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Festival Plein La Bobine : le palmarès

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Le 7e Plein La Bobine, Festival de Cinéma Jeunes Publics du Massif du Sancy, qui s’est tenu du 11 au 17 juin 2009, à La Bourboule et Le Mont-Dore (Puy-de-Dôme), a rendu son palmarès. Comme chaque année, Plein la Bobine proposait trois compétitions internationales de courts métrages, chacune dédiée à une classe d’âge différente : à partir de 3 ans (compétition 1), 7 ans (compétition 2) et 12 ans (compétition 3). Le jury composé de trois professionnels du cinéma (Arnaud Demuynck, réalisateur et producteur – Les Films du Nord, La Boîte, Assia Graoui, Rencontres du Film documentaire « Traces de vies », et Jérémy Rochigneux, producteur – Metronomic), les élèves de trois classes jurys, et le public du festival ayant décerné un prix dans chacune des catégories.

Compétition 1
Prix du Jury professionnel : Les Enfants dans la lune [Die Kinder im Mond] de Ursula Ulmi – Suisse – 2008 – Animation

Prix de la Classe Jury (classe de CE1 de l’école Saint-Joseph d’Aubière -63-, marraine : Isabelle Lefrançois, Forum des Images) : Booo de Alicja Jaworski -Suède – 2009 – Animation

Prix du Public : Wawa de Mona Achache – France – 2009 – Fiction

Compétition 2

Prix du Jury professionnel : Les Escargots de Joseph de Sophie Roze – France – 2009 – Animation

Prix de la Classe Jury (classe de CM de l’école de Gelles -63-, parrain : Jacques Curtil – Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand) : Signalis de Adrian Flückiger – Suisse – 2008 – Animation

Prix du Public : Le Mulot menteur de Andrea Kiss – Belgique / France / Hongrie – 2008  – Animation

Compétition 3

Prix du Jury professionnel : La Souris [Musen] Pil Maria Gunnarsson – Danemark – 2008 – fiction

Prix de la Classe Jury (classe de 4e du collège Auvergne-Sancy de Murat-le-Quaire -63-, marraine : Jeanne Paturle, réalisatrice) : Zcuse-nous de Chad Chenouga – France – 2008 – Fiction

Prix du Public : Zcuse-nous de Chad Chenouga – France – 2008 – Fiction

Le site du festival : www.pleinlabobine.com

Georges Goldenstern : “J’ai envie d’être surpris et ému”

Après avoir dirigé l’Unité Cinéma d’Arte, Georges Goldenstern, a rejoint la Cinéfondation, une initiative créée en 1998 par le Festival de Cannes en faveur des nouvelles générations de cinéastes. Loin de la masse des films en compétition officielle, la section cherche à repérer les futurs créateurs novateurs et non formatés, tant dans la forme que le fond, à travers trois axes (la  Sélection de films d’étudiants, l’Atelier et la Résidence).

À quel moment êtes-vous arrivé à la Cinéfondation ?

Il y a sept ans, j’ai quitté Arte pour la Cinéfondation. Pendant quinze ans, j’ai été en charge du cinéma sur la chaîne. Cette période a été liée à des projets de toutes nationalités, et à des paris sur des premiers films (« Les Nuits fauves », « La Haine », « La Vie des morts »,… ). À la Cinéfondation, mon travail se situe dans la continuité de ce que fait le festival, c’est-à-dire la recherche de nouveaux talents.

Est-ce dans ce but qu’ont été mis en place la sélection de films d’écoles, l’Atelier, et la Résidence  ?

Oui. La Cinéfondation a démarré en 1998 avec une sélection de 15 à 20 courts métrages d’écoles du monde entier, répartis en quatre programmes d’1h30 en sélection officielle, évalués par un Jury prestigieux. En l’an 2000, une nouvelle mission est née : la Résidence. Deux fois par an, on accueille, à Paris, six réalisateurs qui viennent écrire leur scénario de premier ou de deuxième long métrage. Pendant quatre mois et demi, ils bénéficient d’une bourse et d’un logement. En 2005, on a voulu aller plus loin, avec la création de l’Atelier. Quinze réalisateurs, ayant écrit leur scénario, trouvé un producteur et au moins 20% de leur financement, sont sélectionnés et invités à Cannes. On fait en sorte d’obtenir le plus de rendez-vous possibles pour compléter ce financement et leur permettre de tourner leur film, dans les délais les plus rapides.

Les profils sélectionnés sont-ils très distincts d’une initiative à l’autre ?

Oui. La sélection des courts d’écoles est réservée aux étudiants, la Résidence n’accueille que les porteurs de premiers et deuxièmes longs métrages, et l’Atelier s’ouvre aux premiers films comme aux filmographies plus développées. Par exemple, Tsai Ming-Lian, qui est en compétition cette année [avec « Visage »] s’est retrouvé en 2007 à l’Atelier. Cela peut paraître surprenant, vu qu’il s’agissait de son dixième film, sauf que son projet était très difficile. Quand je l’ai rencontré à Pussan, il ne trouvait aucun partenaire. Personne ne voulait prendre de risques : le projet paraissait tellement étrange et différent de ce qu’il avait pu faire précédemment que les gens se montraient plutôt prudents.

Combien de films recevez-vous de la part des écoles ?

Beaucoup. Un mailing annuel est envoyé aux écoles du monde entier. Une fois cet appel d’offres lancé, nous commençons à recevoir les films en nombre. Cette année, 1.400 courts métrages nous sont parvenus.

Suivez-vous plus particulièrement la production de certaines formations ?

On ne suit pas particulièrement les écoles, mais certaines émergent, d’une année à l’autre, à travers les talents qui s’en distinguent. On le voyait dans le passé avec l’Argentine : son essor s’expliquait par le fait que pratiquement chaque ville possédait sa propre école du cinéma. On le voit, aujourd’hui, avec le cinéma israélien et certaines écoles, comme la Sam Spiegel School ou l’Université de Tel-Aviv. Des films de qualité nous parviennent aussi en quantité d’autres endroits, comme la Chine et l’Amérique Latine, qui ne se limite plus à l’Argentine.

Dans les écoles, l’expérimentation et la liberté de l’étudiant font partie de l’enseignement. Est-ce une des raisons pour lesquelles vous cherchez à montrer les films qui y sont réalisés ?

Bien sûr. Dans les écoles, les élèves jouissent des libertés qui leur sont offertes, ont l’occasion de s’exprimer totalement, et de laisser libre cours à leur imaginaire. Nous, nous cherchons à voir ce qui en sort et à partir de là, à découvrir les meilleurs.

Comment la Cinéfondation se positionne-t-elle par rapport à la Sélection officielle des courts métrages ?

Un titre peut être inscrit dans les deux sections, étant donné que la Compétition officielle accepte aussi les films d’écoles, et un même Jury évalue les courts des deux sections. Après, il y a quelques éléments distinctifs : les comités de sélection ne sont pas les mêmes, et la durée des courts en Sélection officielle est limitée à 15 minutes, alors que la Cinéfondation accepte des films inférieurs à 60 minutes.

Votre section ne s’intéresse qu’à la fiction et à l’animation. Pourquoi les documentaires ne sont-ils pas acceptés par le règlement ?

La réglementation ne prévoit, en effet, pas les documentaires. Peut-être les choses évolueront; en attendant, il faut faire des choix. Vous vous rendez compte : 1.400 films reçus uniquement pour la fiction et l’animation !

À la limite, on pourrait s’interroger sur l’animation. Dans le passé, à Arte, je ne voulais pas mélanger les courts métrages d’animation et de fiction dans une même programmation parce que je trouvais important de bien les distinguer pour leur donner toute leur force. À Cannes, cela aurait été intéressant d’avoir une sélection réservée à l’animation, pour ne pas mélanger les genres. Le souci, c’est qu’on manque de créneaux, que le nombre d’écrans est limité, et qu’il y a déjà énormément de films à voir.

Est-ce qu’un film d’école qui se retrouverait dans une autre section que la vôtre, à la Quinzaine des Réalisateurs par exemple, pourrait représenter une forme de concurrence ?

