Diffusé au cinéma, avant « Up », « Partly Cloudy » est le dernier-né des studios Pixar. À la fois drôle et poétique, il offre, par l’entremise de son réalisateur, Peter Sohn, une astucieuse pirouette à la redoutable question, “d’où viennent les bébés ?”.
Vendredi 12 juin, Annecy. Ça se bouscule, place et avion en main, pour accéder à la séance Pixar. Le processus de création dans les célèbres studios d’animation est sur le point d’être exposé par Peter Sohn, le réalisateur de « Partly Cloudy », et Bob Peterson, l’auteur de « Up » (venu sans son co-réalisateur Pete Docter). Making-of, présentation du long métrage, projection du court en avant-première européenne, questions-réponses : le public annécien accompagne le déroulement de la conférence, en bavant, intervenant, et applaudissant à l’envi.
« Partly Cloudy » s’ouvre, comme dans un dessin animé Looney Tunes, sur un visuel et une musique légèrement rétros. Une nuée de cigognes dépose de précieux baluchons (bébés, chatons, chiots) à des parents épatés, avant de reprendre son envol et de regagner le ciel. Là-haut, chaque coursier rejoint son poste, et se voit remettre de nouveau colis, des mains des nuages qui modèlent et donnent vie aux nourrissons.
Dans la stratosphère, l’ambiance est pétillante et insouciante. Même pour Gus, un nuage gris et solitaire, chargé des commandes atypiques (crocodiles, béliers, porcs-épics, requins, …). Peck, la fidèle cigogne de Gus, voit les choses différemment. Ayant de plus en plus de mal à gérer les comportements turbulents des créations de son nuage, elle est en train de remporter le titre de volatile le plus stressé du ciel. Face à ces conditions de travail difficiles, Peck commence à lorgner vers les autres nuages.
En animation, le thème de la naissance est souvent associé aux cigognes. Le pitch de Peter Sohn, storyboarder pendant neuf ans chez Pixar, pourrait donc sembler simpliste à première vue, et pourtant, son traitement se veut original. “D’où viennent les bébés ?” Réponse : Des nuages. Il fallait y penser.
Chez Pixar, il y a toujours une histoire personnelle derrière chaque film. « Partly Cloudy » se conforme à cette idée. Peter Sohn n’est pas né dans un nuage, mais derrière les problèmes de communication entre Gus et Peck, se cachent les difficultés de compréhension entre un fils et sa mère. À Annecy, le réalisateur a raconté que dans son enfance, sa mère, d’origine coréenne, l’emmenait souvent au cinéma. Ne maîtrisant pas la langue anglaise, elle demandait fréquemment à son fils de lui expliquer ce qui se passait à l’écran. À l’inverse, devant les films de Disney, elle ne posait aucune questions, car elle arrivait à se repérer intuitivement dans l’histoire et les images sans avoir besoin de comprendre les dialogues en anglais. Ceci explique probablement cela : « Partly Cloudy » évoque, sans le moindre mot, la relation entre deux êtres qui traversent des épreuves, mais qui ne peuvent pas faire autre chose que s’aimer.
Sans lien autobiographique apparent, « Partly Cloudy » est également un conte émouvant sur la valeur de l’amitié et l’acceptation de la différence. L’humour, essentiel chez Pixar, s’invite, lui aussi, dans ce ciel animé, et dans certaines scènes (plus spécifiquement celles du crocodile et des émotions-météo de Gus, le nuage). Et pour le reste ? On vous invite à le découvrir.
Une fois n’est pas coutume, le film chroniqué est accessible dans son intégralité, au commun des spectateurs, à condition que lui vienne la bonne idée d’aller au cinéma voir « Up », déjà sorti dans certains pays. Les nuages disparaissent, l’horizon s’éclaircit, les cigognes font des bonds. Cela s’appelle une bonne nouvelle.