À l’issue de la 73e édition de la Berlinale, la cheffe opératrice Hélène Louvart a remporté prix de la meilleure photographie pour le film Disco Boy, réalisé par Giacomo Abbruzzese. Elle avait également travaillé pour Agnès Varda, Wim Wenders ou encore Leos Carax. Le cinéaste italien s’est d’ailleurs inspiré des courses effrénées de Mauvais sang pour son propre film, son premier long-métrage.
Comme dans ses précédents court-métrages (I Santi, Stella Maris), Giacomo Abbruzzese ose mêler des touches surréalistes voire fantastiques à son récit réaliste et social. L’hybridité des genres et la qualité visuelle des plans donne un effet hypnotique au film duquel il est difficile de détacher ses yeux pendant 1h32.
Le premier long-métrage de Giacomo Abbruzzese, Disco Boy, aborde le thème de la guerre et de la quête d’identité à travers deux points de vue. Le film nous plonge dans l’exil d’un biélorusse, Aleksei (Franz Rogowski), alors qu’il quitte son pays en bus. Il s’engage dans la légion étrangère en espérant ainsi obtenir au bout de cinq années la nationalité française. En parallèle, le dirigeant d’un groupe terroriste nigérien, Jomo (Mutamba Kalonji), mène une lutte révolutionnaire contre les dirigeants de compagnie pétroliers de son pays. Le montage du film alterne les deux parcours qui se croisent lorsque Aleksei est envoyé au Niger. L’un est en quête d’identité par les armes, à l’inverse l’autre défend la sienne par les armes.
Le réalisateur confronte les points de vue deux hommes sans jugement ni manichéisme. Le regard est sublimé par l’image onirique de l’œil doré de Jomo qui continuera de hanter Aleksei tout au long du film. Les nombreux gros plans sur le visage du protagoniste montre son évolution entre premier espoir d’une vie meilleure, et traumatismes suite à son expérience d’exilé et de militaire.
Le réalisateur prend le parti d’une esthétique envoûtante qui tranche avec l’aspect naturaliste du film. Le récit est rythmé par les scènes de danse, d’abord celle de Jomo dans la jungle, le « disco boy » qui rêverait, dans une autre vie, d’être DJ ; puis dans un tout autre style, celles de la boîte de nuit dans laquelle Aleksei est submergé par ses souvenirs douloureux. Giacomo Abbruzzese mêle avec brio onirisme ensorcelant et drame à travers l’esthétique de la photographie.
Le film nous transporte dans un périple à travers l’Europe et le Niger qui mène à une longue désillusion. Le final du film illustre le dépouillement des espoirs et rêves des personnages à travers la mise à nu d’Aleksei par ses collègues. Malgré l’aspect dramatique du film, le réalisateur parvient cependant à nous séduire et captiver avec des images de danse et de combats sur fond de musique électro. Visible en salle dès ce 3 mai 2023, Disco Boy est à voir sur grand écran pour profiter pleinement de sa qualité visuelle.
Après le visionnage de 4 288 films, 11 courts métrages seront présentés cette année en compétition, issus des 12 pays suivants : l’Argentine, la Colombie, l’Espagne, les États-Unis, la France, la Hongrie, l’Indonésie, l’Islande, la Norvège, la Pologne, le Royaume-Uni et l’Ukraine. La Palme d’or du court métrage sera remise par le Jury composé de Ildikó Enyedi, Ana Lily Amirpour, Charlotte Le Bon, Karidja Touré et Shlomi Elkabetz, le samedi 27 mai lors de la cérémonie du Palmarès du 76e Festival de Cannes.
Courts-métrages en compétition officielle
LA PERRA de Carla Melo Gampert – Colombie & France – 14′
AS IT WAS de Anastasia Solonevych & Damian Kocur – Pologne & Ukraine – 15′
TITS de Eivind Landsvik – Norvège – 12′
27 de Flóra Anna Buda – Hongrie & France – 11′
LE SEXE DE MA MÈRE de Francis Canitrot – France – 14′
AUNQUE ES DE NOCHE de Guillermo García López – Espagne & France – 14′
BASRI & SALMA IN A NEVER-ENDING COMEDY de Khozy Rizal – Indonésie – 15′
POOF de Margaret Miller – États-Unis – 10′
NADA DE TODO ESTO de Patricio Martínez & Francisco Canton – Argentine & Espagne – 15′
FÁR de Gunnur Martinsdóttir Schlüter – Islande – 5′
La sélection de la Cinef
Pour sa 26e édition, La Cinef a sélectionné 14 fictions et 2 animations, réalisées par 10 réalisatrices et 7 réalisateurs, parmi les 2 000 courts métrages présentés par des écoles de cinéma du monde entier. 13 pays issus de quatre continents y sont représentés avec une première participation du Maroc. Les trois Prix de La Cinef seront remis par le Jury présidé par Ildikó Enyedi, lors de la cérémonie précédant la projection des films primés, le jeudi 25 mai en salle Buñuel.
Films d’écoles en lice
DAROONE POUST de Shafagh Abosaba & Maryam Mahdiye – Karnameh Film School – Iran – 16′
KILLING BORIS JOHNSON de Musa Alderson-Clarke – NFTS – Royaume-Uni – 24′
NEHEMICH de Yudhajit Basu – FTII – Inde – 23′
IMOGENE de Katie Blair – Columbia University – États-Unis – 19′
AL TORAA’ de Jad Chahine – High Cinema Institute – Égypte – 12′
A BRIGHT SUNNY DAY de Yupeng He – Columbia University – États-Unis – 20′
HOLE de Hwang Hyein – KAFA – Corée du Sud – 24′
LA VOIX DES AUTRES de Fatima Kaci – La Fémis – France – 30′
ELECTRA de Daria Kashcheeva – FAMU – République Tchèque – 27′
TRENC D’ALBA de Anna Llargués – ESCAC – Espagne – 28′
NORWEGIAN OFFSPRING de Marlene Emilie Lyngstad – Den Danske Filmskole – Danemark – 44′
OSMÝ DEN de Petr Pylypčuk – FAMU – République Tchèque – 20′
THE LEE FAMILIES de Seo Jeong-mi – Korea National University of Arts – Corée du Sud – 25′
Déjà remarqué à Clermont-Ferrand dans un format de 30 minutes sous le titre Grand Paris Express, Martin Jauvat présente son premier long-métrage, Grand Paris, au Festival de Cannes 2022 dans le cadre de l’ACID.
Dès l’apparition, aux premiers plans, de la célèbre Tour hertzienne TDF de Romainville, dite « Tour des Lilas », ceux qui connaissent le travail de Martin Jauvat comprennent d’emblée que le réalisateur est resté fidèle à ses affections : la banlieue est de l’Ile-de-France. Visible depuis Paris comme depuis Chelles, ville natale du réalisateur qui a constitué les décors successifs de ses trois premiers courts-métrages, cette tour vient ici comme une jonction. Un point de liaison entre le Paris intra-muros et la banlieue lointaine que le projet du Grand Paris tend à réunir depuis de nombreuses années. Cette zone intermédiaire entre le fourmillement attractif de la capitale et l’inertie parfois pesante de sa périphérie qui est souvent méconnue.
C’est dans cet entre-deux que Martin Jauvat décide d’ancrer l’intrigue de Grand Paris, et plus précisément dans les méandres de ses lignes de RER et autres itinéraires de bus à trois chiffres.
Aussitôt, nous suivons le personnage de Leslie (interprété par Mahamadou Sangaré) investi d’une mission plutôt courante dans ces banlieues : se rendre à l’autre bout de la ville pour réaliser une transaction « frauduleuse » au nom d’un certain Leroy, qui n’apparaitra jamais. Dans sa course, il embarque le jeune Renard (Martin Jauvat) et face à l’échec du rendez-vous, les deux acolytes se mettent à errer jusqu’à tomber par hasard sur un artefact enfoui dans un chantier du Grand Paris Express.
À l’instar de son dernier court-métrage (Le Sang de la veine) où Rayan et Zoé, se rencontrant via l’application Tinder, finissaient par s’embrouiller au terme de leur « date », Martin Jauvat introduit ce phénomène accidentel, puis s’en empare pour dérouter ses personnages et occasionner un virage à 90° dans la narration de son histoire.
De là, le film prend ses distances avec les dimensions sociales généralement allouées aux films dits de « banlieues » et se profile alors une sorte de road-trip urbain aux quatre coins de la Petite Couronne. Persuadés de la valeur ésotérique voire pécuniaire de leur découverte, Leslie et Renard vont croiser toute une galerie de personnages et de situations jusqu’au bout de la nuit qui les amènera à reconsidérer leur condition de banlieusards. Ensemble, ils passent de la garden party où ils s’incrustent pour quelques bières jusqu’à une exploration souterraine et clandestine aux allures d’enquête électro-pop digne de Stranger Things. Ici, Martin Jauvat assume ses influences et télescope ses aspirations personnelles dans son personnage, fan de pyramides et de science-fiction, prêtant au mystérieux artefact des valeurs extra-terrestres. En apercevant d’ailleurs la Tour de Romainville, on peut même songer en souriant à la fin de Men in Black où la galette suspendue se transforme alors en soucoupe volante ! Et bien, Martin Jauvat transforme l’essai dans une fin surprenante complètement barrée (c’est le mot!) et concrétise ainsi une esthétique propre dans un mélange des genres inattendu et convaincant.
Fidèle à ses premiers collaborateurs, on retrouve dans Grand Paris ceux qui ont jalonné jusqu’à maintenant son parcours de réalisateur. On revoit William Legbhil et Anaïde Rozam (Le Sang de la veine), Erwin Aureillan, Georges Pillegand et Sébastien Chassagne, compagnons des débuts ainsi que son chef opérateur attitré Vincent Peugnet (Les Vacances à Chelles, Mozeb). Ainsi, on sent que le jeune Martin Jauvat trouve progressivement sa famille de cinéma, aussi bien dans l’artistique que dans la production, accompagné de producteurs persévérants et indépendants avec Ecce Films.
Il est même enrichissant d’appréhender Grand Paris dans la continuité de la production de Martin Jauvat, où on sentait en germe dans les réalisations précédentes des lignes personnelles et un tâtonnement stylistique que le passage au long n’a fait que renforcer. Un match de ping-pong, un traitement saturé de l’image, ou même un cadre : le plan final de Grand Paris reprend visuellement le dernier plan des Vacances à Chelles. Ainsi, le premier long fait un clin d’oeil au premier court.
À travers l’errance de ces personnages attachants, Martin Jauvat dresse en creux le portrait d’une jeunesse qui grandit à l’écart, habituée à ses 2h30 de transports pour aller travailler ou simplement rejoindre la capitale pour se divertir. Grand Paris trouve ses racines dans cette expérience quotidienne des transports en commun, dans ce rapport au temps lisse et plat qui conditionne le long trajet des riverains et riveraines des banlieues lointaines.
Ce temps qui est en fait géographique, apparaît dans tout son contraste ville/banlieue et témoigne de cette impression d’ennui, de non-productivité de ce temps à une heure où Paris s’étend pour devenir une hyper-métropole du XXIème siècle à l’instar de Londres ou Tokyo…
De cela résulte un sentiment de solitude. Déjà en filigrane dans Les Vacances à Chelles, le personnage interprété par Sebastien Chassagne rendait compte de cette sorte de spleen 2.0 qui trouve son réconfort dans la rencontre avec l’Autre, dans un moment partagé avec un compagnon de route.
C’est ce qui réunit Leslie et Renard, puis la quête à deux devient une quête à quatre jusqu’au milieu de la nuit, où les deux autres (William Leghbil et Erwin Aureillan), rattrapés par leur vie professionnelle, sont contraints d’abandonner les deux compères. Décalage ainsi renforcé qui amène le personnage de Leslie a faire cet aveu désarmant : « Faut se dire la vérité ! On fait quoi tous les jours ? On se voit, on fume, on mange, on fume, on fume, hop ! un p’tit tour de RER et quoi ? ». Que faire de ce temps qui défile et qui se perd dans cette société qui avance et qui progresse, là où ce fameux projet de Grand Paris prétend créer du lien entre le centre et les territoires marginalisés.
Martin Jauvat ne se prend pas au sérieux et surtout il ne se refuse rien, il prend à bras le corps les moyens imaginaires du cinéma pour construire sa patte, et il se fait plaisir et nous embarque avec lui. Pour paraphraser Amin (livreur loufoque interprété par William Leghbil) qui à son tour paraphrase Nietzsche, Martin devient ce qu’il est.
