Fiction, 5’24’’, 2005, Arte, Hongrie
Synopsis : Une longue file d’attente.
En 2003, lors de l’élargissement de l’Union Européenne, Lars Von Trier a eu l’idée de développer « Visions of Europe », une suite de 25 courts métrages de cinq minutes, réalisés par 25 réalisateurs, chacun d’entre eux offrant sa vision du présent et du futur du continent. « Prologue », du maître hongrois Béla Tarr, nous montre une longue file de personnes attendant l’ouverture d’une soupe populaire. La représentation de ce qui impliquait pour le cinéaste l’adhésion de la Hongrie à l’UE : une longue attente pour se nourrir.
Constitué uniquement d’un lent traveling latéral dirigé par l’acclamé Robby Müller, le film est un point de condensation de tous les éléments que le réalisateur affectionne : l’absence de dialogues, la patience, la répétition, les visages désolés, les lents mouvements de caméra, le noir et blanc. La musique, composé par Mihály Víg, musicien crédité comme co-auteur des films de Tarr, est une mélodie lancinante qui anticipe le rythme du court métrage, de ce prologue à une nouvelle vie et à un nouveau pays.
À l’occasion d’une master class où la question de la durée parfois extrême de ses films était le sujet d’un long débat (il suffit de voir le monumental « Sátántangó » de 435 minutes), Béla Tarr disait volontiers que « Prologue » était plutôt un haïku.