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Mo Harawe : « Chaque film est un langage visuel »

Interviewé il y a seulement un an sur notre site, Mo Harawe a réalisé The Village Next to Paradise, un premier film sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard, en lice pour la Caméra d’or 2024. Solaire, centré sur un trio (père-soeur-enfant) en proie à la lutte, au dépassement de soi et au contexte politique et culturel, le film a comme ancrage la Somalie, terre d’origine du réalisateur et d’inspiration pour ses précédents courts dont le très poignant Will My Parents Come to See Me ?, Grand Prix international au Festival de Clermont-Ferrand 2023. Le passage au long marque aussi une première exposition cannoise pour Mo Harawe, enchaînant les entretiens, sur le bateau Arte.

© Doris Erben

Format Court : Le travail sur The Village Next to Paradise a commencé il y a 6 ans. Tu devais être en train de travailler sur le scénario quand tu as fait ton dernier court, Will My Parents Come to See Me ? En quoi tes courts-métrages t’ont aidé à préparer ce premier long-métrage ?

Mo Harawe : Cela m’a beaucoup aidé. Mon dernier court-métrage se passait en Somalie, ce film-ci aussi. J’ai pu voir la différence entre les tournages. J’ai pu aussi appréhender l’endroit, le paysage, et les gens, et aussi d’une certaine manière préparer mon équipe.

L’exercice d’un premier film est complexe. Comment as-tu préparé le scénario ? Comment as-tu travaillé avec cet environnement autour de toi ?

M.H. : La préparation n’a pas été très importante, parce que nous n’avions pas beaucoup de temps. Je pense que l’idée était vraiment de sauter dans l’eau froide. C’est littéralement comme ça que nous avons abordé ce film, parce que je suis sûr que si nous nous étions préparés, nous aurions vu à quel point cela allait être difficile. Si on avait su, on aurait put-être abandonné.

Nous avons tourné le film pendant trois mois, il y a eu 64 jours de tournage. Quand on fait un court-métrage, on ne tourne que quelques jours. Nous nous sommes donc jetés à l’eau et nous avons tout découvert en faisant le film, d’une certaine manière, parce que c’était aussi l’esprit du film. Je ne pense pas que nous aurions pu nous préparer à cela. On a tourné le film au fur et à mesure. On allait sur le lieu de tournage, si on ne trouvait pas ce qu’on voulait, on tournait quelque chose d’autre.

Tu as grandi à Vienne, tu y vis toujours. Ça a dû être un nouveau pays, une nouvelle langue pour toi. Tu n’es pas le premier à revenir à tes racines, au cinéma, surtout dans un pays où le cinéma n’est pas si présent. Comment vois-tu la situation en Somalie ?

M.H. : Beaucoup de contenus en ligne sont créés aujourd’hui en termes de cinéma, et je pense que l’avenir est prometteur. L’espace numérique, les médias sociaux, tout cela est en train de changer. Les gens créent leurs propres contenus, même en privé. Je pense donc que c’est une meilleure période, où il y a plus d’opportunités, où les connaissances sont plus accessibles qu’il y a, je ne sais pas, 15-20 ans, disons.

Comment as-tu appris à diriger tes acteurs ? Je ne sais pas si ce sont des professionnels ou non.

M.H. : Oui, ce sont des professionnels, je les appelle comme ça. Ce sont des acteurs non formés. Ils étaient les personnes qu’il fallait devant la caméra. Et pour la réalisation, ça a juste été une chose intuitive.

Te souviens-tu de la raison pour laquelle tu as voulu faire des films ? Est-ce aussi une question d’intuition ?

M.H. : Je suppose que c’est lié à la façon dont on veut s’exprimer. On exprime ce que l’on ressent dans un film, on pense à ce qu’il sera.

As-tu essayé un autre médium ?

M.H. : Non, pas vraiment.

Comment envisages-tu toute cette promotion à Cannes ? Tu déjà remporté des prix, tu as déjà participé à des festivals, tu connais un peu ça…

M.H. : Avec les courts-métrages, oui. J’ai eu l’expérience des festivals et de ce genre de choses, mais bien sûr, là, c’est complètement différent. L’exposition est beaucoup plus grande. J’ai des interviews, des séances photos et tout le reste. Mais je fais avec comme ça vient. J’essaie de prendre les choses avec légèreté. Je le vois comme un travail.

Will My Parents Come To See Me ? était très sombre, il se passait dans un prison. Une partie de ton log se déroule également dans une prison. Sur le plan visuel, as-tu senti que les choses étaient différentes pour toi ? Que tu voulais montrer la Somalie d’une autre manière ?

M.H. : Chaque film est un langage visuel d’une certaine manière. Il n’y a que des couleurs dans ce projet. C’était donc clair pour moi. Ce film était complètement différent de ce que j’avais fait avant. Les couleurs devaient dépendre de l’histoire et du film et aussi de ce qu’on obtenait, comme les lieux par exemple. Beaucoup de décisions sont parfois d’ordre pratique.

Fais-tu des photos en parallèle de tes films ?

M.H. : Non, je n’en fais pas. Je les garde pour les films.

Comment se passe ta vie, d’ailleurs, quand tu ne filmes pas ?

M.H. : Je suis normal. Ma vie est ennuyante, tranquille. Je passe du temps chez moi, à la maison.

Est-ce que le court t’intéresse encore ?

M.H. : Oui. J’ai l’impression que le court est indépendant, vraiment. C’est une autre langue. S’il y a une histoire, c’est bon pour un film, qu’il soit court ou long.

Tu vis à Vienne, penses-tu qu’un jour, tu seras inspiré à l’idée de faire un film en Europe ?

M.H. : Bien sûr. Et j’espère que je le ferai. Ça pourrait être agréable. Je dois juste trouver une histoire.

Propos recueillis par Katia Bayer

S comme Sanki Yoxsan

Fiche technique

Synopsis : Lorsque Samir et Leyla décident de fuir les discordes familiales, Samir disparaît le lendemain matin. La quête de Leyla l’entraîne, mêlant son destin à sa mystérieuse disparition, la rendant partie intégrante du mystère elle-même.

Genre : Fiction

Durée : 15′

Pays : Azerbaïdjan, France

Année : 2024

Réalisation : Azer Guliev

Scénario : Azer Guliev

Images : Konstantinos Koukoulios

Montage : Nicolas Milteau

Son : Thomas Robert, Laure Arto, Sanan Gulahmadzada

Interprétation : Milana Hasanova

Production : La Luna Productions

Article associé : la critique du film

Sanki Yoxsan de Azer Guliev

Présenté en compétition officielle à Cannes, Sanki Yoksan est un court-métrage franco-azerbaïdjanais réalisé par Azer Guliev. Il dépeint l’histoire de Leyla et Samir, deux jeunes aux familles dysfonctionnelles qui ont décidé de partir ensemble pour prendre leur indépendance. Le jour du départ, Samir disparaît sans un mot, laissant Leyla seule et désemparée face à cette fuite avortée. S’il est rare, voire exceptionnel, de remarquer un court-métrage venu de l’Azerbaïdjan à Cannes, la poésie tragique et la mélancolie de Sanki Yoxsan l’est davantage dans le paysage audiovisuel.

En moins de 15 minutes, le récit d’Azer Guliev se distingue par sa densité et sa capacité à révéler minutieusement, plan par plan, le mal-être qui ronge Leyla au quotidien, qui nous plonge au sein de la société azerbaïdjanaise où les traditions patriarcales se heurtent aux rêves de liberté de certains. Par les hors-champ, la focale floue de la caméra et les fonds noirs inattendus, la réalisation fait signe de l’intériorité d’une Leyla souvent filmée de dos, ou en plongée, écrasée par les circonstances de la situation, étouffant au sein des membres de sa familles qui célèbrent bruyamment le mariage de sa soeur.

Le seul lien que Leyla semble avoir avec le monde est auprès de Samir, lien qui éclate dès le début du récit, l’abandonnant à un univers environnant scindé en deux, entre hommes et femmes enfermés dans des rôles stéréotypés (les activités de lutte et de danse similaires aux derviches tourneurs pour les uns, la cuisine et la préparation du mariage dans le foyer pour les autres). Ce n’est seulement lorsqu’elle est seule, regardant le champ désolé au loin, que son horizon mental s’étend à perte de vue, toujours aussi incertain.

