Sélectionnés au 39ème Festival de Clermont-Ferrand dans la section Labo, les deux réalisateurs suédois, Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck, proposent avec « Hopptornet » un documentaire sur le choix de sauter ou non d’un plongeoir haut de 10 mètres.
Les deux cinéastes présentent un court-métrage pour le moins original : le spectateur voit l’hésitation des personnes sur le point de sauter ou non. Les réalisateurs ont choisi pour leur film un panel de personnalités : des hommes, des femmes, des personnes âgées, des jeunes, ceux qui sautent en duo ou seuls, permettant au spectateur de s’identifier facilement aux personnes filmées. Les réactions sont diverses, une enfant d’une dizaine d’années prend par exemple moins de temps de réflexion qu’un homme mûr qui décide de redescendre par l’échelle, ce qui ajoute une touche d’humour à ce documentaire expérimental.
Cette peur de sauter est décryptée par les deux cinéastes qui observent patiemment les réactions et les corps hésitants. On retrouve ce regard au montage lors de l’utilisation des ralentis lorsque les personnes filmées s’élancent dans le vide : l’acte de sauter déforme les visages et crispe les corps.
Le dispositif filmique fait durer cette hésitation et cette peur en utilisant des plans longs. Les réalisateurs ont utilisé plusieurs caméras : la première en face des personnes filmées, la deuxième de côté qui nous permet d’observer la distance entre le plongeoir et l’eau, et la dernière dans le bassin pour capter la pénétration des corps dans l’eau.
De plus, la visibilité du dispositif de mise en scène permet au spectateur de se frotter à la « réalité brute » du documentaire, comme par exemple, en voyant les micros servant à la prise de son, situés sur le rebord du plongeoir.
Le documentaire plonge le spectateur dans un lieu public, la piscine, qui est peu filmé par les cinéastes contemporains. Le court-métrage propose une idée originale et drôle, qui confronte chaque personne à sa peur du vide. Le film secoue, impressionne et surtout fait rire le public, par sa mise en scène frontale et le naturel des personnalités filmées. Cette expérience anthropologique pousse à se questionner sur les nouvelles formes du documentaire expérimental. Le corps humain reste un élément très important dans le cinéma actuel, ici il est accentué par la musique de Beethoven à la fin du court-métrage, dans une volonté de le sublimer et souligner l’absurdité de la situation filmée.
J’ai découvert ce court métrage hier, dans le cadre du festival du court métrage de Clermont-Ferrand. Une vraie pépite !
Merci pour l’originalité du sujet, complétement décalé. Un vrai régal !