Tous les articles par Katia Bayer

99 Minute Film School

99 Minute Film School

Vous croyez savoir comment fonctionne l’industrie cinématographique ?

Laissez Elliot Grove, fondateur du Raindance Film Festival (infos sur Raindance et Elliot plus bas), vous emmener dans les coulisses de ce petit monde en vous donnant des dizaines d’astuces pratiques quant à l’écriture, la production et la réalisation de votre futur chef d’œuvre.

Comment arriver de l’idée au scénario, puis de la production à la réalisation, pour arriver enfin au marketing et à la distribution d’un film ? Qui décide vraiment ? Qui convaincre et comment ?

Autant de questions (et bien d’autres !) qui trouveront réponses au Théâtre Marni le samedi 8 mai à midi.

Axé sur la pratique, vous sortirez de ce cours avec des dizaines de conseils pratiques pour diminuer vos coûts de production et de tournage, et vous connaîtrez les dernières tendances marketing pour optimiser vos chances de vendre votre film.

Informations pratiques

99 Minute Film School

Samedi 8 mai 2010 – 12:00-14:00

Théâtre Marni, Rue de Vergnies 25, 1050 Bruxelles

Entrée : 10 €

Cours en anglais

Réservations online (http://www.raindance.org/site/brussels-99-minute-film-school) ou par téléphone au 0044 207 287 3833.

Facebook: http://www.facebook.com/#!/event.php?eid=116818215012293&ref=nf

Pour toute information supplémentaire : julian@raindance.co.uk

ou

Maxime Feyers

maxime@soupmedia.net

+32 477 386 314

A propos de Raindance

Raindance Film Festival est le plus grand festival de film indépendant du Royaume-Uni et organise chaque année les prestigieux ‘British Independent Film Awards’ qui couronnent le meilleur du cinéma indépendant au Royaume-Uni.

Raindance dispense également des cours d’écriture, de réalisation et de production cinématographique à Londres, New York et Toronto.

Plus de 3 500 personnes ont suivi ces cours en 2009 et de nombreuses personnalités ont entamé leur carrière via Raindance : Christopher Nolan (Batman), Guy Ritchie (Sherlock Holmes) et Sacha Baron Cohen (Brüno) sont quelques exemples parmi beaucoup d’autres.

www.raindance.org

Elliot Grove

Elliot Grove a fondé le Raindance Film Festival en 1993, les British Independent Film Awards en 1998 et Raindance.TV en 2007.

Il a produit plus de 150 courts et 5 longs métrages et a publié 3 livres qui sont devenus incontournables : Raindance Producers Lab (2004), Raindance Writers Lab (2008) et 130 Projects to get you into filmmaking (2009).

Il enseigne l’écriture et la production cinématographique au Royaume-Uni, au Japon, en Europe et en Amérique depuis 1992.

Elliot Grove interview : http://www.raindance.co.uk/site/10-most-frequently-asked-questions-about-raindance

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Short Screens #3 : Tabou, vous avez dit tabou?

Après s’être laissé séduire par les écoles belges et l’animal social, Format Court, Artatouille asbl et l’Actor’s Studio ont organisé fin avril une séance de courts métrages consacrée au tabou, avec huit courts croquants et choquants.

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Retrouvez dans ce focus :

FANTOCHE 2010 : Appel à films

Le 8è festival international du film d’animation Fantoche se déroulera du 7 au 12 septembre 2010 à Baden (Suisse). Cinéastes de Suisse et d’ailleurs, vos films peuvent être envoyés jusqu’au 31 mai 2010 !

Fantoche recherche des idées audacieuses, des expériences visionnaires, des histoires surprenantes pour son édition 2010. Jeune talent ou cinéaste confirmé, vous avez toutes vos chances ! Tous les films suisses sélectionnés prendront automatiquement part à la compétitionsuisse avec cette année de nouveaux prix à la clé.

Les films doivent durer moins de 40 minutes et avoir été achevés après le 31.3.2009. Les inscriptions en ligne, ainsi que toutes les informations sur le Festival sont accesibles sur http://www.fantoche.ch/.

M come La Main sur la gueule

Fiche technique

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Synopsis : Bruno, accompagné de sa petite amie Liliane, rend visite à son père qui vit seul en pleine campagne.

Genre : Fiction

Durée : 56′

Pays : France

Année : 2007

Réalisation : Arthur Harari

Scénario : Arthur Harari

Images : Tom Harari

Montage : Laurent Sénéchal

Son : Josefina Rodriguez

Interprétation : Bruno Clairefond , Christian Chaussex , Shanti Masud, Lucas Harari

Production : Les Films du Dimanche

Article associé : l’interview de Sébastien Bailly

 

V comme Versailles, rive gauche

Fiche technique

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Synopsis : Arnaud s’apprête pour un rendez-vous galant dans son petit appartement avec Claire qu’il a rencontré il y a peu.

Genre : Fiction

Durée : 45′

Pays : France

Année : 1992

Réalisation : Bruno Podalydès

Scénario : Bruno et Denis Podalydès

Images : Pierre Stoeber

Montage : Marie-France Cuénot

Interprétation : Denis Podalydès, Isabelle Candelier, Michel Vuillermoz, Philippe Uchan, Ariane Pirié, Jean-Noël Brouté, Dominique Esnaud,
Bruno Podalydès

Production : Flagrant Délit Productions

Article associé : l’interview de Sébastien Bailly

Sébastien Bailly. Brive, le moyen métrage, et la pulsation de l’auteur

Créées en 2004 au sein de la Société des Réalisateurs de Films, les Rencontres du moyen métrage de Brive mettent en valeur un format privilégié par de nombreux cinéastes mais très peu diffusé en festival : le moyen métrage. Avant et après les dates du festival, son délégué général, Sébastien Bailly, était à Paris. Petit rendez-vous pris à proximité de toiles slaves, de marches japonaises et de mozzarellas italiennes.

