Les films sont répartis en deux catégories non-compétitives :
– La sélection FFFH (films distribués en Suisse),
– La Section Découverte (films non-distribués en Suisse).
– Les coproductions franco-suisses sont présentées sous le label « Le Clin d’oeil au cinéma suisse »
Le programme longs-métrages : fiction, documentaire, animation.
Le programme courts-métrages : fiction et animation d’une durée de moins de 23 minutes.
Les objectifs de la Section Découverte :
1/ Présenter au public et aux professionnels des films (encore) inédits en Suisse suivi d’un Podium de discussion et réceptionner les impressions d’un public bilingue.
2/ Encourager les productions/ réalisations de courts-métrages avec un Prix.
3/ Susciter l’intérêt des professionnels pour une sortie en salles.
4/ Réunir les talents (réalisateurs, producteurs, acteurs) pour de nouveaux contacts.
Le Jury et Prix Découverte 2010 : Le Jury, composé de 5 membres, sera communiqué en septembre 2010. Le court-métrage lauréat sera récompensé avec un prix de CHF 3’000.00 en espèces remis le samedi 18 septembre 2010.
Seuls les films francophones de la Section Découverte peuvent être inscrits.
En ouverture de « Coucou-les-nuages » s’affiche un logo, celui de la Fémis. Pourtant, le film de fin d’études de Vincent Cardona ne ressemble pas au « cinéma d’auteur » produit par cette école en proie à tous les fantasmes. Conjuguant drame, burlesque et aéronautique, il vient de remporter le deuxième prix à la Cinéfondation.
Hans n’a qu’un seul rêve : partir dans l’espace. Frida n’a qu’une seule envie : le suivre. Dans leur village, la fête bat son plein car une utopie, le Programme spatial du peuple (PSP), est en marche. Claude attrape son accordéon, Hans regarde le ciel et Frida se met à danser.
« Coucou-les-nuages » est un film drôle et vivifiant. Qu’y croise-t-on ? Un générique télé à l’américaine, une fausse gitane croquant une pomme à pleines dents, un petit vent du Nord, de l’absurde franco-anglais, une chouette musique, une course folle coenienne, et de l’espoir baudelairien.
Vincent Cardona affectionne les titres intrigants et les atmosphères binaires. Son film précédent, « Sur mon coma bizarre glissent les ventres des cygnes » se partageait entre le sombre et l’irréel, offrant au passage, à Clermont-Ferrand, le prix Adami de la meilleure comédienne à Mathilde Bisson. « Coucou-les-nuages », le film de fin d’études de Cardona, récupère au vol cette fille magnétique en fricotant du côté de la comédie et de l’étrange. Loin de déplaire, cette confusion de genres vient d’offrir un souffle décalé à la sélection de la Cinéfondation, allant même jusqu’à enthousiasmer le jury, présidé par Atom Egoyan.
Du 23 au 28 août 2010, IDFAcademy organise la troisième édition de la Summer School : un programme sur mesure pour des jeune cinéastes débutants, qui aura lieu à Amsterdam, et qui vise le renforcement des structures narratives des projets documentaires. Pour la Summer School, IDFA est à la recherche des cinéastes qui débutent ou qui ont un film à leur nom, ou des jeunes diplômés d’écoles de cinéma.
Cette année, le programme est ouvert aux projets qui sont soit dans une phase de développement scénaristique soit dans une phase de premier montage. L’IDFAcademy Summer School 2010 sélectionnera seize projets du monde entier.
Les participants recevront une formation par une équipe de huit experts internationaux dans le domaine du documentaire. Dans le passé, les élèves ont travaillé avec des professionnels tels que Greg Sanderson (BBC Storyville), Steven Seidenberg (UK producer) et Leena Pasanen (YLE Finnish Broadcasting).
La date limite pour la remise des candidatures est le 1er juin 2010.
Synopsis : Yoli a toujours vécu avec sa mère dans un quartier modeste de La Havane. Un jour, un homme l´invite à sortir et elle décide de l´attendre, en refusant pour la première fois la compagnie de sa mère.
Genre : Fiction
Durée : 11’
Année : 2009
Pays : Cuba
Réalisation : Janaína Marques Ribeiro
Scénario : Janaína Marques Ribeiro, Pablo Arellano Tinto
Images : Julio Cesar Costantini Jr
Décors : Erick Grass
Montage : Ariel Escalante Meza
Son : Raynier Hinojosa O´Farrill
Interprétation : Laura de la Uz, Xiomara Palacio
Production : EICTV – Escuela Internacional de Cine y Televisión
« Los minutos, las horas » est l’un des treize films sélectionnés à la Cinéfondation cette année. Réalisé dans une école cubaine par une brésilienne en hommage à une argentine (Lucrecia Martel), ce film porte l’histoire de Yoli, une femme dont le sacrifice personnel n’a d’égal que sa solitude.
