Réalisé par six étudiants de l’Ecole Supérieure des Métiers Artistiques (ESMA) de Toulouse, Sailor’s Delight est un court-métrage d’animation sélectionné à la Cinéfondation (section consacrée aux films d’écoles du Festival de Cannes) cette année. Louise Aubertin, Eloïse Girard, Marine Meneyrol, Jonas Ritter, Loucas Rongeart et Amandine Thomoux ont conçu ensemble ce projet et lui ont fait voir le jour en 2017.
Nous n’avons clairement pas affaire à une douce créature dans cette histoire, mais à une sirène croqueuse d’hommes, passée professionnelle dans l’art de la séduction. Cette femme poisson se trouve bien en peine face à deux pêcheurs insensibles à ses charmes.
Un proverbe météorologique britannique commence par « Red sky at night, sailor’s delight », et signifie simplement que si le ciel est rouge le soir sur la mer, on peut se réjouir du beau temps qu’on va avoir. Le titre est déjà assez prophétique et annonce la déconstruction du mythe sur les marins et les sirènes. Notre culture mythique voudrait nous faire croire que seul le vaillant Ulysse fut capable d’échapper aux chants des sirènes, mais force est de constater ici que parfois un petit rien ou peut-être un grand quelque chose peut changer la donne et briser une croyance populaire.
Avec Sailor’s Delight, on est tout de suite plongé dans l’histoire grâce au mélange réussi des codes de l’animation et de la prise de vue réelle et l’humour bien dosé. Un travail très intéressant sur le cadre sert la narration et le ton du film. Les esthétiques visuelle et sonore le rendent vraiment agréable au visionnage. La musique entraînante et aux accents colorés fait écho à toutes les couleurs pastels et électriques du film, ce qui lui donne une plus grande profondeur et lui permet de s’accaparer tout l’espace qu’il peut utiliser.
Sailor’s Delight est un court-métrage drôle et touchant, ainsi que le medium d’un point de vue fort au sujet de la sexualité et du consentement. L’humour et la fraîcheur de ce film devrait vous porter vers lui. Irrésistiblement.
Justine Hibon