Tous les articles par Katia Bayer

Fête de l’animation 2009

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Depuis 2004, la Fête de l’animation propose à Lille une programmation centrée sur l’animation dans toutes ses expressions : cinéma et arts numériques, BD et manga, jeu vidéo, culture asiatique. Cette année, la cinquième édition de la Fête proposait, du 16 au 19 avril, différents rendez-vous aux amateurs du genre : un zoom sur Miyazaki (projections, exposition, conférence), une théma centrée sur l’Europe de l’Est (invitation à six maisons de production et trois écoles d’animation), un coup de projecteur sur l’anim’ française (cartes blanches offertes à six maisons de production françaises), des soirées électro-animées, des ateliers de découvertes des techniques d’animation, des conférences, des expositions, ainsi qu’une journée professionnelle dédiée aux spécialistes de la filière animation.

Retrouvez dans ce Focus :

Quinzaine des Réalisateurs : la sélection

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La Quinzaine des Réalisateurs est une section indépendante, internationale, et non compétitive du festival de Cannes, fondée en 1968 par la SRF (la Société des Réalisateurs de Films). Motivée par la découverte, l’audace, et la prise de risques, elle convie, chaque année, pendant le festival, des jeunes réalisateurs inconnus comme des cinéastes confirmés. Cette année, 14 courts métrages feront partie de l’actualité de la Quinzaine.

A Repüles Története (L’histoire de l’aviation) de Balint Kenyeres (Hongrie)

American Minor de Charlie White (Etats-Unis)

Anna de Rúnar Runarsson (Danemark)

El ataque de los robots de Nebulosa-5 de Chema Garcia Ibarra (Espagne)

Canção de amor e saúde (Chanson d’amour et de bonne santé) de João Nicolau (Portugal, France)

Cicada de Amiel Courtin-Wilson (Australie)

Drömmar Från Skogen de Johannes Nyholm (Suède)

Dust Kid de Yumi Jung (Corée du Sud)

Les Fugitives de Guillaume Leiter (France)

Jagdfieber de Alessandro Comodin (Belgique)

John Wayne Hated Horses de Andrew Betzer (Etats-Unis)

Nice de Maud Alpi (France)

Superbarroco de Renata Pinheiro (Brésil)

Thermidor de Virgil Vernier (France)

Le site de la Quinzaine des Réalisateurs : www.quinzaine-realisateurs.com

Semaine Internationale de la Critique : la sélection des journalistes

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Première section parallèle du Festival de Cannes, la Semaine Internationale de la Critique révèle depuis 1962 des jeunes cinéastes et des films fragiles et différents (courts, longs, et moyens métrages). Cette année, le « nouveau souffle du cinéma », prévu du 14 au 22 mai, enveloppera les sept courts métrages en compétition.

La sélection 2009 est la suivante :

Together d’Eicke Bettinga (Allemagne / Royaume-Uni)

Noche adentro de Pablo Lamar (Paraguay)

Runaway de Cordell Barker (Canada)

C’est gratuit pour les filles de Marie Amachoukeli & Claire Burger (France)

Tulum (La virée) de Dalibor Matanic (Croatie)

Logorama de François Alaux, Hervé de Crécy, Ludovic Houplain (H5) (France)

Slitage (Seeds of the Fall) de Patrick Eklund (Suède)

Le site de la Semaine de la Critique : www.semainedelacritique.com

Nicolas Engel et le film musical

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Il grandit à Hong Kong et à Londres, où naît son goût pour la comédie musicale. En 2005, il réalise son premier court métrage musical, « Les Voiliers du Luxembourg », puis approfondit son travail sur la fiction chantée avec « La Copie de Coralie ». Il… STOP !

Nicolas Engel, sensible aux films musicaux, à l’intemporalité, à la communication, à la mémoire, et au rythme, est le réalisateur de trois courts métrages, deux « classiques », et un mobile. « Les Voiliers du Luxembourg » relate la rencontre de petits bateaux et de grandes personnes, par le jeu de l’amour, du vent, et du hasard. « La Copie de Coralie », narre le souvenir d’une rencontre et d’une trace, une photographie reproduite à l’infini. Réalisé la même année, avec un téléphone portable, « Un premier amour » mêle, quant à lui, oubli et séduction dans le métro parisien.

Trois films, un auteur, un focus. Retrouvez-y :

Nicolas Engel : l’intrigue et le dialogue chanté

Il arrive en vélib’ (vélo en libre-service), s’excuse d’avoir du retard (quatre minutes), laisse ses cheveux (châtains) devant ses yeux (noisette), et est content de ne pas être résumé à sa bio (officielle). Interview-café, avec Nicolas Engel, le réalisateur des « Voiliers du Luxembourg », d’ « Un premier amour », et de « La Copie de Coralie ».

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D’où vient ton intérêt pour le cinéma ?

Je ne sais pas. J’ai toujours aimé le cinéma, je n’ai pas le souvenir d’un déclic. Mes parents ne sont pas dans ce milieu-là, je me rappelle seulement avoir été marqué, très jeune, par certains moments de cinéma. Il y eut l’empreinte de « Vertigo » d’Hitchcock. Enfant, je l’ai vu chez mes grands-parents, et j’ai eu très peur. Ils m’ont obligé à aller me coucher cinq minutes avant la fin, au moment où James Stewart emmène de force Kim Novak en haut du clocher. Cette image m’est longtemps restée en tête.  « Blanche Neige » de Walt Disney a provoqué le même effet : mon père m’a fait sortir de la salle, juste après que la reine se soit transformée en sorcière. En revoyant le film, il y a quelques années, je me suis rendu compte à quel point cette comédie musicale était incroyablement bien écrite.

