« Maniac », comédie de Bo Mirosseni sélectionnée en compétition nationale au Festival International de Clermont-Ferrand 2015, rompt avec l’idée que certains se font des vacances hors périodes touristiques.
Le personnage de « Maniac », lui, a eu la chance de réserver ses congés, pendant une période calme où il ne serait pas ennuyé par la foule, dans un grand hôtel de la côte espagnole avec des amis.
S’apprêtant à passer de bonnes vacances, il est d’humeur détendue. En arrivant, il décide de ne pas prêter attention aux questions déplacées du réceptionniste et de se rendre directement dans sa chambre pour téléphoner à ses amis afin de leur vanter les mérites de l’hôtel.
Mais, après que ses amis lui annoncent l’annulation de leur venue, le vacancier se rend bien vite compte que partir en dehors des périodes touristiques peut aussi vouloir dire se retrouver le seul et unique client d’un hôtel.
Sans aucun doute, un grand hôtel vidé de ses clients a tout de cauchemardesque et l’extrême solitude que cette situation provoque peut inspirer les cinéastes. On pense bien sûr au chef d’œuvre du film d’horreur de Stanley Kubrick, « Shining ». Le court-métrage de Bo Mirosseni ne joue pas sur le même registre mais part du même constat : la solitude rend fou.
L’ennui qui envahit peu à peu le personnage lui fait perdre la raison. Ne sachant plus comment tromper son ennui de façon civilisée, il agit contre toute bienséance. Sa sensation d’emprisonnement est renforcée par une alternance de plans larges, le montrant seul dans des grands espaces clos et de plans rapprochés centrés sur lui, avec une caméra qui se déplace en même temps que lui, ne le laissant pas s’échapper du cadre. La froideur du lieu est appuyée par des couleurs pastel peu éclatantes, aux contrastes faiblement accentués.
Mais l’angoisse que ce personnage ressent, qui ne la ressentirait pas ? Qui ne se sentirait pas claustrophobe dans cette situation ? Le spectateur aussi voudrait réclamer sa liberté avec lui et s’enfuir de cet endroit en courant. Alors pour se détacher de cette identification évidente, il préfère en rire. Il se protège en riant des crises de folie, en riant de l’impassibilité des employés de l’hôtel, en riant encore de ce qu’on pourrait appeler l’ironie du sort quand le personnage se retrouve devant les grilles fermées du parc « Mundo Mar », seule attraction des environs. Mais ce rire est aussi celui de la compassion face à un personnage plus qu’attendrissant.
Avec ce deuxième court métrage (après « Time Travel Lover »), Bo Mirosseni affirme son goût pour la comédie qui joue avec le registre de la folie et donnerait presque envie de partir dans un grand hôtel avec piscine sur la côte espagnole en plein mois d’août pour être sur de ne pas se retrouver seul.