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Tu viens de la réalisation. Pourquoi avoir monté un festival de moyens métrages ?

Pour plusieurs raisons. Parmi les films que je voyais, ceux qui m’intéressaient le plus faisaient souvent 30 minutes, ne circulaient pas beaucoup en festivals et n’étaient pas forcément mis en valeur dans les compétitions à côté de films de 10 minutes. En 2004, j’ai donc crée avec Katell Quillévéré un lieu consacré à ces films-là au sein de la Société des Réalisateurs de Films (SRF).

Quel était l’intérêt de la SRF dans une telle manifestation ?

La SRF n’a pas pour vocation de créer des festivals, mais son travail est de défendre les cinéastes. Elle a créé la Quinzaine des Réalisateurs en 1969 parce que ça répondait à un besoin d’une diversité de programmation au sein du festival de Cannes. De même, elle a fondé les Rencontres du moyen métrage de Brive en 2004 parce qu’il y avait une nécessité de montrer des films réalisés dans un format vraiment très particulier. La télévision et les festivals programmaient difficilement les moyens métrages, la SRF trouvait donc important de créer un lieu dédié à ces films.

Pourquoi le format moyen n’intéressait-il pas les festivals ?

Certains de ces films-là ont pu passer à la Quinzaine des Réalisateurs, à la Semaine de la Critique, à Angers, à Belfort, à Brest et à Clermont-Ferrand, mais ils ont toujours été noyés dans le groupe. Aujourd’hui comme hier, certains festivals ne sélectionnent pas les films au-delà de 20 ou 30 minutes, parce qu’ils estiment que le court métrage est un petit film de 10 à 15 minutes, alors que légalement, la durée d’un court va jusqu’à 59 minutes. Beaucoup pensent aussi qu’un court est une petite forme rigolote. Personnellement, je trouve ça un peu réducteur et je ne suis pas sur qu’une durée courte permette aux auteurs-réalisateurs de s’exprimer profondément. Le moyen métrage leur permet à l’inverse de véritablement installer leur mise en scène, d’approfondir leurs personnages, et de créer un univers complexe, vu la difficulté de maîtriser, sur une demi-heure ou plus, une durée, un scénario, et un montage. Avec ce format, on commence vraiment à voir si on a affaire à un auteur ou pas. En 10 minutes, cela me paraît difficile.

Est-ce que le moyen est une passerelle entre le court et le long ?

Certainement. En termes de production, les budgets sont plus importants que pour le court (entre 100.000 et 150.000 euros), on peut trouver de l’argent pour financer des films, mais il n’y a pas de rentrées financières car le marché est extrêmement limité. En même temps, comme ces films ne sont pas dans le marché, ils sont à l’abri de la violence des règles des chaînes de télévision et des distributeurs.

Certaines personnes ont parfois envie de sortir du court et, n’arrivant pas à faire des longs, font des moyens pour affiner leur travail et se tester sur la production et une durée plus difficile. Il y a aussi des gens qui reviennent au moyen entre deux longs, comme Eugène Green, Marie Vermillard ou François Ozon, par plaisir mais aussi parce qu’économiquement, ils sont plus libres de faire ces films-là, sans qu’un distributeur ou une chaîne leur impose quoi que ce soit. Enfin, il y a des gens qui ont vraiment été révélés par ce format-là comme Arnaud Desplechin, Bruno Podalydès, les frères Larrieu, Alain Guiraudie, ou Mikhaël Hers, plus récemment.

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"Versailles, rive gauche"

Bruno Podalydès est quelqu’un qui a fait des courts avant son moyen. Qu’est-ce que ce format-là a changé dans son parcours ?

Podalydès a fait des courts avant “Versailles, rive gauche”, mais quand tu regardes ses films, finalement, c’est plus avec celui-là qu’il s’est trouvé car c’est quelqu’un qui a besoin de temps et qui aime énormément les grandes familles de personnages. Ce n’est pas dans ses courts qu’il a pu développer à ce point son récit.

Pourquoi les Rencontres ont-elles été implantées à Brive ? Quel lien cultives-tu avec cette ville-là ?

Le lien, c’est que je suis originaire de Brive. J’y connaissais un lieu qui pouvait accueillir un festival pendant plusieurs jours, il n’y avait pas beaucoup de manifestations autour du cinéma dans la région, et on a tout de suite reçu un accueil très favorable, donc il y avait beaucoup de conditions réunies. Si on avait monté un festival pareil à Paris, on aurait été noyé dans une proposition colossale de manifestations. De toute façon, je crois que la mission d’un festival, c’est aussi d’investir des lieux dont ce n’est pas la vocation.

Est-ce que le public briviste perçoit correctement ce qu’est un moyen métrage ?

Maintenant, oui. Mais au départ, les gens ne savaient pas ce qu’était. Il a fallu leur expliquer que les moyens étaient des films, au même titre que des courts ou des longs, et qu’on faisait le pari de les montrer. On leur a expliqué aussi que derrière chacun de ces films, il y avait un regard, un auteur, un tempérament, une saveur, un point de vue sur le monde, et que leur point commun était d’être dans une durée 30-60.

Vous imposez-vous des critères de durée ? Si un film dépasse 60 minutes ou est inférieur à 30 minutes, pouvez-vous le refuser ?

Si il est inférieur à une demi-heure, je considère qu’il y a plein d’endroits où il peut être vu. Si un film que j’aime vraiment dure plus de 60 minutes, je le prendrai car il aura toutes les peines du monde à sortir en salle et à être vu.

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La situation dont tu me parles concerne surtout la France. Depuis cette année, vous montrez des moyens d’autres pays via une nouvelle compétition européenne. Quel est le témoignage des réalisateurs étrangers sur la situation dans leur pays ? Est-ce plus facile ou non de produire un moyen métrage ailleurs ?