Très tôt, tu t’es donc intéressé au cinéma chanté ?

Depuis l’enfance, j’ai toujours apprécié les moments où les personnages se mettaient à chanter dans les films. Assez rapidement, mon père a remarqué que j’aimais écrire des histoires en chanson, et que j’interprétais tout le temps des pièces de théâtre avec ma soeur. Il a commencé à nous filmer en train de jouer et de chanter, mais c’est moi qui lui disais : “tu mets ta caméra là, et tu fais ça”. J’avais une idée claire de ce que je voulais, mais je n’étais pas conscient que j’étais en train de faire de la réalisation.

Saut dans le temps. Tu as étudié le cinéma, notamment à la Sorbonne…

J’ai toujours su que je voulais étudier le cinéma. Après, j’aurais peut-être plus imaginé aller à la Fémis qu’à la Sorbonne. J’ai tenté le concours en scénario tout de suite après le bac. J’étais beaucoup trop jeune, je n’avais rien préparé, je me suis fait recaler. Ensuite, après mes études à la fac, j’ai tenté le concours en montage, parce que tout le monde me disait que c’était impossible de l’avoir en réalisation. Le jury m’a dit que je ne voulais pas faire de montage, et que j’allais être un monteur frustré (rires)! Je leur avais dit que je voulais monter des comédies musicales, et ils m’ont répondu : “mais vous savez, jeune homme, il n’y en a pas beaucoup, des comédies musicales en France ! (rires) ”.

La Sorbonne propose une formation très théorique. Vous n’avez pas la possibilité de faire de films de fin d’études.

Non. Après, chacun se débrouille pour rencontrer des gens et monter des projets. Les gens que j’ai rencontrés là-bas sont souvent dans la théorie. Ils ont des idées, mais quand il s’agit de passer à la réalisation, ils rencontrent des problèmes, parce qu’on ne les a pas poussés à faire des films, et parce qu’on ne leur a pas appris la pratique. À la Sorbonne, on nous enseigne plutôt l’histoire du cinéma, la critique, l’esthétique des images, etc. C’est une formation théorique très éloignée de la réalité d’un tournage et d’un film.

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Comment en es-tu alors arrivé à faire ton premier film, en sortant de l’école ?

Après la Sorbonne, j’ai travaillé dans une agence, comme monteur. J’y faisais des bandes-annonces pour le cinéma et la télévision. J’avais très peu de temps libre, mais en parallèle, j’écrivais « Les Voiliers du Luxembourg » avec Pierre Gascouin, le compositeur du film. Les films que j’avais faits jusque là, avec une caméra DV au poing, ne ressemblaient à rien, et je n’avais aucune idée de la manière dont un projet cinéma se montait. Du coup, le film s’est fait dans une inconscience totale : on ne s’est pas posé de questions, et on ne s’est pas demandé si notre projet était réalisable.

Ce film a été ton premier court métrage chanté. Au fil du temps, tu as “gagné” une étiquette : celle de réalisateur de comédies musicales.

Je ne l’avais pas à l’époque. Ça étonne toujours les gens que je continue à rester dans ce thème, alors que ce qui me plaît, c’est de travailler un genre, et de voir tout ce que je peux expérimenter dessus. Pour moi, le fait de chanter, et de poser ses mots sur une musique accompagnant une intrigue, peut renforcer l’émotion et la justesse contenues dans le film.

Quand tu abordes un film, penses-tu à sa musique avant son histoire ?

Cela dépend du film. Le projet « Les Voiliers » est né de l’image des petits bateaux du bassin du Luxembourg qui se croisent d’une manière très musicale, et des musiques hyper jazz que Pierre avait imaginées pour coller à ces mouvements. Le point de départ du deuxième film, « La Copie de Coralie », a été d’introduire des personnages dans un magasin de reprographie, avant tout parce que le son de photocopieuses m’intéressait pour construire les dialogues et une intrigue. Sur ce film-là, on ne partait donc pas de la musique, mais du son, tout comme dans « Un premier amour », le film que j’ai tourné avec un téléphone portable. Pour moi, le son de ces deux films est proche, et intervient dans la narration : il sert à évoquer le souvenir.

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Dans ton travail, la mémoire s’imprime aussi sur les murs.

Les murs ont un sens légèrement différent dans chacun de mes films. J’aime bien les considérer comme des traces de ce qui est passé, comme des surfaces sur lesquelles le souvenir s’est inscrit. Quand j’écrivais « Les Voiliers », j’ai été inspiré par les peintures de Némo. Celui-ci revient souvent sur les murs qu’il a déjà peints, et peint par dessus, mais un peu différemment. Il joue beaucoup de la ville, de la récurrence, et des différences. Du coup, la mémoire travaille, parce qu’on ne sait plus, et qu’on est perdu. Sur « Les Voiliers », je voulais filmer les murs de Némo, parce que je voyais un parallèle entre sa démarche et la mienne. Ce qu’il cherche à faire, c’est créer un petit moment d’évasion du monde réel, à travers la peinture d’un mur triste et sale. C’est ce que j’imaginais faire sur mon premier film : proposer une autre façon de regarder le réel.

À l’époque des « Voiliers », tu mentionnais que le film devait “être naïf sans être niais”. Comment as-tu évité de tomber dans le ridicule ?

J’ai essayé d’être dans la sincérité, et non dans une fausse naïveté, parce que sinon, je me serais approché du ridicule. « Les Voiliers » ont représenté un défi, car je tenais vraiment à filmer cette naïveté de manière sincère. Le projet partait de ces petits bateaux et de la simplicité de ce jeu qui étonne toujours les touristes américains qui ne comprennent pas pourquoi les enfants s’amusent à pousser des bateaux avec un bâton, et qui se demandent toujours où sont cachées les télécommandes. Voilà, moi, je tenais à ce que mon film ait la simplicité de ce jeu-là.

