Cette année, le Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand aura lieu du 29 janvier au 06 février 2010. Les inscriptions en ligne sont déjà ouvertes, sur le site www.shortfilmdepot.com.
COMPETITION INTERNATIONALE
Date limite d’inscription des films : 15 octobre 2009
Frais d’inscription : gratuit
Conditions :
1) Film terminé après le : 1er juillet 2008
2) Durée maximale : 40 minutes
3) Origine : Tous pays sauf France
4) Support de projection au festival : 35 mm, Beta SP Pal ou Digital Betacam Pal
Date limite d’inscription et réception des films : 31 octobre 2009
Frais d’inscription : gratuit
Conditions :
1) Film terminé après le : 1er juillet 2008
2) Durée maximale : 59 minutes
3) Origine : France comme pays de production principal
4) Support de projection au festival : 35 mm, Beta SP Pal ou Digital Betacam Pal
Aucune inscription pour cette compétition puisque les films seront choisis parmi ceux inscrits aux deux compétitions ci-dessus.
Dès que votre inscription en ligne est terminée, merci de faire parvenir au Festival 2 DVDs de votre film (1 DVD pour la sélection festival + 1 DVD pour le marché) à l’adresse ci-dessous :
Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand (France)
– par poste (bien préciser “sans valeur commerciale – usage culturel”) à :
La Jetée, 6 place Michel-de-L’Hospital
63058 Clermont-Ferrand Cedex 1, France
– ou EMS (DHL, Federal Express…) en déclarant une valeur inférieure à 15 € ou US$. à :
La Jetée, 6 place Michel-de-L’Hospital
63000 Clermont-Ferrand, France
Meuglements, aboiements, miaulements, pépiements, roucoulements, bruits de carpes, hurlements, applaudissements, … : bienvenue au Festival d’Annecy. Au rendez-vous de l’image, il est coutumier de ne pas rester tranquille sur son siège, de faire de grands signes aux copains, de chahuter devant la bande-annonce officielle, et d’envahir l’espace, avec d’improbables avions en papier. Ces rituels, potentiellement déconcertants, font partie de la popularité de l’événement. À Annecy, on ne se prend pas trop au sérieux, et ce n’est pas plus mal.
Le ton est donné à l’entrée de la Grande salle du centre Bonlieu. Des recommandations fusent (“dites, le ballon, vous le gardez aux pieds”), tandis que la voix-off demande, sans surprise, d’éteindre son téléphone portable, mais étrangement, de ne pas perturber la projection, “dans la mesure du possible”.
Certes, la facétie est de mise, en début de séance. Parallèlement à la surenchère de cris animaliers, des avions en papier, fabriqués à l’aide de programmes ou de feuilles de calcul, alignent les figures dans les salles. Des applaudissement nourris accompagnent les projectiles de fortune qui parviennent à atteindre la scène, tandis que des acclamations gratifient ceux qui percutent les rideaux de velours. Force est de constater que les spectateurs ne sont pas spécialement de bons pilotes, et que leurs avions atterrissent souvent en urgence, quelques rangées plus bas, sur une tête, dans un cou, et occasionnellement, dans un oeil (et ça fait mal, peut attester la reporter).
Survient une autre forme d’agitation, devant la bande-annonce des partenaires du festival. La musique s’accélère, les clameurs redoublent, quand tout à coup, un lapin blanc fait intrusion dans l’image, et suscite l’exaltation du public. Depuis qu’un mammifère à pelage doux et à dents chouettes s’est incrusté dans une bande-annonce, lors d’une édition précédente, le public annecien s’est pris d’affection pour la bonne bête. Depuis ce jour, dès qu’un lapin apparaît, en guise de clin d’œil, à l’écran, l’enthousiasme s’installe dans la salle.
Le lapin occupe une telle place dans la localité du fromage chaud déclinable (fondue/raclette) qu’il est impossible de rester passif devant une sale affaire, survenue en plein festival. Cette année, un doudou à grandes oreilles a été retrouvé, tout seul, et rapporté au Bureau des Pleurs. Étonnamment, les parents de la propriétaire ont pris le soin d’inscrire le prénom et le nom de leur fille sur les oreilles du doudou. Sans succès, un bénévole a contacté toutes les familles homonymes de la région pour restituer la peluche. Une de ses collègues en fait une affaire personnelle. Étant mère, elle connait bien l’importance du doudou : “il y a une petite fille toute triste en ville. Un doudou, on y est attaché, ça ne se remplace pas. C’est personnel, c’est sale, et ça pue.”.
Depuis 2005, le site Short Film Depot, créé par l’association Sauve Qui Peut le Court Métrage (liée au Festival de Clermont-Ferrand), offre, aux réalisateurs, producteurs, distributeurs, organismes, écoles, etc, la possibilité d’inscrire gratuitement leurs films dans les principaux festivals du monde entier, au moyen d’un formulaire unique, et d’un compte personnel. Avec ce système d’inscriptions en ligne, les données sont sauvegardées une fois pour toutes, pour tout film enregistré. Régulièrement, chaque utilisateur reçoit des messages d’alertes, en fonction du calendrier des festivals, et de la spécificité du film inscrit.
Le site est également ouvert aux festivals présentant au moins une section consacrée au court métrage. Moyennant 1.000 €, chaque festival adhérent dispose d’un outil d’administration en ligne auquel il accède directement pour optimiser la gestion de ses inscriptions. 26 festivals internationaux, partageant les valeurs de la Conférence Internationale du Court Métrage, sont d’ores et déjà membres du réseau Shortfilmdepot.
C’est l’été. On ne va pas vous recommander de porter un bermuda violet, de vous lancer dans un régime à base de soupes, de lire le dernier Marc Levy, ou d’arrêter les lardons. Même si vous êtes en tongs, et dans vos valises, on vous reparle de Cannes, bien que le festival ait éteint ses lampions depuis sacrée lurette.
Dans le fief du tapis rouge, du téton à l’air, et de la paillette à gogo, vous disposez du loisir d’en savoir plus sur le sentiment de liberté éprouvé à la Fémis, de découvrir comment le skate-board peut mener au cinéma, de vous imprégner d’Islande et de de films personnels, d’approcher la Cinéfondation et son amitié pour les films d’école, de vous débarrasser de vos préjugés liés à la chasse, d’être séduits par un univers gémellaire animé et musical, de vous laisser guider dans l’alphabet, ou encore de vous replier sur les DVD de la Quinzaine des Réalisateurs et de la Semaine de la Critique.
Envie de légèreté ? C’est possible, avec notre clip (voir ci-dessus), le journal de petite taille, et le reportage photo rapportés de Cannes. Nos invités ? Sandrine Kiberlain, Penélope Cruz, les glaces en boules, et les chaises pliantes. Si cela ne vous suffit pas, présentez un nouveau venu à votre garde-robe, dites-vous que les légumes sont vos amis, passez à la librairie, et recommencez les lardons.
Présenté à l’ACID, cette année à Cannes, « Ébullition » est le troisième temps d’un film plus large intitulé « Fragments d’une rencontre ». Réalisée par Anne Toussaint, « Ébullition » prend les formes du documentaire pour capter deux moments de la réalisation de « Sirine », un film réalisé « entre les murs » par Khalid Saadi.
