Après le festival du court métrage européen de Brest où le jury Format Court a remis un prix à Madara Dišlere en novembre dernier pour son film « The Gardener », nous avons rencontré cette réalisatrice lettone nourrie au cinéma dès son plus jeune âge. Alors que Madara est actuellement en préparation de son premier long-métrage, « Paradise 89 », cet interview propose un retour sur cette nouvelle expérience et sur les perspectives de diffusion et de carrière cinématographique en Lettonie.
Quel est ton parcours, es-tu allée dans une école d’art ou de cinéma ?
Je suis allée en école de cinéma très tard car lorsque j’ai terminé le lycée , il n’y avait pas de choix en Lettonie. J’ai commencé par étudier différentes choses comme les relations interculturelles entre la Lettonie et l’Allemagne, je suis ensuite allée en Allemagne pendant un an. Puis un an après, en 2008, un programme d’études pour la réalisation a finalement ouvert. J’ai passé le concours pour l’intégrer et j’ai été prise.
Tu veux dire qu’il n’y avait pas d’école de cinéma en Lettonie avant 2008 ?
Non, après la chute de l’Union soviétique, il n’y avait pas d’écoles de cinéma. Ceux qui voulaient étudier le cinéma devaient aller à Moscou, à l’Institut cinématographique de Vgik. Ma famille n’avait pas l’argent nécessaire pour me permettre d’aller là-bas, je n’ai donc pas eu cette chance. Mais en réalité, j’ai travaillé pendant longtemps pour l’industrie cinématographique avant d’étudier le cinéma, pendant presque dix ans. J’ai débuté en tant qu’assistante de production, puis régisseuse d’extérieurs, puis première assistante de réalisation. Encore aujourd’hui, je travaille comme première assistante pour d’autres réalisateurs. En réalité, ce qui m’a dirigée vers le cinéma, c’est qu’à l’âge de cinq ans, j’ai joué un des rôles principaux dans un film pour enfants réalisé par Varis Brasla. Puis, à sept ans, j’ai de nouveau joué dans un film de ce réalisateur. Ensuite, ma mère a commencé à travailler dans la production cinématographique. Elle a été directrice de production dans les studios de Riga pendant de nombreuses années. Ce sont de très grands studios comme on pouvait en trouver un peu partout à l’époque dans les pays de l’Union soviétique. Ceux de Riga étaient importants.
Finalement, tu as toujours voulu travailler dans le cinéma ?
Oui car je n’ai connu que ça dans mon enfance, des tournages, des décors, des équipes de tournages, des réalisateurs, je pense que c’est ce qui m’a amenée ici aujourd’hui.
C’est drôle d’imaginer que vous n’aviez pas d’école de cinéma mais que vous aviez des grands studios…
Oui, à l’époque tout le monde au sein des pays de l’Union soviétique partait étudier à Moscou puis revenait ensuite travailler dans son pays et y faisait des films.
Une fois à l’école de cinéma, quelle spécialité as-tu choisi ?
Après toutes ces années, c’était la première fois qu’il y avait un programme dédié pour les réalisateurs donc j’ai suivi le programme de réalisation. En fait il y avait seulement des cameramans et des réalisateurs, et pas d’autres possibilités, mais je voulais étudier la réalisation. Aujourd’hui, ils ont aussi quelques scénaristes mais très peu. En réalité, nous n’étions que six pour la réalisation pendant quatre ans. Ça se passe ainsi pour les scénaristes et les monteurs aujourd’hui.
Qu’as-tu appris là-bas ? Était-ce une bonne expérience ?
J’ai apprécié le fait de pouvoir tout essayer, d’avoir la possibilité d’expérimenter presque toutes les choses dont j’avais pu rêver. C’est une très bonne chose pour une école, j’ai eu de bons enseignants, je pense que le professeur principal était très bien. Mais le reste est propre à chacun. Si on veut apprendre plein de choses c’est possible, et l’inverse également. Nous avions beaucoup de pratique et je pense que c’est une bonne chose. Nous avons réalisé deux courts-métrages par an, de toute sorte : des documentaires, des films muets, des films de reconstitutions.
Quel intérêt portes-tu au court-métrage, est-ce une forme que tu aimes particulièrement ou plutôt une étape vers le long-métrage ?