Pour Yoli, vendeuse de briquets dans un quartier modeste de La Havane, le temps n’a plus de valeur ni de saveur. Ses journées et ses soirées, elle les consacre à sa mère, Marlène, une vieille dame supportant difficilement l’idée de rester seule. Sa vie personnelle, Yoli, l’a mise de côté depuis longtemps. Un jour, pourtant, son masque se défait et ses émotions réapparaissent lorsqu’un homme s’intéresse à elle.
« Los minutos, las horas » fait partie de ces courts métrages qu’on soupçonne difficilement sortis d’une école. Pourtant, c’est bien à la Cinéfondation, la section réservée à ce type de films, qu’il se laisse programmer et apprécier. En 11 minutes, il met en avant la femme, qu’elle soit actrice (Laura de la Uz) ou anonyme, reflet de l’âme de la société cubaine. Avec pudeur et habilité, la réalisatrice, Janaína Marques Ribeiro, parvient à capter un moment singulier de la vie d’une femme partagée entre ses désirs et ses devoirs.
Profondément ancré dans une réalité locale, « Los minutos, las horas » happe son spectateur, le renvoyant à son sens des responsabilités, à sa limite du sacrifice et à sa définition du remords. Un triptyque psychanalytique pour un film d’écoles juste et vibrant.
Palme d’Or du court métrage : « Chienne d’histoire » de Serge Avédikian (France)
Synopsis : Constantinople 1910.
Les rues de la ville sont envahies de chiens errants. Le gouvernement en place depuis peu, influencé par un modèle de société occidentale, fait appel à des experts européens pour choisir une méthode d’éradication, avant de décider brutalement et seul, de déporter massivement les chiens sur une île déserte, au large de la ville.
Prix du Jury : « Micky Bader » (Micky se baigne) de Frida Kempff (Suède, Danemark)
Synopsis : Micky est membre du club des baignades en mer de sa ville depuis près d’un demi-siècle. Tous les jours, toute l’année à toutes les saisons, elle nage avec ses amis à son du club des baignades en mer adoré. Son histoire met en perspective nos propres vies et comment notre existence est le fruit du hasard.
Premier Prix de la Cinéfondation : Taulukauppiaat (Les marchands de tableaux) réalisé par Juho Kuosmanen
C’est presque Noël, mais trois personnes sont toujours sur la route. Les produits ne se vendent pas, la bagnole est bonne pour la casse et on se gèle. En plus de tout cela, ils ont un problème : comment gérer une amitié naissante ?
Frida est amoureuse de Hans mais Hans n’a qu’un rêve : partir dans l’espace… et il a peut-être trouvé le moyen de le faire.
Troisième Prix de la Cinéfondation ex-aequo :
Hinkerort Zorasune réalisé par Vatche Boulghourjian
Une chronique allégorique du désespoir et du deuil dans le contexte économique et culturel marginalisé du quartier arménien de Beyrouth. Dans un moment de panique, Hrag vole le revolver de son père et s’enfuit de chez lui. Alors que le père part à la recherche de son fils, les deux protagonistes découvrent les chemins vers la liberté dans une ville qui n’offre aucune échappatoire.
et Ja vec Jesam ono sto zelim da imam réalisé par Dane Komijen
Le garçon vient d’arriver dans la ville.Daniel ne sait que faire de lui-même. Il va voir sa sœur, des amis. Le bruit devient audible : comment se dire non à soi-même ?
Synopsis : Deux personnages, une roulotte et un cheval. Où vont-ils ? Quel but poursuivent-ils ? Joie, tourments et musique indéfinissable. Ils sont vulnérables, certes, mais ne capitulent pas. Ils sont les poètes du temps.
Synopsis : Une jeune femme part en voiture avec son ami dans un endroit qu’il lui décrit comme magnifique et calme. Mais de nombreux événements adviennent pendant leur voyage, et il devient vite évident que leur relation n’est pas ce qu’elle croyait et que leur destination n’est pas celle qu’il lui avait promis.
