation ainsi posée, il se met à planer dans l’air un tourbillon malicieux, une impression d’hybridité. Car le vent s’impose comme un constant défi aux marcheurs et aux aventuriers, comme aux cinéastes et aux spectateurs d’une salle de cinéma, tant il s’avère désagréable et strident ou au contraire, mélodieux et haletant. D’ailleurs, si l’on se plonge dans le passé, on sait que l’histoire du vent ne saurait être opposée à celle du cinéma, bien au contraire. Que si Victor Sjöström a tenté d’en offrir en 1928 l’impossible image, c’est Joris Ivens qui projettera de dépasser le mur du son dans Une histoire de vent (1988), tout en demandant au compositeur de jazz Michel Portal d’en révéler la teneur à la fois tonitruante, changeante et fragile. Souvent le cinéma nous montre qu’à travers le bourrasques se dissimulent des cris étrangement inaudibles, des secrets inavouables, mais aussi des expériences passionnantes et des choix déterminants. Mais alors de quels draps aériens les films ont-ils pu se draper cette année ? Le bref passage de Format Court aux festivités aubagnaises est l’occasion de dresser un aperçu des sensations sonores et des impressions musicales qui ont émanées des films courts.

Un mot d’abord sur ce festival trop peu médiatisé, malgré l’importance de ce qui s’y trame chaque année. Les cinéphiles provençaux le savent bien désormais, la spécificité de l’événement est d’aborder les questions relatives à la musique et au son au cinéma. À travers une programmation éclectique et exigeante de films courts et longs, des rencontres avec des compositeurs chevronnés ou débutants, des cinés-concerts et des masterclasses, Aubagne devient chaque année le précieux laboratoire d’exposition de la diversité en termes de composition musicale et de design sonore dans les films, ainsi qu’un haut lieu de découvertes des innovations dans ces domaines. Et c’est, bien sûr, le lieu propice aux rencontres avec des professionnels. Dans les couloirs de l’Espace des Libertés, on a d’ailleurs pu croiser cette année quelques personnalités de marque, telles que l’oscarisé Gabriel Yared (Le Patient anglais), le fringant Gaspar Claus (Makala), l’envoûtant Éric Neveux (Persécution) et la pétillante Julie Roué (Jeune Femme).

Notons également que le festival a offert une carte blanche à d’autres festivals européens consacrés à la musique de films : le Festival Short Waves (Poznań, Pologne), le Festival New Directors/New Films (Espinho, Portugal), le Festival du Nouveau Cinéma (Montréal, Québec) et l’International Sound and Film Music Festival (Istria, Croatie). Le représentant de ce dernier, le compositeur croate Ozren K. Glaser, nous a d’ailleurs confié que son festival visait « à promouvoir la musique de films auprès de l’industrie cinématographique nationale », mais que l’engagement des jeunes compositeurs se révélait « encore trop limité ». Or, l’engagement des compositeurs ne va pas sans l’engagement du milieu cinématographique lui-même, malheureusement peu enclin à faire de la musique un enjeu majeur. La nécessité d’évoquer les rapports entre cinéma et musique se trouve néanmoins posée dans l’ensemble des contextes européens, même en France où le financement des compositions musicales originales fait souvent défaut. De façon générale néanmoins, Ozren K. Glaser affirme que dans le contexte balkanique « les relations entre le domaine cinématographique et le domaine musical sont animées par rapprochement positif depuis ces cinq dernières années ». Pourvu que ça dure. Pour que l’ivresse venue du vent, des sons et des notes, se renforce elle aussi.

Si 77 courts-métrages figuraient en compétition à Aubagne cette année, on serait en peine de pouvoir en rendre compte de la diversité de manière détaillée, d’autant que s’y entremêlaient tous les genres (fiction, documentaire, expérimental, animation) et les esthétiques les plus hétérogènes. Tous avaient pourtant un point commun, celui de rechercher un ton très singulier, de trouver la juste cohérence entre la forme et le fond, et surtout entre la sphère visuelle et la sphère sonore. Le festival rend indirectement attentif à ce qui fait la spécificité d’un regard : non seulement sa visualité mais son rythme, non seulement son apparence mais sa force. Quand on parle d’un cinéaste, on relève d’ailleurs avant tout son univers, l’atmosphère intrigante qu’il fabrique, une texture personnelle. Bref, la dimension musicale n’est jamais loin. Elle est même cruciale. Le Festival d’Aubagne permet au fond de susciter une acuité à l’égard d’une culture auditive complexe et méconnue, dont les codes et les langages s’enrichissent constamment.