Globalement, je pense que c’est plus difficile de faire des courts ou des moyens ailleurs étant donné qu’en France, il y a beaucoup de guichets et d’argent pour les films, alors qu’à l’étranger, on a plus affaire à des films d’écoles ou à des productions un peu fauchées, bricolées, avec peu d’argent. Il n’y a pas tellement d’entre-deux, comme en France, avec un producteur qui cherche de l’argent auprès des chaînes, des régions, et du CNC.

Comment se fait-il que ces films-là arrivent à se faire dans les écoles ?

Parce que dans les écoles, il y a des moyens et du matériel à disposition, et parce que la créativité n’est a priori pas brimée.

Quels sont les pays aujourd’hui reconnus pour leur forte production en moyens métrages ?

Beaucoup de moyens métrages se font en Europe, notamment en Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en Pologne, en Roumanie, et dans les pays nordiques. Dans d’autres pays, comme le Portugal et l’Italie, il y en beaucoup moins, mais des films nous parviennent aussi.

En sept ans, comment les choses ont-elles évolué en termes de fréquentation, de films reçus, et de travail avec le public ?

En sept ans, on n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre les gens de la profession que le festival correspondait à un besoin, on a réussi à se faire connaître et à gagner un public local. Les gens sont encore curieux de découvrir des choses très peu connues qu’ils ont rarement la possibilité de voir en DVD ou à la télévision, ce qui prouve qu’ils ne sont pas aussi frileux qu’on le croit.

La quantité de films reçus a aussi évolué. La première année, on a dû en recevoir 140, aujourd’hui, on en compte plus de 400. Cela ne veut pas dire que plus de moyens métrages se sont tournés en sept ans, mais que ces films sont plus mis en valeur aujourd’hui. Enfin, la presse régionale et nationale suit le festival, ce qui contribue à la notoriété et à la carrière des films et des réalisateurs.

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"La Main sur la gueule"

Parmi ces films, certains t’ont-ils plus interpellé que d’autres ?

Cette année, sur 400 films, j’en ai gardé 21. Pour moi, ils sont tous égaux. Mais je suis ravi d’avoir découvert précédemment “La Peau trouée“ de Julien Samani, comme “La main sur la gueule” d’Arthur Harari, et “Les voeux” de Lucie Borleteau. Tout de suite, j’ai senti que j’avais a affaire à des gens qui avaient des choses à dire de façon très, très forte. Pourquoi monte-t-on un festival ? Pour essayer de révéler les cinéastes de demain, et pour mettre au maximum en valeur les oeuvres non repérées ou mal mises en évidence dans la masse de films.

Propos recueillis par Katia Bayer.

Consulter les fiches techniques de “Versailles Rive gauche” et “La main sur la gueule”

Appel à films : Rencontres Henri Langlois

Les étudiants ou leur école peuvent désormais inscrire et envoyer leur film à l’équipe du Festival jusqu’au 31 juillet 2010. Il s’agit là de la première étape nécessaire pour participer à la Compétition internationale.

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Leçon de cinéma, programmes d’Europe centrale, courts métrages en séances spéciales, projections et rencontres autour du film d’animation sont aussi à l’affiche de cette 33e édition.

Modalités d’inscription sur le site : www.rihl.org

Retour de flamme s’installe au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

Au programme de cette nouvelle édition :

– PETITES CAUSES GRANDS EFFETS, O’Galop – France – 1918 – Animation
Les effets d’un petit verre d’alcool. Et en le prenant chaque jour, on devient alcoolique.

– LA CHASSE A LA GIRAFE DANS L’OUGANDA, Alfred MACHIN – Documentaire – France – 1910

– MODE DE PARIS – Documentaire – Hollande – 1926
Présentation de divers modèles de la mode Parisienne et des collections de diverses maisons de haute couture.

– THE LOVE NEST, Buster KEATON – Burlesque – Usa – 1923
Ayant rompu ses fiançailles, Buster décide de partir pour un long voyage en mer afin d’oublier.

– Et de nombreuses autres surprises…

Retrouvez la programmation et les infos pratiques sur www.bozar.be ainsi que notre Focus consacré à Lobster Films

S comme Sinner

Fiche technique

Synopsis : Yotam, un garçon de 13 ans dans une pension juive ultra-orthodoxe, essaie de lutter contre l’éveil de ses désirs sexuels. Confus et rongé par la culpabilité, il consulte son rabbin, qui abuse de sa position et de l’innocence de Yotam. Sans recours ni refuge, Yotam se retrouve piégé par le silence imposé dans sa communauté.

Genre : Fiction

Durée : 28’

Pays : Israël

Année : 2009

Réalisation : Meni Philip

Scénario : Meni Philip

Images : Addie Reiss

Son : Gadi Raz

Montage : Meni Philip

Production : Meni Philip, Minshar School of Art

Interprétation : Lior Shabtai, Yuval Berger, Ami Weinberg, Omri Aisha

Article associé : la critique du film

Minshar for Art : Le manifeste de l’art

Sur Facebook, Minshar for Art a près de 3.000 copains. Tous ne sont pas d’anciens étudiants de cette école d’art créée à Tel-Aviv après la faillite de Camera Obscura, l’établissement le plus connu d’Israël pour son cinéma d’avant-garde et sa renommée en photographie, mais tous reconnaissent la qualité de cette jeune école vieille de seulement cinq ans. La preuve en trois coups de poing cinématographiques.

Yom mota shel Shula (Le jour de la mort de Shula) d’Asaf Korman

Présent sur le DVD de la Quinzaine des Réalisateurs édité en 2007, ce court métrage israélien est le film de fin d’études de Asaf Korman, acteur, musicien et monteur (il a notamment travaillé sur « Jaffa » de Keren Yedaya). Dans cette histoire inspirée de la réalité, le jeune réalisateur a filmé les membres de sa famille et Shula, le chien des Korman, atteint d’une tumeur et devant être piqué. Yossi, le père, transporte le corps de la bête sur le toit de sa voiture (dans le carton d’une télévision couleur), et rentre chez lui, pour l’enterrer dans les dunes. Il prévoit un pique-nique en famille pour les derniers adieux, mais ni sa femme ni ses enfants ne l’accompagnent. Seul, il porte le cercueil de carton, et s’endort sur le sable. À son réveil, les pleurs le submergent.

