Coup de sifflet à Cinébanlieue

Cette année, le festival Cinébanlieue nous a offert un large panorama de court-métrages, recouvrant pour un certain nombre le thème du ou des « Mouvement(s) », explorant ainsi le sport comme vecteur de changement social et personnel. Coup de projecteur sur deux films de la sélection compétition Talents en Court qui nous ont marqués.

« Hors jeu » de Paolo Mattei

Hors jeu de Paolo Mattei, c’est l’histoire d’un jeune garçon qui, à défaut d’être numéro 10 au foot, souhaite devenir un arbitre professionnel. Tout sauf reprendre le bar-tabac de sa mère aveugle en Normandie. À la fin de la semaine, la demi-finale de la coupe régionale sera déterminante pour son avenir en tant qu’arbitre… et pour son frère aussi, le numéro 10 du FC Offranville.

Comme pour le personnage principal, la tension monte au fil des entraînements jusqu’au jour fatidique, mais on se surprend à rire : le duo coach (Sandro Renault) – élève (Victor Lefebvre) marche parfaitement à cet effet-là. Et puis, on finit par s’attacher, et à prendre ce match aussi à cœur que les deux frères le prennent. Une histoire fraternelle qui remet à l’honneur une position oubliée du terrain, pour notre plus grand plaisir.

Que les meilleurs gagnent de Noah Cohen, c’est le court-métrage révélation de la sélection Talents en Court, qui a gagné le prix du meilleur court-métrage. Ici, on ne fait plus de sport, on assiste à une pratique sportive, la course de chevaux. Alex est un enfant de dix ans qui aime regarder la télé. Jusque là, rien d’anormal : la mère discute au téléphone au balcon, le père essaie de réparer la télévision puis prend de l’argent dans le porte-monnaie de sa femme, sans doute pour faire des courses.

« Que les meilleurs gagnent » de Noah Cohen

D’un seul coup, nous sommes transportés avec les personnages hors du foyer, à l’hippodrome. Le père, furtif, absorbé, tient un carnet de comptes entre ses mains. Et c’est parti, première course, premiers paris. Gros plan sur le visage d’Alex, il crie : “Cravache ! Cravache !”. Montée d’adrénaline qui redescend aussi vite que la course est finie.

Deuxième, troisième course. Images impressionnantes des chevaux en mouvement, démonstration de leur rapidité et de leur force. Puis on ne compte plus les courses, on a un sentiment désagréable. Le père d’Alex veut qu’il parie aussi, comme un jeu, c’est amusant – il n’a plus de pièces dans sa poche ? C’est là que va résider toute la force du court : le regard de la caméra, c’est celui de l’enfant vers son père, celui du passage de l’héroïsation à la déception.

Du coup d’envoi au coup de sifflet final, la sélection Compétition Talents en Court du festival Cinébanlieue nous aura fait (re) découvrir des pratiques sportives, et surtout, des liens qui entourent ces pratiques – fraternels, paternels, et même personnels, le sport permet de raconter de belles histoires, qui sur grand écran, résonnent bien au-delà du terrain.

Amel Argoud

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