Étrange et belle histoire que « Fragments d’une rencontre » : pendant deux ans, des étudiants de Sciences Politiques, à Paris, sont allés à la Prison de la Santé rencontrer des détenus et tourner avec eux des films dans le cadre d’un atelier, « En quête d’autres regards », dirigé par Anne Toussaint. En est né ce film qui se compose de quatre diptyques (« Rue des plaisirs », « Ébullition », « Le cadre d’Anna », « Projections »). Chaque fois, Anne Toussaint documente la genèse d’un film que l’atelier va réaliser – ce qui est en jeu et en question dans ce projet. Puis, le film lui-même nous est donné à voir une fois réalisé. Là, dans cette marge, dans cet écart entre un projet et sa réalisation, se jouent tous les silences, les imaginaires, les possibles qui sont à l’œuvre dans l’acte de créer. Tour à tour, les regards se confrontent autour des images, qu’elles soient à produire, à penser ou encore à mettre à l’épreuve. En allant et venant entre filmeurs, filmés et films, Anne Toussaint tourne une sorte de carrousel des regards où des subjectivités, et des imaginaires se heurtent, se confrontent, se croisent pour venir, finalement, se concrétiser sous nos yeux. L’enjeu de la rencontre surgit dans la confrontation entre l’intérieur et l’extérieur, dans la marge, le hors champ. Dans ce troisième fragment que constitue « Ébullition », l’ailleurs, l’extérieur que ces jeunes gens amènent dans les murs de la prison est mis à l’épreuve – ce moment où quelque chose s’éprouve. Face à un homme enfermé qui récuse cette peine comme une absurdité, comment se positionner, quand on est la future élite politique d’une démocratie ? Et peu à peu, le film de Khalid Saadi dégage, quant à lui, un horizon inatteignable, l’impossible projection hors des murs.
De quelle manière métaphoriser un sentiment d’oppression à l’écran ? L’idée de Khalid Saadi est de filmer de l’eau qui bout. Prendre une image au pied de la lettre donc, car c’est en lui que ça bout.Oui, mais dans quel récipient filmer cette eau qui bouillonne ? Pour les étudiants qui l’accompagnent dans la réalisation du film, la cocotte minute – et sa soupape – ferait l’affaire. Pour lui, non. Dans l’immobilité de ce qu’il vit, dans ce temps mort qui est le sien, il n’y a pas de soupape. S’engage alors une discussion où Khalid débat et se débat – et c’est tout son corps qui se débat, bouge, cherche à s’échapper, sa voix qui monte et ne lâche pas prise. Sous nos yeux, se rejoue justement ce drame intime de l’enfermement, de l’incommunicable, de l’incompréhension quand il est pris peu à peu comme une mouche dans la toile de leurs propos et qu’il lutte, pourtant. Dans un second temps, une autre discussion s’engage au moment du montage du film, où se questionne, à partir de l’enfermement de Khalid, la validité de la métaphore qu’il a employé (et se repose sans cesse cette question de la validité d’une image : qu’y a-t-il donc à discuter autour de ces images, sinon leur justesse, puisque qu’il n’y a là qu’une subjectivité qui cherche à métaphoriser un ressenti… ?). La discussion peu à peu débouche sur une autre question, celle de la légitimité de la peine carcérale. La caméra d’Anne Toussaint va et vient d’un visage à l’autre, d’une parole à l’autre, où Khalid, encore s’énerve, se bat et se débat, prisonnier de ce qu’on veut lui faire dire. Au fil de cette discussion sur la peine carcérale et les petites soupapes que l’institution croit lui donner au travers d’un ventilateur ou d’une télévision, il revient à ce que serait pour lui une véritable échappatoire : une voie vers l’extérieur, une possibilité de se projeter dans un avenir au dehors. Et la véritable souffrance qui le traverse, semble là, dans cet extérieur impossible à atteindre, vers où il n’y a pas de voie, et les élèves venus d’ailleurs, justement, avec leurs incompréhensions, en sont, au final, une bonne illustration. Mais cette rencontre, pourtant, gît là : dans cette confrontation des regards, dans cette caméra qui le filme et qui l’ouvre, justement à l’extérieur, dans la projection des films eux-mêmes, dans la rencontre avec le spectateur.
À la suite d’ « Ébullition », vient « Sirine », long plan fixe d’une eau qui bout. Tout d’abord calme et claire, montée avec des bruits de la mer, l’image, tout à coup s’obscurcit tandis que le son d’une porte claque. Alors l’eau commence à bouillir, tout doucement, tandis qu’une voix égrène « promenade, douche, gamelle ». Et tandis que l’eau bout de plus en plus, s’agite et se démène, son bruit d’ébullition peu à peu recouvre la litanie des mots. Et le film, brusquement s’arrête. Sans issue. La beauté de « Sirine », qui peu à peu, nous oppresse dans l’attente d’un quelque chose qui n’arrive pas, est dans la force, la lisibilité et la simplicité de sa métaphore. Elle prend tout son impact à la suite des propos de Khalid Saadi : « ça pète ensuite dehors ». « Ébullition », loin d’être un film d’atelier, un film d’éducation à l’image ou encore une bonne action, est un film politique. À bon entendeur.
Synopsis : Durant une année, des étudiants en sciences politiques sont venus chaque semaine à la prison de la Santé travailler avec le groupe de l’atelier « En quête d’autres regards ». Ensemble ils ont regardé des images et éprouvé l’acte de filmer. Ébullition est un moment particulier de cette rencontre.
Genre : Documentaire
Durée : 12’
Pays : France
Année : 2005
Réalisation : Anne Toussaint, et Khalid Saadi, avec les membres de l’atelier cinéma “En quête d’autres regards” de la prison Paris La Santé
Le PISAF (Puchon International Student Animation Festival) célèbre du 6 au 10 novembre 2008 sa 11ème édition dans la ville de Bucheon, en Corée du Sud. Depuis 1999, le Festival s’intéresse aux films d’étudiants en animation, et contribue à la découverte de nouveaux réalisateurs et de nouvelles tendances en animation.
Dans le cadre de la programmation de sa 11ème édition, le Festival lance un double appel à candidatures :
– « Short Animated Film » : ouvert aux films d’animation d’une durée inférieure à 30 minutes
– « New Media Content » : ouvert aux spots internet ou mobiles, aux vidéos ou aux animations interactives (durée : environ 1 minute)
Conditions : Les films-candidats doivent être des films d’étudiants, et doivent avoir été achevés après novembre 2007.
Le formulaire d’inscription est téléchargeable sur le site du Festival : www.pisaf.or.kr
Après Cannes, voici les images rapportées d’Annecy. Solitaires ou regroupées, elles croquent :
* Les interviewés de notre Focus : Hanna Heilborn, réalisatrice suédoise de « Slavar », Prix Unicef et Cristal d’Annecy, et Izù Troin (chemise grise), réalisateur du « Bûcheron des mots »
* Un aperçu de la vieille ville, et du Bureau des plaintes/pleurs
* Des stands du MIFA (le Marché du film), et des figurines de l’expo “Panique au Village”, en lien avec le film de Patar et Aubier
* Des invités du festival : Peter Sohn, réalisateur de « Partly Cloudy » (le dernier court de Pixar), et les deux lauréats ex æquo du Cristal du long métrage, Adam Elliot (réalisateur, à lunettes, de « Harvie Krumpet », et de « Mary & Max »), et Henri Selick (réalisateur de « James et la Grosse Pêche », et de « Coraline »)
* Et pour l’insolite, un cheval déshydraté à la terrasse des Deux Avenues, et un doudou-lapin égaré en plein centre Beaulieu
Chaque pays possède apparemment ses frères déjantés du cinéma. Aux États-Unis, les frères Coen, en Belgique, les frères Malandrin, et en Grande-Bretagne ? Les frères Mc Leod. Myles et Greg n’ont pas leur stylo dans leur poche, et leur dernier court métrage animé de moins de quatre minutes, intitulé « Codswallop », nous transporte immédiatement dans un univers personnel plus qu’étrange.
Codswallop ? Avec leurs têtes un peu hirsutes, leurs barbes, et leur petit air de mauvais garçons, on aurait pu penser que les frères Mc Leod avaient choisi pour titre une injure anglaise intraduisible. Il n’en est rien. Codswallop, signifie « bobards » ou encore « absurdités », « n’importe quoi » ! Mais « codswallop », avec son air de pas grand-chose, est loin d’être n’importe quoi justement !
