Synopsis : Une course poursuite effrénée, des animaux sauvages lâchés dans la ville, une prise d’otage qui tourne au drame et bien plus encore dans Logorama !
Genre : Animation
Durée : 16’
Pays : France
Année : 2009
Réalisation : H5 (François Alaux, Ludovic Houplain, Hervé de Crecy)
Scénario : François Alaux, Ludovic Houplain, Hervé de Crecy
Synopsis : Obras propose, en un unique plan-séquence, un voyage dans le temps et l’espace, une déambulation poétique, graphique et sonore qui traduit visuellement les mutations urbaines, sauvages et irréversibles, à travers la destruction/reconstruction de Barcelone.
Depuis bientôt dix ans, Autour de Minuit produit des films curieux, hybrides, expérimentaux, parfois drôles, souvent étonnants. Que ce soit sur un DVD de Repérages, en salle à Clermont-Ferrand ou lors d’une carte blanche à Anima, les films de Hendrick Dussolier, Luis Nieto, Simon Bogojevic-Narath, ou plus récemment Ondrej Svadlena intriguent. Rendez-vous pris avec Nicolas Schmerkin, producteur en chef d’ADM, quelques jours avant la remise des Oscars pour lequel « Logorama » est nominé dans la catégorie animation.
Repérages et les rencontres
La création m’a toujours plus attiré que la partie théorique et critique. J’ai monté la revue Repérages en 98, en attendant de me lancer vraiment dans la technique. Grâce à Repérages, j’ai pu rencontrer des gens comme Philippe Bober, un producteur et vendeur de longs, avec qui j’ai commencé à travailler en 2000. Parallèlement, j’ai fait du montage, notamment sur « Japón » et « Bataille dans le ciel » de Carlos Reygadas, et à sa demande, j’ai monté un département de ventes internationales de courts métrages. Je suis resté presque quatre ans chez lui, et en parallèle, j’ai monté ma boîte pour faire des travaux de production de bandes-annonces, des bonus DVD, et un peu de réalisation pour le magazine Court Circuit sur Arte. Au départ, Autour de Minuit me servait plus à fabriquer des choses personnelles, et progressivement, je m’en suis servi car je me suis beaucoup intéressé à l’animation, à l‘expérimental, et aux nouvelles technologies balbutiantes au début des années 2000.
Un premier film
Un jour, à l’anniversaire d’un ami commun, j’ai rencontré Hendrick Dusollier qui était aux Arts-Décos. Il m’a dit : “J’ai un projet de film, je n’ai jamais fait de cinéma, je ne sais pas trop comment ça marche. Est-ce que tu sais comment je pourrais trouver 5.000 euros pour acheter un ordinateur ?”. Le film en question, c’était « Obras » qui partait d’un projet de fin d’études sur les mutations urbaines à court, long et moyen terme. Hendrick m’a montré des photos. Il avait déjà fait beaucoup de prises de vues pendant deux ans dans des quartiers en destruction. Son projet m’a beaucoup plu. J’ai tout de suite compris que le boulot du producteur, c’était juste de retransmettre aux potentiels financiers la même excitation et la même envie. La clé, c’est d’abord d’être convaincu par le projet. On a lancé la production d’« Obras », en 2003. C’était le premier film produit par Autour de Minuit et le premier film du réalisateur. Mon objectif, c’était que ce soit un film un peu prototype, qu’on puisse profiter des nouvelles technologies et des nouveaux outils, qui jusque là étaient réservés aux graphistes qui bossaient dans des grosses boites de postproduction la nuit, et qui étaient totalement inaccessibles aux jeunes artistes. Au même moment, en tant que lecteur dans de nombreuses commissions, j’entendais de la part des décideurs une volonté de voir des projets différents, avant-gardistes. Le challenge a été alors de mettre « Obras » dans les rouages du système (CNC, télés, régions) sans scénario, avec juste une note d’intention et un synopsis.
À tâtons
Hendrick venait plus de l’artistique et du graphisme, et moi, du cinéma et de la critique. Quand on a déposé le projet, on n’avait pas glissé le sacro-saint scénario, juste un vague synopsis de ce que pourrait être l’histoire du film. « Obras » s’est vraiment créé pendant la fabrication. Au moment où on s’est mis devant les machines, on ne savait pas si on allait pouvoir faire le film qu’on voulait. À l’époque, on ne maîtrisait pas les outils, on a fait plein de tests et de recherches. Le premier test date de 2002 et le film a été achevé en mai 2004. On a tout appris pendant ce film. Je me souviens d’un passage de dix secondes qui prenait quatre jours de calcul avant d’être visionné. Aujourd’hui, ils nous prendrait peut-être moins de 30 minutes. Rétrospectivement, on en rigole, mais on bute encore aujourd’hui sur de nouveaux problèmes. On essaye toujours autant de pousser les logiciels et détourner la technique dans un but artistique.