Les jeux de miroirs entre Samir et Leyla sur une vitre de voiture ou à un bureau reflètent les identités poreuses de deux individus en quête de sens, confondues avant de se séparer dans le mutisme le plus total. Dans la composition et la palette chromatique, Leyla existe toujours en opposition silencieuse avec l’environnement qu’elle veut quitter. Au voile rose dans les gymnases mornes, au regard vide lors d’une célébration de mariage, au silence assourdissant à la lecture de la prose maladroite de Samir, Milana Hasanova, interprète de Leyla, nous livre une performance épatante d’un personnage dont l’existence physique est difficile, et dont l’esprit mental est perdu au loin.

Azer Guliev ne s’encombre pas de verbes inutiles et filme avec précision et sobriété les présences intouchables et brouillées de fantômes du présent, dont le mystère enveloppe progressivement l’âme d’une jeune femme qui a encore tout à vivre. En azerbaïdjanais, Sanki Yoxsan se traduit par “Comme si tu n’étais pas là”, qu’on pourrait ici attribuer à la disparition de Samir. Pourtant, le film est d’abord l’histoire d’un acte manqué, peut-être celui de Leyla, acte profondément désenchanté, où les aspirations pour le futur sont aussi éphémères et artificielles, que les étoiles projetées sur le mur par sa lampe de chevet. Un film qui n’aura à prouver sa place dans la compétition du prestigieux Festival de Cannes.

Mona Affholder

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M comme Les Mététos d’Antoine

Fiche technique

Synopsis : Antoine reprend l’exploitation agricole de ses parents, et sa compagne Élise, totalement investie, veille cependant à définir le plus exactement son rôle. Ce documentaire français saisit, notamment par la musique, la vitalité et l’évolution d’un monde souvent réduit à ses difficultés socio-économiques.

Genre : Documentaire

Durée : 27’

Pays : France

Année : 2024

Réalisation : Jules Follet

Scénario : Jules Follet

Image : Erwan Dean

Musique : Simon Averous

Son : Arnold Zeilig, Adrien Cannepin

Production : Superstructure

Article associé : la critique du film

Les Météos d’Antoine de Jules Follet

Les jours s’écoulent sur l’exploitation agricole d’Antoine et sa famille. Pour anticiper l’utilisation des différents prés et autres pâturages, Antoine doit savoir s’il va pleuvoir. C’est sur cette conversation banale, témoin d’un futur proche mais incertain que s’ouvre Les Météos d’Antoine, sixième court du réalisateur et scénariste Jules Follet.

Ce court-métrage documentaire qui a été présenté pour la première fois ce 23 mai à la Quinzaine des Cinéastes nous invite chez Antoine et Léandre, deux jeunes agriculteurs ardéchois qui viennent d’être rejoints sur leur exploitation par Élise, la compagne d’Antoine. Au cœur d’un été qui se profile sous le signe de la découverte, Élise va devoir trouver sa place, ou la créer.

C’est la présence de cette jeune femme, tant joviale que motivée, qui participe grandement à détourner l’attention de ce qu’on attendrait typiquement de la représentation du milieu rural au cinéma, et à l’attirer sur une expérience humaine universelle : la construction de la communauté, et son renouvellement. Le film ne s’attarde pas ou peu sur le lot de galères quotidien de la ferme, ces difficultés constituent seulement partiellement le cadre dans lequel évoluent Antoine, Léandre et Élise.

Ce cadre est soutenu par un grand respect mutuel entre les différents membres de la famille, respect qui transparaît lui aussi dans la forme du film, avec une répartition presque égalitaire de la parole qui rend le rythme du film très naturel. Les qualités humaines priment sur la torpeur de la comptabilité (assurée par la mère d’Antoine et Léandre) et sur les aléas de la météo. Humour et générosité toquent à chaque porte, s’immiscent dans chaque aspect de ce métrage à taille humaine. En effet, l’intégralité du film mêle événements personnels et professionnels, à l’image du rythme de vie de bien des agriculteurs, tout en se limitant à un rayon local, celui de la ferme que l’on ne quitte pas (on y fait même la fête). Ceci renforce l’intimité que le spectateur partage avec Antoine et sa famille. Cette intimité va crescendo au fil des jours : des discussions tout à fait banales se muent en évocation du futur d’Élise, les tâches à accomplir au quotidien deviennent la toile de fond de la métamorphose du couple en une véritable équipe.

On ne peut être que ravi d’assister au quotidien de cette famille, rendue attachante tant par la nature de leurs liens que par la représentation de ceux-ci par Follet. Le choix du cadre est primordial dans cette œuvre documentaire : si on nous montre de manière riche et élégante des espaces, on nous montre aussi et surtout les gens qui les habitent. Ainsi se constitue peu à peu une atmosphère visuelle et sonore qui enveloppe le spectateur, renforçant l’idée d’invitation à connaître un lieu autant qu’un groupe. A travers ce groupe est évoquée la place des femmes dans une exploitation agricole.

Élise doit se confronter aux hommes et aux femmes de ce groupe, à leurs idées parfois un peu dépassées, pour comprendre comment intégrer la mécanique familiale et fermière. Ce processus est montré comme joyeux, hésitant, toujours empreint d’une presque nostalgie estivale, et échappe aux stéréotypes sociaux qui touchent les personnes représentées grâce à une réalisation discrètement minutieuse.

Sirine Lehoux

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Le Palmarès de la 27e édition de La Cinef

Le Jury des courts métrages et de La Cinef présidé par Lubna Azabal (interview à venir) et composé de Marie-Castille Mention-Schaar, Paolo Moretti, Claudine Nougaret et Vladimir Perišić a décerné les prix de La Cinef aujourd’hui lors d’une cérémonie en salle Buñuel, suivie de la projection des films primés. La sélection comptait 18 films d’étudiants en cinéma choisis parmi 2 263 candidats en provenance de 555 écoles de cinéma dans le monde.

Bonne info : les films primés seront projetés au Cinéma du Panthéon le 3 juin et au MK2 Quai de Seine le 4 juin.

« Sunflowers were the first ones to know »

Palmarès

Premier Prix : Sunflowers were the first ones to know de Chidananda S. Naik (FTII, Pune, Inde)

Deuxième Prix ex aequo : Out the window through the wall d’Asya Segalovich (Columbia University, États-Unis) et The chaos she left behind de Nikos Kolioukos (Aristotle University of Thessaloniki, Grèce).

Troisième Prix : Bunnyhood de Mansi Maheshwari (National Film and Television School, Royaume-Uni).

Les courts primés à la Semaine de la Critique 2024

Premier palmarès cannois. Le Jury (Sylvie Pialat, Iris Kaltenbäck, Eliane Umuhire, Virginie Surdej, Ben Croll) et les partenaires de la Semaine de la Critique ont annoncé ce mercredi 22 mai les films primés dans la section parallèle de Cannes.

Côté courts, le Prix Découverte Leitz Cine du court-métrage a été attribué au film français Montsouris de Guil Sela (interview à venir).

Le Prix Canal+ du court-métrage




, quant à lui, a été attribué au film turc Koksan (Absent) de Cem Demirer.

Ibrahim Maalouf : « Une musique n’est pas vécue de la même manière en fonction de notre histoire »

En 2023, Ibrahim Maalouf a composé la bande-son du concours « Quand le Son Créé l’Image » organisé par la Semaine du Son, un projet mis en place il y a 21 ans par Christian Higonnet. Cette bande-son a été l’inspiration pour bon nombre de lycéens français mais aussi étrangers prêts à se lancer dans l’aventure du court-métrage. Certains de ces films se sont vus primés à Cannes.

Invité au Festival de Cannes, Ibrahim Maalouf est cette année co-Président avec Elsa Zylberstein du Jury de la 6ème édition du Prix de la Meilleure Création Sonore remis à un film de la sélection Un Certain Regard. Ce prix a également été initié par la Semaine du son. Quelques jours après avoir présenté son émission Improbox (TSF Jazz) sur la Croisette et avant la remise de ce prix, il évoque son rapport au son, à l’altérité, à l’improvisation, à la musique et à la sincérité.

