Short Screens a le plaisir de vous annoncer une nouvelle séance de courts métrages sur grand écran ! Après une séance consacrée à l’amour en août, nous vous proposons une nouvelle programmation éclectique, avec des films d’hier et d’aujourd’hui, fruits de la créativité d’auteurs belges et étrangers. Rendez-vous ce 26 septembre à 19h30, au Cinéma Aventure, au 57 Galerie du Centre à 1000 Bruxelles. PAF 6€.
Programmation
AVANT QUE DE TOUT PERDRE Xavier Legrand France/2012/fiction/30’
Julien a dix ans. Il fait mine de se rendre à l’école mais se cache sous un pont, son cartable rempli de vêtements. À quelques kilomètres, Joséphine, 15 ans, fait de même et attend le bus.
OPALE PLAGE Marie-Eve De Grave Belgique/2010/fiction/18’
Une mère et ses deux filles sillonnent les rivages du Nord à la recherche d’une plage où l’aînée a laissé ses meilleurs souvenirs.
THE BOY WHO WANTED TO BE A LION Alois Di Leo Royaume-Uni/2009/animation/8’
Max est un garçon sourd de 7 ans qui a grandi dans les années 60. Un jour, il part visiter un zoo avec son école, où il voit un lion pour la première fois. Un sentiment commence à naître, qui va lui changer sa vie à jamais.
AMAR Andrew Hinton Inde/Royaume-Uni/2011/documentaire/9’45’’
Amar a 14 ans et est le premier de sa clase. Un jour, il aimerait devenir joueur professionnel de cricket mais pour l’heure il travaille 6 jours et demi par semaine, cumule deux boulots tout en allant à l’école les après-midis. Un voyage à travers sa vie quotidienne.
NITRO NICKY Marco Laguna Belgique/1997/fiction/7’17’’
Quand Nitro Nicky, The Queen of Speed se met sur la route de Johnny, dit The King…
Au Mali, dans un restaurant, Abdu, le joueur de N’Goni fait la connaissance de Bakari, un jeune serveur. Abdu veut passer la frontière pour partir faire carrière en Europe avec sa musique. Bakari voudrait le suivre mais se sent « coincé ici… ».
Le Festival Off-Courts de Trouville qui vient de se terminer vendredi a un côté « double-face » assez étonnant qui en fait un rendez-vous unique parmi la longue liste de festivals français. La preuve par deux.
Le Labo de création : les Kino
Si vous ne vous êtes jamais rendus à Trouville, en réalité, vous ne pouvez vous rendre compte de l’ébullition qu’il s’y passe. Les gens qu’on y croise ne sont pas ceux que l’on rencontre habituellement dans les autres festivals. Tout simplement parce que là-bas, on pense, on fabrique, on agit… en d’autres termes, on créé sur place.
Off-Courts existe depuis 14 ans et cela fait 11 ans que le Labo Kino y prend ses aises. Le principe : une équipe de professionnels de l’audiovisuel (ou non) se forme, elle développe une histoire et a 48 heures pour faire un film de 5 minutes maximum qui sera projeté dans la foulée, au Kino Kabaret.
D’après les « Kinoïtes » les plus assidus, Off-Courts n’est pas forcément le festival le plus spécialisé pour pratiquer le kino, le Canada, grand précurseur de ce courant, étant apparemment le haut lieu de ces rassemblements créatifs. Néanmoins, le festival de Trouville propose un fonctionnement assez intéressant qui attire chaque année plus d’adeptes. Certains viennent pour la première fois, d’autres ne loupent le festival sous aucun prétexte depuis le début des Labo Kino. Le rendez-vous est international : on y croise des participants de pas moins de 20 pays différents !
Tout est organisé de manière scrupuleuse et ce qui ressemble de loin à un jeu est réellement pris au sérieux par tous ceux qui y participent, aussi bien par le staff que par les apprentis-cinéastes. Après une réunion d’information où chacun parle de ce qu’il sait faire et propose ce qu’il souhaite faire, les équipes passent au « magasin » où ils empruntent du matériel réparti en trois départements : les caméras, la lumière et le son. Tout est à disposition des Kinoïtes pour réaliser leur film, grâce à des partenariats noués avec de nombreux prestataires. Pendant ce temps, les comédiens passent en loge pour être maquillés, habillés, voire totalement déguisés. Puis, les équipes partent tourner un peu partout dans la ville, en faisant parfois appel à la participation des commerçants ou en profitant simplement de la plage. Lorsque les rushes sont dans la boîte, elles s’empressent de se rendre à la salle de post-production où sont mis à leur disposition des ordinateurs pourvus du logiciel Adobe Première, des stations d’étalonnage et deux studios son afin de monter leur film dans les conditions les plus professionnelles possibles. Enfin, deux groupes de musique en résidence au festival (cette année, Groënland et Uberko) composent les bandes originales des films. Autrement dit, toutes les étapes de fabrication d’un film sont respectées et une fois terminés, les courts-métrages sont projetés lors des soirées Kino-Kabaret dans une ambiance des plus festives. L’animateur québécois de la soirée y est pour beaucoup, faisant sensation, vêtu d’un collant en lycra et d’une perruque blonde !
Bien évidemment, les films ont quelques faiblesses, dues en partie à leur fabrication dans l’ »urgence ». Mais il faut bien reconnaître que la plupart des résultats sont complètement bluffants. Ingéniosité, diversité, créativité et solidarité sont au rendez-vous pour près de 70 films réalisés sur une semaine de festival.
Les rencontres professionnelles
Il y a sept ans, Audrey Billard qui faisait alors plutôt partie de l’équipe d’organisation a décidé de créer un Marché du Film au festival. Off-Courts s’est donc ajouté aux quatre autres festivals (Clermont-Ferrand, Cannes, Brest et Aix-en-Provence) qui possèdent également un marché, ce qui a attiré de ce fait les professionnels à Trouville.
Comme dans la plupart des marchés, un catalogue des films, des postes de visionnage et une toute petite salle de projection sont mis à disposition des distributeurs et diffuseurs. L’originalité réside dans le fait que ce marché se situe, le temps du festival, dans la discothèque du Casino de Trouville !
Programmé à un moment stratégique dans l’année (pile 6 mois après/avant Clermont-Ferrand, le plus important), le Marché de Trouville remporte un succès auprès des professionnels. Côté acheteurs, on a ainsi pu recenser cette année la présence d’une dizaine de diffuseurs venus des quatre coins du monde, d’une dizaine de distributeurs principalement français et canadiens, de quelques responsables de nouveaux médias européens et des représentants des institutions françaises.
Autre rendez-vous professionnel à prendre en compte durant cette édition : une table ronde organisée autour des coproductions européennes et/ou francophones. Les intervenants tels qu’Alexandre Charlet (producteur aux Films du Cygne et président du Pôle courts-métrages chez Unifrance), Christophe Taudière (responsable des achats et pré-achats sur France 2), Valentine Roulet (responsable du Service de la création du CNC), Sandra Dahlie-Goyer (productrice et fondatrice du volet québécois d’Off-Courts) ont par conséquent débattu durant deux heures à propos des initiatives prises ou à prendre entre les acteurs des différents territoires pour faire face à l’augmentation des coûts et la baisse des financements.
Loin d’être dénuée d’intérêt, cette table ronde s’est centrée sur une problématique sur laquelle il est utile de se pencher à l’heure où il est de plus en plus compliqué de produire des courts-métrages. Malheureusement, de part et d’autre, les discours, souvent fort négatifs, n’ont suggéré aucune solution, ni même ouvert de réelles portes. Off-Courts, de son côté, prétend ne pas en rester là avec cette problématique et compte bien rouvrir le débats lors la prochaine édition.
Dernier moment important pour les professionnels du court : la mise en place d’un nouveau prix d’une valeur de 30.000€ à destination des jeunes producteurs, grâce à un nouveau partenariat (et pas des moindres) entre le Festival Off-Courts et France Télévisions. Toute l’équipe de France TV était donc au complet mardi soir dernier à la mairie de Trouville avec Samuel Pratt (coordinateur général du festival) pour annoncer le lancement de ce nouveau prix et en donner les critères d’éligibilité. Ce prix du jeune producteur s’adresse à des producteurs possédant une structure créée depuis moins de 6 ans et ayant un film sélectionné en compétition française à Off-Courts. Il sera décerné lors de la prochaine édition et servira de tremplin aux jeunes acteurs du court-métrage.
Le 14ème festival d’Off-Courts s’est terminé hier soir à Trouville. La plupart des films primés a été chroniquée dans nos différents reportages parus cette semaine :
Wilfried Méance a 29 ans et déjà huit films au compteur en tant que réalisateur (« Deal », « Après toi »,« Pintame », …). Lors de cette 14e édition du Festival Off-Courts à Trouville, il présente son dernier film, « Suzanne » en compétition dans la sélection française. Le court-métrage aborde, avec nostalgie et humour noir, l’égoïsme d’une famille aveugle devant l’état de leur aïeule. Même si ce film est légèrement plus grave que ses films précédents, il s’inscrit dans une lignée de comédies grand public totalement assumée pour Wilfried Méance puisque selon lui, le but premier d’un metteur en scène est de divertir les gens. Nous avons rencontré ce jeune homme au capital sympathie énorme, qui est à Trouville cette année, pour la troisième fois.
Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené à faire du cinéma ?
Depuis que je suis adolescent, j’ai toujours voulu faire du cinéma. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai fait du théâtre. C’est là où j’ai pris conscience de ce qu’était le métier de metteur en scène et que je me suis rendu compte que j’étais plus apte à faire de la mise en scène que de jouer. Par conséquent, depuis que j’ai 11-12 ans, je souhaite faire ça. Si bien que juste après le bac, j’ai intégré l’ESEC (Ecole Superieure Libre d’Etudes Cinematographiques) avant de faire une école de communication. À l’ESEC, j’ai rencontré une grande partie de mon équipe avec qui je travaille aujourd’hui. D’ailleurs, c’est là tout l’intérêt de suivre une école de cinéma : les rencontres qu’on y fait sont plus importantes que l’enseignement qu’on y reçoit.
Contrairement à de nombreux courts-métrages, tu es amené à faire tes films finalement assez grand public, avec une tendance comique.
En tant que metteur en scène, je préfère réaliser des comédies. C’est le domaine dans lequel je me sens le plus à l’aise et le plus impliqué. C’est très grisant de faire rire les gens, ça donne envie de continuer dans cette voie. Lorsque je passerai au long, je ferai de la comédie aussi.
Tes films sont assez légers et pour autant, les thèmes que tu traites (les crises familiales, la mort, le suicide, les rencontres amoureuses, …) ne sont pas forcément légers. À ce propos, Jacques Demy disait qu’un film léger parlant de choses graves vaut mieux qu’un film grave parlant de choses légères. Qu’en penses-tu ?
C’est exactement ça. D’ailleurs, je crois fortement au cinéma de divertissement, sachant que selon moi, le talent d’un metteur en scène est de faire tenir 300 spectateurs pendant 1h30. Avec mes courts, j’ai pu tenter des choses un peu moins drôles ou des thèmes un peu plus noirs, histoire de me frotter à toutes les palettes de la comédie : romantique, burlesque ou douce- amère.
Es-tu conscient que dans le milieu du court-métrage, généralement, les comédies ne sont pas très fréquentes et peu aidées par les différentes institutions ? Aucun de tes films n’a bénéficié d’une aide. Comment le vis-tu ?