« Yom mota shel Shula » est un film prenant. Sa mise en abîme, son sens du cadre, son montage raffiné, son image sombre, sa pudeur, et la fragilité du père, celui du réalisateur (également comédien) en font toute sa force. On aurait peine à croire qu’un étudiant se cache derrière ce film d’une grande maturité, et pourtant, c’est le cas. Pour peu, on se mettrait bien à l’hébreu, histoire de se rapprocher encore un peu plus de ce film détonant.

Pathways de Hagar Ben-Asher

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À l’occasion des fêtes de Chavouot, une jeune femme rentre dans le village où elle a grandi et où vit encore sa mère. Son temps se partage entre la distribution de gâteaux personnalisés et la multiplication de conquêtes anonymes (homme n°1, n° 2, n° 3). Arrive un moment où elle n’est plus libre de ses choix.

Présenté à la Cinéfondation en 2007, « Pathways » (Mish’olim en hébreu, chemins en français) explore différentes thématiques : le tabou, le sexe, la violence, la rédemption, l’interdit, et la liberté. Devant et derrière la caméra, une jeune femme aux faux airs de Julia Roberts, Hagar Ben-Asher, montre la sexualité de façon crue et brutale, sans lui associer de jugement ni de morale. Son film est autant beau, dur et déroutant que son personnage est intriguant, paumé et solitaire. La curiosité peut se tranquilliser : Hagar Ben-Asher prépare son premier long métrage, « The Slut », en récupérant quinze ans plus tard, la même femme, devenue mère, toujours aussi perdue et sexuellement libre.

Sinner de Meni Philip

Yotam, un enfant de 13 ans s’enferme de temps à autre aux toilettes pour y dessiner des femmes dénudées. Si les autres adolescents laissent des traces de leur passage sur la porte ou les murs, Yotam, lui, prend son corps comme réceptacle de ses croquis. Ses tatouages ne poseraient pas problème si il n’était pas élève dans une yeshiva (école juive ultra-orthodoxe), et ne souffrait pas de honte et de culpabilité. Pour surmonter l’éveil de ses pulsions sexuelles, il s’en réfère à l’autorité, (le maître, le rabbin), en réclamant un renforcement spirituel. Celui-ci abuse de sa position et de l’innocence du jeune garçon.

Difficile de se dégager de l’impact de « Sinner », nominé aux Prix UIP pour le meilleur court métrage européen 2009 au festival de Venise. Tout participe à ce choc visuel et émotionnel : la pâleur du visage de l’adolescent, ses taches de rousseur, ses yeux grands ouverts, sa candeur, son innocence, l’amour de la religion, le mutisme de la communauté, l’impossible aveu, le tabou, la transgression, la culpabilité mêlée à la souffrance, la domination et l’immunité des adultes. Réalisé par un ancien hassidique, Meni Philip, « Sinner » autorise une vraie émotion en même temps qu’un sentiment de malaise. Peut-être parce que cette terrifiante histoire est basée sur des faits réels et que l’enfance a rarement été filmée de manière aussi fragile et démunie.

Katia Bayer

Article associé : l’interview de Hagar Ben-Asher

Consulter les fiches techniques de « Yom mota shel Shula », « Pathways », et « Sinner »

Rencontres Européennes du moyen métrage de Brive, le palmarès

GRAND PRIX EUROPE – BRIVE 2010 : CHANSON D’AMOUR ET DE BONNE SANTE de João Nicolau (France-Portugal)

GRAND PRIX FRANCE – BRIVE 2010 : LA REPUBLIQUE de Nicolas Pariser (France)

MENTION SPECIALE JURY PROFESSIONNEL : OUT OF REACH de Jakub Stozek (Pologne)

PRIX DU JURY JEUNES DE LA CORREZE : OUT OF LOVE de Birgitte Staermose (Danemark)

MENTION SPECIALE JURY JEUNES DE LA CORREZE : ANVERS de Martijn Maria Smits (Pays-Bas)

PRIX DU PUBLIC ex-aequo : DES REVES POUR L’HIVER de Antoine Parouty (France) et UN TRANSPORT EN COMMUN de Dyana Gaye (France-Sénégal)
PRIX CINECINEMA ex-aequo : LA REPUBLIQUE de Nicolas Pariser (France) et UN TRANSPORT EN COMMUN de Dyana Gaye (France-Sénégal)
PRIX DU SCENARIO DE MOYEN METRAGE : MARIE VOIGNIER pour L’Hypothèse du Mokele-Membe

Le Jury Professionnel était composé de Richard Madjarev (Président), Sabrina Seyvecou, Arnaud Fleurent-Didier, Cédric Walter.

Le jury Jeune de la Corrèze était composé de Marta Baidek, Maeva Culot, Julia Del Rosario, Yoann Jacquet, Valentin Ribas, Louis Roux, Beatriz Virginia Urtubia Villagran

P comme Pathways

Fiche technique

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Synopsis : Un village israélien, une fête joyeuse et une jeune femme en quête de rédemption.

Genre : Fiction

Durée : 20′

Pays : Israël

Année : 2006

Réalisation : Hagar Ben-Asher

Scénario : Hagar Ben-Asher

Images : Amit Yasur

Décors : Ben Rosen

Montage : Asaf Korman

Son : Muly Zan

Interprétation : Hagar Ben-Asher, Dvir Benedek, Yuval Granot, Amnon Wolf

Production : Mika Productions, Minshar for Art

Article associé : l’interview de Hagar Ben-Asher

Hagar Ben-Asher : « Israël est un pays de cinéma mais les cinéastes ne s’en rendent pas encore compte »

En novembre, Hagar Ben-Asher était de passage à Paris pour représenter Minshar for Art, l’école tel-avivienne dont elle est sortie il y a trois ans, avec « Pathways » sélectionné à la Cinéfondation. En pleine préparation de son premier long métrage « The Slut », cette jeune femme proche de la caméra (devant/derrière) déboutonne ses intérêts : Caméra Obscura, la rédemption, la représentation de la sexualité, et son pays de cinéma.

