Présenté à Brive en compétition, Rêve bébé rêve, film de fin d’études de la Fémis est un récit musical et mélancolique porté par la musique de Nicolas Ly, chanteur du groupe Applause, et la douceur de ses plans-séquences.
Sur le catalogue du Festival de Brive, la bio de Christophe Nanga-Oly précise qu’il « a été diplômé avec les félicitations du jury en juin 2010 du département Réalisation de la Fémis ». Un bon élève donc. Mais pas seulement. Rêve bébé rêve, son film de fin d’études, dénote déjà par pas mal de prises de risques et de libertés. La première étant la durée (quasiment une heure), format peu présent en festivals ou à la télévision. Sauf à Brive où c’est la spécialité. Ça tombe bien.
Rêve bébé rêve est un film musical mais pas une comédie. L’histoire commence pourtant avec la rencontre estivale et amoureuse de Yan, un musicien charismatique et Leila, une jeune fille rieuse et joueuse. La première partie de ce film scindé en deux donne lieu à des moments suspendus, certainement cristallisés. La découverte de l’autre, de son corps mais aussi et surtout de sa voix offre de beaux instants de cinéma notamment lors d’un plan-séquence où Leila se met à chanter, hésitante, sur deux accords au piano Humpty Dumpty bientôt rejointe par Yan qui l’aide à affirmer sa voix. La parenthèse enchantée de cet amour naissant est assez vite bousculée par l’agression de Yan dans la rue et le départ de Leïla. La seconde partie du film débute par un plan où Yan, à la façon de l’homme invisible, retire le bandage qui entoure son visage que l’on découvre lourdement tuméfié, rupture brutale qui laisse place à un quotidien qui s’apparente à une rééducation au réel et aux autres.
Le lien entre ces deux parties reste la musique, la grande réussite du film, tour à tour instrument de séduction, de partage et lieu de refuge, de repli. Nicolas Ly, chanteur des groupes Applause et ET on the Beach, interprète ses propres chansons (Faces dans un plan séquence d’ouverture hypnotique) ou des reprises comme How the wind blows de Molly Drake. Sa voix proche de celle de Buckley, son physique androgyne et sa fragilité apportent indéniablement au film sa touche particulière, les gestes du musicien étant empreints d’un naturel, d’une vérité. Ce naturel se retrouve d’ailleurs dans la scène entre Yan et sa mère – jouée par Elli Medeiros, une autre chanteuse – touchante dans sa douceur, dans la préparation d’un repas d’une mère pour son fils alors que la violence du choc subi par Yan est encore palpable. Même si les deux chapitres de ce film sont parfois inégaux, il s’en dégage une mélancolie musicale semblable et une foi renouvelée pour un romantisme assumé.