Grand Prix Canal+ du meilleur court métrage : Berik de Daniel Joseph Borgman (Danemark)
Synopsis : Berik, c’est avant tout une histoire sur l’amitié et la compréhension mutuelle qui prend place à Semeï au Kazakhstan. Berik, 33 ans, est aveugle et souffre de malformations suite à une contamination par radioactivité. Il cohabite avec son frère et passe ses journées seul pendant que ce dernier travaille. Un jour cependant tout change lorsque Adil, 11 ans, le plus petit et le moins populaire des garçons de l’immeuble, perd le ballon de foot du voyou du quartier. Il frappe alors à la porte de Berik pour le retrouver…
Prix Découverte Kodak du court métrage : Deeper than yesterday d’Ariel Kleiman (Australie) remis par le jury composé de Pablo Fendrik, Nelly Kafsky, Sabine Lancelin, Lolita Chammah, Trevor Groth
Synopsis : Après trois mois passés sous l’eau, les hommes sont revenus à l’état sauvage. Oleg craint que le fait de perdre toute perspective le mène à sa propre perte.
Ils font l’actualité du court métrage depuis la Croisette où ils s’affichent dès le début du festival (Semaine de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs) ou plutôt vers la fin (Sélection officielle, Cinéfondation,). Même si les films courts n’attirent pas tous les regards à Cannes-plage, ils ont droit, eux aussi, aux honneurs et aux encouragements de la profession : Prix Canal +, Prix SFR, Prix Cinéfondation, Palme d’Or, …
Synopsis : Il y a Évelyne qui aime Albert, qui aime Arthur, qui aime la fille qui fait l’actrice, qui aime l’homme qui conduit le cabriolet. Il y a la nuit qui n’aime qu’elle-même, et puis la mort qui n’aime qu’une fois.
Genre : Fiction
Durée : 44’
Année : 2010
Pays : France
Réalisation : Louis Garrel
Images : Léo Hinstin
Son : Luc Meilland
Mixage : François Groult
Interprétation : Arthur Igual, Léa Seydoux, Albert Igual, Sylvain Creuzevault, Lolita Chammah, Esther Garrel
Après un premier court métrage présenté en 2008 à La Quinzaine des réalisateurs, Louis Garrel revient à Cannes avec son second film, « Petit tailleur ». Tout comme dans « Mes Copains », l’icône du cinéma français d’auteur s’efface pour laisser place à sa bande, ses fidèles, Arthur, Sylvain, Lolita… Mais les copains de toujours ont grandi, et il se pourrait même que la vie ne ressemble pas à ce qu’ils avaient imaginé. Quant à l’amour, hélas…
Il y a la vie telle qu’on l’avait rêvée. Il y a la vie telle qu’elle est, décevante souvent…
Arthur court comme le lapin d’Alice. Il est en retard, et comme chaque matin, il se rend là où il doit être, dans l’atelier de confection du vieil Albert. Entre le montage d’un col et le lissage d’un pli sur la table à repasser, Arthur et Albert tissent des liens quotidiens qui semblent indéfectibles. C’est le soir déjà, et Arthur n’a pas vu la journée passer. Il est en retard à son rendez-vous. Comme s’il prenait le contre-pied d’une vie qui semble se dérouler sans qu’il y pense, dans une certaine immobilité, à nouveau, il court pour rejoindre Sylvain au théâtre. Ce soir, on joue La Petite Catherine de Heilbronn de Heinrich von Kleist à l’Odéon, l’histoire d’un amour d’essence quasi divine… diabolique, peut-être. Mais l’amour, c’est bien connu, ce n’est pas rationnel, ça frappe d’un coup, et c’est d’un coup qu’Arthur est frappé par l’interprète, Marie-Julie.
Ange ou démon ? Marie-Julie, c’est celle qui change le monde, la muse devant son miroir du poète Yeats qui fait « ses cils charbonneux, ses yeux de plus de lumière et ses lèvres plus écarlates ». Assis dans la nuit sur un banc public après la représentation, Marie-Julie chuchote à Arthur les répliques d’« Ivanov » de Tchékhov. Le transforme-t-elle ainsi en ce personnage confronté à l’ennui, à l’impuissance, l’immobilisme et la paresse ? Ou lui révèle-t-elle sa vérité profonde, à savoir qu’à l’image d’Ivanov, il est lui aussi un antihéros enlisé dans l’existence ? Reste à savoir si Arthur sera prêt à changer le cours de son histoire…
Garrel nous propulse sur l’écran noir de ses nuits blanches, dans un univers cinématographique qui ne se cache pas de l’être. Il y a d’abord le noir et blanc qui met le présent et le réel à distance et nous entraîne dans un univers hyper stylisé envahi de références. Il y a aussi cette voix-off, et son phrasé littéraire, qui donne au film une dimension romanesque, un côté Nouvelle Vague franchement revendiqué.
