Martin Rath sort à peine de l’école et il possède déjà un univers bien défini qui le démarque de ses pairs. Dans son film « Arena », présenté au 29e Festival Européen du Film Court de Brest au sein de la compétition européenne, il est question d’hommes qui vivent en communauté en pleine nature et de preuves et d’épreuves qu’ils s’imposent pour en faire partie. Le film est assez sombre dans le ton, mais également au niveau de l’image, ce qui rend l’environnement où se situe l’intrigue d’autant plus pesant et mystérieux.
Le héros du film est un jeune homme d’environ 25 ans qu’on devine perdu. En faisant de l’autostop, il est accueilli par une communauté qui vit dans la montagne à laquelle il affirme ne pas savoir bien où il va, ne pas avoir réellement d’objectif, faisant de ce voyage une sorte d’errance nécessaire pour grandir. Il s’attache ainsi à ces hommes tous un peu bourrus et à ce personnage quelque peu énigmatique mais assurément charismatique qu’est le chef du clan.
C’est donc avec la meilleure volonté que notre héros se plie au quotidien de ces hommes en allant couper et charger du bois au fin fond de la forêt. Il accepte également les défis qu’ils lui lancent : se baigner dans une cascade glacée, faire un bras de fer où sont plantés des clous sous chaque main ou encore maîtriser un 4×4 dans une rivière. Le jeune homme se plaît à remplir ces missions jusqu’au jour où l’épreuve est hors de sa portée : abattre un faon à l’aide d’un poignard. Le jeu s’arrête alors : faut-il tuer pour être un homme et se faire accepter ?
Le jeune réalisateur suit les challenges du personnage principal au sein de cette communauté, caméra à l’épaule pour être au plus proche d’eux et de manière très naturaliste. Les sons ont également leur importance pour se sentir au cœur de cette montagne, pour cerner au mieux ce retour à l’homme ancestral, le chasseur. Il y a finalement peu de dialogues dans ce film et le réalisateur suggère parfois plus qu’il ne montre réellement. Le spectateur devient alors un observateur qui doit comprendre et analyser par lui-même, de la même manière que le héros est poussé à la réflexion par toutes ces actions qu’on lui impose. À ne pas tout savoir, le spectateur ressent une expérience proche de celle du héros et c’est en cela que Martin Rath réussit à créer du suspense, à entretenir un certain mystère autour de cette communauté, le tout avec une grande finesse en confrontation avec l’animalité de ces hommes.
Martin Rath a choisi de situer son intrigue au cœur de la montagne polonaise où la forêt y est sombre et épaisse, où la nature l’emporte, créant ainsi une sorte de claustrophobie malgré l’espace. Grâce à ce décor, il permet un regard différent sur la manipulation qui passe par des épreuves pour se faire accepter au sein d’un groupe. Une manière de montrer que l’homme est un loup pour l’homme, avec une touche sensorielle en plus, celle liée à la nature, que maîtrise parfaitement Martin Rath.