Tous les articles par Katia Bayer

Filmer à tout prix 2013

Il y a un mois, s’est tenu le festival de documentaires bi-annuel Filmer à tout prix, à Bruxelles. Trois cinéastes étaient à l’honneur (Bodgan Dziworski, Ross McElwee, Anand Patwardhan), un cycle autour des Roms, des films d’Aleksandr Sokourov ainsi qu’une compétition de courts et de longs étaient au programme.

Pour la première fois, Format Court a attribué un prix pendant le festival. « Anima » de Simon Gillard (Belgique) a ainsi été projeté jeudi 12 décembre dernier au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence du réalisateur, et a bénéficié d’un focus en ligne.

À travers ce nouveau focus, articulé autour du festival Filmer à tout prix, nous revenons sur les autres perles de la compétition nationale et internationale.

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Retrouvez dans ce focus :

La critique de « After » de Łukasz Konopa (Royaume-Uni)

La critique de « Not Swisse Made » d’Apiyo Amolo (Suisse)

L’interview d’Apiyo Amolo, réalisatrice de « Not swiss made » (Suisse)

La critique de « Escenas Previas » d’Aleksandra Manciuszek (Cuba)

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Fiche Technique

Synopsis : Un vieil homme en fin de vie partage sa maison délabrée avec sa fille et son petit-fils dont il faut s’occuper. Ce lieu, rempli de souvenirs et de poésie, est le théâtre de ce qui se joue entre ces trois personnages qui, chacun à sa façon, lutte pour sa survie. La promiscuité de ces trois âges de la vie, superbement photographiée, offre un moment précieux de cinéma où espoir, mélancolie et fatalité forment une torpeur opaque fascinante et un document rare sur le Cuba d’aujourd’hui.

Genre : Documentaire

Durée : 27’20”

Année : 2012

Pays : Cuba

Réalisation : Aleksandra Maciuszek

Image : Javier Labrador

Son : Raymel Casamayor, Salomé Román

Montage : Lorenzo Mora Salazar

Production : EICTV

Article associé : la critique du film

Retour en images sur la séance Format Court de décembre

Il y a quelques jours, jeudi 12 décembre, a eu lieu notre dernière séance de courts métrages de l’année au Studio des Ursulines, à Paris. Trois films y étaient programmés, tous présentés par leurs équipes : Virginie Legeay, co-scénariste et productrice, Arnaud Marten, preneur de son (« Les Jours d’avant », Prix Format Court au Festival du film francophone de Namur), Simon Gillard, réalisateur (« Anima », Prix Format Court au festival Filmer à tout prix) ainsi que Nicolas Mesdom et Sébastien Houbani, réalisateur et comédien (« La tête froide »). Voici les photos de la soirée, capturées par l’objectif de Laura Bénéteau.

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Avec Simon Gillard, réalisateur (« Anima »)

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Avec Arnaud Marten et Virginie Legeay, co-scénariste et productrice (« Les jours d’avant »)

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Avec Nicolas Mesdom et Sébastien Houbani, réalisateur et comédien (« La tête froide »)

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Notre Jour le plus court & nos prochains évènements

Cette année, nous n’organiserons pas de séance autour du Jour le plus court, le 21 décembre prochain. Notre projection vient d’avoir lieu jeudi dernier, le 12 décembre et deux Prix Format Court y occupaient une place de choix. Si vous souhaitez néanmoins voir de bons courts à la fin du mois, nous vous invitons à assister à la séance Short Screens de fin d’année, à Bruxelles, le 26 décembre prochain.

En lieu et place de projection parisienne, nous vous proposons de visionner neuf films en ligne entre le 14 et le 22 décembre 2013 grâce à l’opportunité offerte par l’organisation du Jour le plus Court de diffuser quelques films sur le web. Certains d’entre eux ont déjà été chroniqués dans nos colonnes et/ou diffusés dans le cadre de nos projections. Tous ont circulé en festival et datent pour la plupart. Malgré tout, leurs qualités les rendent intemporels et chose importante, ils peuvent être vus et revus sans grande difficulté. Bien évidemment, un écran d’ordinateur ne remplace pas celui d’une salle de cinéma, mais le principe de la fenêtre de visibilité s’applique aussi. Profitez-en, faites partager ces films à vos proches, initiez-les à la forme courte : ces courts métrages, en accès libre grâce à l’Agence du court métrage, ne seront plus disponibles à partir du dimanche 22 décembre, à 8h du matin.

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La fin de l’année approche. Notre couverture autour du festival de Vendôme se poursuit en attendant que celle de Brest et de Filmer à tout prix (Bruxelles) soit publiée. Comme les années précédentes, les membres de la rédaction vous préparent leur Top 5 des meilleurs courts métrages de l’année 2013. De leur côté, les rendez-vous de janvier se précisent. Grâce au succès de notre campagne Ulule (merci encore à tous nos soutiens !), nous prévoyons un tout nouveau et beau site pour le début de l’année prochaine ainsi qu’une belle fête dont nous vous reparlerons très bientôt. Notre projection anniversaire (5 ans) aura lieu, elle, le jeudi 16 janvier prochain, comme d’habitude en présence d’équipes.

Tant qu’à cocher une date, en voici une deuxième pour votre agenda. La carte blanche Format Court offerte par le magazine Bref aura lieu dans un mois pile, le 14 janvier 2014, au MK2 Quai de Seine (la programmation est en ligne). À l’instar de nos projections aux Ursulines et en festival, elle offre un panorama éclectique de la jeune création française et européenne et intègre dans la programmation un ancien Prix Format Court, « Tussilago » de Jonas Odell (remis au festival Anima, à Bruxelles) et l’indémodable « Vivre avec même si c’est dur » de Marion Puech, Pauline Pinson et Magali Le Huche.

bref

Enfin, au lendemain de la cérémonie de clôture du festival de Vendôme lors de laquelle nous récompensé « Pour la France » de Shanti Masud, nous vous annonçons la création d’un nouveau Prix Format Court remis au prochain Festival Premiers Plans d’Angers (17-26 janvier), dans la catégorie Plans animés.