À première vue, des vignettes défilent sur l’écran, deux par deux, et montrent de petites scènes humoristiques de quelques secondes sans véritables liens entre elles. Ici, une chouette inquiète et trop bavarde, là, un lapin joyeux à pois et grandes oreilles, là-bas, un cycliste pourvu de quelque huit paires d’yeux. Leurs propos ? Cela va de réflexions shakespeariennes, « Always ask questions – Don’t look for answers » [Posez toujours des questions. – Ne cherchez pas de réponses] à des préoccupations culinaires de la plus haute importance du genre « I think I’ll cook pea and bean risotto tonight » [Je pense que je vais cuisiner des petits pois et du risotto aux haricots ce soir].
À y regarder de plus près, ce très court métrage qui semble un charmant fourre-tout cache pourtant une cohérence grâce à des liens ténus visuels ou sonores qui organisent ce petit monde joliment poétique et joyeusement fantasque. Le héros d’une des scènes se retrouve en photo en arrière-plan à un autre moment, le décor de fond d’une vignette devient le carrelage d’une autre, deux chapeaux sauteurs traversent l’image à divers moments…et l’on s’amuse à chercher les indices d’une scène à l’autre, comme dans les jeux de notre enfance, comme dans le fameux « Où est Charlie ? ». C’est drôle et sophistiqué, c’est joli et joyeux, c’est donc rare et précieux.
Du 8 au 13 septembre 2009, Fantoche, le Festival International du Cinéma d’Animation de Baden (Suisse), vivra sa septième édition. 39 œuvres, déclinées en cinq programmes, ont été retenues pour la compétition internationale. Cette année, le jury est constitué de cinéastes d’animation, d’artistes et de producteurs : Abi Feijó (Portugal), Lauri Faggioni et Caroline Leaf (États-Unis), Thomas Ott (Suisse) et Tatia Rosenthal (Israël). De son côté, le public est également en mesure de désigner son film préféré.
Programme 1
Staty tverdym, de Stepan Koval (Ukraine) Lost and Found, de Philip Hunt (Grande-Bretagne) Slavar, de Hanna Heilborn et David Aronowitsch (Suède) The Royal Nightmare, d’Alex Budovsky (États-Unis) Dar khane-ye ma, de Maryam Kashkoolinia (Iran)
Programme 2
Muto, de Blu (IT) Please Say Something, de David OReilly (Allemagne) Tôt ou tard, de Jadwiga Kowalska (Suisse) Bing & José, de Yi Zhao (Pays-Bas) Öhus, de Martinus Klemet (Estonie) Jaulas, de Juan José Medina (Mexique) Mission, de Ramil Usmanov (Kazakhstan) Lidingöligan, de Maja Lindström (Suède)
Programme 3
Dialogos, de Ülo Pikkov, (Estonie) The Heart of Amos Klein, de Michal Kranot, Uri Kranot (Israël, France, Pays-Bas, Danemark) Souiu Megane, de Atsushi Wada (Japon) Walzerkönig, d’Adnan Popovic (Autriche) Noteboek, d’Evelien Lohbeck (Pays-Bas) Malchik, de Dmitry Geller (Russie) Drux Flux, de Theodore Ushev (Canada) Passeio de domingo, de José M. Ribeiro (Portugal, Pays-Bas, Belgique, France)
Programme 4
Der Da Vinci Timecode, de Gil Alkabetz (Allemagne) Refreny, de Wiola Sowa (Pologne) Raah, de Sanjay Jangir (Inde) Poznija gosci, de Yulia Ruditskaya (Bielorussie/Russie) Bamiyan, de Patrick Pleutin (France) The Control Master, de Run Wrake (Grande-Bretagne) Rybka, de Sergei Ryabov (Russie) Chainsaw, de Dennis Tupicoff (Australie)
Programme 5
Lögner, de Jonas Odell (Suède) Western Spaghetti, de PES (États-Unis) Kurzes Leben, de J. Freise, D. Šuljić (Autriche, Allemagne) Madame Tutli-Putli, de Chris Lavis, Maciek Szczerbowski (Canada) Il gioco del silenzio, de Virginia Mori (Italie) Ezurbeltzak, una fosa común, d’Izibene Oñederra (Espagne) Lucia, de Cristóbal Leon, Joaquín Cociña et Niles Atallah(Chili) On i ona, de Maria Mouat (Russie) Sparni un airi, de Vladimir Leschiov (Lettonie) Retouches, de Georges Schwizgebel (Suisse, Canada) Le site du festival : www.fantoche.ch
Même si le festival d’Annecy compte de plus en plus de longs métrages dans sa sélection officielle (9 films retenus sur 45, cette année), la plateforme incontournable de l’animation reste très attachée à la forme courte. Projetés pendant la deuxième semaine de juin, les programmes courts contribuent, pour beaucoup, à la vitalité et au dynamisme de l’événement. Même “petits”, ils font preuve d’originalité et d’inventivité, et attirent l’œil pour la qualité et la richesse de leur animation, de leur histoire, et de leur univers graphique.
Dans cette 33ème proposition d’images en mouvement, la version courte s’affiche un peu partout : dans les programmes de courts métrages, de films de fin d’études, de télévision, et de commande, comme dans les cartes blanches (offertes à l’Allemagne et au réalisateur Jean-Pierre Jeunet), les voyages sur la lune, les films de danse, ceux au service de l’écologie, et ceux qui n’ont que faire du politiquement correct. Si la variété s’invite dans les programmes, elle s’insère aussi dans les techniques utilisées (dessin sur papier, sur cellulos, ordinateur 2D/3D, éléments découpés, pâte à modeler, marionnettes, animation d’objets, pixillation, prises de vues réelles, …).
Partly Cloudy
Quant aux histoires, certaines sont des purs instantanés de comédies, tandis que d’autres s’aventurent dans des registres émotionnels, documentaires, musicaux, et même trash. L’humour subtil, par exemple, se reconnait dans plusieurs titres : la recette inédite de pâtes, « Western Spaghetti », concoctée par l’américain Pes, récompensée du Prix du Public; « Codswallop », une succession de dias absurdes et de personnages anglais curieux, en proie à des questions existentielles, croquée par les frères Mc Leod; « About love », l’étude scientifique d’une attirance entre aimants, menée par l’italien Giacomo Agnetti; « Sagan om den lille dockpojken », un conte jubilatoire “très long et très compliqué” animé par le suédois Johannes Nyholm; « Partly Cloudy », la dernière production des studios Pixar, qui répond à la terrible question “d’où viennent les bébés ?” par l’entremise de son réalisateur, Peter Sohn. Enfin, du côté de l’Argentine, « El empleo » de Santiago Grasso, s’impose. Le lauréat du prix Fipresci, mêle subtilement passivité du quotidien, individus-objets, et sobriété du dessin.
Zachte Planten
Délivrées dans des films très personnels, les émotions, elles, se déclinent dans quelques films de fin d’études, de façon touchante et poétique : du côté belge, « Milovan Circus », de Gerlando Infuso, livre le récit en volume, d’un mime de rue en proie au rejet, à la solitude et à la vieillesse, et « Zachte planten », de Emma De Swaef, offre une balade tout en douceur et en laine, à dos de mouton. « Volgens de vogels », de la hollandaise Linda Faas, accompagne le réveil de petits animaux des bois, alors que « Homeland », de Juan de Dios Marfil Atienza, illustré en République tchèque, réunit une petite madame et un curieux bonhomme à une main.
Lögner
Autres images remarquées, celles relatives au documentaire animé, avec trois courts métrages en lien avec des faits réels. « Q&A », des américains Tim et Mike Rauch, traite de la relation entre un adolescent atteint du Syndrome d’Asperger et sa mère. « Lögner », du suédois Jonas Odell, se compose de trois enregistrements de mensonges, appuyés par des graphismes très différents, d’une histoire à l’autre. « Slavar », des suédois Hanna Heilborn et David Aronowitsch, récompensé du Prix Unicef et du Cristal du court métrage, livre un témoignage grave et sobre, celui de deux enfants soudanais, revenant sur leur passé d’esclaves. En réalité, le recours au documentaire animé n’est pas une première pour les deux réalisateurs : leur premier film, « Gömd », reposait sur l’interview d’un adolescent péruvien vivant dans l’illégalité en Suède.