Cette semaine, est sorti le premier long-métrage de la réalisatrice des courts-métrages Tchau Tchau et Invisel Heroi, Cristèle Alves Meira. Véritable succès l’an dernier à la Semaine de la Critique à Cannes, Alma Viva montre sans concession la vie d’un petit village portugais où les sorcières existent encore. Alors que la petite Salomé est en vacances chez sa grand-mère, celle-ci meurt. Elle hérite alors d’étranges pouvoirs pour venger sa grand-mère. Dans cette fiction aux décors et aux acteurs naturalistes, la réalisatrice parvient à la lumière. Elle raconte dans notre interview sa relation avec le village et les acteurs – dont sa fille, Lua Michel – et ses inspirations, entre naturalisme et mysticisme.
Format Court : Est-ce que tu peux me parler un peu de l’origine du film. D’où vient cette envie ? Quel est le désir qui t’a poussée à monter ce projet, à raconter cette histoire ?
Cristele Alves Meira : Le point de départ, c’est un sentiment d’injustice que j’ai ressenti au moment du décès de ma grand-mère maternelle. Je suis née en France de parents portugais. Cette grand-mère vivait dans le village où j’ai filmé Alma Viva, son décès a entraîné des crises familiales. Je n’étais pas une enfant comme Salomé dans le film, j’étais déjà adulte et j’ai assisté à de violentes disputes et notamment par rapport à la pierre tombale. Pendant deux ans, ma grand-mère est restée sans sépulture. Dans la culture portugaise, la question du tombeau, de la maison d’après la vie, est très importante. Je me souviens de ma grand-mère qui m’avait montré de son vivant où elle voulait reposer. Elle avait déjà acheté son terrain au cimetière. Quand j’ai assisté à ces crises-là, j’ai trouvé ça vraiment injuste. C’est alors devenu une obsession d’essayer de comprendre ma famille. J’ai d’abord commencé à écrire à partir de l’histoire de ma famille mais très vite, j’étais face à ma propre subjectivité. La fiction s’est alors imposée. Les personnages ont commencé à se dessiner, ils étaient plein de choses à la fois, plein de personnes réelles, de souvenirs, de détails physiques qui m’inspiraient et m’aidaient à leur donner de l’ancrage.
Ce film aborde la question des vivants et des morts et de la relation entre cette petite fille et sa grand-mère, de ce qu’elle va lui transmettre, ses croyances et au-delà de ça, d’un langage, d’une façon de vivre, d’un rapport au monde. Mais c’est aussi avant tout un film qui dresse le portrait des familles de nombreux Portugais divisées entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. Il est vrai que dans le paysage du cinéma, il n’y a pas encore beaucoup de cinéastes comme moi qui ont cette double culture. Même si le cinéma portugais est très riche et dynamique, les cinéastes issues de l’émigration ne sont pas encore très nombreux.
En essayant de comprendre les nœuds de ma propre famille, j’ai pointé plus largement des problématiques liées à l’immigration, à une réalité économique et sociale. Ça faisait longtemps que j’avais envie de poser une caméra dans mon village maternel que je connais très bien – j’y retourne plusieurs fois par an. J’ai un lien très intime avec ce territoire. J’avais envie de filmer ces visages, ces paysages qui me sont familiers. J’ai fait ce film pour que ma mère arrête d’avoir honte de son milieu populaire, de la précarité dans laquelle a été élevée. Mes parents ont toujours été impressionnés par les Français, ils ne sont jamais sentis à la hauteur, ils étaient toujours vu comme les étrangers. Quand on grandit en France avec des parents portugais, il y a un besoin, une nécessité de s’intégrer, de faire comme les Français, de cacher ses origines pour ne pas trop se faire remarquer, une façon presque de nier d’où on vient. J’ai moi-même ressenti cette honte, ce film m’aide à assumer et à ne pas oublier d’où je viens.
Ton désir, c’était surtout de parler de ton ressenti, de ce qui s’est passé dans ta vie et de ton village. Tu as quand même choisi de passer par la fiction, pour raconter ça. Pourquoi ? Comment écrire de la fiction avec des matériaux réels ?
C. A. M. : J’ai filmé avec un besoin de croire et de faire croire à l’histoire que je raconte. J’avais l’obsession d’être le plus crédible possible, le plus proche d’une certaine authenticité, d’une sincérité dans le portrait que je voulais dresser de cette communauté. J’ai travaillé avec des acteurs qui sont, pour la plupart, non professionnels, des gens que j’ai choisis pour ce qu’ils sont, pour le lien qu’ils ont avec les décors, avec l’histoire, avec les traditions qui sont racontées. C’est une approche presque naturaliste et pourtant tout est fictionnel. Ça veut dire que tout est extrêmement mis en scène, provoqué. Il fallait créer les conditions pour que surgisse cette vitalité, cette énergie de la vie, avec des scènes de groupe, les vibrations de la nature, et ça passe aussi par la place qu’on laisse aux imprévus. On cherche à montrer des situations très réalistes, très ordinaires et pourtant, il y a un scénario, avec des dialogues, un découpage très précis, une mise en scène technique très chorégraphiée.
Ça implique une façon de travailler particulière, surtout de mettre les acteurs au centre. Tous les acteurs que j’ai choisis avaient des choses à me proposer, au niveau des dialogues, de leur vision du monde, de la situation de leur personnage. Pendant la préparation et les répétitions, le scénario s’enrichissait et se transformait avec nos échanges. C’est vraiment un travail de terrain et d’observations. Le plus gros du travail, c’était d’observer pour ensuite retranscrire dans un cadre, avec une lumière, un mouvement de caméra particulier. Avec Rui Poças, le chef opérateur, et Julien Michel, le conseiller artistique, on voulait que tout paraisse naturel, que les sources de lumière et les effets spéciaux ne se voient pas. On a essayé d’écarter ce qui faisait « effet » ou qui était trop spectaculaire. Il fallait être minimaliste dans notre approche pour laisser les acteurs, les corps au centre de l’image.
J’avais Jean Rouch comme prof de cinéma à la fac, j’ai fait mes premiers pas dans le cinéma avec une approche anthropologique et une observation nécessaire du terrain. Je pense que dans Alma Viva, il y a encore des traces de ça, d’une envie d’être proche d’un lieu, avec ces coutumes, tout en en injectant une part de merveilleux, de fantastique. Je cherchais ce mélange entre naturalisme et surnaturel, pour raconter une histoire qui se rapprochent du conte et de la fable. Pour aller voir au-delà du visible.
Dans ton film, il y a quelque chose de magique admis dans la réalité. Il y a comme un parti pris naturaliste d’admettre que le monde magique existe dans ton film.
C. A. M. : Salomé et sa grand-mère croient aux sorts, à la magie et aux forces dangereuses que ça génère. Elles vivent la sorcellerie comme une réalité qui a des effets directs sur leur vie. C’est un film qui se met du côté des croyants même si d’autres personnages livrent une explication rationnelle aux événements du film. Je n’impose pas au spectateur de croire comme Salomé. Je n’avais d’abord pas en tête de mettre en avant la figure féministe de la sorcière. J’ai découvert plus tard avec le livre de Mona Chollet cette approche. Dans Alma Viva, on aborde la sorcellerie du côté des pouvoirs, de ce qui échappe à la raison, à la théorie, du côté de l’irrationnel. On découvre les rapports de violence que génère la sorcellerie dans les communautés qui la pratique. J’avais besoin d’avoir de la tendresse pour chacun de mes personnages même ceux qui sont censés être méchants. J’ai eu besoin de trouver une raison à la malveillance de l’ennemie de la grand-mère. Alors j’ai imaginé que derrière cette guerre de sorcière, il y avait une histoire de tromperie amoureuse, c’est aussi simple que ça. Salomé hérite soi-disant d’un pouvoir qui serait plutôt bénéfique, pourtant elle est possédée par un démon qui était sa grand-mère adorée. Elle se retrouve malgré elle à devoir agir, à devoir venger cette grand-mère malgré elle. Elle ne peut pas échapper à son héritage de sorcière, un peu pesant. Même si son regard final face caméra est plein d’espoir et de ce lien invisible qu’elle a avec « l’âme vivante » de sa grand-mère, « l’Alma viva ».
Est-ce que cette tendresse que tu as pour tes personnages vient de la tendresse que tu as pour ceux qui jouent les personnages ? Comment s’est passé le tournage alors que tu filmais des acteurs non professionnels que tu connaissais, que tu avais déjà filmés, dans le village, un lieu que tu connais très bien ?
C. A. M. : C’était important d’être proche de mon sujet, de mes décors, des acteurs. Dans mes courts-métrages, j’ai filmé souvent des gens de ma famille. Mon premier film, c’était ma petite cousine et moi-même. Ma famille a également participé à Alma Viva, y compris ma fille. Ce sont des gens que je connais bien et que j’admire. Ils m’inspirent et c’est naturel de vouloir les filmer. Je suis toujours très émue de voir la confiance qu’ils me portent et la générosité avec laquelle ils se livrent à la caméra. Il y a le noyau dur familial et la famille élargie du cinéma qui s’est construite au fil des courts-métrages. J’ai besoin de créer un lien amical avec les gens avec qui je travaille, pas seulement les acteurs, mais aussi avec les techniciens et les collaborateurs artistiques. Faire un film c’est tellement difficile, c’est important de se sentir en confiance, entouré de personnes bienveillantes. Quand on filme quelqu’un, il ne s’agit pas simplement de le regarder, il faut l’amener à se laisser regarder et ça ne se commande pas. Il y a un petit miracle qui se produit lorsque le lien est là et que la confiance circule alors tout devient possible. Il est important pour l’acteur et le réalisateur de ne pas avoir peur de l’autre. J’attache vraiment beaucoup d’importance aux relations que j’ai avec mes collaborateurs.
C’était très beau de tourner dans mon village, avec des gens qui m’ont vu grandir. J’étais très excité de voir ce village se transformer en décor de cinéma. Nous étions comme des grands gamins pendant les répétitions, c’était une aire de jeu où on s’amusait à faire semblant, à se raconter des histoires. C’est étonnant de voir à quel point les gens se sont révélés pendant le tournage. Il y avait des vieilles dames, des actrices non professionnelles qui avaient vingt jours de tournage. Elles se sont découvert un talent. C’est impressionnant de voir la capacité des acteurs non professionnels à rentrer dans le rythme de travail et à comprendre comment ça se passe de façon assez intuitive, parce qu’il n’y a pas d’école. Ils jouent leur rôle comme des grands enfants. Faire un film, c’est aussi revenir à des situations aussi primitives que ça, du jeu et de la représentation.
Ça me fait penser à Jean Rouch et à son film Les Maîtres Fous. Qu’est-ce qu’ils font ? Ils jouent à être les colonisateurs, ils portent le masque de l’oppresseur pour se guérir. Le rituel du jeu les libère. J’ai un peu ce rapport-là au jeu et au plateau. Il y a quelque chose d’extrêmement sacré pour moi sur un plateau avec la mise en place des accessoires, les équipes qui font le silence, les acteurs qui se concentrent, l’attention portée à pleins de petits détails. Ce qui est génial, c’est qu’on a tout préparé pendant des années, des mois, le moindre angle de caméra, on a tout prévu, et puis en fait, ce qui fait la force des plus belles scènes, c’est justement quand l’imprévu – des choses qui nous échappent complètement – surgit, et après on ne recherche plus que ça. Et quand ça ne vient pas, on est un peu triste. On cherche à faire émerger l’extraordinaire, à sortir de l’ordinaire de ce qu’on avait prévu. Même si parfois on est plus ou moins capables de sentir ces moments-là. Faire un film, c’est tellement stressant, ça va tellement vite parfois qu’on ne voit pas sur le moment que quelque chose advient, parce qu’on est parasité par d’autres choses. Le tournage d’Alma Viva a été très difficile. Je pense qu’il y a toujours des tournages plus ou moins difficiles, mais dans notre cas, le sujet de la sorcellerie était assez lourd à aborder. Il y a eu une série de catastrophes sur le tournage qui nous ont vraiment fatigués et mis sous pression. Pourtant c’était très étonnant de voir à quel point l’équipe s’est soudée face à l’adversité, c’était très beau à voir.