Format Court : Je vais commencer avec votre émission de radio, Improbox. Votre projet, c’est de croiser les regards et les expériences, d’associer un musicien ou un compositeur avec un politologue, un footballeur ou un comédien par exemple, soit des gens qui n’ont rien à voir avec la musique. Pourquoi ?

Ibrahim Maalouf : Pour plein de raisons. C’était un peu la suite logique pour moi de la démarche qui a consisté à écrire un livre sur l’improvisation. Je me suis rendu compte que l’improvisation était finalement beaucoup plus large que simplement juste un musicien ou une musicienne qui prend un instrument et qui s’amuse avec. L’improvisation, c’est une philosophie. C’est une manière de voir les choses, de s’adapter aux situations, de finalement régler les problèmes de nos vies, du monde aussi.

Vous y arrivez ou pas ?

I.M. : Non. Les problèmes de ma vie, j’essaie d’y arriver, mais ceux du monde, peut-être pas. Mais voilà, c’est cette manière de s’adapter aux situations qui se présentent à nous et de trouver quand même des solutions. Cette philosophie-là, j’avais envie de la mettre en relief pour qu’on comprenne que l’improvisation, ce n’est pas juste faire n’importe quoi ou juste s’amuser. C’est s’amuser, mais avec une philosophie derrière. Et quand on compare les démarches dans tous les métiers du monde, on se rend compte que, finalement, ceux qui arrivent le mieux à développer leur travail, le rendre visible, le rendre intéressant, sont ceux qui intègrent l’improvisation dans leurs démarches. D’une manière ou d’une autre, un tout petit peu ou beaucoup. J’aime ainsi mettre ensemble ces gens qui n’ont rien à voir, qui ne se seraient pas forcément rencontrés dans la vie et qui créent ensemble quelque chose de musical.

Et quand vous, vous préparez vos émissions, vous improvisez beaucoup ou pas ?

I.M. : J’improvise quasiment tout. Je prépare, attention, parce que pour l’improvisation, il y a beaucoup de préparation au départ. On n’improvise pas avec aucun langage. Pour improviser, il faut avoir un minimum de langage. Ce langage-là, c’est la culture. Si je devais vous interviewer, je devrais absolument tout savoir sur vous avant : savoir les actualités, d’où vous venez, vers quoi vous allez. Mais à partir du moment où on commence la discussion, j’ai envie qu’on parte là où la discussion nous amène, et pas forcément là où moi, j’ai mis mes points.

On n’a que 10 minutes, ça va faire court pour tous savoir tout sur moi (rires) !

I.M. : C’est vrai que c’est le plus agréable parce qu’on arrive finalement à aller à des endroits qu’on n’avait pas prévu. Et finalement, c’est là où on trouve des choses intéressantes à dire. Là, on est dans le cadre de Cannes, c’est différent, c’est assez formaté. Mais dans l’absolu, si on devait développer plus et faire un portrait plus long, quelque chose de plus large, c’est sûr que ce serait plus intéressant de discuter et d’aller chercher quelque chose qui va aller dans le sens de l’improvisation aussi.

On a parlé de culture tout à l’heure. On est en face du Palais et nous, à Format Court, on s’intéresse beaucoup aux jeunes auteurs notamment étrangers, dont libanais. On a accompagné des gens comme Ely Dagher, Wissam Charaf ou les sœurs Keserwany. Est-ce que vous suivez ce jeune cinéma libanais ?

I.M. : À une époque, je le suivais, quand j’étais plus jeune, en France. J’étais assez attentif à ce qui se passait. J’ai vu naître, comme tout le monde, Nadine Labaki, Philippe Aractingi. J’ai vu arriver un peu cette génération-là de cinéma. Ce sont les précurseurs. On est de la même génération finalement. En parallèle de ma propre démarche de musicien, je les ai vus aussi grandir et faire leur parcours, mais les auteurs qui sont venus après c’est vrai que je les connais un peu moins, pour être honnête.

Dans le cadre du concours « Quand le Son Créé l’Image », l’année passée, vous avez fait une bande-son d’1’47’’. Le projet, c’est que le son détermine l’image et que des étudiants s’emparent du son pour faire des films dans la foulée. Est-ce que ce projet a demandé une écriture particulière ?

I.M. : J’ai trouvé ça hyper intéressant, parce qu’en réalité, c’est la première fois qu’on m’avait demandé de faire ça, c’est-à-dire de composer une musique sur laquelle il y aurait un film qui serait fait et créé, voire beaucoup de films. C’est une démarche qui est inverse de celle habituelle au cinéma. Ce qui est hyper intéressant, c’est de comprendre à travers cette démarche-là que le son n’est pas vu, n’est pas compris, n’est pas ressenti de la même manière. Une musique n’est pas vécue de la même manière en fonction de notre histoire. Notre point de vue ne va pas être le même face à un élément émotionnel. Je trouve ça hyper intéressant d’inverser les rôles comme ça et de faire en sorte que ce soit la musique qui guide l’émotion et de voir vers quoi chacun est guidé. J’ai dû faire une vingtaine de musiques de films, voire un peu plus avec les courts-métrages. Et pour la première fois de ma vie, un réalisateur, et pas n’importe lequel, Claude Lelouch, m’a demandé de composer la musique avant même qu’il termine l’écriture de son film. J’ai fait la musique du film qui va sortir dans quelques semaines, dans quelques mois. C’est son 51ème film, d’ailleurs. Et ça, c’est la première fois, et c’est quelque chose qui n’a rien à voir avec le système habituel du cinéma.

Ça vous a plu ?

I.M. : Ah, j’ai adoré. J’ai trouvé ça absolument fabuleux.

Le concours a donné lieu à des films du monde entier. Qu’en avez-vous pensé ?

I.M. : Une fois que j’ai envoyé la musique, quelques semaines plus tard, on m’a envoyé tous les films. J’ai trouvé ça vraiment très chouette.

Et vous, le court-métrage, comment vous le percevez, en fait ?

I.M. : C’est comme un single dans la musique. Ça peut vivre seul. Il n’y a pas besoin, en effet, d’avoir forcément un long-métrage pour raconter quelque chose. Mais après, c’est vrai que souvent, quand j’ai aimé un film court, j’ai envie qu’il soit développé sur du long. Je me souviens de l’émotion que j’ai eue en me disant : « Dommage que ce ne soit pas un long-métrage ». Souvent, c’est ça ma réaction, c’est que quand j’aime le court, j’aimerais qu’il y en ait plus, j’aimerais que ce soit développé. Je ne sais pas si tous les courts-métrages sont voués à vouloir être développés, mais j’imagine qu’il y en a qui sont faits vraiment uniquement pour rester courts. Je pense qu’il y en a aussi qui sont des sortes de premiers essais de potentiellement quelque chose d’autre.

Ici à Cannes, il y a beaucoup de premiers longs, et beaucoup de gens viennent du court-métrage.

I.M. : Voilà, c’est peut-être lié en effet.

Ça fait un moment que vous avez un lien avec Cannes et avec toutes ces cérémonies. Comment avez-vous appris à gérer tout ce qui est promo et spontanéité encore dans vos propos ? Comment avez-vous réussi à maintenir un peu cette authenticité ?

I.M. : Je ne sais pas faire autrement.

C’est lié à quoi ?

I.M. : Oh, mon éducation, ma manière de voir, ma philosophie. En fait (rires), quand j’étais plus jeune et que je devais faire des interviews ou parler en public, j’avais peur de me tromper en parlant, de faire un lapsus, de me tromper d’idée, de dire un truc que je n’aurais peut-être pas dû dire, etc. Je me suis rendu compte qu’en réalité, quand on est sincère, quand on est soi-même, qu’on n’essaie pas d’avoir une image, de vendre quelque chose, qu’on est exactement comme on est dans la vraie vie, on ne se trompe jamais. Et si jamais on dit quelque chose qui ne plaît pas, et ça m’est déjà arrivé de le faire, on assume parce que c’est vraiment ce qu’on est. Ou alors, on n’a pas envie de montrer ce qu’on est. Mais moi, j’en ai envie.