Absolument pas. Chaque programmateur et directeur de section du Festival a ses choix et ses goûts. Un film peut donc ne pas être retenu ici, et se retrouver à la Quinzaine des Réalisateurs ou à la Semaine de la Critique. Une sélection à Cannes peut même s’avérer très positive, puisque la Caméra d’or, récompensant les premiers films, regroupe toutes les sections du Festival.

Que recherchez-vous finalement dans les films ?

J’ai envie d’être surpris et ému. En voyant beaucoup de films et en lisant beaucoup de scénarios, je souhaite y trouver du plaisir, découvrir quelque chose de nouveau, ne pas retrouver des formes habituelles, discerner un point de vue différent. Souvent, les mêmes sujets reviennent, mais il y a une façon de les aborder et de les filmer qui peut vraiment faire la différence. L’esthétique pour l’esthétique, je n’y suis pas favorable non plus, parce qu’il y a des films qui font tout dans la forme, mais pas dans le fond. L’idéal, pour moi, c’est de trouver le trouver le bon équilibre entre les deux.

Arte a été une bonne école, à ce niveau-là ?

Oui.

Est-ce que cela ne vous pas, d’une certaine manière, rendu critique ? Le défaut de surprise est un problème courant dans le court métrage.

Tout à fait. Très souvent, on se dit que c’est uniquement à cause de sa chute qu’un film a du succès, que les gens rient ou sont surpris. Ce n’est quand même pas ça, un court métrage.

C’est quoi, alors ?

Je le comparerais à la nouvelle. Il faut réussir à trouver une forme et un style particuliers tout en ayant une histoire complète, et ne pas faire un succédané d’un long métrage. À partir de là, tout est possible !

Y a-t-il un film d’école sélectionné à la Cinéfondation qui vous aurait marqué dans le passé ?

L’année dernière, le film israélien, « Himnon » (Hymne, Elad Keidan, 1er Prix de la Cinéfondation), qui a fait le tour du monde. C’était un prix justifié, je trouve.

De 2006 à 2008, certains courts métrages de la Quinzaine des Réalisateurs et de la Semaine de la Critique ont été édités en DVD. La sélection de la Cinéfondation n’est réservée, sur le même support, qu’aux professionnels. Pourquoi ne vous adressez-vous pas aussi au grand public  ?

J’aimerais bien que ce soit le cas ! J’y pense depuis 2-3 ans, mais pour des questions de temps et de droits, cela ne s’est pas concrétisé. Ce n’est pas compliqué d’éditer un DVD non commercial de la Cinéfondation. Par contre, si l’objet devient commercial, il y a un risque, celui de ne pas pouvoir mettre l’intégralité de la sélection, parce que les droits de certains films ont déjà été vendus dans certains pays. Pour proposer tous les films au public, je penche maintenant plus pour le streaming. Mais avec ce système-là, demeure le problème des droits d’auteurs.

Comment envisagez-vous l’avenir de la Cinéfondation ?

L’Atelier, la troisième mission de la Cinéfondation, est née en 2005. Je souhaiterais que d’autres initiatives apparaissent dans le but de continuer à aider les réalisateurs. J’ai des idées (la production, la distribution, le script doctoring, …), mais je ne sais pas encore laquelle suivre.

Propos recueillis par Katia Bayer

Article associé : la critique de « Himnon »

H comme Himnon (L’hymne)

Fiche technique

Synopsis : Jérusalem. Vendredi après-midi. Amnon achète du lait. Il flâne. Des miracles surviennent.

Genre : Fiction

Durée : 36’

Pays : Israël

Année : 2008

Réalisation : Elad Keidan

Scénario : Elad Keidan

Images : Ziv Berkovich

Son : Isaac Levi

Montage : Elad Keidan

Interprétation : Albert Cohen, May Gasner, Ilan Hazan, Carmit Mesilati Kaplan

Production : The Sam Spiegel Film and Television School

Article associé : l’interview de Georges Goldenstern, directeur de la Cinéfondation

Festival Paris Cinéma : les films sélectionnés

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Du 2 au 14 juillet, se tiendra la 7ème édition du Festival Paris Cinéma. 17 courts métrages composent sa compétition internationale :

* L’Autre Monde, Romain Delange (France) : Voir un extrait

* Birth, Signe Baumane (États-Unis, Italie) : Voir un extrait

* C’est plutôt genre Johnny Walker, Olivier Babinet (France) : Voir un extrait

* Chantiez, Fred Poulet (France) : Voir un extrait

* Corpus/corpus, Christophe Loizillon (France) : Voir un extrait

* Diplomacy, Jon Goldman (États-Unis) : Voir un extrait

* Icara, Alejandra Rojo (France) : Voir un extrait

* Interview with the Earth, Nicolás Pereda (Mexique) : Voir un extrait

* Love Suicides, Edmund Yeo (Malaisie) : Voir un extrait

* Luxsus, Jarek Sztandera (Pologne)

* Madame Butterfly, Tsaï Ming-liang (France, Taiwan) : Voir un extrait

* Montparnasse, Mikhaël Hers (France): Voir un extrait

* Muto, Blu (Italie) : Voir un extrait

* Phone Story, Binevsa Berivan (Belgique) : Voir un extrait

* Regarder Oana, Sébastien Laudenbach (France, Belgique) : Voir un extrait

* This Smell of Sex, Danielle Arbid (France) : Voir un extrait

* Vostok 1′, Jan Andersen (France) : Voir un extrait

Ces films sont en lice pour :

* le Prix du Public
* le Prix Ciné Cinéma attribué par un jury de professionnels
* le Prix de l’émotion – KOOKAÏFILMS.

Le site du festival : www.pariscinema.org

Annecy, le palmarès 2009

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La 33ème édition du Festival international du film d’animation d’Annecy (8-13 juin) vient de s’achever. Découvrez le palmarès lié à la forme courte.

Courts métrages


Slavar (Suède) : Le Cristal d’Annecy

Please Say Something (Allemagne) : Mention spéciale

L’homme à la Gordini (France) : Prix du Jury Juniors pour un court métrage

Western Spaghetti (États-Unis) : Prix du public

El empleo (Argentine) : Prix FIPRESCI

L’homme à la Gordini (France) : Prix Jean-Luc Xiberras de la première œuvre

Chick (Pologne) : Prix Sacem de la musique originale

Runaway (Canada) : Prix spécial du jury

Slavar (Suède) : Prix Unicef

Séries TV


Log Jam « The Log », « The Rain », « The Moon », « The Snake » (Hongrie) : Le Cristal pour une production TV

Pat et Stan « Jour de bain » (France) : Prix spécial pour une série TV

Spéciaux TV


Lost and Found (Grande-Bretagne) : Prix pour un spécial TV

Films éducatifs, scientifiques ou d’entreprise


How to Destroy the World « Rubbish » (Grande-Bretagne) : Prix du film éducatif, scientifique ou d’entreprise

Films publicitaires


BBC iPlayer « Penguins » (Grande-Bretagne) : Prix du film publicitaire ou promotionnel

Vidéoclips


Flogging Molly « Float » (Grande-Bretagne) : Prix du meilleur vidéoclip

Films de fin d’études


The Soliloquist (Taiwan) : Mention spéciale

Shrug (Norvège) : Prix du Jury Juniors pour un film de fin d’études

For Sock’s Sake (France) : Prix du meilleur film de fin d’études

Ex-E.T. (France) : Prix spécial du jury

Courts métrages hors compétition


Madagascar, carnet de voyage (France) : Prix « CANAL+ aide à la création » pour un court métrage


Jagdfieber (La fièvre de la chasse) d’Alessandro Comodin

Caméra-fusil

Magnifique début de Jagdfieber (la fièvre de la chasse) : un œil animal, ouvert et mort, en très gros plan, nous fait face. La bête est tuée. Ce qu’il s’agit de traquer, ça n’est pas du tout l’objet de la chasse, son gibier. L’affaire est expédiée avec ce tout premier plan. De quoi s’agit-il donc alors ? Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, ce film de fin d’études, réalisé à l’INSAS, est une sorte de documentaire, à l’orée du  film expérimental. 