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Comment t’es-tu intéressée au cinéma ? As-tu des souvenirs d’enfance liés au septième art ?

Dans ma famille, on n’était pas très cinéphiles. Enfant, je n’allais pas voir de bons films. Ma réponse peut paraître assez banale, mais en fait j’étais accro aux comédies romantiques ! J’ai d’ailleurs toujours rêvé d’en faire, mais j’ai appris à connaître et aimer le cinéma au fur et à mesure de mes études.

Qu’est-ce qui t’a alors amenée à faire une école de cinéma ? L’envie de faire une comédie romantique ?

J’ai étudié à Tel Aviv, dans une école qui s’appelle Camera Obscura. Je faisais de la photo, je voulais être artiste mais à la fin du premier semestre, j’ai décidé de m’inscrire dans le département de cinéma, même si ça a été difficile de me dire que j’allais faire des films. Être dans cette école, évoluer dans une atmosphère dynamique, étudier l’art, parler de choses passionnantes, m’a donné la confiance qui me manquait. À un certain moment, je suis arrivée à me dire que je pouvais le faire. La volonté n’a pas d’explication : je ressentais une grande attirance pour le cinéma et je voulais absolument réaliser cette passion.

Tu es sortie diplômée de Minshar for Art, une école toute jeune en Israël. Pourquoi as-tu choisi cette formation après Camera Obscura ?

À vrai dire, je ne l’ai pas choisie. J’ai étudié à Camera Obscura pendant trois ans. La dernière année, il y a eu tellement de problèmes financiers que l’école a dû fermer pendant quelque temps. Par conséquent, tous les étudiants ont été transférés à Minshar for Art sans vraiment en avoir le choix. Vu que j’y ai passé seulement quelques mois en dernière année, je pourrais difficilement dire grand chose de cette école puisque je n’y ai pas vraiment étudié. À l’inverse, il s’est passé quelque chose d’assez intéressant à Camera Obscura qui est une école fort libérale. Cet aspect a des bons côtés comme des mauvais, mais si on a envie d’apprendre, on dispose de très bons outils, d’un très bon enseignement et de nombreux cours théoriques. Entre mon apprentissage à l’école et mon expérience dans une vidéothèque pendant deux ans, j’estime que j’ai eu toute mon éducation cinématographique.

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Les réalisateurs israéliens croisés me parlent tous de liberté dans leurs écoles. Comment est-ce que toi, tu as vécu cette liberté de faire ce que tu voulais ?

À la Camera Obscura, on nous donnait la possibilité d’écrire des scénarios non classiques. On n’était pas obligé de développer le récit de manière traditionnelle. D’ailleurs, mes films témoignent de cette liberté. L’école nous laissait faire des films, même si ceux-ci n’avaient pas le mot « succès » placardé dessus. Si elle sent que tu as du potentiel, elle te fait confiance. Si tu es sérieux et que tu tiens à ton projet, on t’aide à le développer.

Ton film de fin d’études, « Pathways », a été réalisé à Minshar. Est-ce que l’école a validé ton projet et son financement ?

En fait, c’était plutôt un film indépendant que j’ai autoproduit avec mes économies. C’est après, quand le film a été sélectionné à Cannes, que l’Etat d’Israël m’a donné de l’argent.

Sans grand budget, comment se sont déroulés le tournage et le montage ?

Je pense que chaque projet a son propre temps. Ça faisait longtemps que j’écrivais « Pathways ». Au moment de le tourner, on était aussi bien préparés que possible, d’autant que je jouais dedans, donc avec mon chef opérateur, tout était déjà bien prévu. Je ne sais pas comment on as pu monter si vite par contre. Ça a été incroyable. J’ai tourné à la mi-décembre et en deux-trois semaines, j’avais déjà une première version que j’ai pu envoyer à Cannes. On a terminé le montage en 8 à 10 séances seulement ! Même si le film a changé en cours de montage, on avait une idée très précise de ce qu’il allait devenir.

En parlant de montage, tu as travaillé avec Asaf Korman, qui est un cinéaste [« Yom mota shel Shula » (Le jour de la mort de Shula)] mais aussi un monteur sorti de Minshar. Quel lien t’unit à lui ?

Asaf et moi, on se connaît depuis longtemps. On a travaillé ensemble sur de nombreux projets. Ça a été un vrai avantage de travailler avec lui sur ce film. On a un très bon rapport, étant donné qu’on est tous les deux cinéastes. C’est un réalisateur et un monteur extrêmement talentueux. Il représente peut-être la meilleure chose que j’ai trouvée à l’école. Travailler avec quelqu’un qui n’est pas seulement réalisateur permet d’avoir un point de vue très précieux sur un film.

Vous aviez également le même chef opérateur sur vos films respectifs, Adam Zaslavsky.

Non. Adam a tourné le film d’Asaf, mais il m’a aidée avec le montage. C’est aussi un très bon ami et un réalisateur.

Ton film s’intéresse aux notions de rédemption et de tabou. Selon toi, comment est-ce que la caméra peut apprendre quelque chose sur la rédemption ?

C’est une question difficile. Fut un temps où j’employais ce mot « rédemption » très facilement. J’avais l’impression de raconter une histoire théologique, d’entretenir une conversation avec la religion. « Rédemption » est un mot très religieux. Pour moi, le cinéma est aussi un acte de rédemption. La question du point de vue est une question religieuse. Mes personnages cherchent la rédemption, comme moi je la cherche en faisant du cinéma. J’étais très enthousiaste à l’époque, mais aujourd’hui j’ai du mal à faire face à cette question. Aujourd’hui, je dirais que je fais du cinéma principalement pour poser des questions. C’est très récent, cette transformation. Je suppose qu’elle est liée à mon nouveau projet, un long métrage. Maintenant, mon but c’est de faire du cinéma en restant modeste, car la modestie est très importante, dans l’art comme dans tout aspect de la vie.

