Au décès de sa mère, une femme revient, avec sa propre fille, sur les lieux où elle a passé une partie de son enfance, un camp de réfugiés mis en place pour les rapatriés de la guerre d’Indochine. Elle lui raconte l’histoire de son aïeule. Cette dernière a fui l’Indochine coloniale après avoir mis au monde sa fille dont le père, un colon français, n’a jamais voulu s’occuper. En arrivant en France, elle est accueillie avec son enfant dans ce camp plus que sommaire.
Depuis ses débuts dans le journalisme, Marie-Christine Courtès s’intéresse à cette partie du monde avec notamment deux documentaires, « Le Camp des oubliés » (2004), sur ces camps français, et « Mille jours à Saïgon » (2012), sur Marcelino Truong, illustrateur franco-vietnamien. Avec « Sous tes doigts », sélectionné au festival de Villeurbanne, primé hier soir à Bruz et nommé aux César, elle passe de la grande Histoire à l’histoire intime d’une famille s’inspirant des femmes rencontrées pour son premier documentaire, du documentaire à la fiction et de la prise de vue réelle à l’animation.
La collaboration avec Ludivine Berthouloux, toute jeune animatrice, y est remarquable. Son travail de l’aquarelle très diluée pour les décors reflète une mémoire collective presque inexistante. Il ne reste de cette histoire que les souvenirs de la grand-mère, représentés par des nuages de poussière colorée, transmis de mère en fille et jamais sortis du cercle familial. Dessinées par Marcelino Truong, les personnages sont peints à la gouache, plus opaque que l’aquarelle. Cette différence de techniques distingue le vivant bien réel des souvenirs, plus flous.
Le lourd silence de l’histoire ne pouvant être retranscrit par des mots, Marie-Christine Courtès propose un film essentiellement musical où les émotions sont exprimées par la danse. L’animation image par image de ces séquences, reprise sur des mouvements filmés en prise de vue réelle de danseuses contemporaines, y est sublime. Ces scènes marquent les ellipses entre les événements importants de la vie de la grand-mère, sa rencontre avec le père de sa fille, le début de leur relation, sa grossesse, la guerre, sa fuite et son arrivée en France. Avec ce montage elliptique et parsemé de flashback, le spectateur est promené dans le temps et l’espace. La musique et la danse, entre hip-hop occidental et rituels orientaux, participent également à ce voyage entre les différentes générations et cultures de cette famille.
Sélectionné et primé dans de nombreux festivals, «Sous tes doigts » reçoit la considération qu’il mérite et rend un bel hommage à ces » femmes silencieuses qui, à partir de 1956, ont passé de longues années dans le camp de Sainte-Livrade, dernières oubliées de la guerre d’Indochine ».
Merci pour votre présence à Saumur ce week-end mais question que tout le monde se pose : comment , où , quand peut-on découvrir ce court métrage.
Désolée je ne trouve le message qu’aujourd’hui. Envoyez moi un message à cette adresse (mccourtes@yahoo.fr) et je vous donnerai un lien privé pour voir le court-métrage.
Bonjour,
Je souhaiterais voir ce court-métrage. Comment faire ?
Merci !