À l’occasion de ses 20 ans, le Festival de Brest a eu la douce idée d’éditer, en 2005, un DVD « Spécial Anniversaire », en partenariat avec la revue Repérages. En présentant un large éventail de films venus de toute l’Europe, ce Festival est devenu une formidable passerelle entre les pays et les œuvres d’ici et d’ailleurs, pour le plus grand plaisir des cinéphiles et du grand public. Coups de projecteur, de parapluie, et de cœur, sur la présente sélection.
Revolver de Chester Dent (Royaume-Uni, 1992)
Dans un lieu désert, aux abords d’une autoroute, un homme au volant et une femme en robe de mariée se croisent. Amour. Mystère. Destin.
Premier coup de…REVOLVER. Une déflagration scénaristique. Un manifeste cinématographique du surréalisme. Des symboles en rafale. « Revolver » se construit autour d’incessants allers-retours entre passé et présent, réel et imaginaire, et multiplie les sauts temporels dont on ne sait réellement s’ils existent ou s’ils ne sont que le fruit de l’imagination du personnage masculin, Liam Nelson, dont la gravité superbe orne le visage.
Les clés de « Revolver » sont nombreuses. Pour peu qu’on ait l’esprit ouvert et la soif de décryptage, l’atmosphère du film mi-chimérique, mi-idyllique lui assure une certaine profondeur et poésie. « Revolver » claque, « Revolver » plait, « Revolver » intrigue.
Emilie Muller d’Yvon Marciano (France, 1993)
Une jeune comédienne, Emilie Muller, se présente à un casting, pour un ‘’bout d’essai’’, et commence à détailler le contenu de ‘’son’’ sac, à la demande du directeur de casting. Elle se met à évoquer chaque objet, avec une allure presque enfantine et un air ingénu, Attendrissante et touchante, elle électrise le plateau de façon subtile et se joue finalement de tout le monde, du directeur de casting, de la caméra, et même, du spectateur.
Emilie Muller n’est pas que le nom fictif d’une comédienne ou d’un film. Allégorie du métier de comédien, cette épure à l’état pur inverse avec malice les règles du système. Sa double mise en scène séduit d’un bout à l’autre et sa mise en abyme rappelle avec malice que tel est pris qui croyait prendre !
Skin Deep de Yousaf Ali Khan (Royaume-Uni, 2002)
Romo vit dans un quartier blanc de l’Est de Londres avec sa mère. Moitié anglais-moitié pakistanais, il a renié ses origines pour mieux s’intégrer à son environnement. Mais lorsque le gang de skinheads auquel il appartient s’attaque à un jeune Asiatique, il doit affronter ses propres contradictions.
« Skin Deep » est un film quasiment autobiographique. Youssaf Ali Khan y transpose son histoire personnelle dans ses souvenirs, ses expériences, et son pays, l’Angleterre. À travers la trajectoire d’un personnage en marge, le cinéaste pose la question d’une société pétrie d’ostracisme qui ne tolère pas ceux qui vivent aux frontières de l’ordre établi et des règles en vigueur. Une société intolérante qui oppose les conventions à toute velléité de vie différente.
Sous les auspices d’un cinéma percutant et spectaculaire, le réalisateur distille les indices d’une crise existentielle subtile et profonde. « Skin Deep » ne cherche pas uniquement à désamorcer une violence presque insupportable, mais aussi à nous montrer que le monde est construit, voulu, et contrôlé. Une vision originale où l’individualité /l’identité se réinvente sous le regard aveugle d’une société incapable de franchir le seuil des apparences.
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Brest -20 ans de courts-métrages (Collection : Repérages). Suppléments : Génération court(s), un document d’Olivier Bourbeillon (23 mn), Galerie d’affiches des festivals de Brest de 1986 à 2005 , Bandes annonces des festivals de Brest de 2001 à 2005, Livret 24 pages, fiches et articles sur tous les films.