Je pense que certaines histoires ne peuvent être racontées qu’à travers le court tandis que d’autres ne peuvent être racontées qu’à travers le long. J’aime les deux formats mais quelque part, parce que cela fait des mois que je travaille sur un long-métrage pour la première fois (« Paradise 89 »), je me rends compte que j’aime ce long format. Peut-être que si on reste trop longtemps dans le format court , c’est plus difficile par la suite de penser les choses en plus grand. J’aime les deux mais je crois qu’il est temps pour moi de passer à des histoires plus longues, plus développées.
En Lettonie, quelles sont les possibilités de diffusion pour ceux qui ont étudié le cinéma et réalisent des courts ?
Je pense que c’est un vrai problème car les courts métrages sont diffusés en avant-première dans des salles de cinéma puis disparaissent pendant au moins deux ans. Quand ils sont de retour de leur tournée en festivals, qui sont leurs principaux lieux de diffusion, ils sont éventuellement visibles sur Internet ou sont diffusés à la télévision lettone une seule fois. La télévision montre assez peu de courts métrages. Beaucoup de producteurs disent qu’ils pourraient montrer un court métrage letton en avant-programme lors des avants-premières de longs métrages lettons, mais bien souvent ce sont les réalisateurs qui ne sont pas d’accord car cela détourne l’attention de leur film. Je ne sais pas pourquoi ils pensent comme ça, mais diffuser un court métrage avant chaque long me semble être la meilleure option. La situation est très mauvaise aujourd’hui.
Aujourd’hui les publicités remplacent les avant-programmes…
Oui et bien que je ne sois pas une nostalgique de l’Union soviétique, lorsque j’étais enfant et que nous allions au cinéma, il y avait, avant chaque film, un programme de vingt minutes sur des sujets divers qui s’appelait « Journal », j’aimais beaucoup ça. Quant aux festivals de courts-métrages, il en existe deux en Lettonie, mais ils durent une semaine et si on ne peut pas y aller à ce moment-là, on manque la seule opportunité de voir des courts.
Tes trois premiers courts métrages, « G-Spot », « A Poem » et « Broken Pines », ont pour point commun d’avoir pour personnage central une femme. Ton premier film professionnel, « The Gardener », tourne cette fois autour d’un personnage masculin, pourquoi ce changement à ce moment-là ?
Ces trois premiers films sont tous des films d’études réalisés lors de mon cursus à l’Académie. Lorsque j’ai commencé mes études, la première chose que le professeur nous a dit, c’était : « S’il vous plaît, faites des films sur des sujets que vous connaissez, qui vous intéressent, et ne faites jamais, à votre âge, des films qui parlent de personnes âgées et d’enfants ». Je me suis donc dit qu’il fallait que j’essaye de faire des films sur des choses que je connais ou que je veux approfondir, c’est pour ça que mes films parlent de femmes, même s’il y a quelques hommes dans mes films. « The Gardener » est différent parce que j’ai terminé l’école et que désormais je fais tout l’opposé ; j’ai réalisé un film sur un vieil homme et le long métrage que je prépare actuellement parle d’enfants.
Tu te sens désormais prête à aborder des sujets pour lesquels tu n’étais pas prête avant ?
Je ne sais pas, j’ai juste l’impression de devoir essayer…
Dans « G-Spot », le choix de la caméra subjectives et de la voix off sont plutôt radicaux pour un premier film, pourquoi ce parti pris ?
Ce film est un exercice pour l’Académie et la voix off faisait partie des consignes. En réalité, je déteste les voix off au cinéma, j’ai la sensation que quelqu’un me dit ce que je dois voir. Je me suis demandé comment rendre cette voix off plus réaliste et comment en faire autre chose. J’ai pensé que cela pourrait être les pensées de l’héroïne et que la caméra serait subjective.
Ton film suivant, « A Poem », raconte l’histoire d’Austra Skujiņa une poétesse des années 1930, pourquoi ce personnage ?