Du cinéma théâtral donc, qui flirte avec Musset, Marivaux. Artificiel ? Pour certain peut-être… Mais ce serait sans compter sur cette façon bien particulière de partir de la réalité pour créer l’artifice et de l’artifice, faire naître une autre réalité. Sans compter aussi sur les accidents et les ruptures que crée, à chaque détour, et avec un plaisir évident, le jeune réalisateur. Car comme dans son premier film, Garrel se joue avant tout des codes narratifs et formels et se montre, à tout instant, imprévisible. À ce premier baiser chorégraphié où Julie attend, appuyée contre un arbre, s’opposent des scènes quasi-documentaires dans l’atelier de confection d’Alfred. À cette voix-off artificielle qui dresse le portrait psychologique d’un personnage, à l’image d’un narrateur omniscient, s’oppose la voix du réalisateur qui justifie ses intentions de metteur en scène (ce que je montre, ce que je ne montre pas). Un procédé qui vient surprendre le cours d’une action, d’une scène, et chatouiller le réel pour mettre en évidence le réel du cinéma.
Loin de nous mettre en distance, ce geste cinématographique clairement revendiqué n’entrave pas pour autant l’adhésion complète à ce jeu de l’amour et du hasard, adhésion facilitée pour beaucoup, sans doute, par la forte personnalité d’Arthur Igual. Face à lui, Léa Seydoux, pourtant remarquable dans «La belle personne » (Christophe Honoré), semble, hélas, un peu pâlotte. Au regard de la piètre performance de Lolita Chammah, en charge du rôle de la séductrice dans Mes copains, on est en droit de se demander si Garrel n’aurait pas maille à partir avec l’image de la femme fatale…
Reste que « Petit tailleur » impose un style plus original qu’il n’y paraît par son subtil va-et-vient entre une distance ironique et une narration qui consiste à réguler la poursuite toujours relancée de l’objet du désir. Et ce désir, dont la réalisation est sans cesse différée, empêchée, menacée, retardée jusqu’à la fin d’un récit, nous entraîne dans une valse étourdissante qui ne retombe jamais.
À l’heure où Kennedy prononçait son célèbre discours, un mur de béton séparait Berlin depuis presque deux ans et un rideau idéologique déchirait le monde d’Ouest en Est. 47 ans plus tard, pour sa treizième édition, le Brussels Short Film Festival, en collaboration avec le Goethe Institut et Inter Film Berlin (organisateur du Festival de Court métrage de la capitale allemande) a voulu célébrer les 20 ans de la réunification en proposant quatre programmes de films courts, une séance « Best of » et un spécial « Grands réalisateurs » entièrement consacrés au plus peuplé des pays de l’Union européenne. Découverte de six affinités électives.
Meine Eltern de Neele Leana Vollmar
Parmi une sélection de sept films maladroitement appelée « Best of » ayant inauguré le Festival bruxellois, le film, multi primé de Neele Leana Vollmar dénote fortement. Contrairement aux autres, il se laisse apprécier pour son rythme bien senti et son humour rafraîchissant. Marie file le parfait amour avec Julian qui a décidément tout pour plaire. Lors d’une conversation printanière, la demoiselle affirme que ses parents forment un couple épatant et moderne, encore fou amoureux après 22 ans de mariage. Lorsque Julian vient passer le week-end dans la famille de Marie, il s’agit de recréer cette belle illusion afin que l’homme qu’elle aime ne découvre pas que ses géniteurs sont en réalité deux vieux ronchons affreusement ordinaires, empâtés dans un quotidien aussi banal que monotone. Alors qu’ils se prêtent à ce jeu risqué, les parents retrouvent petit à petit leur entente d’autrefois et leurs désirs enfouis sous une couche d’habitudes robotisées se réveillent petit à petit. L’intérêt de « Meine Eltern » réside dans un questionnement intéressant de la normalité et du conventionnalisme dans une société à l’apparence libre et ouverte d’esprit. Les clichés de la famille idéale s’y déclinent à travers une mise en scène réussie et une interprétation jubilatoire des parents (Gustav Peter Wöhler et Teresa Harder).