Voilà pour l’actualité de Format Court. En dernier « recourt », nous vous souhaitons quelque peu en avance 2014 découvertes et émotions, riches en courts métrages bien évidemment.

Katia Bayer
Rédactrice en chef

Pour La France de Shanti Masud, Prix Format Court au Festival de Vendôme 2013

Après avoir récompensé lors des précédentes éditions, « La Maladie blanche » de Christelle Lheureux (2011) et « Le Monde à l’envers » de Sylvain Desclous (2012), Format Court vient de primer un nouveau moyen-métrage, « Pour la France » de Shanti Masud au festival de Vendôme. Parmi les 22 films en compétition cette année, le Jury Format Court (composé de Fanny Barrot, Nadia Le Bihen-Demmou, Carine Lebrun, Mathieu Lericq et Marc-Antoine Vaugeois) a élu ce conte d’une nuit pour son sens du portrait, du mystère, de la fantaisie et du romantisme.

Pour la France de Shanti Masud. Fiction, 30′, 2012, France, La vie est belle films associés

Synopsis : Une nuit à Paris. Le passage de l’allemande Désirée dans la vie de Charles, France et Ivo. Le petit matin les découvrira changés.

Lors de la remise des prix, Shanti Masud a reçu son prix des mains de Katia Bayer, la Rédactrice en chef du site.

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© Julien Senelas

À l’instar des précédents Prix Format Court, le film de Shanti Masud bénéficiera d’un focus en ligne et sera projeté le jeudi 10 avril 2014 dans le cadre des séances Format Court, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Palmarès du Festival de Vendôme 2013

Le festival de Vendôme s’est terminé hier soir. Voici le palmarès complet de la compétition nationale des courts métrages.

Grand Prix : Le Jour a vaincu la nuit de Jean-Gabriel Périot

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Cliquer sur l’image pour visionner le film

Prix spécial du jury : Petite Blonde d’Emilie Aussel

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Mention spéciale du jury : Petit Matin de Christophe Loizillon

Prix Format Court : Pour La France de Shanti Masud. Prix d’interprétation pour les comédiens du film : Friedelise Stutte, Sigrid Bouaziz, David Atrakchi, Bastien Bouillon

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Prix du jury jeune, Prix CinEcole en Vendômois : US de Ulrich Totier

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Prix du jury étudiant : Le Tableau de Laurent Achard

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Un jour, un court

Bonne nouvelle. À partir d’aujourd’hui, Format Court diffusera quotidiennement des films sur son site internet à l’occasion du Jour le plus Court. Ces films, pour certains chroniqués dans nos colonnes et diffusés dans le cadre de nos projections, seront accessibles jusqu’au dimanche 22 décembre à 8h. Profitez-en, les neuf bons films en ligne que nous vous proposons sont pour la plupart difficiles à voir et à trouver sur la Toile.

Jour 1 : 14/12 : Viejo Pascuero (Une petite histoire de Noël) de Jean-Baptiste Hubert, fiction, 3′, France, 1993

Synopsis : Au lendemain des fêtes de Noël, un gamin des bidonvilles de Santiago écrit au Père Noël pour se plaindre des cadeaux qu’il a reçus.

Jour 2 : 15/12 : Miniyamba de Luc Perez, animation, 14′, France, Danemark, 2012

Synopsis : Comme des dizaines de milliers de personnes qui chaque jour dans le monde quittent leur terre natale, Abdu, un jeune malien, a décidé de gagner l’Europe. Un voyage du fleuve Niger aux barbelés de l’enclave de Ceuta, où les rêves se confrontent à la dure réalité des migrants, avec au loin les lumières de l’Occident.

Articles associés : la critique du film, l’interview de Luc Perez

Jour 3 : 16/12 : Je sens le beat qui monte en moi de Yann Le Quellec, fiction, 32’12 », France, 2012

Synopsis : Rosalba, jeune guide touristique, souffre d’une affection inédite : la moindre mélodie provoque chez elle gesticulation et danse. Malgré ses ruses pour cacher son excentricité, ce corps indomptable pourrait bien séduire son collègue Alain.

Jour 4 : 17/12 : Jeunesses françaises de Stéphan Castang, documentaire/fiction, 19′, France, 2011

Synopsis : Des lycéens, cadre serré, répondent aux questions d’un conseiller d’orientation un peu agressif. Tour à tour, les adolescents se révèlent, plus dans la manière que dans l’anecdote, entre le vrai et le faux, entre fiction et documentaire.

Article associé : la critique du film

Jour 5 : 18/12 : Le Locataire diabolique de Georges Méliès, fiction, 7′, France, 1909

Synopsis : Un locataire doué de pouvoirs magiques sort de son sac de voyage tout son mobilier, et même les membres de sa famille !

Jour 6 : 19/12 : Fais croquer de Yassine Qnia, fiction, 21′, France, 2011

Synopsis : Yassine, jeune cinéphile passionné, veut tourner un film dans son quartier. Il souhaite associer ses amis d’enfance à son projet. Mais l’amitié a parfois ses travers….

Jour 7 : 20/12 : Le Silence sous l’écorce de Joanna Lurie, animation, 11′, France, 2009

Synopsis : Dans une forêt géante couverte d’un grand manteau blanc, de drôles de petites créatures découvrent la neige si blanche, si belle, si fascinante. Elle les emporte dans un tourbillon d’ivresse et de joie à la rencontre d’étranges phénomènes. Un conte nocturne plein de tendresse.