Je n’ai jamais été embêté en interview ni même sur scène ni dans des discours de remises de prix parce que je ne fais que dire les choses très sincèrement et de la manière la plus authentique possible. Je ne prépare jamais ce que j’ai à dire. Parfois, même en interview, on me dit qu’on va m’envoyer des questions et je refuse parce que sinon, je vais y réfléchir et là, je ne serai plus moi-même. Je ne serais plus spontané. Du coup, c’est ce qui fait d’ailleurs que j’ai tout le temps de belles surprises, que mes interviews ne sont jamais les mêmes. Je ne m’ennuie pas, je peux faire 18 interviews à la suite, ça va peut-être me fatiguer à la fin de parler, mais je ne serai pas fatigué par le principe même de répondre à des questions. Je trouve que je suis chanceux qu’on me pose des questions. C’est assez inhabituel dans la vie normale, on ne demande pas à des gens plein de choses comme ça. Je prends ça comme un honneur. J’essaie d’être respectueux aussi des questions et des personnes, des médias et des différentes opportunités. J’essaie d’être respectueux vis-à-vis des gens qui font leur travail.

Voilà, l’authenticité pour moi et la sincérité des mots font que je ne m’ennuie pas, que je suis toujours à la recherche d’une idée (rires), j’aime me surprendre moi-même aussi, j’essaye de creuser parfois aussi. Il y a des questions où je me dis : « Tiens, c’est marrant ». Là, vous m’avez posé une question, je ne m’y attendais pas.

Laquelle ?

I.M. : Par rapport à la relation que j’entretiens avec les courts-métrages. C’est super et d’ailleurs, je vais me renseigner. Je vais vraiment recreuser parce que c’est vrai que je ne me suis pas souvent attardé sur les courts-métrages et pourtant, il y avait des très belles choses.

Qu’est-ce qui fait, pour vous, une bonne création sonore ?

I.M. : Pour moi, c’est un tout. Pour moi, la création sonore, c’est plein d’éléments. Il y a quand même la musique. Je suis musicien, donc la musique va avoir un rôle important. Comptent aussi la technique qui est utilisée, la manière avec laquelle on spatialise, la qualité de l’enregistrement, du son, la façon dont on arrive à bien distinguer les paroles, les mots. Comment on apprécie le tout, est-ce qu’on arrive à bien comprendre, est-ce que c’est tout le temps la même chose, est-ce que c’est monotone, est-ce que c’est monochronique ? Où est-ce qu’on respire ? Est-ce qu’on laisse l’oreille se reposer ? Est-ce quelque chose qu’on n’oublie pas ? D’ailleurs, la Semaine du son, c’est un peu en ça que le projet est militant. La démarche de Christian Higonnet est extraordinaire. Ce qu’il dit tout le temps, c’est que les oreilles n’ont pas de paupières, qu’on ne peut pas les protéger, donc c’est à nous d’être conscients de la manière avec laquelle on les protège. Et nos oreilles, c’est notre compréhension, c’est notre dialogue. C’est avec ça qu’on arrive à débattre, à avoir des émotions, à se comprendre, à se parler, à dialoguer, à se respecter. Et quand on ne sait pas écouter, on ne sait pas s’exprimer, on est irrespectueux. C’est pour ça qu’on coupe la parole des gens quand on n’écoute pas. Il y a des gens comme ça qui parlent, ils coupent la parole, ils ne font pas attention, ils n’écoutent pas suffisamment. Et on est de plus en plus confrontés à ça, je trouve, parce qu’il y a de moins en moins de conscience de l’importance des sons.

Vous avez vu là, les gens qui sont passés à côté de nous et qui ont fait du bruit ? Ils s’en foutent complètement alors qu’on discute. Les gens n’ont plus conscience du monde qui les entoure. On est tous focus égoïstement sur notre propre son, notre propre situation personnelle. On n’envisage plus tout ce qu’il y a autour de nous. Et ça, c’est très problématique.

Je pense que dans le cinéma, dans les courts-métrages, c’est important de systématiquement avoir un engagement là-dessus. Sinon, c’est l’horreur. Sinon, on se retrouve avec des films qui – malheureusement, ça arrive- comptent 2h de films dont 1h58 de musique.

Vous avez souffert de ne pas avoir été assez écouté ?

I.M. : On parle de musique ou on parle d’autre chose ?

On va dire qu’on parle de musique.

I.M. : Si on parle de musique, j’ai la chance d’être écouté. Je ne peux pas me plaindre. L’autre soir, à Cannes, j’étais devant 12.000 personnes. J’ai une chance incroyable. Je fais un métier qui est génial et j’ai la chance d’être écouté.

Propos recueillis par Katia Bayer

M comme Montsouris

Fiche technique

Synopsis : Un beau jour d’automne, au Parc Montsouris, Jacques et Nathan cherchent des gens intéressants à filmer pour leur documentaire. Ils tombent par hasard sur Pierre et Martin, deux drôles d’oiseaux qui s’apprêtent à vivre un moment inattendu.

Genre : Fiction

Durée : 14’

Pays : France

Année : 2024

Réalisation : Guil Sela

Scénario : Guil Sela

Montage : Guil Sela

Image : Tara-Jay Bangalter

Son : Lucas Doméjean

Interprétation : Martin Jauvat, Pierre Gandarmay, Raika Hazanavicius, Lucas Doméjean, Guil Sela

Production : Guil Sela

Article associé : la critique du film

Montsouris de Guil Sela

Au milieu du brouhaha et du chaos de la vie parisienne, les parcs se révèlent comme des endroits à part dans le temps, où chaque plaine est remplie de pique-niques et d’histoires cachées. C’est dans ce décor du quotidien que Guil Sela décide de poser les cadres de son court-métrage Montsouris, Prix Découverte Leitz Cine du court-métrage à la Semaine de la Critique 2024, qui nous raconte l’histoire de Jacques et Nathan et de leur recherche désespérée de gens intéressants à filmer pour leur documentaire. Cette quête les mènera à rencontrer Pierre et Martin, un couple d’amis aux personnalités totalement différentes (l’un est calme et placide tandis que l’autre est nerveux et colérique) qui s’apprêtent à vivre un moment inattendu.

À l’image de ces personnages dichotomiques, le film nous apparaît comme un subtil mélange de couleurs, d’envie et de genres, tant nous oscillons, en tant que spectateurs, de l’humour au drame et à la poésie cotonneuse du quotidien avec une grande facilité. Un équilibre rondement mené qui s’incarne avant tout grâce à une palette de comédiens se révélant comme la relève d’un cinéma français en proie à de nouveaux talents. En tête, nous retrouvons évidemment ce couple d’amis au comportement antithétique, incarné par Pierre Gandarmay et Martin Jauvat, tous deux très précis dans leurs incarnations et à l’alchimie superbe. Ce dernier, plus connu pour son travail en tant que réalisateur, se trouve ici à contre-emploi, loin de ses rôles habituels.

Un exercice qui nous paraît d’autant plus stimulant qu’il est effectué dans un plan-séquence d’une quinzaine de minutes. Un long plan qui met en exergue la comédie de situation inhérente au délit auquel nos héros sont confrontés. Une comédie intrinsèque, accentuée par la prise de recul apportée par la mise en scène, qui choisit de jouer sur des longues focales, magnifiant et transformant simultanément le parc de Montsouris en un décor organique où les histoires semblent omniprésentes. Une organicité qui transparaît grâce à l’utilisation de l’argentique, procédé cher au réalisateur et qui en a fait sa spécificité dans le domaine de la photographie, où il a également officié.

La figure du photographe, du filmeur, nous est ici présentée comme un pur voyeur. Inhérente au cinéma, la position de voyeur a souvent été traitée, se référant surtout à notre place en tant que spectateurs devant une œuvre cinématographique. Ici, Guil Sela se plonge dans ce voyeurisme pour interroger sa propre position en tant que filmeur et auteur à la recherche de quelque chose à dire, à montrer, à commenter. Ainsi, le film se révèle nourri de plusieurs influences cinématographiques, notamment celle de De Palma avec Blow Out. Tant dans sa construction narrative que dans le voyeurisme inhérent à son plan-séquence, le film ne cesse de citer le réalisateur italo-américain. Au final, le film se livre comme un objet cinématographique réellement passionnant, une œuvre d’une épure qui éveille chez chaque auteur le questionnement et la peur face à une page blanche.