Un petit grain
Une fois terminé, « Obras » a été un succès en distribution : plus de 150 sélections, une trentaine de prix, il a même été nommé aux Césars ! Quand on n’a jamais été aux Césars, on dit toujours qu’on s’en fout. Mais quand on y est avec un film pareil, underground et expérimental, on se dit qu’on a peut-être réussi à faire bouger le curseur de la “planète cinéma”. Être pris en considération par l’Académie des Arts et Techniques, ça veut dire qu’on peut repousser encore plus la marge, l’avant-garde et l’underground. Je ne sais pas si on a contribué à une réelle mutation dans le milieu, mais en tout cas, on a essayé d’y mettre notre petit grain, à la fois dans l’aspect, le contenu, la manière de raconter des histoires mais aussi de les faire. Ce genre de films ne doit pas se faire que sous le manteau, dans une cave. C’est aussi du cinéma donc il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas demander au CNC, à Canal +, à Arte ou aux régions de nous aider.
Autour de Minuit ?
À l’époque où j’ai lancé Autour de Minuit, j’étais en plein dans Repérages. C’était la grande époque du journal. On sortait tous les mois, et en termes de tirage, on était entre Positif et Les Cahiers. La production, c’était mon deuxième boulot, celui que je commençais le soir, quand je rentrais, donc autour de minuit ! De manière anecdotique et pas du tout réfléchie, c’est aussi l’heure à laquelle sont diffusés les courts métrages en général. En plus dans les milieux de l’animation, du graphisme, et de l’informatique, les gens travaillent plutôt la nuit. Entre la presse et la production de courts expérimentaux, je pense avoir choisi les deux métiers les moins lucratifs et les plus demandés en termes de temps !
Le rôle du producteur
Tout est ouvert, tout me va dans la mesure où je ne suis pas juste là pour chercher de l’argent. J’aurais fait banquier si je devais juste gérer de l’argent, en trouver, et en prêter. Ça ne m’intéresse de faire des films que quand il y a une collaboration artistique et humaine. J’estime que si on travaille avec moi, c’est parce qu’on partage un peu mon point de vue artistique.J’imagine que maintenant, quand les gens viennent me voir, c’est parce qu’ils pensent qu’on a une certaine ligne, une certaine expertise, ne serait-ce que par la force des choses. On a produit une trentaine de films, on commence à comprendre comment ça marche, et on a une certaine vision d’un certain cinéma. Personne ne viendrait sciemment me demander de faire une comédie à chutes avec Jamel Debbouze. Ce n’est pas le genre de cinéma que je saurais et que je voudrais faire.
L’école Bober et le tiroir
Il n’y a pas de raison qu’un bon projet avec un bon réalisateur ne se fasse pas. Ca, c’est l’école Philippe Bobert: le moteur du projet, c’est l’envie, le désir, et le projet en lui-même. Et pas une subvention. C’est se dire : “ce film-là doit exister, il n’y a pas de raison qu’il n’existe pas”. Après, c’est toujours difficile de toute façon de faire des courts. Nous, on dépend beaucoup des machines, des relations humaines entre le réalisateur et l’équipe, et entre le réalisateur et le producteur. Un film, c’est de toute façon une somme de galères, rien ne se passe jamais parfaitement, mais l’idée c’est d’y arriver sans qu’il y ait trop de casse. Une fois fini, il y a la partie distribution. Ça ne sert à rien de faire un bon film si derrière, il n’y a pas de “service après-vente” (les festivals, les ventes télé, la promotion du film, …). On se démène pour que le film soit le plus vu possible. Ce n’est pas parce qu’il est expérimental qu’il est chiant, non regardable, et qu’il doit rester dans un tiroir.
Evolution d’un mot, évolution des mentalités
Je pense que le mot “expérimental” a toujours fait peur et fera toujours un peu peur, mais ce genre de film a du succès, donc les choses ont clairement changé. Ce cinéma n’existait pas il y a dix ans. Il a commencé à apparaître en 2002-2003, d’abord grâce à l’initiative de francs-tireurs. Quelque part, tout a bougé en dix ans. Internet y a beaucoup contribué, les écoles de cinéma aussi (Arts-Décos, Sunpinfocom, …), et des festivals comme Nemo ou Clermont-Ferrand ayant intégré l’expérimental dans leur programmation, ont largement favorisé la connaissance de ce genre de films et le changement des mentalités. Mais ça vient aussi du fait que ce genre d’images a commencé à être rapidement récupéré comme toujours par le clip, la publicité, et le long métrage.