J’ai tourné avec ma fille et il fallait la protéger des difficultés du tournage. J’avais peur d’être trop dure avec elle à cause de mon stress. Je ne voulais pas que le travail abîme notre relation. Parce que ce n’est pas naturel de travailler avec sa propre mère ou moi-même avec ma propre fille. Il fallait créer une relation professionnelle entre mère et fille et c’est passé par un cadre assez rigide. J’ai pu observer que souvent, quand c’est moi qui lui parlais, je pouvais un peu l’énerver – c’est normal, la maman énerve. Il fallait éviter de trop lui parler alors on avait une personne médiatrice entre nous (Manon Garnier). On avait aussi décidé que quand je rentrais le soir à la maison, je ne parlais plus de boulot pour qu’elle puisse retrouver sa maman qui n’était pas la réalisatrice. Ça s’est plutôt bien passé. Enfin, moi, j’étais vraiment très admirative et très respectueuse de tout ce qu’elle nous donnait. C’était vraiment une collaboratrice incroyable. Elle avait plein d’idées, elle était très douée en improvisation et elle avait un sens du plateau, du rythme et de la justesse des situations. Il y a des scènes que j’ai réécrites parce qu’elle me disait : « mais là, elle ne peut pas dire ça ». Lua a une intelligence émotionnelle et du récit qui est vraiment étonnante, d’une grande maturité. Je la considérais vraiment comme une actrice et chaque idée qu’elle proposait, je l’entendais. De l’impliquer dans le travail, c’était importante pour elle, elle était créatrice et du coup, elle nous donnait beaucoup. C’était très beau à voir vraiment. Elle est incroyable et c’est vraiment une aventure hors norme que nous avons vécue.
Tu as mentionné que vous avez conjuré le sort en faisant le film, peux-tu nous en dire plus ?
C. A. M. : Oui, faire le film, c’était une façon de conjurer le sort. En fait, il a étonnamment permis une réconciliation entre mes oncles et mes tantes. Quand ils ont vu le film, ils ne pouvaient pas ne pas voir qu’il y avait un lien avec notre propre histoire au sujet de la pierre tombale qu’ils ont refusé de payer pour ma grand-mère. Et puis, c’était une façon surtout de rendre hommage à la puissance des femmes, ma mère, mes tantes, ma grand-mère, à leur façon d’être avec leur excentricité, leur marginalité, leur vulgarité. Je les trouve incroyables parce qu’elles sont hors normes ! Je me souviens qu’au scénario, on reprochait souvent que les personnages étaient trop vulgaires, qu’on ne pouvait pas s’exprimer de cette façon. Mais je trouve justement que toute leur beauté est là ! Elles se comportent comme des hommes, elles parlent mal, elles n’ont peur de rien et ces vieilles dames, elles ont une puissance incroyable. Elles m’ont beaucoup inspirée. Elles méritaient vraiment un film !
Julien Rejl, Délégué général de la Quinzaine des Cinéastes, a dévoilé ce matin la composition de la 55e édition. Plusieurs premiers films dont partie de la sélection des longs-métrages retenus par le comité de sélection. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Voici en attendant les courts-métrages de cette nouvelle Quinzaine.
Dans la tête un orage, de Clément Pérot
Il compleanno di Enrico (L’anniversaire d’Enrico), de Francesco Sossai
The House Is on Fire, Might as Well Get Warm (La maison brûle, autant se réchauffer), de Mouloud Aït Liotna
J’ai vu le visage du diable, de Julia Kowalski
Lemon Tree, de Rachel Walden
Margarethe 89, de Lucas Malbrun
Mast-del, de Maryam Tafakory
Oyu, de Atsushi Hirai
The Red Sea Makes Me Wanna Cry, de Faris Alrjoob
Talking to the River, de Yue Pan
La quatrième édition du festival Format Court s’est achevée ce dimanche 16 avril 2023 au Studio des Ursulines (Paris, 5ème) avec une cérémonie de clôture en présence de notre parrain, l’acteur et réalisateur Bastien Bouillon, nos jurés et des lauréats.
Cette semaine, nous avons mis à l’honneur la forme courte dans sa grande et belle diversité à travers 7 séances : 4 compétitives et 3 thématiques. 33 films ont été programmés au festival, en présence de plus de 600 spectateurs.
Les 20 films sélectionnés cette année en compétition officielle ont été évalués par nos trois jurys. Un Prix du public a également été attribué par les spectateurs qui ont voté à l’issue de chaque séance pour leur film favori.
Le film Scale du réalisateur britannique Joseph Pierce remporte le Grand Prix Format Court de cette édition 2023. De son côté, Binge Loving du cinéaste belge Thomas Deknop glane 3 prix : le Prix de la presse, celui du Jury étudiant et celui du public. Ces deux films ont été diffusés à l’issue de la remise des prix.
Palmarès
Jury Professionnel
Composition : Guslagie Malanda (actrice, commissaire d’exposition indépendante), Valentin Hadjadj (compositeur), Romane Gueret (réalisatrice), Hakim Mao (réalisateur, scénariste) et Bruno Quiblier (programmateur)
Grand Prix : Scale de Joseph Pierce
Prix du scénario :Trois grains de gros sel de Ingrid Chikhaoui
Prix de l’image : Vadim Alsayed pour Sèt Lam de Vincent Fontano
Prix de la création sonore : Tomaž Grom pour La Vie sexuelle de Mamie de Urška Djukić et Émilie Pigeard
Prix d’interprétation : Idir Azougli pour Sami la fugue de Vincent Tricon
Mention spéciale du Jury : Rapide de Paul Rigoux
Jury presse
Composition : Diane Lestage (FrenchMania), Raphaël Clairefond (So Film), Marie Misset (Konbini), David Bola (Radio Nova), Quentin Grosset (Trois Couleurs)
Mention spéciale : Les grandes vacances de Valentine Cadic
Prix de la presse : Binge Loving de Thomas Deknop
Jury étudiant
Composition : Bianca Dantas (Paris, 8), Tommy Boulet (La Fémis), Mathilde Canet (Paris 3), Najat Naidi (Kourtrajmé) et Dylan Librati (Paris 3)
Prix du Jury étudiant : Binge Loving de Thomas Deknop
Notre 4èmeFestival Format Court vous accueillera la semaine prochaine, du jeudi 13 au dimanche 16 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.
Voici le détail des films projetés lors de la quatrième et dernière compétition du festival, dimanche 16 avril à 16h. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).
Programmation
Aaaah ! d’Osman Cerfon, animation – 4’ – France – Miyu Productions – Sélectionné au Festival de Berlin (Génération) et à Clermont-Ferrand 2023
Aaaah! c’est des cris de douleur, la surprise, l’effroi, la joie, des chants, des râles, des rires, la colère… Aaaah! c’est l’expression avec laquelle les enfants, ces êtres primaires et innocents, font l’expérience de la vie en collectivité, bien encadrés par les coups de sifflets des adultes.
Maria Schneider, 1983 d’Elisabeth Subrin, documentaire – 24’ – France – 5A7 Films – César du meilleur court-métrage documentaire 2023. En présence de la productrice Helen Olive
En 1983, Maria Schneider donne une interview pour l’émission de télévision Cinéma Cinémas. La conversation prend une tournure inattendue lorsque l’actrice conteste les pratiques de l’industrie cinématographique et qu’on lui demande de parler du film controversé Le Dernier Tango à Paris (1972).
Scale de Joseph Pierce, animation – 15’ – France, Angleterre – Melocoton Films, Bridge Way Films, endorfilm, Ozú Productions – Sélectionné à la Semaine de la Critique2022. En présence de Nathan Pauleau, chargé de production
Sur l’autoroute, Will perd le sens de l’échelle et fait une embardée. Alors que son addiction aux psychotropes s’amplifie de jour en jour, sa vie de famille est au bord du désastre. Will, face à ses démons, tente de terminer sa thèse et de remonter le fil des événements qui l’ont amené à cette lente déchéance.
Trois Grains de gros sels d’Ingrid Chikhaoui, fiction – 26’ – France – Les Films Norfolk – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2022. En présence de la réalisatrice
Deux sœurs de 8 et 5 ans traînent seules à la maison, en pleine campagne. Elsa avale trois grains de gros sel, Judith lui annonce que cela la condamne à une mort par dessèchement. Il ne lui reste que quelques heures à vivre quand le retour de leur mère, au comportement ardent et fébrile, fait basculer le destin de la famille.
Les Grandes vacances de Valentine Cadic, fiction – 25’ – France – Les Filmeuses – Présélectionné au César du court-métrage de fiction 2023. En présence du comédien Hélio Pu et de la chef opératrice Coline Coste
Blandine passe ses vacances seule dans un petit camping au pied des montagnes. Elle est rapidement envahie par le bruit, la foule et la pluie qu’elle cherchait à fuir le temps d’un été. Au bord du lac, Blandine rencontre Helio un jeune journaliste local.
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Billetterie sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Notre 4èmeFestival Format Court approche à grands pas. Il aura lieu du jeudi 13 au dimanche 16 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). C’est l’occasion de découvrir plein de courts en compétition mais aussi au détour de nos 3 séances thématiques.
Voici le détail des films projetés lors de la troisième projection parallèle du festival, samedi 15 avril à 21h, consacrée à la Berlinale. Après Cannes et Locarno, nous nous intéressons cette année à un nouveau festival de type A, en présence d’Anna Henckel-Donnersmarck, la responsable de Berlinale Shorts, mais aussi d’Anthony Ing, le réalisateur de Jill, Uncredited, de Michelle Keserwany, la co-réalisatrice du film Les Chenilles (Ours d’or du meilleur court-métrage à la Berlinale 2023), accompagnée de sa comédienne Masa Zaher et de sa productrice Marine Vaillant.
Programmation
FocusBerlinale Spotlight : Berlinale Shorts, samedi 15 avril, 19h. Billetterie en ligne
One Thousand and One Attempts to Be an Ocean de Yuyan Wang, documentaire, expérimental – 11’ – France – Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains – Sélectionné à la Berlinale 2021
One Thousand and One Attempts to Be an Ocean correspond avant tout à un rythme, une résonance hypnotique qui fait déborder les images de leur contenu pour devenir sensation et énergie. Il est constitué de micro-événements provenant de la catégorie dite des satisfying video qui pullulent sur Internet. Sans début ni fin, le récit abstrait se développe sur le mode de l’emprunt en faisant référence à la fois à la transe et à la musique minimale. Les images incarnent jusqu’à l’épuisement ce désir d’une vague sans fond, expression d’un sentiment océanique artificiel mêlée à l’inexorable entropie de nos sociétés de l’information.
Easter eggs de Nicolas Keppens, animation – 14’ – Belgique, France, Pays-Bas – Animal Tank, Miyu Productions, Ka-Ching Cartoons– Présélectionné au César du meilleur court-métrage d’animation 2022
Le restaurant chinois est vide. Monsieur Ping est parti. La cage des oiseaux exotiques est grande ouverte. Personne ne sait ce qui s’est passé. Deux amis, Jason et Kevin, y voient une excellente occasion d’attraper les oiseaux et de les vendre pour une grosse somme d’argent. Mais attraper les oiseaux n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.
Jill, Uncredited d’Anthony Ing, documentaire – 18’ – Royaume-Uni, Canada– Loop – Sélectionné à la Berlinale 2023. En présence du réalisateur
L’une des actrices de fond les plus prolifiques au monde occupe le devant de la scène dans ce portrait unique de Jill Goldston, une vétérane du cinéma et de la télévision britannique de cinquante ans. Construit entièrement à partir des performances de Jill – capturé fugitivement à la périphérie de toute oeuvre, de Mr Bean à The Elephant Man – ce film est à la fois la célébration d’une œuvre cinématographique singulière, un voyage lyrique à travers un demi-siècle de culture populaire, et une étude obsédante d’une vie vécue hors de propos.
Les Chenilles de Michelle Keserwany et Noel Keserwany, fiction – 30’ – France – Dewberries Films, La Biennale de Lyon – Ours d’or du meilleur court-métrage à la Berlinale 2023. En présence de Michelle Keserwany, de la comédienne Masa Zaher et de la productrice Marine Vaillant
Asma et Sarah, deux femmes originaires du Levant, travaillent dans le même restaurant à Lyon, en France. Elles portent toutes deux le poids d’une vie qu’elles ont été contraintes de quitter. D’abord méfiantes l’une envers l’autre, elles découvrent peu à peu le fil qui les relie, remontant à l’époque où la route de la Soie joignait Lyon à leurs terres natales. Au sein de ces migrations forcées, peut-on surmonter nos rancœurs et trouver du réconfort les uns auprès des autres ?
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Notre 4èmeFestival Format Court vous accueillera la semaine prochaine, du jeudi 13 au dimanche 16 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.
Voici les horaires des séances en compétition (+ la programmation dans son intégralité) :
Voici le détail des films projetés lors de la troisième compétition du festival, samedi 15 avril à 21h. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).
Programmation
Rapide de Paul Rigoux, fiction – 24’ – France – Le GREC – Prix du Public au Festival d’Angers 2023. En présence du réalisateur et des comédiens Edouard Sulpice, Mélodie Adda et Abraham Wapler
Jean est un « lent », il construit sa vie autour de ses angoisses, et se considère inadapté à la vie en société. Il vit en colocation avec Alex, qui lui, est un « rapide ». Passionné par l’aérodynamisme et l’eurodance, Alex vit vite, se pose le moins de questions possible. Un matin, il reçoit chez eux une amie « rapide », Lou, alors que Jean avait lui aussi prévu de recevoir une amie « lente », Caroline.
