On avait découvert Sarah Saidan avec Beach Flags réalisé en 2014. Le film racontait l’histoire de Vida, une jeune fille désireuse de participer à une compétition de natation en Australie, mais renvoyée à sa condition de fille en Iran et confrontée à un choix difficile au sujet de l’une de ses co-équipières, Sareh. Le film nous avait bien plu à l’époque par son style visuel, la simplicité de sa narration, son sujet politique et le dessin de ses personnages.
Quelques année plus tard, on est ravi de retrouver la réalisatrice avec son nouveau court, A coeur perdu, programmé en compétition nationale à Clermont, qui mixe à nouveau persan, couleurs, dessins et émotions. A coeur perdu raconte l’histoire d’Omid, un père de famille iranien immigré à Paris et travaillant dans un hypermarché à pomme rouge. Confronté au racisme ordinaire, à la méfiance, à l’impatience des parisiens, il répond par son sourire, sa bonne humeur et ses fautes de français. Un soir, il se fait poignarder par des malfrats en bas de chez lui. Miraculeusement, il ne succombe pas à l’attaque car il n’a plus de coeur selon les médecins. Ni une ni deux, il prend l’avion pour rentrer chez lui, en Iran, afin de retrouver son coeur égaré, là où il envisage l’avoir laissé derrière lui. Sur place, différentes émotions l’interpellent : l’inconfort de celui qui revient chez lui et qui a laissé derrière lui ses proches, la joie de retrouver les saveurs et les couleurs de son pays d’origine, la surprise de retrouver la pollution et les bruits d’antan. Quant à son coeur, Omid le voit partout mais ne le trouve nulle part.
Avec ce film bien personnel, Sarah Saidan signe un très beau retour en festival. A première vue, le film pourrait ne parler que de cette histoire d’organe mais il évoque aussi avec poésie et humour les difficultés propres à l’immigration à savoir la maîtrise du français – langue ô combien compliquée – mais aussi le déracinement et le choc des cultures à l’image de ce plan génial où Omid entre dans le métro avec sa fille et dit tout simplement bonjour à tout le monde, avec son accent à lui. Les passagers s’en étonnent, grommellent, s’imaginent tout de suite que le père et sa fille sont là pour leur demander l’argent alors qu’ils ne font que preuve de politesse. On en arrive à se dire qu’Omid a raison et qu’il faudrait se saluer systématiquement dans les transports dits en commun.