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Des hommes seuls, différents hommes seuls, courent sur un plateau un peu sauvage. À la vue de leurs gilets orange, de leurs fusils et au son des chiens qui aboient ailleurs, on l’a compris, ils chassent. Certains sont filmés de près, dans leurs attentes aiguisées. La caméra filme leur écoute. La plupart sont captés de loin, dans leurs échappées. Emmêlée à leurs courses, elle les saisit de dos, tente de les suivre, glisse dans leurs pas, toujours dans une sorte de distance respectueuse qui ne voudrait pas perturber le déroulement de la chasse, mais toujours centrée sur eux, leurs regards, leurs gestes, leurs attentions qui pointent un ailleurs auquel ils sont tous à l’écoute. Et le procédé est répété, inlassablement. Ici et là. Ballet des corps en courses, le plus souvent de dos, froissements des feuilles sous les pas, sauts dans les fourrés, allées et venues inlassables sur un territoire essentiellement dessiné au fur et à mesure que les corps y glissent, silence attentif aux aboiements des chiens qui s’éloignent ou se rapprochent, aux pas des bêtes ou aux cris d’autres chasseurs qui se répandent et se répondent dans les sous bois comme une sorte de chant animal, en écho. Chaque chasseur semble avoir un rôle que le film ne tire pas au clair. Et dont on se fiche un peu d’ailleurs ici. Le documentaire ne documente pas une pratique. La journée lentement s’achemine vers sa fin. Viennent se tisser à ces images, les portraits de ces hommes filmés face caméra. Souriants ou juste attentifs à l’œil qui les regarde. Immobiles quelques secondes. Leur silence est presque un silence de bête, lui aussi.

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Par ce montage qui brode autour de leurs différentes attitudes, répétition, dans l’évitement de l’animal jamais aperçu à l’écran, le film s’engage sur une voie déconcertante. L’animal pourchassé ne sera jamais montré. Mieux encore, la seule mention qui y sera faite (l’unique parole proférée dans le film) vient du réalisateur lui-même qui s’adresse à un chasseur et demande « Il est déjà passé ? ». On a raté l’animal. Invisible. Presque magique. Et cette unique parole du film, où le réalisateur se dévoile, vient faire un contrepoint sonore aux portraits des chasseurs.

À la fois totalement immergé dans son sujet avec lequel il fait corps, et pourtant à distance lui-même dans ce qu’il traque, le réalisateur est bien lui aussi un chasseur qui court après ces hommes eux-mêmes, fasciné par leurs gestes, leurs « habitus », leurs rapports à l’espace, saisissant, ressaisissant toujours dans leurs courses, dans leur écoute et leurs regards, ce qui peut à tout instant surgir ailleurs. Il n’y a ici aucun jugement, aucune théorisation de la chasse, aucun parti pris sinon, ce qui se dégage peu à peu du film, qui saisit, dans ces gestes qui restent opaques et mystérieux, ce qu’ils dévoilent de rapport à l’espace et à la nature et un mimétisme qui s’établit entre le sujet de la chasse et le sujet du documentaire.

Outre que c’est justement cette frontière entre homme et l’animal, entre l’humain et la nature qui peu à peu, au fil de ces courses s’estompe, c’est aussi le regard du réalisateur pour ce qu’il filme qui peu à peu s’invente. Ces différentes fascinations, des chasseurs pour la bête, du réalisateur pour les chasseurs, lentement nous contaminent, se passent, s’échangent, se brûlent. Et Jagdfieber est un film assez fascinant, parce qu’il traque cet ailleurs invisible, désigne ici et maintenant, un autre monde en filigrane et invente, une autre sorte de regard. L’œil mort du premier plan ne l’était donc pas tout à fait.

Anne Feuillère

Article paru sur Cinergie.be

Article associé : l’interview d’Alessandro Comodin

Consulter la fiche technique du film

Cannes 2009, les quelques photos

Comme Cannes se raconte aussi par l’image, quelques clichés liés au festival le plus médiatisé du monde ont été rassemblés dans un “diaphotorama”. Légendes et situations. Alternativement, le regard se pose sur :

  • les hôtels reconvertis en espaces marketing
  • l’affiche officielle du Festival capturant Monica Vitti, de dos, dans “L’Avventura” (Antonioni)
  • le Short Film Corner, l’espace consacré au court métrage, envahi par les publicités et les informations sur les films
  • les interviewés de notre Focus : le directeur de la Cinéfondation, Georges Goldenstern (en chemise verte), le réalisateur suédois Patrik Eklund (casquette vissée sur la tête), l’italien Alessandro Comodin (photos-feuilles), l’islandais Rúnar Rúnarsson (air islandais), et deux duos, l’un mixte (Marion et Romain Castera), l’autre féminin (Claire Burger et Marie Amachoukeli)
  • des prises plus anodines : la foule amassée aux abords des hôtels guettant l’arrivée/le départ des stars, les glaces en boules, les chaises dépliées, et les shorts affichés sur la Croisette

Photos : KB, SP

Article associé : Le Petit Journal de Cannes

Le 8ème concours européen de scénario Nisi Masa est lancé. Son thème : le tabou

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En septembre 2001, à l’initiative de quelques jeunes Français, Italiens, Finlandais, Espagnols, Hongrois, Belges et Portugais, naît l’association Nisi Masa. Animés d’une même passion pour le cinéma, leur but est d’organiser un concours d’écriture de scénarios de courts métrages, simultanément dans leurs différents pays. Aujourd’hui, Nisi Masa est devenu un véritable réseau européen d’associations cinéphiles, présent dans plus de 17 pays d’Europe et ayant pour vocation de favoriser la jeune création cinématographique européenne. Il vise à découvrir de nouveaux talents, à favoriser la prise de conscience européenne par le biais des films, à mener des projets interculturels autour du cinéma et à créer un espace de discussion et de collaboration entre jeunes européens passionnés par le 7 ème Art.

Chaque année depuis 2002, le réseau Nisi Masa lance un concours  européen d’écriture de scénarios de courts métrages, accessible à tous les jeunes de 18 à 28 ans résidant dans l’un des pays organisateurs. Le concours est ouvert aux personnes vivant en Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Italie, Kosovo, Macédoine, Pays-Bas, Roumanie, République Tchèque, Russie, Suède ou Turquie. Les participants doivent rédiger un scénario original de 20 000 signes maximum, sur un thème imposé, et peuvent écrire dans leur langue maternelle. Cette année, le thème du concours est TABOU. La date limite pour envoyer vos scénarios est fixée au 31 juillet 2009.

Une pré-sélection nationale aura ensuite lieu dans chacun des pays participants et le(s) meilleur(s) scénario(s) de chaque pays continueront leur course au niveau international, où il se mesureront entre eux. Un jury européen, composé de jeunes de Nisi Masa, détermine les lauréats au terme de la compétition européenne. A la clé : un séjour de travail avec des auteurs et des producteurs confirmés afin de donner aux gagnants toutes les chances de réaliser leur film.Dès à présent, rendez-vous sur la page d’inscription du site www.nisimasa-scriptcontest.eu et sur celle de l’antenne Nisi Masa de votre pays.

Et un édito, un !

Taper un édito, partir en festival avec une toute petite valise, apprendre le créole en trois jours ou sortir son joker, à la deuxième ligne ? Lequel de ces exercices est-il le plus déroutant ?

Depuis Clermont-Ferrand, le site a été nourri de quatre Focus, articulés autour de trois festivals, et d’un réalisateur. À Anima, le festival d’animation de Bruxelles, le réalisateur américain Bill Plympton, et deux pros de l’anim’ anglaise, Clare Kitson et Helen Nabarro, ont rejoint nos colonnes virtuelles. De même qu’un ours polaire, un pingouin, un chien pompier, un trio musical, un monde détricoté, un DVD Anima, un couple d’automates, les cinq finalistes du Cartoon d’Or, des nanas exubérantes, un poème animé de Bukowski, un conte XXL portugais, et un petit billet d’humeur sur le court belge, parsemé de poules jaseuses et de jazz cool.