Binge loving de Thomas Deknop, fiction – 22’ – Belgique – DENZZO – Sélectionné au Palm Springs ShortFest 2022. En présence du réalisateur
Un détective privé bruxellois est chargé par une cliente de suivre son mari parce qu’elle soupçonne qu’il a une maîtresse dans la capitale. Lorsqu’elle se plonge de manière inattendue dans l’enquête, le détective est poussé hors de sa zone de confort.
Snow in september de Lkhagvadulam Purev-Ochir, fiction – 19’ – France, Mongolie – Aurora Films, Guru Media – Prix du meilleur court-métrage aux festivals de Venise et de Toronto 2022.
Davka est un adolescent qui vit dans les immeubles soviétiques délabrés de Oulan-Bator. Avec sa camarade de classe, Anuka, ils parlent de mangas et de sexe. Quand Davka rencontre une femme plus âgée, sa vision des rapports intimes et des relations amoureuses est forcée de changer.
Brandon Roi de Romain Jaccoud, fiction – 15’ – Suisse – Autoproduction – Sélectionné au Festival de Locarno 2022. En présence du réalisateur
Au cœur d’une vallée entourée par des montagnes, on entend gronder le moteur d’une moto. C’est Brandon, un lutteur qui se rend dans une carrière où travaille son ami Steve, un ancien combattant devenu ouvrier.
La Vie sexuelle de mamie d’Urška Djukić et Émilie Pigeard, animation – 14’ – France, Slovénie – Ikki Films, Studio Virc – César du meilleur court-métrage d’animation 2023. En présence de la réalisatrice Émilie Pigeard
Quatre femmes âgées réfléchissent à leurs souvenirs d’antan où elles étaient jeunes et à la différence des relations entre les hommes et les femmes entre leur époque et aujourd’hui. Leurs voix fusionnent en une seule voix, celle de la grand- mère Vera, qui raconte son histoire en détail. Un voyage dans la jeunesse de la grand-mère et les souvenirs de sa vie intime illustrent le statut des femmes slovènes dans la première moitié du XXe siècle.
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne (pour les autres séances, rdv ici)
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Notre 4èmeFestival Format Court vous accueillera la semaine prochaine, du jeudi 13 au dimanche 16 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.
Voici les horaires des séances en compétition (+ la programmation dans son intégralité) :
Voici le détail des films projetés lors de la deuxième compétition du festival, vendredi 14 avril à 21h. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).
Programmation
Masques d’Olivier Smolders, documentaire – 23’ – Belgique – Le Scarabée ASBL – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2022
À l’occasion de vacances à la campagne, un cinéaste évoque le deuil de ses parents. La perte de leur visage et plus particulièrement de leur regard est le point de départ d’une méditation sur les masques comme passeurs vers l’au-delà.
Tête de brique d’Alexis Manenti, fiction – 22’ – France – Artisans du Film – Sélectionné au Festival de Gand 2022. En présence du réalisateur
Dans une ville de l’Est, un jeune meneur de bande sème la terreur dans son quartier. Il oblige chacun à porter une brique à la main en signe de soumission. Un jour, un adolescent humilié par le tyran décide de se rebeller.
Ne pleure pas Halima de Sarah Bouzi, fiction – 15’ – France – Autoproduction – Grand Prix du Jury ex-aequo Festival d’Angers 2023. En présence de la réalisatrice, de la comédienne Mélissa Guers et de la productrice Johanna Makabi
Halima est une jeune femme qui ne passe pas inaperçue. En plus d’écrire de nombreux articles engagés sur son blog, elle travaille en tant que réceptionniste et fréquente sa bande de copines flamboyantes. Seulement, son visa étudiant expire bientôt. Gravitant autour d’univers qui lui paraissent hostiles, Halima tente de trouver sa place.
Riad de Yann Verburgh, fiction – 14’ – France – Apaches Films – Sélectionné à Un Festival C’est Trop Court (Nice) 2022. En présence des comédiens Talid Ariss, Claire Puygrenier
Riad, ancien légionnaire souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique qui a détruit sa famille, retrouve son fils, Mehdi, après des mois de séparation, dans un espace rencontre enfants parents.
Sèt Lam de Vincent Fontano, fiction – 23’ – France – Dobro Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2023. En présence du producteur Martin Mauvoisin
Dans le quartier d’une ville insulaire, au milieu d’un rituel de transe, une petite fille est tétanisée. Elle a peur de voir les siens se blesser ou disparaître. Sa grand- mère lui raconte alors l’étrange histoire d’Edwardo, le premier des leurs à avoir vu sa mort et à l’avoir affrontée. La petite fille est attentive, elle sent bien que sa grand-mère ne lui raconte pas cette histoire sans raison.
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne (pour les autres séances, rdv ici)
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Lauréate du Meilleur Court-métrage lors de la dernière Cérémonie des César 2023, la réalisatrice Amélie Bonnin revient sur la genèse de son film Partir un jour et les apports significatifs du documentaire dans son approche de la fiction. Retour aux origines, nostalgie et monde rural, elle évoque aussi ses inspirations et sa collaborations avec Bastien Bouillon, parrain de la 4ème édition de notre Festival. Partir un jour sera diffusé ce jeudi soir dans le cadre de notre Focus Bastien Bouillon, en présence du comédien.
Format Court : Comment est venue cette envie de réaliser un film musical ? Est-ce que d’ailleurs tu le considères comme tel à l’instar des films de Jacques Demy ou de certaines comédies musicales américaines ?
Amélie Bonnin : En effet, il y a avant tout cette passion pour les comédies musicales, et à vrai dire pour les comédies musicales spectacles. J’ai grandi avec Starmania qui a beaucoup compté pour moi et la première fois que je suis allée à New-York, j’ai découvert les comédies musicales qui m’ont appris à aimer les films musicaux et finalement, Demy je l’ai découvert plus tard lors de mes études. C’est davantage les films de Christophe Honoré qui m’ont beaucoup influencée.
Les Chansons d’amour a été un vrai choc. Je me suis rendu compte qu’on pouvait faire un film contemporain et y glisser des chansons sans que cela devienne du Broadway qui donne cet effet un peu hors-sol. Dans Les Chansons d’amour, on a la sensation de quelque chose de très ancré, de très réaliste, il n’y a pas de costumes hauts en couleurs, ni de chorégraphies et je me suis dit : « c’est ça que j’ai envie de faire ! »
Tu évoquais Starmania, il y a justement dans le choix de tes morceaux un clin d’oeil évident aux générations des années 90-début 2000 avec les 2BE3, Ménélik ou Larusso. Comment as-tu arrêté ton choix sur ces morceaux ?
A.M. : À vrai dire, c’est quelque chose qui ne s’est pas vraiment décidé, c’est venu assez spontanément. Avec Dimitri Lucas, mon co-scénariste, on s’est demandé quels étaient les morceaux qu’on écoutait en boucle adolescents quand on faisait la fête ou quand on avait un chagrin d’amour… Nous avons vraiment pensé le film ensemble. J’ai fait l’image, mais l’histoire (comment la raconter et la forme qu’elle prenait à l’écrit), cela s’est pensé à deux.
Quels seraient donc les morceaux qui nous reviendraient en mémoire si on rentrait chez nous et que l’on replongeait dans l’adolescence ? Et puis les années 90, c’est aussi cette période improbable des boys-bands qui est assez unique dans l’histoire de la musique et cela a été très ludique et plaisant de pouvoir l’utiliser et de l’emmener ailleurs.
Quel a été l’accueil du projet par tes producteurs ? Comment se sont passés les échanges avec eux par la suite ?
A.M. : Ils ont été de vrais alliés tout au long de l’écriture. Ils sont trois à Topshot et l’un d’eux avait vu mon premier documentaire, La Mélodie du boucher. Il m’avait invitée à les contacter si je songeais un jour à faire de la fiction. Une fois le projet lancé, il y a tout de suite eu beaucoup de bienveillance et cette sensation d’avancer ensemble. Je n’avais jamais écrit de fiction donc toutes les remarques étaient bonnes à prendre et venant du documentaire, j’étais plutôt habituée à des budgets très bas et des équipes réduites. Le pendant négatif, c’est que je ne me rends pas toujours compte du coût des choses mais le positif, c’est que le manque de moyens n’est jamais un problème. On trouve toujours un moyen de faire autrement.
Quoi qu’il en soit, nous avions tous la même vision du film et nous l’avons senti très tôt. Dès qu’il y avait des remarques dans un sens ou dans l’autre, c’était pour s’approcher au plus près du film que nous avions tous envie de faire.
Peux-tu nous faire part de ton expérience dans le documentaire ? Qu’y as-tu appris ?
A.M. : En soi, Partir un jour n’est pas un passage à la fiction. Le documentaire, c’est quelque chose que je continue de faire. Je crois que cela m’a appris une certaine écoute, une certaine ouverture à des choses qui adviennent et qui n’étaient pas forcément prévues. Dans le documentaire, c’est même précisément ce qui nous intéresse ! À la caméra, on cherche à ce qu’il se passe des choses qui ne sont pas anticipées, et le miracle se produit à ce moment-là. Avec la fiction, tout était assez bordé et on a suivi le scénario mais les moments qui m’ont le plus marquée, ce sont justement les moments où ça a bougé.
Puis au casting, il y avait une envie de trouver des gens et des physiques qui soient crédibles et ancrés. Comme il s’agit de personnages qui vivent dans un petit village de campagne, il ne fallait pas qu’on ait l’impression que ce soient des parisiens déguisés. Comme j’ai grandi en milieu rural et que j’y ai beaucoup filmé, j’ai une idée des corps, des postures et de qui peut les interpréter. Tout cela, je l’ai eu par le documentaire.
Justement, comment es-tu rentrée en contact avec tes comédiens.nes ?
A.M. : François Rollin, nous avons vraiment écrit pour lui. Nous l’avions en tête dès l’écriture du dialogue, je lui ai écrit une lettre et il a accepté. Juliette Armanet aussi, c’est quelqu’un pour qui nous avons écrit. Nous nous étions rencontrées sur un projet et j’avais beaucoup apprécié sa personnalité. Elle a accepté dès la lecture du scénario. Enfin Bastien Bouillon et Lorella Cravotta, ce sont mes producteurs qui les connaissaient, et j’avais du mal à trouver quelqu’un pour le personnage de Julien. Il fallait quelqu’un de timide, mal à l’aise et à la fois crédible en parisien issu de province. On voit souvent Bastien casté pour des rôles de gendre idéal ou de personnage assez lisse, alors qu’il a une réelle fantaisie et une folie qu’il a su amener au personnage de Julien qui était assez plat. Il lui a donné une personnalité et un charme qu’il n’y avait pas à l’écriture.
Chez le personnage de Julien, on peut identifier ce phénomène social de transclasse : ces personnes issues d’un milieu modeste qui sont amenées à le quitter pour des raisons souvent professionnelles et s’ouvrent alors à eux de nouveaux cercles et de nouvelles réalités sociales. Tu es née à Châteauroux et tu vis maintenant en région parisienne. Est-ce qu’il y aurait quelques points de contact entre le personnage que tu as écris et ton histoire personnelle ?
A.M. : Oui, il y a certainement des liens. Lorsque je suis arrivée à Paris, je suis allée dans une école privée de relations presse et j’ai fait la rencontre de gens issus d’un milieu social qui était très éloigné du mien, dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Plus tard et dans un milieu plus artistique cette fois, j’ai fait d’autres rencontres mais de personnes qui étaient déjà implantées dans le milieu depuis l’enfance, c’est-à-dire dont les parents étaient soit architectes, soit designers et qui avaient grandi dans des grandes villes. Moi, j’aimais les impressionnistes et je dessinais, donc il y avait forcément un clash… Et en même temps, j’étais très avide d’apprendre et de découvrir.
Mais lorsque tu rentres chez toi, on te reproche soudain d’être devenue très parisienne. Tu te retrouves un peu entre les deux et c’est quelque chose qui m’a beaucoup marquée. Rien de douloureux, mais c’est étonnant de voir comment ces différences sociales s’immiscent et comment, de par nos métiers, on est amené à ne plus fréquenter les mêmes milieux. Ça demande de petits ajustements pour pouvoir se trouver.
Ce que tu évoquais lors de ton discours à la remise des César, « Être une femme de presque 40 ans, avoir deux enfants et des cheveux blancs, et sentir qu’on est au commencement des choses », c’est une pression que tu as ressentie ?