Mon hypothèse sera donc celle-là : comment les images ménagent-elles un espace de surgissement du son ? On aurait a priori envie de sa poser la question inverse, consistant à savoir comment construire le son à travers une logique d’illustration, voire de dramatisation. Mais, à la manière du mouvement du vent dans les arbres, j’irais plutôt à rebrousse-poil des certitudes pour pointer la manière dont les images semblent faire de la place aux sons, ou bien signifient le monde jusqu’à donner un sens profond à une ambiance, à une somme de cris étouffés, jusqu’au silence révélé. Logique de la sensation, pour reprendre une expression de Gilles Deleuze. Si dans les toiles de l’artiste Roman Opałka, c’est le blanc qui est « mérité », il nous faut saisir dans quelle mesure ici, c’est le silence qui se mérite. Peu de films font ce pari du silence, fondé sur un emploi signifiant de la musique et d’une tonalité intérieure : aussi rares puissent-ils être, c’est auprès d’eux qu’on auraient envie de se lover.

Les Ormes

Disons, pour entrer dans le vif du sujet, que la sphère sonore peut se composer de signes d’un retour du refoulé, comme si à travers chaque bruit distinct s’opérait la possibilité fabuleuse d’émergence d’une réalité qu’on pensait à jamais recalée, exclue du présent. C’est le cas dans le film français Les Ormes de Marion Desseigne-Ravel. Le film offre moins un récit qu’une situation onirique; celle d’un homme d’origine bulgare (joué par Miglen Mirtchev), inscrit dans un contexte où il n’a visiblement pas de ressources financières, pas de reconnaissance sociale, et pas non plus de but précis. L’espace du métro, qui est souvent celui d’un passage nerveux, est investi dans un sens nouveau. Le protagoniste y erre sans finalité, c’est là qu’il fait inopinément la rencontre d’un membre de sa famille, ce dernier ayant pour sa part réussi dans la vie à l’occidental grâce à la fabrication de maisons en bois, et faisant remémorer au protagoniste l’existence d’un jardin originel à partir d’une vidéo montrée depuis un téléphone. C’est également dans le métro que le protagoniste décide finalement de s’asseoir, seul. Il se met à littéralement habiter le métro au sens propre comme au sens figuré. Marion Desseigne-Ravel parvient à renverser l’apparence négative de la situation migratoire — le protagoniste étant porteur d’une double tare : il apparaît à la fois étranger et pauvre — pour nous emmener vers un conte social à la connotation politique évidente, où l’homme se place progressivement dans un devenir-arbre. La métaphore boisée des racines parvient à rappeler aux spectateurs l’épaisseur perdue des apparences, et révéler la beauté dézinguée d’une trajectoire humaine complexe. On notera l’extraordinaire travail du design sonore produit par Benoît Gargonne et Fred Bielle, ainsi que la subtilité remarquable de la musique confectionnée par Julie Roué. Évitant tout manichéisme nostalgique, images (mêlant prises de vue directes et effets spéciaux) et sons s’enchaînent ainsi pour faire surgir de la réalité ses accents d’onirisme. À la façon de Krzysztof Kieślowski dans Blanc, la cinéaste révèle tout le caractère irréel et dramatique de l’espace souterrain tout en restituant au personnage sa dignité antérieurement abîmée.