C’est une personnalité tragiquement célèbre de notre histoire. Ce film est aussi le résultat d’un exercice pour l’école, mais cette fois il s’agissait de reconstruire une histoire. J’ai pensé à cette poétesse, et je voulais raconter l’histoire de son dernier poème, qui apparaît à la fin du film. Je voulais essayer de comprendre ce qui a pu l’amener à écrire ce poème, et comment cela à pu conduire à sa mort, qui reste un mystère encore aujourd’hui. On ne sait pas si elle s’est suicidée ou si quelqu’un l’a assassinée, et ce film est ma version de ce qui s’est produit juste avant sa mort.
Dans ces deux films on ressent une sorte d’oppression, qu’elle vienne des protagonistes masculins ou du milieu urbain. Par la suite, tu filmes la campagne plus comme un refuge, est-ce le reflet de ton ressenti sur ces différents environnements ?
La ville est, pour sûr, plus oppressante, il y a toujours quelqu’un qui vous observe, et toujours des obstacles, tandis qu’à la campagne, il y a une certaine liberté du corps et des mouvements qui sont aussi des sources d’inspiration.
Lorsque tu as réalisé « The Gardener », quelle différence cela a fait de produire un film en dehors de l’école ?
Dans une école de cinéma ou ailleurs, on fait les choses de la même manière, seulement on demande à toute l’équipe de venir nous aider et travailler gratuitement. Aujourd’hui, le processus est le même seulement lorsque j’ai terminé l’école, je me suis dit que toutes les personnes qui m’avaient aidée pendant toutes ces années méritaient d’avoir la possibilité d’être rémunérées. Il y a eu un concours pour un premier court métrage après le diplôme. J’ai écrit le scénario et obtenu les financements nécessaires pour le réaliser et j’ai demandé à toutes les personnes qui avaient travaillé pour moi gratuitement de venir travailler sur ce film tout en étant rémunérées, j’étais très heureuse de pouvoir le faire.
Tu travailles donc toujours avec les même personnes qu’à l’école ?
Oui. La Lettonie est un petit pays alors on se connait tous très bien. Comme j’ai été assistante de réalisation, et que je le suis toujours, toutes ces personnes avec lesquelles j’ai travaillé me connaissaient déjà avant que j’intègre l’école, ce n’était pas un problème pour moi de demander leur aide.
Travailles-tu avec un directeur de la photographie en particulier ?
Pour « The Gardener », j’ai commencé à travailler avec le directeur de la photographie qui a travaillé également sur « A Poem » et qui était également dans mon école mais après le premier jour de tournage, j’ai réalisé que cette fois-ci, ça ne collerait pas. Nous devions tourner « The Gardener » au printemps, en été et à l’automne, sur une longue période mais avec peu de jours de tournage, je me suis dit qu’il fallait que je fasse confiance à mon ressenti et qu’il fallait que je change. Ça a été difficile mais nécessaire. J’ai demandé à un autre directeur de la photographie de notre école, Gatis Grinbergs, de rejoindre l’équipe. En réalité, c’était la première fois que nous travaillions ensemble mais déjà à l’école, il était très doué pour filmer les paysages et je me suis dit qu’il serait le choix parfait.
Comment as-tu choisi l’acteur principal qui interprète le jardinier ?
Il n’est pas acteur mais artiste graphique, il enseigne aussi à l’Académie des arts de Lettonie. Je l’ai trouvé par hasard. J’ai cherché beaucoup d’hommes de cet âge sans en trouver qui correspondaient à mes attentes et un jour, dans mon village, j’ai aperçu cet homme à vélo avec son chien à côté et j’ai dit à mon ami : “Voilà, mon jardinier!”. On lui a demandé de venir faire un essai. On avait obtenu des financements d’une fondation nationale pour l’année en cours et nous étions au mois de juillet, c’était presque la fin de l’été et puisque le film se déroulait au printemps, en été et en automne, je voulais commencer à tourner cette année-là, mais il n’était pas disponible. Il restaure également des livres anciens et il préparait une exposition, il était très occupé. Il nous a dit que si on trouvait quelqu’un de disponible cette année là il ne fallait pas hésiter et que ça ne le dérangerait pas. Mais je n’ai trouvé personne d’autre. J’ai attendu l’année suivante et je lui ai proposé de nouveau, c’est comme ça qu’on a commencé le tournage ensemble.