J’ai vu son film de fin d’études, « Carlitopolis ». Je l’ai appelé, on a sympathisé, et on s’est dit qu’on allait faire des bêtises ensemble. Du coup, on a fait un remake de « Carlitopolis » pour pouvoir le passer en 35mm, et d’autres performances. Nieto, c’est un artiste assez complet. Il joue dans ses films, fait des essais spéciaux, de la pub, des clips, de l’animation, … C’est un de ceux avec qui je m’implique le plus, parce qu’il avide de collaborations. Quand il est venu me voir en me disant qu’il avait un projet de série [Les leçons du Professeur Nieto] avec un prof délirant ayant comme assistant un chimpanzé, je n’ai pas hésité pas une seule seconde. D’autres auraient dit : “mais tu es complètement fou. Et avec un singe, en plus ! “ Avec Nieto, en tout cas, on s’est toujours amusé à faire des trucs rigolos. J’aime bien comment il se positionne entre le vrai et le faux, entre le rire et le malsain. En plus, c’est un magicien au travail. Il met ses gants et il commence à jouer avec Adobe After Effects, un logiciel dont il n’a jamais appris les bases. Je le vois faire des trucs assez fascinants, en autodidacte bidouilleur. On a l’impression de voir Tom Cruise s’affairer dans « Minority Report » !
Simon Bogojevic-Narath
Avec Simon, c’est totalement différent. Il est à Zagreb. Je ne peux pas être là tous les jours quand on produit ou coproduit un film. Ce qui m’a séduit chez lui, c’est la maîtrise technique, l’invention visuelle. J’avais eu un coup de cœur pour « Plastycat » à Annecy. J’avais été voir Simon à la sortie de la séance en lui disant que j’avais envie de travailler avec lui. On a pris « Plastycat », puis « Leviathan » en distribution, ensuite, on a coproduit « Morana ». Il m’a proposé un quatrième film, mais j’ai dû décliner pour une question de calendrier. J’espère quand même prendre son film dans le catalogue, parce que j’aime bien travailler avec des auteurs comme Simon sur l’ensemble de leur œuvre. Lui, il a vraiment une vision globale. Même si ils sont tous différents, « Plasticat », « Leviathan », et « Morana », forment une espèce de trilogie de l’apocalypse et du chaos. Pour moi, ce type es vraiment un auteur. Il est fascinant, et en plus, humainement, il est adorable.
Ondrej Svadlena
Je suis impliqué dans la programmation du festival Némo, à Paris. Lors d’une édition précédente, on a présenté le précédent court d’Ondrej, « Sanitkasan » qu’on trouvait assez fascinant, et on qu’a mis dans un DVD Repérages. On a commencé à s’envoyer des mails, je lui ai demandé si il travaillait sur un nouveau projet, et il a m’a envoyé des visuels et des animatiques de « Mrdrchain ». Au départ, j’étais dans la même position que pour Simon. Je ne pouvais pas concrètement lancer une coproduction, mais je lui ai proposé de distribuer son film. J’ai quand même suivi le projet, et au final, je lui ai dit que ça valait vraiment la peine de finir le film pour Clermont. Donc on est entré en coproduction, mais c’est un film qu’il a fait tout seul en République tchèque, sans structure derrière lui, à l’ancienne. Le jour, il travaillait dans une boîte de postproduction et la nuit, il bossait sur « Mrdrchain ».
Le profil de Logorama
Quand les gens d’H5 (François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain) sont venus me voir fin 2004, ils avaient déjà soumis leur projet à leur producteur de pubs qui avait décliné leur offre, car ils ne comptaient pas détourner les logos des marques. Moi, j’ai dit oui tout de suite. Ça m’a immédiatement rappelé « Fast Film» de Virgil Wildrich, un film que j’avais co-produit. Même si « Fast Films» est plutôt un hommage aux films hollywoodiens, les deux films détournent les codes de la course poursuite et du film d’action américain et pausent des questions juridiques par leur matériau de base (des extraits de films, des logos de marques connues).
« Logorama » n’est pas un film basiquement anti-capitaliste ou anti-logo, il comporte une critique sociale et consumériste dans la même tendance que No logo, mais avec le principe inverse. Tout est logo, mais on ne s’en rend plus compte. Dans le film, au bout d’un moment, on ne suit plus que l’histoire et les personnages en faisant abstraction du reste, à savoir les logos. François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain sont graphistes. Ils ont fait des quinzaines de clips et de pubs, mais « Logorama » est leur premier film. Tous les jours, ils sont soumis à des contraintes de marques et de clients. En interview, ils parlent d’un droit de réponse, et pas d’un film anti-marques. Le côté rebelle, politique et subversif du film, n’est pas ce qu’il dit, mais le fait qu’il existe malgré le risque des poursuites.
Bonne pub, mauvaise pub
Les auteurs ont fait un casting de 30.000 logos avant de trouver exactement ceux qui correspondaient à leur histoire Au final, 2.500 marques ont été utilisées pour ce film, sans qu’on en demande les droits. Si on l’avait fait, on serait encore en train d’attendre des réponses, et on aurait juste glané dix pauvres logos. Ce film, soit on le faisait sans l’avis de personne soit on ne le faisait pas. On a marché sur des œufs, mais jusqu’ici, tout va bien. On a d’abord envoyé le film à Cannes [où il a été sélectionné à la Semaine de la Critique], puis à d’autres festivals. Maintenant, il est sélectionné aux Oscars. Si jamais il a la statuette, je pense qu’il sera encore plus protégé. À ce stade, ce serait absurde que les marques commencent à attaquer le film. Ca leur ferait de la très mauvaise presse, et ça ferait encore plus de pub pour le film.