Il est difficile de situer ce film dans le temps. Pourquoi avoir choisi de travailler sur l’idée d’intemporalité ?

Ce qui me paraît incroyable par rapport à ce bassin de petits bateaux, c’est que cela fait plus d’un siècle qu’il est là, qu’il n’a pas bougé, qu’un travail est fait pour l’entretenir, et qu’on ne voit pas le temps passer à cet endroit-là. J’y ai rencontré de nombreuses personnes âgées qui venaient se promener là parce que le lieu, lié à leur enfance, était resté intact, et chargé de souvenirs. Je voulais vraiment garder ce lieu comme lieu de mémoire, du coup, j’ai eu envie de raconter une histoire intemporelle. C’est pour cela qu’on s’est montré très attentif à ce qu’aucun élément ne permette de situer l’histoire.

On sent l’empreinte de Demy sur ce film…

Effectivement, le clin d’oeil était vraiment très appuyé. Il y avait tellement de choses dès le départ (la musique de Pierre, les petits bateaux, comme dans « Les Demoiselles de Rochefort »,…) qui faisaient penser à Jacques Demy qu’on a décidé à un moment de l’assumer à fond, et de construire le film en hommage au cinéaste.

Il y a une tentation ces dernières années de faire tourner des chanteurs, comme on voit des comédiens se mettre à chanter. Pour « La Copie », comment as-tu dirigé Serge Riaboukine et Juliette Laurent ?

Avec Juliette Laurent, sur « Coralie », ça a été très simple, parce qu’on se connaît depuis longtemps, et qu’elle savait ce que je voulais. Il y a eu une belle rencontre avec Philippe Poirier, dont la musique n’est pas réellement chantée. Avec lui, il ne s’agit pas de porter la voix, mais plus de poser les mots sur un rythme. Entre Juliette et Philippe, ça a été très simple. Ils ont répété trois fois la chanson, et c’était parti. Avant d’appeler Serge Riaboukine, j’ai revu « La Leçon de guitare » [Martin Rit], dans lequel il chante du Gainsbourg. Son parlé-chanté était parfait pour « La Copie ». En le rencontrant, j’ai appris qu’il avait chanté en play-back, or, mon film, je voulais le faire en son direct. On lui a donc mis la musique en oreillette, et il a su, petit à petit, se réapproprier la mélodie de Philippe, et poser ses mots sur le rythme.

La même année que « La Copie de Coralie », tu as réalisé un film mobile, « Un premier amour »,  dans le cadre de la collection “Caméra de Poche” lancée par ARTE. Comment as-tu envisagé l’idée de filmer avec un téléphone plutôt qu’avec une caméra ?

Depuis « La Copie de Coralie », je travaille avec Hélène Vayssières [chargée des courts et moyens métrages au sein de l’Unité Cinéma d’Arte France]. Pendant le montage de « La Copie », elle m’a proposé de faire un film avec un téléphone, et je dois bien admettre que je n’étais pas convaincu par l’idée, sur le coup. Sur le moment, je ne savais pas trop quoi faire, et puis, quand j’ai reçu le téléphone, je me suis soudainement rendu compte que je pouvais l’utiliser dans l’autre sens, et ne pas filmer en 16/9, mais en format portrait. Tout d’un coup, ça, ça m’a paru super excitant d’être dans la verticalité des corps, et de filmer un champ contrechamp de cette manière. Ensuite, comme tout ce que je fais aborde le thème de la communication et de la non communication, cela semblait finalement assez ironique d’utiliser ce moyen de technologie, censé favoriser le contact. Après, au moment du tournage ça a été plutôt ridicule de se pointer dans le métro, et de bloquer un wagon, avec les comédiens, la perche, la lumière, et comme seul outil dans les mains, un petit téléphone (rires)! Surtout que le petit téléphone émettait un petit bruit vraiment grotesque quand on appuyait dessus !

T’es-tu senti plus libre avec ce nouveau médium ?

Le film de poche s’est vraiment fait sur une courte période, et si il avait une base scénaristique, il s’est construit, pour moitié, au montage. Ce qui m’a plu, c’est de pouvoir être surpris. Ça ne m’était pas arrivé sur les autres films, parce qu’ils étaient tellement écrits avant le tournage que je savais vraiment où j’allais. En faisant « Un premier amour », je savais que j’avais une sécurité : si le montage ne donnait rien, on pouvait toujours aller tourner une scène supplémentaire. Tout le contraire d’un court métrage tourné en pellicule : en général, c’est inimaginable de repartir tourner un jour ou deux, pour des questions de budget et de planning.

Où en es-tu dans tes prochains projets, le court (« Les lignes de Sam Un »), et le long (« De quelque part ») ?

Le court va se tourner au Havre. Il se déroule dans une librairie dans laquelle un personnage joue constamment au piano, et il traite du conflit entre ce qui se passe à l’intérieur, et à l’extérieur. En ce moment, je travaille sur la musique avec un groupe du Havre, “Your Happy End”. En ce qui concerne le long métrage (qui portera un autre nom), je suis en pleine écriture. Il s’agit en quelque sorte d’une version longue de « La Copie de Coralie ». A priori, je pense retravailler avec Philippe Poirier, qui avait signé la musique de « Coralie ».

Question carte blanche. Qu’est-ce qui t’intéresse dans le court métrage ?

