« Dounouia, la vie », le second film d’Olivier Broudeur et Anthony Quéré, conte avec acuité l’histoire d’un jeune Malien apatride qui atterrit dans une cité française.
Exilé, Modibo peine à saisir le nouvel environnement auquel il est désormais confronté, et ce, malgré lui. Heureux dans le cocon familial, il ne dispose cependant pas des codes pour communiquer avec les autres de son âge. Le film plonge dans l’esprit de cet adolescent marqué par le départ de son Mali natal vers la France, un pays qui se présentait a priori comme une terre d’accueil mais où rapidement l’incompréhension s’est installée dans le parcours et le quotidien du jeune réfugié. Modibo tente alors d’imiter ceux qui l’entourent mais sans se faire comprendre. C’est par le biais de la danse traditionnelle du Mali, dans laquelle il excelle, qu’il trouvera un moyen de s’exprimer sans « trahir » sa personnalité ni sa culture. Au travers d’un battle de hip-hop, c’est bien plus que son corps qui s’exprime.
Le rapport à la danse et la description originale du mode de vie de la famille malienne permettent au film de dépasser les clichés attendus sur un tel sujet. Petit à petit, le spectateur avance ainsi avec Modibo sur le chemin balisé de l’immigration, indubitablement semé d’embûches, tout en évitant de sombrer dans le misérabilisme.
« Dounouia » réussit le délicat mélange de parcours initiatique et de fait social plus qu’actuel, à l’heure des débats sur l’identité nationale. Nous sommes ici dans une évocation de l’enfance, avec ses naïvetés, ses rêves et ses violences, plus que dans l’illustration d’une quelconque morale ou l’écueil de la critique politique.
Les réalisateurs, qui avaient décroché le Prix Spécial du Jury au Festival de Clermont-Ferrand en 2007 avec leur premier court métrage « Erémia Erèmia », y ont été à nouveau récompensés en 2010 pour « Dounouia, la vie ». En s’attaquant à un sujet plus sensible, celui du regroupement familial et de la difficulté pour un jeune immigré d’entrer en communication avec les autres, Anthony Quéré et Olivier Broudeur ont su mettre en lumière et en couleurs, avec intelligence et délicatesse de ton, ces oubliés de la République.
Certains films ont la faculté à nous faire ressentir en quelques minutes une atmosphère et un univers à la fois étrangers et familiers. « Dounouia » est bien de ceux-là !
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Article associé : l’interview d’Anthony Quéré