Un discours d’autant plus métaphysique que le film se présente comme une introspection personnelle de son auteur, symbolisée à la fois par le personnage du réalisateur, que Guil Sela incarne, et par celui du preneur de son, tous deux en complète opposition sur ce qu’il faut filmer et sur la place de la vie privée dans leur quête d’images. Cette double incarnation s’affiche alors comme une personnification du tiraillement entre la quête du beau et celle de la signification des images en tant qu’art. Pour, au final, dans ses dernières minutes, mettre les observateurs en position d’observés, en perspective avec la figure du voyeur dans une société parisienne où tout le monde est à la fois spectateur et acteur.

Ainsi, en explorant les frontières floues entre l’observé et l’observateur, Guil Sela réussit avec brio à nous attacher à ses personnages et à la comédie qui émane malgré eux.

Dylan Librati

Consulter la fiche technique du film

Article associé : l’interview du réalisateur

Cannes 2024

À l’image de son affiche tirée du film Rhapsodie en août de Kurosawa, loin des strass et des paillettes du fameux tapis rouge, nos regards seront, ces jours-ci, captivés par ce qui émanera du crépuscule bleuté et des salles obscures. Avec l’ajout récent de sélections telles que Cannes Première et de la pluralité d’autres compétitions entourant la sélection officielle, l’impatience nous gagne à l’idée de découvrir l’émergence de nouveaux auteurs tout autant que la restauration de films patrimoniaux, tels que le mythique Napoléon d’Abel Gance.

En ajoutant à ceci le retour à la sélection officielle de maîtres sacré du cinéma comme Francis Ford Coppola avec son film Megalopolis, comme l’arrivée, toutes sections confondues, d’auteurs de premiers longs repérés par Format Court (Agathe Riedinger, Magnus von Horn, Louise Courvoisier, Jonathan Millet, Mo Harawe, …), tout semble nous intriguer, pour ce qui semble être une 77e édition qui s’inscrit dans un contexte crucial de l’histoire du cinéma français, marqué par un moment de libération de la parole des femmes dans l’industrie. Le festival cannois ayant décidé de mettre ces problématiques au cœur de son dispositif et de sa cérémonie d’ouverture d’Un Certain Regard en projetant ainsi le court-métrage de Judith Godrèche, Moi Aussi.

« Moi Aussi »

Le format court qui, du côté de la Croisette, semble de moins en moins marginalisé et où l’on peut voir des auteurs émerger dans d’autres catégories et passer désormais au long métrage. Comme des réalisateurs de longs revenir au court, comme Leos Carax (C’est pas moi) à Cannes Première ou Lucie Borleteau (1996 ou Les Malheurs de Solveig) et Elena López Riera (Las novias del sur), en séance spéciale à la Semaine de la Critique.

Dans la section composée par les journalistes à la Quinzaine des Cinéastes en passant par la sélection officielle ou la Cinef, le court métrage sera synonyme d’innovation et de révélation de nouveaux talents.

Une édition cannoise qui, une fois de plus, sera couverte par Format Court qui vous livrera ses coups de cœur allant des courts à certains premiers longs métrages.

Dylan Librati

Nos interviews

Lubna Azabal, Présidente du Jury des courts-métrages et des films d’écoles de la Cinef (Belgique)

Caroline Champetier, directrice photo de C’est pas moi de Leos Carax (France, Cannes Première)

Eliane Umuhire, comédienne et membre du Jury de la Semaine de la Critique (Rwanda)

Agathe Bonitzer, comédienne et membre du Jury du Prix de la Citoyenneté (France)

Guil Sela, réalisateur de Montsouris, lauréat du Prix Découverte Leitz Cine du court métrage à la Semaine de la Critique

Formats Longs : Mo Harawe, réalisateur de The Village Next to the Paradise (Somalie, France, Un Certain Regard)

Ibrahim Maalouf, co-Président du Jury de la 6ème édition du Prix de la Meilleure Création Sonore (Un Certain Regard)

Nos critiques

Las Novias del Sur de Elena López Riera, Queer Palm (Espagne, Semaine de la Critique)

L’Homme qui ne se taisait pas de Nebojša Slijepčević (Croatie, France, Bulgarie, Slovénie, Palme d’or du court-métrage 2024)

Very Gentle Work de Nate Lavey (États-Unis, Quinzaine des Cinéastes)

Les belles cicatrices de Raphaël Jouzeau (France, Compétition officielle)

Sanki Yoxsan de Azer Guliev (Azerbaïdjan, France, Compétition officielle)

Les Météos d’Antoine de Jules Follet (France, Quinzaine des Cinéastes)

Formats Longs : Les Reines du drame de Alexis Langlois (France, Belgique, Semaine de la Critique)

Montsouris de Guil Sela (France, Semaine de la Critique)

Formats Longs : Vingt Dieux de Louise Couvoisier (France, Un Certain Regard)

Les actus

Le Palmarès de la 27e édition de La Cinef

Les courts primés à la Semaine de la Critique 2024

Cannes 2024 : le Jury et la sélection des courts métrages et de La Cinef

Quinzaine des Cinéastes, les courts sélectionnés

Semaine de la Critique, les courts sélectionnés

Les interviews réalisées pendant le Festival Format Court 2024

Le Festival Format Court est terminé (mais se poursuit encore un peu). Figurez-vous qu’on a fait des interviews filmés de certains de nos invités. Les voici, ajoutées au fur et à mesure de leur mise en ligne sur notre chaîne YouTube. N’hésitez pas à revenir faire un tour sur notre site, via cette actu : beaucoup de gens (comédiens, réalisateurs, sélectionneurs) ont encore des choses à partager avec vous !


Clara Vulpiani : « Ce que nous recherchons dans un film, c’est une nouvelle perspective, une nouvelle voix »

Chaque année, nous collaborons avec un festival de cinéma de catégorie A dans le cadre de notre propre Festival Format Court. Cette année, c’est la Mostra de Venise qui a fait l’objet d’une séance spéciale portant sur 4 des courts-métrages sélectionnés au dernier festival de Venise. Clara Vulpiani, conseillère courts-métrages, était notre invitée pour nous les présenter et nous parler de son travail en amont. Elle évoque l’approche avec laquelle le comité analyse les courts qu’ils reçoivent, les qualités qui font les “perles rares” du court-métrage au regard de la programmation d’un grand festival. Dans cette recherche, des schémas se dessinent : Clara Vulpiani explique que ces dernières années, elle s’intéresse au thème de la recherche d’identité qui s’est révélé plus pertinent que jamais au fil du processus de sélection.


Bilel Chegrani : « J’essaie d’apprendre à chaque projet »

L’Américain de Maxime Renard, Prix de la presse au Festival Format Court 2024, c’est l’histoire de Malik (incarné par Bilel Chegrani) qui se fabrique un rêve grandiose jusqu’à en faire sa réalité pour quelques jours radieux. Dans cet entretien, Bilel raconte sa relation à ce personnage tant attachant que maladroit (et dans lequel il se reconnaîtrait presque !). Il revient aussi sur ses débuts dans le court-métrage avec Goût Bacon d’Emma Benestan, lorsqu’il a été frappé par l’évidence de sa passion pour le métier d’acteur. Pour lui, l’important réside dans les rencontres et à quel point elles enrichissent mutuellement les membres d’une équipe. Enfin, il nous parle de ce qu’il espère pour la suite de sa carrière.


Salomé Da Souza : « Je dirige comme on dirigerait une pièce de théâtre, en direct »

Salomé Da Souza est comédienne et réalisatrice. Elle est à l’origine de Boucan, lauréat du Prix du public et du Grand Prix du 5ème Festival Format Court.

Elle raconte l’enjeu de la représentation de personnes issues d’un milieu rural, souvent en proie aux clichés, et de l’importance pour elle d’esquiver ces stéréotypes. Le choix des comédiens est aussi évoqué dans notre entretien. Salomé Da Souza y décrypte un processus de casting rigoureux où le « feeling » occupe une place importante. Enfin, elle partage ce qui compte et fait la différence dans sa direction d’acteur, une véritable osmose sur le plan émotionnel entre metteuse en scène et comédiens.