Initialement, j’ai toujours eu un désir de cinéma, mais aucune formation valable pour me prétendre réalisateur. Du coup, le court métrage m’a vraiment permis de tout apprendre, puisque je ne savais rien de la manière dont se déroulait un tournage. Sur « Les Voiliers », j’ai mis quelques jours à comprendre que c’était moi, le chef du navire, et que je risquais de perdre une partie de l’équipe en route. Ce que j’aime dans le court métrage ? Sa faculté de proposer des petits moments d’évasion, en posant un regard différent sur le réel.

Propos recueillis par Katia Bayer

Consulter les fiches techniques suivantes : « La Copie de Coralie », « Les Voiliers du Luxembourg »

Articles associés : la critique de «La Copie de Coralie », l’interview de Serge Riaboukine

La Copie de Coralie de Nicolas Engel

Autrefois, j’ai aimé une femme

Un scooter rose trendy parcourant les rues d’une ville grise, un magasin de reprographie aux allures de bar-tabac, un gérant enfermé dans le souvenir d’une femme aimée, et une assistante qui a tout d’un ange gardien, tels sont les ingrédients de « La Copie de Coralie », le deuxième film de Nicolas Engel.

Sélectionné l’an dernier, à Cannes, à la Semaine Internationale de la Critique, et lauréat de nombreux prix remportés dans le monde, « La Copie de Coralie » dresse le portrait d’un homme hanté par le souvenir d’une femme. Témoin du désarroi de son patron Monsieur Conforme (Serge Riaboukine), gérant du magasin « Copie Conforme », Virginie, son assistante (Jeanne Cherhal) décide de prendre les choses en mains, et placarde les murs de la ville de l’effigie de la belle disparue.

Dans une atmosphère teintée de nostalgie, la reproduction devient un moyen efficace et concret de faire ressurgir le passé. L’image du souvenir se voit dès lors dupliquée à l’infini, tout en n’étant qu’une pâle copie de l’originale. Celle-ci se sent par ailleurs obligée de porter une perruque pour être conforme à la copie. Dans le dédale des faux-semblants, Nicolas Engel pose une réflexion personnelle sur le souvenir et l’amour, si étroitement liés dans son travail.

La musique de Philippe Poirier (du groupe Kat Onoma) habite véritablement le film pour incarner un personnage à part entière. Le compositeur offre une partition qui colle à l’univers du court métrage, mêlant sons d’ambiance (tintamarre mécanique et récurrent des photocopieuses et du tiroir-caisse), phrasé légèrement vieillot glissant subtilement vers le chant, accords de guitare et notes électroniques. Avec « La Copie de Coralie », Engel s’écarte volontairement de la rigueur formelle de son premier film, « Les Voiliers du Luxembourg »  (2005), pour se rapprocher d’une musique plus libre qui sied bien au film. L’enregistrement des mélodies, en son direct, permet d’ailleurs la souplesse et la légèreté nécessaires à cette narration épurée.

Avec ce deuxième opus, le cinéaste nous livre une comédie chantée à l’accent grave et nostalgique, aux intonations naturelles et légères. Poursuivant par là son exploration du film musical où l’on devine l’influence de Demy et de son monde enchanteur.

Marie Bergeret

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Article associé : l’interview de Nicolas Engel

C comme La Copie de Coralie

Fiche technique

Synopsis : Monsieur Conforme, gérant du magasin de reprographie « Copie Conforme », vit depuis trente ans dans le souvenir d’une femme disparue. Sa jeune assistante Virginie décide de prendre les choses en mains et affiche un avis de recherche sur les murs de la ville…

Genre : Fiction

Durée : 22′

Pays : France

Année : 2008

Réalisation : Nicolas Engel

Scénario : Nicolas Engel

Monteur image : Nassim Gordji Tehrani

Monteuse son : Claire-Anne Largeron

Mixeuse : Laure Arto

Musique : Philippe Poirier

Interprétation : Serge Riaboukine, Jeanne Cherhal, Juliette Laurent, Christine Brücher

Production : Crescendo films

Articles associés : la critique du film, l’interview de Nicolas Engel

V comme Les Voiliers du Luxembourg

Fiche technique

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Synopsis : De petites embarcations poussées par le vent, se croisent, s’évitent, se heurtent. Le bateau d’Édith et de son fils César rencontre celui d’un inconnu. Un homme qui va les détourner du sillon bien tracé de leur vie à deux.

Genre : Fiction

Durée : 24’

Pays : France

Année : 2005

Réalisation : Nicolas Engel

Scénario : Nicolas Engel

Images : Stephen Barcelo

Son : Jérôme Ayasse

Montage : Sophie Reine

Musique : Pierre Gascoin

Décor : Zakkaria El Ahmadi

Costumes : Aurélie Morille

Interprétation : Juliette Laurent, Manuel Vallade, Nathan Rosselin, Caroline Breton

Production : Les Films du Bélier

Article associé : l’interview de Nicolas Engel

Festival du court métrage de Bruxelles : la compétition internationale

Le Festival du court métrage de Bruxelles (30/4-10/5) a dévoilé les titres de sa compétition internationale. Voici la liste des 56 films sélectionnés :