Dramonasc

D’autres films emploient les sons comme un filtre à travers lequel se jouent des initiations de jeunesse rurale, un philtre d’amour dissimulant une haine sourde, restée partiellement inexpliquée. On pense au déstabilisant Dramonasc, un film français co-réalisé par Céline Gailleurd et Olivier Bohler. Portée par la musique élégante d’Alvise Sinivia, fameux pianiste adepte de l’improvisation, l’œuvre appréhende l’âge de l’adolescence à travers un naturel confondant. Tous les éléments propres au « film initiatique » y trouvent leur juste place : la rivalité masculine en vue de gagner le cœur du personnage féminin, la prise de risques comme étape dans l’affirmation personnelle, l’atmosphère estivale provoquant une expérience érotique des corps. Il repose sur une mise en scène à la fois gracieuse et électrisante, nourrie d’une constante attention portée aux paysages montagnards alentours. Les cinéastes parviennent ainsi à créer une œuvre aux apparences trompeuses, qui tire sa profondeur de l’atmosphère sonore révélant l’importance des éléments environnants, qu’ils soient macroscopiques ou microscopiques (la friction des peaux, l’herbe foulée, etc.). Comme si le profond silence des regards, en dehors des dialogues, devenait le lieu d’un espoir, celui de partir, de quitter ses conditions, d’appréhender différemment le présent. Musicalité rime donc ici avec vertige. Les dernières images le figurent parfaitement : les cris de l’adolescente forment l’appel en détresse face à la mort possible du protagoniste masculin, ménageant un dernier suspense et donnant tout son sens aux lamentations tragiques, conclues par un (quasi-)silence. Comme si ce silence révélait toute la dimension redoutable de cette fraternité amoureuse. Sonorité en crise.

Plavi Petar

Quelques autres films sont également porteurs de cette crise, puisant leur force dans l’investissement du clivage sonore encore plus affirmé. On y perçoit un balancement surprenant entre cris et silences, entre surenchères et ruptures sonores. À travers cette tension se soulèvent parfois des enjeux sociaux et politiques clairement posés. Le film slovéno-croate Plavi Petar de Marko Šantić, par exemple, raconte la trajectoire d’un jeune homme récemment engagé dans la police qui fait face, au cours d’une intervention de routine où il doit assister l’action d’une huissière de justice, à une situation malheureusement ordinaire : on retire leur télévision à un couple de personnes âgées. Peter ne l’entend pas de cette façon et contrevient, tel Antigone, aux directives de son chef hiérarchique pour rendre leur télévision au couple. Mais la justice doit faire son travail. Démuni, le jeune homme rentre chez lui et s’enferme dans sa chambre. Son supérieur souhaite le réintégrer mais le jeune homme, malgré les problèmes financiers de ses propres parents, décide d’assumer sa désobéissance et de se retirer. Employant le hors-champ comme contre-point à la désintégration quotidienne des valeurs les plus fondamentales, la mise en scène fait preuve d’une maîtrise incroyable dans la figuration du non-dit. Contre les nécessités verbalisées, c’est donc dans un silence éthique que se réfugie le protagoniste, accompagné par la musique discrète et puissante de Davor Herceg. Par-delà les paroles et les injonctions, c’est finalement le silence qui devait être la sphère de l’apprentissage, de la conscience, de l’intégrité.

Les Corps purs

Ce jeu entre verbalisation illusoire et silence de la conscience, on le retrouve aussi dans Les Corps purs, film belge co-réalisé par Bérangère McNeese et Guillaume de Ginestel. On suit ici une escort-girl et son chauffeur, rôles magistralement interprétés par les cinéastes eux-mêmes, dans les rues de Bruxelles. Si le personnage masculin tente d’abord de se confondre avec le silence lointain de la ville, il va progressivement apprendre à parler et à verbaliser son passé et ses désirs. À l’inverse, la protagoniste féminine très en verve, ne comprenant pas l’inhibition de l’homme, va lentement substituer son investissement fragile de l’oralité pour regarder le monde et tenter de se déprendre du tragique de son existence. La mise en scène ici est fabriquée sur des contrastes, tout comme la sphère sonore : les airs d’opéra et les nappes élégantes de Rony Brack au piano contrebalancent au début avec une horreur vécue. Dans l’attente d’une légèreté impossible. La profondeur du film vient du parti pris d’éviter de faire du son (conçu par Guillaume de Ginestel lui-même) une zone d’explicitation de l’action, mais plutôt un espace de silences parlants. On pourrait en conclure par là : le silence n’est pas seulement synonyme d’éloignement, tandis que le verbe ne rime pas forcément avec la compréhension mutuelle. Dans ce film, c’est par le vent, soufflant sur des plages dénudées où l’on danse sans vergogne, que l’empathie naissante entre les deux personnages se construit, émerge de nulle part, dans la paix acquise des regards échangés.

