Sélectionné à la Cinef (ex-Cinéfondation), Laurène Fernandez signe son premier court-métrage Les Humains sont cons quand ils s’empilent. Son film est produit par la CinéFabrique, une école basée à Lyon, dont un ancien court Mano a Mano, réalisé par Louise Courvoisier, avait remporté le premier prix de la Cinéfondation en 2019. Datant de 2022, Les Humains sont cons quand ils s’empilent est une animation simple et efficace, de quatre minutes seulement. Elle offre un aperçu du quotidien exaspérant des habitants d’un immeuble, forcés de subir le vacarme de leurs voisins.
A travers de véridiques témoignages et des voix d’origine, la cinéaste tourne en dérision les absurdes conséquences de la vie en communauté. Entre les passages incessants de l’aspirateur, les tapages redondants du marteau-piqueur ou encore les rires hystériques, voici les inconvénients d’un édifice aux murs de papier. La réalisation originale et amusante immerge le spectateur dans des querelles de voisinages anodines. Qui n’a jamais été dérangé par l’intrusion sonore de ses voisins de palier ?
L’animation en stop motion des personnages de laine ajoute à la situation davantage d’ironie à leurs réactions et leurs expressions corporelles, face aux énièmes raffuts abrutissants, le tout accompagné d’une musique comique. Les décors simplifiés permettent une mise en situation du contexte rapide et percutante pour le spectateur, qui se retrouve à son tour plongé dans le HLM extrêmement bruyant. La drôlerie est poussée à son paroxysme lorsque les habitants entrent dans une folle fureur jusqu’à commettre un homicide avant d’en rire. Au climax de la fiction, la dernière phrase fait sens, en référence au titre osé : cette démence serait-elle donc le reflet de notre société ?
Dans ce très court-métrage, Laurène Fernandez met en scène avec humour et subtilité une situation banale et connue de tous, à travers une intrigue épurée. Le parti pris de la stop motion et l’originalité du sujet confèrent au film des qualités techniques et esthétiques. Peut-être un nouveau prix en vue du côté de la Cinef…
Mathilde Semont