Présenté dans un des deux programmes de courts à la Quinzaine des Réalisateurs, « Solecito », de Oscar Ruiz Navia est un film à la frontière de la fiction et du documentaire. Partant du postulat que les hasards produisent de belles rencontres, le réalisateur Oscar Ruiz Navia laisse le destin choisir la trame de son film. Dans une école, il converse avec de jeunes adolescents, espérant mettre l’oeil sur des personnalités suffisamment attachantes pour leur consacrer des moments de son film. Dans la première partie de celui-ci, Camila et Maicol, chacun de leur côté, avec des versions différentes, en viennent à évoquer leur histoire d’amour. De fil en aiguille, le jeune couple se confie, en plan fixe sur fond de mur scolaire. Ce qui se dit est finalement assez superflu, les mots ne sont pour eux que des gestes inaboutis.
Ce rapport au dialogue est d’autant plus fort que la seconde partie du court métrage met en scène Camila et Maicol côte à côte sur la même image. Faisant écho à l’absence implicite de l’autre dans la première partie, la présence ici portée à l’écran sublime ce qui est en devenir dans une relation de cette nature (la découverte de l’amour et les déceptions qui lui sont liées). L’image, plus lumineuse qu’auparavant, échappe aux règles classiques de la construction cinématographique visuelle, jouant avec les éblouissements solaires autant qu’avec le rapprochement de la caméra. Le moment se fait plus intime que dans la première partie, le temps est aux confidences, aux murmures… Oscar Ruiz Navia n’est pas loin et pourtant, sa présence est plus un témoin discret qu’un observateur manipulateur. Cette capacité à filmer le vrai fictionnel, à se fondre au coeur des faits donne un relief complètement différent à la seconde partie de « Solecito » : là où les questions aiguillent dans la première partie, seul le relationnel est au centre de la seconde. On entrevoit avec affection la possibilité d’une suite amoureuse, d’un retour aux premiers émois de leur histoire. Dans l’interview qu’il a accordé à Format Court, le réalisateur dit que Camila et Maicol l’ont touché en tant qu’êtres humains. Gageons que cette sensibilité est en partie responsable de toute la tendresse émergeant de ce film !
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Article associé : l’interview de Oscar Ruiz Navia et de Guillaume de Seille (Arizona Films)