Courant 2015, la petite ville de Vendôme accueillera pour la première fois une résidence d’animation. La dernière édition de son festival du film était justement placée sous le signe de l’animation, représentée par 6 courts-métrages en compétition nationale, un programme parallèle spécial et une exposition interactive sur ses différentes étapes et techniques de fabrication. Beach Flags, court-métrage de Sarah Saïdan, en compétition officielle, fait partie ce ces représentants de l’animation française.
Le film prend place parmi des sauveteuses en mer iraniennes … qui n’ont pas le droit de se montrer en maillot de bain. Etrange paradoxe. Elles passent donc le plus clair de leur temps à s’entraîner pour une compétition de beach flags : une course dans le sable où il faut être la première à attraper un drapeau pour gagner. Cette épreuve, pouvant être faite entièrement vêtue, est la seule à laquelle ces sauveteuses peuvent participer.
Le récit, tel une fable, conte l’histoire de Vida, la favorite du groupe avant l’arrivée de Sareh, bien meilleure coureuse qu’elle. Une concurrence effrénée s’installe entre les deux jeunes filles, entraînant ainsi la médisance des autres.
La singularité de ce court-métrage se retrouve principalement dans les séquences de rêves. La vie de Vida est ponctuée de cauchemars dans lesquels ses combats quotidiens sont symbolisés par des noyades. Les couleurs sombres et l’animation énergique de ces séquences rend compte de l’angoisse qu’elle ressent face à son quotidien.
Beach Flags n’est pas sans rappeler Persepolis, le long-métrage d’animation de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, adapté de la propre bande dessinée éponyme de cette dernière. Les deux films sont réalisés en 2D traditionnelle, ont des traits relativement proches et tracent des portraits de femmes iraniennes, opprimées par leur société. Cependant, à la grande différence de Persepolis, Beach Flags est coloré. L’utilisation d’aplats de couleurs pour les personnages et de décors peints à la gouache fortement diluée transporte le spectateur dans un monde enfantin, renforçant l’idée de conte.
Sarah Saïdan, fraîchement diplômée de la Poudrière, réalise ici un premier film abouti, qui témoigne de la condition de la femme en Iran, son pays d’origine, et des échappatoires que certaines peuvent y trouver. Dans son film, Sareh, bientôt mariée de force, pourrait retrouver sa liberté si elle gagnait la course, seulement c’est sa rivale Vida qui détient la clé de son avenir. Quelque peu manichéen, le film de Sarah Saïdan se clôt comme un conte où le sacrifice et la solidarité gagnent face à l’ambition égoïste de la victoire et aux considérations liberticides d’un Etat totalitaire.
Bonjour,
pourriez vous m’indiquer les références du générique de fin du film de Sarah Saidan « Beach flags »,
j’ai été très touchée par le film et la chanson de fin
Merci
Marianne