Bien d’autres films auraient pu être évoqués ici, mais ces quelques exemples nous permettent d’appréhender modestement les liens radicaux que peuvent entretenir la musique, les sons et les images. Ou plutôt comment, loin de pouvoir être opposés, ces trois éléments doivent s’entremêler dans un principe émotionnel général, se répondant les uns aux autres pour construire un imaginaire libre puisant dans la réalité sociale pour mieux en révéler la dimension onirique, décalée et sidérante. On se prendra alors à rêver — car de quoi sont synonymes les sons sinon du rêve ? — à l’édition prochaine du Festival d’Aubagne, où quelques notes de jazz au violon pourraient émaner des images pour rendre un vibrant hommage à deux grands faiseurs de vent pour le cinéma : Stéphane Grappelli et le récemment disparu, Didier Lockwood.

Mathieu Lericq

6 bons films sélectionnés à Sundance, visibles en ligne !

Dans la lignée des courts visibles en ligne proposés régulièrement par Format Court (tous accessibles via notre vidéothèque), nous vous proposons de (re)découvrir aujourd’hui notre sélection de 6 courts-métrages internationaux sélectionnés au Festival de Sundance, quasiment tous chroniqués sur notre site.

Ces films, pour la plupart plus anciens, ont marqué les membres de notre équipe. Il nous semble important de les exhumer du passé et de l’anonymat de la Toile car la qualité et l’originalité n’appartiennent pas qu’au présent. Loin de là 😉

Nous avons une pensée particulière pour Soft de Simon Ellis, un court-métrage magistral récompensé du Prix Spécial du Jury à Sundance 2008. Agathe Demmaneville, notre regrettée collaboratrice, avait interviewé le réalisateur, Simon Ellis, au 30ème festival du film court de Brest fin 2014. Les articles pouvant être remis en lumière tout comme les films, on vous invite également à (re)lire cet entretien passionnant.

Notre sélection de courts sélectionnés à Sundance

Teeth de Tom Brown, Daniel Gray (Animation, Hongrie, Royaume-Uni, États-Unis, 2015)

Article associé : la critique du film

Marcel, King of Tervuren de Tom Schroeder (Animation, États-Unis, 2013)

Article associé : la critique du film

Reindeer d’Eva Weber (Documentaire, Grande-Bretagne, 2013)

Article associé : la critique du film

This way up de Adam Foulkes et Alan Smith (Animation, Royaume-Uni, 2008)

Article associé : la critique du film

Soft de Simon Ellis (Fiction, Royaume-Uni, 2007)

Articles associés : la critique du film, l’interview du réalisateur

I love Sarah Jane de Spencer Susser (Fiction, Australie, États-Unis, 2007)

Article associé : la critique du DVD Extrême Cinéma, volume 2

2 films de Simon Coulibaly Gillard en ligne !

En 2013, notre équipe a primé Simon Coulibaly Gillard au Festival Filmer à tout prix à Bruxelles en novembre 2013 pour son très beau film d’école Anima. Nous avions diffusé un mois plus tard le film en présence du réalisateur dans la foulée du prix et reprogrammé le film dans une carte blanche au Festival de Toulouse.

Bonne nouvelle pour les amateurs de documentaires : Anima est en ligne, de même que Yaar, le film de fin d’études de Simon Coulibaly Gillard.

Nous vous invitons à découvrir ces 2 films et à retrouver en ligne le  dossier spécial que nous avions consacré à son auteur passionné par l’Afrique et le cinéma documentaire .

Anima. Documentaire, 18′, 2013, Belgique, INSAS. Prix Format Court au Festival Filmer à tout prix 2013

Synopsis : Parmi les hommes et leurs gestes, bruts et graves, une âme se libère. Elle s’extrait de notre monde dans un curieux voyage, une traversée par les airs de cet étrange village de l’ouest Africain.

Yaar. Documentaire, 19′, Belgique, INSAS, 2014. Meilleur film ethno-anthropologique et  prix de l’Université de Syracuse au Festival international du film documentaire de Florence

Synopsis : Au coeur de la brousse du Burkina Faso, au creux des graviers, une civilisation entêtée cherche son avenir sous la terre. Aveugles ou bien trop voyants, les chercheurs d’or creusent, nuit et jour pour s’enfoncer sous la surface, poussés par la folie qui à chaque instant guide l’homme jusqu’à sa mort.

B comme Les Bigorneaux

Fiche technique

Synopsis : Depuis la mort de sa mère, Alice aide son père à tenir son bar, Les Bigorneaux. C’est même elle qui gère tout. Mais ce travail et Brigognan-Plage l’exténuent et, à 30 ans, elle n’en peut plus.