* Amnesia Global Transitoria – Ana Maroto – Espagne

* Arbeit Fur Alle – Matthias Vogel – Allemagne

* Belle Maman – Simon Lamantagne – Canada, Québec

* Café paraiso – Alonso Ruizpalacios – Mexique

* Caporal Crevette – Christian Laurence – Quebec

* Celluloidiva – Harald Schleicher – Allemagne

* C’est plutôt genre Johnny Walker – Olivier Babinet – France

* La Chaine du froid – Samuel Hercule – France

* Le Cœur d’Amos Klein – Uri Kranot, Michal Pfeffer – France

* Consulta 16 – Jose Manuel Carrasco – Espagne

* Déraciné – Pierre-Antoine Fournier – Canada, Québec

* Descendants – P. Cunningham, H. van der Scherm – Allemagne, Etats-Unis

* Directions – Kasimir Burgess – Australie

* Dix – M. BIF – France

* El ataque de los robots de nebulosa-5 – Chema Garcia Ibarra – Espagne

* El Viaje Al Paraiso – Juanan Martinez – Espagne

* En Perfekt Dag For Golf – Eric Magnusson – Norvège

* Espalhadas pelo ar – Vera Egito – Brésil

* Féileacán – Cecilia McAllister – Irlande

* Fêlures – Nicolas Pawlowski – France

* Hot Dog – Bill Plympton – USA

* In Deiner Haut – Pola Schirin Beck – Allemagne

* Instead of Abracadabra – Patrik Eklund – Suède

* Io parlo ! – Marco Gianfreda – Italie

* Jerrycan – Julius Avery – Australie

* Kärleksbarn//Love Child – Daniel Wirtberg – Suède

* Leaving – R Penfold, S Hearn – UK

* Love Does Grow on Trees – Bevan Walsh – UK

* Love you More – Sam Tayloor Wood – UK

* Luksus – Jaroslaw Sztandera – Pologne

* Martin – Sean Branigan – Irlande

* Naglinn – Benedikt Erlingsson – Islande

* Next Floor – Denis Villeneuve – Canada, Québec

* Nous – Olivier Hems – France

* Omelette – Nadejda Koseva – Bulgarie

* Pussyfooting – Lisa James-Larsson – Suède

* Ses – Jesper Waldvogel Rasmussen – Danemark

* Signalis – Adrian Flückiger – Suisse

* Skhizein – Jeremy Clapin – France

* Sleeping Mat – Stephen M Cleary – Nouvelle Zélande

* Stig – T Norstrom, H Gyllenskiold – Suède

* Storstad – Rafael Deugenio – Suède

* Synthétiseur – Sarah Fortin – Canada, Québec

* Teine tulemine – Tanel Toom – Estonie

* The Counterpart – Laszlo Nemes Jeles – Hongrie

* The First Day – Karolina Jonsson – Suède

* The Last Page – Kevin Acevedo – USA

* Tierra Y Pan – Carlos Armella – Mexique

* Travemünde Trelleborg – Sanna Lenken – Suède

* True Beauty This Night – Peter Besson – USA

* Two Birds – Rúnar Rúnarsson – Islande

* U Ime Sina – Harun Mehmedinovic – Bosnie/USA

* Vacsora – Karchi Perlmann – Hongrie

* Voyage d’affaires – Sean Ellis – France

* Les Williams – Alban Mench – France

* Zand – Joost Van Ginkel – Pays-Bas

Le site du festival : www.courtmetrage.be

Festival du court métrage de Bruxelles : la sélection nationale

Le Festival du court métrage de Bruxelles (30/4-10/5) a fait connaître la composition de de sa sélection nationale. 24 films ont été retenus :

* Bonne nuit – Valery Rosier

* Classes vertes – Alexis Van Stratum

* De si près – Rémi Durin

* Dimanche Soir – François Pirot

* Dimitri – Elisabet Lladô

* Jazzed – Anton Setola

* Jimmy – Brieuc de Goussencourt et Romain Graf

* La balançoire – Christophe Hermans

* La Monique de Joseph – Damien Chemin

* Légende de Jean L’Inversé – Philippe Lamensch

* L’été – Vania Leturcq

* Michel – Emmanuel Marre

* Milovan Circus – Gerlando Infuso

* Névroses et vieilles Layettes – Jean-François Metz

* Orgesticulanismus – Mathieu Labaye

* Panpan – Sacha Caloussis

* Pantone 549 – Samy Brunett

* Richter – Sven Pauwels

* Tunnelrat – Raf Reyntjens

* Venciu – Santos Hevia

* Victor – Kobe Van Steenbergh

* Voor ons ma – Benoît De Clerck

* Voyage autour de ma chambre – Olivier Smolders

* We are so happy – Wannes Destoop

Le site du festival  : www.courtmetrage.be

Cândido de Zepe

Dance with death

Présenté dans de nombreux festivals dont celui d’Anima, de Cracovie, d’Amiens et de Téhéran, « Cândido » est le tout dernier court métrage de Zepe (José Pedro Cavalheiro), réalisateur portugais diplômé de l’École supérieure des Beaux-Arts de Lisbonne et de La Cambre à Bruxelles. Sensualité XXL et rythme noir sont au rendez-vous.

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Une femme abattue, consommant des cigarettes à la chaîne et des antidépresseurs, tâche en vain de joindre son amoureux par téléphone. Celui-ci, installé en face de chez elle, entraîne sa victime vers le désespoir et la chute.

« Cândido » est un film avant tout sensuel, sobre et très mûr, grâce aux descriptions subtiles et approfondies de ses personnages. La femme, dont on ne voit jamais le visage, est une amazone aux rondeurs exagérées qui arrive à peine à être contenue dans le cadre. Elle évoque la vamp de jadis qui, ayant perdu ses charmes en même temps que sa silhouette, finit en toxicomane ravagée. Son chien est en quelque sorte un symbole d’elle-même, obèse, maltraité et geignard. Quant à Cândido, l'(anti)héros éponyme, il s’agit d’un homme froid, sadique, maître de son monde et manipulateur par excellence, perché tel un vautour en attente de sa proie. La caractérisation des personnages se retrouve aussi dans les détails. À titre d’exemple, le fil téléphonique rongé démontre le côté obsessionnel voire désespéré de la femme, et le temps pris par Cândido pour réagir à la sonnerie du téléphone (et pour raccrocher aussi sec) révèle son caractère dur et intransigeant.

