Djiby Kebe : « La puissance de l’art et du cinéma, c’est de se mettre à la place d’autres personnages »

Fin novembre 2024, Djiby Kebe a remporté au Festival Entrevues de Belfort le Grand Prix du Court Métrage André S. Labarthe pour son premier film, L’Avance, soutenu par la Ville de Paris. Le réalisateur a plus d’un mot dans sa besace et fait son bout de chemin, entre vieux films et grands espoirs. Son court métrage retrace le parcours d’un jeune artiste Aliou (Saabo Balde), vendant sa première toile pour une bouchée de miettes à une collectionneuse (Julia Faure), bien éloignée de ses repères. Influencé par Robert Bressson et Samuel Fuller, Djiby Kebe s’interroge sur sa place de cinéaste dans un milieu qu’il a choisi et dont il continue à décrypter les codes.

Format Court : Quel a été ton parcours avant L’Avance ?

Djiby Kebe : La première fois que je me suis retrouvé dans un cadre scolaire, officiellement, c’était en droit, à la Sorbonne. Ça a duré 6 mois. Ensuite, je suis allé à l’école Kourtrajmé, en section photo, pendant 6 mois. Après, je suis allé aux Beaux-Arts, deux ans après. J’ai arrêté mes études. Maintenant, je travaille à mon compte et j’écris des films. J’ai un projet de magazine à côté qui s’appelle Air Afrique. Ça me permet de gagner un peu d’argent de poche, de pouvoir me concentrer aussi sur des films et de ne pas avoir un boulot freinant.

Air Afrique, ça parle de quoi ?

D.K. : Air Afrique, c’était une compagnie aérienne qui a été fondée dans les années 60 par les 11 États fraîchement indépendants. Elle a existé jusqu’en 2002. En parallèle d’être une compagnie aérienne, Air Afrique a été mécène de cinéma africain, d’art africain, de littérature africaine, etc. Avec mes amis, on est super cinéphiles. On a regardé beaucoup de films, on s’est intéressés à la compagnie, on a décidé de reprendre le nom pour en faire un projet culturel.

Qu’est-ce que la critique t’apporte dans tes idées d’écriture de films ?

D.K. : Je suis hyper cinéphile. J’anime un ciné-club tous les deux mois au cinéma Christine, dans le 6ème arrondissement. Je fais partie de ces gens qui pensent que pour devenir cinéaste, c’est très important de connaître l’histoire du cinéma. En montrant des films qui partent de cette perspective africaine, afro-diasporique, ça me permet aussi de situer mon oeuvre, de la relier avec ces films-là. Mais en même temps, la réalité, c’est que j’ai grandi en France, que j’ai été nourri au cinéma occidental, que j’adore. J’adore aussi Hollywood, les grosses industries européennes. C’est hyper intéressant de faire le parallèle entre tous ces cinémas-là, et d’arriver avec un objet qui va essayer d’être différent de ce qui peut se faire en temps normal.

Pourquoi avoir étudié la photo à Kourtrajmé ? Qu’est-ce que tu y as appris ?

D.K. : J’écris des scénarios depuis que j’ai à peu près 16-17 ans sauf que je n’ai pas eu le courage de faire des films, parce que quand on pense au cinéma, on a l’impression que c’est compliqué, que ça nécessite d’avoir une équipe. Je m’auto-censurais pas mal, c’était compliqué pour moi de porter à l’écran un récit que j’avais moi-même écrit. Passer par la photo, justement, c’était passer par un biais un peu plus subtil, où je pouvais mettre en scène quelque chose de fragmenté, quelque chose qui reste bloqué dans le temps, comme une seule image. Je fais de la photo depuis que j’ai à peu près 15 ans. J’ai été vraiment inspiré par les photographes new-yorkais des années 80 qui ont beaucoup documenté la scène skate. Moi-même, j’ai été un skater.

Je suis allé à Kourtrajmé en section photo parce que j’étais à un moment de ma vie où je n’allais pas à l’école, j’avais 19-20 ans, je ne faisais pas grand-chose. Ma mère n’était pas très contente. Je ne pouvais pas retourner en cours comme ça du jour au lendemain. J’ai vu que ces formations existaient du coup, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Je me suis dit que ça me ferait rencontrer des gens, essayer de nouvelles choses. Et puis, en étant aux côtés des cinéastes de l’école, des étudiants des autres sections, ça m’a aussi fait comprendre que le cinéma, c’était peut-être à ma portée, qu’il fallait potentiellement que je me lance aussi là dedans.

J’entends assez régulièrement de la part de jeunes qu’il ne faut pas forcément avoir besoin des commissions pour y aller, qu’il faut tourner et c’est comme ça qu’on apprend. Dans quelle mesure as-tu le sentiment que cette idée, c’était vraiment une réalité pour toi, que tu n’avais pas envie d’attendre et qu’il y avait une forme d’urgence ?

