Lors du dernier Festival Paris Courts Devant, Antoine Giorgini s’est vu remettre le Prix Beaumarchais-SACD pour son film « Les Brigands », reconnaissance de ses pairs pour la qualité de son scénario. Un scénario qui, soulignons-le, avait déjà reçu le premier prix du Concours de l’Eure en 2012, prouvant que dès la première étape, Antoine Giorgini, avait su retenir l’attention.
Le résultat, un an après, est un film réussi qui surprend malgré une mise en scène classique mais qui fonctionne parfaitement. Tout repose en particulier sur cette histoire incroyable de deux ados voyous qui se donnent pour mission de sauver un animal non moins sauvage qu’un sanglier touché par un chasseur, alors qu’ils se sont réfugiés dans la forêt. Le réalisateur maîtrise parfaitement le retournement émotionnel de ces deux petites brutes ratées que sont Jimmy et Limo qui, à peine remises de leur fuite après un vol sur le parking d’un supermarché, s’attendrissent rapidement face à la bête blessée.
Il faut dire que les deux jeunes comédiens, Hugo Six (Jimmy) et Alexis Delaporte (Limo), qui interprètent les rôles principaux sont absolument géniaux et d’une justesse rare. En les regardant, on a une petite pensée pour Jean-Claude et Pierrot des « Valseuses » (Bertrand Blier).
Dans son film, Antoine Giorgini, ancien étudiant de l’INRACI (Belgique), réussit à mêler la comédie au film social sans jamais trop en faire, en s’éloignant des clichés sur la jeunesse. De par leurs imperfections, Jimmy et Limo, nous font rire et réfléchir à la fois, et surtout croire à leur désir aussi improbable de sauver un animal sauvage et dangereux.
« Les Brigands » est avant tout un film sur l’amitié, sur l’affection et le soutien qu’ont ces deux personnages l’un pour l’autre, sur ce lien qui se resserre notamment dans les emmerdes. C’est cette amitié plus forte que tout qui ne les séparera jamais quoi qu’il arrive.
La musique de Richard Rosefort vient amplifier ce sentiment, et là encore, ces quelques notes grattées à la guitare rappellent le thème principal des « Valseuses ». Antoine Giorgini a choisi de placer cette musique aux sonorités tragi-comiques précisément dans les moments où les deux voyous s’embarquent ensemble dans leurs décisions irraisonnées, voire dans leurs galères.
On vous souhaite en tout cas de croiser la route de ces brigands-là dans les prochains festivals car Antoine Giorgini nous offre un court-métrage frais et étonnant, ne serait-ce que pour constater qu’il est possible de dresser un sanglier ! À Format Court, en tout cas, le film plait : il fera partie de nos deux prochaines cartes blanches, offertes par le festival de Vendôme, en décembre, et par le magazine Bref, en janvier.