L’avis des marques
On a eu quelques retours. Sans avoir vu le film, Cash Converters nous a dit qu’on avait compris l’esprit de l’entreprise, et nous a remercié de les avoir mis à côté des grandes marques. Par contre, la semaine dernière, on a reçu un mail du zoo de Los Angeles qui disait ceci : “honnêtement, les gars, si vous nous aviez demandé avant la permission, on vous aurait dit non. Mais on est content de voir que le zoo est gentil avec ses pensionnaires et que le géant vert dit qu’il ne faut pas molester les animaux !”
Le Festival de Cannes est bien connu des cinéphiles. En 2010, NISIMAZINE, le quotidien festivalier de NISI MASA, assurera une couverture de cet événement prestigieux, pour la 5ème année consécutive. Comme précédemment, il offrira un regard original sur les sélections, y compris un suivi approfondi de la Semaine de la Critique et la Quinzaine des Réalisateurs, ainsi que des focus sur des courts métrages et des jeunes talents.
Pendant la durée du Festival, entre le 12 et le 23 mai, NISIMAZINE désire inviter des jeunes journalistes de cinéma (de 18 à 30 ans) et des photographes de nationalité roumaine, belge et française, pour faire partie de son équipe rédactionnelle
NISIMAZINE CANNES, 12th – 23rd May Cannes needs little introduction for cinephiles all over the world… In 2010 NISIMAZINE will report once again from this prestigious festival, this year will be the 5th time! As usual we’ll be providing a unique take on the selections, including in-depth coverage of the Critic’s Week and Director’s Fortnight, as well as spotlights on short films and young talents.
We are currently accepting applications from young (aged 18-30) aspiring film critics and photographers from Romania, Belgium and France who would like to be part of our editorial team during the Cannes Film Festival from the 12th to the 23rd May. We will invite only 5 participants for this edition, so be ready for competition!
Download the official Call for Participants and application form below. Completed forms should be sent to nisimazine-cannes@nisimasa.com
DEADLINE: 7th of MARCH. If you have any questions, don’t hesitate to contact us. Good luck!
Samedi 27 février, lors de la 35ème cérémonie de la mise en valeur des talents hexagonaux, marquée par les larmes d’Adjani et le sacre d’« Un Prophète », le César du meilleur court métrage a été attribué à « C’est gratuit pour les filles » de Claire Burger et Marie Amachoukeli.
Pour rappel, les quatre autres films nominés étaient :
* ¿Dónde está Kim Basinger? d’Édouard Deluc
* La Raison de l’autre de Foued Mansour
* Séance familiale de Cheng-Chui Kuo
* Les Williams d’Alban Mench
(Re)découvrez le focus que Format Court a consacré à ce duo terrible en décembre 2009, avec la critique de « C’est gratuit pour les filles », celle de « Forbach » et l’interview des réalisatrices.
Devant les bureaux d’Autour de Minuit, une société de production française créée en 2001, trois filles se marrent devant le lapin sadomasochiste en couverture du DVD absurde, décalé et gore de Luis Nieto, un jeune dingue-doux colombien sorti de l’ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs) en 2005. À l’époque, son film de fin d’études,« Carlitopolis », suivait les infortunes d’une pauvre souris de laboratoire. Depuis, Nieto s’est mué en scientifique sur Canal +, a fait des pubs et quelques performances de très bon goût rouge, et combiné l’image de synthèse, la prise de vue réelle et la performance en direct.
Les leçons du Professeur Nieto
Dans un gilet que n’aurait pas dénigré J-P Bacri dans « Un air de famille » ou C. Firth dans « Le Journal de Bridget Jones », le Professeur Nieto proposait en 2006 sur Canal + cinq expériences délurées pour mieux comprendre nos petits et gros amis animaliers. Assisté par Patrick, un chimpanzé en couches-culottes, Nieto nous présentait sous un autre jour les insectes, les poussins, les lapins, les chiens, et même les vaches. À chaque exposé, des imprévus surgissaient, ce qui ne l’empêchait pas pour autant de réclamer les rapports de ses étudiants, les moins assidus comme les plus célèbres.
Carlitopolis
En 2005, à l’ENSAD, à Paris, Luis Nieto présente son projet de fin d’études, avec comme cobaye une petite victime nommée Carlito. Un an plus tard, il réitère la performance à Montreuil. Tour à tour, la souris, découpée en deux, repousse comme un ver de terre, gonfle et dégonfle comme un ballon, avant d’exploser et de finir en cendres pour les besoins de l’expérience. Témoin de ce spectacle invraisemblable, le spectateur croit à une expérience en direct, alors que sans le savoir, il est manipulé par des images préenregistrées, numérisées, et extrêmement réalistes. En cabine, un régisseur substitue le réel au factice et le vrai au faux. L’effet de surprise rejoint l’effet spécial. Nieto s’est moqué de nous, Carlito aussi. Finalement, qui est le cobaye de cette histoire ? Telle est la question que pose le prof-réa dans le making of du film.