D.K. : Je pense qu’en tant que jeune cinéaste, on est nourri d’une certaine naïveté qui nous fait croire que c’est possible. Cette naïveté-là peut nous emmener dans des endroits hyper intéressants. Après, c’est vrai qu’il y a une réalité économique qui est que si on a des moyens et qu’on a une infrastructure qui peut nous permettre de faire des films, on aura beaucoup plus de facilité à faire quelque chose qui, à la fin, sera quelque chose de regardable, qui sera quelque chose de bien. Moi, j’ai eu de la chance. Le premier film que j’ai fait a eu une subvention de la Ville de Paris. Mais avant cela, j’avais quand même dit à mon producteur que si on n’avait pas la subvention, je voulais quand même qu’on fasse le film. Après, est-ce que ça aurait été le même film ? Je n’en suis pas certain. Le fait qu’on ait eu cette subvention-là a permis à ce que le film puisse être à Belfort et puisse être récompensé.

Parfois, les jeunes réalisateurs sont amenés, pour apprendre à réaliser, à faire des films dans des conditions un petit peu différentes. Tu as dû entendre parler des films Nikon et des films kino, réalisés en 48 heures à Trouville. Est-ce que c’est quelque chose qui t’a tenté ?

D.K. : J’ai voulu faire le film que j’avais en tête. Je ne voulais pas le limiter selon des contraintes temporelles ou esthétiques. Je n’ai pas fait le film en pensant à des festivals. J’ai pensé le film en sortant quelque chose de ma tête qui allait, au final, être porté à l’écran. Ça a été quelque chose d’hyper singulier, d’hyper personnel. Je pense que c’est pour ça que ça fonctionne, pour l’instant.

C’est quoi les attentes que tu avais de L’Avance ?

D.K. : La première chose que j’ai dit à mon producteur, à mon chef opérateur et à mon co-scénariste, c’est que je voulais qu’on fasse un film de cinéma et rien d’autre.

C’est quoi, un film de cinéma ?

D.K. : Pour moi, un film de cinéma, c’est un film ambitieux esthétiquement parlant et exigeant intellectuellement. Je pense que le cinéma vit une époque incroyable, il y a de la diversité. J’ai tendance à beaucoup regarder les films du passé. J’adore la période classique hollywoodienne. Je trouve que c’est vraiment l’apothéose du cinéma, en tout cas dans sa forme, que ce soit dans les costumes ou dans les décors. Je pense aux films des années 30-40-50. J’aime beaucoup les films de gangsters de la Warner, cette période m’inspire, jusque dans les années 70, avec le nouvel Hollywood et même le cinéma français qu’on a tendance à oublier. Les films de Bresson ou de Melville, la façon qu’ils avaient de filmer Paris, leurs personnages marginaux, c’est ce qui m’intéresse et que j’essaie de mettre en scène. Le personnage de L’Avance, qui est incarné par Saabo Balde, pourrait être un personnage mis en scène par un Robert Bresson ou un Maurice Pialat, il y a 40 ou 50 ans. J’aime beaucoup aussi assumer ce côté très français de mon cinéma et pas uniquement copier ce qui se fait aux États-Unis. Je pense qu’en France et en Europe, on a une histoire qui est forte et qu’on n’a pas le même contexte culturel qu’aux États-Unis.

C’est marrant que tu parles de Bresson parce qu’il y a une histoire d’argent qui intervient dans ton film.

D.K. : C’est vraiment un de mes cinéastes préférés, que j’ai beaucoup vu, que j’ai beaucoup entendu parler. J’adore sa façon de penser le cinéma. Ce que j’ai vraiment aimé dans son cinéma, qui m’a vraiment marqué pendant ma jeunesse et qui m’a aussi éveillé, c’est sa façon de mettre en scène ces marginaux qui vivent un peu une espèce de fatalité et qui ne peuvent pas être plus forts que le système, que leur destin. C’est ce que j’ai essayé de montrer avec cette scène de fin, où le personnage d’Aliou ne peut pas sortir de cette pièce où il est enfermé, où il est bloqué, c’était un peu dans cette tradition d’un cinéma bressonien.

Tu as l’impression, toi, d’être bloqué dans ton quotidien ?

D.K. : Dans ma réalité, je pense qu’en fin de compte, les questions que je me pose souvent, justement, c’est : à quel endroit je me situe, qui je suis vraiment, comment les autres me perçoivent ? En réalité, j’ai la chance d’avoir côtoyé des milieux très intellectuels et en même temps, ma mère était femme de ménage, mon père était cuisinier plongeur dans une cuisine, dans le quatorzième. Il est arrivé en France dans les années 70, du coup, il a fait ça toute sa vie.

Il est arrivé d’où ?