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Entre deux festivals d’animation, un Focus a été consacré à Nicolas Engel, un réalisateur de fictions musicales, repéré à la Semaine de la Critique. Visiblement, cela a attiré le lapin barjo de la Fête d’animation de Lille. Tenant de la patte droite, Alexei Alexeev, un réalisateur russe, et de la gauche, Simon Bogojevic-Narath, un animateur croate, le rongeur était accompagné du trio du deuxième paragraphe et d’un Leviathan plus que expérimental. Distrait par une carotte, Lapinou s’est éloigné, et Bruxelles est réapparu, avec son Festival annuel du court métrage. Généreux, le comédien Serge Riaboukine a eu l’amabilité de partager la vedette avec des chroniques de repas fantastique, de magie foireuse, de chasse aux zombies, de fragilité masculine, de perte d’innocence et de choix assumé, de problèmes de communication et de boîtes à chaussures.

Voilà. Pour patienter avant Annecy (on aime bien l’animation à Format Court), nous vous conseillons d’aller vous balader du côté de Cannes ou pour les plus casaniers, de regarder chez vous nos films animés dans leur intégralité : « #1 », « Milovan Circus », « Paola poule pondeuse », « Orgesticulanismus », et « Domino ».

Bonne lecture, bon visionnage.

Katia Bayer
Rédactrice en chef

J comme Jagdfieber (La fièvre de la chasse)

Fiche technique

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Synopsis : La chasse, c’est moins le fait de tirer qu’un véritable processus : un jeu de patience, de stratégie, d’instinct et d’adrénaline. La fièvre de la chasse est un état où l’on redevient aussi animal que la bête que l’on cherche.

Genre : Documentaire

Durée : 22′

Pays : Belgique

Année : 2008

Réalisation : Alessandro Comodin

Image : Alessandro Comodin

Montage : Image

Son : Julien Courroye

Mixage : Florian Namias

Directeur de production : Camille Meynard

Production : Insas

Distribution : La Big Family

Articles associés : l’interview d’Alessandro Comodin, la critique de « Jagdfieber (La fièvre de la chasse) »

Alessandro Comodin, traqueur du réel

D’origine italienne, Alessandro Comodin a étudié le cinéma à Paris 8 et à l’INSAS. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, son film de fin d’études, Jagdfieber est un documentaire sur la chasse, ses traques, ses rituels, ses gestes, et ses silences. Rencontre avant Cannes.

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Pasolini

Je suis originaire de la région du Frioul, celle où Pasolini a écrit ses premières compositions poétiques. À 19 ans, dans le but de faire un film sur sa poésie frioulane, j’ai rencontré des gens qu’il avait connus. Je me suis d’abord intéressé à l’homme et à sa langue, avant de découvrir ses films, plus tard à l’université.

Parcours

Je n’ai jamais voulu entrer dans une école de cinéma ni faire du cinéma. J’avais des envies, mais elles n’étaient pas vraiment assumées. Je suis parti étudier les lettres à Bologne, et sur place, je passais mon temps à la Cinémathèque. Rapidement, j’ai eu envie d’apprendre le français et de venir en France. Dans le cadre du programme Erasmus, j’ai choisi toutes mes options en cinéma, à Paris 8. À l’université, je fréquentais des passionnés de cinéma qui, au terme de leurs études, prévoyaient de présenter le concours d’entrée de l’INSAS. Comme je en souhaitais pas rentrer en Italie, je l’ai passé aussi, et j’ai été accepté.

L’INSAS

Grâce à l’école, j’ai appris à exprimer mes désirs de cinéma, à les assumer, et à les mettre en forme. Evidemment, j’ai des regrets. Ils sont liés à une conception du cinéma plus classique que j’ai toujours aimée, mais que je n’ai pas retrouvée dans l’enseignement proposé. Je me suis inscrit en réalisation, mais avec le recul, je me dis que j’aurais peut-être dû choisir l’image. Pour ces raisons, j’ai le sentiment que j’ai encore beaucoup à apprendre.

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Jagdfieber (La fièvre de la chasse)

Alors que j’étais en vacances dans le Lot, l’ami qui m’hébergeait m’a parlé des chasseurs du coin, de leurs réunions, et de leurs rituels de manière un peu magique. Cela m’a donné envie de revenir avec une caméra pour les filmer. J’ai découvert la force cinématographique de leur acte et j’ai voulu y consacrer mon film de fin d’études. L’idée que j’avais des chasseurs était complètement romantique, raison pour laquelle j’ai été agréablement surpris de les voir évoluer dans un milieu totalement ordinaire et prosaïque. Ce qui m’intéressait, c’était de voir dans quelle mesure ces gens, en chassant dans ces conditions, pouvaient rejoindre une idée de sacré qui est dans l’acte même.

Bertrand Hell

Au moment des repérages, j’ai fait des recherches sur les essais d’anthropologie existants parce que j’estime qu’il y a beaucoup de parallèles intéressants entre l’approche anthropologique et cinématographique. J’ai ainsi découvert le travail de l’anthropologue français Bertrand Hell. Dans les années 80, il a étudié de près le comportement des chasseurs, dans les Vosges. Dans ses écrits, j’ai trouvé mon titre :  “jagdfieber”.

Filmer la chasse

J’ai eu envie de faire un film de ressenti, et de transmettre la fièvre de la chasse. Au départ, je suivais plusieurs personnes, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre. Très vite, je me suis rendu compte que pour des raisons de techniques et de confiance, il fallait mieux être seul à suivre un chasseur. J’ai donc décidé de centrer le film sur deux personnes. Cela a été un double apprentissage : au fur et à mesure que je chassais avec eux, j’ai appris à les connaître et à les filmer.

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Les sujets

J’ai eu de la chance de bénéficier d’un intermédiaire qui m’a introduit auprès des chasseurs, et j’ai été accepté sans trop de difficultés. Même si je suis Italien, j’étais considéré comme le caméraman belge qui faisait un film sur eux ! Je leur ai présenté le projet en leur disant que j’allais les suivre pendant une certaine période et qu’on allait respecter leur travail, tout en faisant le notre. Je leur ai demandé de ne pas me parler et de ne pas regarder la caméra. C’est tout. De mon côté, je n’ai rien fait, je les ai juste suivis. Les deux premières semaines, ils se sont montré méfiants, mais ils se sont vite rendus compte qu’on était là en permanence et qu’on ne prenait pas nos distances avec eux. Si il fallait se lever à 5 heures du matin, manger, boire, ou courir à n’importe quelle heure, on le faisait, on s’investissait complètement. Cela a été une plongée anthropologique totale et un tournage très physique : même si je chassais avec eux, j’ai quand même pris 10 kilos !

Certains chasseurs ne sont pas reconnus dans la version finale. Ils s’attendaient à se voir davantage à l’image, dans des moments de partage, de chasse, de compagnonnage, et de repas. Mais ils ont fini par comprendre que le film correspondait à ma vision personnelle de la chasse.

Galerie de portraits

Le film est composé en grande partie d’individus filmés de dos. J’ai eu envie d’introduire un contrechamp en insérant les portraits d’autres chasseurs, des hommes tout simplement pris dans leur quotidien et leur existence. Ces personnes ont des visages assez purs, assez vieux, marqués par le temps, l’endroit et la vie, qui reflètent un monde qui n’est pas forcément connu mais qui existe, malgré tout à la campagne.

Le montage

À l’origine, le film n’était pas du tout écrit. À chaque fois que je revenais dans le Lot, je regardais mes rushes, je testais des idées, j’étais en recherche. Au début, l’école m’a imposé un monteur avec qui ça ne s’est pas très bien passé. On n’avait pas la même idée du rapport entre monteur et réalisateur. Moi, j’avais besoin de bidouiller, de chercher ma forme, alors que lui, il estimait que tout devait passer par un dialogue. Nos rapports ont été assez difficiles, j’ai terminé le film tout seul.