En effet, aucun de mes films n’a reçu d’aides. Mais finalement, c’est juste un frein à la durée des films que je peux faire, c’est-à-dire que je suis un peu obligé de faire des courts dont le budget oscille entre 5.000 et 6.000€ (jusqu’à 12.000€ pour celui qui a coûté le plus cher). Je ne peux pas faire beaucoup mieux, avec des temps de tournage qui sont très courts. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je veux passer au long-métrage. L’économie est à deux vitesses : en court-métrage, on subventionne plus volontiers des films dramatiques, sauf qu’en long-métrage, c’est plutôt le contraire. On financera plus facilement une comédie car c’est finalement ce que la grande majorité des gens a envie de voir.
On remarque que tes films sont souvent sélectionnés d’une année à l’autre dans les mêmes festivals qui sont ouverts aux comédies grand public, comme l’Alpe d’Huez, Meudon ou justement Off-Courts à Trouville.
Oui, c’est la troisième fois que je me retrouve à Off-Courts et je suis d’autant plus heureux cette année car je reviens en compétition alors que l’an passé, j’étais en hors-compétition. C’est toujours sympa d’être en compétition ! Après, je trouve que Trouville est un festival vraiment sympa, en particulier pour toute cette partie Labo Kino qui permet à des tas de gens d’essayer des tas de choses. Qui plus est, le festival est bien organisé. Après, pour moi, il n’y a pas de petits ou de grands festivals, car c’est un bonheur à chaque sélection.
Peut-on aussi avancer qu’il n’y a pas de petits et de grands films mais des films tout court ? Dans tes films qui ne sont pas financés (ou presque pas), on retrouve bon nombre de comédiens connus et reconnus qui acceptent d’y jouer. Comment l’expliques-tu ?
En fait, ça se joue au coup de cœur. Qui plus est, comme je te disais, on tourne sur des laps de temps très courts, si bien qu’en gros, ils me donnent trois jours de leur vie. C’est beaucoup pour ces comédiens, mais quelques uns préfèrent tourner plutôt que d’attendre un nouveau projet de long. Certains ont envie d’accompagner des jeunes réalisateurs qui après, feront peut-être du long, et avec qui ils retravailleront peut-être.
« Suzanne »
Considères-tu le court-métrage comme un moyen de s’essayer au cinéma mais aussi de tenter de travailler avec une équipe en vue de faire un long-métrage ?
En fait, il y a plusieurs avantages à réaliser des courts-métrages. D’abord, c’est une école pour tester des choses au niveau de la mise en scène avant de passer au long, pour aborder le travail avec les comédiens et avec les techniciens. Ensuite, c’est surtout une super carte de visite pour aller démarcher les producteurs de longs-métrages, pour leur montrer ce qu’on est capable de faire et pour les rassurer, d’autant plus que les budgets sont assez conséquents, notamment en comédie.
Ton dernier court-métrage « Suzanne » n’est pas vraiment une comédie, tu es dans autre chose que dans tes films précédents…
En effet, ce n’est pas vraiment une comédie. C’est plus volontiers un film noir et triste. Le ton n’est pas le même que dans mes films précédents, bien qu’en salle, j’ai entendu des gens rire. Comme la situation est un peu trash, seul, on a du mal à en rire car on se sent un peu coupable de rire, alors qu’en salle, lorsqu’on entend des gens rire, on se dit qu’on en a le droit.
En plus d’être auteur-réalisateur, tu possèdes aussi la casquette de producteur au sein de Hilldale Productions. Pourquoi vouloir tout faire ?
Tous mes courts-métrages ont été coproduits entre Hilldale, ma boîte, et FastProd, une société qui est gérée par Jean-François Moussié, depuis que j’ai fait « Le grand moment de solitude ». On a mis chacun la moitié du budget de ce film et comme on a réussi à vendre le film aux chaînes, on a réussi à récupérer notre investissements voire plus, ce qui nous a permis faire les films suivants. En fait, on a réussi à faire cinq films avec l’argent d’un seul film puisqu’on n’a jamais remis d’argent depuis. A la base, j’avais créé Hilldale pour la production de mon premier long-métrage qui était plutôt dans une veine indépendante. Après, avec Hilldale, j’ai voulu me diversifier. On fait aussi de la publicité, ce qui permet à la boîte d’avoir des revenus autres que par la fiction et aussi de pouvoir se payer, tout simplement. Il faut bien vivre (rires) !
Peux-tu nous parler brièvement de ton long-métrage en préparation ?
C’est une comédie qui s’appelle « Amsterdam », il traite de la crise des trentenaires à qui on a promis un boulot s’ils faisaient des études alors que c’est tout l’inverse. Et ceci de manière humoristique. J’espère bien sûr travailler avec la même équipe que sur mes courts-métrages, mais comme je travaille désormais avec des producteurs de longs-métrages, ce ne sera pas le premier film pour tout le monde. Ceci dit, je souhaite que chacun de mes comédiens fétiches aient un rôle, même secondaire et je tâcherai au mieux d’intégrer tout le monde.
Le mot de la fin ?
Mot de la fin (rires) ! Plus sérieusement, j’ajouterais qu’on peut vraiment faire rire avec des sujets graves. Prendre des sujets qui semblent durs et les détourner avec de l’humour permet aussi de faire passer un message. C’est l’autodérision qui peut encore nous sauver.
Ce jeudi 12 septembre, à 20h30, notre première séance de l’année est consacrée au Festival du film court en plein air de Grenoble. Cinq films, tous primés lors de la dernière édition (juillet), seront projetés ce soir-là, au Studio des Ursulines (Paris, 5e), en présence de nos nombreux invités : Guillaume Poulet (directeur de la Cinémathèque et du Festival de Grenoble), Xavier Legrand, Alexandre Gavras (réalisateur et producteur de « Avant que de tout perdre »), Augusto Zanovello, Jean-Charles Finck, Arnaud Béchet, Olivier Dehors, Gilbert Hus (réalisateur, co-scénariste, directeur artistique, producteurs de « Lettres de femmes ») et Clément Gonzalez, Marc Stef, Martin Malzieu, Baptiste Gondouin, Roberto Fernandez (réalisateur, co-scénaristes de « As it used to be »).
En pratique
► Projection des films : jeudi 12 septembre 2013, à 20h30. Durée du programme : 87’
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche: Ligne 7 – Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…).
C’est la rentrée. Du côté des festivals, les évènements se bousculent et se chevauchent même. Cette semaine, Silhouette referme ses parapluies pour ses projections en plein air, l’Etrange Festival affole et perturbe ses spectateurs au Forum des images, Off-Courts invite une nouvelle fois le Québec au centre de Trouville.
Pour notre part, la reprise se fait doucement mais sûrement. En premier lieu, nos soirées Format Court redémarrent ce jeudi 12 septembre au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). La première séance de l’année est consacrée au 36ème Festival du film court en plein air de Grenoble, organisé cet été. Pour cette projection de rentrée, nous vous invitons à découvrir le palmarès du dernier festival, en présence de pas moins de trois équipes de films (réalisateurs, scénaristes, producteurs, directeurs artistiques…), les membres des différents jurys et de Guillaume Poulet, directeur de la Cinémathèque et du Festival.
Début octobre, nous attribuerons un nouveau Prix Format Court en Belgique, lors du Festival International du Film Francophone de Namur (le FIFF, en abrégé). Le même mois, nous remettrons pour la troisième année consécutive un Prix au Festival Court Métrange de Rennes, après y avoir primé « Danny Boy » en 2011 et « Mamembre » l’an passé.
Les cinq ans du site approchent à grands pas. Pour l’occasion, différentes cartes blanches sont prévues dans les prochaines semaines. À Court Métrange déjà où nous proposerons six films plutôt étranges ramenés de nos balades en festival et sur la Toile, diffusés lors de nos projections, évoqués sur le site ou découverts un peu par hasard. Cette première carte blanche de l’année sera présentée en ouverture du festival, le 17 octobre prochain.
Après Court Métrange en octobre, nous serons au Festivals de Brest en novembre et à celui de Vendôme en décembre pour deux nouvelles cartes blanches. Enfin, en janvier, nous reviendrons à Paris pour une séance spéciale lors des soirées Bref (séances MK2). Toutes les informations relatives à ces projections qui nous honorent et nous enchantent seront bien évidemment publiées sur le site en temps voulu.
De belles nouvelles donc, pour une bonne rentrée.
On en est ravis. Bouchon !
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Troisième et dernière sélection en compétition à être présentée à Trouville : celle des courts-métrages français, comportant le plus grand nombre de films. Pas moins de 23 films tous très différents les uns des autres seront projetés lors de cette 14ème édition. En voici un petit aperçu.
Commençons par le poétique « Les deux morts de Parfait » réalisé par Leila Fenton. Tourné à Tel-Aviv et en hébreu, ce film touche particulièrement non seulement parce qu’il est plastiquement intéressant (décor de carte postale, lumière chaleureuse, etc.) mais aussi et surtout parce que l’enfant qui représente le personnage principal de Parfait, possède en lui cette douceur et cette fragilité qui font qu’on s’attache instantanément à lui. Certes, ce court-métrage s’ajoute à la longue liste de courts-métrages français qui jouent avec les bons sentiments et une morale dont on se passerait parfois, mais il ne demeure pas moins un film très sensible.
Il est vrai que dans cette sélection, on recense nombre de films très « gentils » dont ceux-ci : « Douce Nuit » de Stéphane Bouquet dans lequel un gang qui semble assez violent aux premiers abords agit finalement pour une cause salvatrice, « Entre les lignes » de Jean-Christophe Hadamar sur une correspondance mielleuse entre un lycéen et une personne âgée hospitalisée ou encore « Les perruches » de Julie Voisin où une jeune fille atteinte d’une maladie grave perd ses cheveux et retrouve la joie de vivre en se cachant sous une perruque bleue (ou comment utiliser le prétexte d’une fête pour en faire un film). Loin de cracher sur les bons sentiments, appréciant même l’idée de ne pas voir seulement des films suicidaires, on peut toutefois souhaiter un peu de rebondissements et de réelles intrigues dramatiques dans les films proposés.
Heureusement parmi cette liste de films un peu trop à l’eau de rose, certains réalisateurs ont su détourner les bonnes morales pour s’en amuser. Par exemple, il y a « Diagnostic » de Fabrice Bracq où un couple consulte un grand médecin pour tâcher de déceler une maladie apparemment très répandue et qui touche le mari. L’excellent jeu des comédiens ne peut que vous rendre hilares bien que finalement, l’intrigue de ce film soit vraiment toute simple. Et un prix d’interprétation à Roselyne Bachelot, un ! Il y a aussi « Suzanne » de Wilfried Méance, dans lequel la vie d’une grand-mère change sans que les membres de sa famille ne s’en rendent compte, si bien que ce film à l’ambiance fleur bleue au début prend un tournant d’humour noir. Rien de transcendant dans cette histoire, une chute finalement assez attendue, mais comme à son habitude, Wilfried Méance, le réalisateur du « Grand moment de solitude », maîtrise à merveille les personnages et la montée du caractère comique.
Autre film qui démarre sur une idée de morale pleine de bons sentiments et qui se termine en blague : « Djekabaara » d’Enis Miliaro. Pour le coup, le jeu des comédiens est assez mauvais, mais l’histoire drôle qui sert de contexte à la rencontre est plutôt bien mise en images, surtout dans les décors immenses d’Afrique Noire. Enfin, « Fanily » de Jules Dousset offre son rôle principal à un objet du quotidien plutôt qu’à un personnage en chair et en os, et cette petite comédie douce-amère se laisse apprécier.