Jour 8 : 21/12 : Mississipi de Arash T. Riahi, expérimental, 6′, Autriche, 2005

Synopsis : « Mississippi » se réfère à certains égards à cette tradition, pour s’en détacher par ailleurs à travers le prisme de l’ironie. Ce qui, au début de Mississippi, fait penser à un dialogue savamment orchestré entre chaos naturel et structure abstraite se révèle à un moment donné être un concert formel absolument autonome. » Robert Buchschwenter

Jour 8 : 21/12 : Kwiz de Renaud Callebaut, fiction, 5’45 », Belgique, 2006

Synopsis : Dans la salle d’attente d’un hôpital deux dames âgées se livrent une bataille sans merci de connaissances musicales à l’aide de leurs sonneries de téléphones portables. Laquelle des deux ressortira grande gagnante de ce « kwiz » improbable ?

Silence Radio de Valéry Rosier

Déjà auteur du remarqué et remarquable « Dimanches »Valéry Rosier séduit à nouveau avec « Silence Radio », moyen métrage inspiré, présenté à Vendôme, qui suit les auditeurs de Radio Puisaleine, station locale de Picardie carburant à la nostalgie. Portraits d’anonymes en proie à la solitude, « Silence radio » questionne aussi brillamment la place de la mise en scène dans le documentaire.

Lucienne Delile, Berthe Sylva, Rina Ketty, les noms de ces chanteuses ne vous disent peut être rien mais elles passent en boucle sur les ondes de Radio Puisaleine, station picarde suivie par des auditeurs fidèles qui apprécient aussi Claude François, Jacques Brel, Daniel Guichard ou Charles Trenet. Chanteurs morts, oubliés ou même parfois ringards.

Valéry Rosier a choisi de filmer ceux qui font cette radio et ceux qui l’écoutent dans un montage qui alterne entre le collectif et l’intime. Dans un format habituellement réservé à la télévision (le 52 minutes), il fait de « Silence radio » un véritable objet de cinéma, oscillant entre le documentaire et la fiction.

D’abord en s’attachant au cadre et à la mise en espace de ses personnages il tend vers un travail photographique qui pourrait rappeler celui de Martin Parr, la moquerie en moins, ensuite, en choisissant de mettre en scène ces moments du quotidien, s’éloignant du principe de cinéma-vérité. L’auteur fait ainsi sans nul doute rejouer à ses personnages certaines scènes ou dialogues mais cette réalité « fictionnalisée » sert le film et sa construction sans jamais détourner le spectateur de son intérêt premier.

Ce qui frappe d’emblée dans le film est la puissance de ces personnages et leur inscription dans l’espace. Rosier transforme la Picardie en paysage cinégénique et y installe ses protagonistes comme de véritables héros de fiction. On ne connaît pas le processus de « casting » et comment le choix s’est opéré mais tous sont fantastiques. Chacun émeut, fait rire et touche.

Si le film de Valéry Rosier fait souvent rire (et fort), jamais il ne se place comme ont pu le faire avant lui certains réalisateurs de l’émission culte Striptease. Sa démarche semble directement plus inclinée vers une certaine mélancolie, sans toutefois toucher à la nostalgie (le fameux « c’était mieux avant »). La façon dont il témoigne de la solitude quotidienne, du manque d’affection et du pouvoir d’évocation d’une chanson ancienne sont autant de preuves de son talent de portraitiste à la manière d’un Sempé qui croquait ses contemporains avec une élégance certaine.

Amaury Augé

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S comme Silence radio

Fiche technique

Synopsis : La Picardie. La Picardie rurale. Des gens qui ne parlent parfois presque plus qu’à eux-mêmes. Des gens oubliés, en marge de la société. Les gens du silence. Certains d’entre eux s’accrochent à la vie, aux autres. Ils écoutent Radio PUISALEINE, une radio régionale. A travers elle, ils se parlent, se tiennent compagnie, échangent, rient, chantent, se replongent dans leur passé. Portrait d’une radio qui fait reculer l’exclusion et la solitude.

Genre : Documentaire

Durée : 52’

Pays : Belgique, France

Année : 2012

Réalisation : Valéry Rosier

Direction de la photographie : Olivier Boonjing, Mathieu Cauville

Son : Arnaud Calvar, Guilhem Donzel

Montage image : Nicolas Rumpl, Didier Vandewattyne

Montage son : Aurélie Valentin, Mathias Leone

Production : Need Productions, Perspective films, Papyrus Films

Article associé : la critique du film

Anima de Simon Gillard

Gestes et couleurs en Afrique

En titrant son film Anima (emprunt à Jung) et en l’ouvrant par une citation sur le mystère du monde et la folie des actions humaines (formulé par Carlos Castaneda, inspirateur controversé du new-age), on attend du film de Simon Gillard une complexité du développement. Il n’en est rien.

Le film, lauréat du Prix Format Court au festival Filmer à tout prix et du Prix des Ateliers d’Accueil WIP-CAB (Bruxelles), est quasiment muet et d’une grande limpidité visuelle. Il montre dans leur simplicité les gestes qu’on imagine quotidiens des habitants de deux petits villages du Burkina Faso. La belle photographie de Juliette Von Dormael révèle des couleurs ocre rouge, bleu de Prusse ou orangées. Les transparences sont travaillées au travers de toiles d’araignées retenant des objets ou des nuées de poussière. Dans ce film, l’ambiance sonore capture de petits éléments aussi fugaces que certains gestes au départ anodins.