Céleste Brunnquell : « Ce qui me plaît, c’est quand le film déborde un peu de son histoire »

Nous avons rencontré Céleste Brunnquell, comédienne (entre autres) et membre du jury de la 5ème édition du Festival Format Court. Elle nous explique ce qui l’attire à un film et évoque les origines de son parcours d’actrice ainsi que son ouverture d’esprit quant à la suite de sa carrière. Elle raconte l’importance du rapport de confiance entre metteur.se en scène et comédien.ne, et partage avec nous son désir d’enrichir sa vie professionnelle d’expériences diverses, notamment au sein du monde étudiant.


Jeanne Herry : « Un film, c’est une façon de capturer gentiment les gens »

Nous avons rencontré la réalisatrice Jeanne Herry (Je verrai toujours vos visages, Pupille) dont le court-métrage Marcher était présenté dans le cadre de la séance consacrée à la Ville de Paris, lors du 5ème Festival Format Court.

Elle nous parle des attaches personnelles que l’on peut retrouver dans Marcher et du coup de chance et d’audace qu’a représenté ce film. Elle évoque également la facilité dans sa relation de travail avec Miou-Miou, sa mère, relation qu’elle décrit comme empreinte de tendresse et bâtie sur un rapport d’égalité. Enfin, elle aborde la manière dont le court-métrage, avec son lot de (bonnes) surprises, a pavé le chemin qu’elle emprunte aujourd’hui avec le format long.


Florence Loiret Caille : « Au début, je ne savais même pas qu’on pouvait refaire une prise ! »

Nous avons échangé avec Florence Loiret Caille, marraine de la 5ème édition de notre Festival Format Court. Elle nous raconte avec joie et émotion sa rencontre avec Véronique Octon, qui a joué à ses côtés dans Seule de Erick Zonca, et évoque de façon douce-amère ses débuts au cinéma. Autoportrait honnête et touchant d’une comédienne pleine de vie, au parcours cinématographique tant éclectique que rigoureux.

Festival Format Court 2024, le palmarès !

La cinquième édition du Festival Format Court s’est achevée ce dimanche 28 avril 2024 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) avec une cérémonie de clôture en présence de nos jurés et des lauréats.

Cette semaine, nous avons mis à l’honneur la forme courte dans sa grande et belle diversité à travers 7 séances : 4 compétitives et 3 thématiques. 31 films ont été programmés au festival, en présence de nombreux spectateurs. Plus de 500 personnes ont assisté à cette édition, merci à eux !

Les 19 films sélectionnés cette année en compétition officielle ont été évalués par nos trois jurys. Un Prix du public a également été attribué par les spectateurs qui ont voté à l’issue de chaque séance pour leur film favori.

Palmarès

Jury Professionnel

Composition : Céleste Brunnquell (comédienne), Miquel Escudero Diéguez (programmeur, critique), Tom Harari (chef opérateur), Cécile Polard (scénariste) et Yassine Qnia (réalisateur)

Grand Prix : Boucan de Salomé Da Souza

Prix du scénario : Mathilde Chavanne pour Pleure pas Gabriel

Prix de l’image : Balthazar Lab pour Après L’aurore de Yohann Kouam

Prix de la création sonore : Quentin Romanet pour Guerre Las de Jean-Baptiste Bertholom

Prix d’interprétation : Yara Pilartz pour Saint Lazare de Louis Douillez

Jury presse

Composition : Joseph Boinay (Télérama), Léon Cattan (Sorociné), Pierre Charpilloz (So Film), Farah El Amraoui (Maze), Clémentine Goldszal (Le Monde 2, Elle)

Prix de la presse : L’Américain de Maxime Renard

Jury étudiant

Composition : LOU B. (Paris 8), Ribal Chedid (IESA), Axelle Jean (Sorbonne Université), Mara de Montalivet (ESRA) et Hélène Walter (SATIS)

Prix du Jury étudiant : L’anniversaire d’Enrico de Francesco Sossai

Mention spéciale : Dolce Casa de Stéphanie Halfon

Prix du public 

Vote du public : Boucan de Salomé Da Souza

Cannes 2024 : le Jury et la sélection des courts métrages et de La Cinef

Marie-Castille Mention-Schaar, Paolo Moretti, Claudine Nougaret et Vladimir Perišić composent le Jury des courts et de la Cinef présidé par la comédienne Lubna Azabal. Ils décerneront la Palme d’or du court métrage et les 3 prix de La Cinef, sélection du Festival de Cannes destinée aux films d’école. Voici les 11 courts-métrages en compétition ainsi que les 18 films de La Cinef retenus par les comités de sélection. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces sélections et ces auteurs.

Compétition officielle

VOLCELEST, Éric Briche (France)
OOTIDĖ, Razumaitė Eglė (Lituanie)
SANKI YOXSAN, Azer Guliev (Azerbaïdjan)
LES BELLES CICATRICES, Raphaël Jouzeau (France)
RRUGËS (En route), Samir Karahoda (Kosovo)
ACROSS THE WATERS, Viv Li (Chine)
PERFECTLY A STRANGENESS (Une parfaite étrangeté), Alison McAlpine (Canada)
TEA (Thé), Blake Rice (États-Unis)
AMARELA (Jaune), André Hayato Saito (Brésil)
L’HOMME QUI NE SE TAISAIT PAS, Nebojša Slijepčević (Croatie, France, Bulgarie)
BAD FOR A MOMENT (Mau Por Um Momento), Daniel Soares, (Portugal)

La Cinef

CROW MAN, Yohann Abdelnour (Liban)
BANISHED LOVE, Xiwen Cong (Chine)
PRAEIS, Dovydas Drakšas (Royaume-Uni)
ECHOES, Robinson Drossos (France)
MAUVAIS COTON, Nicolas Dumaret (France)
TERMINAL, East Elliott (États-Unis)
ELEVACIÓN, Gabriel Esdras (Mexique)
IN SPIRITO, Nicolò Folin (Italie)
THE DEER’S TOOTH, Saif Hammash (Palestine)
PLEVEL, Pola Kazak (République Tchèque)
THE CHAOS SHE LEFT BEHIND, Nikos Kolioukos (Grèce)
FOREST OF ECHOES, Yoori Lim (Corée du Sud)
BUNNYHOOD, Mansi Maheshwari (Royaume-Uni)
SUNFLOWERS WERE THE FIRST ONES TO KNOW…, Chidananda S Naik (Inde)
WITHERED BLOSSOMS, Lionel Seah (Australie)
OUT THE WINDOW THROUGH THE WALL, Asya Segalovich (États-Unis)
THREE, Amie Song (États-Unis)
IT’S NOT TIME FOR POP, Amit Vatkin (Israël)

Festival Format Court 2024, La programmation et les invités

Ça y est ! Nous sommes ravis de vous annoncer le programme du Festival Format Court 2024, qui démarre ce soir au Studio des Ursulines (Paris 5e). Cette année encore, nous célébrons du jeudi 25 au dimanche 28 avril la créativité et l’innovation cinématographique avec la présence de nombreux invités (jurys & équipes de film). 80 professionnels sont attendus pendant ces 4 jours de festival !

La compétition s’annonce intense avec 4 séances de compétitions ainsi que 3 séances thématiques, sous le parrainage de notre marraine Florence Loiret Caille. La soirée de clôture, avec l’annonce du palmarès, promet d’être un moment fort de cette édition.

Restez informé des dernières nouvelles et mises à jour sur nos réseaux sociaux. Le programme de la manifestation est disponible et téléchargeable dès maintenant.

Programmation

Rencontre professionnelle : atelier de la SRF, jeudi 25 avril, 15h30« Créer l’univers visuel d’un film : directeur artistique, chef déco, chef opérateur ». Intervenants : Damien Rondeau, chef décorateur et directeur artistique (L’Origine du mal de Sébastien Marnier, Garçon chiffon de Nicolas Maury, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez, …) et Anna Le Mouël, cheffe décoratrice (Les Reines du drame de Alexis Langlois, Le Ravissement de Iris Kaltenbäck, Saint Omer de Alice Diop, …).

Comment concevoir et rendre cohérent un univers visuel dans un film ? Comment imaginer et maîtriser son décor ? Quelle est la nature du poste de directeur artistique ? Quelles en sont les enjeux relativement à ceux qui incombent aux postes de réalisateur, chef décorateur, et chef opérateur ? Ce sera l’occasion d’entendre la parole et l’expérience de professionnels et d’échanger avec eux dans un comité restreint, propice au partage.