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Ton film traite pourtant du fossé entre le sexe et la violence. Faire réagir le spectateur, ce n’est pas une question, ça ressemble à un but !

C’est vrai. Ça me fait plaisir d’entendre ça. En pratique, j’essaie de montrer la sexualité d’une façon brusque, crue, sans avoir recours à des scènes érotiques, belles ou sexy. Et je pense que ça, c’est une volonté de provoquer une réaction chez le spectateur.

À deux reprises, tu t’es retrouvée liée à Cannes, d’abord avec la Cinéfondation, avec « Pathways », ensuite avec la Résidence du festival, avec « The Slut ». Comment as-tu vécu ces aides alors que tu débutais dans le milieu ?

Ce sont les plus beaux cadeaux que j’ai jamais reçus. Ils m’ont donné de la confiance et m’ont permis de faire ce que j’ai fait, sans devoir me soucier des problèmes d’ordre matériel. Ces deux événements m’ont fait un très grand bien, j’ai pu profiter de chaque minute pour me consacrer à mes projets.

Tu prépares actuellement ton long métrage, « The Slut ». Est-ce que ce sera un projet aussi personnel que « Pathways » ?

Oui, la protagoniste vivra sa sexualité de la même manière et ce sera même encore plus personnel. Par contre, quelque chose a changé. Avant, dans mes courts, j’étais très critique envers mes personnages. Depuis, j’ai perdu toute l’ironie, toute la peur, et tous les sarcasmes que j’entretenais vis-à-vis d’eux. Maintenant, je suis gentille avec mes personnages !

Voudrais-tu rejouer ta protagoniste ?

Je suis à la recherche d’une autre actrice, parce que le personnage a dix ans de plus que moi, et est mère. Ce n’est pas une fille de 30 ans. De toute façon, cette fois, j’ai vraiment envie de me consacrer à la réalisation. Je ne veux plus faire trop de choses sur un plateau, surtout lors qu’il s’agit d’une plus grande équipe, de plus de temps et de moyens.

C’est difficile d’être à la fois devant et derrière la caméra. Et pourtant, je ne peux pas dire avec certitude que je ne jouerai pas. Mon producteur est convaincu que je le ferai, mais je suis réellement à la recherche de quelqu’un d’autre.

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Tu as fait trois courts et maintenant un long. Qu’est-ce que le passage par la forme courte t’a apporté ?

Je n’aurais pas pu faire autrement, en allant par exemple directement au long. Je vois une évolution chez moi, d’un film à l’autre. Par exemple, quand je regarde « Pathways » maintenant, j’y relève des erreurs que je ne répéterais jamais. Mais ce n’est pas très grave, parce que j’ai appris des choses, je me suis initiée au langage du cinéma et j’y ai trouvé les germes de quelque chose qui me permet aujourd’hui de m’épanouir.

Y a-t-il un lien entre les courts métrages, les films d’écoles, Israël et une jeune femme juive ? Est-ce que le fait d’être une cinéaste israélienne est en soi une source d’idées ?

Les films que je vois ici sont vraiment tous excellents. Je les connaissais mais je ne les avais jamais vus programmés tous ensemble. On m’a dit récemment qu’Israël est un pays de cinéma mais que les cinéastes ne s’en rendent pas encore compte. Il y a tout en Israël : le conflit, les enjeux politiques, le Judaïsme, l’histoire, l’avenir. Il s’y passe quelque chose de réellement étonnant. Quelque soit le point de vue qu’on adopte pour montrer ce qui se passe ou le message qu’on veut faire passer, on dispose toujours d’une source très riche et dynamique.

Est-ce que tu penses que c’est aussi dû au fait que les jeunes cinéastes issus d’autres pays n’ont peut-être pas traversé d’expériences difficiles ?

Je ne sais pas, je n’ai jamais vraiment vécu ailleurs. Une « expérience forte » est quelque chose de tellement personnel et subjectif. Le traumatisme peut être ressenti différemment d’une personne à l’autre, mais je crois qu’il y a quelque chose dans ce pays qui nous rend plus sensibles à ce qui nous entoure.  Malgré l’incertitude qui règne en Israël, les Israéliens sont très lucides, ils voient clair, ils sont toujours à la recherches de nouvelles idées.

Uri Kranot m’a dit un jour que ce qui se passe en Israël est une source d’inspiration pour les artistes.

Je comprends parfaitement cette idée. Même si ça peut paraître un cliché de dire que l’adversité inspire l’art, mais après tout, les stéréotypes sont toujours basés sur une vérité !

Propos recueillis par Katia Bayer. Retranscription, traduction : Adi Chesson

Consulter la fiche technique de « Pathways »

Article associé : Minshar for Art : Le manifeste de l’art

Festival de la Muette – compétition de courts métrages

Le festival de courts métrages de la Muette se tiendra à Mesnil-sous-Vienne le samedi 12 et le dimanche 13 Juin 2010.

Le concours de courts métrages

Attention: Il reste 9 jours pour envoyer vos films! Fin de la réception: 1er Mai 2010.

Sur le nombre de courts métrages reçus, une commission de 5 personnes se réunira afin de choisir 22 courts métrages d’une durée maximale de 15 minutes.

Les 22 courts métrages sont mis en compétition et 6 prix seront offerts au 6 meilleurs films.

* Grand prix de la Muette
* 2nd prix du jury
* Prix du meilleur scenario
* Prix du meilleur son et musique
* Prix de la meilleure photo
* Prix du public x2 car 2 cessions (vote du public durant le concours)

Supports demandés : DVD
Frais de sélection : La compétition est gratuite.
Durée maximale d’un court-métrage : 15 minutes
Avoir plus de 18 ans.