À la baguette
Autre performance, toute aussi courte, barge, et provoc’ : « À la baguette ». À Clermont-Ferrand, le professeur Nieto tente de battre sur scène un record inédit de précision, à l’aide d’une baguette particulièrement sèche et dure. Assisté par Claude Duty, un vieux fidèle du festival (Patrick le singe n’étant pas libre), il vérifie la propulsion d’un oeil professionnel sur une cible posée. C’est drôle, c’est con, c’est trash, et ça nécessite du jambon (comme le prouve le baking of).
DVD Nieto : un sapin magique, des courts métrages, une pluie de lapins, des clips, des making et baking of, des performances, de sacrés moments d’hémoglobine, des sous-titres anglais, six bonus, et un livret en couleurs de 52 pages, retraçant une enfance colombienne étonnamment annonciatrice des films à venir. Édition : Chalet Pointu
Le 12 février 2010, s’ouvrait le 29ème festival Anima, avec l’avant-première du drôle et tendre « Mary and Max », le premier long métrage d’Adam Eliott, connu pour ses courts métrages et sa délectation pour l’animation en volume. Jusqu’au 20 février, le festival a renoué avec sa compétition de courts et de longs métrages belges comme internationaux, et diversifié les rendez-vous de sa programmation. Alternativement, le choix s’est porté sur des films nominés au Cartoon d’Or et au Siggraph, le travail d’Adam Eliott, des courts subversifs mais drôles, l’anniversaire de l’atelier Caméra-etc, des rétrospectives hongroises, grecques, suédoises, et chinoises, ainsi que des rencontres organisées autour de deux pros français, l’animatrice Florence Miailhe et le producteur Nicolas Schmerkin (Autour de Minuit).
Synopsis : En vue de gravir un pic le lendemain, deux jeunes marcheuses arrivent le soir au refuge Zsygmondy. Mais il n’y a plus qu’une seule place de libre…
Synopsis : Aujourd’hui, les supermarchés se construisent sur l’emplacement des cinémas, des églises. Evolution normale puisque le consumérisme est la religion du 20ème siècle.
À Clermont-Ferrand, les courts de rattrapage se sont offert la présence de Luc Moullet et Lorenzo Recio, deux artistes de l’étrange, l’occasion pour nous de parler du DVD du plus loufoque des cinéastes de la Nouvelle vague « Luc Moullet en shorts : 10 courts métrages très drôles (sauf un) », édité chez Chalet Pointu. La compilation très éclectique réunit 10 petits films divinement iconoclastes traversant les genres (documentaire, fiction, docu-fiction, …) et un style à l’apparence froide et légère, teinté du burlesque de Tati et des théories de Brecht. Éloge du brin de folie de trois d’entre-eux.
Essai d’ouverture
Cultissime et tellement caractéristique de l’humour moulletien, Essai d’ouverture, lauréat du Prix Canal + à Clermont-Ferrand en 1989, se veut être une thèse sérieuse sur les mille et une tentatives d’ouvrir une bouteille de Coca-Cola. Tel un explorateur bochiman, Monsieur Moullet qui n’est pas tombé sur la tête, analyse l’objet sous toutes les coutures et use de tous les stratagèmes possibles et (in)imaginables pour déguster l’élixir impérialiste. Car c’est bien de cela dont il s’agit, derrière l’humour décapant du réalisateur, se cache une critique du système capitaliste à l’américaine dont la bouteille serait la pétillante égérie. Drolatique à souhait, cet Essai séduit par son savant mélange de didactisme appliqué et de comique artisanal.
Toujours plus
Dans la lignée de la critique douce et de la dénonciation amère, Toujours plus est un documentaire exposant l’obsession des Français pour les hypermarchés. Comparé à une usine à rêves à l’instar de l’Eglise et du Cinéma, le Grand Magasin, qu’il se nomme Intermarché, Auchan, Leclerc ou encore Carrefour offre à ses fidèles ouailles l’immense chance de posséder toujours plus. Temple de la consommation, il attise l’avidité existentielle qui sommeille en chacun de nous. Imprégné d’un sarcasme léger et d’une naïveté quasi primitive, le film prend parfois des allures de fable moderne et le ton solennel du commentaire en voix off, caractéristique des documentaires engagés d’une certaine époque, vient renforcer son côté décalé. À l’heure où l’une de ces indestructibles chaînes vit des moments difficiles, il est intéressant de plonger dans les premiers émois de la frénésie consommatrice.
Le système Zsygmondy
Le système Zsygmondy ou quand les tribulations de deux copines gravitant un pic de montagne amènent à explorer attentivement le comportement humain face à des contraintes imprévues. Allant totalement à l’encontre de la célèbre solidarité montagnarde, les jeunes citadines se montrent fort peu partageuses (surtout l’une) lorsqu’elles apprennent, après une journée de marche épuisante qu’il n’y a plus qu’une seule place au refuge. Et dans ce petit coin de nature, éloigné de tout, la civilisation et ses faiblesses bourgeoises laisse des empreintes indélébiles. Avec ses airs de Bronzés dégrossi, le film dépasse la parodie populaire pour rejoindre dans la joie et la bonne humeur un système plus psychanalytique qu’il n’y paraît. Preuve en est la touche musicale venant terminer ce vase clos : rien ne sert de coucher sous un toit, il faut savoir pourquoi.