Car derrière chaque geste, se dessinent en fait des fonctions vitales humaines (la transmission du père, de la mère, le rapport à la chasse, au travail). Et si le film commence par l’usage du corps pour le combat, il se termine par son utilisation pour le jeu.

Par un bel étalonnage et un sens aigu du montage, le film parvient à excéder le cadre du portrait. Il propose de suivre le voyage d’une âme (« anima » en latin veut aussi dire « âme ») s’incarnant d’un objet à l’autre. Il est aussi possible d’y voir une forme de révérence face à la beauté du monde. « Amina » qui apparaît en reflet au début du générique est le mot burkinabé pour dire « Merci » tout en faisant une bénédiction pour l’autre. Anima est donc un film recherchant une forme de transcendance au travers de ses images. C’est un objectif courageux pour un simple exercice de l’INSAS belge.

Le prochain film de Simon Gillard, le moyen-métrage Yaar, touchera à nouveau au documentaire et à l’Afrique, puisqu’il s’intéressera à une mine d’or mouvante dans la région de Banfora, à l’ouest du Burkina-Faso. On l’attend avec impatience…

Georges Coste

Article associé : l’interview de Simon Gillard et Juliette Van Dormael

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Ulrich Totier : « Avec notre film, on n’a pas cherché à donner de leçon, on a avant tout voulu faire rire le spectateur »

Le court-métrage d’animation «Us» nous avait beaucoup fait rire quand nous l’avions découvert au festival Paris Courts Devant il y a quelques jours. Nous en avons profité de la récente sélection du film au festival de Vendôme pour y rencontrer son réalisateur Ulrich Totier et l’interroger sur son parcours et sur l’élaboration de son film.

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Peux-tu me parler de ton parcours et de ce qui t’a amené au cinéma d’animation ?

J’ai fait les arts appliqués au lycée, puis un BTS de communication visuel pour m’orienter vers le graphisme, une activité que j’ai pratiqué pendant un an et demi sans passions et avec un certain dégoût au final. Je me suis dit qu’il fallait passer à autre chose, j’ai donc tenté le concours de l’école de la Poudrière à Valence, une formidable école de cinéma axé sur l’animation où j’ai été reçu.

Le cursus dure deux ans, l’enseignement y est très dense, il faut s’y préparer physiquement et mentalement. Il y a énormément de chose à voir, à connaître, à fouiller. On voit de tout, tout ce qui est du domaine du langage cinématographique est abordé en profondeur avec des intervenants très intéressants. Je regrette de ne pas en avoir assez profité, c’était comme pénétrer à l’intérieur d’une bibliothèque qui contiendrait tout ce que j’avais toujours voulu savoir ! Il faut arriver avec une grosse besace et prendre le maximum (rires) !

« Us » est ton premier film réalisé hors cursus. Quelle est la genèse de ce projet ?

J’ai co-écrit le film avec Julie Rousset, qui travaille plus dans le graphisme et dans l’édition. On a vraiment fait ce film ensemble, même si je me suis occupé de la réalisation final. À la base, on voulait réaliser une galerie de portraits, des personnages qui représenteraient tous les caractères et les travers de l’humanité. On a vite trouvé ça assez lourd et on a cherché à orienter le projet vers quelque chose de plus universel, que tout le monde pourrait comprendre. On a cherché à aller vers plus de légèreté, de ludisme, et l’idée d’une sorte de laboratoire où l’on observerait de loin des petites créatures nous est apparu comme la meilleure façon de raconter ce qui nous intéressait initialement.

Ton film a recours aux codes du burlesque, du cartoon. Tout repose sur le mouvement. Comment as tu développé le scénario ?

On n’a pas misé sur l’originalité. Ce n’est pas le premier film avec un caillou qui tombe du ciel et qui provoque des catastrophes. On s’est concentré sur les réactions des personnages, le sens qui pouvait s’en dégager et le potentiel comique de chacun d’entre eux. La phase d’écriture n’as pas été évidente. On a commencé par lister toutes les actions possibles avec l’objet (le caillou), ce qui nous a donné une suite de gags qu’on a ensuite essayé d’organiser pour obtenir un scénario avec un début, un milieu et une fin. En partant du jeu des personnages avec le caillou, on a progressivement défini les rapports qui allaient se créer entre eux au cours du film. La phase d’écriture la plus intéressante à mon goût fut la recherche de gags (rires).

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L’humour du film est assez noir, avec les morts successives de tous les personnages.

Les moyens pour se supprimer sont multiples. Autant que ça soit absurde et en apothéose ! La mort dans ce film-là est traitée de manière légère même si le fond reste tragique. On n’a pas cherché à donner de leçon, on a avant tout voulu faire rire le spectateur !

As tu déjà de nouveaux projets de films ?

Avec Julie, on aimerait poursuivre dans ce registre et développer une série d’animation qui conserverait ce ton, cet humour. Ça serait un gros investissement psychologique et physique, on attend d’être prêt. J’ai d’autres idées pour des courts-métrages, mais souvent elles semblent plus adaptées à de la prise de vue réelle, un domaine que je ne maîtrise pas encore très bien. Alors, je me tâte !

Propos recueillis par Marc-Antoine Vaugeois

Article associé : la critique du film

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Pour en savoir plus, visionnez l’entretien d’Ulrich Totier réalisé pendant le festival de Vendôme

Pour information, « Us » sera projeté à la séance anniversaire de Format Court, le jeudi 16/01/2014, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème), en présence de Julie Rousset, co-réalisatrice et co-scénariste

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Fiche technique

Synopsis : Dans un décor vierge et hors du temps, des bonshommes errent sans but précis. Jusqu’à ce qu’un caillou tombe du ciel. La manière dont ils s’en emparent va révéler la nature de cette drôle d’espèce.