Le jury du concours de courts métrages

  • Thierry Jousse, Réalisateur. Ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma. Président du jury de la Muette.
  • Brigitte Barbier, Directrice de la photographie/Cadreuse.
  • Emmanuelle Caquille, Assistante réalisation.
  • Daniela Labbé Cabrera, comédienne.
  • Sophie Dacbert, Rédactrice en chef du Film Français
  • Paul Rousset, Directeur du festival Image’in à Cabestany.

Le site du festival : http://festivaldelamuette.com/

Maison du Film Court : Aide à la création de musique originale

La Maison du film court sert à :

*développer des projets de films courts

*intégrer des tournages, forger des expériences, constituer et intégrer des réseaux

*se former aux métiers du cinéma, et aux réalités professionnelles de ces métiers.

Plusieurs types d’aides sont proposées annuellement. L’objectif de l’ aide à la création musicale est de valoriser le travail effectué en amont entre un auteur-réalisateur et un compositeur. Elle peut être attribuée à tout projet de film court (Fiction, Documentaire, Expérimental, Animation) et porte naturellement sur des projets non encore tournés. Tous les genres musicaux sont recevables, cependant, un accueil favorable sera réservé au travail instrumentiste. La prochaine date limite de dépôt des dossiers pour la troisième session 2010 est fixée au 10 mai.

Le porteur de projet peut être :

– Soit l’auteur-réalisateur seul (s’il n’est pas encore accompagné par une société de production), ou le compositeur seul

– Soit une société de production agrée par le CNC, quelle que soit sa domiciliation en France

– Soit une association loi 1901, dont l’objet est la production cinématographique.

La subvention ne pourra être reversée au film que si celui-ci trouve un soutien auprès d’une société de production ou d’une association.

Nature de l’aide

– Bourse numéraire reversée au compositeur par le bureau de la division culturelle de la SACEM pour l’écriture de la partition musicale : 500 euros

– Aide à l’enregistrement de la musique reversée à la production par la Maison du Film Court :
Seuil minimum : 1.500 euros
Seuil maximum : 2.500 euros

Pour plus d’infos : www.maison-du-film-court.org

Ecole Sam Spiegel de Jérusalem : L’envol du désir

Figure de proue dans le paysage visuel israélien, la célèbre école de cinéma « The Sam Spiegel Film & Television school of Jerusalem » a fêté ses 20 ans en 2009. A cette occasion, en octobre dernier, le FIDEC, Festival International des films d’écoles, à Huy (Belgique), la mettait à l’honneur en lui offrant une carte blanche composée de cinq courts d’une rare intensité en même temps qu’elle programmait « Himnon », lauréat du Premier Prix de la Cinéfondation en 2008, également originaire de l’école hiérosolymite.

Diploma, de Yaelle Kayam

Hébron, enclave juive dans une municipalité palestinienne, un soir de Pourim (carnaval juif). Le couvre-feu est imposé à une partie des habitants. Ayat, une jeune étudiante contrainte d’affronter la société qui l’entoure pour affirmer ses choix, arpente les ruelles de la ville. Chaperonnée par son frère cadet, elle se rend à sa cérémonie de remise des diplômes. Nourri d’oppositions multiples « Diploma » montre avec justesse les difficultés de vivre dans un endroit où le sentiment de liberté semble intimement refoulé. La soumission de la jeune fille renvoie à toutes les soumissions possibles ; celle de la femme dans une société traditionnelle, celle d’un peuple à un autre, celle d’une religion à une autre. Le film de Yaelle Kayam est une prise de risque intéressante qui prouve encore une fois qu’art, éducation et culture sont bien les choses les plus révolutionnaires du monde.

Sliding Flora, de Talya Lavie

Le temps d’un court, le génie et l’audace de Talya Lavie insère la sculpture « The Monster » de Nikki de Saint Phalle dans une histoire un brin excentrique. La poésie et l’humour de la plasticienne française sont littéralement au service de ce petit film hilarant. Flora travaille comme serveuse dans un endroit qui requiert agilité acrobatique et adresse stylistique. Malheureusement, cette Fifi Brindacier au visage constellé de taches de rousseurs, ne possède aucun de ces talents, et même sa mythomanie ingénieuse paraît déranger le patron, agacé par ce désastre ambulant. Seul Anton, le cuisinier russe, semble comprendre et apprécier sa différence. Inadaptée et inexpérimentée, cette jeune fleur née dans un champ selon ses dires, pousse et déambule au gré de ses désirs et de ses envies devant l’indifférence générale. Du regard de la cinéaste israélienne, jaillit tout un univers tragi-comique qui révèle, par petites touches sensibles, les failles d’un monde presque parfait.

Sabbath Entertainment, de Michal Brezis et Oded Binnun

La veille de Shabbat, Rachel décide de sortir avec ses copines à l’insu de ses parents très religieux. Rebelle, elle enfreint délibérément les règles proscrites et monte dans la voiture des jumelles Lilach et Yael. Quand leur véhicule atterrit dans le fossé, l’adolescente est obsédée par l’idée de dissimuler sa présence sur les lieux de l’accident, malgré la gravité de la situation. Admirablement interprété et mis en scène, « Sabbath Entertainment », le film du tandem Brezis-Binnun opère des choix scénaristiques radicaux. Les auteurs s’amusent à y déchirer petit à petit le voile des apparences pour mieux percer à jour les non-dits et les interdits portés par leur jeune héroïne, partagée entre la confrontation de la réalité et la persistance dans le mensonge. Au-delà des convenances, leur film dénonce habilement le danger du fanatisme religieux et ses incidences sur le comportement extrême d’une adolescente en quête d’identité.