Radfahrer de Marc Thümmler
Présenté dans le programme Allemagne 1 : Le syndrome de la Stasi, le film de Marc Thümmler est un documentaire saisissant sur le Ministère de la Sécurité d’État, mieux connu sous le nom de Stasi. Née au début des années 50 et dissoute peu après la chute du Mur, la Stasi, comme nous le montre le film de fiction « La Vie des autres» de Florian Henckel von Donnersmarck, avait l’habitude de prendre les affaires intimes de ses concitoyens très au sérieux. En raison de ses photographies jugées trop peu en accord avec l’idéologie politique, Harald Hauswald, célèbre photographe est-allemand, fut l’objet d’une surveillance serrée. Selon le gouvernement, les photos d’Hauswald étaient trop néfastes car elles exhibaient la misère au lieu de vanter les mérites et les bienfaits du socialisme. Pendant des années, les moindres faits et gestes de l’artiste furent récoltés minutieusement sous le nom de code « Radfahrer » (le cycliste). Le documentaire expérimental de Thümmler met en parallèle des photos de Hauswald et une lecture des archives de son rapport de surveillance. La fixité des photos en noir et blanc est accentuée par le commentaire détaillé et prosaïque de l’agent de sécurité d’Etat qui, à ses moments perdus, se lance dans une analyse critique poussée des œuvres du photographe dans l’unique but de prouver la dangerosité de l’artiste. Un peu trop long, le premier film de Thümmler demeure impressionnant dans sa manière de dresser le portrait mosaïque d’une RDA aussi effrayante qu’humaine.
Die Lösung de Sieglinde Hamacher
« Die Lösung » a été projeté dans le deuxième programme intitulé Chaque jour entre les fronts. Des rêves d’une jeunesse pleine d’espoir aux contraintes d’un scénariste soumis à une bureaucratie rigide, les films présentés affichaient avec plus ou moins d’humour ou de réalisme, les difficultés de s’exprimer pleinement en tant qu’artiste dans un Etat où la censure et la répression sont reines. Le film de Sieglinde Hamacher est une courte animation qui, en l’espace de 3 minutes, démontre parfaitement les concepts à la fois simples et complexes d’autorité, de soumission et de rébellion. Des oiseaux, docilement posés sur un fil regardent tous dans la même direction, celle imposée par l’oiseau-chef. Tous ? Non, le dernier oisillon, l’enfant terrible, démontre déjà des signes avant-coureurs d’insubordination. Malgré les diverses délations des oiseaux collabos le rebelle volatile affirme sa cause sans aucun complexe. Avec un contenu audacieux et une forme simple, cette parabole, sortie en 1987, passa entre les mailles du filet de la censure offrant au spectateur un miroir humoristique de l’asservissement d’une population face à un pouvoir aliénant.
Wagah de Supriyo Sen
Le film du réalisateur indien Supriyo Sen, lauréat du prestigieux «The Berlinale Talent Campus » en 2009 faisait partie du programme 3, Un mur, des murs. Qu’elles soient réelles ou imaginaires, les frontières marquent les gens qu’elles désunissent. Au nord de l’Inde, à la frontière avec le Pakistan, sur une distance de 3323 kilomètres, Wagah est le seul point de rencontre des deux frères ennemis depuis la Partition de 1947. Tous les jours, des millions d’Indiens et de Pakistanais viennent assister à l’ouverture des frontières, le temps d’une cérémonie rituelle acclamée par les nostalgiques d’un pays uni, décriée par les patriotiques et les séparatistes. Ayant choisi de nous montrer les étapes de la cérémonie et la ferveur qu’elle engendre des deux côtés de la frontière à travers les yeux d’un enfant, Sen met en évidence l’absurdité du concept idéologique de la séparation. « Wagah » est de ces documentaires qui affirment la volonté de briser les murs qui nous enferment en mettant en valeur la similarité dans la différence. À l’heure où un vent mesquin compresse les esprits curieux dans un pays aussi petit que le nombril du monde (la Belgique) il est salutaire de pouvoir voir qu’un tel manifeste s’exprime ouvertement contre toutes sortes de barrières authentiques ou symboliques.
