Il y a plus d’un mois se clôturait l’édition 2020 du festival de Cannes, l’occasion idéale de découvrir David, un court-métrage réalisé par l’Américain Zach Woods. Sélectionné en compétition officielle du festival et retenu aussi en compétition internationale au prochain Festival de Clermont-Ferrand, David est le tout premier court métrage réalisé par Zach Woods, connu notamment pour ses rôles dans diverses séries comiques à succès comme The Office ou encore Silicon Valley.
Ce court-métrage de 12 minutes met en scène une session de thérapie des plus inhabituelles et chaotiques. Un patient aux pensées dépressives et aux tendances suicidaires fait appel en urgence à son thérapeute un samedi matin.
Alors que David se confie et se dévoile dans toute sa vulnérabilité, le thérapeute remplit son rôle et tente de trouver les mots justes, mais la session est soudainement interrompue par l’irruption brutale du fils du thérapeute, lui aussi prénommé David. La dynamique patient-psychologue est brisée et le désordre s’installe entre les trois personnages, où chacun de leurs désirs, de leurs émotions et de leurs revendications se confrontent et se contredisent.
En effet, le fils veut impérativement que son père vienne assister à son match de lutte, tandis que ce dernier se doit de remplir ses obligations professionnelles vis-à-vis de David, son patient, qui désorienté, se sent coupable et veut partir.
Alors que la situation en elle-même est censée souligner la détresse psychologique des deux personnages prénommés David et le rôle paternaliste du thérapeute, le profond ridicule des circonstances et des actions de chacun provoque inévitablement le sourire et le rire.
Dans ce huis clos réduit à la taille du cabinet, le ton monte, les argumentations et les négociations des personnages s’enchaînent mais personne ne s’écoute et un dialogue de sourds s’installe.
Le fils, obnubilé par son match, pousse le patient à devoir se justifier de sa propre dépression et si le thérapeute tente au début de trouver un compromis, il abandonne très vite, lui aussi, toute rationalité. Tout est mis en scène de sorte à décrédibiliser la session thérapeutique ainsi que la représentation cinématographique du thérapeute. Car, si le psychologue se doit d’incarner une figure digne et déshumanisée, le court métrage ici prend le parti contraire et choisit de briser avec humour la distance entre patient et psy pour dépeindre un thérapeute tiraillé entre son engagement professionnel et sa vie personnelle.
Zach Woods, étant lui-même le fils d’un thérapeute, a écrit avec brio et légèreté ce court métrage, qui en reprenant les codes classiques d’une session de thérapie, finit par jouer malicieusement avec les attentes du spectateur pour mieux les contourner et surprendre. Car, le court métrage, au-delà de mettre en lumière un comique de situation où le bon sens laisse place à l’absurde, montre surtout avec tendresse les fragilités de ces trois hommes. Le trio d’acteurs, Will Ferrel, William Jackson Harper et Fred Hechinger, fonctionne avec efficacité et leur dynamique met en évidence le désordre et le chaos que peuvent parfois représenter les relations humaines.