Je criais contre la vie. Ou pour elle
Comme dans toutes les formes de cinéma, en animation, le son est crucial, raison pour laquelle les réalisateurs, actuels ou en devenir, soignent tout particulièrement leur bande sonore, et que leurs films sont autant ”écoutés” que ”vus”. Des noms ? « Jazzed » du belge Anton Setola, « Le bûcheron des mots » du français Izù Troin, « Runaway » du canadien Cordell Barker, récompensé du Prix spécial du Jury, « Le piano du chat » des américains Eddie White et Ari Gibson, « Je criais contre la vie. Ou pour elle » de la française Vergine Keaton, ou « Chick » du polonais Michal Socha, gratifié du Prix Sacem de la musique originale.
Chainsaw Maid
Enfin, le goût pour le subversif, le controversé, et le dérangeant, semble plus populaire que jamais dans “La Venise des Alpes”, avec un programme plutôt politiquement incorrect, et pas moins de quatre films très peu conformistes en compétition. Avec « Chainsaw Maid » de Takena Nagao (Japon), « I Live in the Woods » de Max Winston (USA), « Syötti » de Tomi Malakias (Finlande), et « Touchdown of the dead » de Marc-Antoine Deleplanque, Hubert Seynave, Pierre Mousquet (Belgique), le festival rend hommage aux zombies sans éducation, aux affrontements gore, au dépassement des limites, et aux sujets tellement triviaux qu’ils en deviennent cocasses. Tout n’est pas rose et lisse dans les sphères de l’animation. Que ça plaise ou choque, le trash est bien décidé à rester et à profiter de la liberté offerte par le genre. Short is big, short is free, short is varied.
La 33ème édition du Festival d’Annecy, la référence mondiale de la création animée, a eu lieu du 8 au 13 juin. Le temps d’une semaine ludique, une variété de rencontres et de propositions d’images en mouvement s’est déployée dans la »Venise des Alpes » : conférences, cartes blanches, voyages sur la lune, films de danse, programmes politiquement incorrects, expositions, making of, appels à projets, rétrospectives, animation citoyenne, films sur la lutte contre le sida, … . Sans oublier les traditionnelles séances de longs métrages, et les programmes de courts métrages, de films de fin d’études, de télévision, et de commande.
Cette année, Format Court était invité à Annecy pour faire partie du Jury Fipresci (Fédération Internationale de la Presse Cinématographique), se balader dans la vieille ville, enchaîner les séances de courts métrages et de films d’écoles, dire des bêtises autour d’une fondue, chausser des lunettes 3D, et compter le nombre de pin’s sur les sacs d’accrédités.
Son premier court, « The Last Farm » a été nominé pour les Oscars en 2006, le suivant, « Smáfuglar » a concouru pour la Palme du court métrage en 2008, et le dernier, « Anna », a été présenté, cette année, à la Quinzaine des Réalisateurs. Quand Rúnar Rúnarsson ne se balade pas du côté de Los Angeles et de Cannes, il sillonne l’Islande et le Danemark. Ce grand cinéaste, auteur de films personnels, fraichement sorti de l’école, s’intéresse aux comédiens non professionnels, aux périodes de transition, et au passage à l’âge adulte.
As-tu des souvenirs de films que tu as vu, enfant ou adolescent ?
Oui, bien sûr. J’ai vécu les pires moments de ma vie à cause du cinéma. J’ai été complètement bouleversé par « Lassie Come Home », dans lequel Lassie se perdait à la campagne. Ayant grandi dans un coin où on devait chasser ou pêcher tout ce qu’on mangeait, je me disais que Lassie ne survivrait jamais tout seul. Après avoir vu le film, j’ai fait des cauchemars pendant au moins deux semaines !
Quel âge avais-tu ?
Cinq, six ans. L’autre mauvaise expérience cinématographique a été « Elephant Man » de David Lynch, qui m’a montré à quel point le monde était cruel, et à quel point les gens pouvaient être dégoûtants et intolérants. En Islande, il n’y avait qu’une seule chaîne de télévision jusqu’en 1986, on en profitait donc pour voir un maximum de films, de tous genres. Comme c’était une chaîne de l’Etat, il n’y avait pas que des films américains. Très jeune, je me suis retrouvé devant des films de Kaurismäki, et des documentaires.
T’es-tu tourné vers les salles, puisqu’il n’y avait qu’une seule chaîne de télévision ?
Oui. En Islande, on est 300.000 habitants, mais il y a à peu près 3 millions de tickets de cinéma vendus par an. Ma sœur aînée m’emmenait voir des James Bond, mais aussi des films alternatifs. Je ne me souviens pas à quel âge j’ai vu « Subway » de Luc Besson, mais ça a été une nouvelle expérience pour moi.
Plus de cauchemars ?
Non !
Certains réalisateurs ont vu deux ou trois films qui ont laissé une telle empreinte qu’ils ont su dès lors qu’ils ne voulaient faire que du cinéma. Ça été pareil pour toi, ou c’est venu plus tard ?
Un peu plus tard. Avant de m’intéresser complètement aux films, j’ai écrit des poèmes et des nouvelles, peint, fait de la photographie, et même de la musique. Je cherchais vraiment à m’exprimer. Vers l’âge de 16 ans, tout à fait par hasard, j’ai fait un film avec un ami, et j’ai senti pour la première fois que je contrôlais mon expression. C’était un sentiment très agréable.
Quel était le sujet de ce premier film ?
Cela s’appelait « Toilet Cultures ». Le film présentait, en une douzaine de minutes, des fragments de vies qui prenaient place dans des toilettes publiques. Chaque fragment était relié à une histoire et à une émotion. C’était assez statique et assez simple.
Ton ami a-t-il continué à faire des films, par la suite ?
Oui. On a fait quelques films ensemble, et puis on s’est séparés. Grimur Hakonarson est assez connu maintenant. Il a fait des courts, dont le plus connu est « Braedrabylta » (« Wrestling ») [une histoire d’homosexualité sur fond de lutte]. Il travaille actuellement sur un long métrage.
Tu étudies le cinéma au Danemark, à la Danske Filmskole. Pourquoi ne pas être resté en Islande ?
En Islande, il y a très peu de choix pour faire de telles études, et l’école nationale n’est pas terrible. Comme l’Islande a été colonisée par les Danois jusqu’en 1944, des liens puissants existent entre les deux pays ; du coup, j’ai bénéficié d’un enseignement gratuit au Danemark. La Danske Filmskole (The National Film School of Denmark) est une des plus riches écoles du secteur : elle propose beaucoup de filières et d’exercices, on y produit beaucoup de films, tous tournés en pellicule. C’est un lieu d’apprentissage formidable. Pendant des années, j’ai pu y tester des choses intéressantes.
Parallèlement à cette formation, tu as pourtant fait des films à côté, « The Last Farm », et « Smáfuglar »…
Oui. C’est important, pour moi, de développer des projets propres, en parallèle. En 2004, j’ai fait « The Last Farm », avant de m’inscrire à l’école. Quant à « Smáfuglar », mon avant-dernier film, il a été tourné, pendant l’été, et monté pendant le weekend.
Pourquoi avoir opté pour la réalisation ?
C’était tout simplement quelque chose que je devais faire. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais eu le cancer ou des hémorroïdes… Je suis un réalisateur narcissique. Je parle invariablement de moi, de mes émotions, ou de mon regard sur les personnes que j’aime, et leurs situations. Chaque scénario que j’écris, chaque film que je fais, est extrêmement personnel. C’est drôle, car les personnages principaux de mes films ne sont vraiment pas des personnes proches de moi, aujourd’hui, que ce soit des jeunes (« Smáfuglar », « Anna ») ou une personne âgée (« The Last Farm »).