Ce film parle des rapports que les jeunes générations entretiennent avec la terre, tu as la sensation que quelque chose a changé ?
Oui, c’est lié à ce que j’observe autour de moi, notamment dans mon pays où les personnes qui vivent à la campagne disparaissent et personne ne vient prendre leur place. Il y a par exemple une certaine tendance en Lettonie parmi les jeunes qui vivent à Riga, à s’offrir une résidence secondaire à la campagne. Ils s’achètent de vieilles maisons où ils ne vivent que l’été. Les personnes âgées qui y vivaient partent parce qu’elles ne pouvaient pas rester mais se retrouvent parfois, comme le vieil homme dans le film, à continuer à travailler dans les jardins de ces maisons parce qu’ils veulent garder ce lien qui les unit à leur terre. J’ai vu plusieurs fois ce genre de situation et j’ai eu envie d’en faire une histoire. Le film évoque aussi la question des migrations, de toutes ces personnes qui voyagent à travers le monde, de la main d’œuvre pas cher que l’on peut trouver aujourd’hui. Les choses changent, évoluent, et se globalisent et tout ça modifie notre rapport à la terre et à notre histoire. Ce constat m’a amené à écrire ce scénario mais c’est aussi une réalité que je comprends, tout ce qui est vieux se transforme en neuf et c’est ainsi que le monde fonctionne.
Le couple que l’on voit dans le film ne semble pas travailler la terre lui-même en effet, ils ont l’air d’avoir de l’argent, et la manière dont tu les filme, derrière une fenêtre, instaure une certaine distance, accentuée par l’absence de dialogues, ils représentent ces jeunes propriétaires ?
Oui, j’ai fait ces choix parce qu’ils sont là sans être là. Ils veulent une belle voiture, des beaux légumes et un beau paysage autour d’eux, pour le plaisir de se dire que tout ça leur appartient, mais pas pour être réellement là. C’est pour ça que je les ai filmés de cette manière, à distance par rapport à tous ces éléments. Tout ça n’est qu’un décor dans lequel ils existent, une scénographie de leur vie.
Quand as-tu commencé à travailler sur ton long-métrage ?
On a commencé à tourner en juillet dernier à partir d’un scénario sur lequel j’ai travaillé pendant un peu plus d’un an. C’est partie d’une idée dont je voulais faire un court métrage. J’en ai parlé à ma productrice qui m’a répondu que je ne pouvais pas mettre tout ça dans un court, qu’il était temps de travailler sur un long métrage.
Tu disais précédemment qu’il y a des histoires qu’on ne peut raconter qu’à travers le long et d’autres qu’à travers le court, qu’est-ce qui était différent avec celle-ci ?
Pour raconter cette histoire il faut plus de temps afin d’être au plus près des personnages, à cette époque, à ce moment de leur vie, pour tout comprendre et vivre cette histoire.
Peux-tu nous parler de cette histoire ?
L’histoire est inspirée de mes souvenirs d’enfance et se déroule en 1989. Paula et Laura sont deux sœurs de sept et neuf ans qui vont passer l’été chez leurs cousines à la campagne. Les parents de celles-ci sont divorcés et leur mère n’est jamais à la maison parce qu’elle travaille pour le Front Populaire de Lettonie au moment où le pays est en route vers l’indépendance. Les filles se retrouvent livrées à elles-mêmes et profitent de leur liberté. Après une conversation téléphonique avec sa mère, Paula pense que ses parents aussi vont divorcer. Elle commence à envisager la vie de manière un peu différente, à travers les yeux de ses cousines plus âgées, la façon dont elles vivent, les problèmes auxquels elles sont confrontées, et finit par se dire que le divorce de ses parents est une bonne chose et que la vie est formidable. C’est à ce moment là que la situation politique prend un autre tournant et que les choses commencent à devenir plus compliquées. Elle comprend alors qu’elle veut voir sa famille réunie et pense que si la Lettonie gagne son indépendance la mère des cousines reviendra à la maison et qu’elle même pourra retourner chez elle et réunir sa famille. À ce moment, le 23 aout 1989, il y a ce qu’on appelle le Baltic Way, lorsque les lettons, lituaniens et estoniens se sont retrouvés pour former une chaine humaine sur l’autoroute pour protester contre le pacte Molotov-Ribbentrop qui a intégré la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie à l’Union soviétique. Suite à cela, on pouvait voir à la télévision que la situation politique était très compliquée et la réponse de l’Union soviétique très agressive. Le film repose sur le rêve de voir la Lettonie libre et la famille réunie.
