César, 12 ans, est un jeune garçon dont la sœur a été agressée sexuellement. Le film de Violette Gitton, en lice aux César, est aussi doux que percutant et filme la jeunesse et l’enfance dans toute sa vérité aussi violente qu’elle soit. Comme le précise la réalisatrice sur Court-Circuit, également assistante à la direction et à la protection des enfants sur les tournages, avec ces derniers, il n’y a éthiquement pas le droit à l’erreur. C’est ce qui émane de ce film, où l’attention portée à l’enfance témoigne d’un sens précis de ce qu’est tourner avec des enfants, de leur prise en charge et de ce que psychologiquement, l’histoire représente pour eux.
Dans le film, César fait de l’escrime et passe une partie de son temps à l’entraînement puis à la piscine où il vient chercher sa sœur. Dans les vestiaires, ces garçons répètent des schémas de virilité : mesurer son sexe, bizuter. Ce chahutage que certains diraient bon enfant, est symptomatique de la violence dont les enfants peuvent être à l’origine. Ainsi, Violette Gitton pose les bases d’une enfance contrainte à la fois à grandir au travers des principes de l’enfance mais aussi avec ce que représente être un homme dans la société actuelle. Une position qui s’impose dans des schémas de construction de la personne, de masculinité mais aussi de questionnement quand César repense à l’agression de sa soeur. Cet ordre dans lequel César évolue est aussi régi par un certain équilibre, celui d’un entraînement rigoureux, d’un cadre, de règles, et de la vie intime de chacun.
Pour César, il s’agit d’apprendre à réagir face à l’agression de sa soeur. Ce n’est pas elle qui en parle, la première fois qu’on l’apprend, c’est par la police spécialisée des mineurs qui vient interroger César. Derrière le froid de la caméra qui le filme, une première étape brutale le confronte à une réalité que l’on souhaite restée éloignée de l’insouciance d’un jeune garçon. Une femme explique à César que sa sœur a été agressée sexuellement. Il y a une sorte de neutralité dans sa réaction. Que faire ? Il ne semble pas avoir peur, est-il peut-être triste ? L’impassibilité est la réaction propre à cet enfant qui ne comprend peut-être pas très bien le drame qui bouscule sa famille.
Avec ce film, la réalisatrice s’inspire de sa propre expérience avec son frère et comme le dit le titre, souhaite raconter « ce qui appartient à César ». Soit ce qui lui est propre dans le tumulte de ces évènements, un enfant confronté à l’agression sexuelle de sa sœur. Un dur rappel qui s’effectue aussi visuellement avec les marques implicites de ce drame. Devant la piscine, lieu de l’agression, est garée une voiture vide. Cette carcasse de voiture, cette chose inanimée qui pourtant dégage une étrangeté et un silence comme une omerta. Il n’en parle pas à sa sœur, elle ne lui en parle pas non plus. Ils partagent quelques moments du quotidien que cela soit dans la chambre ou dans le salon devant l’avocat de l’affaire. César ne modifie en rien son quotidien mais quelque chose le travaille. Il cherche une justesse, un moyen de réagir. Ainsi, César perd un fragment de normalité mais essaye de prendre en main son quotidien. Avec sa sœur, qu’il continue d’aller chercher à la piscine, ils observent la voiture être amenée à la casse par une grande machine. Le dernier vestige de ce drame est emporté loin d’eux et un silence tacite les réunit dans l’espoir de passer outre tout cela.
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