D.K. : Il est arrivé de Bamako, du Mali. Et en fin de compte, il y a un peu un écart entre ce que j’étais et ce que je suis devenu, dans la mesure où, aujourd’hui, je ne pense pas qu’être un cinéaste, c’est quelque chose qui m’était offert sur un plateau d’argent. J’ai bénéficié du fait de vivre à Paris, d’avoir grandi dans le 20e arrondissement. Encore une fois, j’ai encore plus de chance que des gens qui habitent en banlieue ou même en province qui, eux, justement, ne sont pas à 30 minutes du Quartier latin pour aller voir des films d’art et essai et qui ne sont pas à côté du Musée du Louvre, qui n’ont pas le métro à proximité. C’est aussi ça qui est intéressant, de par mon parcours personnel, j’ai côtoyé plusieurs écosystèmes, plusieurs milieux qui sont un peu opposés, mais qui, en fin de compte ont un sens, C’est vraiment ça que j’ai essayé de retranscrire dans le film. Une scène fait le lien entre les Beaux-Arts, Strasbourg-Saint-Denis et le 19e arrondissement. On a vraiment fait cette scène en pensant, au parcours que je mène dans ma vie de tous les jours. J’étais au Beaux-Arts, je rentrais tout le temps dans le 20e, dans mon logement social à côté de Cité. Je ne suis pas dans la cité, mais j’ai grandi à côté de Cité, j’étais près de ces gens qui avaient beaucoup moins de chance que moi.

Je n’aime pas trop le mot « diversité ». Mais en même temps, aux Beaux-Arts qui est un peu une école d’initiés, est-ce que tu as pu trouver ta place ?

D.K. : L’école a élargi son champ d’étudiants. Ce n’est plus que c’était il y a 30 ans. Cependant, on peut toujours sentir l’écart qui existe entre certains étudiants. Moi-même, je faisais partie un peu des marginaux de l’établissement. Mes parents n’étaient pas artistes, je n’ai pas grandi dans ce milieu. C’est un peu par accident que je suis arrivé là, mais en même temps, c’est un accident que j’ai provoqué. J’ai rencontré pas mal d’étudiants autour de moi qui, eux aussi, m’ont fait part de leur expérience. C’est justement ce mélange-là de parcours qui m’a intéressé et que j’ai voulu mettre en scène. Le point de départ du film, c’est vraiment mon arrivée aux Beaux-Arts et dans le 6ème arrondissement. C’est devenu mon quartier. Je l’apprécie énormément, j’y ai passé beaucoup de temps, c’est un quartier qui est hyper important pour la culture française, parisienne. Avoir été là, ça a été vraiment un reboost d’énergie intellectuelle. Ça m’a permis aussi de capter beaucoup plus de choses de moi-même. J’ai l’impression que je ne suis pas de ce milieu-là, mais en même temps que j’y appartiens.

Tu as remporté le Prix André S. Labarthe. Est-ce que tu savais qui était André S. Labarthe avant de venir à Entrevues ?

D.K. : Oui. J’aimais beaucoup les séries documentaires qu’il faisait sur les réalisateurs. C’est quand même quelqu’un qui a vu Capra, Fleischer, enfin, les cinéastes qui ont changé ma vie. Je pourrais donner tout mon argent, ne serait-ce que pour les rencontrer. Et lui, il les a rencontrés !

Ça représente quoi, un prix portant son nom ?

D.K. : C’est quelque chose d’extrêmement honorifique parce qu’il m’a vraiment permis de faire évoluer ma cinéphilie. Et puis, Belfort, ça compte aussi pour moi parce qu’en 86, je crois, Samuel Fuller, mon cinéaste préféré, est venu ici. Ça fait trop bizarre de se dire que je suis au même endroit que lui et qu’il est là, en fait. Son cinéma me bouleverse. Je peux regarder ses films à l’infini, son travail me fait comprendre qu’en fait, être un être humain, c’est quand même quelque chose de puissant. Être capable de capter tout ce qui se passe autour de nous et de le mettre en forme, de le mettre en scène, via le cinéma, ou via même d’autres formes, ça me fait croire en l’art, en la vie. Je suis trop content de faire partie de cette famille-là !

Tu connais tous les lauréats du prix ?

D.K. : Non, mais pour le coup, je me suis intéressé au festival lorsqu’on a été sélectionnés. J’ai vu qu’il y avait tous ces noms qui y étaient passés, comme Sean Baker ou les frères Safdie. C’est fou, parce que finalement, ce sont des gens qui font partie de la plus jeune génération de cinéastes aujourd’hui. Ce sont des artistes forts, exposés à l’international. Justine Triet et Arthur Harari aussi en font partie. Ces cinéastes qui sont dans la quarantaine, ont un nouveau regard sur le monde, ils ont grandi avec des dynamiques différentes de leurs prédécesseurs. Maintenant, moi aussi, je fais un peu partie de cette lignée-là, ça me rend très optimiste. Ça veut dire que peut-être qu’un jour, je serai à leur niveau aussi.

