Hole est un court métrage de vingt-quatre minutes réalisé par une jeune cinéaste coréenne du nom de Hwang Hyein. Ce court-métrage d’horreur produit par la Korean Academy of Film Arts, est porté par son actrice principale Lim Chae-Young en jeune policière. Présenté dans la sélection de la Cinef de Cannes 2023, le travail de la jeune Hwang Hyein nous impressionne par sa maîtrise et par son élégance.
Si l’histoire débute comme un thriller ou un film noir, deux genres emblématiques du cinéma coréen, elle dérive et nous emmène dans le secteur du surnaturel. Ainsi, le synopsis se résume en ces mots : une jeune enquêtrice investigue sur des cas de maltraitance d’enfants et se rend dans une maison délabrée pour y faire la rencontre de deux enfants laissés seuls. Très vite, elle se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison lugubre au papier peint déchiré. Dans ce décor parfait de film d’épouvante, une succession de petits évènements va survenir : des enfants muets aux visages sombres, des bruits inquiétants, une porte qui claque et vous enferme dans une pièce, et un trou béant.
Tout le récit s’articule autour de ce trou que découvre la jeune policière en soulevant une plaque de métal. Au milieu de l’une des pièces de la maison se trouve un trou noir, comme un puit sans fond, que les enfants regardent fixement. Quand la policière demande aux enfants où sont leurs parents, ils répondent que les ténèbres les ont mangés et désignent des yeux ce trou comme le coupable de leur ravissement.
Hwang Hyein nous offre avec son court métrage Hole un récit d’horreur tout en tension prouvant que l’économie est parfois le meilleur outil de la peur. La raison du succès de la simplicité est que le plus grand générateur de la peur est l’imagination. Nul besoin de gros monstres aux dents pointues pour terroriser un public, il suffit de suggérer l’inimaginable pour qu’il s’installe dans nos esprits et nous hante. C’est sur ce principe que la jeune réalisatrice a basé son court-métrage à l’articulation assez simple qui respecte quasiment les règles ancestrales de la mise en scène : unité de temps, de lieu et d’action.
C’est donc en huis clos que l’histoire de la capture d’une femme par une maison malsaine nous est racontée, une capture d’autant plus terrifiante qu’elle est insidieuse. Chaque élément qui compose le lieu est étrange, ses habitants ne se soustrayant pas à la règle, comme contaminés. Même les enfants qui sont supposés être les victimes à sauver, petites choses innocentes, nous glacent le sang par leur froideur, leur soi-disant maladresse qui manque de faire tomber la jeune policière dans le puits sans fond.
Le travail des lumières et des couleurs, malgré un certain académisme, est particulièrement remarquable. L’image s’assombrit à mesure que les ténèbres envahissent la pièce, libérée par ce trou qui ne veut plus se refermer. Le trou noir, qui revet quasiment une dimension métaphysique, engloutit tout ceux qui se trouvent autour de lui : les personnages et les spectateurs avec. Nous nous retrouvons entièrement à la merci de cette force inquiétante qui, inarrêtable comme la mort, vient vous chercher inexorablement.
Le personnage principal s’affiche comme une jeune femme en prise à une profonde terreur mais qui tente de rationaliser les évènements auxquels elle assiste. Tout dans l’histoire est fait pour nous faire hésiter entre le réel et l’irréel, et créer chez nous des questionnements qui persistent jusqu’à la fin. Comme elle, nous tentons de nous rassurer par le rationnel mais l’escalade de l’étrange nous dissuade au fur et à mesure et le destin de la policière nous semble scellé.
Somme toute, le premier projet de Hwang Hyein est une belle réussite. Le spectateur est vite plongé dans l’histoire qui nous accroche et nous fait attendre la suite dans une angoisse grandissante. Le film nous accroche par l’intensité de son suspense et se scelle par un dénouement qui nous intrigue davantage.