Après Le Sommeil d’or, bouleversant long métrage documentaire sorti il y a deux ans, le nouveau film de Davy Chou va cette fois-ci explorer les terres de la fiction, celles-là mêmes auxquelles il rendait un hommage saisissant dans son film sur l’âge d’or du cinéma cambodgien avant l’arrivée des Khmers rouges. Cambodia 2099 est un court léger et grave sur la jeunesse cambodgienne qui vient d’être présenté à la Quinzaine des Réalisateurs.
À quoi rêvent les jeunes de Phnom Penh? Peut être à plus de liberté politique comme le suggère la scène d’ouverture qui situe l’action du film au cœur des élections législatives du pays à l’été 2013. Peut être à mieux maîtriser l’anglais pour draguer par sms les jeunes filles adeptes des emoticons et d’une certaine occidentalisation. D’autres rêvent littéralement de se retrouver propulsés en 2099 par un simple enchainement de mouvements réalisés … en pyjama rouge.
Cambodia 2099 est traversé par ces vies rêvées, fantasmées. D’un ailleurs meilleur via l’écran ou aidé par de vieilles croyances. Deux amis échangent ainsi sur leurs rêves et leurs cauchemars, entrecoupés par leurs téléphones portables respectifs. L’un deux finit par être rejoint par sa petite amie pour une virée en scooter dans les rues de la capitale. Leur voyage est accompagné par la musique de Maurice Ravel, « La Pavane de la belle au bois dormant » choix extrêmement judicieux si l’on sait que cet air avait été écrit pour être joué par des enfants que Ravel n’avait pas. Ces jeunes gens, coincés entre l’enfance et l’âge adulte, jouent dans le film de Davy Chou une partition fragile et sensible. Une tentative de s’élever vers la beauté, de maîtriser leur destin. Le cinéaste filme Phnom Penh à la fois quotidienne et hors du temps et laisse dans son cinéma une place importante à l’étrange, l’insondable. Sa touche, très subtile et pourtant simple au premier abord imprègne le film d’une douceur mélancolique assez entêtante.
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