Avec raison, le Festival de Brest s’intéresse de près aux premiers films. « I’ve Been A Sweeper », film d’école irlandais, fait partie des jolies surprises de sa dernière édition. Réalisé par un jeune auteur, Ciarán Dooley, il évoque tout en finesse le dernier jour sur Terre d’un homme ayant balayé toute sa vie.
En l’espace d’une journée, un balayeur effectue un retour en arrière, dresse le bilan de sa vie, parle de ses 76 ans, de sa liberté et de son travail. Humble et professionnel, il observe les gens pressés, parle de ses rencontres, des lieux où il a travaillé et de sa place dans le monde.
Sous la forme d’un monologue, « I’ve Been A Sweeper » est une invitation à l’introspection, à la dignité et à la différence. Très bien écrit, le film est porté par la qualité de son interprétation (Eamon Morrissey, émouvant à souhait) et de sa musique (signée Stefan French). Au regard de nombreux de ses pairs peu dignes d’intérêt, la simplicité et la fraîcheur de ce premier film fait du bien, émeut, déchire même.
Film magnifique, « I’ve Been A Sweeper » rend visible les invisibles, les êtres et les métiers plus discrets, il redéfinit la notion même de marginalité et associe joie et dignité à une tâche en apparence simple.
Exploration du passé, réflexion sur les valeurs et la réussite, poésie filmée, regard touchant sur la vieillesse, beauté de la langue irlandaise, « I’ve Been A Sweeper » est un court métrage abouti qu’on aura plaisir à revoir en festival. Brest a eu raison de le sélectionner et de ne pas le balayer au profit d’un autre film. Il s’agit d’un des plus beaux titres de sa 39ème édition.