Pour sa 32ème édition (16-20 novembre 2010), le Festival du court métrage de Namur (Belgique) Média 10-10 vous propose à nouveau sa nouvelle catégorie en compétition. La section OVNI (Objets Visuels Non Identifiés) se veut un espace ouvert aux expérimentations audio-visuelles en tout genre, aux explorations créatives et inventives, aux aventures menées à la frontière des genres et des médias. Elle présentera des œuvres récentes échappant aux catégorisations et témoignant d’une approche résolument originale, loin des formatages imposés. Laboratoire d’expériences, la section OVNI veut être un lieu de découverte et d’étonnement, de questionnement et d’émerveillement.
Films et vidéos expérimentaux, clips musicaux, animations abstraites, journaux filmés… et toutes autres formes mutantes y sont les bienvenus. La compétition est ouverte aux courts métrages (de préférence inédits) d’une durée maximale de 30 minutes (générique compris) réalisés par des ressortissants de l’Union Européenne et de Suisse en 2009 ou 2010. Tous les formats sont acceptés (vidéo, pellicule). Un prix de 2500 €sera attribué au lauréat de la compétition.
Date limite des inscriptions : 02/08/2010
Vous pouvez dès à présent télécharger le formulaire d’inscription pour l’édition 2010 du festival.
E-mail : media10-10@province.namur.be, site Internet : www.media10-10.be
Dédié à l’écriture de l’image, ce festival se construit autour de 3 axes : rencontres professionnelles, éducation à l’écriture de l’image, et découvertes de jeunes talents.
Au programme : projections de 3 programmes de courts métrages, rendez-vous autour de Robert Guédiguian, invité d’honneur 2010, ateliers, forums des auteurs, marathons et notamment Marathon du Court Métrage (26 jeunes auteurs parrainés chacun par un réalisateur et un producteur écrivent un court métrage en 48 heures selon un sujet imaginé par la présidente du Grand Jury 2010, Marion Vernoux).
Infos pratiques :
Horaires : De 10h à 22h Adresse: Théâtre / Palais Jacques Coeur / Beaux-Arts 18000 Bourges
Synopsis : Marcus et son frère Antoine viennent passer quelques jours en Argentine pour le mariage de leur cousin. Ils comptent bien en profiter pour découvrir les joies de la capitale. Marcus est joyeux comme un pinson, alors qu’Antoine vient de se faire quitter.
Genre : Fiction
Durée : 30’
Pays : France, Argentine
Année : 2009
Réalisation : Édouard Deluc
Scénario : David Roux, Édouard Deluc, Olivier de Plas
Il y a sept ans, un touche-à-tout tout nommé Édouard Deluc découvrait Buenos Aires, et revenait en France, stimulé par l’accueil de ses habitants, la beauté de sa ville, et l’envie d’y poser un jour sa caméra. Quelques années plus tard, une nuit de débauche hivernale à Pékin avec son grand frère lui inspira « ¿ Dónde está Kim Basinger ? ». Cette balade en noir et blanc dans une Buenos Aires musicale, drôle et follement torride, récemment récompensée du Grand Prix national et du Prix Canal + à Clermont-Ferrand, est en lice pour le César du Meilleur court métrage. Entrevue….
Quel a été ton parcours avant ce film ?
J’ai fait une licence d’art plastique, puis les Beaux-Arts à Paris-Cergy, une école un peu avant-gardiste dans les années 90-95. À l’époque, je faisais des clips pour mon groupe de rock, de la photo, un peu de peinture, et des courts en super 8. Je mélangeais les pratiques. Après, petit à petit, j’ai travaillé pour la télé pour gagner ma vie, tout en continuant à écrire des courts métrages et à faire des clips, et ensuite, j’ai fait des pubs.
À cette époque-là, y avait-il des films dont vous parliez, des films dont vous débattiez aux Beaux-Arts ?
Comme ce n’était pas une école de cinéma, on ne parlait pas seulement de films. Les cours de cinéma ne me convenaient pas. Personnellement, j’étais plus à l’aise en cours de rythme, de vidéo. J’avais bien mon panthéon de films cultes, mais je n’étais pas vraiment prêt à en débattre (rires)! Les films qui m’ont nourri et construit, je ne les partageais pas beaucoup à l’école. Ma culture cinéphile, je l’ai entretenue seul en regardant des cassettes et en prenant beaucoup en photo les films que j’aimais.
Comment ça ? Tu prenais en photo ton écran ?
Oui. Je découpais souvent les séquences. Par exemple, j’ai mitraillé en argentique « Meurtre d’un bookmaker chinois », un film mythique pour beaucoup de monde. J’ai des tonnes et des tonnes de photogrammes de séquences du film qui traînent chez moi. À l’époque, ces images m’accompagnaient. J’essayais de me mettre dans une espèce de disponibilité totale par rapport au film et puis, je cherchais quelque chose, sans savoir quoi exactement.