A.M. : Quand j’étais en école d’art, j’avais une vingtaine d’années et j’ai découvert Egon Schiele qui a été un véritable coup de foudre. Il est mort à 24 ans et il a laissé derrière lui une oeuvre sublime et à l’époque, je me disais : « J’en ai 22 et je n’ai toujours rien fait ! Je ne vais jamais y arriver ! (rires) ».
Puis petit à petit, avec le temps j’ai relativisé. Aujourd’hui j’ai 38 ans et je n’y vois aucun problème. Et cette pensée que j’avais plus jeune colle très bien avec cette société capitaliste où il faut aller vite, où il faut réussir et avoir un vrai métier, gagner de l’argent… Tout ça n’a plus aucun sens pour moi aujourd’hui. C’est une forme de réussite qui vient aussi avec un certain « jeunisme », comme quoi ce serait plus sexy d’être jeune et de réussir. Je me souviens, c’était même un élément dans l’argumentaire des gens lorsqu’Emmanuel Macron s’est présenté aux élections pour la première fois. Jeune était devenu un argument ! Et c’est quelque chose que l’on retrouve aussi dans le cinéma. Après ce discours, j’ai reçu beaucoup de messages et j’ai réalisé en fait qu’on était très nombreuses et nombreux à vouloir entendre que l’âge n’est pas un problème.
Tu as un long-métrage en cours d’écriture. Quels sont tes projets ?
A.M. : J’ai toujours fait plusieurs métiers à la fois. En ce moment, je suis directrice artistique d’une revue féministe qui s’appelle La Déferlante, qui me passionne. J’ai réalisé quelques épisodes de la saison 3 de Parlement [série France TV créée par Noé Debré – NDLR]. Tout me va du moment que cela me permet de raconter des histoires qui me parlent.
Concernant l’écriture du long, on vient d’envoyer une version d’écriture à nos producteurs, on attend les retours. Cela reste très joyeux et passionnant de réinventer une nouvelle histoire.
J’ai eu un bref passage post-César où je me suis dit : « avoir une telle récompense au seuil d’une carrière, comment pouvoir faire mieux après ? ». Si tu fais exactement pareil, on va dire « Tiens, elle ne sait faire que ça ». Et si tu fais différent ce sera : « Ah ! Je préférais le truc d’avant. » Ça parait insurmontable mais à un moment, il faut juste se détacher et faire quelque chose qui nous fait vibrer. De toute façon, ce n’est pas vraiment entre nos mains, le fait que cela fonctionne ou pas.
Est-ce que la comédie romantique est un registre dans lequel tu aimerais persévérer ?
A.M. : C’est notre ton commun avec Dimitri Lucas, ce qui nous vient le plus spontanément. D’ailleurs, j’ai un autre projet qui est plus dramatique et ça me pose problème. C’est-à-dire qu’au quotidien, travailler sur un projet qui ne me fait pas rire, ce n’est pas une perspective évidente pour moi… Partir un jour m’a pris trois ans de ma vie, un thème trop dur ou trop dramatique, je ne suis pas sûre d’y arriver. Pour le moment, je souhaiterais conserver une certaine légèreté.
Le court-métrage est-il un format que tu as envie de continuer d’exploiter ?
A.M. : Je trouve qu’il y a des idées pour tous les formats, donc certaines idées ne sont pas pour des longs. Parfois, certains sujets méritent d’être développés en dix, quinze ou vingt-cinq minutes donc oui, dans ce cas-là, je n’aurai aurai aucun problème à refaire un court-métrage. Et puis, il y a un enjeu dont il faut tout de même parler, c’est que ce n’est pas viable économiquement, et c’est malheureux. On m’a souvent demandé si je ne voulais pas devenir court-métragiste, comme si le court-métrage ne servait qu’à faire du long ensuite. En l’occurrence, je ne trouve pas que ça serve qu’à faire du long, comme si c’était un choix de carrière. En revanche, tant qu’il n’y aura pas de court-métrages projetés avant les longs dans les salles de cinéma ou qui ne passeront pas davantage à la télévision, ce n’est pas un format dont on peut vivre et c’est un vrai sujet.
Notre 4èmeFestival Format Court approche à grands pas. Il aura lieu du jeudi 13 au dimanche 16 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). C’est l’occasion de découvrir plein de courts en compétition mais aussi au détour de nos 3 séances thématiques.
Voici le détail des films projetés lors de la deuxième projection parallèle du festival, vendredi 14 avril à 19h, consacrée à la Ville de Paris. Cette séance se déroulera en présence de 3 réalisatrices (Brigitte Sy, Aurélia Morali et Jawahine Zentar) mais aussi de Ludivine Sagnier, comédienne et Présidente du fonds court-métrage (2018-2022), de Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la culture et de la ville du quart d’heure, et d’Aurélie Filippetti, Directrice des affaires culturelles de la Ville de Paris.
Programmation
Focus Ville de Paris, vendredi 14 avril, 19h. Billetterie sur place et en ligne
L’Endroit idéal de Brigitte Sy, fiction – 30’ – France – Mezzanine Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2009.En présence de la réalisatrice
Barbara, réalisatrice, se trouve mise en examen par la police pour avoir passé de l’argent à Michel, l’homme qu’elle aime et qui est en prison. Elle se confronte à la justice qui lui interdit de le revoir. Un an après les faits, elle épouse Michel.
Le Repas dominical de Céline Devaux, animation – 14’ – France– Sacrebleu Productions – César du meilleur court-métrage d’animation 2016
C’est dimanche. Au cours du repas, Jean observe les membres de sa famille. On lui pose des questions sans écouter les réponses, on lui donne des conseils sans les suivre, on le caresse et on le gifle, c’est normal, c’est le repas dominical.
L’Attraction des astres de Aurélia Morali, fiction – 20’ – France– Pitchaya Films, Elinka Films.En présence de la réalisatrice
Suite à une grosse décompensation, Pauline, trente-cinq ans, est hospitalisée plusieurs mois dans une clinique psychiatrique. L’Attraction des astres raconte la première permission qu’elle va passer seule avec son fils de sept ans, Arthur, hors de la clinique. Pauline va devoir dépasser ses angoisses et aider son fils à calmer les siennes pour redevenir une mère.
Sur la tombe de mon père de Jawahine Zentar, fiction – 24’ – Maroc, France– offshore, Mont Fleuri Production – Grand Prix au Red Sea Film Festival 2022.En présence de la réalisatrice
Maïne roule vers un village marocain accompagnée de sa famille et du cercueil de son père. Demain, les hommes l’enterreront et les femmes attendront à la maison. Mais la jeune fille ne l’entend pas de cette manière et compte bien accompagner son père jusqu’à la dernière minute.
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Notre 4èmeFestival Format Court vous accueillera la semaine prochaine, du jeudi 13 au dimanche 16 avril, au Studio des Ursulines (Paris, 5). Pour info/rappel, nos 4 programmes de films en compétition seront évalués par nos 3 jurys (professionnel, presse et jeune) mais aussi par le public qui pourra voter à l’issue de chaque séance.
Voici les horaires des séances en compétition (+ la programmation dans son intégralité) :
Voici le détail des films projetés lors de la première compétition du festival, jeudi 13 avril à 21h. La billetterie est accessible sur place mais aussi en ligne (conditions tarifaires en bas de page).
Programmation
Lino d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux. Fiction – 28’ – France – Noodles Production – Sélectionné au Festival Côté Court 2022. En présence du réalisateur et du producteur Brice Ranvel
Côte atlantique, nuit du 31 décembre 2020. Un groupe de militaires est mobilisé suite à la découverte d’un obus sur la plage où ils attendent l’arrivée des démineurs. Parmi eux, Lino, un jeune soldat revenu d’une difficile mission à l’étranger semble ailleurs. Une intrusion soudaine va changer le cours de la nuit et celui de sa vie.
Écorchée de Joachim Hérissé. Animation – 15’ – France – Komadoli studio – Présélectionné au César du court-métrage d’animation 2023. En présence du réalisateur
Dans une vieille bâtisse perdue au milieu des marécages, vivent deux étranges femmes, siamoises par une jambe. La nuit, l’Écorchée fait de terrifiants cauchemars où elle voit les chairs de sa sœur recouvrir son propre corps.
Ville éternelle de Garance Kim. Fiction – 20’ – France – Autoproduction – Grand Prix du Jury ex-aequo au Festival d’Angers 2023. En présence de la réalisatrice
Jour férié, au milieu du 77 : Lili attend un bus pour aller à l’aéroport. Elle croise Thibault, ancien camarade de collège dont elle n’a aucun souvenir. Le bus ne passe pas et elle décide d’y aller à pied. Thibault l’accompagne malgré elle. Ils vont alors se rerencontrer et se lier.
La Première de Nadav Lapid. Expérimental – 8’ – France – Furyo Films – Sélectionné au Festival de Locarno 2022. En présence du réalisateur et de la comédienne Naama Preis
Quelque part dans le futur, une star se réveille le jour de sa fête, sa première à l’illustre festival. De la grandeur de l’écran ne reste que le petit téléphone. On peut donc faire un baiser d’adieu.
Sami la fugue de Vincent Tricon. Fiction – 25’ – France – Barney Production – Présélectionné au César du court-métrage de fiction 2023. En présence du réalisateur
C’est l’hiver en Franche-Comté. Sami est interné en centre psychiatrique. Un jour de visite, sa mère et sa petite sœur lui apprennent que leur cheval est mort.
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Billetterie relative à cette séance sur place et en ligne (pour les autres séances, rdv ici)
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Lors de la 45ème édition du Festival de Films de Femmes, tenu à Créteil, l’invitée d’honneur Agnès Jaoui, scénariste, actrice et réalisatrice, a donné une masterclass devant un public enjoué. À cette occasion, l’artiste récompensée est revenue sur son parcours et a évoqué la création dans l’industrie cinématographique en tant que femme.
Format Court : Est-ce la première fois que vous venez au Festival de Film de Femmes ? Que pensez vous d’un dispositif dédié au cinéma fait par des femmes ?
Agnès Jaoui : Non, ce n’est pas la première fois, j’étais déjà venue il y a quelques années pour présenter Aurore (de Blandine Lenoir, 2016). Je pense que ce genre de dispositif est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, mais je crois que dans l’idéal, ce festival, aussi bien soit-il, aura vocation à disparaitre. C’est parce que le cinéma féminin est invisibilisé qu’il est nécessaire aujourd’hui de prendre ce genre de mesure. Vous savez, je n’étais pas pour ce genre d’initiatives en premier lieu, mais en voyant que les choses ne changeaient pas, j’ai compris que c’était nécessaire.
Pensez-vous qu’il y a un problème de représentation dans l’industrie ?
A.J. : Oui, c’est sûr. Les chiffres sont parfois affligeants. Il y a des festivals où le jury est entièrement masculin et ce n’est qu’une fois qu’on le fait remarquer que les organisateurs s’en rendent compte. Mais évidemment c’est le principe du privilège : ne pas savoir qu’on en a. Sauf quand on nous l’enlève (rires) ! Par exemple, j’ai été frappée par la liste de noms des réalisateurs qui ont marqué le septième art qu’on projette à l’ouverture du Festival de Cannes. Il n’y avait qu’un ou deux noms de femmes sur des dizaines d’hommes cités. Je me suis alors rendue compte de l’invisibilisation des réalisatrices, qui sont pourtant là. Il y a plein de grands films fait s par des femmes mais dont on ne parle pas ou peu.
Pensez-vous qu’il existe un cinéma féminin ?
A.J. : Non, je n’aime pas beaucoup cette dénomination. Je crois que c’est assez enfermant de croire que toutes les femmes font la même chose ou qu’il y a des sujets réservés. Premièrement, un.e bon(ne) réalisateur.ice arrive toujours à donner une dimension universelle à ce qu’il/ elle raconte. Et puis je crois que c’est trop simplifié de considérer que si c’est une femme qui fait le film, il sera forcément progressiste. Il y a des hommes qui écrivent magnifiquement bien leurs personnages féminins et il y a des femmes misogynes qui auront complètement intégré les codes patriarcaux.
« Le Goût des autres »
Avez-vous rencontré des difficultés à faire produire vos films, en tant que réalisatrice ?
A.J. : Pas vraiment en tant que femme non. J’ai eu la chance, que je ne comprends toujours pas d’ailleurs, d’avoir eu énormément d’argent pour mon premier film (Le Goût des autres) mais je ressens qu’il y en a moins d’année en année. Il n’y a presque plus de fonds pour les films d’auteurs. Bien sûr, c’est dû à l’émergence des nouvelles plateformes. Les gens ne se rendent peut être pas compte, d’un point de vue extérieur, parce qu’il y a de super séries qui sont faites mais l’industrie est vraiment menacée.
Vous êtes metteuse en scène, scénariste, réalisatrice, actrice et chanteuse. Pourquoi avoir autant de casquettes ?