À l’inverse, certains films de la compétition sont survolés et laissent derrière eux une sensation d’amateurisme. On aura donc quelques retenues pour un film comme « Le bout du fil » de François Raffenaud où le personnage principal (une femme âgée), attendant un appel – malgré une solitude apparente – ne provoque aucun attachement (au même titre que l’esthétique du film). On le regrette bien car le thème de la vieillesse confrontée à la solitude, peu traité finalement dans le milieu du court-métrage, aurait pu amener à un meilleur résultat. Ou encore « Ma rencontre » de Justin Pechberty dans lequel le personnage, Bertrand, se voit dix ans après et discute avec lui-même sur ce qu’il est devenu pour peut-être changer son destin. Le réalisateur semble apparemment attiré par les thèmes traités dans « Retour vers le futur » (et par les split-screen, soit dit en passant) mais offre malheureusement une version personnelle peu captivante et assez mal interprétée. Dommage encore une fois, tant l’idée de base autour de la propre rencontre d’un personnage n’était pas inintéressante.
En réalité, le meilleur de cette sélection française réside dans les films d’animation. Voici par conséquent un petit aperçu des six films d’animation en compétition ici. D’abord, « Rebelote » de Cyril Coste, un film d’école, en forme de caricature des super-héros et dont l’esprit des comics est bien respecté. Puis, « Reverso » de Kimberly Honma, Clément Lauricella, et Arthur Seguin, qui permet aux trois réalisateurs de critiquer la société active à travers un personnage qui vit sa vie à l’envers (comprenez, depuis le plafond). Enfin, « Motorville » de Patrick Jean qui retourne le puissant Google contre lui-même en reprenant le style visuel de Google Map pour créer un énorme bonhomme, issu des États-Unis, prêt à anéantir le monde car il est en manque de carburant (ou plus exactement de pétrole). Comme dans « Pixels », le réalisateur aime définitivement détourner des techniques visuelles qu’on connaît pour faire passer ses messages critiques face à la mondialisation.
Il y a aussi le trash mais pas moins génial « Les deux vies de Nate Hill » de Jeanne Joseph où cette fois, le split screen est utilisé à bon escient pour suivre l’évolution de deux Nate Hill selon leur naissance par voie traditionnelle ou par césarienne, comme si le destin de chacun était écrit dès leur venue au monde. On n’oubliera pas « Duku Spacemarines » de Nicolas Liautaud, même s’il est loin d’être le meilleur. On y voit à nouveau des supers héros avec en plus tout le registre des films d’action et/ou de science fiction (courses-poursuites en voiture avec des extra-terrestres) pour toucher les petits garçons devenus adultes (ou pas !). Enfin et pas des moindres, le fameux « 5 mètres 80 » de Nicolas Deveaux qui n’a plus grand-chose à prouver au sein des animateurs mais qui nous bluffe toujours autant malgré l’extrême simplicité des histoires qu’il raconte et le manque de retournements scénaristiques. Après l’éléphant qui fait du trampoline dans « 7 tonnes 2 », voici des girafes qui s’exercent au plongeon. Le film est d’une beauté à couper le souffle (ou le cou !).
Pour en revenir aux fictions réelles (car il n’y a pas de documentaires programmés à Trouville-sur-Mer cette année), il y en a certaines, en plus de « Des deux morts de Parfait », qui ont particulièrement retenu notre attention, soit par leur originalité, soit parce qu’elles semblent mieux maîtrisées. Il s’agit de « Je t’attends toujours » de Clément Rière, sorte de faux documentaire sur la disparition étrange du frère du réalisateur/narrateur, passionné d’astronomie, lors d’une observation des étoiles. Le titre marque l’enquête que décide de mener le réalisateur pour retrouver son frère suite à la découverte de photos troublantes. On se laisse emporter par ce film fait d’images d’archives et de plans actuels, alors que tout y est fictionnel. Parallèlement, on accroche particulièrement avec « Le retour » de Yohann Kouam bien que le titre ne soit pas son plus fort atout. Il est également question d’une histoire entre frères mais pas du tout sur le même ton. Ici, Willy, un adolescent, attend avec impatience le retour de son grand frère Théo qu’il a toujours mis sur un piédestal jusqu’à ce qu’il découvre que celui-ci est homosexuel et que tout se chamboule dans sa tête et dans son comportement au collège. Le thème a beau être assez récurrent dans le court-métrage (et pas seulement), il est ici traité dans un milieu plus inhabituel (la banlieue chez des jeunes d’origine africaine noire) et de manière assez intime en passant par le lien fraternel.
Trois autres films méritent également qu’on se penche un peu sur eux. Tout d’abord, « Le souffle court », doté d’une super photo, de Johann Dulat (école Louis Lumière) dans lequel Antoine se sert de son pouvoir de retourner dans le passé pour rencontrer des filles, jusqu’à ce qu’une certaine Alice le fasse changer. Puis, « The Blue Dress » de Lewis Martin où une caissière a des rêves de riche en se voyant dans cette fameuse robe bleue à froufrous aperçue dans une boutique de luxe. Enfin, un ovni : « Shunpo » de Steven Briand qui ressemble plus à une publicité (le film est d’ailleurs produit par Partizan Films qui a l’habitude de « traîner » dans la pub !) ou à un clip, mais l’exploit est bel et bien là. Il s’agit d’un film extrêmement visuel à la limite de l’expérimental, montrant une femme qui sort ou qui souhaiterait sortir de son propre corps, de sa routine « métro-boulot-dodo » juste pour un moment. Et ce souhait est rendu possible grâce la performance de la danseuse Juliette Nicolotto.
Au final, on assiste à une compétition française, certes très variée mais surtout très grand public (sauf peut-être pour ce qui est des films d’animation un peu plus violents et qui posent des questions bien plus existentielles) contrairement à la programmation de nombreux festivals de courts-métrages en France. Par ces choix, Off-Courts prétend alors proposer une « ligne éditoriale » résolument différente et assumée. On demeure néanmoins légèrement déçu que certains films soient sur un mode un peu trop artisanal malgré l’énergie ressentie. Peut-être a-t-on envie d’imaginer que pour l’un des cinq festivals de courts-métrages les plus réputés en France, la sélection française de l’an prochain sera plus exigeante.
Le festival Off-Courts reconduit pour sa quatorzième édition la formule singulière de sa compétition de courts-métrages, à savoir proposer à la fois une sélection de films français, internationaux et québécois. Créé il y a une quinzaine d’année autour d’un partenariat entre la France et le Québec, le festival nous donne l’occasion de découvrir chaque année les réalisateurs émergents des deux côtés de l’Atlantique et leurs premières oeuvres attendues avec intérêt.
La vingtaine de courts-métrages québécois sélectionnés pour concourir dans la compétition de cette année propose l’habituel éventail de genres (fiction, animation, documentaire) et de durées (certains films excédent à peine une minute, la majorité en fait une quinzaine et quelques uns dépassent les vingt minutes). Il est néanmoins surprenant de relever que si diversité il y a au niveau des genres et des formats, la majorité des films de la sélection québecoise traite tous du même sujet : l’enfance. Ou pour être plus exact, disons que les enfants (pré ados et adolescents) sont ici les rois, protagonistes au coeur de pratiquement chaque film, scrutés sous tous les angles par les caméras des cinéastes.
Si le récit d’initiation constitue un genre à part entière abondamment représenté dans les festivals de courts-métrages, la sélection des films québécois du festival Off-Courts peut se targuer de nous offrir un éventail complet de ses multiples variations. Mais nous constatons également que si ce sujet (l’abandon de l’enfance sous forme de transition brutale pour le héros) semble stimuler encore les générations de jeunes réalisateurs, les voies généralement empruntées pour explorer ces questions demeurent les plus balisées, les moins excitantes. Ainsi, il est difficile de trouver de l’intérêt aux trop sages « Gaspé Copper » d’Alexis Fortier Gauthier (les liens entre un frère et une soeur mis à mal puis finalement soudés autour de l’abattage du chien de la famille) ou encore aux « Adieux de la Grise » d’Hervé Demers (une petite fermière perd son innocence en même temps que sa meilleure amie, un lama (!), est tué par un loup). Le symbolisme très pauvre développé par ces deux films (mort de l’animal de compagnie = mort de l’enfance) n’est qu’un exemple du manque d’originalité et du mauvais goût symptomatique des films de la compétition. Lorsqu’il s’agit de filmer les premiers émois amoureux et sexuels des adolescents, ce n’est guère mieux. En témoigne les grotesques « Faillir » de Sophie Dupuis (une ado succombe à la tension sexuelle et couche avec son grand frère) et « Le Monstre » d’Elisabeth Desbiens (le récit d’une amourette macabre entre une ado lambda et un psycho-boy). Trop de films faisant bon marché de la souffrance des enfants parcourent ainsi la sélection, le point culminant sans doute représenté par le nauséeux et embarrassant « Imparfaite » d’Emilie Gauthier, ou comment mettre en scène de la façon la plus lourde qui soi et en dix minutes l’abandon d’un nourrisson par sa mère sous prétexte que l’enfant est… bruyant !
Heureusement, deux films parviennent à tirer leur épingle du jeu et à remonter le niveau de la sélection. D’abord, le très beau « Là où je suis » de Myriam Magassouba, autre récit d’initiation qui a en premier lieu l’intelligence de prendre son temps (25 minutes) pour développer son propos. Le film raconte avec pudeur le deuil vécu par une adolescente après la disparition brutale de sa meilleure amie dans un accident de la route, drame filmé au plus près du visage et du corps de la jeune interprète Virginie Léger qui habite avec une grâce déconcertante ce rôle difficile. Le récit, véritable parcours du combattant pour cette héroïne en quête de repères, est habilement tissé autour des rapports et des échanges fugaces que le personnage principal entretient avec les différents membres de la communauté des adultes, autant de figures auxquelles elle devra faire face pour acquérir son indépendance. La réalisatrice s’emploie à filmer le corps de son actrice en perpétuel mouvement, en lutte dans des espaces qu’elle doit investir à l’instar des magnifiques landes enneigées de Rouyn-Noranda où l’action se déroule. L’importance du mouvement culmine dans la scène finale du cours de danse où l’héroïne exécute une chorégraphie sans sa partenaire, seule au milieu des autres couples de danseuses. La vision de ce corps ne pouvant se reposer sur un autre traduit dans un premier temps et de façon poignante le poids de l’absence de l’amie disparue. Puis peu à peu, le corps de la jeune fille transporté par ces pas de danses solitaires se libère complètement, figurant de façon poétique la prise de contrôle du personnage sur son corps et son environnement.