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Plan final

Je me suis longtemps demandé si je devais garder le plan final, celui d’un sanglier qui charge dans notre direction. On entend les chasseurs qui rigolent, la galère que j’ai eue pendant le tournage. Pour moi, il témoigne d’une fraîcheur qu’il n’y a pas dans le film. J’aimais bien l’idée que le sanglier attaque le spectateur et que celui-ci ressente quelque chose. Des gens de confiance trouvaient que ce plan avait un aspect trop léger, et qu’il était en contradiction avec le reste du film. Du coup, il ne figure plus dans la version finale. Après coup, je trouve ça dommage de l’avoir enlevé. J’y étais attaché.

Cannes

Dès le départ, l’école m’a pris pour un rigolo qui présentait un projet bizarre. Les gens passionnés l’ont soutenu, les autres l’ont descendu. À une voix près, il ne passait pas. Par la suite, l’école redoutait le fait que je ne voulais pas de chef op, mais ils ont fini par l’accepter. On ne m’a pas soutenu, surtout au moment du montage. Au moment de la présentation, j’ai obtenu une note en dessous de la moyenne. Bref, j’ai rencontré plusieurs obstacles. Si mes copains et certains professeurs ne m’avaient pas soutenu dans le projet, je n’aurais pas fait le même film. Plus qu’un film d’école, Jagdfieber a été un film de copains et de soutiens. La sélection à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes, a été une vraie surprise, mais aussi une belle revanche !

Giacomo

Mon prochain projet est un documentaire. Je vais suivre Giacomo, le petit frère de mon meilleur ami. Je désire filmer sa métamorphose. À 18 ans, Giacomo va récupérer l’ouïe et passer son bac. Ce ne sera pas un film sur la surdité, mais un film sur un adolescent qui devient un adulte.

Propos recueillis par Katia Bayer. Mise en forme : Marie Bergeret, Katia Bayer

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Article associé : la critique du film

Fenêtre sur le court métrage contemporain à la Cinémathèque française

Chaque mois, la Cinémathèque française propose une anthologie de courts métrages devenus soit des classiques, soit des passerelles entre générations d’auteurs, soit des films témoins de leur époque. Le prochain rendez-vous intitulé « La Nuit éclaire le jour », aura lieu le lundi 22 Juin 2009, à 20h30, autour de deux films, « Trypps #6 » et « La Dérive ».

Le résumé :

Lors d’une ballade en kayak sur un affluent de la Seine, deux jeunes gens de bonne famille partis à la campagne pour réviser leur droit font donc la rencontre de deux autres hommes : figures bien réelles d’êtres qui semblent sans attaches. Ils tiennent de l’apparition et l’inquiétude qu’ils produisent vient du fait qu’ils sont absolument là et en même temps ailleurs. Constituant une véritable révélation au sens où leurs paroles et leurs actes se doivent d’être interprétés, ils se proposent aux deux jeunes hommes comme le possible miroir où écrire ce qui les constitue.

La Dérive est un objet symbolique où la nuit paraît éclairer le jour. Le feu de bois y est d’ailleurs indifféremment nocturne ou diurne. Et crépite comme les paroles du monologue halluciné d’un des deux hommes sans attaches ou comme celles, que l’on entend comme rarement, de la chanson The Man Who Sold the World de David Bowie.

Et en guise de prélude extatique au film de Philippe Terrier-Hermann, on pourra découvrir ici celui réalisé par Ben Russel, Trypps #6. Précipité cinématographique tourné dans un village maroon au Surinam et remarquable hommage à la ciné-transe de Jean Rouch.

François Bonenfant

Trypps #6 de Ben Russel (Etats-Unis/2009/12’/16mm)

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« En un seul plan, une vision étonnamment contemporaine d’une procession dans le village de Malobi au Surinam. C’est Halloween sur l’Equateur… » (Ben Russel)

La Dérive de Philippe Terrier-Hermann (France/2009/59’/vidéo)

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Avec Simon Buret, Andy Gillet, Dimitri Capitain, Charles Delpon, Roxane Mesquida, Brady Corbet.

Deux jeunes hommes, issus d’un milieu aisé, font une rencontre fascinante lors d’une balade en kayak sur un affluent de la Seine. Ils rencontrent deux hommes socialement détachés qui ont entrepris la descente des eaux jusqu’à la mer sur un radeau de fortune. Entre peur et attirance, les deux jeunes hommes seront tentés par l’expérience.

En présence du réalisateur et de l’équipe du film

Infos  : lundi 22 Juin 2009 – 20h30 – Salle Jean Epstein (durée : 71’)
Site internet : www.cinematheque.fr

Cannes, le Petit Journal

13 mai, premier jour du Festival de Cannes. Gare de Lyon, 7h36. Le quai du TGV est envahi de voyageurs endormis, chargés comme des boeufs estoniens, se dépêchant d’embarquer, avant le coup de sifflet fatidique. Dans cinq heures, ils seront à Cannes. Penélope Cruz y est déjà, du moins en couverture de nombreux magazines. Curieusement, si les médias ont retenu une actrice pour cette 62ème édition, c’est bien elle.

Le Festival commence dans le train. On se reconnait, on se salue, on se donne rendez-vous à la cafétéria, on fait la file pour un café, avant de se rabattre sur un jus de pomme, (la machine est en panne.) On sort son ordinateur (un Mac), ses lunettes (noires), et les derniers potins (tu savais, toi, que Monique fréquentait Jean-Jacques ?).

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Le n° 114 de TGV Magazine, avant le café

 À l’entrée du wagon, une femme d’un certain âge attend le démarrage du train. Elle a deux grandes valises, l’une pleine, l’autre, quasi vide. Elle explique : “On part en croisière. C’est pour les souvenirs.” Pendant le voyage, à chaque arrêt, elle vérifie que ses bagages restent bien dans le train. C’est vrai qu’en cas de problème, elle ne pourra pas rapporter de tapis d’Orient ou de Sphinx miniature… Entre deux villes, elle rejoint son mari qui est un pro du voyage. Ce matin, il a embarqué un énorme thermos, et verse maintenant du café pour deux dans une minuscule tasse. La suite est prévisible : le café s’éparpille partout. Même sur la table, même sur les notes personnelles, même sur les taches de rousseur de Sandrine Kiberlain, en couverture de TGV Magazine. On s’éloigne, on revient : le pro du voyage est aussi un sacré ronfleur. Cannes, c’est parti… Plus que 4h30, en musique. Pas de bol, un retard d’1h40 est annoncé. Le voisin se réveille, et demande : “il reste du café ?”. Par prudence, on retire l’ordinateur, et on va voir si il y a encore du jus de pomme.

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Le Grand Théâtre Lumière, la salle de projection de la Sélection officielle, et Monica Vitti, offrant son dos à l’affiche du Festival (image extraite de « L’Avventura », de Michelangelo Antonioni) © KB

Une fois à Cannes, le voyage n’est plus qu’un lointain souvenir (oui madame, vous pouvez le ranger dans votre malle). Très vite, les journées se remplissent et les nuits se raccourcissent : il y a les films à voir, les tickets à gratter pour l’officielle, les repas à adjectifs (irréguliers, catastrophiques, solitaires), les files d’attente à faire, les rendez-vous à obtenir, les tenues à porter, …. Ah, les tenues à porter. Ayant eu la lumineuse idée d’emporter un bagage ventripotent, on a décidé de tout mettre, vu l’épreuve pour le tracter jusqu’à destination. Résultat : même si il s’agit de porter une robe du soir au Mac Do et un short à la Quinzaine, on met TOUT!

À Cannes, rien ne vaut les fraises au sucre sur la plage, rien ne remplace les ampoules aux pieds des filles, rien n’est plus classique que le coup de soleil sur le nez, rien ne détourne plus le regard que les tenues invraisemblables des femmes, rien n’est plus soudain qu’une apparition/disparition furtive de célébrité, et rien ne suscite plus de commentaires que le sac d’accrédité que tout le monde critique et que personne ne porte.