Genre : Fiction

Durée : 25’

Pays : France

Année : 2017

Réalisation : Alice Vial

Scénario : Alice Vial, Clémence Madeleine-Perdrillat

Interprétation : Tiphaine Daviot, Philippe Rebbot, Rebecca Finet, Anouchka Csernakov, Lety Pardalis, Olivier de Narnaud, Gérard Bohanne, Thierry Machard

Image : Brice Pancot

Son : Sylvain Rety

Musique : Pierre-Antoine Durand

Montage : Nicolas Sarkissian

Production : Les Films du Cygne

Article associé : la critique du film

Les Bigorneaux de Alice Vial

Brignogan-Plages, face à la mer, venez savourer un café ou une bière au bar les Bigorneaux dont le charme simple et authentique ne vous laissera pas indifférents. Le petit plus : la playlist et la sympathie de Guy, le patron.

Au premier abord, rien ne semble pouvoir perturber ce décor maritime. Sauf que ce n’est pas Guy qui fait tourner la boutique, mais bien Zoé, sa fille de trente ans, qui se dévoue corps et âme depuis la mort prématurée de sa mère. Trente ans à mettre sa vie et sa santé de côté : Zoé, n’en peut plus, le cri des mouettes et ce paysage de carte postale la rendent malade, littéralement.

Réalisatrice, scénariste et actrice, Alice Vial passe des formats longs aux courts en prêtant toujours une attention particulière aux personnages. Dans ce quatrième court-métrage, elle nous dresse un portrait de femme touchant, drôle et juste.

Récompensé fin février par le César du meilleur court métrage de fiction et lauréat fin mars du Prix du Meilleur Film de fiction (ex aequo) au Festival du Film d’Aubagne Les Bigorneaux est porté par un trio d’acteurs qui fonctionne bien : Philippe Rebbot interprète le père, Rebecca Finet, une employée du bar et Tiphaine Daviot nous véhicule les états d’âme de Zoé. Leurs échanges, drôles et pertinents, rythment cette comédie et maintiennent une légèreté malgré le sérieux des thématiques abordées.

Si le film est émouvant et léger à la fois c’est d’ailleurs en partie grâce à la complicité qui apparaît entre Tiphaine Daviot et Philippe Rebbot. En effet, Alice Vial explore aussi la relation père-fille. Ici le lien est tendre et complexe. Adolescent attardé, Guy est dépassé depuis la mort de sa femme. Il laisse tout reposer sur les épaules de sa fille et, paradoxalement, refuse de la voir grandir. Il se réfugie dans le rock et dans ce fantasme américain de liberté plutôt que de se confronter à la réalité.

Ce contraste se retrouve dans la bande son très soignée du court-métrage. Majoritairement intra diégétique, la musique rock de Pierre-Antoine Durand laisse parfois place aux bruits de la mer. Ce va-et-vient entre l’ici et l’ailleurs est suggéré tout au long de la fiction. Une invitation au voyage qui donne envie, contrairement aux bigorneaux qui s’accrochent aux rochers, de prendre le large.

Juliette Lytovchenko

Consulter la fiche technique du film

Rappel. Rencontres pros ce jeudi 29.3.2018. Spécial TV !

Ce jeudi 29 mars, Format Court vous convie à son 4ème Rendez-vous professionnel consacré à la télévision et aux diffuseurs de courts-métrages. Cette nouvelle rencontre professionnelle aura lieu à 19h au MyCowork Beaubourg (5 Rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris) en présence de Pascale Faure (responsable des Programmes Courts de Canal+), Hélène Vayssières (responsable des programmes Courts d’Arte et du Magazine Court-circuit), Angèle Paulino (responsable des courts-métrages, TV 5 Monde), Jonathan Hazan (producteur, Les Films du Cygne), Fabrice Préel-Cléach (producteur, Offshore) et Loïc Barché (réalisateur).

3 courts-métrages en lien avec nos invités seront diffusés avant la table ronde et l’échange avec la salle. Un pot offert conclura cette nouvelle rencontre.

Au vu du succès de l’événement, nous vous invitons vivement à réserver à l’adresse suivante (rencontresprosformatcourt@gmail.com) et à régler votre place en ligne sur le site de Leetchi.