« Smáfuglar » et « Anna » se suivent dans ta filmographie. Même si ils sont très différents, ce sont, tous deux, des films traitant de la jeunesse, et du passage à la maturité.
Oui. La jeunesse m’interpelle. Les deux films traitent du passage à l’âge adulte, mais de différentes façons. L’un suit un adolescent en train de devenir un homme, l’autre observe une pré-ado en train de devenir une adolescente.
As-tu été inspiré, en faisant « Smáfuglar », de souvenirs de ton adolescence ?
Oui. J’étais très timide avec les filles, et j’allais à des fêtes très étranges. Même si le viol, à la fin du film ne m’est pas personnellement arrivé, beaucoup de personnes l’ont subi, y compris de nombreuses jeunes femmes de ma connaissance. L’Islande est un pays qui peut être très brutal. Les gens commencent à boire, et à se droguer très tôt, et des actes très graves ont lieu.
Ton cinéma est traversé par la question du choix, et la confrontation au changement. Qu’est-ce qui t’intéresse dans ce moment particulier où tout peut changer dans la vie d’une personne ?
Ce sentiment de se trouver au bord d’une falaise, et d’avoir à atteindre la prochaine falaise. Quand un personnage doit prendre une décision importante ou est forcé d’agir, pour le meilleur ou pour le pire, il opère de grands changements dans sa vie. Ce n’est pas que fictionnel. Nous devons tous passer par cette période de transition.
Ton intérêt pour la transition pourrait-il expliquer celui que tu portes pour l’adolescence ?
Oui. C’est une période, où tout peut réellement changer. Dans « Anna » et « Smáfuglar », les personnages sont naïfs, purs, et innocents, et sont confrontés à un contraste violent, très négatif, pour eux. Pour s’en sortir, ils sont forcés de mûrir, et de passer à l’âge adulte.
Le contraste se situe ailleurs dans tes films, notamment par rapport à l’image. Tu privilégies la lumière naturelle dans des histoires obscures. Quel est ton rapport avec ta directrice photo, Sophia Olsson ?
Sophia est dans la même année que moi, à l’école. On a beaucoup travaillé ensemble, sur des exercices et des films communs, et on a évolué lentement, de concert. Avec le temps, notre dialogue s’est de plus en plus réduit, parce que notre connaissance et notre compréhension mutuelles se sont approfondies. Je me sens vraiment privilégié d’avoir trouvé ce chef opérateur, qui va me suivre pour le reste de ma vie. Elle me comprend, et je la comprends.
Pourquoi travailles-tu avec des acteurs non professionnels ?
La plupart de mes films, à l’école, intégrait des comédiens confirmés, mais quand j’ai dû trouver des enfants ou des adolescents pour les rôles principaux de mes films, il n’y avait pas tellement de choix, parmi les acteurs existants. Naturellement, je me suis tourné vers les non professionnels. Pour dénicher les bons acteurs, j’ai essayé, à chaque fois, de vivre des séances de casting intensives. La jeune fille de « Anna » n’avait jamais joué, à l’époque où je l’ai trouvée, mais elle avait quelque chose. À cet âge-là, soit vous l’avez, soit vous ne l’avez pas. Même chose pour « Smáfuglar » : environ 150 jeunes gens se sont présentés au casting, et celui qui a été retenu, était l’un des derniers, mais je savais qu’il était fait pour le rôle.
Qu’entends-tu par intensif ?
C’est une chose de jouer face à moi, et une autre de jouer face à la caméra. Les enfants inexpérimentés, il faut les pousser, et tester leurs limites et leur potentiel. Dans cet esprit, au moment du casting de « Smáfuglar », j’ai joué la dernière scène avec eux, en interprétant le rôle de la jeune fille. Le casting avait lieu dans un très grand espace, d’environ 1000 m². J’ai demandé à des garçons de 14 ans de s’allonger à côté de moi, à seulement quelques centimètres d’écart, et d’exprimer des émotions. Celui que j’ai retenu, Atli Óskar Fjalarsson, y est parvenu, malgré la foule, les micros, et la caméra. Il était non seulement bon, mais également suffisamment fort, pour surmonter ce qui l’entourait.
Tes films sont islandais, le dernier est danois. Est-ce difficile de faire des films en Islande ?
Il est toujours difficile de travailler en tant que réalisateur, où que vous soyez. Le cinéma islandais est assez jeune, la Commission du film est établie depuis seulement quelques années, et elle concerne une petite communauté de professionnels. Tout le monde rencontre des difficultés, mais les gens n’hésitent pas à s’entraider. Tout ce que Grimur Hakonarson et moi, avons fait, ensemble comme séparément, est due à la bonne volonté des gens.
Envisages-tu de poursuivre dans le court ou es-tu tenté par le long ?
Je prévois de faire mon premier long métrage l’été prochain, mais je souhaite continuer à faire des courts métrages. Si l’on compare le long au roman, et le court à une nouvelle ou un poème, rien n’empêche, si on commence à écrire un roman, l’écriture d’un poème ou d’un récit court. Il y a toujours un ou deux ans entre les longs métrages, si on a de la chance, et moi, je ne suis ni intéressé par les publicités débiles ni par les séries télévisées.
Quel est le sujet de ce long métrage ?
C’est l’histoire d’un homme pensionné qui a du mal à exprimer ses émotions, et qui est un étranger dans sa propre famille. À sa manière, c’est à nouveau une histoire de passage à l’âge adulte, et un film très personnel.
Est-ce que la longueur d’ « Anna », ton film de fin d’études (35 minutes), est une forme d’exercice au long ?
Non. La durée est liée à une condition exigée par l’école : faire un film de 28.5 min, soit un créneau TV. J’ai fait un 35 minutes, parce chaque histoire a sa propre longueur, et qu’on ne la décide pas d’avance.
L’année dernière, tu es venu à Cannes, présenter « Smáfuglar », en Sélection officielle. Cette année, « Anna » a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Les deux sections diffèrent-elles ?
Chacune soutient le court métrage, avec des nuances. La Sélection officielle accepte des films d’une durée maximale de 15 minutes. « Smáfuglar » a pu y accéder, « Anna », pas. On est très limité avec un film de 35 minutes dans le circuit des festivals. Il y a beaucoup de festivals pour les film plus courts, mais peu d’options pour ceux de 35 minutes. Raison pour laquelle la sélection et la plateforme de la Quinzaine des Réalisateurs ont été fantastiques.
Synopsis : Anna est une petite fille de douze ans qui vit dans un petit village de pêcheurs. Elle est à un tournant de sa vie. Le monde qui l’entoure est en train de changer – et elle aussi.
Genre : Fiction
Durée : 35’
Pays : Danemark
Année : 2009
Réalisation : Rúnar Rúnarsson
Scénario : Rúnar Rúnarsson
Images : Sophia Olsson
Son : Sylvester Holm
Décor : Mathilde Christiansen
Montage : Jacob Schulsinger
Interprétation : Marie Hammer Boda, Daniel Stampe, Petrine Agger
Le prochain Festival du Film de Locarno (Suisse), ayant lieu du 5 au 15 août, se positionne, lui aussi, en faveur du court métrage. Le programme des Léopards de demain, articulé en deux compétitions distinctes, s’intéresse à la découverte de nouveaux talents. 24 courts métrages issus de 22 pays différents, de l’Asie à l’Amérique latine, en passant par l’Europe, sont en lice dans la Compétition internationale. Parallèlement, la Compétition nationale propose, avec 13 films, une sélection de la production helvétique de courts métrages la plus récente.