Réalisation : Ulrich Totier

Genre : Animation

Durée : 8′

Pays : France, Belgique

Année : 2013

Scénario : Ulrich Totier, Julie Rousset

Son : Philippe Fontaine

Musique : Ulrich Totier, Christophe Arnaud

Production : Fargo

Articles associés : la critique du film, l’interview d’Ulrich Totier

Floriane Montcriol : « En général, les gens aiment bien mon film parce qu’il s’y passe beaucoup de choses visuellement. Il y a beaucoup de détails qu’on ne voit pas forcément la première fois »

Réalisatrice fraîchement diplômée et jeune maman, Floriane Montcriol présentait il y a quelques jours son film de fin d’études « Amères frites » aux Rencontre Internationales Henri Langlois. Entre drôlerie animalière et regard critique et léger sur la situation politique belge, cette comédie emporte le public dans une jolie fable pleine d’un humour belge forcément décalé.

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Comment est-né ton projet de fin d’études « Amères frites » ?

L’histoire remonte un peu. Quand j’étais en option cinéma-audiovisuel au lycée, nous devions faire un exercice de scénario autour du thème de la chute. J’avais pour l’occasion pensé à une histoire en chaîne où l’on suivait des évènements liés au hasard avec pour fil conducteur un objet. La chute de ce récit était une vraie chute de frites qui tombaient par terre avec en parallèle la chute de tout un pays. Mais ce projet d’époque reste malgré tout très différent du film. J’étais partie sur l’idée d’un fils qui voulait empoisonner sa mère avec des frites. Cela se passait plutôt en France, avec en toile de fond le président Chirac. Et puis quand je suis partie vivre en Belgique, j’ai trouvé que l’histoire collait bien avec ce pays où il y a des friteries partout, et j’ai eu envie d’adapter mon idée à la Belgique. De fil en aiguille, cela s’est transformé en une histoire de couple. J’ai aussi découvert la culture de ce pays, le surréalisme belge et j’ai eu envie qu’il y ait de cela dans mon film.

Comment as-tu imaginé le bestiaire de ton film ?

Au départ, j’étais partie sur une autre histoire. Mais au fur et à mesure les personnages ont fini par avoir des têtes d’animaux. J’avais aussi vu les films de Ladislas Starewich où les personnages ont des têtes d’animaux et des corps d’humains. Cela m’a vraiment plu et influencée.

Tu vis en Belgique mais tu viens du sud de la France. Comment as-tu travaillé le côté belge de ton film ?

J’ai écris le scénario en ayant l’idée de l’adapter au maximum à la Belgique. Je me suis alors renseignée sur le cinéma belge et ai aussi sollicité pas mal d’aide des Belges pour la narration car on m’avait dit que mon style sonnait très français et qu’il faudrait peut être y ajouter quelques beaux belgissismes qui ne pouvaient bien sûr pas me venir naturellement! À Bruxelles j’ai rencontré le propriétaire du théâtre Toone, un théâtre de marionnettes qui montre des pièces issues de la culture locale. Il m’a accordé un petit moment pour retravailler tout mon texte, non pas en changeant le propos mais en ajoutant ici et là quelques mots en flamand. Au final, en France, les spectateurs ne comprennent pas forcément ce qui est dit. C’est un peu gênant mais pas très grave car on comprend quand même l’idée générale. Les Belges par contre apprécient beaucoup le film, ils rient toujours, et se reconnaissent. Les têtes de lion et de poule leurs parlent beaucoup plus ; la plupart des gens en France ne connaissent pas ces symboles. Si mon film a d’ailleurs été sélectionné en festival en Belgique ça n’a pas été le cas en France avant une période très récente. Je pense qu’il passe plus difficilement en France car les gens n’y voient que le premier degré d’un couple en crise. Personnellement, j’apprécie quand dans un film il y a des références et que tous les éléments ne soient pas livrés, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde. En n’explicitant pas les raisons du choix du lion et de la poule, je crois que je perds une partie du public. C’était déjà le cas dans mon premier film où je traitais du mythe de Narcisse transposé de nos jours. Beaucoup de gens ne connaissaient pas l’histoire et ne comprenaient pas la fin du film où une fleur se mettait à pousser.

Le film est porté par la voix d’un narrateur belge. Comment l’as-tu casté ?

En fait, ce n’est pas un comédien. Il s’agit de Julien Vrebos, un bruxellois. Il est réalisateur et également présentateur TV. Au départ, je travaillais la voix avec un ami belge, mais rapidement mon professeur a pointé le fait que sa voix n’était pas très adaptée. Je ne savais pas qui prendre. C’est un autre professeur qui m’a parlé de Julien Vrebos. Je suis allée voir des vidéos de lui sur internet et j’ai été convaincue. Il a accepté de collaborer à mon projet.

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Peux-tu nous parler de la technique d’animation que tu as utilisée ?

J’ai souvent des idées de techniques, des envies. Par exemple j’aimerais faire une animation avec des fleurs et des feuilles séchées mais pour l’instant je n’ai pas trouvé d’histoire qui colle à cela et je pense qu’il vaut mieux que la technique soit au service du récit. Pour « Amères frites », j’ai travaillé en cut out (matière découpée). J’ai tout fabriqué moi-même. Au début, j’hésitais entre deux techniques : la stop motion ou le cut out. J’avais moins d’expérience avec la stop motion, mais j’avais quand même commencé à fabriquer des poupées dans la phase de préparation. Le résultat n’était pas vraiment satisfaisant. Un professeur m’a suggéré de bien réfléchir à ce qui convenait le mieux à mon style de film, je me suis dit que pour une comédie, le cut out était sûrement plus adapté car il apporte un côté décalé aux choses et donc un potentiel comique. En général, les gens aiment bien mon film parce qu’il s’y passe beaucoup de choses visuellement. Il y a beaucoup de détails qu’on ne voit pas forcément la première fois, comme la mention «Albert King size» (ex-roi de Belgique) sur l’aquarium !