A.J. : À mon sens c’est parce que j’ai eu très tôt le besoin de m’exprimer, par tous les moyens. J’ai vite compris que notre passage sur terre était court, même très bref, et j’ai cherché à laisser une trace d’une manière ou d’une autre. Quand j’étais petite, je tenais un journal, j’avais été très marquée par la visite de la maison d’Anne Frank voyez-vous, et je me disais que si je ne faisais rien de ma vie qui soit remarquable, il y aurait toujours ce journal pour garantir ma postérité (rires) !
Quels sont les thèmes récurrents de vos films, les sujets qui vous obsèdent ?
A.J. : Je crois que presque tous nos films (avec Jean-Pierre Bacri) étaient sur le changement, la capacité ou l’incapacité à changer. J’aime aussi parler de la famille, d’une manière générale, je m’intéresse aux gens. Je me suis beaucoup analysé et c’est en partant de ça que je me suis intéressé aux gens, peut-être que voir leurs défauts me rassure sur les miens (rires) !
Vous vous intéressez à l’importance du rythme dans le jeu à propos de la comédie. Pensez-vous que cette nécessité est restreinte à ce genre là ?
A.J. : Non, pas du tout. Tout est une question de rythme. Il y a des comédies dans lesquelles on se fait chier au bout de 10 minutes et des films sérieux très longs dans lesquels il ne se passe pas grand-chose et pourtant, on ne voit pas le temps passer. Je me rends compte que la musique et la pratique du chant m’ont permis de développer un sens du rythme et une vraie attention aux sons. Il y a des sons qui relèvent du détail dans une mise en scène mais qui peuvent beaucoup me perturber. Par exemple, il y avait une sonnette sur un tournage qui devait tenir lieu de sonnette de maison et le son qui en sortait me semblait complètement artificiel, pas du tout réaliste, et je n’arrêtais pas de le faire remarquer mais personne ne semblait voir de problème (rires) !
Comment s’est passée la réalisation de votre premier film Le Goût des autres (2000) ?
A.J. : Le premier tournage en tant que réalisatrice a été très intense. Premièrement, le processus est très fatiguant, et puis je me suis trouvée un peu dépassée car le film avait une certaine ampleur, il y avait beaucoup d’argent en jeu. Mais tout s’est bien passé parce que j’avais bien choisi mon équipe. Je m’étais entourée de personnes avec qui je m’entendais bien, ce qui a facilité mon travail de direction.
Avez-vous l’impression que votre pratique du jeu vous fait diriger autrement les acteurs ?
A.J: Oui je pense que ça change beaucoup de choses. On est forcément plus compréhensifs et attentifs aux acteurs.ices. Je crois même que tous les réalisateurs.ices devraient avoir expérimenté un peu de tous les corps de métiers auxquels ils sont confrontés sur un plateau. Il faudrait que chacun expérimente ce que fait l’autre ne serait-ce qu’une journée, à mon sens c’est vraiment nécessaire.
Le fait que vous soyez passé à la réalisation après avoir commencé le jeu très tôt, est-ce que cela traduit une envie de contrôle ? Une envie de se donner le rôle qu’on nous a pas écrit, par exemple ?
A.J. : Oui, tout à fait. Comme je l’ai dit, j’avais besoin de m’exprimer par tous les moyens donc multiplier les supports m’a paru naturel. Mais il est vrai que du point de vue des rôles donnés aux femmes au cinéma, on est encore surpris de voir le nombre de films qui ne passent pas le test de Bechdel. Il y a peu de rôles féminins approfondis et qui ne tournent pas autour de la séduction. L’impératif de la séduction est quelque chose que j’ai ressenti au théâtre aussi. On demandait aux actrices de prendre des voix caressantes par exemple. J’ai le sentiment d’avoir un peu échappé à tous les rôles très sexualisants dans lesquels certaines de mes amies ont été enfermées. Peut-être que je n’avais pas le je-ne-sais-quoi qu’il fallait, mais cela m’a permis d’être autre chose.
Ça y est ! Voici le détail des séances de courts-métrages qui seront diffusés dans le cadre du Festival Format Court 2023. Les projections auront lieu au Studio des Ursulines (Paris 5e) du jeudi 13 avril au dimanche 16 avril, en présence d’une cinquantaine d’invités (jurys & équipes).
Consultez le programme de l’événement disponible en ligne. Découvrez près de 30 pages détaillant l’intégralité de la programmation du festival pour repérer, en un coup d’œil, les séances à ne pas manquer.
4 programmes en compétition ainsi que 3 séances thématiques composent cette quatrième édition parrainée par Bastien Bouillon. Une soirée d’annonce du palmarès et une projection d’une sélection de films récompensés ponctueront le festival.
Toutes les informations relatives à cette semaine de festival (programmes, infos) seront publiées régulièrement sur nos réseaux sociaux.
Partir un jour d’Amélie Bonnin, fiction – 24’ – France – Topshot Films – César du meilleur court-métrage de fiction 2023
Moha de Bastien Bouillon, fiction – 21’ – France – Topshot Films – Prix du Jury, Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec 2021. En présence du réalisateur
Jeudi 19 de Raphaël Holt, fiction – 9’ – France – ENS Louis-Lumière – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2012
Jour et nuit de Mélanie Matranga, fiction – 13’ – France – Misia Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2021. En présence de la réalisatrice et de la productrice Violeta Kreimer
Hors-saison de Francescu Artily, fiction – 14’ – France – Mouvement – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2023. En présence du réalisateur
Lino d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux, fiction – 28’ – France – Noodles Production – Sélectionné au Festival Côté Court 2022. En présence du réalisateur et du producteur Brice Ranvel
Écorchée de Joachim Hérissé, animation – 15’ – France – Komadoli studio – Présélectionné au César du court-métrage d’animation 2023. En présence du réalisateur
Ville éternelle de Garance Kim, fiction – 20’ – France – Autoproduction – Grand Prix du Jury ex-aequo au Festival d’Angers 2023.En présence de la réalisatrice
La Première de Nadav Lapid, expérimental – 8’ – France – Furyo Films – Sélectionné au Festival de Locarno 2022.En présence du réalisateur et de la comédienne Naama Preis
Sami la fugue de Vincent Tricon, fiction – 25’ – France – Barney Production – Présélectionné au César du court-métrage de fiction 2023. En présence du réalisateur
En présence de Ludivine Sagnier, comédienne et Présidente du fonds court-métrage (2018-2022), de Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la culture et de la ville du quart d’heure, et d’Aurélie Filippetti, Directrice des affaires culturelles de la Ville de Paris
L’Endroit idéal de Brigitte Sy, fiction – 30’ – France – Mezzanine Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2009. En présence de la réalisatrice
Le Repas dominical de Céline Devaux, animation – 14’ – France– Sacrebleu Productions – César du meilleur court-métrage d’animation 2016
L’Attraction des astres de Aurélia Morali, fiction – 20’ – France– Pitchaya Films, Elinka Films. En présence de la réalisatrice
Sur la tombe de mon père de Jawahine Zentar, fiction – 24’ – Maroc, France– offshore, Mont Fleuri Production – Grand Prix au Red Sea Film Festival 2022. En présence de la réalisatrice
Masques d’Olivier Smolders, documentaire – 23’ – Belgique – Le Scarabée ASBL – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2022
Tête de brique d’Alexis Manenti, fiction – 22’ – France – Artisans du Film – Sélectionné au Festival de Gand 2022. En présence du réalisateur
Ne pleure pas Halima de Sarah Bouzi, fiction – 15’ – France – Autoproduction – Grand Prix du Jury ex-aequo Festival d’Angers 2023.En présence de la réalisatrice et de la productrice Johanna Makabi
Riad de Yann Verburgh, fiction – 14’ – France – Apaches Films – Sélectionné à Un Festival C’est Trop Court (Nice) 2022
Sèt Lam de Vincent Fontano, fiction – 23’ – France – Dobro Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2023. En présence du producteur Martin Mauvoisin
En présence d’Anna Henckel-Donnersmarck, responsable de Berlinale Shorts
« Les Chenilles » de Michelle Keserwany et Noel Keserwany
One Thousand and One Attempts to Be an Ocean de Yuyan Wang, documentaire, expérimental – 11’ – France – Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains – Sélectionné en compétition internationale à la Berlinale en 2021
Easter eggs de Nicolas Keppens, animation – 14’ – Belgique, France, Pays-Bas – Animal Tank, Miyu Productions, Ka-Ching Cartoons– Présélectionné au César du meilleur court-métrage d’animation 2022
Jill, Uncredited d’Anthony Ing, documentaire – 18’ – Royaume-Uni, Canada– Loop – Sélectionné à la Berlinale 2023. En présence du réalisateur
Les Chenilles de Michelle Keserwany et Noel Keserwany, fiction – 30’ – France – Dewberries Films, La Biennale de Lyon – Ours d’or du meilleur court-métrage à la Berlinale 2023. En présence de Michelle Keserwany et de la productrice Marine Vaillant
« La Vie sexuelle de mamie » d’Urška Djukić et Émilie Pigeard
Rapide de Paul Rigoux, fiction – 24’ – France – Le GREC – Prix du Public au Festival d’Angers 2023. En présence du réalisateur et des comédiens Edouard Sulpice, Mélodie Adda et Abraham Wapler
Binge loving de Thomas Deknop, fiction – 22’ – Belgique – DENZZO – Sélectionné au Palm Springs ShortFest 2022. En présence du réalisateur
Snow in september de Lkhagvadulam Purev-Ochir, fiction – 19’ – France, Mongolie – Aurora Films, Guru Media – Prix du meilleur court-métrage aux festivals de Venise et de Toronto 2022. En présence de la productrice Katia Khazak
Brandon Roi de Romain Jaccoud, fiction – 15’ – Suisse – Autoproduction – Sélectionné au Festival de Locarno 2022. En présence du réalisateur
La Vie sexuelle de mamie d’Urška Djukić et Émilie Pigeard, animation – 14’ – France, Slovénie – Ikki Films, Studio Virc – César du meilleur court-métrage d’animation 2023. En présence de la réalisatrice Émilie Pigeard
Aaaah ! d’Osman Cerfon, animation – 4’ – France – Miyu Productions – Sélectionné au Festival de Berlin (Génération) et à Clermont-Ferrand 2023
Maria Schneider, 1983 d’Elisabeth Subrin, documentaire – 24’ – France – 5A7 Films – César du meilleur court-métrage documentaire 2023. En présence de la productrice Helen Olive
Scale de Joseph Pierce, animation – 15’ – France, Angleterre – Melocoton Films, Bridge Way Films, endorfilm, Ozú Productions – Sélectionné à la Semaine de la Critique2022
Trois Grains de gros sels d’Ingrid Chikhaoui, fiction – 26’ – France – Les Films Norfolk – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2022. En présence de la réalisatrice
Les Grandes vacances de Valentine Cadic, fiction – 25’ – France – Les Filmeuses – Présélectionné au César du court-métrage de fiction 2023. En présence de la réalisatrice
Soirée Palmarès, remise des prix par les jurys et projection d’une sélection des courts primés, dimanche 16 avril, 19h. Séance gratuite !
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Billetterie sur place et en ligne
– Tarifs : plein tarif : 8,50€, tarif réduit : 6,80€, – de 15 ans : 5€. Cartes UGC Illimité et cartes de fidélité des Cinémas Indépendants parisiens acceptées. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place (frais de gestion)
Enfin ! Des mois ont passé et nous voici enfin prêts – et impatients – à vous retrouver en salle pour la quatrième édition du Festival Format Court, organisé du jeudi 13 au dimanche 16 avril prochain au Studio des Ursulines (Paris, 5e). Cette année encore, l’on portera aux nues le court dans toute sa diversité ; de l’animation à l’expérimental en passant par la fiction et le documentaire. Le court se décline et ne se ressemble jamais. Le détail de notre programmation 2023 est à retrouver sur notre site et nos réseaux. D’ores et déjà, vous pouvez bloquer nos dates dans votre agenda et venir très nombreux, nombreuses !
* Coup d’envoi ce jeudi 13 avril à 19h au Studio des Ursulines (Paris 5e) pour la soirée d’ouverture en compagnie de l’acteur et réalisateur Bastien Bouillon, parrain de l’édition 2023 ! Aperçu dans La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli, Le Beau Monde de Julie Lopes-Curval, Jumbo de Zoé Wittock, Debout sur la montagne de Sébastien Betbéder, il travaille également plusieurs fois avec Dominik Moll, dans Seules les bêtes en 2019, puis pour le rôle principal de La Nuit du 12, rôle pour lequel il a obtenu récemment le César du meilleur espoir masculin. Habitué du court-métrage, il a réalisé en 2020 son premier court-métrage, Moha.