– Atelier gratuit, dans la limite des places disponibles
Réservation obligatoires : coordinationformatcourt@gmail.com
– Merci d’indiquer votre nom et prénom et de préciser si vous êtes membre ou non de la SRF


Ouverture du festival. Focus Marraine : Florence Loiret Caille, jeudi 25 avril, à 19h. En sa présence ainsi que celle de Erick Zonca et François Marquis (Les Productions Bagheera). Billetterie sur place et en ligne

Seule d’Erick Zonca. Fiction – 34’ – 1996 – France – Les Productions Bagheera – Nommé au César du Meilleur Court-Métrage 1998

Les Résultats du bac de Pascal-Alex Vincent. Fiction – 18’ – 2000 – France – Local Films. Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2001

La Passerelle de Juliette Sourbrier. Fiction – 17’ – 2012 – France – 4 A 4 productions – Sélectionné au Festival Premiers Plans 2011


Compétition 1, jeudi 25 avril, 21h. Billetterie sur place et en ligne

Boléro de Nans Laborde-Jourdaà. Fiction – 17’ – France – 2023 – Wrong Films, Memo Films – En lice pour le César du meilleur court-métrage de fiction 2024. En présence du réalisateur

Le Vide de Mandana Ferdos. Documentaire – 16’ – France – 2023 – Les Salines Films – Sélectionné au Festival de Villeurbanne 2023. En présence de la réalisatrice

Le Songe de Joseph de François Hébert. Fiction – 23’ – France – 2023 – Kalpa Films – Sélectionné au Festival de Rhode Island 2023. En présence du réalisateur et de la comédienne Agathe Mazouin

Herbe verte d’Elise Augarten. Animation – 12’ – France – 2023 – Novanima, Le-loKal production – Sélectionné au Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence 2023

Saint Lazare de Louis Douillez. Fiction – 28’ – France – 2023 – Les Films du Sursaut – Sélectionné au FIFIB 2023. En présence du réalisateur et de la productrice Dorothée Levesque


Focus Ville de Paris, Vendredi 26 avril, 18h30. Billetterie sur place et en ligne 

Marcher de Jeanne Herry, Fiction – 15’ – 2009 – France – Égérie Productions, Onyx Films – Sélectionné au Festival Premiers Plans d’Angers 2009. En présence de la réalisatrice

Langue Maternelle de Mariame N’Diaye, Fiction – 24’ – 2023 – France – Golgota Productions- En compétition au Dakar Court Short Film Festival 2023. En présence de la réalisatrice et du producteur Léonard Héliot

Planter les choux de Karine Blanc, Fiction – 18′ – 2013 – France – Takami Productions – En compétition au Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger 2014. En présence de la réalisatrice

Father’s Letters d’Alexey Evstigneev, Animation – 12′ – 2023 – France, Russie – Moderato, Mimesis – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence du réalisateur et des producteurs Clémence Crépin Neel, Igor Courtecuisse et Yanna Buryak

Anushan de Vibirson Gnanatheepan, Fiction – 24’ – France – 2023 – Bien ou Bien Productions, (SIC) Pictures – Sélectionné au Festival Cinébanlieue 2023. En présence du réalisateur


Compétition 2, Vendredi 26 avril, 21h. Billetterie sur place et en ligne

Le Bannissement de Yilmaz Özdil, Fiction – 20’ – Turquie, Irak – 2022 – Yılmaz Özdil, Docudrama – Sélectionné au Festival du Film de Cerdagne 2023

Pas le temps de Camille Lugan, Fiction – 12’ – France – 2022 – Barney Production – Sélectionné au Festival de films de femmes de Créteil 2023. En présence de la réalisatrice et de la comédienne Sonia Bonny

L’Américain de Maxime Renard, Fiction – 23’ – France – 2023 – G.R.E.C – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence de l’équipe du film

Guerre las de Jean-Baptiste Bertholom, Animation – 18’ – France – 2023 – Eddy Production – Sélectionné au Festival de Varsovie 2023. En présence de l’équipe du film

L’Anniversaire d’Enrico de Francesco Sossai, Fiction – 17’ – France, Allemagne – 2023 – Kidam – Sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes 2023


Compétition 3, Samedi 27 avril, 17h30. Billetterie sur place et en ligne

Les Rossignols de Juliette Saint-Sardos, Fiction – 23’ – France, Italie – 2022 – Composite Films, Illmatic Films – Sélectionné au Festival Côté Court 2023. En présence de la réalisatrice

Dolce casa de Stéphanie Halfon, Documentaire – 22’ – France – 2023 – Mondina Films, Documist, Soul Film Production – Sélectionné au Festival Frontdoc 2023. En présence de l’équipe du film

À court de mots de Lara Pinta, Fiction – 15’ – France – 2023 – Autoproduction – Sélectionné au Festival du film Franco-Arabe de Noisy-le-Sec 2023. En présence de l’équipe du film

Mémoires du bois de Théo Vincent, Fiction – 20’ – France – 2023 – Le GREC – Prix du meilleur court-métrage 2023 du Syndicat Français de la Critique de Cinéma. En présence de l’équipe du film

Déshabille-moi de Florent Médina et Maxime Vaudano, Fiction – 16’ – France – 2023 – Félicité Production, Micro Climat, La Puce À l’Oreille – Sélectionné au Festival Off-Courts 2023. En présence de l’équipe du film


Compétition 4, Samedi 27 avril, 19h30. Billetterie sur place et en ligne

Avec l’humanité qui convient de Kacper Checinski, Fiction – 25’ – France – 2023 – Takami Productions – Prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence du réalisateur

Pleure pas Gabriel de Mathilde Chavanne, Fiction – 24’ – France – 2022 – Apaches Films – Sélectionné à la Semaine de la Critique 2023. En présence de la réalisatrice

Après l’aurore de Yohann Kouam, Fiction – 24’ – France – 2023 – Alta Rocca Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence de l’équipe du film

Boucan de Salomé Da Souza, Fiction – 25’ – France – 2023 – Alta Rocca Films – Sélectionné au Festival Cinébanlieue 2023. En présence de l’équipe du film


Spotlight Venise, Dimanche 28 avril, 17h. En présence de Carla Vulpiani, conseillère courts-métrages. Billetterie sur place et en ligne

A Short Trip d’Erenik Beqiri, Fiction – 17’ – 2023 – France – Origine Films, Moteur S’il Vous Plaît – Prix Orizzonti du meilleur court-métrage 2023. En présence du réalisateur, de la comédienne Luàna Bajrami et du producteur Olivier Berlemont

The Meatseller de Margherita Giusti, Animation – 17’ –  2023 – Italie – Frenesy Film Company – Sélectionné au Festival de Venise 2023. En présence de la réalisatrice

Cross my heart and hope to die de Sam Manacsa, Fiction – 18’ – 2023 – Philippines – Chad Cabigon, Carlo Francisco Manatad – Sélectionné au Festival de Venise 2023

Et si le soleil plongeait dans l’océan de nues de Wissam Charaf, Fiction – 20′ –  2023 – France, Liban – Aurora Films – Prix spécial du jury compétition nationale au Festival de Clermont-Ferrand 2024. En présence de la productrice Katia Khazak


Remise des prix, Dimanche 28 avril, 19h. En présence des jurys et lauréats. Entrée gratuite. Pot de clôture à proximité du cinéma.


En pratique

– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)

– Billetterie relative au festival sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 9,40€, tarif réduit : 7.90€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,90€ par place (frais de gestion)

Événement Facebook

L’atelier de la SRF au Festival Format Court

À l’occasion de sa 5ème édition, le Festival Format Court a le plaisir de convier la SRF (La Société des réalisatrices et réalisateurs de films) pour son nouvel atelier, organisé pour la première fois en partenariat avec le Festival.

Véritable boîte à outils et à réflexions, « les ateliers de la SRF » sont des rencontres mettant en jeu des questions de mise en scène au cours desquelles une discussion s’engage entre les intervenants (professionnels concernés) et le public.