Le très efficace « Mila » de Kristina Wagenbauer s’impose naturellement comme le second film remarquable de cette sélection. Il s’agit là encore de partir de schémas connus et éprouvés (l’évolution d’une enfant au sein d’une cellule familiale en crise) pour arriver ailleurs. Mila, une pré-adolescente discrète et solitaire, a développé un hobby singulier : enregistrer les sons de sa vie de tous les jours à l’aide d’un dictaphone pour les triturer ensuite sur ses logiciels de montages. Au milieu du tumulte d’une vie familiale rythmée par les disputes de plus en plus fréquentes de ses parents, la jeune fille s’invente un univers fait de sons et de musiques. Le film prend des allures de conte spielbergien lorsque la jeune fille décide d’utiliser ses aptitudes pour influer sur son quotidien. En montant des extraits de conversations téléphoniques de sa mère, elle dupe la secrétaire de l’école et échappe aux cours. On devine rapidement que ces larcins en apparence anodins dissimulent un projet plus grand. À l’occasion d’une réunion de famille autour de l’anniversaire du grand-père, la jeune fille, armée de son piano digital, joue une partition musicale à laquelle elle incorpore des samples de cris et de paroles échangés par les différents membres de la famille. Le morceau évolue et se transforme petit à petit en véritable chaos sonore, renvoyant à la figure des parents leurs comportements violents et mesquins qui contaminent le quotidien du foyer. La réalisatrice vise juste en attribuant à son héroïne la capacité à s’imposer par le seul usage de son talent et de son intelligence, pareil à celle du film de Myriam Magassouba qui trouvait dans la danse le moyen de survivre au deuil. Dans les autres courts-métrages de la sélection, le parcours initiatique des personnages leur est imposé par des ficelles scénaristiques grotesques soumises aux jugements arbitraires des réalisateurs. Ces deux films, en partant des mêmes schémas, se distinguent en faisant des héroïnes les artisans de leur transformation. En faisant le pari de la subjectivité, les deux réalisatrices trouvent l’angle juste pour aborder des thèmes lourds (le deuil, la famille dysfonctionnelle) à travers le regard des enfants.
Du côté des films d’animation de la sélection, si « Nicola sans s » de Xavier Abitov et « Not Delivered » de Vincent René-Lortie et Cynthia Carazzato sont remarquables techniquement, leurs scénarios ne visent pas haut et les réduisent à des exercices sans consistance. On saluera dans un autre registre la photographie magnifique de « Kin » de Ben et Sébastien McKinnon, sorte de long clip esthétisant dont on peine à en saisir le sens et à y voir autre chose que de l’esbroufe visuelle, le film semblant vouloir marcher sur les plates bandes du rouleau compresseur « Trotteur » (Arnaud Brisebois) présenté l’année dernière dans la sélection québecoise. De l’esbroufe il y en a encore dans « Midnight Wind » de Nicolas Fidala, ersatz pénible des cinq premières minutes du « Melancholia » de Lars Von Trier : une succession de plans d’apocalypse en super slow-motion qui ne raconte rien. On salue encore une fois la performance technique en soupirant devant la paresse d’écriture des cinéastes livrant des objets plus froids les uns que les autres quand ceux ci ne tombent dans l’abstraction la plus totale (voir « Micta » de Marie-Pier Ottawa, une minute de gros plans non narratifs sur des matières diverses). So what ?
La sélection québecoise déçoit. Les réalisateurs sélectionnés semblent en règle générale attacher plus d’importance à créer des images fortes, quitte à se vautrer dans le nauséeux et le grotesque ou à se perdre dans des exercices formels froids et vains. Il y a un savoir-faire technique certain et des moyens conséquents mis à disposition de ces jeunes cinéastes. Ne manque que l’écriture, la rigueur et une réflexion sur le traitement des sujets abordés. Deux réalisatrices plus que prometteuses sortent du lot : Myriam Magassouba et Kristina Wagenbauer, dont les films forts, poétiques, témoignent d’une intelligence d’écriture et d’une exigence formelle remarquables. L’an prochain, le festival en sera à sa quinzième édition. Nous espérons y découvrir plus de propositions de ce genre.
Ce vendredi 6 septembre 2013, s’est ouvert le 14e Festival Off-Courts de Trouville-sur-Mer qui, en quelques sorte, prend le relais du 39e Festival de Deauville qui se termine le même week-end juste de l’autre côté du Pont des Jumelages. Si le Festival de Deauville brille de toutes les paillettes hollywoodiennes, celui d’Off-Courts se veut plus familial, plus proche de la discipline artisanale. Ceci étant, les deux festivals ont en commun de mettre en lumière et d’être partenaires de deux pays d’Amérique du Nord : les États-Unis pour Deauville et le Québec pour Trouville-sur-Mer.
Passons sur cette comparaison et laissons-nous emporter par l’air marin cinématographique qui souffle sur Trouville (ou plus exactement sur le Village Off) pendant huit jours car durant ce festival qui sonne désormais comme un rendez-vous incontournable de la rentrée, il se passe de nombreux évènements aussi bien pour les professionnels de l’audiovisuel que pour les simples amateurs : rencontres, concerts, labo kino, tables rondes, projections en tout genre, etc.
Les films en compétition à Off-Courts se subdivisent en trois sélections (française, québécoise et internationale) face auxquelles les différentes jurys (le Jury Officiel, le Jury du Syndicat de la Critique, le Jury Jeune, Spirafilm et le public) devront être attentifs, tolérants (ou pas) et équitables (ou pas).
À l’origine, la compétition d’Off-Courts répertoriait exclusivement des courts-métrages provenant de France et du Québec, mais désormais, les différents jurys et le public compteront aussi sur une sélection de films européens et francophones. Un bon point pour le festival car les films internationaux sont souvent de qualité.
Cette année, la compétition démarre ce samedi 7 septembre, en matinée, avec une sélection de films étrangers dont 15 courts-métrages viennent des quatre coins du monde : Suède, Pologne, Espagne, Belgique, Allemagne, Bulgarie, Italie, Pays-Bas, Liban, Luxembourg et Madagascar.
Point commun entre la plupart de ces films : le suspense. En effet, plus du tiers de ces courts-métrages prennent le spectateur à la gorge ou au ventre, mais ne les laisseront pas dormir tranquilles. Parmi ces films assez angoissants, on citera « 22 :22 » de Julien Becker (Luxembourg) où un employé, sur le point de quitter son bureau un peu tardivement, voit la scène se répéter à l’infini dans un bâtiment aux allures froides et futuristes.
Se repère aussi « Balance » de Mark Ram (Pays-Bas) durant lequel on tremble pendant une dizaine de minutes pour le survivant d’une partie d’escalade pendu seul au-dessus du vide. « Doors » de Michele de Angelis (Italie), filmé à la manière d’une caméra de surveillance, provoque également l’inquiétude pour cette femme malencontreusement enfermée entre la porte du vide-ordure et celle du couloir de son immeuble, une situation potentiellement drôle, mais qui tourne vite à la claustrophobie. Autre film qui prend littéralement aux tripes : « Hotel » José Luís Alemán (Espagne) qui prouve que les Ibériques sont définitivement très doués dans le film de genre, même si le réalisateur n’en est pas à ses débuts (il a déjà mis en scène deux longs-métrages d’épouvantes, « Le territoire des ombres 1 et 2 »). Ici, un type perdu et assoiffé dans le désert, découvre avec joie un étrange hôtel fait de carton, mais plein de victuailles attrayantes. « Watcher » de Daniel Jude (Allemagne) emprunte aussi à cette catégorie en touchant plus à la science-fiction et en traitant de l’invasion de drones sur Terre. Un peu longuet, un peu surfait, un peu moyen, le film n’est pas forcément inintéressant.
En poursuivant sur la veine fantastique, un film remarquable venu de Madagascar et réalisé en rotoscopie pose la question sur ce que serait notre monde sans couleurs : « Colors » de Cid. Pour rappel, la rotoscopie est une technique complexe qui permet de redessiner une action filmée en prise de vues réelles. L’effet, souvent bluffant, l’est encore plus lorsque le film est de l’ordre de la science-fiction. Ce petit bijou de Cid, réalisateur un peu geek et adepte de mangas et d’autres histoires à la limite du réel, nous fait étrangement penser à deux autres courts-métrages : « Fard » de David Alapont et Luís Briceño (France, 2010) et « Chromophobia » de Raoul Servais (Belgique, 1966). « Colors » n’est pas pour autant une pâle copie de ces deux films forts remarqués, mais bel et bien un nouveau questionnement sur la différence avec les codes d’une jeunesse moderne.
La compétition internationale d’Off-Courts comprend des films nettement moins fantastiques mais tout aussi angoissants par les thèmes qu’ils traitent et/ou la manière dont ils sont réalisés comme « Mitt Fora Liv » de Sébastian Lindblad (Suède), film court ultra noir et archi glauque sur la pédophilie. On évoquera également « A Big Drama for a Little Man » de Nico Capogna (Italie), l’histoire d’un gardien de nuit découvrant des immigrés dans son lieu de travail alors que lui-même est étranger. L’image du film est tremblante, légèrement floue, sombre et imparfaite. Elle s’accompagne d’une musique envoûtante qui, après 4 minutes, nous embarque dans cette aventure nocturne et rend le film plus moderne, à la limite parfois de l’expérimental, surtout lorsqu’on découvre les visages noirs cachés derrière les frigos, et différents des autres films sur le thème de l’immigration.
Pour clore cette sélection de films, on citera rapidement « 4:13 do Katowic » d’Andrezej Stopa (Pologne), un polar assez violent et pétulant sur un père de famille coincé entre la justice et son désir de vengeance. Le film n’est pas mauvais, mais il tombe vite dans l’oubli.
"Ingrid fait son cinéma"
Pour contraster avec ces films fantastiques ou d’action qui tiennent en haleine, il est toutefois possible de faire à Trouville une petite pause humour avec « Ingrid fait son cinéma » de Véronique Jadin (Belgique), énième film qui dénonce avec dérision les commissions de sélection cinématographique qui ne donnent de l’argent qu’aux réalisateurs confirmés ou qu’aux histoires psycho-dramatiques. Plaisant et finalement assez touchant, le film a malheureusement un côté déjà vu et revu malgré la chouette interprétation de la comédienne Ingrid Heiderscheidt.
"Tooth of Hope"
Relevons trois autres petites pauses issues d’un registre différent. En premier lieu, « Tooth of Hope » de Nizar Sfair (Liban) dans lequel un père de famille n’ose pas avouer à sa femme qu’il a perdu son travail et demeure sans emploi malgré ses efforts pour en retrouver un nouveau. On ne dévoilera pas la chute plutôt poétique de ce gentillet court-métrage, mais on vous en livrera un petit indice en précisant que le titre y est pour beaucoup.
Deuxième film de cette compétition ne faisant pas de mal et pouvant éventuellement faire sourire malgré un côté amateur (on le pardonne au réalisateur puisque son film est issu d’un kino) : « War Room » de Thomas Stuyck (Belgique) qui évoque la déclaration d’une guerre déclarée entre la Belgique et l’Iran suite à la provocation d’un ministre belge (il aurait uriné sur l’ambassade iranienne).
Le dernier film sur lequel on se penchera dans cette compétition européenne et francophone est un peu notre coup de cœur malgré son côté mélodramatique poussé à l’extrême : « Electric Indigo » de Jean-Julien Collette (Belgique) dans lequel une jeune fille retrace sa vie depuis sa naissance jusqu’à l’évènement qui l’a fait changer, celui de couper le cordon de manière assez violente pour vivre sa propre vie. Elle grandit au milieu de deux hommes mariés mais assurément hétérosexuels jusqu’au jour où sa mère débarque pour la récupérer. Le pitch aurait parfaitement pu être celui d’une sitcom tragico-comique, mais Jean-Julien Collette a préféré en faire un film certes un peu trop « bobo », mais plutôt réussi. Le réalisateur n’en est pas à son premier film et on le remarque d’ailleurs par la notable direction d’acteurs (bien que l’utilisation de l’anglais au milieu du français n’apporte pas grand-chose), la maîtrise du choix de chaque plan, l’image fort esthétisante, la justesse entre le touchant et le grave. À la limite parfois de l’invraisemblable, cette histoire unique mérite l’attachement.