Partir un jour d’Amélie Bonnin. Fiction – 24’ – France – Topshot Films – César du meilleur court-métrage de fiction 2023. Prix du Jury, Festival du film franco-arbe de Noisy-le-Sec 2021
Le bac en poche, Julien a quitté sa ville natale pour se construire une vie plus grande à la capitale, laissant ses souvenirs derrière lui. Et puis un jour, il faut revenir, et ce jour-là ses souvenirs lui sautent au visage, entre deux paquets de pépitos.
Moha de Bastien Bouillon. Fiction – 21’ – France – Topshot Films – En présence du réalisateur
Moha et Lucie ont vécu un grand amour. Aujourd’hui, ils sont séparés. Moha ne sait pas comment survivre à cette rupture. Parfois, il suit Lucie, qui a rencontré Martin.
Jeudi 19 de Raphaël Holt. Fiction – 9’ – France – ENS Louis-Lumière – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2012
C’est son anniversaire, vingt-trois ans, Bastien a le cafard. Il est passé se changer dans l’appartement où il vit avec sa grand-mère, Martine. Il semble qu’elle cache quelque chose, elle tourne en rond dans le petit appartement parisien. Bastien se referme, travaillé par ses soupçons sur une lettre qui lui était adressée dans une enveloppe sans timbre. Une lettre qui pourrait réouvrir des blessures et déverser les torrents du passé.
Jour et nuit de Mélanie Matranga. Fiction – 13’ – France – Misia Films – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2021. En présence de la réalisatrice et de la productrice Violeta Kreimer
Quatre jeunes gens, Bastien, Théo, Jeanne et Han, se retrouvent dans un restaurant chinois. Jeanne parle beaucoup, surtout d’elle, Han, jeune immigrée chinoise, cherche encore un endroit où dormir, mais n’en laisse rien paraître. Les deux garçons se toisent, observent les filles…
Hors-saison de Francescu Artily. Fiction – 14’ – France – Mouvement – Sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand 2023. En présence du réalisateur
Un caméraman réalise des images de cartes postales pour le compte d’une société de production audiovisuelle. Abîmé par son absence de désir dans le vide d’une routine tenace, il traverse en solitaire des paysages à la recherche du meilleur panorama. Un voyage où l’image se transforme en protagoniste d’une quête existentielle.
En pratique
– Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
– Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), Bus 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche : Ligne 7, arrêt Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…)
– Billetterie sur place et en ligne
– Tarif plein : 8.50€, tarif réduit : 7€ Carte UGC illimité,carte des Cinémas Indépendants Parisiens + toutes les contremarques acceptées par le cinéma. Achats en ligne majorés de 0,40€ par place
Après avoir annoncé la semaine passée le Jury professionnel de notre festival (13-16 avril, Studio des Ursulines), voici la composition de notre Jury presse qui aura pour mission de décerner le Prix de la presse à l’un des films en compétition.
Ex-rédactrice en cheffe de la rubrique cinéma de Maze.fr, Diane Lestage est journaliste et critique pour Maze et FrenchMania. Membre du Syndicat de la critique de cinéma, elle est animée par l’émergence artistique et s’intéresse de près aux premiers films et à celle.eux qui les font.
Raphaël Clairefond est rédacteur en chef du magazine SOFILM, pour lequel il travaille depuis sa création en 2012. En 2017, il coécrit De sas en sas, premier long-métrage de Rachida Brakni (Capricci production/distribution). Il est également coauteur de Un détective à Hollywood, documentaire 26′ réalisé par Marc Cortès (diffusion Ciné+) et participe au comité court-métrage de la Mairie de Paris.
Marie Misset a commencé sa carrière en 2008 à Radio Nova où elle a présenté plusieurs émissions autour de la culture, du futur et des nouvelles technologies entre 2012 et 2019 avant d’en prendre la direction en chef en 2019. Elle a également participé et réalisé la revue de presse dans la matinale d’Edouard Baer Plus près de toi en 2016 et 2017.
De 2018 à 2021, elle a repris la présentation et l’animation du podcast Vieille Branche où elle s’entretenait avec des personnes âgées et reconnues dans leur domaine pour évoquer avec eux leur parcours et leur rapport à la vieillesse. Depuis août 2021, elle est directrice de la rédaction de Konbini.
David Bola est journaliste, producteur et animateur à Radio Nova, il prend l’antenne chaque jour de la semaine de 9h à 12h dans Alpha Beta Nova et signe l’émission documentaire hebdomadaire La Traque, réalisée par Melvin Schlemer, qui examine les lieux qui ont accompagné l’histoire de la musique.
Après des études de cinéma et de journalisme culturel à Paris 3, Quentin Grosset devient journaliste à Trois Couleurs, le mensuel de cinéma édité par mk2, et pige à TRAX, biannuel nuits et cultures alternatives.
La 95ème cérémonie des Oscars a eu lieu cette nuit. Sur les 15 titres retenus en fiction, animation et documentaire, 3 courts-métrages ont été distingués par l’Académie.
Oscar du meilleur court-métrage de fiction : An Irish Goodbye de Tom Berkeley et Ross White (Irlande)
Oscar du Meilleur court-métrage documentaire : The Elephant Whisperers de Kartiki Gonsalves (Inde, Etats-Unis)
Oscar du Meilleur court métrage d’animation : The Boy, the Mole, the Fox and the Horse de Peter Baynton et Charlie Mackesy (Royaume-Uni)
Mention Spéciale à Berlin 2023, It’s a Date est un film ukrainien de 5 minutes. Tourné à Kiev dans des conditions particulières, il s’inspire du court C’était un rendez-vous de Claude Lelouch, tout en s’ancrant dans l’actualité de la guerre. Sa réalisatrice Nadia Parfan vient du documentaire, son film raconte en quelques minutes le chemin parcouru en moto d’une femme cherchant à retrouver son amoureuse, à travers la ville et malgré le conflit, dans l’urgence du présent et l’incertitude du lendemain. Lors de notre échange, Nadia Parfan, évoque sa responsabilité de cinéaste en temps de guerre et son travail de programmatrice en ligne.
Format Court : Le court-métrage de Claude Lelouch s’appelle C’était un rendez-vous, il se conjugue à l’imparfait, et le tien, It’s a Date, est actuel. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le film de Lelouch et donné envie de lui rendre hommage ?
Nadia Parfan : Son film date de 1976. Quand je l’ai vu pour la première fois il y a longtemps, je l’ai juste aimé, il m’a beaucoup impressionnée. Après, quelque chose s’est passé : mon mari et producteur Ilia (Gladshtein) a acheté une motocyclette. Moi, je ne conduis pas, je n’ai pas mon permis. Un jour qu’il conduisait, en étant sur le siège passager, j’ai observé la ville et l’expérience était magnifique, très cinématographique et très novatrice. A moto, on est au centre de la route et on n’a pas de cadre. Dans une voiture, on a les fenêtres, mais à deux roues, c’est comme une immersion à 360º dans la ville.
J’ai toujours aimé Kiev, c’est ma ville, mais j’ai vu sa beauté d’une façon très spéciale en étant à moto. J’étais vraiment impressionnée, c’était comme aller au cinéma, et j’ai commencé à y penser il y a 6 ans. Je me suis souvenue du film de Lelouch. J’ai commencé à me dire que je voulais filmer une histoire du même genre à Kiev. J’ai parlé à tous les techniciens que je connaissais, mais il est devenu vraiment compliqué de tourner un film de ce genre en Ukraine. Quand l’invasion à grande échelle, ce qu’on appelle « la grande guerre » a commencé, je me suis rendue compte que peut-être il n’y aura plus de films en Ukraine, Peut-être que je ne pourrai plus tourner, que je devrai devenir soldate, infirmière, ou faire quelque chose de complètement différent. Avant ça, je voulais vraiment réaliser ce film car c’était mon rêve. J’ai réévalué mon rapport avec Kiev qui était quasiment occupée. On pouvait la perdre. Cette ville est très importante pour moi, mon premier tatouage (elle montre son bras) lui est dédié. Je me suis rendue compte que j’étais très enracinée dans cet espace. C’est de là que vient mon inspiration du film de Lelouch.
« C’était un rendez-vous »
Son film est tourné dans un Paris vide, très tôt le matin. Connaissais-tu ses conditions de tournage ?
N.P. : Je connais très bien le film, je l’ai étudié très attentivement ! Un documentaire a été fait dessus. Je pense que toute mon équipe sait exactement comment Lelouch a fait le son, comment il a conduit, quelle caméra il a utilisée. Nous avons fait des recherches. Il conduisait lui-même une voiture de sport. Je crois qu’il a eu une amende pour excès de vitesse, il était censé aller en prison parce qu’il avait enfreint les règles, mais le policier l’a reconnu, il était déjà célèbre à l’époque, et il n’a pas été inquiété.
Est-ce que cette idée d’enfreindre les règles est quelque chose qui résonne en toi ?
N.P. : Pas exactement. Nous aussi, on a enfreint les règles, ce n’était pas complètement légal de tourner mais pour notre film, on a dû collaborer avec la police. Nous ne l’avons pas fait dans son intégralité mais des policiers nous ont aidés et quelques routes ont été bloquées pour le tournage. Pour moi, le film de Lelouch est un classique du XXème siècle sur un homme très masculin, aventureux, pressé, attendu par une belle blonde. Mon film remet en question cette envie parce qu’aujourd’hui, les gens qui sont en guerre et entre la vie et la mort n’ont pas la possibilité de sortir avec leurs amoureux.ses. Ils ne se voient pas depuis des mois, une année et le principe de la rencontre est très important. Ils ont très peu de temps aussi. La guerre fonctionne à différents niveaux et elle vole ton temps, elle vole ta vie. Un rendez-vous normal entre un homme et une femme à Paris, c’est une chose. Mais il faut imaginer la précipitation qu’il peut y avoir en Ukraine, spécialement pour des rendez-vous entre personnes queer qui sont sur la ligne de front, comme je le montre dans mon film. Pour moi, c’était ça le sujet et pas la question de la conduite vu que je ne conduis même pas.
Concrètement, nous avons commencé à faire beaucoup d’essais et de répétitions à « l’heure bleue », une heure très spécifique à l’aube. C’était vraiment compliqué parce qu’on est dans un contexte de guerre, on a un couvre-feu, on ne peut pas être dans la rue entre 23h et 5h. On devait donc se réveiller pile à l’heure, pas plus tôt parce que ce n’est pas autorisé, et pas plus tard à cause de la lumière et de la circulation. Nous ne pouvions pas bloquer les routes pendant le temps nécessaire du tournage. J’ai passé un mois entier à me réveiller très tôt le matin pour faire des essais. On a testé la route, la caméra, les objectifs, les axes, la vitesse, les intersections,… Ca a représenté beaucoup de préparation pour un film de 5 minutes !
« It’s a Date »
Dans ton film, on voit Kiev. Ca fait du bien de voir la ville.
N.P. : Oui. Paris est un point de repère. Tout le monde en Ukraine sait à quoi ressemble Paris. Avant même d’y aller, les gens connaissent la ville grâce au cinéma. Je pense que Kiev est aussi une ville très charismatique avec un charme à part. La ville est magnifique et mérite d’être montrée à l’écran, c’était ça mon intention en montrant, sur le passage de la moto, les églises, le paysage, les collines verdoyantes.
Comment la culture continue-t-elle d’exister, de rester vivante dans le pays ?
N.P. : En 2014, au moment de la Révolution, les gens ont perdu la vie au nom de la démocratie. Nous sommes une jeune nation et nous avons dû nous battre pour notre identité, menacée. Après 2014, la culture ukrainienne a commencé à s’épanouir. Nous avons eu beaucoup de nouvelles productions cinématographiques brillantes, c’était à la hausse jusqu’à l’invasion. Malheureusement, la production elle-même s’est arrêtée, mais certains films qui ont été produits plus tôt sortent maintenant, alors nous continuons à nous nourrir des années précédentes. Il y a des films ukrainiens à Cannes, distribués en France, ce qui est important car la France est un acteur important. Ce qui se passe maintenant, c’est que les grandes productions de films de fiction se sont arrêtées. Des productions indépendantes à plus petite échelle continuent toujours, comme des courts-métrages et des documentaires, ce qui est naturel car nous avons devant nous des histoires qui se déroulent mais que nous ne pouvons pas scénariser.
