En 2010, Paul Cabon recevait le Prix spécial du jury du Meilleur film d’étudiants au Festival d’Annecy pour son film de fin d’année « Sauvage ». L’élève de l’école de la Poudrière de Valence avait déjà bien retourné les esprits en nous montrant de façon colorée et déjantée le retour à la nature d’un homme chauve.
Quatre ans plus tard, le brestois est en compétition nationale au Festival du film de Vendôme avec son dernier bijou, « Tempête sur anorak », animation délirante et inclassable. C’est en Bretagne, là où il a grandi, que le réalisateur situe son court métrage. L’histoire ? Au cours d’une expérience climatique, deux jeunes scientifiques sont pris dans une tempête. Jusqu’ici tout va bien. Pour le reste, c’est au spectateur de se laisser embarquer dans ce délire dépourvu de sens. « Tempête sur anorak » est un OVNI (Objet Visuel Non Identifié) qui part dans toutes les directions et n’hésite pas à mélanger les genres que sont le film catastrophe, l’espionnage, l’amour et la sorcellerie.
Il est dit que les bons films se font écho dans leur fond aussi bien que dans leur forme. Le court métrage du jeune réalisateur n’échappe pas à la règle tant le spectateur est pris dans une tempête esthétique et visuelle psychédélique. Grâce à la technique de la gouache, c’est un feu d’artifices de couleurs qui se déploie sous nos yeux. Les personnages déjantés, parés de bleu, rouge ou jaune sont pris dans le tumulte et la grisaille de la tempête, obligés de composer avec les éléments qui s’offrent à eux pour avancer. Vaches fantômes, méchant aux pieds nus et jeune fille perverse sont autant de rencontres incongrues qui s’entrechoquent pour révéler l’absurdité dans laquelle ils évoluent, le tout ne manquant pas d’être mis en valeur par des dialogues délirants et une bande sonore efficace signée Barry Andrewsin Disco.
« Tempête sur anorak » a déjà renversé le public international et remporté trois prix cette année : le Grand prix au London International Animation Festival, le prix du meilleur court-métrage d’animation du Guanajuato Film Festival au Mexique et le prix de la Meilleure réalisation internationale au Festival Curta de Rio. Le film finira l’année au Festival de Vendôme, en compétition face à 22 autres court-métrages, avant d’affronter le deuxième tour des César 2015 après sa présélection au meilleur court-métrage d’animation.
Finalement, ce que l’on retiendra de « Tempête sur anorak », c’est l’esprit enthousiaste et délirant qui s’en dégage. Paul Cabon, sans aller dans l’excès, se fait plaisir et cela se sent. On en sort secoué, mais après tout, n’est-ce pas le principe d’une tempête ?