Dans l’ensemble, cette sélection d’Off-Courts propose un panel de films assez distincts les uns des autres même si certains genres priment plus que d’autres et pour la plupart, sont assez bien maîtrisés. De nouveaux réalisateurs côtoient des auteurs confirmés, ce qui s’avère positif pour ce début de festival.
Du 6 au 14 septembre, la ville normande de Trouville-sur-Mer accueille la 14e édition du Festival Off-Courts soit huit jours consacrés au court-métrage. La présente édition compte plus de cent films au programme dont une bonne partie en provenance du Québec (les deux sont partenaires). Pendant ces huit jours, sont également prévus des tables rondes, des concerts, des labo kino en vue des Kino Kabaret, des évènements pour les grands et les petits, un marché du film pour les professionnels, etc. De quoi avoir une rentrée du court bien chargée et surtout bien animée.
Le focus proposé ces jours-ci par Format Court se penchera principalement sur la compétition (59 films divisés entre trois sélections distinctes : québécoise, française et européenne et francophone), même si nous évoquerons aussi les divers évènements qui égayeront cette semaine.
Les jours raccourcissent, le soleil se fait timide, la rentrée est là… Réjouissez-vous : l’Etrange Festival commence ce soir avec un nouveau lot de pépites cinématographiques différentes et uniques. Pour cette dix-neuvième édition, présentée par les organisateurs comme une sorte d’ »apéritif prestigieux » en vue du 20ème anniversaire du festival l’an prochain, nous aurons droit entre autres à une carte blanche du comédien Albert Dupontel, une création originale de Jello Biafra (leader du groupe de punk hardcore Dead Kennedys), des hommages aux reines du fantastique que sont Martine Beswick et Caroline Munro, une nuit consacrée à Divine (interprète des films de John Waters), des avant-premières attendues (« Snowpiercer » de Bong John-Ho, « Wrong Cops » de Quentin Dupieux, « A Field In England », »9 Mois Ferme »), et plusieurs autres grands moments de cinéma alternatif.
Pour la troisième année consécutive, Format Court sera présent à l’Etrange Festival pour couvrir la sélection de courts métrages comprenant notamment la compétition (une quarantaine de films courts), une séance spéciale LGBT « Fhar, Gazolines, Pagode, Guy & Co », ainsi que la soirée courts de la carte blanche consacrée à Albert Dupontel.
Carte blanche Albert Dupontel (jour de passage : le 7/09 à 22H00)
• STAR SUBURB de Stéphane Drouot
• LE DENTISTE de Leslie Pearce
• THE MYSTERY OF THE LEAPING FISH de John Emerson
FHAR, GAZOLINES, PAGODE, GUY & CO (jour de passage : le 11/09 à 19h45)
• PARADIS PERDU de Franssou Prenant
• BOXING MATCH d’Isobel Mendelson
• LA BANQUE DU SPERME de Pierre Chabal, Philippe Genet et les Gasolines du FHAR
• POUBELL’S GIRLS d’Alain Burosse
• GUY & CO de René Schérer et Lionel Soukaz
Programme de courts 1 (jour de passage : le 07/09 à 17h45)
• ALICE IN THE SKY de Jonas Meier
• THE GREAT RABBIT de Atsushi Wada
• HEX SUFFICE CACHE TEN de Thorsten Fleisch
• FLYTOPIA de Karni Arieli
• The GIANT de David Raboy
• HOLLYWOOD MOVIE de Volker Schreiner
• PLACEHOLDER de Doug Bayne
• SET IN MOTION de Michael Palm
Programme de courts 2 (jour de passage : le 09/09 à 20H00)
• A STORY FOR THE MODLINS de Sergio Oskam
• COMME DES LAPINS de Osman Cerfon
• ELEFANTE de Pablo Larcuen
• LADY AND THE TOOTH de Shaun Clark
• LAST DAY ON EPSILON ERIDANI B de Damon Mohl
• I’M ALONE AND MY HEAD IS ON FIRE de David O’Reilly
• AHOGO-ICECREAM de Alisa Goddess
• TRÖDELSEIDE de Simon Griesmayr
• THE VOORMAN PROBLEM de Mark Gill
• KREIS Wr. NEUSTADT de Johann Lurf
Programme de courts 3 (jour de passage : le 10/09 à 20H00)
• LAST BREATH de Ying Ping Mak
• FIST OF JESUS de David Munoz & Adrian Cardona
• LONELY BONES de Rosto
• MALODY de Philip Barker
• PLUG & PLAY de Michael Frei
• RAUCH UND SPIEGEL de Nick Moore
• WELCOME AND… OUR CONDOLENCES de Leon Prudovsky
Programme de courts 4 (jour de passage : le 11/09 à 18H00)
• PANDY de Matúš Vizár
• SENSE OF ENLIGHTENMENT de Michael Frank
• PARASITE CHOI de Damien Steck
• PERFECT DRUG de Toon Aerts
• SHIFT de Max Hattler
• VEXED de Telcosystems
• SOLIPSIST de Andrew Huang
Programme de courts 5 (jour de passage : le 12/09 à 19H30)
• THE VOICE THIEF de Adan Jodorowsky
• UNA FURTIVA LAGRIMA de Carlo Vogele
• DUCK BECAME SWAN de Stefanie Sixt
• TOPO GLASSATO AL CIOCCOLATO de Donato Milkyeyes Sansone
• EL BAILE DE TRES COCHINILLAS de Esteban Arrangoiz
• BITE HORSE de Sam Walker
• BENDITO MACHINE IV de Jossie Malis Alvarez
• HASENHIMMEL de Olivier Rihs
• HUMAN MEAT FACTORY de Anna Han
Pour sa 8ème édition, du 13 au 23 novembre 2013, le Festival Cinébanlieue lance un appel à films. Le concours est destiné aux jeunes réalisateurs âgés de 18 à 35 ans inclus. Un jury de professionnels récompensera deux jeunes réalisateurs à l’issue du festival. La meilleure réalisation soutenue par Le Cercle et le CNC remportera le prix Cinébanlieue (d’une valeur de 15 000 €). Cette année, un nouveau prix sera proposé : le prix France télévision (le film lauréat sera acheté et diffusé sur France télévision).
Conditions requises pour l’envoi des films
– Durée maximum : 30 minutes
– Années de production : 2010 à 2013
– Inscription et DVD à envoyer avant le 20 septembre 2013 : Festival Cinébanlieue – Loge Gardien -122, avenue Victor Hugo 93300 Aubervilliers (France)
Du 2 au 6 juillet dernier, Format Court se rendait pour la première fois au Festival du film court en plein air de Grenoble. Après avoir consacré un focus à la plus ancienne manifestation du court encore existante en France (36 ans au compteur), nous vous proposons de découvrir le palmarès du festival à l’occasion de la première séance Format Court de l’année, le jeudi 12 septembre 2013, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème). Cette séance bénéficiera de la présence de trois équipes de films, des membres des différents jurys et de Guillaume Poulet, directeur de la Cinémathèque et du Festival de Grenoble.
Programmation
Le Mûrier noir (Shavi Tuta) de Gabriel Razmadze. Fiction, 21′, 2012, France, Géorgie, Ad Astra Films. Mention du Festival de Grenoble 2013, en compétition au Festival Côté Court 2013
Synopsis : Dans la ville minière de Chiatura (Géorgie), deux adolescents passent une journée ensemble, loin de leurs quotidiens respectifs.
As it used to be de Clément Gonzalez. Fiction, 8′13″, 2012, France, Collectif 109. Prix d’aide à la création, Prix du public au Festival de Grenoble 2013. En présence de l’équipe
Synopsis : Dans un futur proche, les professeurs ne donnent cours que devant une classe vide et une simple webcam, retransmettant la leçon sur Internet. Un professeur d’histoire va voir son quotidien bousculé quand une élève franchit la porte de sa salle.
Avant que de tout perdre de Xavier Legrand. Fiction, 30′, 2012, France, KG Productions.Grand Prix National, Prix du Public, Prix de la Jeunesse, Prix de la Presse Télérama au Festival de Clermont-Ferrand 2013, Prix uniFrance du court-métrage, Prix du meilleur scénario au Festival de Grenoble 2013. En présence de l’équipe
Synopsis : Julien a dix ans. Il fait mine de se rendre à l’école mais se cache sous un pont, son cartable rempli de vêtements. À quelques kilomètres, Joséphine, 15 ans, fait de même et attend le bus.
Lettres de femmes de Augusto Zanovello. Animation, 10′11″, 2013, France, Pictor Media Animation. Prix du public au Festival d’Annecy 2013, nomination au Cartoon d’Or 2013, Prix spécial du Grand jury, Prix du jury jeune & Mention spéciale du jury de presse au Festival de Grenoble 2013.En présence de l’équipe
Synopsis : Sur le front de la Grande Guerre, l’infirmier Simon répare chaque jour les gueules cassées des poilus avec des lettres d’amour, des mots de femmes qui ont le pouvoir de guérir ces soldats de papier.
The Mass of Men de Gabriel Gauchet. Fiction, 17′, 2012. Royaume-Uni, National Film and Television School. Pardino d’or au Festival de Locarno 2012, Grand prix, Prix du jury presse & Mention spéciale du jury jeune au Festival de Grenoble 2013
Synopsis : Richard, un chômeur de 55 ans, arrive trois minutes en retard pour son rendez-vous au centre d’emploi. Sa conseillère, submergée par son travail, n’a pas d’autre choix que de le pénaliser. Pour éviter de sombrer dans la misère, Richard prend des mesures désespérées.
► Projection des films : jeudi 12 septembre 2013, à 20h30. Durée du programme : 87’
► Studio des Ursulines : 10 Rue des Ursulines, 75005 Paris
► Accès : RER B Luxembourg (sortie rue de l’Abbé de l’Épée), BUS 21, 27 (Feuillantines), 38 ou 82 (Auguste Comte), 84 ou 89 (Panthéon). Métro le plus proche: Ligne 7 – Censier Daubenton (mais apprêtez-vous à marcher un peu…).
Cette année, le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux (3 au 9 octobre 2013) organise, en partenariat avec la Région Aquitaine, AQUITAINE FILM WORKOUT, un concours ouvert aux courts en cours de production, dont le gagnant remportera une résidence de post-production d’une valeur de 11.000 euros. La date limite de candidature est fixée au 20 septembre.
Vous êtes en cours de production d’un court ou moyen-métrage ? Le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, en partenariat avec la Région Aquitaine, organise un concours dont le film gagnant sera invité en Aquitaine pour une résidence de post-production « sur mesure », d’une valeur totale de 11.000 euros. En plus du transport et de l’hébergement, le gagnant sera doté des prestations de post-production de son choix, à hauteur de 7.000 euros. Il sera également invité par la société Papaye – Cinépay à bénéficier d’une session complète d’étalonnage de 2 jours, d’une valeur de 2.000 euros.
Accessible aux productions européennes et méditerranéennes, le concours AQUITAINE FILM WORKOUT a pour ambition de soutenir la jeune création à travers cette étape essentielle qu’est la post-production d’un court ou d’un moyen métrage. Le film gagnant aura la chance de bénéficier de compétences et d’installations dont l’attractivité est appelée à s’étendre au-delà des frontières françaises.
