Avec « Para armar un helicoptero », lauréat du Grand Prix international du Festival de Clermont-Ferrand, la réalisatrice mexicaine Izabel Acevedo nous plonge dans la réalité chaotique d’une ville tentaculaire, Mexico. Avec un regard intime et social, elle aborde le thème de la survie au quotidien face aux carences structurelles inhérentes à ces mégalopoles du sud qui, souffrant d’une croissance démesurée, peinent à offrir des conditions de vie stables à ces habitants. Le film nous invite à suivre le parcours d’Oliverio, un jeune adolescent à la recherche de solutions pratiques et inventives pour compenser l’absence de services publics et répondre aux besoins vitaux de sa famille.
Comme pour symboliser l’atmosphère de précarité sociale, le film démarre sur un de ces marchés informels si nombreux dans les quartiers de Mexico où tout s’échange contre quelques pesos. Rien ne se jette, tout se recycle, se répare et se revend sur un coin de bitume dans une économie parallèle permettant aux habitants de se fournir en biens à moindre coût, et aux revendeurs de s’assurer quelques revenus. On est dans le système D si caractéristique du quotidien des habitants pauvres de la ville. Dans le même esprit et comme pour souligner la recherche d’alternative bon marché au mode de déplacement, le jeune homme s’achète une bicyclette. Autour de lui, dans une atmosphère sombre et orageuse, la ville s’inonde sous des pluies diluviennes qui en aggravent les difficultés de fonctionnement. L’impressionnant trafic automobile est au ralenti entre d’immenses nids de poule gorgés d’eau, et le système électrique municipal explose en courts circuits, plongeant des quartiers entiers dans l’obscurité de la nuit.
C’est dans ce décor chaotique qu’on entre dans l’immeuble du jeune garçon. Derrière la porte, dans la pénombre résultant de la panne électrique, on découvre un univers tendre et drôle fait de solidarité familiale et de bon voisinage. Les gens vivent et s’organisent ensemble pour trouver des solutions à leurs difficultés. Sur le toit de l’immeuble, un voisin recharge des batteries à l’aide de panneaux solaires afin de fournir un minimum d’éclairage aux habitants du bâtiment. Dans l’appartement d’Oliverio, ces batteries sont utilisées rationnellement pour éclairer prioritairement l’espace dédié aux cultures vivrières, laissant les habitants s’éclairer au feu de bois. Prolongeant des pratiques rurales dans le cadre urbain, on vise l’autonomie alimentaire en faisant pousser des salades dans la baignoire ou en adoptant une poule comme animal domestique. La créativité est en marche pour inventer des formules qui permettent la survie. Oliverio grandit dans cette culture de l’ingéniosité, et c’est sur son nouveau vélo, à l’aide d’une dynamo, qu’il entend faire marcher la télé.
Avec « Para armar un helicoptero », Izabel Acevedo réalise tout en sobriété, un film tendre et plein d’espoir où la pratique du développement endogène et du « faire soi-même » apparaît comme la réponse humaine la plus appropriée face aux défaillances d’une société déstructurée où le sens du collectif est à réinventer.
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Le film est programmé au Festival de Clermont-Ferrand dans le cadre du programme international I7