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Tu es sortie diplômée en 2012. « Amères frites » est ton film de fin d’études. Comment se passent les exercices de réalisation dans ton ancienne école, le Kask ?

Dans cette école, la licence et le master sont proposés aux étudiants. La formation est très axée sur la pratique. Dès la première année il y a des exercices techniques mais si les étudiants le souhaitent, ils peuvent déjà réaliser un petit court métrage, et c’est pareil en deuxième année. En troisième année et en master le projet doit être plus conséquent et pus qualitatif. Pour cela, les étudiants peuvent avoir à disposition un petit studio pour réaliser leur film. Personnellement, j’avais besoin de beaucoup d’espace pour tous les décors, les personnages, les vêtements… J’ai pu bénéficier d’un studio quasiment toute l’année scolaire pour moi toute seule ! J’ai eu de la chance, les conditions étaient très confortables.

Quels sont tes projets en cours ?

Je travaille sur un projet d’illustrations avec du cut out et de la prise de vue photo, du volume… Ce ne sera pas un projet traditionnel. Et puis je suis aussi sur un projet de film sur le thème de l’introspection, mais je n’en suis qu’à la phase d’écriture et de recherche.

Propos recueillis par Fanny Barrot

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A comme Amères frites

Fiche technique

Synopsis : Dans une friterie de Bruxelles, on raconte l’histoire de M. Lion et Mme. Poule, un couple d’hurluberlus qui décide un beau jour de s’entretuer. Seulement, rien ne se passe comme prévu et à cause d’eux, le plat pays se retrouve sans dessus-dessous.

Réalisation : Floriane Montcriol

Genre : Animation

Durée : 10’

Pays : Belgique

Année : 2012

Son : Elias Vervecken

Musique : Koen de Couter

Voix : Julien Vrebos

Production : KASK

Article associé : l’interview de Floriane Montcriol

Simon Gillard et Juliette Van Dormael : « Il ne faut pas se leurrer, nos courts métrages ne sont pas des objets à vendre, ce sont des outils promotionnels »

Simon Gillard est venu présenter Anima au Festival de documentaire Filmer à tout prix au mois de novembre 2013. Il en est reparti avec le Prix des Ateliers d’Accueil WIP-CAB et le Prix Format Court. Nous l’avons rencontré en compagnie de sa chef opératrice, Juliette Van Dormael, en prévision de la projection du film ce jeudi 12 décembre au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).

Quel a été votre déclic cinéma ?

Simon : Pour moi, c’est la famille. Mon père possédait une boîte de production de films publicitaires en Bretagne et il y avait toujours une caméra qui traînait à la maison. Ma mère en était fan, elle l’utilisait tout le temps. Plus tard, quand il a fallu archiver toutes ces images, il m’a semblé important de comprendre ce besoin d’images. En a découlé le besoin d’apprendre à lire l’image et de faire du cinéma car c’est l’art le plus majestueux qui allie l’image photographique au mouvement et au son.

Juliette : Pour moi, c’est la photo qui m’a menée au cinéma. J’ai fait beaucoup de photo étant adolescente. Et puis, j’ai été entourée de gens qui faisaient du cinéma. Mais je me suis vraiment décidée à l’étudier sur le tournage de « Mr. Nobody », de mon père [Jaco Van Dormael]. J’avais 16 ans et j’ai passé mon été sur le plateau à observer comment les choses se passaient. J’ai appris énormément rien qu’en observant.

Vous avez tous les deux étudié à l’INSAS, à Bruxelles, Simon en réalisation et toi Juliette, en image, Anima est votre première collaboration. Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce projet ?

Simon : Anima est un film réalisé dans le cadre des « Regards croisés ». L’INSAS envoie les étudiants en réalisation qui le souhaitent dans un pays étranger pour y tourner un film en collaboration avec une école sur place. On avait le choix entre le Brésil, la Chine et le Burkina-Faso. Logiquement, les réalisateurs ne sont jamais allés dans le pays avant, et leur regard reste vierge face à la réalité qu’ils découvrent sur place, ce qui fait que les films réalisés sont souvent empreints de fascination comme l’est Anima, même si pour ma part, j’étais déjà allé en Afrique de l’Ouest et au Burkina-Faso, en particulier et que je souhaitais y retourner. Anima a été filmé aux frontières du Mali et de la Côte d’Ivoire. L’idée a été d’approcher une civilisation rurale qui a une identité forte, un savoir-faire fort mais qui n’est pas régulièrement documentée ou pas toujours de la bonne façon. J’avais envie de dépeindre la non possession de ce peuple.

Juliette : En fait, Simon et moi, nous nous étions rencontrés sur un autre tournage et il m’avait parlé de son projet de tourner au Burkina. Très vite, je lui ai fait savoir que cela m’intéressait de collaborer avec lui et il a accepté. Il est d’abord parti seul et puis, une fois que l’idée du film est devenue plus concrète, je l’ai rejoint.

Simon : Ce qui m’intéressait avant tout, c’était de filmer le territoire, le relief, les falaises, les cascades. L’eau en mouvement me fascine. La première rencontre que j’ai faite était autour d’un tas de charbon et ça m’a fait penser à un film italien qui m’a beaucoup influencé et inspiré, « Le Quattro volte » de Michelangelo Franmartino dans lequel on suit, selon les quatre saisons, un berger, sa chèvre et le travail du charbon.