Qu’est-ce que le passage par la publicité t’a appris ?
Pour gagner sa vie et expérimenter les tournages, la pub, c’est bien. En fait, j’ai mis beaucoup de temps – quinze ans – à me dire que j’étais réalisateur et à désacraliser ce mot. J’étais dans une telle fascination pour le cinéma, dans un rapport tellement inhibant par rapport à ce terme que cela m’a empêché de faire plein de choses, je pense. Le fait de beaucoup tourner, de commencer à faire des clips et des pubs m’a aidé à me rendre compte que c’était un métier. Le grand classique, sur un premier film, c’est vouloir tout mettre. Quand tu arrêtes de penser qu’un film, ce n’est pas tout et que tu ne vas pas jouer ta vie à chaque fois que tu tournes, tu prends un peu de distance, et du coup, tu t’amuses plus. En tournant beaucoup de pubs et de clips, j’ai appris cela et j’ai acquis plus de confiance en moi, ayant été confronté à de nombreuses situations de mises en scène et d’imprévus. L’expérience, c’est également positif pour parler aux équipes et trouver les bons chefs op avec qui on a envie de travailler.
Est-ce que cette peur n’était pas aussi due au fait que tu n’avais pas fait d’école de cinéma ?
Je ne suis pas issu d’une famille d’artistes, ce n’était déjà pas évident à la base. Peut-être que si j’avais fait une école de cinéma, les choses auraient été plus évidentes et se seraient passées plus tôt. Mais je n’en suis pas sûr en fait, parce que dans tout les cas, le métier n’est là que le jour où le plateau devient ton bureau et où tu es constamment confronté à des problématiques de mises en scène. En fréquentant une école et en faisant trois courts métrages en dix ans, car c’est compliqué de faire du cinéma, je n’aurais peut-être pas appris autant de choses. En même temps, moi, je ne suis pas auteur. Je n’ai pas envie d’écrire, et même si je le fais un peu par obligation, en fait, je me sens beaucoup à l’aise en tant que réalisateur.
Pourquoi est–ce une obligation d’être auteur ? Tu n’es pas obligé de l’être. Pour « ¿ Dónde está ? », tu as bien pris des co-scénaristes.
Non, je ne suis pas obligé, mais je ne trouve pas. Trouver son alter ego en scénariste, ce n’est pas facile. Moi, je n’ai pas le sens de la structure. J’ai le sens de l’atmosphère, j’ai des désirs, c’est pour ça que je pense plus comme un réalisateur. Je vois tout de suite les choses en séquences, mais je n’arrive pas à penser le scénario dans sa structure et voir les grands enjeux. Je n’ai pas la vision par écrit, alors que les désirs de personnages, de sons, de situations, de décors, d’atmosphères me nourrissent très fort. Ce film-ci, c’est quand même une histoire que j’ai échafaudée tout seul, à partir d’une histoire vécue avec mon frère à Pékin, et ce n’est pas l’adaptation d’une nouvelle ou d’un roman.
Avant de travailler sur le scénario, as-tu reparlé à ton frère de cette histoire ?
Non, pas beaucoup. Je lui ai dit sur quoi je travaillais et ça l’a fait marrer (rires). Il est content, il apprécie le film, il trouve que Philippe Rebbot le représente bien et que l’autre personnage joué par Yvon Martin me représente bien. Dans le binôme, moi, je suis plutôt le petit dépressif !
Ton dernier court, « Je n’ai jamais tué personne », date de 2002. Celui-ci, tu as commencé à l’écrire en 2007. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? Tu as continué à faire de la pub ?
J’ai écrit un peu de musique, j’ai fait des clips et des pubs, et parallèlement, j’ai adapté deux romans pour des longs métrages qui se sont pris le mur avant d’être montés. Pour le premier, j’ai accepté une commande d’un producteur. J’ai travaillé pendant dix mois avec un scénariste, le producteur a trouvé que j’avais trop cassé la structure du roman. J’avais une vision très claire des choses et il était hors de question que je fasse autre chose que ce que j’avais proposé. J’étais dans une quête d’absolu. J’ai renoncé à faire le long, parce qu’on ne voulait pas suivre ma vision, À l’époque, je disais : « c’est ça ou rien ». Je suis content d’être intransigeant, mais en même temps, petit à petit, je comprends que les oeuvres ne sont pas sacrées, en tout cas pas les miennes (rires) !
Pendant que tu travaillais sur ces projets, tu continuais à voyager à Buenos Aires. Tu en parles comme d’un pays de cinéma, de paysages et de psychanalyse.
C’est vrai. Tous les Argentins vont chez le psy et parlent de cinéma. C’est une réalité et encore plus pour moi, parce que mes amis travaillent tous plus ou moins dans les milieux du cinéma ou de la psychanalyse (rires) ! C’est un pays d’Amérique latine dont la culture de la psychanalyse est vraiment très forte, et c’est vrai que les paysages y sont magnifiques.
