Mon ami Robot de Pablo Berger

L’adaptation, par Pablo Berger, du roman graphique de Sara Varon Rêves de Robot (Dargaud, 2009) sort en DVD et Blu-Ray chez Wild Side. L’occasion de (re)voir le film et de découvrir, grâce à de nombreux bonus, une partie des secrets de sa fabrication. Mon Ami Robot avait obtenu le Grand Prix Contrechamp à Annecy les prix du Meilleur scénario et Meilleur film d’animation aux Goya 2024.

Dog s’ennuie. Un peu trop timide pour se faire des ami.es, il se sent seul et aimerait se socialiser un peu plus. Il décide alors d’acheter un robot, qui lui arrive par la poste, à la manière d’un jouet commandé sur catalogue. L’étincelle est immédiate et Dog et Robot deviennent inséparables. Jusqu’à ce qu’une sortie à la plage ait raison de la motricité du robot, abimé par le sable. Dog a bien tenté de l’en sortir, mais sans succès. Les mois passent et Robot reste, seul, échoué sur la plage, le métal de son corps de plus en plus rongé par les éléments. Qu’arrivera-t-il de lui et de sa relation avec Dog ? Plus que l’aventure de cette amitié, c’est celle des rêves de ce Robot, qui n’a plus que l’imagination pour s’évader, que nous conte le roman graphique de Sara Varon.

C’est cette trame minimale que le réalisateur Pablo Berger (Blancanieves) a entrepris d’adapter au cinéma pour son premier film d’animation. Il a pour cela conservé le dessin faussement naïf du livre tout en l’extrayant de son indétermination : les murs nus de Sara Varon se recouvrent de briques new-yorkaises chez Pablo Berger, des gratte-ciels apparaissent au loin et de la musique des années 1980 accompagne désormais les rêveries et péripéties imaginaires de Robot.

Plus que l’histoire elle-même, c’est cette résurrection du New-York des années 1980 qui fait l’intérêt du film. La précision des décors y est pour beaucoup, qui laisse entrevoir un espace clair et défini, sans le réduire aux poncifs sur la ville américaine. De même, les différentes occupations auxquelles rêve Robot reproduisent de façon convaincante cette fin de siècle et participent d’une atmosphère un rien nostalgique, comme si les amitiés du chien et du robot étaient avant tout le prétexte à l’évocation d’un monde pas si ancien, mais déjà disparu. De nombreuses références cinématographiques, souvent issues de films de patrimoine, participent de cette nostalgie.

Outre la justesse du dessin, la bande son vaut le détour : si la musique, on l’aura compris, nous accompagne dans ce New-York passé et fantasmé, les personnages communiquent sans parole. Et c’est là une autre grande réussite du film : rendre éloquents ces personnages muets. Pablo Berger et ses animateur.rices ont pour cela créé une grammaire des gestes et des attitudes qui remplace avec bonheur le langage articulé.

Le DVD/Blu Ray propose un long bonus permettant d’accéder aux coulisses de la création. Le réalisateur, mais surtout ses collaborateurs et collaboratrices expliquent comment iels ont créé l’image et la bande son du film, comment iels sont passé.es de prises de vue réelles à l’animation. Les explications sur la restitution d’un New-York révolu, notamment, sont passionnantes, nous permettant d’articuler la bande son au décor et de découvrir que le réalisateur y a lui-même vécu dans les années 1980, ce qui explique sans doute la teinte nostalgique du film. Le passage sur la répartition du dessin et de l’animation entre les équipes vouées aux personnages, celles dédiées au décor et les dernières, qui s’occupent de la couleur, nous fait (re)voir le film d’un autre œil. In fine, le film et les incursions dans les secrets de sa fabrication se complètent avec bonheur et sont susceptibles d’intéresser autant les parents que leurs enfants.

Julia Wahl

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