Le contexte politique est-il très important dans ton film ?
Oui, car mon pays, comme tous les pays qui ne sont pas indépendants, ne connaissent pas le chemin, ne savent pas comment atteindre cette liberté. Ils sont en quelque sorte comme des enfants, ils jouent, ils tâtonnent, ils chantent, font des chaînes en se donnant la main et espèrent que quelque chose va se produire. Et je crois que c’est assez proche de l’enfance, lorsque les enfants jouent et apprennent la vie, ce qui est bon, ce qui ne l’est pas, et dans mon film, il y a ce questionnement sur ce qu’est la liberté et sur ce qu’on en fait une fois qu’on l’a obtenue. Ce qu’on en a fait, on le voit aujourd’hui, de notre point de vue d’adultes qui ont grandi dans un pays indépendant. En réalité, ce film n’est pas pour les adultes mais pour le jeune public, parce que les enfants ne connaissent pas cette histoire et que c’est aussi une période de la vie où ils ont ces mêmes sensations : ils veulent être grands, ils détestent leurs parents, ils détestent tout, mais ils ne savent pas ce que c’est de ne plus avoir ses parents ou de ne pas avoir de libertés.
Travailles-tu avec les même personnes ?
Le directeur de la photographie n’est pas le même car pour mon premier long métrage, je voulais travailler avec quelqu’un d’un peu plus expérimenté qui peut m’aider lorsque je ne sais pas quoi faire. C’est un directeur letton très doué, Gints Bērziņš. J’avais travaillé avec lui auparavant, en tant qu’assistante de réalisation, on se comprenait bien et j’ai toujours aimé la façon dont il filme. Le décorateur est toujours le même, c’est mon petit ami, on se connaît donc très bien. J’aime sa façon de travailler mais c’est assez nouveau pour nous de travailler sur un long projet. Les producteurs, la plupart des acteurs adultes, ainsi que le reste de l’équipe, sont les mêmes que dans mes courts métrages. Par contre, tourner avec des enfants, c’est nouveau pour moi.
Combien y a-t-il d’enfants dans ton film et comment les as-tu trouvés ?
Il y a quatre filles âgées de sept à douze ans. On a fait passer des auditions. Ça a été très dur en réalité. Je crois qu’on a vu environ six cent filles de tout âge, et j’ai fini par trouver les bonnes. Je cherchais des fillettes aussi proches que possible des personnages que j’avais imaginés, parce que je pense que c’est ainsi qu’on peut travailler avec des enfants.
Ce travail était-il difficile ? Comment s’est déroulé le tournage ?
Ce n’est pas facile, et le plus difficile c’est quand vous les filmez toutes les quatre en même temps, car elles sont différentes. Par exemple, j’ai remarqué que l’une d’entre elles réussissait toujours à faire ce qu’on lui demandait du premier coup, tandis qu’une autre avait besoin de plus de temps. Du coup, lorsqu’on arrive, admettons, à la cinquième prise, la seconde commence à être très bonne, tandis que la première, qui l’était au début, commence à fatiguer. C’est ça le plus difficile, réussir à leur faire faire les choses en même temps, dans une même scène. Séparément, tout va bien mais lorsqu’elles étaient toutes les quatre ensemble c’était beaucoup plus stressant, elles étaient aussi dans le jeu, tout le temps dans le jeu.
Le tournage est-il terminé ?
Le tournage est terminé. On a tourné jusqu’à septembre 2016, puis l’école a repris. Le montage est terminé et nous commençons le travail sur le son. Je pense que le film sera terminé l’été prochain mais nous allons devoir attendre pour l’avant-première qui correspondra au 100ème anniversaire de la Lettonie, en février 2018. Si nous avons de la chance et que des festivals veulent le programmer, alors nous pourrons le montrer plus tôt.
Propos recueillis par Agathe Demanneville
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