Et le court métrage, dans tout ça ? Même si Cannes n’a pas pour vocation d’être un festival de films courts, ceux-ci s’affichent dans toutes les sections, officielles comme parallèles. Bémol, toutefois : de manière générale, les courts passent tard, à la fin du festival. Pour les voir, on se rabat sur les postes du Short Film Corner (SFC pour les initiés), l’espace dédié au court, pris d’assaut par les pros (réalisateurs, comédiens, producteurs, programmateurs, acheteurs, …). L’astuce, pour dégoter un poste de libre, est de réserver le matin, quand les pros dorment encore, et au moment des Happy Hour, quand ils ont soif.

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Le Short Film Corner © KB

Sur la Côte, la semaine s’écoule très vite. Le jour du départ, on dit au revoir aux autres festivaliers, on libère les lieux, et on rend la clé. En attendant le train, sur le quai de la gare, on avale des Dragibus, en faisant le point sur la semaine (degré de fatigue, nombre de films au compteur, classement des réjouissances, …). Penélope est toujours là, cette fois en une de Télérama. Péniblement, on hisse le ventripotent dans le wagon. Paris, c’est parti… Au bar, il y a du café. Par contre, l’absence du Monsieur au thermos et de la dame aux souvenirs se fait ressentir. Après une semaine tachetée par la course et le paraître, leur authenticité/simplicité auraient été fort appréciées au retour….

24 mai, dernier jour du Festival de Cannes. Bruxelles, 19h30. Même si l’aspect vaseux n’est pas complètement parti, le décalage avec la réalité s’est estompé et les nuits sont redevenues à peu près normales. On regarde la remise des prix, retransmise en clair et en direct. Après quelques minutes, la cérémonie s‘interrompt soudainement pour faire place à un match de foot (Anderlecht-Standard), et Isabelle Huppert se métamorphose en commentateur sportif. Le Festival de Cannes est peut-être l’événement culturel le plus médiatisé du monde, mais le foot reste le foot. Il n’y a rien à faire, c’est comme ça. Ce soir, un palmarès en évince un autre. Le Petit Journal de Cannes a son point.

Katia Bayer

Lien associé : Cannes, les quelques photos

Noamir, Marion et Romain Castera à propos de «#1»

L’enfance de l’art

Lorsqu’on invite Marion et Romain Castera pour une interview, c’est Noamir qui entre et s’installe. N O A M I R, six lettres, celles qui composent leurs deux prénoms. Frère et sœur, habitués depuis toujours à jouer ensemble, ont fusionné et prolongent ainsi leurs jeux d’enfants dans leur vie d’adultes sous forme de clips, de concerts, de films. Un corps à deux têtes en somme, artistiquement siamois. L’un a l’œil, l’autre l’oreille, et à quatre mains, ils ont réalisé #1, un court métrage de quatre minutes qui vient d’être sélectionné à Cannes par la Cinéfondation.


Pour #1, les dessins d’animation ont été faits par Marion et la bande son par Romain ?

Marion : On préfère dire que c’est un film de Noamir, même s’il a été fait dans le cadre de La Cambre et que c’est moi qui ait été notée, mais hors de ce contexte, le film est un film de Noamir, pas de Marion Castera.

Romain : Il se trouve que concrètement sur un film d’animation comme #1, c’est Marion qui dessine parce que moi, heureusement pour vous, je ne dessine pas, mais la réalisation, l’écriture, le montage se font à deux. Noamir, c’est un nom qui nous représente, notre signature, notre patte et c’est comme ça pour tout ce qu’on fait. Quand Marion fait une expo et qu’elle y travaille à 90%, elle est signée Noamir. Idem quand je fais un concert où elle intervient peu. C’est venu comme ça, ça nous a simplement paru naturel dès qu’on a commencé à monter des projets artistiques en 2004.

C’est un peu un prolongement de vos jeux d’enfants ?

Marion : Oui. Enfants, on faisait déjà des films dans nos têtes, on créait notre univers.

Romain : C’est clairement ça. On continue à prolonger l’univers qu’on avait créé à deux, avec nos jeux, nos histoires quand on était encore chez nos parents, à Montpellier. Quand on a grandi et qu’on a quitté la maison, on a continué à remplir ce qu’on appelle nos carnets noirs, des carnets remplis d’idées, de notes, de dessins, de citations qu’on s’échangeait quand on se voyait. Aujourd’hui, on a la chance d’être tous les deux sur Bruxelles et de pouvoir travailler ensemble, de confronter nos idées au quotidien. Mais on continue toujours à griffonner nos carnets noirs !

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Vous avez tous les deux choisi une école artistique à Bruxelles, mais une école différente.

Marion : J’ai toujours dessiné, et Romain a toujours tapé sur tout ce qu’il avait sous la main pour faire des sons. Le dessin et la musique, c’était quelque chose de vital pour nous. À l’adolescence, on a commencé à s’intéresser au cinéma et on s’est dit que c’était ce qu’on voulait faire. Les dessins et la musique se sont naturellement intégrés à cette idée. Tout a convergé. J’ai donc choisi La Cambre, et Romain est entré en son à l’IAD.

Avec quels films avez-vous découvert le cinéma ?

Romain : Moi, c’était Orange mécanique, je m’en souviens parce que la cassette était cachée et je n’avais pas le droit de la prendre ! Ça a été une grande claque… enfin, je parle du film !

Marion : Ah ? Moi mon premier souvenir, c’était Shining, mais ça reste Kubrick….

Et la musique ?

Marion : Le jazz. Que ce soit pour les films de Noamir ou pour les concerts, c’est le jazz qui nous inspire. C’est une musique dans laquelle on retrouve nos envies à tous les niveaux, même dans le dessin, au niveau du rythme.

Romain : Le jazz, ce n’est pas qu’une musique pour nous. C’est surtout un état d’esprit, même dans la réalisation… Je pense à Cassavetes par exemple, pour nous, c’est un jazzman, dans les ambiances qu’il met en scène, ses plans, sa façon de voir le monde. C’est une façon de créer des sensations, des images très fortes. Je me souviens d’un de mes premiers stages de musique, je devais avoir 13 ou 14 ans… Le pianiste qui donnait le cours et qui était vraiment un musicien extraordinaire a demandé à chacun de jouer un thème avec son instrument. Moi, j’étais devant ma batterie et quand je lui ai demandé ce qu’il voulait que je joue, il m’a répondu : « je veux que tu fasses une rivière avec, au bord, un château d’eau et des castors qui pissent dessus ! » Il était très sérieux. Je me demandais s’il se foutait de ma gueule, mais je l’ai fait. Ça m’a permis de comprendre que l’on peut vraiment faire des images avec de la musique.

Marion : Et moi, je fais de la musique avec des images. Je crée un rythme, comme une musicienne.

Quel a été le départ de #1 ?

Marion : L’année dernière, j’étais en deuxième année, et je devais faire un exercice, mais ça ne m’amusait pas parce que je voulais que cet exercice soit au service d’une idée : c’est devenu un film de 4 minutes. #1, c’est l’histoire d’un personnage qui se retrouve physiquement assailli par le poids de la culture, qui essaie d’échapper à l’histoire de l’art. Alain Van Der Hofstadt, mon prof d’histoire de l’art, m’a beaucoup aidée à choisir les œuvres qui sont dans le film. Je voulais des choses que n’importe qui puisse reconnaître, la Vénus de Milo, la Joconde mais que les gens qui connaissent l’histoire de l’art puisse aussi trouver une cohérence, avec des choses plus fines. Cette idée est arrivée naturellement. J’ai fait des études scientifiques, Romain aussi d’ailleurs, et quand je me suis retrouvée à La Cambre, j’ai eu le sentiment d’être ensevelie par tout ce qui avait été fait et que je ne connaissais pas. On me disait « fais quelque chose » et je me sentais incapable de créer puisque tout avait été fait. En même temps, je me disais que dire que tout avait été fait, ça avait aussi été dit ! Mais je devais le dire quand même. Aujourd’hui, du coup, je me sens moins oppressée. Ça a libéré quelque chose. Ce que je retiens de tout ça, c’est qu’il y a une issue, c’est que l’on peut encore inventer, créer, transformer.