Programmation (durée : 66 minutes)

– Les Bigorneaux de Alice Vial. Fiction, 25’, 2017, France, Les Films du Cygne. César du Meilleur Court-Métrage 2018, Prix du Meilleur Film de fiction (ex aequo) au Festival du Film d’Aubagne

– Goliath de Loïc Barché. Fiction, 18′, 2016, France, Punchline Cinéma. Prix UniFrance Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence 2016, Grand Prix et Prix de la mise en scène au Festival Tournez Court 2016

– Vihta de Francois Bierry. Fiction, 21′, 2018, France, Belgique, Offshore, Hélicotronc, CZAR Films, Ultime Razzia Productions. Prix Spécial du Jury (compétition nationale) au Festival de Clermont-Ferrand 2018

En pratique

Quand ? Jeudi 29 mars 2018 à partir de 19h
Où ? MyCowork Beaubourg (5 Rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris)
Comment ? Métros proches : Hôtel de Ville, Châtelet, Rambuteau

PAF : 7 € (gratuit pour les adhérents de Format Court. Possibilité de régler son adhésion sur place)
Pot offert !
Réservations : rencontresprosformatcourt@gmail.com
Règlement en ligne
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Carte blanche Format Court à Marseille

À Marseille, l’association « Des courts l’après-midi » propose tous les premiers samedis du mois à 16h des projections gratuites de courts métrages contemporains au Cinéma le Miroir du Centre de la Vieille Charité à Marseille. Samedi 7 avril 2018, à 16h, Format Court bénéficiera d’une nouvelle carte blanche. Katia Bayer (Rédactrice en chef) et Aziza Kaddour (membre de l’équipe et assistante au département court-métrage du CNC) présenteront la séance. Si vous êtes à Marseille, venez nous voir et découvrir notre sélection !

Programmation

Negative Space de Max Porter et Ru Kuwahata. Animation, 5’30 », 2017, France, Ikki Film. Mention Prix André Martin et Prix Fipresci au Festival d’Annecy 2017

Synopsis : Mon père m’a appris comment faire une valise.

Article associé : la critique du film

Un juego de niños de Jacques Toulemonde Vidal. Fiction, 18′, 2010, France, Colombie, Noodles Production. Prix Égalité et Diversité au Festival de Clermont-Ferrand 2011

Synopsis : Pablo, un adolescent issu de la bourgeoisie bogotaine, est agressé par Leo, un jeune homme à peine plus vieux que lui aux origines défavorisées. Pour sauver sa vie, Pablo emmène Leo chez son meilleur ami, Federico. Dans l’appartement de ce dernier, ils se découvrent des goûts, des envies, des problèmes communs. Une ébauche d’amitié pourrait s’esquisser, mais la peur finit par prendre le dessus.

Peine perdue de Arthur Harari. Fiction, 40′, France, 2013, Bathysphère Productions. Prix Format Court au Festival de Brive 2014

Synopsis : Une fin d’après-midi au bord d’une rivière, un concert près de l’eau. L’étrange Rodolphe remarque Alex, jeune homme timide qui n’a d’yeux que pour Julia, parisienne en vacances. Rodolphe entreprend de l’aider, à sa manière.

Articles associés : la critique du filml’interview d’Arthur Harari

Mon homme (poulpe) de Stéphanie Cadoret. Animation, 8’50, 2016, France,  Marmitafilms. Sélectionné au Festivals Animatou 2017 (Genève) et au Festival Interfilm 2017 (Berlin)

Synopsis : Une jeune femme rentre chez elle. Elle se déshabille, se met en maillot de bain et s’enfonce dans les profondeurs submergées d’eau de son appartement. Peuplée d’une flore aquatique baroque, l’habitation est devenue l’écosystème de son conjoint : un poulpe. Jusqu’au lendemain matin, elle se plie à cet environnement hostile, humide et suffocant qui constitue son quotidien avec son homme (poulpe).

Varicella de Fulvio Risuleo. Fiction, 14’, 2015, Italie, REVOK S.r.l. Sélectionné à la Semaine de la Critique 2015, Prix du Jury au festival Séquence Court-Métrage de Toulouse 2015

Synopsis : La varicelle est inoffensive pour un enfant, mais elle peut être très dangereuse pour un adulte. Quand Maman l’apprend, elle s’inquiète pour son petit Carlo, qui ne l’a pas eue. Il grandit rapidement et il faut donc agir immédiatement. Elle doit trouver le moyen de le rendre malade. Mais qu’en pense Papa ?