Pourquoi avoir opté pour une image l’emportant sur la parole ?

Simon : C’est vrai que nous avons mis l’accent sur un traitement graphique. Dans ma façon d’aborder un sujet, j’essaye en général d’éluder le contexte. Pour ce film, cela me semblait primordial tout simplement parce j’arrive dans un pays qui n’est pas le mien, avec une culture que je connais très peu, il y au moins 70 ethnies et tout autant de langues que je ne connais pas donc il m’est impossible d’aborder la parole avec intelligence. Et plutôt que de réaliser un film qui se veuille un petit peu réducteur, j’ai décidé de réduire moi-même ma capacité d’action en enlevant les mots dans le film. Avec Juliette, on a beaucoup parlé de la manière de filmer. Et comme moi, elle ne ressentait pas le besoin de mettre et d’utiliser le verbe, surtout le verbe traduit, qui aurait réduit le sujet à des bribes d’informations auxquelles le spectateur se serait raccroché.

C’est vraiment faire confiance au spectateur que de ne pas le guider par des explications.

Simon : J’ai voulu mettre l’accent sur l’aspect graphique pour que le spectateur puisse ressentir les images avec ses sens, que le film soit une expérience sensorielle qui fait appel au toucher, à l’ouïe et peut-être même à l’odorat.

Juliette : Je pense qu’au début, le spectateur est troublé mais que grâce au montage, au choix de la longueur des plans, il se retrouve petit à petit et peut se laisser aller.

Simon : À propos de la confiance que l’on accorde au spectateur, il faut savoir si on fait des films pour nous ou pour quelqu’un en particulier. Avant, dans tout ce que je faisais, je me posais la question du destinataire or, ici, pour Anima, c’est la première fois que je ne pense pas à l’individualiser. C’est la raison pour laquelle, le film partage les avis. Beaucoup de gens peuvent être agacés par ce manque d’explications car ce n’est pas habituel. Et c’est cela que je trouve intéressant, Pour moi, c’est de l’éducation à l’image avant tout que de montrer qu’il existe d’autres manières de raconter quelque chose.

Comment avez-vous travaillé l’image sur ce film ?

Juliette : On tournait à deux caméras, il fallait que nos images coïncident un minimum. Chaque soir, on comparait ce qu’on avait tourné la journée.

Simon : On a dû faire des choix parce qu’avec les caméras qu’on avait, c’est-à-dire des caméras non professionnelles qui n’offraient pas vraiment une image très souple, on a été obligé d’avoir des partis pris et de faire des choix.

Juliette : Ça a été des choix de tournage, finalement. Mais, je suis assez contente du résultat qu’on a eu à l’étalonnage.

C’est important pour vous d’être sélectionné dans un festival entièrement consacré au documentaire comme Filmer à tout prix ?

Simon : Pour moi, ça n’a pas beaucoup d’importance si ce n’est que dans un festival de documentaires, j’ai l’impression que le public est plus critique et plus exigeant.

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Simon, tu as des affinités avec le documentaire, comptes-tu en réaliser d’autres ?

Simon : Disons qu’avec Anima, je suis parti dans une recherche, dans un style de réalisation que j’ai envie d’explorer davantage car je sens que je dois encore progresser. J’aime le documentaire et j’ai envie d’encore en tourner pour le moment. Je ne me sens pas encore prêt à me mettre à une fiction qui ne soit pas un travail expérimental avec des comédiens.

Quel rôle donneriez-vous au documentaire, aujourd’hui ?

Simon : C’est difficile de répondre à cette question car justement Anima ne tranche pas sur la question. En ce qui me concerne, je ne fais pas vraiment la différence entre le documentaire et la fiction. Ce sont deux manières de transmettre un message, de communiquer, d’exprimer une idée à autrui.

Juliette : D’ailleurs, ce serait plutôt réducteur que de le restreindre à un rôle. Mais moi, la seule différence que je vois entre les deux, c’est que dans le documentaire, la réalité filmée n’aura lieu qu’une fois.

Simon : Oui, mais ça dépend aussi à quel détail on décide de se placer. Par exemple, en filmant cette jeune fille sur la balançoire dans Anima, elle s’est balancée pendant peut-être 25 minutes sans que je prononce un seul mot, sans que je lui dise ce qu’elle devait faire. Simplement, elle a compris qu’il se passait quelque chose, que c’était un instant pour elle et elle a eu envie d’en profiter.

Être primé, c’est quelque chose d’important ?

Juliette : C’est une belle reconnaissance.

Simon : C’est vrai. Et puis, c’est aussi une chance pour nous de pouvoir mettre nos films en avant. Un Prix comme le Prix Format Court,  ça permet de faire la promotion de notre travail.Il ne faut pas se leurrer, nos courts métrages ne sont pas des objets à vendre, ce sont des outils promotionnels. Et ce qui m’a été donné à Filmer à tout prix, c’est la certitude de faire encore au moins un film, si pas deux.

Avez-vous encore le projet de collaborer par la suite ?

Simon : Pas dans un avenir proche puisqu’on est assez occupé chacun de son côté mais c’est certain qu’on va retravaille ensemble. En ce qui me concerne, j’ai un projet de moyen métrage, Yaar dans la continuité d’Anima dont le tournage débute en janvier.

Propos recueillis par Marie Bergeret

Article associé : la critique du film

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Simon Gillard, Prix Format Court au Festival Filmer à tout Prix 2013

Pour sa première collaboration avec le Festival Filmer à tout prix, à Bruxelles, Format Court a attribué un Prix à Anima (Belgique) de Simon Gillard. Un film d’école, simple et poétique, un voyage envoûtant dans l’Ouest africain. Le court métrage sera montré jeudi 12 décembre 2013, lors de la dernière projection Format Court de l’année en présence de son charismatique réalisateur. L’occasion pour Format Court de publier le focus qui lui consacré dans le cadre du prix.