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 20 Septembre 2013. Pour connaître les modalités de participation et déposer votre candidature, rendez-vous sur : http://fifib.com/workout
La première édition du Film Noir Festival de Gisors, dont nous sommes partenaires, se déroulera du 5 au 8 décembre 2013. Parallèlement à une rétrospective très noire, le Festival lance sa toute première compétition de films courts (récompensée du Grand Prix, du Prix de la Mise en Scène, du Prix du Scénario, du Prix d’Interprétation, remis par le Jury des Professionnel et du Prix du Public). Peuvent participer à la compétition : les courts métrages de fiction, les films expérimentaux et les films d’animation ayant pour thématique le film noir.
– Sont exclus de la compétition les films publicitaires, institutionnels, les clips et films à caractères extrêmes.
– Le thème imposé pour cette première édition est le film noir.
– La compétition est ouverte à tous les courts métrages francophones finalisés depuis le 1er janvier 2012, non-soumis aux films à l’initiative d’une société de production, d’un réalisateur en autoproduction, d’une association ou d’une école.
Les films ne doivent pas excéder quinze minutes [générique compris].
Tous les films non-francophones doivent être sous-titrés en langue française.
Tous les films doivent être envoyés impérativement avant le 30 septembre 2013 sur un support DVD ou sur clef USB à l’adresse suivante : Association Les Alibis Film Noir Festival 276, Rue de l’Eglise 59500 DORIGNIES DOUAI.
Depuis six ans, le village d’Ouroux en Morvan accueille en juillet le Festival Partie(s) de Campagne. À l’initiative de l’évènement, l’association Sceni Qua Non, qui tout au long de l’année met en place en milieu rural des dispositifs de diffusion, de création cinématographique et d’éducation à l’image et qui revendique sa volonté de “développer du lien social”. Grâce à Partie(s) de Campagne, le cinéma prend des airs de spectacle vivant.
Il suffit de voir ces routes sinueuses, traversant les forêts et côtoyant les lacs, pour comprendre qu’il n’est pas facile d’accéder à ce petit village du Morvan. Les festivaliers venus de tous horizons logent donc généralement sur le site pendant quatre jours. Au rythme des différentes programmations, les visages se font familiers, les relations se tissent entre les équipes de films, les bénévoles, les organisateurs et les spectateurs. Tous les matins, Jeanne, directrice de collège, offre dans son jardin un petit déjeuner copieux, autour duquel se rencontrent réalisateurs et festivaliers. Cette année, le festival s’est clôturé sur le bal populaire de la fête nationale, ses danses folk et son feu d’artifice, mêlant festivaliers et habitants des villages alentour.
Le cinéma s’invite dans différents lieux du village qui, d’ordinaire, occupent bien d’autres fonctions (atelier de menuiserie, salle polyvalente – les plus charmants restant le bois, qui accueille les projections nocturnes et les concerts, et la grange, où une hirondelle projette régulièrement sur l’écran l’ombre de ses trajets).
La programmation kaléidoscopique multiplie les domaines et les points de vue. On retrouve les séances de compétitions francophones et jeune public (avec remises des différents prix, dont le fameux Jambon du Morvan), la sélection de l’Agence du court métrage (pour la célébration des 30 ans) et la programmation de courts du pays à l’honneur (cette année la Belgique, avec une carte blanche au festival du court de Bruxelles, à celui des films d’écoles de cinéma et au Centre Wallonie-Bruxelles).
D’anciens films burlesques, d’animation ou scopitones sont aussi diffusés en 16mm et super 8. Le festival n’oublie pas les courts métrages régionaux, les ciné-concerts, les moyens et les longs métrages, le tout en laissant place aux avant-premières et en faisant la part belle au documentaire.
Enfin, pour assurer une continuité entre les éditions successives du festival, une carte blanche est offerte à l’un des réalisateurs récompensés l’année précédente. Cette année, Maxime Feyers (« Come What May ») a proposé sa sélection de courts internationaux. On y découvre par exemple « Treffit », court finlandais de Jenni Toivoniemi. Cette comédie met en scène une rencontre féline : deux propriétaires de chats siamois font participer leurs animaux à des concours de races et organisent leur reproduction. Autour d’un hors champ sonore cocasse, les humains naviguent entre gêne et aisance badine et les adolescents sont renvoyés, en miroir, à l’éveil de leur puberté.
Toujours parmi les choix de de Maxime Fleyers, on trouve dans une toute autre veine « Zodiac », film grec de Konstantina Kotzamani. Un enfant est livré à la culpabilité et à lui-même dans une chambre d’hôtel, après avoir été abandonné par sa mère prostituée. Une transsexuelle prend Peter sous son aile, remplaçant pour un temps la figure maternelle. Les heures et les jours passent, dans une torpeur soutenue par la chaleur du jour et les néons nocturnes. Les jeux d’enfant trompent la réalité et la peur…
La carte blanche comprend aussi « Du soleil en hiver » de Samuel Collardey, en compétition à Ouroux quelques années auparavant. Se dessine ici l’esquisse de son premier long métrage, « L’Apprenti ». Le thème et le traitement sont similaires : un jeune apprenti, Francis, vient passer quelques mois de stage dans une ferme d’élevage en Franche-Comté. Entre Francis et Michel, l’éleveur, vont se nouer des liens autour du travail ralenti en hiver.
On retrouve une certaine douceur de l’image, les plans-séquences fixes dans lequel le réalisateur laisse le temps s’installer, les silences prendre leur sens, les personnages se révéler, la lumière évoluer. Le choix du support 35mm y est pour beaucoup. La caméra, bien plus volumineuse et bruyante que l’outil numérique, impose sa présence physique, tout en restant immobile. Devant elle et grâce à elle, le minuscule, l’intangible prend vie. Et c’est aussi ce qui crée cette frontière floue entre documentaire et fiction, entre personnages et sujets/personnes, entre regard et écriture. Collardey glisse entre les genres et aime à comparer la réalisation avec le geste du peintre, plus particulièrement celui de Gustave Courbet (originaire d’Ornans, lui aussi) dont la peinture naturaliste s’attachait à représenter dans un format noble des sujets modestes, oubliés par la peinture de salon. La tendresse du regard porté au monde paysan et la place laissée au temps et au silence, s’inscrivent naturellement dans une certaine filiation avec Raymond Depardon. Depardon évoque l’art de saisir les “moments faibles”, et Collardey nous en offre ici une belle démonstration.
Arrêtons-nous maintenant sur les films de la compétition francophone. Celle-ci présentait 29 courts réalisés entre 2012 et 2013. Parmi eux, « Rétention » de Thomas Kruithof et « Fatigués d’être beaux », de Anne-Laure Daffis et Léo Marchand.
Rétention de Thomas Kruithof
Mathilde court après le temps, celui des administrations implacables qui n’attendent pas. Elle travaille dans un centre de rétention, sas de la justice, lieu intermédiaire entre les arrestations des sans-papiers et les décisions d’expulsions ou de trop rares libérations. Face au dossier de Yuri, Ukrainien employé en CDI et pourtant interné dans le centre et menacé d’être reconduit à la frontière, elle cherche la brèche où s’engouffrer et faire levier, faire s’effondrer les ressorts d’une procédure judiciaire qui porte bien mal son nom. Elle trouve enfin la faille, l’erreur qui devrait mener à la libération. Ou qui aurait dû. Car si les services ferment le vendredi à 16h, les expulsions zélées se font dans l’ombre, le week-end.
Son personnage est mécanique et efficace, elle remue les dossiers, les ressources possibles pour un homme qui a déjà baissé les bras, qui sait mieux qu’elle. Le rythme du film nous entraîne dans son tourbillon centrifuge, on pousse avec elle les portes des bureaux, mais la vacuité de l’entreprise viendra stopper net la progression. Une temporalité retenue par la pause cigarette au soleil : Mathilde accuse le coup. Elle brandit tout de même son ironie, ultime arme dans sa lutte quotidienne du pot de terre contre le pot de fer. Des points de suspension en guise de point final. Mathilde continuera sûrement sur sa lancée après… Juste le temps d’une cigarette.
Fatigués d’être beaux d’Anne-Laure Daffis et Léo Marchand
Dans un paysage désertique, deux cow-boys désœuvrés tuent le temps. Si Le Duc, la cinquantaine (Denis Lavant) est taciturne et opiniâtre, Cécile (Pablo Nicomedes), bien plus jeune, compose un personnage d’Avrel évaporé. Cécile tire une balle de revolver au hasard pour voir s’il parviendra à la retrouver dans le sable, le Duc se pique au jeu. Et voilà nos deux comparses occupés à chercher une aiguille dans une botte de foin.
Cet anti-western s’inscrit dans la veine du théâtre de l’absurde, l’ombre de Godot n’étant jamais bien loin. Comme chez Beckett, les personnages n’ont pas vraiment de réalité sociale. Piégés par une attente sans fin, ils se fixent un but artificiel pour remplir le vide. Le comique du duo repose sur le décalage, et sur l’absurdité de leur quête qui prend pour eux une importance primordiale. Le temps étiré, cyclique ou arrêté, se fond en abstraction, et prend des teintes surréalistes. Le titre du film sonne comme un écho à la réplique de Vladimir, l’un des personnages de Beckett : “On portait beaux alors. Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter.” Les cow-boys sont las… S’ennuieraient-ils de n’être plus que des symboles ?
Sans doute n’est-ce pas par hasard si dans les trois films évoqués ici la notion de temporalité constitue un élément essentiel. Car le festival terminé, on prend conscience que notre rapport au temps a été insensiblement modifié, qu’il s’est modelé autrement, entre plaisir de savourer sans empressement et sensation de fugacité d’un moment vite écoulé. La particularité de Partie(s) de Campagne est bien de créer du lien, des interactions entre les différents intervenants : entre l’espace rural et les films, entre les divers participants, entre la musique et le cinéma. Tout circule et chaque élément vient prendre une dimension participative.
Amour toujours, aimer à en perdre la raison, les histoires d’amour finissent mal, je t’aime moi non plus…
Des premiers émois adolescents à la passion en passant par la rupture, c’est l’amour dans tous ses états que Short Screens vous invite à voir, en compagnie de la délicieuse Natalie Portman, à travers une sélection de 6 films issus de pays aussi différents que l’Inde, la Belgique, l’Iran, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Rendez-vous le jeudi 29 août à 19h30 au Cinéma Aventure, Galerie du Centre 57, 1000 Bruxelles. PAF 6 €.
PROGRAMMATION
HÔTEL CHEVALIER Wes Anderson
USA, France / 2007 / fiction / 13′
Avant de partir en voyage, Jack Whitman reçoit la visite de son ex-petite amie dans sa chambre d’hôtel parisienne.
THE IMPORTANCE OF SWEET & SALT Benoit De Clerck
Belgique / 2012 / fiction / 13′
En préparant le dîner pour son épouse, un homme regarde sa vie et en vient à s’interroger sur sa santé mentale. Une tragico-comédie sucrée-salée.
REVOLUTIONARY MEMORIES OF BAHMAN WHO LOVED LEILA Farahnaz Sharifi
Iran / 2012 / documentaire XP / 15′
Téhéran, 1978. La ville est à feu et à sang. Le jeune Bahman tombe amoureux de Leila, la soeur de son ami mort. Troubles dans la rue, tumultes du cœur.
BEAUTY Torsha Banerjee
Inde / 2011 / fiction / 10’45
Une tendre liaison s’installe entre Beauty, 16 ans, vierge et fille de prostituée, vivant dans une maison close, et un jeune garçon de 19 ans inexpérimenté. Mais la tendresse a-t-elle sa place dans ce genre d’endroit ?
