Invité au Festival Musique et Cinéma à Marseille, le groupe français The Penelopes, exilé à Londres, s’est fait connaître par sa musique électronique et ses collaborations avec les actrices Isabelle Adjani, Virginie Ledoyen et Asia Argento. En parallèle à leur groupe, les deux amis d’enfance Axel Basquiat et Vincent Tremel, s’intéressent au cinéma, court comme long.
Vous avez signé la musique de plusieurs courts-métrages, quel rapport entretenez-vous avec ce format ?
Axel Basquiat : Nous on aime bien cette forme. Même si on a un groupe de musique, que l’on a une carrière, on aime bien rester ouvert d’esprit et rencontrer des gens créatifs, des jeunes gens. Le futur du cinéma. C’est un moyen de ne pas être conservateur, de ne pas traîner seulement dans ta chapelle avec des gens avec qui tu as déjà collaborés.
Vincent Tremel : J’aime bien le format court. Ça m’intéresse que l’on puisse développer une idée en 10-15 minutes. On a fait un court pour Canal +, Eden de Olivier Perrier, qui est un film de 12 minutes. C’est efficace et j’aime bien ça.
Comment appréhendez-vous le travail avec les réalisateurs ? Faites-vous des propositions en amont, à la lecture du scénario ou attendez-vous de recevoir les images des films ?
A.B. : La règle, c’est qu’il y a pas de règles. C’est pour ça que l’on aime bien composer pour des films. Tu peux travailler avec un réalisateur ou arriver à la fin du dispositif où tu fais la musique quand tout est terminé. Mais nous, on a un tropisme quand même pour proposer quelque chose avant le tournage. Souvent, dans nos projets qui ont assez bien marché et qui se sont retrouvés dans des festivals importants (Cannes ou Sundance), on avait bossé sur les séquences en amont. C’est le cas du film Acide de Just Philippot, dont la musique de la scène d’ouverture avait été créée un an avant le tournage. Le réalisateur disposait de la musique dès le départ.
V.T. : On aime bien sonder un peu le réalisateur avant, connaître ses goûts musicaux personnels. Même si ce n’est pas vraiment ce qu’il veut pour le film, parfois il aime entendre des petits rappels de sa culture musicale. On aime bien parler avec lui et voir ce qu’il veut entendre. Plus c’est en amont, mieux c’est.
A.B. : On aime bien envoyer du matériel sonore qui n’est pas forcément utilisé mais qui peut rassurer le réalisateur. Même si ça nous demande du travail, on aime bien mettre les gens en confiance, surtout quand il s’agit d’un premier court.
Vous avez été amené à chanter avec des comédiennes (Asia Argento, Isabelle Adjani, Virginie Ledoyen). Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’idée de faire chanter des actrices ? Est-ce qu’à l’inverse, l’écriture de scénario voire la réalisation, vous a déjà intéressés ?
V.T. : Alors, la réalisation ne nous a jamais intéressés.
A.B. : On a des idées mais on est trop occupé avec le groupe. Ça demande déjà beaucoup d’énergie. Pourquoi on bosse avec des actrices ? En premier, on travaille avec des actrices qui ont des tempéraments, qui ont des idées fortes.
V.T. : Des femmes qui ont des voix particulières aussi. : celle de Asia, celle de Isabelle avec son célèbre trémolo que l’on connaît des chansons de Gainsbourg et celle de Virginie qui est très grave. Ce sont des voix totalement différentes mais très facilement identifiables pour l’auditeur. Tu sais par exemple que c’est Virginie Ledoyen qui chante sur le morceau quand tu l’entends.
A.B. : Et puis, ce sont de belles rencontres. On aime bien la fragilité, on adore collaborer avec des gens qui n’ont pas forcément un entraînement classique à la musique. Moi par exemple, j’adore Leonard Cohen, plein de gens disent qu’il ne sait pas chanter mais moi je trouve qu’il chante super bien. J’aime bien les gens qui ont de la personnalité, qui ont une certaine fragilité.
Vous avez emménagé à Londres il y a 7 ans. Comment percevez-vous la scène musicale et l’univers cinématographique sur place ?
V.T. : En musique, c’est hyper riche. Ils ont une culture musicale très importante. Les musiciens solistes sont d’un niveau fou. Il y a énormément de groupes, c’est ultra compétitif. En cinéma par contre, ils sont quand même moins lotis qu’en France parce que c’est plus libéral, parce qu’il y a n’a pas de subventions. Il n’y a pas tous ces systèmes d’accompagnement. Autant sur la musique ils sont très bien lotis – c’est pour ça aussi que l’on y est – autant sur le cinéma, il y a moins d’opportunités pour les jeune réalisateurs.
Propos recueillis par Damien Carlet