Marie Bergeret

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Retrouvez dans ce dossier spécial :

La critique de Anima de Simon Gillard

L’interview de Simon Gillard et Juliette Van Dormael, réalisateur et chef opératrice de Anima

A comme Anima

Fiche technique

Synopsis : Parmi les hommes et leurs gestes, bruts et graves, une âme se libère. Elle s’extrait de notre monde dans un curieux voyage, une traversée par les airs de cet étrange village de l’ouest Africain. Ses images puissantes et évocatrices se mêlent aux sonorités entêtantes, pour nous donner à voir, sans limites, ce rêve éveillé.

Genre : Documentaire

Durée : 18′

Pays : Belgique

Année : 2013

Réalisation : Simon Gillard

Scénario : Omran Risheq

Montage : Cécile Orfila

Image : Simon Gillard, Juliette Van Dormael

Son : Alain Kabore

Mixage : Sara Kaddouri

Musique : Caixacubo – Lamine Soulama

Production : INSAS

Articles associés : l’interview de Simon Gillard et Juliette Van Dormael, la critique du film

A comme Arekara, La vie d’après

Fiche technique

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Synopsis : Cinq témoignages d’un événement apocalyptique et surréaliste: un tsunami. Les rescapés racontent.

Genre : Documentaire

Durée : 17’

Pays : France

Année : 2013

Réalisation : Momoko Seto

Interprétation : Kōichi Nakazato, Shigetsugu Gotō, Sumiko Abe, Yūji Ishimori, Hiroko Utsumi

Image : Momoko Seto

Son : Quentin Degy

Montage : Momoko Seto, Nicolas Sarkissian

Production : Ecce Films

Article associé : la critique du film

Arekara, La vie d’après de Momoko Seto

En 2011, la réalisatrice japonaise Momoko Seto nous présentait son court métrage expérimental « Planet Z », nous plongeant dans une guerre macro entre champignons et végétaux, le tout en timelapse. La même année, un tsunami s’abattait sur le Japon. De cet évènement tragique, Momoko Seto nous revient avec « Arekara, La Vie d’Après », documentaire en compétition au 22ème Festival du film de Vendôme.

C’est dans la ville à moitié dévastée d’Ishinomaki, au nord de Tokyo, que la réalisatrice a choisi de poser sa caméra. Partant à la rencontre de rescapés, elle capte à travers le témoignage de cinq d’entre eux la réalité terrifiante, triste mais aussi touchante de la vie depuis le drame, à l’image d’un homme ayant perdu son fils ou celle d’une femme devenu fan de sumo après la catastrophe.

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Trois parties composent ce court métrage. Dans un premier temps et dans la tradition des documentaires, de nombreux plans fixent mettent en scène les récits des survivants. La caméra n’est ici que spectatrice des histoires de ces hommes et ces femmes, comme immobile ou paralysée face à la fatalité de la situation. Mais ce qui aurait pu n’être qu’une simple réunion d’histoires illustrant le désastre se révèle être un recueil d’expériences surréalistes, exceptionnelles, où les rires et les larmes font face à l’incertitude et la précarité qui rythme à présent le quotidien de chacun.

Appuyant les témoignages, la deuxième partie de l’œuvre se base sur des images fortes de paysage dévasté, à l’instar d’un bus toujours suspendu sur le toit d’un immeuble rappelant la puissance de l’évènement. La dernière partie du film continue de montrer les ruines de la ville, mais cette fois-ci soutenue par le récit des survivants, rajouté comme une illustration aux faits.

Momoko Seto livre ici une œuvre forte, poignante et réussit le pari de ne pas plonger dans le dramatique, mais plutôt d’insister sur l’universalité des évènements vécus par chacun de ces sinistrés. Car ce drame a changé leur vie mais cette dernière, inlassablement, reprend son cours. On retiendra de ce court métrage un optimiste contagieux, rappelant que même si la nature fait son œuvre parfois aux dépens des hommes, ces derniers ne doivent pas s’arrêter sur la fatalité des choses. Il y a eu une vie avant. Il y en aura une après.

Carine Lebrun

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Festival de Vendôme 2013

Vendôme n’est pas seulement la ville de naissance du grand Alain Cavalier. C’est aussi le berceau du Festival du Film de Vendôme, le bien nommé. Depuis 22 ans, chaque mois de décembre, le festival déniche des merveilles européennes du côté du court, du long, du documentaire et de l’animation. C’est là qu’on été découverts et célébrés les courts de Benoit Forgeard, Nicolas Provost et Sophie Letourneur, pour ne citer qu’eux.

Cette année, Vendôme consacrera un focus au travail de Sébastien Betbeder, un autre grand ami du festival. L’occasion notamment de revoir son magnifique moyen métrage « La vie Lointaine ». En plus d’un focus sur le cinéma italien, d’un panorama sur le documentaire de création, d’avants premières de longs, le festival propose une compétition d’une vingtaine de courts français qui brillent par leur éclectisme. Avanti !

Amaury Augé

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Retrouvez dans ce Focus :

« Pour La France » de Shanti Masud, Prix Format Court au Festival de Vendôme !

Palmarès du Festival de Vendôme 2013

La critique de « Silence Radio » de Valéry Rosier (Belgique, France)

L’interview d’Ulrich Totier, réalisateur de « Us » (France, Belgique)

La critique de « Arekara » (La vie d’après) de Momoko Seto (France)

Nouveau Prix Format Court au Festival de Vendôme !

Carte blanche Format Court au Festival de Vendôme !

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