Léopards de demain – Compétition internationale
• ABSENT de Guillermo Asensio Alegre, Espagne
• ALICE AU PAYS S’ÉMERVEILLE de Marie-Eve Signeyrole, France
• BEAST de Lars P Arendt, Danemark
• BELIEVE de Paul Wright, Royaume-Uni
• BRAVE DONKEY de Gaysorn Thavat, Nouvelle-Zélande
• DIESIS I de Franke Frigo, Italie
• EDGAR de Fabian Busch, Allemagne
• GESTREEPT (Striped) de Jonas Baeckeland et Toon Mertens, Belgique
• GJEMSEL (Hide and Seek) de Aleksandra Niemczyk, Norvège
• KOKON de Till Kleinert, Allemagne
• KURJUUDEN KUNINGAS (Love in Vain) de Mikko Myllylathi, Finlande
• LA VIE COMMENCE de Émile Proulx-Cloutier, Canada
• POSLEDNIY DEN’ BULKINA I.S. (The Last Day of Bulkin I.S.) de Aleksey Andrianov, Russie
• MANDARIN PEEL de Anna McGrath, Australie
• MIRA de Gregorio Graziosi, Brésil
• MIXTAPE de Peter Corina et Timothy Pfeffer, États-Unis
• NO COUNTRY FOR CHICKEN de Huang Huang, Chine • PALMELE de George Chiper, Roumanie
• SIX de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, Japon/France
• SIYUR MUDRACH (Guided Tour) de Benjamin Freidenberg, Israël
• TÚNELES EN EL RÍO de Igor Galuk, Argentine
• UM DIA FRIO de Claudia Varejão, Portugal
• VARIÁCIÓK (Variations) de Krisztina Esztergalyos, Hongrie
• VIVRE ENCORE UN PEU de David Lambert, Belgique
Léopards de demain – Compétition nationale (suisse)
• À CÔTÉ de Basil Da Cunha
• BRANDSTIFTER de Felix von Muralt
• CONNIE de Judith Kurmann
• DÉJÀ de Antonin Schopfer
• FREUD’S MAGIC POWDER de Edouard Gétaz
• KISS WHO de Riccardo Bernasconi
• KITSCH PANORAMA de Gilles Monnat
• LA SALLE DES MAÎTRES de Tareq Daoud
• LAS PELOTAS de Chris Niemeyer
• LE TÉMÉRAIRE de Lila Ribi
• NACHTSPAZIERGANG de Christof Wagner
• SCHÖNZEIT de Irene Ledermann
• VAS-Y JE T’AIME de Marie-Elsa Sgualdo
La 7è édition du Festival Paris Cinéma s’est achevée le 14 juillet. Parmi les 17 films de sa compétition internationale, trois ont été récompensés.
Diplomacy de Jon Goldman (États-Unis, 2009) : Prix du Public
Syn : Les relations entre les États-Unis et l’Iran prennent une tournure inattendue quand deux diplomates cruciaux et leurs interprètes respectifs font connaissance lors d’une session privée.
Les cinq finalistes pour le Cartoon d’Or 2009 (meilleur court métrage d’animation européen) sont connus. Sélectionnés parmi 29 candidats, les finalistes de cette nouvelle édition sont français, anglais, suédois, allemands, et irlandais.
– Uzi et Lotta Geffenblad, pour « Aston’s Stones » (Suède)
Syn. : Aston le chiot s’est pris d’affection pour un caillou qu’il a trouvé sur un chemin. Très vite, il entreprend d’en recueillir d’autres. Il les dorlote, leur fabrique des petits lits avec de minuscules couvertures. Jusqu’au jour, où sa collection de cailloux-joujoux envahit sa maison. C’est alors que ses parents lui proposent d’emmener ces cailloux en vacances au bord de la mer …
– Merwan Chabane, pour « Party Animals » (France)
Syn. : Rien, même pas l’insistance de son amie, ne pourrait faire changer d’avis Sarah. Rien, si ce n’est la présence du beau et ténébreux Edouard, qui la décide en quelques secondes à se rendre à la fête qu’elle avait décidé de boycotter.
– Bastien Dubois, pour « Madagascar, carnet de voyage » (France)
Syn. : Le film retrace le parcours d’un voyageur occidental confronté aux coutumes malgaches, notamment à la Famadihana.
– David O’Reilly, pour « Please Say Something » (Allemagne/Irlande)
Syn : Une relation agitée entre un chat et une souris, dans un futur éloigné.
– Nick Park, pour « Wallace & Gromit : A Matter of Loaf and Death » (Royaume-Uni)
Syn. : La nouvelle boulangerie de Wallace et Gromit est en danger quand un tueur mystérieux se met à s’attaquer à tous les boulangers de la ville.
Le nom du gagnant sera dévoilé au prochain Forum Cartoon, ayant lieu en Norvège, le 24 septembre. Le gagnant, déterminé par un jury composé de Serge Elissalde, Tomm Moore, et Kari Juusonen, recevra une aide pour son prochain projet d’animation.
Elles sortent toutes deux de la Fémis. L’une a étudié le montage, l’autre a choisi le scénario. Depuis « Forbach », le film de fin d’études de Claire, elles travaillent ensemble. Leur dernier film, « C’est gratuit pour les filles », sélectionné cette année, à la Semaine de la Critique, suit les joies et les peines de deux adolescentes, Yéliz et Laetitia. À l’image de leur précédent film, les deux réalisatrices s’intéressent aux liens, aux situations de crise, à la promiscuité entre réalisme et fiction, et aux comédiens non professionnels. Entrevue à trois voix.
Comment est apparu votre désir de cinéma ?
Claire : Je n’ai jamais été une grande cinéphile. Adolescente, j’ai eu une petite période de bovarysme, comme beaucoup de gens, je pense. C’était l’époque de « Basic Instinct », un film qui m’a beaucoup marquée à l’époque et que j’ai revu en boucle. Après, plus tard, il y a eu Cassavetes, Pialat, et des films assez réalistes.
Marie : Je ne suis pas non plus cinéphile, à la base. Cela ne fait pas partie de la culture familiale d’aller au cinéma. Adolescente, je fréquentais toutefois les salles obscures, et je me souviens précisément du premier film pour lequel je me suis dit : « C’est intéressant le cinéma, ce n’est pas juste du divertissement ». C’était « Boys Don’t Cry ». Je peux même te citer la salle : le Studio 28.
N’étant pas cinéphiles, pourquoi avoir choisi, toutes les deux, de vous inscrire à la Fémis ?
Marie : À la base, j’ai une formation universitaire, je suis historienne. J’ai fait la Fémis, au début, sans trop savoir pourquoi, et j’ai eu la chance d’avoir le concours. Après, je crois que mon intérêt pour le cinéma est venu en faisant des films, plutôt qu’en en voyant.
Claire : Après le Bac, j’ai travaillé pour une télévision locale, et pendant deux ans et demi, j’ai été en contact avec la caméra, la salle de montage, etc. Cela m’a beaucoup plu de découvrir, de cette manière, des outils. Je me suis dit qu’il y avait des choses très intéressantes à faire avec l’image, j’ai eu envie d’approfondir mes connaissances, et d’être moins dans l’efficacité, la rapidité. J’ai passé le concours de la Fémis en montage, et quand je l’ai eu, un peu comme Marie, je me suis beaucoup prise au jeu de faire des films, et des expérimentations.
Comment se sont orientés vos choix respectifs, le scénario, pour Marie, et le montage, pour Claire ?