Évoquant un sujet relativement morbide, « Cândido » traite de la manipulation, par le biais d’un registre fin et esthétisant. Le dessin est marqué par des couleurs ternes et une ligne forte et foncée, évocatrice de l’Expressionnisme. L’animation témoigne d’un ‘travail de caméra’ extraordinaire : la mise en scène, proche de la live action, est enrichie par des plans subjectifs, des travellings réalistes, et des perspectives vertigineuses. Ces éléments évoquent de véritables mouvements de caméra, tout comme le traitement du cadre : la femme est capturée dans de très gros plans quasiment claustrophobes, tandis que le manipulateur Cândido est animé dans des plans larges et aérés.

Autre élément esthétique : la musique. Elle prend alternativement la forme d’un tango syncopé pour la femme, et une succession d’accords secs et pesants pour Cândido. Le résultat est un va-et-vient langoureux entre deux personnages et deux lieux, une chorégraphie narrative qui emporte doucement le spectateur.

Le titre laisse supposer une ironie évidente. Allusion au cynisme qui entoure le personnage trop ‘Candide’ de Voltaire [« ce sont des ombres à un beau tableau »] ou clin d’œil inversé à Candida, l’héroïne honnête et forte de Shaw ? Quoi qu’il en soit, « Cândido » est un remarquable exploit d’animation qui répond parfaitement à la définition du ‘Grand Art’, rien que par sa capacité de transformer des choses qui a priori ne sont pas belles.

Adi Chesson

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C comme Cândido

Fiche technique

Synopsis : Candide ne l’a jamais aimée. La manipulation est son jeu préféré.

Genre : Animation

Durée : 11′20″

Pays : Portugal

Année : 2007

Réalisation : Zepe (José Pedro Cavalheiro)

Scénario : Virgilio Almeida, Zepe (José Pedro Cavalheiro)

Animation : Catarina Romano, Isabel Penisga, Lorenzo Degli’Innocenti, Nuno Beato, Nuno Costa, Sofia Cavalheiro

Son : Paulo Curado

Montage : Cátia Salgueiro, Nuno Beato

Musique :  Carlos Zíngaro, João Lucas, Paulo Curado, Ulrich Mitzlaf

Production :  Zepe (José Pedro Cavalheiro), Insectos, Cinema e Multimédia, Lampadacesa – Cinema de Animação

Distribution : Arthur Cox LTD

Article associé : la critique du film

KJFG n°5 de Alexei Alexeev

Symphonie forestière

« KJFG n°5 » est une animation musicale absurde mettant en scène nos amis, les animaux des bois. Lauréat du prix SACEM de la musique originale au Festival d’Annecy en 2008, ce sketch hongrois épatant, apprécié à Anima et ailleurs, laisse un air ridicule dans la tête et un sourire joyeux sur les lèvres.

“Professionnels” jusqu’au bout des pattes, ils se sont donnés rendez-vous dans la forêt, pour une énième répétition. À chaque musicien, son instrument : l’ours joue de la basse avec un tronc d’arbre, le lapin se sert de sa queue et de sa tête, tandis que le loup fait travailler ses drôles de cordes vocales. Concentrés, ils tapent, jouent, grattent, font vibrer, chantent, battent la mesure, s’interrompent, et reprennent leur morceau, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent un trio menaçant (le chasseur, son chien, et son fusil) se diriger dans leur direction.

Avec un titre partagé entre une symphonie et un parfum, « KJFG n°5 » est une petite chose hilarante, simple et efficace qui doit ces adjectifs à sa musique et à son animation très abouties. Alexei Alexeev, réalisateur russe travaillant à Budapest, à l’origine du film, s’était déjà fait remarquer en 2007 avec son précédent court, « Huhu », dans lequel huit drôles d’oiseaux paumés se laissaient glisser dans la neige, en plein milieu de l’Arctique. D’un film à l’autre, le regard décalé, le comique de situation, le travail sur le son, la durée limitée, et les dessins ravageurs de Alexei Alexeev font mouche. On est d’autant plus impatient de découvrir la série télévisée « Log Jam » (« The Log », « The Rain », « The Moon », « The Snake ») sélectionnée, cette année, à Annecy, que « KJFG n°5 » en est le premier épisode.

Katia Bayer

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Article associé : l’interview d’Alexei Alexeev

K comme KJFG n°5

Fiche technique

Synopsis : Trois musiciens professionnels, l’ours, le lapin et le loup, répètent dans la forêt, mais soudain le chasseur arrive.

Genre : Animation

Durée : 2’10’’

Pays : Hongrie

Année : 2007

Réalisation : Alexei Alexeev

Scénario : Alexei Alexeev

Animation : Alexei Alexeev

Décor : Alexei Alexeev

Son : Alexei Alexeev

Technique : Ordinateur 2D

Musique : Alexei Alexeev

Production : Studio Baestarts LTD

 

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Alexei Alexeev

 

Clare Kitson : Channel 4 et le film d’animation britannique

En 1982, une nouvelle chaîne de télévision apparaît dans le paysage audiovisuel anglais. Son nom : Channel 4. Ses valeurs : innovation, créativité, expérimentation, originalité, subversion, nouveaux talents. De 1989 à 1999, Clare Kitson dirige le Département Animation de la chaîne. Cet auteur de plusieurs ouvrages spécialisés (Yuri Norstein, Channel 4) était, en février 2009, membre du jury international à Anima.

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Channel 4 est née en 1982. Dans quel contexte est-elle apparue ?

