Pourquoi est-ce que chaque année, à la même époque (fin janvier/début février), certains amateurs et professionnels du court métrage, quittent leur ville, leur famille, leur bureau, voire leur école, au profit d’un séjour à Clermont-Ferrand? Pas seulement pour rendre hommage à la ville qui a vu naître Blaise Pascal, André Michelin et Lolo Ferrari, et pour profiter de la gastronomie locale. Mais aussi – et surtout – parce que depuis 31 ans, y a lieu un événement réputé et incontournable en matière de cinéma bref : le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. Le point, les points sur cette édition.
L’arrivée
Pour se rendre à Clermont-Ferrand, il est d’usage de prendre, au choix, le train, l’avion, la voiture ou le taxi, mais dans l’obligation de se munir de cartes de visite, de vêtements de rechange, et d’éléments promotionnels (catalogues, DVD, flyers, …). Après plusieurs heures de voyage, un arrêt à l’hôtel, et un passage par le bureau d’accréditation, le festival peut commencer.
La programmation
Si le festival intéresse les amateurs et les professionnels du court, il attire aussi les films, ces supports plutôt utiles pour concevoir une programmation. Clermont a sa réputation, Clermont est populaire : près de 4800 films étrangers et plus de 1300 films français ont été soumis au comité de sélection. Au final, 400 titres ont été retenus pour cette 31ème édition. Près de la moitié alimente les trois compétitions officielles : le programme International, National et Labo (expérimental). Le reste de la programmation officielle n’en demeure pas moins énorme : cette année, le festival comptait des séances scolaires, une carte blanche à la boîte de prod’ Les Films du Nord, deux rétrospectives, l’une consacrée aux Pays-Bas, l’autre aux comédies musicales, des films de co-réalisateurs (Ciné Tandem), des films de l’école du documentaire de Lussas, une section “Clips”, sans oublier la collection Canal+ « Ecrire pour un chanteur », et des programmes de courts distribués en salle. Rien que ça.
L’organisation
Il ne faut pas se leurrer : il est impossibe de tout voir au festival de Clermont-Ferrand, non seulement parce qu’il y a énormément de séances, de programmes, et de salles, mais aussi parce que les distractions extérieures sont nombreuses. Spontanément, la pensée s’arrête sur les fêtes, les balades dans la vieille ville, les pots quotidiens au Marché du film et au Bar des Réalisateurs, et la célèbre cuisine du pays d’Auvergne (truffades, trippoux, confits de canards, fois gras, Saint Nectaire et Cantal, pompes aux pommes, glaces au vin, …). Pour rester néanmoins concentré sur les films, il faut s’organiser, revoir ses priorités, patienter à l’entrée des salles, s’approprier le programme, manger que des sandwiches, et surtout reconsidérer la question du sommeil.
L’ambiance
Chaque festival génère une atmosphère. Celle de Clermont-Ferrand est joyeuse tout en restant professionnelle. Pour preuve, les blagues, astuces, et cartes de visite s’échangent partout : au petit déjeuner, au restaurant, en salle, au Marché du film, dans les soirées, et dans les transports en commun. Pour le divertissement, les années antérieures, une joyeuse fanfare locale jouait des airs de fête sous un chapiteau, près du marché. Celui-ci a disparu, les musiciens délurés sont quand même réapparus, avec leurs perruques et instruments. Ça dansait donc toujours aussi sec, à Clermont, aux abords de la Maison de la Culture (le centre du festival), devant le café “L’Univers” (le Q.G. des badgés), et à la Coopérative du 1er Mai, pour les soirées.
La salle de presse
Les journalistes ont un refuge dans les festivals : la salle de presse. Ils y travaillent, papotent, consultent leurs mails et tentent d’être discrets lorsqu’ils surfent sur Facebook. À Clermont-Ferrand, la salle de presse a une particularité : elle se trouve dans un local de la piscine municipale. Scoop : le court métrage aime le chlore, les yeux rougis, ainsi que les bonnets et maillots de bain.
France Culture
Quelques jours avant le festival, un mail fou tombe. « Tout arrive ! », l’émission quotidienne d’Arnaud Laporte diffusée sur France Culture, compte poser ses casques et ses questions à Clermont-Ferrand. Une table-ronde critique, en direct et en public, est prévue en première partie d’émission. L’auteur de ces points-lignes est invitée à y participer aux côtés de Jacques Kermabon, rédacteur en chef de la revue Bref.
Stress et culture. Pendant six jours, la pensée rebondit. Enthousiasme. La radio mauve et son émission confrontant les points de vues et les fourchettes s’intéressent à Format Court ! Angoisse. La rédac’ chef a une totale inexpérience en matière d’ondes, de direct et de public, et redoute de lâcher à l’antenne des bafouillements, des hésitations, des tutoiements, et surtout des bêtises. Heureusement, l’émission ne dure que 30 minutes, et 300.000 personnes “seulement” l’écoutent en moyenne. Rassurée ?
Le palmarès
Un festival se clôt par un palmarès. Pour ceux qui assistent à la remise de prix, c’est l’occasion de connaître les choix des différents Jurys, d’identifier les gagnants, d’applaudir les entrées et sorties de scène, de compter le nombre de mentions (14, cette année à Clermont-Ferrand), de découvrir l’affiche du prochain festival, et d’assister à l’ultime projection, celle des Grands Prix liés aux compétitions.
Le retour
En quittant le festival, plusieurs actions sont censées s’accomplir : libérer la chambre avant midi, ne pas rater le train/l’avion, pester contre le poids de sa valise, revenir à la vie normale, mémoriser les dates du prochain festival (29 janvier – 6 février 2010), dormir, et surtout, surtout, se motiver pour aller à la piscine, autrement que dans le cadre journalistique de Clermont.
Katia Bayer