Marie : Je ne savais même pas ce qu’était un champ/contre-champ quand j’ai passé le concours à la Fémis, le présenter en réalisation ou en montage aurait donc été très risqué. Je l’ai tenté en scénario parce que j’avais une formation littéraire, et parce que j’estimais que c’était un exercice très dur à mener. Le scénario est un moment angoissant : savoir ce que tu veux raconter, avec qui, et dans quelle situation, c’est quelque chose d’extrêmement difficile. Aller où le bât blesse, et savoir que ça va être complexe, a sûrement quelque chose de masochiste…
Claire : C’est marrant parce que le scénario et le montage se ressemblent à plein de niveaux, entre autres, pour le côté angoissant. Moi, j’ai choisi le montage parce que je trouvais aussi que c’était l’étape la plus difficile, quand je travaillais à la télévision. J’avais l’impression, que tout se décidait à ce moment-là, et que c’était là que se faisait un film ou un reportage. Depuis, j’ai compris que d’autres étapes, comme le scénario ou le tournage, déterminaient beaucoup un film. Un peu comme Marie, je pense que je devais être maso. Et si Marie n’a pas tenté la réalisation à la base parce qu’elle n’avait pas de formation technique, moi, j’avoue que je n’ai pas présenté le concours, parce que je pensais que je ne l’aurais jamais. Vu que je n’avais que le bac, cela ne me paraissait pas du tout envisageable.
Vous souvenez-vous de la manière dont vous avez défendu vos cas personnels, au moment du grand oral ?
Marie : Moi, j’ai cru que c’était très mal parti, parce que je me suis embrouillée avec le Président du jury, Benoît Jacquot. Je suis quand même partie en tapant du poing sur la table, persuadée de ne pas l’avoir, mais on m’a rappelée en me disant que j’étais prise.
Claire : Au moment où on m’a demandé quels étaient les films qui m’avaient vraiment plu, j’ai répondu que je n’allais pas très souvent au cinéma, et qu’en général, quand j’y allais, je n’aimais pas les films que je voyais. J’ai bien senti que ça ne passait pas très bien, comme réponse. Heureusement, après, ils m’ont posé quelques questions sur des films que j’avais vus, et il est probable que mes réponses correspondaient à leurs propres goûts. Romain Goupil était le Président de mon jury. Je me souviens que la seule chose qu’il m’a demandée, c’était le pronostic de foot pour le match du soir même. J’ai commencé à développer un truc là-dessus, il m’a dit : « Non, non, je te demande juste le pronostic ! ». J’ai alors pronostiqué que la France perdrait et la France a perdu, ce soir-là !
Le sentiment de liberté, vous l’avez éprouvé pendant vos années d’école ?
Marie : En fait, il est à double tranchant, à la Fémis. On est quand même très libre de faire ce qu’on veut. Peu importe le sujet : les comités de validation acceptent à peu près tout. Dans ce sens là, si par exemple, tu veux faire un film de science-fiction ou une comédie musicale, c’est possible. Après, c’est vrai qu’il y a une ambiance d’école qui se veut une ambiance d’auteurs, d’auteurs à la française, et qu’on finit presque par se censurer soi-même.
Claire : Ça se passe plus au niveau des élèves que de l’administration, en réalité. C’est clair qu’il y a une forme de pression à l’école, qu’on s’observe, et se juge beaucoup les uns les autres. Mais à la Fémis, on peut faire à peu près tout ce qu’on veut à partir du moment où on le justifie, on va au bout de notre projet, et on arrive à répondre aux attentes de l’école. Moi, j’ai toujours eu l’impression de ne jamais faire ce qu’il fallait dans les exercices, mais les professeurs étaient contents que je fasse autre chose. Je me souviens, d’ailleurs, qu’au sujet des films qu’on a faits là-bas, tout le monde, les élèves comme l’administration, disait que c’était bien parce que ce n’était pas du tout ‘Fémis’. Et une fois qu’on est sorties, j’ai vu plein de critiques sur des blogs. Les gens écrivaient que les films étaient « tellement Fémis ». Au fond, on finit par penser que cela ne veut pas dire grand-chose.
Ça pourrait dire quoi, c’est ‘Fémis’ ?
Claire : Justement, moi je ne pourrais pas vous le dire, parce que nous, en l’occurrence, ne faisions pas la même chose que nos camarades qui trouvaient que c’était génial qu’on sorte du lot Fémis, alors qu’à l’extérieur on disait que ce que nous faisions faisait « Fémis ». Donc c’est dur à comprendre…
Marie : Je pense que la Fémis, c’est en gros du cinéma d’auteur, et à l’extérieur on pense que c’est du cinéma d’auteur chiant, avec des plans ultra longs, aucune action à proprement parler, aucun enjeu, qui se nourrit de métaphores, d’introspection, de nombrilisme, de parisianisme, …Il y a un mélange de tout ça autour de l’idée que l’on se fait de la Fémis. Or, effectivement, au sein de l’école, c’est quand même un peu plus varié que ça.
L’école accepte six réalisateurs par promotion. Comment se fait-il que d’autres personnes, comme vous, issues d’autres sections, ont également la possibilité de faire des films ?
Claire : En première année, chacun fait un film, car on a tous le même cursus. En deuxième année, on se spécialise, mais on a encore des exercices qui nous permettent d’expérimenter des idées qui, si on en a le courage, l’énergie et le temps, peuvent se transformer en films. Ensuite, il y a d’autres possibilités, via les TFE Productions : des producteurs ont comme exercice de produire des élèves qui ne sont pas en réalisation. Au final, on peut très bien, si on en a l’ambition et le désir, ne pas être en réalisation et faire quand même des films. D’ailleurs, cette perspective est assez maligne, parce qu’on a beaucoup moins de pression. En réalisation, les élèves ont beaucoup de charges, vu qu’ils doivent faire deux films, voire trois, par an. C’est très compliqué pour eux de trouver de quoi se renouveler, et de gagner la confiance de tous les autres. Dans les autres sections, on n’est pas obligé de faire beaucoup de films, et on peut se concentrer sur ceux que l’on a vraiment envie de faire.
Marie : En scénario, pour le coup, après la première année normalement, on n’a pas le droit de faire un film. Cela va à l’encontre de ce que doit être un scénariste au yeux de la Fémis. Pour le coup, là, c’est l’administration qui restreint les libertés. Moi, je me suis fait virer des salles de montage dès que j’essayais de faire un film : on me faisait bien comprendre qu’il ne fallait pas le monter à la Fémis. Mais cela ne m’a pas empêchée d’en faire, parce je me suis débrouillée pour dénicher le matériel nécessaire.
Comment avez-vous été amenées à travailler ensemble ? Vous aviez des sensibilités communes ?
Claire : Oui. Marie venait de sortir de la Femis, quand j’ai eu l’opportunité de faire un TFE production. J’avais beaucoup d’affinités avec elle, notamment par rapport au documentaire. Comme je n’avais jamais travaillé avec une scénariste, je lui ai proposé de m’aider à écrire le film. Ça s’est très bien passé à l’écriture, du coup, il était hors de question qu’elle ne soit pas là au tournage, au montage, au mixage, …. Elle réalisait avec moi, au bout du compte. On a fini par se rendre compte que le film, on l’avait fait à deux, voire à trois, parce que celui-là était assez particulier.
Le film en question, c’est ton film de fin d’études, « Forbach », co-écrit et interprété par Samuel Theis ?
Claire : Oui. Samuel a, lui aussi, pris de la place à l’écriture et au tournage. Comme ça s’est très bien passé avec Marie, on s’est dit qu’on travaillait bien ensemble, que peut-être on était meilleures à deux que seules, et qu’on avait envie de réitérer l’expérience. Dans le cinéma, on est très vite obnubilé par ses propres projets; si Marie avait les siens, et moi les miens, on ne se verrait pas beaucoup. En travaillant à deux, on partage des choses très importantes.
Vos films sont proches de la réalité et des vrais gens. C’est important, pour vous, cette confrontation entre réel et fiction ?