Vika, de Tsivia Barkai

« Vika » est l’histoire tragique et fascinante d’une enfant qui a soif d’amour et faim de tendresse. Traité avec beaucoup de réalisme, ce sujet grave aborde l’enfance délaissée et les frontières invisibles qui la séparent du monde extérieur. Placée dans un centre pour enfants, Vika décide de rendre visite à sa mère qu’elle n’a pas vu depuis un certain temps. Lorsqu’elle se retrouve face à une femme ivre et négligée, la fillette revêt les responsabilités maternelles et se charge de faire cesser les pleurs de sa petite sœur affamée. Marqué par une réalité rugueuse, le portrait de Vika rayonne d’une douceur à fleur de peau. Dans son film aux tonalités de couleurs furtives, Tsivia Barka raconte la douleur d’une existence difficile à laquelle la fuite est un refuge idéal. Vika enlève sa petite sœur et tel un tableau renaissant, le regard profond tourné vers l’avenir, elle parcourt le chemin obscur qui mène droit vers la lumière.

Tolya, de Rodeon Brodsky

Quelque part en Israël, des ouvriers russes appellent leur douce moitié pour la féliciter, à l’occasion de la journée de la femme. Quand c’est au tour de Tolya de parler à son épouse, son message d’amour est inaudible à cause d’une dent tombée le matin même. D’une facture foncièrement réaliste, le film de Rodeon Brodsky s’impose par la figure charismatique, tendre et comique de Tolya, un homme à l’œil nostalgique et au sourire malicieux. Alliant douceur du silence et élégance des gestes (un sifflement suffit pour dévoiler toute l’émotion qui se cache derrière le combiné), « Tolya » dresse une peinture édifiante des immigrés russes en Israël. Le cinéaste mêle avec habileté le monde viril des ouvriers à la sensibilité touchante du protagoniste nourrissant le film d’une belle simplicité. Un voyage impudique à travers l’âme d’un homme marqué par le temps et l’absence de l’être aimé.

Himnon, de Elad Keidan

Au travers d’une logique narrative simple et contemplative, Elad Keidan désire filmer la vie, au fil du temps qui passe. Sa caméra plantée en face d’une route qui unit très certainement un bout de terre à l’autre, capte la banalité du quotidien, à la croisée d’un anonymat universel. Amnon, le bon samaritain s’en va chercher une boîte de lait chez l’épicier du coin. Sur sa route, un certain nombre d’évènements viennent alimenter sa journée à l’apparence ordinaire. Les mouvements légers d’un quartier sans histoires filmés en plan éloigné et parcourus par des répétitions obsessionnelles, rythment ce moyen-métrage qui ne fait aucune concession sur sa lenteur. Puis soudain, le rituel, les répétitions et même l’indolence initiale semblent se briser pour donner lieu à une histoire plus personnelle, plus subjective, et le plan éloigné se rapproche alors du protagoniste en proie à une petite crise existentielle. Le cinéaste défarde habilement la réalité révélant, à la tombée du jour, l’envol du désir de tout un peuple.

Marie Bergeret

Article associé : l’interview de Mihal Brezis

Cannes, les courts métrages en compétition

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  • Chienne d’histoire, Serge Avédikian, 15′, France
  • First aid, Yarden Carmin, 15′, Israël
  • Estação, Marcia Faria, 15’, Brésil
  • Muscles, Edward Houdsen, 14’, Australie
  • Micky bader, Frida Kempf, 14’, Suède
  • To swallow a toad, Jurgis Krasons, 10′, Lettonie
  • Rosa, Monica Lairana, 11′, Argentine
  • Maya, Pedro Pío Martín Pérez, 13′, Cuba
  • Blokes, Marialy Rivas, 15′, Chili

La Sélection Cinéfondation

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Films sélectionnés à la Cinéfondation

  • Cooked, de Jens Blank – 7’ – NFTS, Royaume-Uni
  • Hinkerort Zorasune (The Fifth Column), de Vatche Boulghourjian – 29’ – NYU,États-Unis
  • Coucou-Les-Nuages (Anywhere Out of the World), de Vincent Cardona – 38’- La fémis, France
  • Ijsland (Iceland), de Gilles Coulier – 22’, Université Sint-Lukas, Belgique
  • Frozen Land , de Kim Tae-yong – 36′,Université de Sejong*, Corée du Sud
  • Ja već jesam sve ono što želim da imam (I already am everything i want to have) – Dane Komljen – 35’- FDU, Serbie
  • Taulukauppiaat (The Painting Sellers) – Juho Kuosmanen – 60’- Université Aalto, Finlande
  • Los minutos, las horas (The minutes, the hours) – Janaína Marques Ribeiro – 11’, EICTV, Cuba
  • Miramare, de Michaela Müller – 8’- ALU, Croatie
  • El juego (The Game) Benjamin Naishtat – 20’ – Le Fresnoy, France
  • Ďakujem, dobre (Thanks, fine), Mátyás Prikler – 40’- FTF-VŠMU, Slovaquie
  • Itt vagyok (Here i am) – Bálint Szimler – 36’, SzFE, Hongrie
  • Shelley – Andrew Wesman – 21’, Université Harvard*, États-Unis

Ecoles israéliennes

Petit pays, nombreuses écoles, deux choix. Riches de leurs influences asiatiques, russes ou encore européennes, les films de la Sam Spiegel School & Television de Jérusalem et de la Minshar de Tel-Aviv sont dotés d’une aura particulièrement fascinante. Pour faire ressentir le caractère extrême de la vie qui se déroule dans un climat d’angoisse perpétuelle, certains étudiants choisissent le drame quand d’autres lui préfèrent la dérision. Lumière sur les talents qui feront le cinéma israélien de demain.

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Retrouvez dans ce Focus :

Ecole Sam Spiegel de Jérusalem : L’envol du désir
Minshar for Art : Le manifeste de l’art
L’interview de Hagar Ben-Asher, réalisatrice et actrice

Ainsi que nos anciens sujets liés à cette thématique :

L’interview de Mihal Brezis
L’interview d’Uri Kranot
La critique de The Heart of Amos Klein (Le Cœur d’Amos Klein) (Michal Pfeffer-Kranot et Uri Kranot, Israël, France, Pays-Bas)