Romain : Pour moi #1, c’est la course poursuite sur la page blanche d’un artiste. Il n’y a pas de décor, on est dans un univers blanc. Ça dit qu’il faut arrêter de se poser des questions et faire…agir….

Le film de fin d’année de Marion à La Cambre sera aussi une réalisation de Noamir, j’imagine ?

Romain : Oui. Ce sera totalement différent de #1 graphiquement : au niveau des détails, des couleurs, des décors. Ce sera moins abstrait, plus narratif. On a aussi décidé de faire venir deux musiciens qui joueront en live comme dans les film muets. La bande-son sera bien sûr enregistrée sur les images, mais pour le jury, et si le film est projeté dans des festivals, le son sera en direct.

Marion : Je suis partie un mois en workshop au Danemark pour faire le story-board. J’ai commencé à dessiner en décembre. En ce moment, je suis en train de l’animer, j’ai déjà six minutes sur  une durée totale de 7 minutes. Le film s’appelle Shanti, qui signifie « patience » en tibétain. C’est l’histoire de trois enfants qui sont un peu dans leur monde. On a voulu montrer la magie ordinaire, montrer qu’elle peut arriver à n’importe quel moment et comment faire pour la gérer. Un des trois enfants va vivre ce moment et va essayer de voler. Parler  des enfants, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. L’innocence, la curiosité, ce sont des thèmes qui nous intéressent. Deux choses nous ont inspirés : un morceau de musique, Révélation de Dave Holland, ainsi que Dharma et créativité un livre de Chögyam Trungpa (un des maîtres tibétains contemporains qui a joué un très grand rôle dans la transmission du Bouddhisme) qui parle de la magie ordinaire et de la patience qu’il faut avoir. Tout a commencé il y a un an, avec un petit dessin animé de rien du tout que j’avais fait pour Romain, quand il était à l’hôpital, pour l’aider à traverser ce moment.

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Comment voyez vous le court métrage d’animation en général ? Cela vous semble t-il une bonne carte de visite pour l’avenir ou un véritable espace de création ?

Romain : Je sais que c’est un a priori et que certains y arrivent, mais moi j’ai du mal à imaginer qu’on puisse vivre uniquement du court métrage. Ce qui est intéressant, c’est que le court métrage est quelque chose de concret et permet plein de choses. Si on peut en vivre, tant mieux ! Le problème c’est la visibilité. La diffusion est un peu bloquée, et le seul endroit où on peut les voir, c’est les festivals et les associations. Ça reste quelque chose d’un peu confidentiel, un truc d’aficionados.

Marion : Le court métrage d’animation, ça nous permet de faire ce qu’on aime. C’est un espace où dessin et musique trouvent tout leur sens. Mais Noamir, c’est aussi des clips, des concerts jazz où j’improvise des dessins en direct, des pochettes d’album …. On a aussi envie de faire des choses différentes, de travailler sur des projets d’autres personnes

Romain : On travaille en ce moment avec un chanteur français, Brazùk, pour les arrangements et l’univers graphique. Le clip, c’est vraiment un espace qui laisse beaucoup  de liberté. Quand on voit ceux de Björk par exemple, ce sont des œuvres artistiques à part entière. On a beaucoup de projets de clips pour l’instant. Mais là encore, est-ce que le clip n’est pas aussi du court métrage ?

#1 part à Cannes. Pour un exercice de deuxième année, j’imagine que ça a dû être une surprise pour vous ?

Marion : Le film a été proposé par La Cambre et a été sélectionné pour la Cinéfondation. Quand on m’a contactée par téléphone, je croyais que c’était une blague d’un copain ! Quand tu commences à faire du cinéma, Cannes, c’est un truc un peu….enfin, c’est quelque chose que tu imagines un peu plus tard quand même !

Romain : Même beaucoup plus tard… même jamais ! Pffff, mais c’est génial !

Marion : Oui, pour les contacts, les rencontres…le champagne !

Romain : Même s’il ne se passe rien, qu’on ne rencontre personne, on va quand même s’y croire pendant quatre jours. C’est incroyable ! On ne pense même pas à un prix ! Pour nous, aller là-bas, c’est déjà suffisant ! On s’est amusé à regarder sur Internet un petit film sur les 60 ans de Cannes, et tu vois mais…. tout le monde… ils sont tous là, les monstres du cinéma !!!!! Maintenant, il nous reste deux choses à faire :  des cartes de visite, et acheter un smoking chez Tati.

Propos recueillis et mis en forme par Sarah Pialeprat

Article paru sur Cinergie.be

Article associé : la critique du film

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Cannes 2009

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L’événement culturel le plus médiatisé du monde a son Focus sur Format court. Même si Cannes n’a pas pour vocation d’être un festival de courts métrages, ceux-ci s’affichent dans toutes les sections, officielles comme parallèles. À la Semaine de la Critique et à l’ACID, ils sont projetés avant chaque long. À l’officielle, ils concourent pour la Palme d’or. À la Cinéfondation, ils mettent en valeur les films d’étudiants. Et à la Quinzaine des Réalisateurs, ils sont présentés dans des programmes spéciaux.

Retrouvez dans ce Focus :

Masculin, masculin

Qu’il soit profane ou sacré, l’art emprunte à la réalité ce qu’elle a de plus banal, complexe ou intime. Reflet d’un monde en évolution, le cinéma exhibe, aujourd’hui, les failles de la société dans laquelle l’homme tente en vain de garder l’équilibre. C’est du moins l’impression ressentie au regard des films courts présentés en compétition nationale et internationale de la 12ème édition du Festival du Court Métrage de Bruxelles.

Dans cette sélection internationale vaste et variée l’homme d’aujourd’hui est en questionnement perpétuel. On l’aperçoit tantôt enfant, obligé de prendre une décision cruciale pour son identité de petit mec « Jerrycan » (de Julius Avery), tantôt adolescent lors de sa première expérience sexuelle « Love you more » (Premier amour, de Sam Taylor-Wood), en conflit face à un père incompréhensif « El viaje al paraiso » (Un voyage au paradis, de Juanan Martinez), « Déraciné » (de Pierre-Antoine Fourinier), en jeune cadre en manque d’affection « Voyages d’affaires » (de Sean Ellis), ou encore plus âgé, confronté à un placement inévitable dans une maison de retraite (Le Premier jour, de Karolina Jonsson).

Plus touchant dans sa position de père, l’homme doute des valeurs qui lui étaient prêtées jusque là. Loin du surhomme surlequel on peut compter, il peut se montrer écorché en pitoyable alcoolique « Martin » (de Sean Branigan), dévasté par le remords « U ime Sima » (Au nom du fils, de Harun Mehmedinovic), attendrissant à l’article de la mort « Sleeping mat » (Le Matelas), éveillé par une sensibilité que seul le quotidien du handicap permet « Orgesticulanismus » (de Mathieu Labaye) ou tout simplement bouleversant en face de l’enfant qu’il partage avec son ex-femme « Zand » (de Joost Van Ginkel).

Dans la sélection nationale, « Dimanche soir » (de François Pirot) présente un trentenaire vacillant tout à coup et hésitant entre liberté et responsabilité. En tant que père dans « Bonne nuit » (de Valéry Rosier) et « La Balançoire » (de Christophe Hermans), l’homme se retrouve dans le plus grand des désarrois social et affectif, mais tente coûte que coûte d’être à la hauteur

À travers le thème de l’homme, trois films oubliés du palmarès ont retenu notre attention subjective : « Zand » de Joost Van Ginkel, « Jerrycan » de Julius Avery, et « La Balançoire » de Christophe Hermans.

Zand de Joost Van Ginkel

Ce petit film néerlandais évoque une relation délicate et trop peu abordée au cinéma, celle qui unit un père et sa fille. Entre Luuk, chauffeur de poids lourds un peu bourru et Isabel, sa petite princesse, il existe une complicité extraordinaire nourrie par un amour simple et pur. Des phares de camion éclairant les petits pas d’une danseuse étoile suffisent à mettre en valeur la vulnérabilité d’un père aimant.