Est-ce que le fait de ne pas appartenir à ce milieu-là te procure une forme de rage pour te donner les moyens d’y arriver ?

D.K. : Bien sûr. Cette espèce de rage, c’est propre au commun des mortels, je pense. La littérature en parle depuis longtemps, Rastignac, par exemple, c’est quelqu’un qui a la rage et qui veut tout défoncer. Le fait de ne pas avoir été quelqu’un de privilégié, ça a créé pas mal de complexes en moi dans ma jeunesse que j’ai maintenant réussi à déconstruire. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus apaisé avec la question. Au final, je ne pense pas être en mission. Ce qui est important pour moi, c’est juste d’être épanoui dans la vie, d’être heureux, de faire plaisir à ma famille, de rendre fier mes proches et c’est pour ça que je suis très content qu’on ait gagné ce prix-là. Maintenant, autour de de moi, des gens vont être contents et ça va même peut-être les inspirer. J’ai eu des prédécesseurs, je ne suis pas le premier à avoir fait ça et je ne serai pas le dernier non plus.

Mon film est amené à parler à tout le monde. Il n’est pas amené à fermer les portes parce qu’au final, je pense que la puissance de l’art et du cinéma, c’est de se mettre à la place d’autres personnages. Moi, j’ai appris ce que c’était être une femme japonaise à travers le cinéma de Mizoguchi. J’ai appris ce que c’était d’être un Italo-américain à travers les yeux de Martin Scorsese et je pense que c’est pareil pour quelqu’un qui regarde mon film. Il peut comprendre ce que c’est d’être quelqu’un issu de l’immigration en France, dans les milieux de l’art. Je pense qu’on doit plus être dans une dynamique d’échange plutôt que de renfermer les choses pour soi et qu’en partant de cette perspective-là, on ira vers des choses beaucoup plus radieuses à l’avenir.

C’est quoi, les difficultés pour toi aujourd’hui ?

D.K. : Je ne pense pas avoir énormément de difficultés Je pense que je suis même très privilégié dans les projets que j’essaie de mettre en place. J’ai eu la chance d’avoir des gens qui m’ont soutenu, des marques surtout par rapport au magazine. Maintenant, j’ai quand même une communauté qui grossit petit à petit et il y a beaucoup de marques qui viennent me voir pour mettre à bien mes projets, du coup, je suis très heureux. Je pense qu’il y a 30 ans, quelqu’un comme moi n’aurait pas eu la même chance, ça a changé avec la démocratisation des réseaux sociaux. Même s’il y a du mauvais dedans, il y a aussi du bien dans la mesure où maintenant c’est plus possible d’être vu, d’être entendu, mais encore une fois, je ne pense pas être la norme. Je ne pense pas que tout le monde vit la même situation que moi.

Et les difficultés propres au film ?

D.K. : Ça a été extrêmement compliqué, mais je pense qu’encore une fois, ce sont des dynamiques que le plus petit cinéaste comme le plus grand vont rencontrer. Ce n’est jamais facile de faire un film, c’est toujours compliqué et tu as des moments de doute, mais après, ce qui compte, c’est comment on va gérer tout ça personnellement. Moi, je pense que j’ai plutôt été bon, même si j’ai eu des énormes phases de stress où j’ai été bloqué sur mon scénario.

C’est pour ça que tu as travaillé avec un co-scénariste ?

D.K. : J’ai travaillé avec un co-scénariste qui s’appelle Ahmadou Bamba-Thiam. Au-delà d’être mon meilleur ami, c’est quelqu’un qui me comprend énormément et moi, avant tout, ce que j’aime, c’est rigoler en faisant des films. Ça peut paraître bête, mais j’adore rigoler. Écrire tout seul, c’est marrant, on rigole à ses propres blagues, mais écrire avec quelqu’un, c’est encore mieux et j’ai beaucoup aimé ça. Là, pour mon nouveau projet, j’écris seul parce que maintenant, j’ai envie de me fixer le défi de faire quelque chose seul. Ça ne veut pas dire que je vais tenir la promesse. Mais en tout cas, pour L’Avance, je l’ai fait parce que je me sentais bien avec Ahmadou et que surtout, c’était quelqu’un qui me comprenait.

C’est quoi ta culture du court-métrage ?

D.K. : Elle est plutôt faible pour être tout à fait honnête. J’ai juste regardé les courts-métrages des metteurs en scène que j’aimais beaucoup pour voir comment ils avaient commencé. C’est plus pour voir à quelles étapes ils étaient de leur cinéphilie, comment ils avaient digéré l’information et comment ils l’avaient transformée en court. C’est vraiment ça qui m’a intéressé.

Propos recueillis par Katia Bayer

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