« Love & Theft » d’Andreas Hykade, film allemand en compétition Labo à Clermont, témoigne de l’actuelle inventivité de la patrie de Goethe dans le domaine de l’animation. Constituée d’un morphing animé de célèbres figures de cartoons, de formes extravagantes et de symboles issus autant de l’inconscient collectif que de l’histoire de l’art, cette œuvre est visuellement scotchante. Ses dessins, animés ensemble, créent un univers inédit, totalement psychédélique et monstrueux.
Le film fonctionne sur la transformation organique, la répétition de mouvements rythmée sur une bande son exclusivement musicale et la progression temporelle et stylistique (du noir et blanc à la couleur, de la simplicité des formes inaugurales à une très grande complexité formelle). Avec un trait bien défini, des aplats de couleur d’une grande beauté, une animation tout en souplesse et une inventivité renouvelée à chaque image, « Love & Theft » demande une compréhension toujours plus complexe, bien qu’intuitive, des nouvelles formes créées.
Subjugué d’effets parfois subliminaux, le spectateur se doit de jouer le jeu et d’accepter de se perdre dans cet univers intense et surréaliste, qui évoque tour à tour Dali ou Jim Woodring, sans non plus se priver de références directes à Albert Munch ou même au talentueux Jan Švankmajer.
On retrouve en effet le motif de la métamorphose des formes, cher à l’animateur tchèque, et surtout une réplique du fameux couple des « Possibilités du dialogue » (Možnosti dialogu, 1982). Quant au rythme, sa conjugaison musicale dépasse grâce à son aspect chorégraphique les expérimentations faites par le Canadien Norman McLaren pour « Dots » (1940) ou «Pen Point Percussion »(1951).
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Article associé : l’interview d’Andreas Hykade