Le jeudi 25 avril, jour d’ouverture du Festival, la thématique abordée lors de cette rencontre portera sur le sujet suivant : « Créer l’univers visuel d’un film : directeur artistique, chef déco, chef opérateur ». Les intervenants de cette rencontre sont : Damien Rondeau, chef décorateur et directeur artistique (L’Origine du mal de Sébastien Marnier, Garçon chiffon de Nicolas Maury, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez, …) et Anna Le Mouël, cheffe décoratrice (Les Reines du drame de Alexis Langlois, Le Ravissement de Iris Kaltenbäck, Saint Omer de Alice Diop, …).

Comment concevoir et rendre cohérent un univers visuel dans un film ? Comment imaginer et maîtriser son décor ? Quelle est la nature du poste de directeur artistique ? Quelles en sont les enjeux relativement à ceux qui incombent aux postes de réalisateur, chef décorateur, et chef opérateur ? Ce sera l’occasion d’entendre la parole et l’expérience de professionnels et d’échanger avec eux dans un comité restreint, propice au partage.

Informations

Jeudi 25 avril 2024 de 15h30 à 17h30
– Mairie du 5e arrondissement : 21, place du Panthéon, 75005 Paris, 2e étage, suivre le fléchage

– Atelier gratuit, dans la limite des places disponibles
Réservation obligatoire : coordinationformatcourt@gmail.com
– Merci d’indiquer votre nom et prénom et de préciser si vous êtes membre ou non de la SRF

Le Labo du court-métrage de La Scénaristerie au Festival Format Court

Le tout premier Labo du court-métrage de La Scénaristerie croise la route du Festival Format Court !

Le Festival deviendra le vendredi 26 avril prochain le lieu de rencontres entre quatre binômes de scénaristes-réalisateurs, porteurs de projets de courts-métrages développés dans le cadre du Labo, et des producteurs, membres du SPI (Syndicat des Producteurs Indépendants), partenaire de cet évènement. Pour info, cette rencontre est privée et non accessible au public.

La Scénaristerie est une association créée en 2015. Elle a pour visée de soutenir des scénaristes créateurs qui ne souhaitent pas réaliser leurs films. Après avoir identifié quatre scénaristes en septembre 2023 sur base d’un projet de court, La Scénaristerie a sélectionné trois réalisateurs et une réalisatrice en février 2024 et ainsi constitué quatre binômes scénaristes-réalisateurs au cours de deux résidences distinctes.

La prochaine étape se déroule donc au Festival Format Court pour cette mise en relation avec une vingtaine de producteurs du SPI – seul syndicat unitaire de la production française et fort de 500 sociétés adhérentes – susceptibles de les accompagner dans la suite de leurs projets.

Les 4 projets développés sont :

Nathan Assouline (scénariste) et Joël Curtz (réalisateur). Projet : Smala
Stéphanie Chabert (scénariste) et Aurélien Lebret (réalisateur). Projet : Effet Puppy Clip
Rokia Konate (scénariste) et Juliette Boucheny (réalisatrice). Projet : Saudade
Martin Lafaye (scénariste) et Lokmane (réalisateur). Projet : Boîte vocale

Semaine de la Critique, les courts sélectionnés

La Semaine de la Critique, section parallèle du Festival de Cannes, a annoncé aujourd’hui sa sélection de courts-métrages. Voici les œuvres courtes retenues pour cette édition 2024, en sélection et en séances spéciales.

Sélection

Alazar de Beza Hailu Lemma (Éthiopie, France, Canada)
A menina e o pote (The Girl and the Pot) de Valentina Homem (Brésil)
As minhas sensações são tudo o que tenho para oferecer (My Senses Are All I Have to Offer) d’Isadora Neves Marques (Portugal)
Αυτο που ζηταμε απο ενα αγαλμα ειναι να μην κινειται (What we Ask of a Statue is That it Doesn’t Move) de Daphné Hérétakis (Grèce, France)
Ella se queda (She Stays) de Marinthia Gutiérrez Velazco (Mexique)
Montsouris de Guil Sela (France)
Noksan (Absent) de Cem Demirer (Turquie)
– Radikals d’Arvin Belarmino (Philippines, États-Unis, Bangladesh, France)
Supersilly de Veronica Martiradonna (France)
Taniec w Narożniku (Dancing in the Corner) de Jan Bujnowski (Pologne)

Séances spéciales

Las novias del sur (Les fiancées du sud) d’Elena López Riera (Suisse – Espagne)
1996 ou Les Malheurs de Solveig de Lucie Borleteau (France)
Sannapäiv (Sauna Day) d’Anna Hints & Tushar Prakash (Estonie)

Quinzaine des Cinéastes, les courts sélectionnés

La Quinzaine des Cinéastes, l’une des sections parallèles du Festival de Cannes, a annoncé hier sa sélection de longs et de courts. Voici les 9 œuvres courtes retenues pour cette édition 2024.

Après le soleil de Rayana Mcirdi (France, Belgique, Algérie)
Extremely Short de Koji Yamamura (Japon)
Immaculata de Kim Lea Sakkal (Allemagne, France)
Les Météos d’Antoine de Jules Follet (France)
Mulberry Fields de Nguyen Trung Nghia (Vietnam)
Our Own Shadow de Agustina Sanchez Gavier (Argentine)
The Moving Garden de Ines Lima (Portugal)
Very Gentle Work de Nate Lavey (États-Unis)
When the Land Runs Away de Frederico Lobo (Portugal, Espagne)

La passerelle de Juliette Soubrier

Filmer une reconstitution de scène de crime du point de vue de l’actrice qui joue la victime. Le postulat de départ de La passerelle a le don d’intriguer. Quand l’actrice en question se trouve être Florence Loiret Caille déjà mythique victime du vampire incarné par Vincent Gallo dans le Trouble every day de Claire Denis, l’intérêt va grandissant.

Juliette Soubrier dont c’est le premier film, réussit fort heureusement à éviter les effets de manches façon Faites entrer l’accusé et propose de s’éloigner du fait divers racoleur pour se concentrer sur le caractère pour le moins particulier de la situation via une mise en scène sobre mais efficace.

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Amenée en pleine nuit sur le parking d’un centre commercial désert où doit se dérouler la reconstitution, Florence prend son mal en patience et en profite pour réviser Phèdre dans la voiture de police. Le suspect arrive enfin escorté par de nombreux policiers et la première « scène » peut commencer. Elle se tient seule à l’intérieur du supermarché mais déjà rien ne va, ses chaussures sont à talons et pas plates, et ses cheveux ne sont pas attachés.  » Il veut que vous vous attachiez les cheveux », lui dit une femme en parlant du tueur qui la regarde derrière la porte vitrée.

À coups de « Mademoiselle », les flics, metteurs en scène d’un soir, la dirigent pour qu’elle adopte les gestes de cette femme qui sera amenée à mourir plus tard dans la soirée. Ce sont ces gestes, ces positions qu’on lui demande de prendre qui, petit à petit, font le lien entre elle et cette femme qui n’existe plus. Comme sur un tournage, on attend entre chaque changement de décor. L’angoisse monte, la mort approche. Personne à qui donner la réplique, pas de paroles réconfortantes.

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Le parking est glacial, la reconstitution touche à sa fin. L’agression arrive. Près de la voiture, le meurtrier présumé rejoue le moment où il a adressé la parole à sa victime. La tension est palpable et dans un geste de défense, l’actrice le repousse. « On fait semblant. On ne touche pas le prévenu » lui assène immédiatement le flic. La ligne est franchie, le contact établi. Dès lors, la déjà fragile demoiselle se perd dans ses émotions et ne distingue plus le jeu, le « faire semblant », de sa réelle angoisse. Comme la victime, elle part dans la pelouse adjacente, s’écroule puis rampe et hurle : « Me frappe pas, ça suffit ». C’est fini.

En faisant appel à Florence Loiret Caille pour ce rôle un peu casse-gueule, on reconnait déjà à Juliette Soubrier le talent de faire les bons choix. La réussite du film repose sur son interprétation de cette actrice à fleur de peau un peu paumée. Pour autant, la réalisatrice aborde son sujet avec une simplicité bienvenue sans en rajouter dans le pathos, signe d’une élégance certaine.

Amaury Augé

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Article associé : l’interview de Florence Loiret Caille

Pour information, le film sera diffusé en ouverture de notre 5ème Festival Format Court, le jeudi 25 avril 2024, en présence de notre marraine : Florence Loiret Caille.