Il est très important pour nous, en tant que programmateurs, de montrer des films, de vivre une vie normale et de donner aux gens la possibilité de faire la même chose. Tout ce qui est normal, tout ce qui est décent est une victoire. Les Russes veulent que nous mourions, que nous souffrions, mais aussi que nous n’ayons pas une vie normale. L’Ukraine est un pays, traversé par la culture, plein de hipsters, d’amateurs de musique et de cinéma. Quand les cinémas ont rouvert en mai-juin, trois mois après l’invasion, après le départ des troupes russes et que nous nous sommes stabilisés, ça a été une bénédiction. Les gens étaient si heureux de se retrouver. Je pense que c’était un peu similaire à l’expérience post-Covid, mais en Ukraine ça n’a pas été si dur, les gens n’ont jamais été tant isolés que ça.
Nous voyons donc cela comme notre mission de montrer des films et de fournir un espace pour que les gens réfléchissent, se rassemblent. Cela a eu un effet cathartique d’autant plus que c’était une période très difficile et stressante pour tout le monde.
Où projetez-vous ces films ?
N.P. : Actuellement, je suis chargée du cinéma en ligne Takflix. C’est la plus grande collection de films ukrainiens. Nous ne programmons que des films à valeur artistique, pas des films commerciaux.
Tu parlais de catharsis collective.
N.P. : Ilia a un petit cinéma à Kiev qui s’appelle Kino42. Parfois, on fait appel à des programmateurs. On organise des événements ensemble à Kiev et dans d’autres villes. Les salles indépendantes fonctionnent en capacité réduite. Elles s’adaptent à la réalité, aux coupures d’électricité. Dans le cinéma de Llia, il y a des groupes électrogènes, les films ne s’arrêtent donc pas pendant les ruptures de courant. Le lieu est au sous-sol, il fonctionne comme un abri. C’est un espace sécurisé. C’est incroyable parce qu’on est dans un espace où les missiles russes ne nous frappent pas. On a de l’énergie électrique et on peut voir de beaux films. On peut avoir un rencard, rencontrer des gens… Plusieurs militaires, notamment certains de mes amis qui sont sur la ligne de front à des postes très durs, me disent : « La première chose que je ferai quand je serai à Kiev, c’est d’aller dans ton cinéma et de regarder un film ». Je leur réponds qu’ils sont les bienvenus et ils viennent !
Tu évoques les histoires inspirées par le réel. En même temps, quand on est englué dans un moment difficile comme une guerre, c’est nécessaire de s’éloigner. Ce n’est pas si simple de tourner comme ça, de créer une histoire, d’avoir un point de vue, une certaine distance avec son sujet.
N.P. : Je ne peux parler que de mon point de vue. Les gens ont des approches différentes à ce sujet. Pour moi, c’est très difficile de faire des films en temps de guerre parce que tu es complètement éloignée et affectée par tout ce qui se passe. Pour réaliser, il faut être calme et stable, mais tu es tellement perturbée que tu n’arrives pas à faire quoi que ce soit. Etrangement, j’ai fait un rêve prophétique où une force étrange m’a envoyé un film qui s’appelle I Did Not Want to Make A War Film. Ca a été thérapeutique pour moi de faire ce film et d’acquérir cette distance à travers les objectifs de la caméra. C’est un film très intime, un journal, le genre de film que je ne ferais jamais. Avant la guerre, je me serais dit : « Quoi ? Un film portrait, un journal intime ? Tu n’es pas une réalisatrice ? Fais quelque chose de plus fort ». Je me suis en fait rendue compte que la guerre ne te donne pas le choix, alors je me suis sentie dans l’obligation de faire ce film. J’ai choisi de faire un film très intime et, à travers cette expérience, j’ai voulu raconter quelque chose d’universel sur la façon dont la guerre influence ton quotidien. C’était cela mon choix – les histoires personnelles – parce que cela touche tout le monde. Il n’y a personne en Ukraine qui n’est pas affecté par cette guerre. Je voulais le montrer avec mes merveilleux collègues qui font des films magnifiques. Beaucoup de monde filmait déjà avant le 24 février (2022, le début de l’offensive russe en Ukraine), mais la guerre a dramatiquement changé les récits. Au début, tu es choquée et stressée, mais, en tant que cinéaste, c’est ton instinct et aussi ta mission de documenter cette réalité parce qu’il faut témoigner des crimes de guerre. Il y a beaucoup de propagande russe qui est très sophistiquée, qui fonctionne auprès des intellectuels. Les Russes manipulent de façon extraordinaire, ils dépensent énormément d’argent dans ce but. Nous, les Ukrainiens, nous faisons beaucoup, mais parfois nous avons besoin du pouvoir de l’art pour raconter la vérité. C’est notre mission. C’est toujours difficile de garder l’équilibre, mentalement et physiquement. Je peux te dire que c’est un cauchemar d’organiser la production d’un film avec des coupures électriques.
Beaucoup de gens sont paralysés, beaucoup font du bénévolat comme personnel médical par exemple. Tout le monde a trouvé son chemin parce que ça fait un an maintenant que la guerre a débuté. Beaucoup de nos collègues sont partis à la guerre, quelques uns sont décédés. Viktor Onysko, un excellent monteur ukrainien, est mort, son surnom à l’armée était Tarantino. Le protagoniste de mon premier film est mort aussi. Ils ont défendu mon existence et aussi mon droit de faire des films, alors il faut que j’en fasse pour les honorer.
C’est la deuxième fois qu’Azadeh Moussavi a présenté l’un de ses courts-métrages au Festival de Clermont-Ferrand. 48 Hours date de 2022, The Visit a été réalisé en 2020. Cette cinéaste passée par le documentaire parle de ce qu’elle connaît : la prison, la séparation, la souffrance au sein d’une même famille. Ses films s’inspirent de sa vie et du passé de son père journaliste emprisonné en Iran quand elle n’était encore qu’une enfant. Au moment de notre rencontre, le cinéaste Jafar Panahi venait de commencer une grève de la faim (depuis, il a été libéré). De passage en France, Azadeh Moussavi défend comme son aîné la jeunesse, la société, les femmes et le courage.
Format Court : Tes films sont très autobiographiques..
Azadeh Moussavi : Mes films sont liés à moi. Quand j’avais 3 ans, mon père, qui était journaliste, est allé en prison à cause de ses articles. A ce moment-là, la situation en Iran était compliquée, il y avait beaucoup d’exécutions et un enfant qui commence à connaître ses parents sent des choses. Nous étions très inquiets pour mon père. Il a été en prison durant deux années mais, pour moi, ça n’a pas duré que ce temps-là car ça continue de nous impacter aujourd’hui. De mon ressenti, une personne allant en prison, surtout un prisonnier politique, ce n’est pas juste quelqu’un d’emprisonné. C’est toute une famille qui est impactée par cela. C’est le cas pour la nôtre. Par cela, j’avais envie de raconter cette situation qui me préoccupe et qui agit comme une thérapie. J’ai écrit trois histoires et j’ai réalisé pour l’instant les deux premières (The Visit et 48 Hours). La troisième suivra. Quand j’ai commencé à écrire le scénario de 48 Hours, je me suis demandé si je devais faire ce film car il s’agissait de mon histoire et qu’elle était liée à la révolution qui a fait de l’Iran une République islamique, je me suis dit que ça pouvait être un sujet déjà ancien. Je me suis rendue compte qu’il était encore très présent dans notre société iranienne.
Actuellement, ma génération parle de politique en souhaitant simplement une société libérée, mais nous sommes considérés comme des protagonistes sur le plan politique. Aujourd’hui, c’est la première fois que je participe à un festival international sans foulard et je ne sais pas si dès mon retour en Iran, j’aurais des problèmes à cause de ce geste social. Ça me rappelle la situation de mon père, je suis là pour agir et faire ma politique tout en risquant potentiellement des conséquences qui me porteront préjudice.
Avant 48 Hours, tu as réalisé The Visit. Dans ces deux films, on s’intéresse à un moment précis, presque ordinaire, d’une tranche de vie entre une mère et sa petite fille qui doivent faire face à l’incarcération de leur mari et père. Pourquoi ce choix de centrer le film autour de ce lien très fort ?
A.M. : La personnalité de ma mère était comme ça. Elle pensait que, quoiqu’il arrive, pour les enfants, tout devait être comme si de rien n’était. On pourrait la comparer aux personnages du film La vita è bella de Roberto Benigni qui se passe dans les camps mais où il s’agit de terrains de jeu pour l’enfant. Il y a des histoires, des choses qui arrivent dans notre vie et qui ont un impact très fort. La prison, pour moi, c’était cela. Mon père était en prison et il y a eu tellement de choses émotionnelles qui sont arrivées à notre famille, à moi-même et à ma mère, que ça perdure encore aujourd’hui.
« 48 Hours »
Dans quelle mesure cela peut encore avoir des conséquences ?
A.M. : Ma mère me dit à chaque fois : “on a commis des actes qui ont eu un impact sur notre vie; ton père est allé en prison, essaye de ne pas faire ce genre de choses”. Et si on me pose la question en tant qu’artiste vivant dans une société où la loi règne, on sait que si on commet un délit on peut aller en prison. En Iran, il n’y a pas de règles, on ne sait pas à quel moment on touche le gouvernement iranien et si c’est répréhensible ou non. En tant qu’artiste, je me pose tout le temps la question pour savoir si je peux faire ceci ou parler de cela car je n’ai pas envie de faire revivre la même chose à ma famille. C’est pour ça que c’est toujours là, avec moi.
Tu as fait du documentaire avant de réaliser des courts-métrages de fiction. Qu’est-ce que ce genre a pu t’apprendre, comment a-t-il formé ton regard ?
A.M. : Aujourd’hui, même si je fais de la fiction, toutes mes idées viennent du documentaire. C’est pour moi très important de garder ce lien avec la société et de me ressourcer dans des problématiques qui lui appartiennent. Je suis activiste bénévole dans plusieurs ONG et toutes mes histoires, mes écrits et mes réalisations, viennent d’histoires vraies. Je me sens toujours documentariste.
Est-ce que tu envisages de réaliser un long-métrage par la suite ? Est-ce que tu penses déjà à la manière dont tu pourrais récupérer des fonds pour le faire ?
A.M. : Oui, ça fait quelques années que j’envisage de faire deux scénarios de longs-métrages, mais je sais qu’aujourd’hui, en Iran, ce n’est pas possible car la situation de la société est très tendue. J’attends que ça se calme un peu. C’est pour ça que j’attends pour réaliser mes films, notamment ma troisième idée pour ma trilogie. Et pourquoi pas réaliser des documentaires jusqu’au moment où je pourrais constater que la situation est bonne pour réaliser mon film dans la continuité de mes courts-métrages.
Es-tu en contact avec la nouvelle génération qui souhaitent raconter la société iranienne d’aujourd’hui ou d’hier ?
A.M. : Je crois beaucoup en cette génération. C’est même elle qui a lancé le mouvement de “Femme, Vie, Liberté” en Iran. Ce sont des gens qui n’ont pas peur comme nous avons pu avoir peur. Je suis très optimiste pour l’avenir du cinéma et de la société iranienne. Il faut soutenir le cinéma indépendant iranien parce que le gouvernement met tout en œuvre pour étouffer les nouvelles voix.
« The Visit »
Est-ce que cet engagement n’est pas parfois trop lourd à porter au regard, par exemple, d’un Occidental qui peut t’identifier dès lors comme une porte-parole alors que ce n’est pas forcément ta revendication première ?
A.M. : Les revendications de la jeune génération en Iran, surtout vis-à-vis des femmes iraniennes, sont l’une de mes préoccupations. Mes films sont des préoccupations sur la société iranienne, c’est pour ça que je parle de ces sujets. Je pense que c’est le moment de dire ouvertement que ce sont des choses qui nous touchent et qu’on a envie d’en parler librement.
Tahereh Saeedi a récemment, dans une lettre destinée à son mari Jafar Panahi, témoigné de l’emprisonnement et de la difficulté de vivre la prison au quotidien. Comment as-tu accueilli cette lettre étant donné que tu traites d’aspects similaires dans ton cinéma ?
A.M. : Dans les deux films que j’ai pu faire, je n’ai jamais parlé directement de prisonniers mais de leurs familles, des femmes qui vivent avec eux. Cette lettre est bouleversante, c’est à ce moment-là qu’on voit la vie de ceux qui vivent avec les prisonniers, c’est un moyen de les mettre en lumière. J’ai toujours voulu faire des documentaires sur les gens qui sont en dehors des prisons, de m’intéresser à ceux qui sont impactés par ce départ-là.
La journaliste, ayant publié pour la première fois la photo de Mahsa Amini, et qui a par la suite déclenché le mouvement “Femme, Vie, Liberté”, est aujourd’hui en prison. Sa sœur jumelle, avec qui elle était très proche, est désormais un peu perdue dans la société et j’ai de ce fait l’envie de faire des films sur elle et cette situation. Le temps m’a manqué car tout va très vite lorsque quelqu’un est incarcéré, mais si je pouvais le faire je ne ferais que des documentaires sur ces gens-là.