Le contexte de sa création est plutôt intéressant. Dans les années 60, des voix radicales se sont fait entendre dans le milieu universitaire. Partout en Angleterre, les gens ont commencé à discuter de l’éventualité d’une chaîne de télévision supplémentaire.  Chacun disait qu’il fallait un changement, et qu’une nouvelle chaîne de télévision qui ne soit pas démodée et qui soit de gauche devait voir le jour. Dans les années 60 et 70, il y eut plusieurs tentatives pour que cette idée se concrétise.  Mais ce n’est que dans les années 80, en pleine ère Thatcher, que la chaîne s’est constituée. Ironique, n’est-ce pas ?

Quelles étaient les spécificités de cette quatrième chaîne ?

Channel 4 se voulait dès le départ différente des autres chaînes (BBC 1, BBC 2, ITV). Innovation, créativité, expérimentation, originalité, subversion, nouveaux talents … : tels étaient les maîtres mots. Channel 4 a une particularité : c’est une chaîne du service public financée par des fonds privés, dont des publicités. Celles-ci sont gérées par la chaîne commerciale ITV qui est complètement séparée de la chaîne. À l’époque, le marché publicitaire télévisuel était florissant, car seules deux chaînes commerciales se le partageaient. Depuis, cela a fort changé, car la publicité est sur Internet et partout ailleurs, et que les chaînes commerciales se sont multipliées.

À cette époque, regardais-tu aussi la télévision, en te disant que quelque chose devait changer ?

Ces années-là, travaillant au National Film Theatre, je passais mon temps au cinéma. Je n’étais pas trop au courant de ce qui se passait à la télévision, celle-ci était même un peu considérée comme l’œuvre du diable (rires)! Ce n’est que quand la personne en charge de l’animation à Channel 4 est partie en 1989 que j’ai commencé à m’y intéresser. On était plusieurs à briguer le poste. Les autres candidats étaient très spécialisés, soit dans l’expérimental soit dans l’animation populaire, et moi, je n’avais aucune étiquette. Au National Film Theatre, je montrais toutes sortes d’animations (des programmes pour enfants, des films très expérimentaux, des comédies, ….) à toutes sortes de publics. C’est probablement pour cela que j’ai été prise, malgré le fait que je n’avais aucune expérience télévisuelle.

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Même si les films d’animation du catalogue de la chaîne sont très différents les uns des autres, ils ont deux points en commun : l’interrogation identitaire et le goût du subversif. Est-ce que ce sont deux éléments essentiels pour Channel 4 ?

Oui. Les travaux les plus intéressants et originaux proviennent de personnes capables d’exprimer leurs sentiments personnels. Les dernières années à Channel 4, je m’intéressais d’ailleurs beaucoup aux  documentaires animés, à ces films marqués par la première personne d’une manière ou d’une autre. Quant au subversif, c’est aussi une valeur qui a été importante pour la chaîne, dès sa création. A l’époque, un prix très spécial existait en Angleterre, le “Dick Award”, récompensant les courts métrages les plus controversés, innovants et subversifs. Nous en avons remporté deux : un pour « 15th February » (Tim Webb, 1995), l’autre pour « The Sound of Music » (Phil Mulloy, 1993).

Est-ce que l’animation est considérée par le public anglais comme un programme trop spécifique ?

C’est bien possible. Le court métrage ne récolte pas de très larges audiences et n’est pas non plus un format très populaire. Les personnes intéressées par la culture ont une sorte de liste de référence pour les longs métrages, mais ils vont rarement dire à leurs amis : “as-tu vu ce court métrage-là ?”.

Quelle est la situation actuelle du cinéma d’animation britannique ?

Il y a du positif et du négatif. Le court métrage se porte très bien. Des travaux très surprenants continuent à sortir des écoles et de certains studios, même si ceux-ci ont des motivations très différentes (ils passent des commandes de courts car ils veulent tester des réalisateurs et des idées pour des longs métrages). Par contre, l’Angleterre reste à la traîne en matière de longs métrages par rapport à l’Europe, pour des questions de financements. L’animation rencontre également un gros problème avec les séries pour enfants. Initialement, BBC 1 et ITV commanditaient de telles séries, mais ITV a fermé son Département Jeunesse il y a quelques années, donc il y a clairement un manque dans notre paysage audiovisuel. Enfin, réside le problème de la publicité. Les spots liés à la malbouffe ont été interdits d’antenne pendant les programmes pour enfants, ce qui a été assez dramatique pour les séries pour enfants .

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Qu’est-ce qui t’intéresse, finalement, dans le court animé ?

Le court métrage est un moyen d’expression dans lequel on a la possibilité de condenser des choses, et de juxtaposer plusieurs idées, précisément parce que les films sont courts. Ceux qui m’intéressent le plus sont ceux qui comportent une part de mystère, mais qui ne sont pas obscurs au point que je me perde dans leur lecture. Je garde également en mémoire les comédies très habiles, intelligentes, et inattendues. Parfois, les courts combinent ces deux aspects. Mon film préféré de tous les temps n’est autre que « Skazka skazok » (« Le Conte des contes ») de Yuri Norstein, un film merveilleux plein de mystère et d’humour.

Propos recueillis par Katia Bayer

– “British animation : The Channel 4 factor”, le livre de Clare Kitson est disponible sur http://parliamenthillpublishing.co.uk/

– Consulter la fiche technique de « Skazka skazok » (Le conte des contes »)

– Lire également les critiques de « Girl’s Night Out » et « The Man with the beautiful eyes » , deux films issus du catalogue par Channel 4

S comme Skazka skazok (Le Conte des contes)

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Fiche technique

Synopsis : Sur une comptine très populaire en Russie, un poète fait vivre les images de souvenirs d’un monde paisible où les hommes et les animaux savaient être ensemble, avant que la guerre n’arrive.

