Prix du meilleur court métrage au FIFF (Namur) en 2015 et présenté au Court en dit long à Paris cette année, « The Hidden Part » de Monique Marnette et Caroline d’Hondt est en quelque sorte un road-movie détourné, un portrait subtil et réflexif de l’exil et de la solitude.
Le film présente la rencontre entre Asgeir, un camionneur taciturne et solitaire, et Woré, une autostoppeuse africaine menacée de déportation, sur fond de paysages islandais désertiques. Au fil de leurs pérégrinations, un lien de confiance se noue entre les deux personnages, apparemment diamétralement opposés mais réunis dans leur fragilité.
Faisant fi de toute exposition explicite des événements antérieurs ou de la très probable suite romantique de l’aventure racontée, les réalisatrices privilégient le ressenti des émotions à un récit basé dans l’action. Elles prennent le temps de poser les personnages dans les situations, de laisser se déployer les scènes de confrontation, de reconnaissance et de connivence. Le sentiment du vide, au sens propre comme figuré, est appuyé par la poésie du décor : des paysages polaires majestueux qui sont en quelque sorte un personnage à part entière.
C’est entre cette nature ample, généreuse, englobante, et le huis-clos du véhicule restreint d’Asgeir que la mise en scène vacille, symbolisant la double sensation d’enfermement et d’errance vécues par les protagonistes. Les cinéastes usent habilement du cadrage pour bien diviser à l’écran les deux individus, destinés à appartenir à deux mondes distincts malgré leurs tentatives de rapprochement.
S’ajoute à cela un jeu d’acteur remarquable, autant de la part de l’Islandais Ingvar Eggert Sigurðsson – vu dans « Sparrows », le deuxième long-métrage de Rúnar Rúnarsson, que la comédienne belge Babetida Sadjo, qui parviennent tous deux à s’exprimer parfaitement à l’aide d’une gestuelle et d’un jeu de regards maîtrisés, permettant ainsi un scénario quasiment épuré de dialogues superflus. Somme toute, c’est cette part cachée des relations humaines – que le cinéma n’a nullement besoin d’expliciter – que Monique Marnette et Caroline d’Hondt font si bien ressentir dans ce film touchant et éloquent par son silence.
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