L’ours russe Nicolaï émigre en Europe pour prouver à l’Amour de sa vie (sa merveilleuse ex-femme Natasha) qu’il n’est pas un looser. Un film sur un ours et l’Amour de sa vie…..
LOVE YOU MORE Sam Taylor-Wood
UK / 2008 / fiction / 15′
Un été 1978 à Londres. Georgia et Peter sont dans la même classe. Après la classe Peter va s’acheter le dernier disque des Buzzcocks chez le disquaire le plus proche. Mais Georgia le désire aussi, et il n’en reste qu’un…
Un projet à l’initiative de l’asbl Artatouille et FormatCourt.
Deux années de fac ratées, un passé de facteur avec sa petite auto, de l’intérim dans une imprimerie, une pratique de la photo mais aussi du travail à la chaîne dans les labos photo avant l’avènement du numérique, des aspirations littéraires, une attirance pour l’image, une envie de quitter la province, de rejoindre la Fémis et l’univers du cinéma « inaccessible ». Matthieu Salmon a dû finir sa formation de monteur et trouver une certaine motivation pour réaliser, à 33 ans, son premier court métrage « Le Lac, la plage » (2006) suivi de « Week-end à la campagne » (2007) et de « La Dérive » (2011), projeté lors de la toute première soirée Format Court. Mais il lui a fallu beaucoup moins de 33 ans pour, presque malgré lui, nous instruire et nous faire rire en nous faisant part de quelques unes de ces étapes qui l’ont amené à devenir réalisateur et scénariste.
Comment est né le projet de « Le Lac, la plage », ton premier court métrage dans lequel on note l’importance du hors champs ?
Je ne sais plus comment le film est apparu. Au final, le film n’est absolument pas ce qu’il devait être à l’origine. Evidemment, c’est la même histoire. L’idée de départ, c’était qu’il y avait cette fille dont tout le monde tombait un petit peu amoureux et elle, elle, tombait amoureuse du chien. Et donc tout le monde voulait être à la place du chien. Par après, le tournage s’est passé de façon assez catastrophique. En plus, pour moi, c’était une première expérience. Je n’avais jamais rien fait avant. Je travaillais déjà dans le montage mais surtout pour la télévision. Je voulais en fait m’en extirper et essayer de monter des courts métrages, des films de cinéma. J’avais appelé une dizaine de boîtes de productions pour savoir si elles avaient besoin d’un monteur sur des courts. Je voulais me former comme ça, mais je n’y arrivais pas, je ne trouvais rien. Je me suis donc dit : « Ce n’est pas grave, je vais écrire un film et le tourner. Comme ça, ça me fera un truc à montrer ». Au départ, je voulais juste être monteur, mais rapidement, j’ai pris goût à la réalisation. Tout le processus d’écriture, de réalisation, de tournage et de montage, finalement, m’a plu ! Beaucoup même (rires). Avant de réaliser « Le Lac, la plage », je n’avais jamais écrit de scénario. J’avais 33 ans quand j’ai réalisé mon premier film, ce qui est assez vieux en fait. Il y a des gens qui font un premier court alors qu’ils ont une vingtaine d’années. Au lieu d’emprunter une ligne droite, j’ai plutôt suivi un chemin avec des tours et des détours (sourire). À l’époque, j’écrivais des nouvelles, mais j’avais un problème de style. Le mien était beaucoup trop ampoulé. Ça ne marchait pas et puis, je ne faisais rien lire à personne. J’étais mon seul lecteur.
Pourquoi ?
Parce que j’estimais que ce n’était pas suffisamment bon (rires) pour le faire lire à d’autres gens, même à des amis. J’en ai parlé à ma copine de l’époque qui traduisait des scénarii du français vers l’anglais et qui conservait ceux qu’elle aimait bien chez elle. Elle m’a dit : « Tu devrais écrire un scénario ». Elle m’a sorti toute une pile de scénarii et j’ai commencé à les lire, à en étudier la forme, à me rendre compte que le style n’était pas si crucial. C’est ce qui m’a beaucoup plu en fait. Je me suis dit que je pouvais raconter une histoire mais sans avoir de style, que je pouvais faire des phrases avec des répétitions. Ce qui est important, c’est la façon dont l’histoire se déroule, les étapes, la progression. À l’époque, ça m’a semblé beaucoup plus simple que d’écrire des nouvelles.
Après qu’as-tu fait ?
J’ai cherché des boîtes de production. C’était pareil : je ne connaissais personne. Je me suis alors rendu à la Maison du Film Court. Après avoir rencontré les gens là-bas, j’ai retravaillé le scénario. On m’y a donné plusieurs noms de boîtes de production susceptibles d’être intéressées par mon scénario. La plupart ne m’a pas répondu. L’une d’elles qui s’appelait Carlito m’a répondu positivement. Olivier Gastinel, le producteur avec qui j’ai fait le film, m’a rappelé deux jours après. Il était emballé. Cela m’a surpris à l’époque. Je me suis dit : « C’est bizarre, ça cache un truc… » (rires). On s’est finalement engagé sur ce projet, Olivier et moi. Ensuite, les choses se sont compliquées. Il a fallu chercher des financements. On en a trouvé assez peu. On a envoyé le projet à plusieurs régions. Une seule nous a répondu positivement : la région Limousin avec laquelle d’ailleurs j’ai encore de bons rapports puisqu’elle soutient mon prochain film qui s’appelle pour l’instant « Les Mâles ne vivent pas ».
C’est un court ? Un long ?
Tel qu’il est, il fait une grosse trentaine de pages. Je pense que ce sera un film de 30 à 40 minutes. Plutôt un moyen donc.
Tu ne l’as pas encore tourné…
Non. J’espère le tourner dans quelques mois, à l’automne 2013. On a eu un premier financement de la Région. Avec « La Dérive » (ndlr son dernier court métrage à ce jour), on a eu le Prix d’Aide à la Qualité, donc, c’est de l’argent que l’on va réinjecter sur le prochain tournage. Là, on va tenter le CNC début décembre mais l’aide est difficile à avoir. Je ne l’ai jamais eue.
Pourquoi ne pas tourner plus tôt ?
Parce que l’histoire doit débuter en automne et reprendre en hiver. C’est très beau, en région. Les couleurs, la nature, tout se prête à l’histoire.
Comment s’est passé ton premier tournage ?
Sur le tournage de « Le Lac, la plage », tout le monde a travaillé de façon bénévole, les acteurs inclus. C’était très particulier car c’était une première expérience pour moi et pour beaucoup de gens, sauf pour les comédiens. J’avais besoin de me retrouver avec des amis et des gens que je connaissais un peu, pas avec des étrangers. Par exemple, un de mes amis, Fabrice Garcia, a été premier assistant. Il avait déjà tourné un court métrage qu’il avait lui-même produit, « Billy Drunk et Shitty Boy contre le Calamar killer », l’histoire d’un calamar géant qui se mettait à tuer des clochards, sur lequel il avait tout fait. Il m’a rassuré avant le tournage. Olivier Gastinel, le producteur, a ramené le chef opérateur avec qui ça a été plutôt dur humainement. Il avait l’habitude d’être assistant caméra sur des grosses productions, il travaillait beaucoup à l’époque avec EuropaCorp sur les productions Besson. Il faisait les « Taxi », Il avait l’habitude des grosses machineries avec des équipes lourdes. Il a dû être surpris quand il a débarqué sur un court métrage où personne n’y connaissait rien (rires). Ce n’était pas un projet amateur mais un projet fragile. Le tournage me faisait assez peur parce que je ne savais pas du tout comment l’aborder. Je n’ai jamais fait de théâtre, je n’ai jamais joué, je me sens mal à l’aise là- dedans, je suis de nature un peu timide. Me retrouver face aux comédiens, au départ, n’a pas été évident.
Qu’est-ce qui te faisait peur avec les comédiens ?
La façon dont il fallait que je leur parle. J’avais l’impression que comme ils avaient déjà joué, ils s’y connaissaient plus que moi. Je trouvais présomptueux de leur donner des indications de jeu alors que je découvrais tout ça. (…) Jean-Claude Montel de la Maison du Film Court m’avait conseillé quelques comédiens qu’il connaissait. Auparavant, il était directeur de casting. D’ailleurs, c’est parmi les acteurs dont il m’a parlé que j’en ai retenu quelques uns dont Pierre Mours (que l’on retrouve dans son second court métrage « Week-end à la campagne ») et Guillaume Verdier.
Dans « Le Lac, la plage » et « Week-end à la campagne », le chien a une importance particulière…
J’ai écrit les deux films de façon assez rapprochée. Je me suis toujours inspiré de mauvaises expériences personnelles (rires). J’ai très peur des chiens par exemple. Il y avait une idée assez dérisoire dans le fait que cette fille tombe amoureuse de ce chien que tout le monde tombe amoureux de cette fille et que le chien cristallise toutes les envies, tous les désirs et les peurs aussi. En plus, le chien est un animal toujours très ambivalent; c’est à la fois le meilleur ami de l’homme et un animal qui peut être potentiellement dangereux. (…) Un chien, c’est pratique pour raconter une histoire. Je me disais presque que si j’en mettais un chien dans un film, ça le rendrait intéressante. Une histoire où tout le monde aurait été amoureux de la même fille me paraissait plus plate, alors qu’avec un chien au milieu renvoyait aux extrêmes.
Qu’est-ce qui fait que tu ne tournes pas davantage ?
Parce que je suis un type lent et parce que, finalement, c’est tout un processus. Même pour un film plus léger que je pourrais faire avec des amis, il faudrait que je les convainque de gaspiller deux ou trois jours de leur temps (rires). Rien ne se fait finalement sans travail.
Dans tes films, tu es très attentif au cadre. Est-ce que tu as fait de la photo ?
Oui. Il y a longtemps. Avant ma formation de monteur à l’AFPA, je faisais de la photo en amateur. Dans « Le Lac, la plage » et dans « Week-end à la campagne », le premier plan est important. J’essaye d’y raconter tout le film. C’est moins le cas dans « La Dérive » car on l’a monté différemment. Le film s’ouvrait sur la main de Dominique (Reymond) qui froissait un petit billet sur lequel était écrit « Bonne chance ». Après, on a fait débuter le film avec des images d’usine.
En combien de temps « La Dérive » (2011) a-t-il été tourné ?
On l’a tourné sur cinq jours à Cap 18 qui est une zone industrielle proche du Boulevard Mac Donald, où tout est refait, où il y a plein de chantiers. C’est une zone de Paris qui est complètement en construction, en chamboulement. Quand on a tourné là-bas, il y avait encore des grues. Tout va s’y transformer visuellement. Ils sont en train de construire un complexe, des parkings, des magasins, des habitations.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de tourner là-bas ?
Au départ, je n’avais pas de lieu en tête. Je savais que j’allais tourner à Paris et puis, on a obtenu une aide de la Mairie de Paris, et j’ai commencé à chercher une imprimerie. J’ai toujours pensé le film comme ça, à la base. Il y a longtemps, pendant mon adolescence, j’ai travaillé dans une imprimerie, dans une zone industrielle comme ça, avec un côté très « usine ». (…) Je connais donc un petit peu ce milieu-là. (…). Cap 18 est aussi une zone industrielle où il y a beaucoup d’imprimeries très modernes. Celle où nous avons tourné avait pour particularité d’avoir de vieilles machines mécaniques sur lesquelles on travaillait encore. Des machines aujourd’hui obsolètes.