Face au monde sécurisant du père, répond celui de la terrible réalité qu’Isabel rencontre un peu trop souvent par la main leste de sa mère. Traitant avec pudeur et audace de la maltraitance, Joost Van Ginkel remet en question le cliché de l’homme violent et de la femme protectrice.

Jerrycan de Julius Avery

Quand on est jeune et que l’on circule en bande, on subit toujours à contrecœur les caprices du chef. Un jour, Nathan bafoue l’autorité de celui-ci au péril de sa vie, et la conséquence de son choix lui permet de construire son identité au sein du groupe et par extension, au sein de la société.  On ne naît pas homme, on le devient, semble affirmer le cinéaste australien, Julius Avery.

Admirablement mis en scène, cette sorte de « Easy rider » à vélo montre avec humour et tendresse la nécessité de s’affirmer dans la jungle sociale urbaine. Lauréat du Prix du Jury, à Cannes, l’an dernier « Jerrycan » filme les moments forts d’un groupe de jeunes acteurs non professionnels captés en gros plans, à la manière du cinéma direct.

La Balançoire de Christophe Hermans

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Présenté en compétition nationale, le film renouvelle le genre intimiste avec talent. Refusant la séparation de ses parents, un enfant désire recréer la cellule familiale bancale (représentée par une balançoire) dans une station-essence, sur le bord d’une autoroute anonyme, à mi-chemin entre sa mère et son père.

Quelle est la place du père dans cette nouvelle configuration ? Comment s’y prendre ? Partagé entre les valeurs obsolètes du paternalisme et la tolérance excessive voire irresponsable d’un Peter Pan qui refuse de grandir, l’homme se cherche. Traité avec justesse, « La Balançoire » est un huis-clos qui se dessine délicatement, par petites touches impressionnistes.

Parmi les 82 films sélectionnés, au Festival, cette année on a donc pu découvrir la thématique de l’homme vu par lui-même. Sur le point de perdre pied, celui-ci plonge dans les abysses de la confusion. Dans le sillage du court métrage, flotte le visage inquiet d’un Adam aux prises avec un ego malmené. Loin des préoccupations collectives, les cinéastes se centrent sur l’individu et sur la cellule familiale éclatée. L’homme se montre fragile, craintif, assailli par la peur et le doute. Dans l’espoir d’atteindre son âme, la caméra observe le moindre mouvement de son corps, la moindre expression sur son visage.  L’art est-il le reflet de la société ?

Marie Bergeret

Consulter les fiches techniques de « Zand », « Jerrycan », et « La Balançoire »

J comme Jerrycan

Fiche technique

Synopsis : Nathan, sous la pression de ses camarades, doit prendre une décision qui mettra sa vie en jeu.

Genre : Fiction

Durée : 13’30’’

Pays : Australie

Année : 2008

Réalisation : Julius Avery

Scénario : Julius Avery

Images : Adam Arkapaw

Son : Emma Bortignon

Montage : Jack Hutchings

Musique : Andrew Callaghan

Interprétation : Tristan Burke, Walter Currie

Production : Park Films

Article associé : la critique du film

Z comme Zand (Sable)

Fiche technique

Synopsis : Luuk, chauffeur de poids lourd, est de toute évidence un bon père pour sa fille Isabel, qui vit avec sa mère. Dès qu’il le peut, il l’emmène faire une balade en camion. Mais un jour, il découvre la terrible vérité qui se cache derrière le silence de sa fille.

Genre : Fiction

Durée : 21’

Pays : Pays-Bas

Année : 2008

Réalisation : Joost Van Ginkel

Scénario : Joost Van Ginkel

Images : Rogier den Boer

Son : Ruud de Boer

Montage : Bob Soetekouw

Musique : Amir Swaab, Jorg Kaaij

Interprétation : Jack Wouterse, Veerle Witkop, Margot Ros

Production : Helen Zwaan

Article associé : la critique du film

B comme La Balançoire

Fiche technique

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Synopsis : Une station-essence autoroutière plantée entre deux-mondes, celui d’un père et celui d’une mère… L’histoire d’un petit garçon encombré d’une balançoire qu’il faudra bien fixer quelque part. C’est sa balançoire, à lui. Mais c’est où, chez lui, justement ?

Genre : Fiction

Durée : 18’

Pays : Belgique

Année : 2008

Réalisation : Christophe Hermans

Scénario : François Verjans, Christophe Hermans

Images : Fred Noirhomme

Son : Jeff Levillain

Montage : Joel Mann

Interprétation : Thomas Roland, Jean-Jacques Rausin et Charlotte Dupont

Production : Eklektik Productions

Article associé : la critique du film

Simon Bogojevic-Narath : Carte blanche au Forum des Images

Cartes blanches, hommages, reprises de festivals ou avant-premières, le Forum des images continue d’explorer le cinéma d’animation, une fois par mois, en partenariat avec l’Afca. Programmé le mardi à 19h00, ce rendez-vous est l’occasion de rencontrer des auteurs français et étrangers, venus parler de leurs parcours et de ceux qui les ont influencés. La prochaine carte blanche offerte est celle de Simon Bogojevic-Narath, le 30 juin prochain.

Remarqué en festival pour ses courts métrages – Plasticat, l’ambitieux Leviathan et, récemment, l’étrange et fascinant Morana –, le Croate Simon Bogojevic-Narath est sans doute l’auteur le plus prometteur de sa génération dans les Balkans. Diplômé des Beaux-arts de Zagreb, il travaille depuis 1990 sur des films expérimentaux et des installations vidéo. En 1993, il se lance dans l’animation et fonde FX Interzone, qui produit des vidéos en images de synthèse pour des chaînes de télévision. Il est actuellement directeur artistique de Bonobostudio, spécialisé dans les courts métrages d’animation et les films expérimentaux.

30 Juin – 19h00 (105 min) : Les films choisis par Simon Bogojevic-Narath (sous réserve). Séance en présence du réalisateur qui présente et commente une sélection de films l’ayant marqué et influencé, programmés en regard de ses propres films.

Šagrenska Koža / La Peau de Cragin (1960, 11min) et General in resni clovek de Vlado Kristl (1962, 10min) ; Pasadena Freeway Stills de Gary Beydler (1974, 6min) ; Open Reel de Dalibor Martinis (1976, 4min) ; No Title (Rezanje Vrpce) de Goran Trbuljak (1976, 25sec) ; Manual de Dalibor Martinis (1978, 1min30) ; Personal Cuts de Sanja Ivekovi´c (1982, 4min) ; Water Pulu 1869 1896 d’Ivan Ladislav Galeta, (1987/1988, 9min) ; Contamination de Carl Stevenson (2003, 6min), Dad’s Dead de Chris Shepherd (2003, 7min) ; Seventeen de Hisko Hulsing (2003, 12min) ; Empire d’Édouard Salier, (2005, 4min).

30 Juin – 21h00 (127 min) : Les films de Simon Bogojevic-Narath et les productions du Bonobostudio (sous réserve) :

Hand of the Master (1995, 6min) ; Plasticat (2003, 10min), Leviathan (2006, 15min) et Morana (2008, 13min) de Simon Bogojevic Narath ; She Who Measures de Veljko Popovic (2008, 7min) ; Relocated de Vladislav Kneževic (2005, 12 min) ; Soldat de David Peroš Bonnot (2006, 5min) et des extraits des nouvelles productions de Bonobostudio : The Flowers of Battle de Simon Bogojevic Narath ; Old Woman and the Dog de Veljko Popovic ; Arheo29 de Vladislav Kneževic ; A Tale from the Beginning of Time de Božidar Trkulja ; Jozef de Dario Jurican et Larcana Project de Nikola Radovic (sketches, designs, animation tests – 15min).

Site Internet : http://www.forumdesimages.net/fdi/Rendez-vous/Cinema-d-animation

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