Lors de la 34e édition du Festival de Films de Femmes de Créteil, La fémis était amplement représentée : l’école de cinéma renommée a pu non seulement compter deux de ses étudiantes en compétition dans la catégorie courts-métrages, mais elle s’est également vue offrir la mise en place d’une Master Class animée par la non moins connue Claire Simon.
Et si on allie le travail de la réalisatrice intervenante à La fémis avec un des courts-métrages en compétition cette année, on obtient le film « Demain, ça sera bien » de Pauline Gay, présenté il y a un an à la Quinzaine des Réalisateurs. En effet, Claire Simon, une des responsables du département réalisation à La fémis, a accompagné Pauline Gay dans la fabrication de ce docu-fiction.
Lorsqu’on se penche un temps soit peu sur le travail de Claire Simon, on remarque que Pauline Gay a su tirer profit des leçons de son mentor en proposant un film aux aspects documentaires pourtant fictionnel, dont le pitch se résume à : « Portrait de deux jeunes filles en galère ». En effet, si l’on se penche sur Les Carnets de Filmer à Tout Prix (2004), Claire Simon évoque ceci : « Dans mon travail documentaire, j’ai essayé de trouver des situations de fiction, non pas au sens où il y aurait des acteurs, mais où la référence serait la fiction », on comprend ce qu’il y a de fictionnel dans les portraits de Céline et Mélodie, filmés par Pauline Gay.
Céline et Mélodie jouent apparemment leur propre rôle, celui de deux jeunes filles d’une vingtaine d’années provenant de milieux sociaux inférieurs, livrées à elles-mêmes. Le film raconte une anecdote dans leur vie de tous les jours – celle d’aller voler un radiateur pour remplacer le leur qui est cassé – en intercalant des images de chacune d’elles témoignant de leur histoire personnelle.
L’une d’elle, Céline, a quitté le foyer familial suite à une grossesse précoce. Quant à Mélodie, probablement la plus responsable des deux, elle s’est enfuie de chez oncle qui la battait. Céline cohabite alors avec son petit Kylian de 3 ans, de manière illégale chez son amie Mélodie. Les dialogues entre elles deux ne manquent pas de vulgarité et d’agressivité, elles semblent pourtant s’adorer et surtout, se soutenir dans cette existence de reclus.
Il y a certes beaucoup de Claire Simon dans ce film, mais on retrouve également un peu de la cruauté du film « Froid comme l’été » de Jacques Maillot dans lequel une jeune fille semblable aux protagonistes de Pauline Gay, délaisse inconsciemment son bébé lorsqu’elle part au bord de la mer, ce qui causera la mort de l’enfant. On pense particulièrement au moment où, dans « Demain, ça sera bien », Céline laisse son fils dormir seul dans la voiture, le temps qu’elles aillent voler le fameux radiateur.
Au même titre que ses prédécesseurs, Pauline Gay réussit à nous faire avoir de l’affection pour ces deux filles un peu paumées et complètement irresponsables. Certains plans rapprochés permettent d’ailleurs de rentrer dans leur intimité, de sorte à nous montrer leur sensibilité, voire leurs faiblesses. Le film ne tombe pas pour autant dans le mélo puis. Même si parfois, le ton de « Demain, ça sera bien » est peut-être un peu trop lisse, on est par conséquent en plein dans le cinéma du réel et dans le documentaire social.