Après sa participation au Festival d’Annecy 2019 avec Por Ahora Un Cuento, la réalisatrice colombienne Carla Melo Gampert vient de présenter sa nouvelle animation La Perra (La Chienne) en sélection officielle à Cannes 2023. Le court-métrage enquête sur le passage de fille à femme à travers l’évolution de la sexualité de sa protagoniste, en montrant tous les événements, bons et mauvais, qu’une femme traverse après son réveil hormonal.
La metteuse en scène dévoile comment l‘arrivée à l’âge adulte implique plusieurs expériences inconfortables, conséquences de l’auto-perception du personnage par rapport à ses changements physiques et des réactions des autres vis-à-vis de son corps. Le film aborde des sujets tels que l’étrangeté face à sa nouvelle image (accentuée par la nudité constante de tous les personnages), le besoin de plus d’intimité pour comprendre ses nouveaux désirs, l’envahissement de son espace par l’harcèlement dans la rue, la nécessité de liberté, et le partage du quotidien avec un partenaire, malgré la peur de nouveautés.
Tandis que la protagoniste s’épanouit dans son auto-découverte, la figure de sa mère s’étiole, vivant la fin de cette phase. Le questionnement est posé sur l’impact de l’âge dans la vie sociale et l’activité sexuelle des femmes.
Se passant de dialogue, Melo Gampert parvient à rendre par le son l’étrangeté de cette inédite connaissance de soi. Le court n’est pas bercé par une bande musicale, mais par un silence solitaire rompu par les bruits gênants des actions produites par les personnages. La réalisatrice choisit de ne pas romancer les premières fois comme dans un film d’amour hollywoodien, mais d’expliciter les malaises liés à la nouveauté.
La Perra enquête sur la découverte sexuelle des femmes à travers une réalité qui n’inclut pas les pétales de rose sur le lit et les orgasmes multiples, mais l’inconfort des premiers contacts intimes avec un partenaire. Le choix d’une forme d’art aussi légère et belle que l’aquarelle pour l’animation adoucit la violence des situations présentées. Rappelons que la réalisatrice est d’abord dessinatrice et artiste visuelle, ce qui se ressent avec l’univers esthétique de son film. Les représentations picturales construisent un récit allégorique, raconté à travers des métaphores sensibles qui jouent avec la dimension et l’hyperbole.