Parmi les 25 films en sélection à Brive cette année, trois comptent un chien comme personnage important et influent dans leur intrigue. Un détail qui ne nous échappe pas et nous donne envie de faire un petit comparatif.
Tout d’abord, il y a « Animal Serenade » réalisé par Béryl Peillard et produit par Elisabeth Perez (CHAZ Productions). Le film n’a de lien avec Lou Reed que par le titre ou bien alors peut-être par le côté rock’n roll de l’histoire de Nina, 25 ans, en couple avec une petite fille, qui préfère définitivement sa liberté fortement alcoolisée aux responsabilités. De ce fait, elle adopte un chien dans un chenil et se persuade que lui seul peut la comprendre, ou tout du moins, ne va pas la contrarier en lui imposant des codes.
Jojo est un bâtard déjà adulte et il suit la jeune femme partout où elle va. Leur relation devient quasi fusionnelle, dérangeant leur entourage, surtout lorsque le chien commence à mordre Nina. Tellement persuadée que l’animal lui offre le réconfort qu’elle recherche, Nina accepte l’agressivité de Jojo et cache tant bien que mal ses blessures jusqu’à ce qu’elle prenne enfin conscience de la folie de la situation.
Le jeu entre le chien et Nina, magnifiquement interprétée par Marie Denarnaud, est assez réussi. « Animal Serenade » est un film assez rare où le chien possède l’un des rôles principaux. Il offre un bel aperçu de la belle et de la bête en décadence, en version trash, avec des moments d’angoisses de-ci de-là. Dommage que la fin tombe un peu à plat, trop pleine de bonne morale.
Ensuite, il y a le film suédois « KK (the girl with the dog) » de Wiktor Ericsson. KK signifie FF, fuck friend, mais qu’on se rassure : il n’y a rien de sexuel entre le chien et sa jeune maîtresse ! Seulement voilà, Lillan, une adolescente corpulente, est connue pour se balader avec son golden retriever Bess qu’elle a pour seule compagnie. C’est l’été et une bande de jeunes garçons du même âge en vacances également, ne trouve pas d’autres occupations que de se moquer de l’adolescente. Lors d’un déjeuner de voisinage, l’un d’entre eux est amené à se rendre chez Lillan qui par vengeance s’adonne avec lui à une expérience sexuelle. Ils deviendront donc des « copains de baise » en cachette, mais toujours sous le regard du bon gros chien baveux.
Ce moyen métrage est joliment filmé et pas trop mal interprété, mais les premiers jeux sexuels entre ados et le rejet de l’un d’entre eux à cause de sa différence sont des thèmes assez vus et revus. Finalement ici, la seule originalité demeure dans la présence du fameux chien. Effectivement, la jeune fille, plutôt bourrue et ayant des difficultés à exprimer ce qu’elle ressent, transmet toute sa violence et son amour sur son chien. L’animal devient le référent, celui auquel on se rattache quand on a peur ou qu’on se sent seul.
Enfin, on a affaire à « Petit matin » réalisé par Christophe Loizillon et produit par Santiago Amigorena (Les Films du Rat). Le film fonctionne avec une accumulation de séquences d’environ sept minutes chacune qui, à première vue, sont complètement indépendantes les unes des autres pour finalement révéler un fort lien entre elles : celui du décès d’Henriette, respectivement épouse, mère, grand-mère et maîtresse des différents personnages que l’on découvre tout au long de ce petit matin. Le ton est assez glacial, mais le tout fonctionne plutôt bien grâce à la présence de comédiens tels que Mathieu Almaric ou Philippe Landenbach et grâce à la construction très efficace des plans aussi peu nombreux soient-ils, particulièrement celui qui met le personnage de Wallace sur le devant de la scène.
Wallace est un border collie. Ce matin-là, il dort paisiblement sous le lit de sa maîtresse tandis que le médecin légiste arrive et doit faire le constat du décès en présence du mari et de l’aide à domicile. Ça sort par conséquent notre bon Wallace de sa sieste. Celui-ci se rend compte à ce moment-là que quelque chose de triste s’est passé. La séquence filmée à la hauteur de l’animal à quatre pattes se termine sur ses aboiements larmoyants, sorte de cri de douleur au pied du lit de la défunte, preuve que les bêtes pourtant privées d’âme peuvent avoir un semblant d’émotion. Une manière aussi pour Christophe Loizillon de montrer que l’animal avait une place importante dans l’entourage de ladite Henriette.
Dans ces trois films adoptant des tons résolument distincts, trois chiens bel et bien différents ont un même point commun : ils jouent le rôle d’ami dans la vie des gens et remplacent presque les êtres humains dans le cœur de ces personnages. Les chiens, ces compagnons fidèles et peu contrariants, seraient-ils d’authentique remparts à la solitude ambiante ?