Tu t’intéressais au cinéma argentin de partir là-bas ?
Oui, je suis assez fan des films de Carlos Sorin, mais de manière générale, j’ai une attirance pour le cinéma d’Amérique latine comme d’ailleurs. Je suis finalement assez world (rires) !
Mais tu retournes constamment en Argentine. Il y a plus qu’un lien affectif avec le pays, si on y revient d’année en année.
En fait, j’y suis beaucoup retourné parce que j’avais aussi envie de faire un film là-bas. Ça faisait sept ans que j’étais tenu par ce désir-là. Le fait de l’avoir fait va peut-être me permettre de passer à autre chose. Ce n’est probablement pas pour tout de suite parce que je connais surtout Buenos Aires et parce que je pense que j’ai encore un truc à creuser là-bas, mais c’est évident que ça a désacralisé quelque chose.
Est-ce que tes comédiens ont participé à l’écriture du scénario ?
Pas à l’écriture, mais bien aux répétitions. Ils ont amené leur talent, leur personnalité, leur sens de l’humour et de l’improvisation, et ensuite au moment du tournage, j’étais ouvert pour qu’ils rajoutent des choses. Je ne suis pas du tout au mot près, je voulais juste mettre en place des situations et quelques calembours déjà écrits depuis longtemps.
Comment s’est passé le travail avec une production argentine ?
Le producteur est un ami. On s’est rencontré autour de notre amour du cinéma et notre envie de travailler ensemble était forte. Il n’y avait pas que le souhait de faire un film en Argentine, il y avait aussi le désir de développer des relations, de les rendre plus fortes, plus passionnantes, et d’avoir des projets communs. Après, par contre, dans les faits, le tournage a été très compliqué, très dur. Le projet était quand même un court métrage, on n’avait pas beaucoup d’argent, seulement dix jours de tournage, peu de pellicule, donc peu de prises.
Est-ce que malgré les difficultés, tu as réussi à rester à nouveau intransigeant ?
Je n’ai rien lâché. Quand tu portes le truc pendant deux ans, ce n’est pas au moment du tournage qu’il faut lâcher parce que sinon, c’est ingérable (rires) ! Ça fait deux ans que tu écris, que tu fantasmes sur ton film, et au final, tu ramènes des rushes moyens, tu en veux à la terre entière et tu ne dors plus pendant deux mois. C’est quand même intime, comme pratique, le cinéma. Il faut prendre de la distance justement pour ne pas trop souffrir, et en même temps, tu ne l’inventes pas, le lien avec le médium est quand même viscéral.
Est-ce que tu n’avais pas une vision de touriste en tournant là-bas ?
Si. De toute façon, le film est une vision de touriste, et je joue beaucoup sur les clichés. Mais j’avais déjà tourné des pubs dans ce pays, je savais comment ça se passait. Après tout, l’Argentine est un pays de cinéma, les équipes sont rodées, seulement, il n’y avait pas beaucoup d’argent et peut-être pas assez de rigueur sur ce projet.
Tu as participé à la musique. Mais comment as-tu travaillé avec Martin Torres Manzur, le compositeur ? Quelles indications lui as-tu données ?
La musique a aussi participé à la naissance du film : de 2005 à 2007, après m’être usé sur l’écriture d’un long métrage, j’avais besoin de m’aérer la tête et j’ai écrit des morceaux que j’appelais »B.O. Argentina ». Quand j’ai écrit le film, j’ai rencontré Martin qui est le frère d’un ami et un compositeur dont j’écoutais les disques. Je lui ai expliqué ce que je voulais précisément dans la scène de karaoké. Il m’a proposé un morceau un peu sirupeux, il a fait un truc très bien, un slow un peu dégoulinant de bons sentiments et de mièvrerie adolescente (rires) ! Je suis arrivé au montage avec mes morceaux et celui de Martin. Mes mélodies étaient beaucoup trop tristes au regard avec l’humeur du film, du coup, j’ai cherché quelque chose de plus allègre. Je suis retombé sur le superbe « Your name my game » de Herman Dune qui est devenu le titre phare du film.
Est-ce que dans tes nouveaux projets, tu as toujours envie de filmer l’Argentine ?
Oui, je devrais faire un spin-off. J’étais sur d’autres projets, mais mon producteur m’a dit : « Édouard, rends-toi compte que « ¿ Dónde está Kim Basinger ? » est ton film le plus réussi parce qu’il parle de toi, et qu’il touche les gens.“ La comédie n’est pas un registre vers lequel je me dirigeais naturellement, mais il m’a conseillé de creuser dans ce domaine, tout comme de nombreuses personnes qui me disent qu’elles ont envie de voir ces deux frères arriver jusqu’au mariage. Résultat : je vais creuser la situation. En attendant, je suis content d’avoir fait ce film parce qu’il est fidèle à un cinéma plus libéré que j’aime, que ce soit le cinéma argentin ou celui de Jacques Rozier.