Genre : Animation

Durée : 29’

Pays : Russie

Année : 1979

Réalisation : Yuri Norstein

Scénario : Yuri Norstein, Lioudmila Petrouchevskaia

Images : Igor Skidan-Bossine

Décors : Frantcheska Yarboussova

Musique : Mikhaïl Meerovitch

Ingénieur du son : Boris Filtchikov

Voix : Aleksandr Kaliaguine

Production : Soyouzmoultfilm

Article associé : l’interview de Clare Kitson

Don’t Let It All Unravel de Sarah Cox

Tout se disloque. Le centre ne peut tenir – The Second Coming, W. B. Yeats

Lauréat du Grand Prix de Tricky Women 2008, du Grand Prix du Festival regard sur le court métrage au Saguney 2008, du Prix spécial du Jury Hiroshima 2008, et de bien d’autres accolades, l’ovni « Don’t Let It All Unravel » a enclenché des applaudissements enthousiastes à Anima.

Le film de Sarah Cox repose sur l’idée de défaire, de démêler, au sens littéral du mot unravel, et sur la découverte, au sens figuré. La réalisatrice britannique a choisi d’animer une tapisserie, en train de se détricoter, représentant des éléments relatifs à la menace écologique actuelle : la Terre, des avions, des ours polaires, des glaciers fondants, … En l’espace de deux minutes, tout tend à se désagréger, pour ne plus tenir qu’à un fil de laine. « Don’t Let It All Unravel » fait aussi référence aux découvertes scientifiques importantes qui mettent en péril l’équilibre de la planète. Le pessimisme est renforcé par l’accompagnement musical, un chant répétitif, aux tonalités tribales africaines, présage d’un avenir morne mais imminent.

« Ne laissons pas notre monde ne tenir qu’à un fil. Raccommodons-le. » : le synopsis du film recommande la sensibilisation et l’action. Curieusement, en anglais, le pitch – « Don’t pull the end of the thread*, darn it! » – contient un jeu de mots supplémentaire. Le verbe darn signifie à la fois repriser un vêtement, et un juron euphémique en allusion à damn (m****). Le film n’est pas anglais pour rien !

Ce très court réussit, malgré son format succinct, à ramener l’art cinématographique au service des considérations sociopolitiques, à la façon du cinéma documentaire, ou des publicités de propagande britanniques, telle la campagne des années cinquante, « Go to work on an egg ». L’animation de Cox témoigne de l’efficacité du soft power dans un domaine où les messages ne sont pas toujours faciles à faire passer, mais nécessitent tout de même une prise de conscience globale et une réaction urgente.« Don’t Let It All Unravel » est une tentative ingénieuse de véhiculer un tel message critique, d’une façon minimaliste, quasiment naïve et véritablement universelle, par la métaphore du tricot.

Adi Chesson

* Ne tirez pas le bout du fil

Consulter la fiche technique du film

KKO Festival : l’Alsace et le film court

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La huitième édition du festival du court métrage d’Altkirch (Alsace) rebaptisée Kino Knock Out (KKO) Festival aura lieu du 15 au 19 avril prochain. Le thème de cette édition 2009,  » Entrer dans l’histoire », associera, en plus de 33 courts métrages projetés en compétition, le souvenir des images, l’identité des hommes, et la mémoire des lieux.

Liste des films en compétition

Est-ce que tu m’(a)imes de Pierre Loechleiter

Trompe l’œil de Florent Sawze

Le secret de Salomon de David Charhon

La saint Festin de Anne-Laure Daffis et Léo Marchand

L’homme est le seul oiseau qui porte sa cage de Claude Weiss

Peau neuve de Clara Elalouf

La résidence Ylang Ylang de Hachimiya Ahamada

Petzolds Pfeifen de Olaf Held

The Big Brother State de David Scharf

Ultima Ratio de Marc Schleiss

Der Jäger und der Bär de Joachim Brandenberg

Golden Guy de Julia Tews

Tsuribashi de Ulrike Schulz

La raison de l’autre de Foued Mansour

Partition oubliée de Teona Grenade

L’enclave de Jacky Goldberg

Je criais contre la vie ou pour elle de Vergine Keaton

Alter ego de Cédric Prevost

Les mots de Madame Jacquot de Matthias Desmarres

Brises de Enrique Ramirez

Transfert de Guillaume Paquin-Boutin

En douce de Vanessa Lepinard

Lisa de Lorenzo Recio

Polar de Mickaël Koch

Pour de vrai de Blandine Lenoir

Marcher de Jeanne Herry

Forbach de Claire Burger

Un bisou pour le monde de Cyril Paris

Des hommes de Romain Cogitore

The heart of Amos Klein de Uri Kranot

Skhizein de Jeremy Clapin

Le site du festival : www.kkofestival.com

J comme John and Karen

Fiche technique

Synopsis : John l’ours polaire s’excuse auprès de Karen le pingouin à la suite d’une dispute; puis il prend du thé et un biscuit.

Genre : Animation

Durée : 3’30 »

Pays : Royaume-Uni

Année : 2007

Réalisation : Matthew Walker

Scénario : Matthew Walker

Animation : Pauline Pinson, Helene Friren, Matthew Walker

Storyboard : Matthew Walker

Décor : Helene Frirer

Directeur artistique du son : Tom Russell

Technique : ordinateur 2D, ordinateur 3D

Montage : Ben Lole

Musique : Oliver Davis

Voix : James Bachman, Emma Cunniffe

Production : Arthur Cox LTD

Distribution : Arthur Cox LTD

Article associé : la critique du film