Entamé ce vendredi 9 août, notre focus consacré à Locarno se poursuit ces jours-ci avec la diffusion de films précédemment sélectionnés et pour certains primés au festival. Après le documentaire Rewind Forward de Justin Stoneham (récompensé du Pardino d’or du meilleur court-métrage suisse en 2017) présenté hier, nous vous invitons à découvrir le film expérimental Cutaway réalisé par Kazik Radwanski, sélectionné à Locarno en 2014.
Kazik Radwanski, réalisateur originaire de Toronto, est un habitué de Locarno. Ses deux premiers longs-métrages (Tower et How Heavy This Hammer) et deux de ses courts (Cutaway et Scaffold) y ont été diffusés. De son côté, son troisième long (Anne at 13,000 ft) sera présenté à la rentrée au Festival de Toronto.
Cutaway fait partie de ces coups de poing cinématographiques que les sélectionneurs ont le talent de repérer et conserver dans leurs programmations. Nous avions découvert ce court au Festival du nouveau cinéma à Montréal il y a 5 ans, en 2014, et l’avions programmé lors d’une séances spéciale consacrée au festival un an plus tard. Le film avait par la suite pris le chemin de Clermont-Ferrand et de bien d’autres festivals.
Formellement passionnant, Cutaway propose en une durée restreinte (7 minutes) une succession de gros plans et de gestes d’un jeune homme travaillant comme ouvrier, dont seules les mains sont filmées. Dédié au père du réalisateur décédé en 2013, le film est construit autour de plans de coupe (d’où son titre) liés au quotidien et à la solitude de l’homme représenté. L’émotion naît peu à peu, le spectateur étant amené à observer ces moments simples, au travail, à la maison, à la pharmacie, au café, dans les transports, chez le gynécologue et à tendre l’oreille alors que les mots et les sons viennent à manquer au même titre que les repères visuels habituels.
Le film est un fragment de vie très particulier dans le quotidien de cet homme, entre blessures, hésitations, gestes mécaniques, objets manipulés, incertitude et perte. Véritable expérience de cinéma, Cutaway est un film important qui réussit à provoquer l’empathie alors qu’il ne repose sur aucun dialogue et visage. Son montage, sa durée, sa simplicité formelle et son climax en font un film poignant et magnifique au plus près de l’intime.
Retrouvez également ce film sur notre nouvelle chaîne Vimeo