Regarder la réalité ne procède pas du simple fait de mettre son œil au dehors, de constater de loin les dissemblances qui mentalement pourraient séparer l’être de ce qu’il voit. Au contraire, regarder se construit comme un acte: entrer en interaction vivante avec des sujets, des objets, des contextes, des mouvements, et laisser subtilement apparaître les relations intimes entre ces éléments fuyants. Aussi, filmer la réalité est doublement un acte : c’est aller à la rencontre de situations de vie — ordinaires ou extrêmes, individuelles ou collectives, mettant en jeu des déterminations en même temps que des opérations pour les contourner — mais c’est aussi se choisir des moyens filmiques pour donner de la valeur subjective à des combats, montrer la dignité de ceux qui souffrent et qui vivent, parfois malgré tout. C’est à cette nécessité de filmer que rend hommage, tous les deux ans, le Festival Filmer à tout prix, qui se tient à Bruxelles du 4 au 17 novembre.
De cette démarche documentaire, aussi politique que poétique, la programmation du festival, regroupant courts et longs métrages, donne à voir de multiples orientations. Elle réunit deux compétitions (nationale et internationale), les films de trois cinéastes à l’honneur (le polonais Bodgan Dziworski, l’américain Ross McElwee et l’indien Anand Patwardhan), une sélection dédiée aux populations Roms (à noter la présence d’“Anyaság” du hongrois Ferenc Grunwalsky réalisé en 1972), des séances spéciales (autour du sport notamment avec le magnifique “Pehlivan” de Maurice Pialat datant de 1963) ainsi que trois Élégies d’Aleksandr Sokourov. La richesse de cette sélection, alliant points de vue actuels et inactuels sur le monde, fait de ce festival un rendez-vous majeur pour le documentaire en Belgique.
Désireux de porter l’accent sur la production documentaire contemporaine, Format Court remettra cette année un prix pendant le festival. C’est la première fois que notre site dédiera un prix au cinéma documentaire. Le jury, constitué par Katia Bayer, Marie Bergeret, Adi Chesson, Xavier Gourdet et Mathieu Lericq, tentera d’être à la hauteur de l’événement en choisissant le meilleur court-métrage parmi les films de la compétition nationale et internationale (dont nous vous invitons à découvrir la sélection ci-dessus). Le film primé bénéficiera d’un focus en ligne et d’une projection en salle, au Studio des Ursulines (Paris, 5ème).
Compétition belge
– Ada de Ravel Dilua, Belgique, 2012, 8′
– Adrift de Frederik de Jan Depickere, Belgique, Colombie, 2012, 9′
– Anima de Simon Gillard, 2013, Belgique, 18′
– A nos terres de Aude Verbiguié, 2012, Belgique, 22′
– Florian de Joseph Krommendijk, 2013, Belgique, 8′
– Furor de Salomé Laloux Bard, 2012, Belgique, 17′
– Gimka und Golka und Ich de Susanne Weck, 2012, Belgique, 27′
– Les mains nues de Denis Dewind, 2011, Belgique, 7′
– Sur le Phil de Pierre Martin, 2013, Belgique, 20′
– Varken de Christina Stuhlberger, 2013, Belgique, 9′
Compétition internationale et premiers films
– After de Lukasz Konopa, 2011, Royaume-Uni, 7′
– Entre les passes de Myriam Rachmuth, 2012, Suisse, 22′
– Escenas previas de Aleksandra Maciuszek, 2012, Cuba, 29′
– Ici rien de Daphné Hérétakis, 2011, France, 30′
– Not Swiss Made de Apiyo Amolo, 2012, Suisse, 2′
– Obóz (Camp) de Tomasz Jeziorski, 2012, Pologne, 19
– Old Time de Daniel Capeille, 2012, France, 15′
– Space in Between de Noelia Nicolás, 2012, Pays-Bas, 25′