Die andere Seite de Ellie Land
Présenté dans le quatrième programme consacré à l’Allemagne, L’histoire (re)vue par… « Die andere Seite » est un documentaire animé traitant du Mur de Berlin, mur de la honte pour les uns, mur antifasciste pour les autres. Ellie Land propose une exploration dessinée sur les fantasmes des enfants et des adultes, érigés autour de la forteresse berlinoise. Que trouve-t-on au-delà du bloc de béton qui sépare l’Occident de l’Orient ? Comment vivent les habitants ? Mangent-ils les mêmes choses ? S’habillent-ils de la même façon ? Autant de questions qui parcourent, d’une réalité à l’autre, les esprits ignorants. À la lumière des réactions recueillies, le film d’école d’Ellie Land se révèle fort attachant même si l’on regrette une fin abrupte qui souligne la trop grande brièveté de cette animation documentaire.
Schwarzfahrer de Pepe Danquart
Depuis plusieurs années déjà, le Festival a l’habitude de projeter une séance de courts métrages de réalisateurs mondialement reconnus. Cette année, la programmation de « Grands réalisateurs » se composait essentiellement de films allemands. Danquart, moins célèbre que Wenders, Schlöndorff, Henckel von Donnersmarck ou Herzog, remporta l’Oscar du court métrage en 1994 pour son film « Schwarzfahrer ». Jouant sur la signification plurielle du titre, « Schwarzfahrer » signifie à la fois resquilleur et voyage au noir, le film met en scène une vieille dame et un jeune africain branché dans un tram bondé. Alors que la bourgeoise déblatère un monologue fortement raciste sous l’indifférence des autres passagers, le silencieux étranger se joue des paroles de l’aïeule pour la plonger dans le gouffre de la bêtise dans un final aussi glorieux qu’édifiant. La mise en scène rappelle à bien des égards certains films de la nouvelle vague avec la musique jazzy et les images capturées sur le vif, moments rapides et furtifs sur un Berlin incandescent. Le Mur vient de tomber et une nouvelle ère semble s’annoncer. Confronté à l’espérance naïve d’un monde naissant, le réalisateur présente une vieillesse acariâtre, incapable de se renouveler et de s’adapter aux transformations de la société. Parfait pamphlet contre le racisme, « Schwarsfahrer » séduit tout simplement!
Synopsis : Des oiseaux sont docilement posés en file sur un câble téléphonique sous la supervision de l’oiseau en chef… Mais le petit dernier semble avoir quelques penchants pour la rébellion…
– PARIS MONOPOLE d’Antonin PERETJATKO (35mm / 1,85 – 18min30 – 2010 – Chaya Films) :
Sabrinette, victime de la crise, cherche un appartement. Pas facile de trouver quand on est intérimaire, jeune, ou mal coiffé ou trop ceci ou pas assez cela… Une injustice faite à un, est une menace faite à tous. Quand on cherche avec le plan du Monopoly, on espère forcément tomber sur la case chance.
– LES COWBOYS N’ONT PAS PEUR DE MOURIR de Anne-Laure DAFFIS et Léo MARCHAND (35mm / 1,85 – 17min30 – 2008 – Lardux) :
Les cowboys n’ont pas peur de mourir. Leur fin, toujours spectaculaire, est l’apothéose de leur destin tragique. Mais quand un cowboy rate sa sortie, qu’il semble hésiter entre la vie et la mort, le western devient absurde et même un peu métaphysique.
– LES ASTRES NOIRS de Yann GONZALEZ (35mm / 1,37 – 14min55 – 2009 – Sedna Films) :
Macha, Nathan et Walter sortent du lycée. Un jeune homme vient les chercher. Il est là pour les accompagner. Hors de la ville. Vers la mer. Vers une nuit dont ils ne reviendront peut-être pas.
– EUT-ELLE ETE CRIMINELLE… de Jean-Gabriel PERIOT (vidéo / 4/3 – 9min – 2006 – Envie de Tempête Productions) :
France, été 1944, à la libération.
– VIVRE AVEC… MEME SI C’EST DUR ! de Magali LE HUCHE, Pauline PINSON, Marion PUECH (vidéo / 4/3 – 7min – 2004 – ESAD) :
Une suite de petits reportages sur des animaux aux complexes loufoques…
Infos : vendredi 21 mai 2010, à 19:30
Cinéma Grand Action
5 rue des Ecoles 75005 – Paris
Synopsis : Chaque nuit, le seul poste frontière entre l’Inde et le Pakistan devient le théâtre d’un spectacle extraordinaire. Des milliers de gens se rassemblent pour regarder la fermeture rituelle de la frontière puis saluent leurs anciens voisins à travers la barrière.
Synopsis : Un homme noir voyageant en bus, en route vers son destin est soumis à une dose de racisme ordinaire par une grand-mère allemande. Mais il sait comment réagir.