Claire : Oui. Chacune a eu des expériences de documentaires avant de travailler ensemble, et on avait envie d’y apporter une part de fiction. De façon empirique, on fait des expériences, parce qu’on n’est pas fascinées par un genre de cinéma dans lequel on voudrait s’inscrire. Pour l’instant, ça se passe comme ça : on a envie de tenter des choses pour voir ce que ça donne. Là, effectivement, les derniers films sont assez réalistes, parce qu’on s’est posé des questions sur la réalité, sur sa représentation, et sur la manière dont on la confronte à la fiction. Dans cet esprit de recherche, je ne serais pas étonnée qu’on se retrouve dans d’autres choses, et qu’on finisse par faire des films de genre. Des films de vampires, peut-être !
Pourquoi préférez-vous travailler avec des comédiens non professionnels ?
Marie : On a envie de travailler avec d’autres têtes que celles qu’on voit tout le temps, et d’être témoin d’un jeu qui n’est pas lié à une performance de comédien. Le langage vrai, non écrit et dialogué, nous intéresse beaucoup.
Claire : On travaille énormément avec les comédiens non professionnels au tournage. On les regarde beaucoup à l’écriture, on prend des cafés ensemble, et on discute avec eux pour trouver des situations qui correspondent à leur personnalité et à leur propre vie. Ensuite, on leur demande d’improviser. Il leur faut, pour cela, une matière et c’est plus facile pour eux de s’inspirer de ce qui leur est proche. Au tournage, on ne leur donne pas de texte, mais des situations, on leur explique les enjeux du film. Il ne faut pas forcément avoir fait une école pour comprendre les enjeux et s’y inscrire en se nourrissant de ce qu’on connaît personnellement de la vie.
Est-ce pour cette raison que vos personnages gardent leur nom et leur identité ?
Marie : Oui, il nous serait vraiment improbable que Laetitia [comédienne de « C’est gratuit pour les filles » ndlr] s’appelle Vanessa. Je pense qu’on n’y arriverait pas parce que comme on se fonde tellement sur ce que les gens sont, eux, que ça troublerait complètement le regard en les appelant d’un autre nom.
Claire : Ceci dit, par rapport à la question des noms, on leur pose toujours la question. Ils ont le choix. S’ils ne veulent pas garder leur propre nom, on s’arrange, et on en trouve un autre. Mais la plupart du temps, ça les arrange de garder leurs noms, dans des situations d’improvisation. Par exemple, dans « Forbach », les personnages ont voulu avoir un autre nom de famille, mais garder leurs prénoms, et dans « C’est gratuit », le proviseur ne porte pas son vrai nom.
« Forbach » est un film de 35 minutes. Vous disposiez du budget nécessaire pour le réaliser ?
Claire : On avait 5.000 euros pour faire le film, mais comme on le faisait avec des amis dans une région dont on était originaires, il n’y avait pas un coût énorme, et comme on était produits au sein de l’école, les techniciens n’étaient pas payés. On n’aurait jamais pu faire le film en dehors de la Fémis, et d’ailleurs, je pense que personne ne l’aurait produit. On n’aurait jamais trouvé quelqu’un pour parier sur Samuel, mon meilleur ami, et sur sa famille. Pour la durée, on n’a pas non plus eu de problèmes de la part de école. Par contre, c’est une contrainte, quand on fait des moyens métrages comme ça, d’être sélectionné en festival.
Avez-vous été tentées de raccourcir le film pour favoriser des sélections ?
Claire : Oui, mais on a eu raison de ne pas le faire. Au début, on s’est dit qu’on n’allait pas beaucoup faire tourner le film. Finalement, même si la majorité des festivals n’acceptait pas les films au-delà de 20 ou de 30 minutes, le film a, malgré tout, eu énormément de sélections, et poursuit encore aujourd’hui sa carrière festivalière.
Votre premier film après l’école, « C’est gratuit pour les filles », traite d’adolescence, et mêle à nouveau réalité et fiction.
Claire : Oui. On voulait retranscrire à la fois des souvenirs et des ambiances d’adolescence. Après, comme on travaille avec des non professionnels, et comme on s’inspire d’eux, on a été obligées de s’adapter à eux, et on a été très surprises de ce qu’on a découvert à leur contact.
Marie : Nous, on se souvenait d’une adolescence où tout le monde voulait coucher avec tout le monde et où c’était une fierté nationale d’être dépucelée à 14 ans. À l’inverse, on s’est rendues compte, en allant voir ces jeunes, qu’ils parlaient de sexe dix fois plus vulgairement que nous pouvions en parler, mais qu’ils étaient dix fois plus prudes que nous pouvions l’être à leur âge. Du coup, on a mis un petit temps à s’adapter à ce paradoxe, parce que cela ne correspondait pas forcément à la manière dont nous avions vécu notre propre adolescence. En même temps, ce qui nous intéressait, c’était de faire un film sur les jeunes de maintenant, et pas sur ceux des années 90.
Comment vous répartissez-vous les rôles sur un plateau ?
Claire : Pour faciliter les conditions de travail pour tout le monde, sur le tournage, Marie gère plutôt les comédiens, et moi, je m’occupe plutôt de l’équipe technique. En même temps, comme on a des talkies-walkies, on se consulte sur le cadre, le jeu des comédiens, et on ne fait rien sans se mettre d’accord. Après, il y a tellement de petites décisions à prendre toutes les deux minutes sur un plateau qu’on ne se consulte pas systématiquement, mais là aussi, on a tellement confiance l’une dans l’autre, et on a le plus souvent le même avis sur les choses, qu’on peut se permettre de décider seule.
Vous travaillez actuellement sur deux projets de longs métrages. Est-ce que le court vous tente toujours ?
Claire : On a effectivement deux projets de longs métrages, l’un en animation, et l’autre en fiction. Dans l’immédiat, on a des engagements sur des longs, mais ce n’est pas du tout exclu qu’on refasse des courts, bien que personnellement, je préfère le format moyen. Souvent, je trouve que les courts sont trop courts, pour pouvoir vraiment développer les personnages ou l’histoire. À l’inverse, il n’y a pas tant d’histoires qui peuvent vraiment tenir sur le format long, et je trouve que les longs sont trop longs. En fait, j’ai l’impression que pour arriver à développer une histoire et des personnages, sans en faire trop, l’idéal est le moyen métrage, entre 30 et 60 minutes, qui reste un format malheureusement encore trop peu exploité.
Marie : Moi, j’ai l’impression que si on refait des courts, ils seront expérimentaux. Cela pourrait me tenter, parce que je trouve le court très sain. S’en priver peut être dangereux, et risque de déboucher trop vite dans une démarche de long métrage, avec un chemin tout tracé vers un certain type de films.
Vous êtes sorties de la Fémis à des moments différents. Que retenez-vous de votre passage par cette école ?
Claire : Ayant déjà travaillé avant, je me suis vite rendue compte que c’était quand même une chance extraordinaire d’avoir autant de moyens à disposition, et de pouvoir expérimenter des choses qu’on ne pourrait certainement pas tester ailleurs. J’en garde plutôt un assez bon souvenir car cela m’a permis de faire beaucoup de choses. L’autre chose dont je me souviens, c’est l’angoisse. J’ai l’impression que c’est l’endroit où l’on trouve le plus de gens angoissés, parce ce que tout le monde flippe par rapport à son avenir professionnel, ses qualités, et son talent artistique. Cette angoisse est très palpable. D’ailleurs, cela contraste beaucoup avec l’image que l’on peut avoir de l’extérieur. Les gens de la Fémis sont vus comme des gens très prétentieux, alors qu’à l’intérieur, ils ne se comportent pas avec autant d’assurance que ça, à cause de la pression et des doutes.
Marie : Quand je suis arrivée à l’école, j’avais très peu de connaissances en cinéma. J’ai eu la chance de pouvoir me définir en quatre ans. Si je ne m’étais pas retrouvée dans cette espèce de mini laboratoire qu’est la Fémis, je pense que j’aurais eu beaucoup plus de mal, et que j’aurais pris beaucoup plus de temps à y arriver. On est tellement confronté, sur place, à des références et des styles différents qu’on est obligé de réfléchir et de se poser des questions.