Quand tu faisais un plan fixe sur une machine, quel était ton but ?
Ce que je voulais trouver, c’était la mécanique et le rythme, les rouages, la cadence, un son…. C’est presque de la musicalité en fin de compte, quelque chose de très répétitif, de très abrutissant.
Contrairement à tes deux précédents courts, tu t’es servi d’une musique, celle d’Ayméric Hainaux. Avais-tu déjà la musique en tête ou l’as-tu trouvée après avoir réalisé le film ?
On a trouvé la musique après, je ne sais plus par quel biais. J’y ai pensé trop tard, mais je voulais que le personnage de Virginie passe devant des gens qui font de la musique. J’imaginais des gens qui faisaient une sorte de slam dans tous ces espaces désaffectés. Ce qui m’intéressait, c’était le rythme. N’ayant pas filmé ça pendant le tournage parce que ce n’était pas écrit dans le scénario, cela a été un petit peu rattrapé au montage, en discutant avec ma copine de l’époque. Je lui ai dit : « Ce serait bien de trouver un morceau de rap ou de slam, de l’ordre du souffle ». Elle a pensé à Ayméric Hainaux qu’elle connaissait et qui fait du beat box avec sa voix ; il se sert d’un micro, d’un ampli et c’est tout. Il n’a aucun instrument, il ne chante pas, et ce n’est pas plus mal. Ce qui m’intéressait, c’était lorsqu’on l’entendait respirer : cela me rappelait le rythme des machines. (….). Il y avait l’envie de rendre quelque chose d’oppressant.
Pendant la soirée de projection Format Court, tu nous as dit t’être inspiré pour « La Dérive » d’une rupture amoureuse en t’avisant que perdre son travail pouvait être plus grave…
Oui, c’était toute l’idée au départ. J’étais un peu, voire complètement déprimé. J’allais au boulot sans vraiment avoir envie d’y aller et je me suis dit : « Qu’est-ce qui pourrait m’arriver de pire ? ». L’idée est venue comme ça : traiter de la perte du travail comme la perte d’un être cher avec le même sentiment que celui qui me traversait à l’époque : un sentiment d’incompréhension.
D’ailleurs, il y a cette phrase de l’héroïne : « Je ne comprends pas », à laquelle le chef répond : » Mais il n’y a rien à comprendre ».
Oui ! Pendant l’écriture du scénario, chaque fois qu’il y avait un dialogue, j’essayais de repenser à ça. Même quand Virginie parle avec le personnage interprété par Farida Rahouadj : tous leurs dialogues, pour moi, sont ceux d’une scène de rupture. L’une dit : « Pourtant, ça se passait bien. Je ne comprends pas. Pourquoi ? ». En fait quand l’autre te quitte, il n’y a pas de pourquoi. Tu ne sauras jamais parce que l’autre va te donner mille explications. En fait, tu ne comprends jamais parce que c’est tellement violent et parce qu’au fond, il n’y a pas de raison. Et puis, il y a aussi ce sentiment d’être abandonné. Pour le personnage de Virginie, le plus dur n’est pas de perdre son travail mais de perdre ses collègues et ses relations sociales. Si « La Dérive » avait pu être plus long, c’est tout ce pan-là qui aurait été développé : elle, confrontée à sa solitude. (….) À un moment donné, je voulais appeler le film comme ça : « Une Revenante, La Revenante ». Mais, j’ai trouvé que ça ne sonnait pas forcément bien (rires). D’autant qu’à la fin, Virginie revient comme une sorte de fantôme, de spectre, qui hante à la fois le terrain vague, les imprimeries et tous les alentours. C’est pour ça d’ailleurs que Dominique a été beaucoup maquillée, blanchie, qu’elle portait un long manteau noir et qu’elle avait une façon de marcher comme un zombie….
Pourquoi le titre « La Dérive » ?
Nous sommes passés par plusieurs phases. Guy Debord a écrit sur la société du spectacle un texte qui s’appelait « La Dérive » où le principe est de commencer à marcher sans aucune raison, sans aucun but, dans un territoire donné, de dériver, que ce soit en ville ou à la campagne, du matin au soir, et de découvrir un lieu comme ça. C’est une espèce de théorie qu’il a développée et que j’ai découverte en montant le film.
Virginie, la cinquantaine, a accepté d’être licenciée de l’imprimerie où elle travaillait depuis des années. Pour fêter son départ, ses anciens collègues lui ont offert une plante accompagné de cette note : « Bonne chance ».
Bonne chance ? Pour bienveillant que soit l’encouragement de ses anciens collègues, Virginie, hélas, aurait sans doute besoin d’un peu plus que de la chance. Les vrais chanceux, c’est nous, les spectateurs de « La Dérive », troisième court métrage de Matthieu Salmon. Lequel court métrage, un an et demi après avoir été montré – en la présence de son réalisateur – à notre première soirée Format Court aux Ursulines retournait encore mes pensées. Disons-le ! Si ce focus sur Matthieu Salmon existe aujourd’hui, c’est d’abord parce qu’il m’était devenu nécessaire d’écrire sur « La Dérive ». Les paroles d’une certaine chanson disaient : « Tout pour la musique ». Aujourd’hui, j’écrirais : » Tout pour La Dérive ». Même si la première œuvre citée est beaucoup plus légère que celle de Salmon.
Rien de léger dans « La Dérive » donc. Aucun rapport avec l’extase que peut connaître l’apnéiste alors qu’il effectue une plongée optimale. Et pourtant, on accepte de glisser vers l’inexorable. Cela tient bien sûr à Virginie, interprétée avec pénétration par Dominique Reymond, sorte de mante religieuse qui s’auto-décapite car incapable de véritablement nuire à quiconque.
Car Virginie est surtout une victime broyée par ce destin auquel elle a donné la main en acceptant son licenciement. Un destin qu’elle ignorait durant toutes ces années où elle s’était fondue dans son lieu de travail. Un lieu de travail socialisant, structurant et rémunérateur qui la maintenait dans une cécité ordinaire et nécessaire afin de pouvoir accepter l’abrutissement et l’humiliation de son emploi. Aussi, à moins d’être capable de devenir un meurtrier pour obtenir ou sauver son emploi et sa peau tel le personnage interprété par José Garcia dans « Le Couperet » de Costas-Gavras, dès le début du film, on s’identifie à Virginie « la vulnérable ». Et que fait Virginie au début de « La Dérive » ? Elle ferme les yeux, seule et silencieuse dans sa cuisine devant la plante que ses anciens collègues lui ont offerte. À cette première image, en plan fixe, répondent ensuite celles de l’imprimerie mécanique et du vacarme dont elle a cru pouvoir se passer. À la quiétude et la douceur plutôt charnelle du recueillement de Virginie devant sa plante, répond la violence grossière et bornée du travail à l’usine qui peut évoquer l’échafaud ou la mutilation.
Puis, c’est la déchéance. La dépendance de Virginie envers son ancien lieu de travail et ses relations avec ses anciens collègues est si inflexible qu’en vingt minutes, nous assistons à la décrépitude voire à la désintégration morale et sociale de Virginie.
« La Dérive » est montée de telle manière qu’au départ, nous croyons que Virginie se rend à son travail comme n’importe quelle employée. Mais il s’agit d’habitudes contractées au cours des années. Des habitudes auxquelles elle se réfère telle une revenante, incapable d’en changer. Virginie croit sans doute avoir fait un mauvais rêve : elle suppose probablement qu’elle est toujours employée dans son imprimerie. Car après un mauvais rêve, tout reste réversible. D’abord accueillie avec sympathie par ses anciens collègues, elle cesse peu à peu de devenir une personne fréquentable, cesse d’avoir un prénom. Ce qu’elle a à dire n’a plus d’importance. Et puis, ce qu’elle pouvait dire ou penser avait-il vraiment de l’importance auparavant ? N’était-ce pas plutôt par politesse qu’on l’écoutait et qu’on la laissait s’exprimer ?
Alors, Virginie perd jusqu’à la parole, comme l’on perd pied, tant la raison sociale et professionnelle qui la liait à ses anciens collègues est coupée à l’image d’un cordon ombilical vicié et irrécupérable. Ancienne ouvrière dans une imprimerie, elle n’imprime plus, tourne à vide. Pire : elle devient une paria, une presque démente aux attitudes de petite fille de six ans exclue définitivement de l’école primaire et dont la maladie, hautement contagieuse ou honteuse, peut justifier qu’on la lapide ; ou un toutou quêtant peureusement et timidement du regard, et à distance, une marque de reconnaissance de celles et ceux qui avaient été ses anciens collègues. Et l’on peut alors penser au titre « Ne me quitte pas » de Jacques Brel même si Edith Piaf, mal à l’aise devant le texte de cette chanson, aurait un jour déclaré qu’on ne devrait pas chanter ce genre de choses.
Encore pire : Virginie disparaît de l’image. À la fin de « La Dérive », on ne la voit plus. Ne subsistent que des plans fixes de friches et du trafic immobile. Dans « Le Lac, la plage », le premier court de Matthieu Salmon, la victime disparaissait dans l’eau et ne reparaissait plus. Ici, elle disparaît de l’espace.
Les plans fixes, un juste équilibre entre les séquences portées par la gouache du beat box d’Aymeric Hainaux et celles où les dialogues, millimétrés, sobres, respirés et dits juste comme il faut (bravo aux comédiens !) donnent à « La Dérive » une rythmique émotionnelle abrupte. Et juste.
Et puis, réalisé en 2011, le film nous montre un monde liquidé, obsolète. Bien sûr, à l’ère de l’électronique et de l’informatique, les imprimeries mécaniques en sont le premier indice. Mais regardons d’un peu plus près les anciens collègues de Virginie. Quel âge ont-ils en moyenne ? La quarantaine tout au plus (une des ex collègues qui aspire à obtenir un CDI a à peine 30 ans). Pourtant, aucun n’a sur lui les attributs assez caractéristiques de notre époque : pas de MP3, pas de téléphone portable, de tenue vestimentaire ou de signe particulier (piercing, boucle d’oreille, tatouage,…). Même si quelques scènes nous montrant un train de banlieue ou le trafic automobile dans l’arrière-plan nous permettent de comprendre que l’histoire se déroule vraisemblablement aujourd’hui, tous les protagonistes de « La Dérive » sont les récipients d’un passé plutôt daté des années 80, soit des années où la Crise avait été officiellement annoncée : Virginie fait définitivement partie du passé et toute possibilité de reconversion afin de « rebondir » est pour elle a priori indéfiniment inconcevable.
On peut se « contenter » de découvrir « La Dérive » comme la description réaliste d’un licenciement. Cependant, lorsque l’on apprend l’événement qui a inspiré ce film à Matthieu Salmon (cf. interview ci-dessous), on « goûte » encore plus à son film.
Synopsis : Virginie travaille dans une imprimerie en banlieue de Paris. Un jour, conjoncture économique oblige, elle est licenciée. Mais Virginie n’arrive pas à partir, vraiment pas.
Genre : Fiction
Pays : France
Durée : 21 min
Année : 2011
Réalisation et scénario : Matthieu Salmon
Monteur : Benoît Quinon
Monteur son : Jean-François Viguié
Interprétation : Dominique Reymond, Farida Rahouadj, Morgane Hainaux, Bruno Clairefond, Xavier Maly